La Couronne de Cuivre

Les exclamations fusèrent, bien sûr.
" Vous allez vous marier ???!! s'exclama Amish d'un ton empreint de ravissement. C'est fantastique !
- Je me doutais bien que vous ne tarderiez pas à l'annoncer, ajouta Gwenaël, plus posé mais les yeux pétillants de joie.
- Il faut des témoins ? Je peux être témoin ?, demandèrent les deux adolescents simultanément.
- Non, il faut être majeur...
- Dans l'année, ça fait bientôt !
- Hum... je serais vous, je ne fixerait pas une date ferme, ou en tout cas pas trop proche, vu le temps qu'il faut pour aller chez vous en bateau et en revenir... Trois ou quatre mois, non ?
- C'est moins long en partant de la péninsule de Chult...
- Oui mais ça m'étonnerait que vous descendiez en-dessous de deux mois tout de même !"

Kasumi fut ravi des réactions enthousiastes qu’avait suscitées sa déclaration. Il lui semblait naturel que la famille de sa belle soit la première informée de leur décision et à voir la joie que cela engendrait, il se sentait un peu moins nerveux à l’annoncer à sa propre famille, bien que Timandil et Elryndel aient déjà été informés de ses intentions.

- Oui, je pense qu’il nous faudra environ deux mois. Surtout si nous parvenons à embarquer sur un des navires rapides luméniens. Mon premier voyage avait été plus long mais il m’avait mené de la Côte des Epées jusqu’en Dorrandin.

Gwenaël acquiesça.
" Donc vous serez là-bas au plus tôt aux alentours de la fête de la Lune... enfin, sous nos latitudes. Pour vous, là-bas, ça sera plutôt la fin du mois de Mirtul.
- C'est fantastique, s'exclama Sylvia. Je vais enchaîner deux étés ! Ensuite, il suffira qu'on revienne juste avant la mauvaise saison d'Hélonna, et on sera là de nouveau pour l'été...
- Cewyn dirait certainement que ça n'est pas sain pour l'équilibre de ton organisme...
- Oui mais puisqu'il faut qu'on revienne, autant en profiter pour joindre l'agréable à l'utile ! Qu'est-ce que tu en penses, Kasumi ?"

HRP : il est vraiment très mal fichu ce calendrier, avec des équinoxe qui ne sont pas tous les 6 mois, c'est débile ! (et des solstice fin janvier et fin juillet, tout aussi débile...) Qui est le c** qui a inventé ça ?

HRP : sans doute un geek n’ayant aucune notions ni d’astrophysique ni de météorologie

Kasumi lui adressa un clin d’œil avant de répondre d’un ton tout à fait enthousiaste :

- Tout ce qui fera plaisir à ma fiancée ! D'autant que cela me parait tout à fait approprié ! D’autant que les voyages sont bien moins risqués à la belle saison. Non, je ne vois vraiment aucune raison de joindre l’agréable à l’agréable ! Enfin, nous verrons aussi en fonction de notre inspiration bien sûr !

" Ou... en fonction des tes missions, là-bas...
- C'est vrai, je ne t'ai jamais demandé... Tu as peut-être un travail, là-bas ? Ça ne va pas forcément être simple de t'absenter longtemps, ni souvent.
- Il est aventurier, ça se voit non ?
- Je parlais d'un vrai emploi... Mais la question est peut-être indiscrète ?"

Cette question était bien normale et il ne l’avait pas vraiment abordée directement avec Sylvia – il s’en rendait compte à présent. Il tâcha donc de répondre à l’une comme aux autres :

- En réalité, je n’ai pas d’emploi permanent mais j’effectue des missions en fonction des opportunités et des besoins des instances dirigeantes luméniennes. Je peux donc sans problème m’absenter même si le travail ne manque guère depuis des années… Ma famille doit passer avant ces considérations de toute façon.

La façon dont il regarda Sylvia suffisait largement à déclarer qu’il la considérait comme telle. En tous cas elle était en passe de faire partie intégrante de sa famille. De celle qu’il avait envie de fonder.

" Hum... Crois-en mon expérience, l'équilibre n'est pas toujours facile à trouver", répondit Gwenaël, songeur.
Sa propre situation paraissait en effet assez floue.
" Bah, il suffit que je l'accompagne dans ses missions, lança Sylvia. C'est facile, puisqu'on a la même formation !
- Ah, tout dépend, s'il travaille pour le gouvernement local, il y a peut-être une clause de secret.
- Il y a ce genre de chose, Kasumi ? Tu crois qu'ils ne me laisseraient pas t'accompagner en mission ?

Kasumi lui répondit avec un grand sourire rayonnant, touché que Sylvia souhaite l’accompagner en mission :

- Non, la plupart du temps, mes missions n’étaient ni secrètes ni particulièrement dangereuses : il n’y aura donc aucun problème – bien au contraire – pour que tu m’accompagnes à chaque fois que tu le souhaiteras. Je choisis parfois mes missions en fonction des endroits que j’ai envie de visiter…

Guilhem sourit.
" Parce que tu peux choisir tes missions, toi ? Et bien, tu es drôlement bien vu !
- Ils recrutent, sur ton île ? questionna Amish, visiblement très intéressée.
- C'est à l'autre bout du monde, tu sais, la tempéra son frère.
- Justement ! Ca m'évitera de voir ta tronche trop souvent !
- Amish !
- Rhoo, vous savez pas plaisanter !
- Et bien en tout cas... félicitations à tous les deux ! J'imagine que vous allez plutôt vous marier à Everaska ?"

Kasumi caressait doucement la main de sa compagne et souriait à son oncle malgré l’intervention d’Amish. A la question de Gwenaël, il rechercha le regard de Sylvia avant de répondre d’un ton reconnaissant :

- Merci pour ces félicitations : il me semble important que vous puissiez tous être présents et je me demande si je ne préfèrerais pas nous marier ici-même, dans ce lieu où nous avons tellement vécu déjà, Sylvia et moi. Et aussi dans un territoire sacré pour Mielikki. Après, nous n’avons rien organisé encore alors il faudra que nous en rediscutions…

" Oh, ce serait vraiment bien de vous marier ici ! Ça ferait un peu d'animation pour changer !
- Attends, tu dis n'importe quoi : ça aurait été bien mieux de tous aller à Everaska ! On n'a pas souvent l'occasion de voyager, alors dans une ville elfe...
- Tu voyages tout de même un peu, objecta son père. Jusqu'aux Marches d'Argent notamment...
- Ca n'est pas un voyage, c'est juste rentrer chez nous !
- Chez nous... je suis heureux de t'entendre dire ça, en un sens.
- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Je ne veux pas y retourner. Sylvia non plus, je parie ?
- Mon chez-moi, c'est ici, répliqua la rôdeuse avec conviction. Enfin... ça l'était jusqu'à aujourd'hui. Maintenant..."
Kasumi sentit l'émotion vibrer dans sa voix.
" Maintenant, je ne sais plus vraiment où est mon chez-moi, acheva-t-elle d'une voix trop enrouée. Mais on en aura un un jour... Et l'essentiel est d'être ensemble," conclut-elle avec un regard confiant à Kasumi.

L’émotion de Sylvia n’avait pas échappé Kasumi qui passa immédiatement un bras par-dessus ses épaules avant de répondre lui aussi d’un ton confiant et optimiste :

- Oui, nous aurons un chez nous. C’est aussi important que de ne pas oublier nos racines et ceux qui comptent pour nous : j’en sais quelque-chose !

D’ailleurs, plus il y pensait, plus il ressentait la nécessité de se trouver un lieu où il se sentirait vraiment chez lui. Un lieu qu’il laisserait parfois en arrière mais où il aurait l’assurance de toujours pouvoir revenir après un voyage ou une mission. Un lieu où construire quelque-chose de durable…

Sylvia parut rassurée, et la conversation dévia vers des sujets moins graves -notamment la préparation de la future et hypothétique fête de mariage, pour laquelle les deux adolescents débordaient déjà d'idées.
Gwenaël leur servit une petite liqueur, en quantité raisonnable : il avait prévu d'aider encore au verger, et Sylvia devait terminer de préparer ses bagages : Galawen voudrait certainement repartir de bonne heure le lendemain matin.
" Pendant que j'y pense... souhaitez-vous que je propose à Galawen de l'héberger pour la nuit, pour vous permettre de garder votre intimité de jeune couple ?"

La perspective d’une grande fête de mariage était effectivement excitante mais il se passerait tout de même des mois avant cet évènement et ils avaient de toute façon bien d’autres choses à vivres d’ici là, Sylvia et lui. L’organisation de l’après-midi et de la nuit à venir étaient des préoccupations bien plus présentes :

- Je viendrai aussi aider au verger s’il faut deux bras supplémentaires. Sinon, je retournerai au potager comme ce matin. Et pour cette nuit, c’est très gentil à vous de proposer d’héberger la compagne de mon père mais ce serait peut-être mieux que nous l’accueillions chez Sylvia : après tout ce qu’elle a fait pour nous, ce serait la moindre des politesses. Enfin, je ne sais pas où elle serait le plus à son aise. Qu’en penses-tu, Sylvia ?

" Je pense comme toi. Elle m'a hébergé sous son toit deux veilles et demie, c'est à mon tour de l'accueillir. Même si ce sont des conditions plus spartiates que ce à quoi elle est habituée..."
Sylvia s'était levée pour aider son oncle à desservir la table, malgré ses protestations.
" Gwenaël, si tu as le temps, juste avant d'aller aider au verger, j'ai un stock d'objets pour lequel je cherche preneur... et ça vous concerne aussi, Amish et Joris.
- Tu nous lègue tes affaires ?
- En quelque sorte, oui. Et je donnerai le reliquat à la communauté. C'est arrangé avec Jeremiah. Il faudrait qu'on passe tous ensemble chez moi tout de suite après la vaisselle, pour que je puisse ensuite porter tout le reste dans les locaux communs. Kasumi, je réquisitionnerais volontiers tes bras pour ça, en milieu d'après-midi. Mais tu es libre de faire ce que tu veux avant ! De notre côté, il faut qu'on se dépêche de finir cette vaisselle..."

Kasumi était tout à fait ravi d’obéir aux directives de la rôdeuse qui prenait les choses en main et le lui fit savoir avec bonne humeur : il irait au verger où Sylvia n’aurait aucun mal à le trouver et se rendrait bien évidemment disponible pour ses besoins dès qu’elle le solliciterait. Cette activité avait en effet l’avantage de pouvoir être interrompue à tout moment contrairement à plusieurs autres qu’il avait pu avoir en tête. Il tint également à donner un coup de main avec la vaisselle et à ne pas laisser le soin à leur hôte de faire tout le travail.

Sylvia vint le chercher vers le milieu d'après-midi, comme prévu, alors qu'il ramassait consciencieusement des pommes tout en discutant avec Malvina qui lui expliquait l'art de la greffe. L'herboriste du campement était en effet occupée à pratiquer ce genre d'opération complexe pour obtenir des cerisiers plus précoces, qui donneraient leurs fruits dans deux ans.
Il leur fallut près de deux heures pour déménager les affaires de Sylvia. Une partie du tas qui encombrait la pièce principale avait disparu, emporté par Gwenaël et ses deux adolescents, et ils durent ranger soigneusement le reste -provisions, petit matériel, lainages et autres textiles- à divers endroits du campement, sous la supervision de Yan.
Le soleil déclinait lorsqu'ils parvinrent au bout de l'opération, et la pluie menaçait à nouveau. Ils se dirigèrent vers la cabane de Sylvia pour se changer et se laver avant le repas prévu pour la soirée, mais c'est le moment que choisit Galawen pour apparaître, dans un tourbillon de lumière, juste devant la cabane de Gwenaël.
Un peu sonnée, la magicienne chercha du regard des figures connues, et sourit en les apercevant.

Kasumi rendit son sourire à la compagne de son père et s’approcha d’elle pour l’accueillir, pas vraiment gêné de n’être pas tout à fait présentable après avoir travaillé durement tout l’après-midi :

- Bonsoir Galawen ! Vous arrivez à point nommé : un repas est prévu en votre honneur dans moins d’une heure. Avez-vous fait bon voyage ?

Sans doute la mage serait heureuse de déposer ses affaires à la cabane et aussi de prendre un bain chaud elle aussi : les conditions ne devaient pas êtres très favorables dans le col près de la frontière everaskane...

La magicienne était en effet chaudement habillée, trop pour le lieu où ils se trouvaient. Elle se dirigea vers eux pour leur serrer la main, et déboutonna son manteau en répondant :
" Oui... et je suis bien aise de retrouver un climat plus agréable ! Il neige dans les montagnes..., expliqua-t-elle, confirmant ce qu'il pensait. Est-ce que vous avez... de l'eau chaude ? Ou est-ce que vous vous lavez toujours à l'eau froide ?"
Sa grimace, éloquente, disait clairement sa préférence.

Kasumi rit avec bonne humeur et l’entraînait déjà vers la cabane de Sylvia tout en répondant joyeusement :

- Ne vous en faites pas, Galawen, nous avons de quoi bien vous accueillir et vous requinquer. Il va falloir patienter un peu mais il y a déjà un feu dans l’âtre qui ne demande qu’à vous réchauffer le temps que l’eau soit à bonne température.

Il tourna tout de même son attention, se demandant un peu tardivement s’il n’avait pas vexé Sylvia de prendre ainsi les devants de l’accueillir alors qu’elle était chez elle.

Sylvia ne paraissait pas vexée le moins du monde : elle avait pris les devant et ouvrait déjà la porte de sa cabane.
" C'est un peu vide, je sais, on vient de tout déménager... mais il reste des récipients pour faire chauffer de l'eau, et un seau... ou un baquet, même, si vous avez le courage d'en faire chauffer assez.
- Le seau suffira. Est-ce qu'il y a... une salle d'eau ?
- Heu.. Non, juste une alcôve servant de chambre... mais on va vous laisser la cabane pour vous seule une fois que j'aurais fait chauffer l'eau !
- D'accord. Merci !"
Sylvia, déjà, ressortait pour aller puiser de l'eau à la fontaine, laissant Kasumi seul avec Galawen.
" Alors, ce petit séjour dans ton campement d'autrefois t'a-t-il été profitable ?"

Kasumi répondit joyeusement, se demandant toutefois s’il y avait un peu plus que de la curiosité derrière cette question, ou si – par exemple – elle cherchait à déterminer s’il avait finalement l’intention de se réinstaller en Haute-Forêt plutôt qu’en Helonna.

- Ces quelques jours ont été très agréables en effet : ça fait du bien de retrouver tous ces gens autour desquels j’ai grandi. Et aussi de retrouver le goût des travaux simples. Mon passage au bosquet de Celd a aussi amené des fruits inattendus… Une tâche dont Celd m’a confié la charge.

La question de ses fiançailles devrait attendre : il préférait annoncer la nouvelle en présence des autres membres de sa famille, dès le lendemain normalement.

Galawen avait posé son manteau humide de neige fondue sur une chaise près de l'âtre, et s'assit sans façon.
" Une tâche confiée par un sylvanien ? Et bien, c'est un honneur... mais vous rentrez tous de même avec moi demain ? Ce ne nécessite pas que tu prolonges ton séjour ici ? Parce que ton père serait déçu : apparemment, il a chargé les cuisines de nous faire un festin demain ! Cela dit, ça peut être reporté, et si vous ne pouvez pas rentrer à temps pour Dan, je peux vous transporter jusqu'à la côte des épées..."

Kasumi lui adressa un sourire calme et bienveillant avant de la rassurer sur ce point :

- Non, rassurez-vous : cela ne change rien à notre programme sinon je vous aurais prévenu hier. C’est bien en Helonna que je devrai accomplir la tâche du sylvanien et je compte bien passer notre dernier jour dans cette région chez vous…

Il mit de l’eau à chauffer dans une bouilloire pour pouvoir lui proposer un thé bien chaud avant son bain et, ce faisant, il songea à ceux ayant accompagné une nouvelle fois Galawen jusqu’au col :

- Mon père attend à la frontière une nouvelle fois ou ma grand-mère peut-être ? Je m’en veux un peu de vous imposer tous ces déplacements à la mauvaise saison !

" Il faisait tellement mauvais que ton père a refusé que Elvilith nous accompagne. Elle était furieuse. Mais, oui, il nous attend à la frontière avec les chevaux, pour qu'on puisse redescendre rapidement demain. Je crois qu'il compte sur nous pour être là à l'aube... même si le festin peut bien attendre quatre heures de l'après-midi si nous avons du retard !"
Sylvia poussa la porte, deux seaux à la main, faisant entrée un grand bol d'air frais et humide : un léger crachin s'était mis à tomber.
" Gwenaël dit qu'on peut se mettre au sec chez lui pour vous laisser un peu d'intimité. Sinon, je peux tendre une toile, mais... Non, on sera mieux chez mon oncle. On peut venir se laver ici à tour de rôle. Et je vais vous installer un couchage ici, pas très loin du feu. Il va me passer le nécessaire."
Elle versa un seau d'eau glacée dans une immense marmite qu'elle mit à chauffer.
" Ce sera prêt dans une quinzaine de minutes.
- Je vous en laisserai, c'est promis !
- On vous laisse vous débrouiller ?
- Bien sûr, ne vous en faites pas pour moi. Je viendrai vous chercher lorsque j'en aurai fini."

Au-dehors, le soir tombait, et le mauvais temps avait chassé tout le monde. Il y avait du bruit et du mouvement dans la grande salle commune, mais on leur avait expressément défendu de s'y rendre. Ils virent Gwenaël y entrer, et aperçurent Amish à l'intérieur.
" Je crois qu'on est consignés chez mon oncle..."

Cette mise à l’écart ne gênait pas du tout Kasumi de même que de laisser un peu d’intimité à Galawen pour ses ablutions. Le demi-elfe répondit donc avec un sourire tranquille :

- Bah, laissons-les nous réserver des surprises. Enfin, plutôt à Galawen et toi. Il faut s’attendre à ce que tous tes amis te réservent une belle soirée pour te dire au-revoir et te souhaiter un bon voyage.

Il lui donna la main pour l’accompagner jusqu’à chez son oncle, espérant que Sylvia se faisait à ce départ et aux chamboulements que cela ne manquerait pas d’occasionner dans sa vie. Il ne savait pas comment cela se passerait mais il avait envie d’être à ses côtés et à son écoute pour qu’elle vive bien la transition des prochaines semaines voire des prochains mois.

Ils purent se laver et se changer à tour de rôle. Kasumi nota que Sylvia, pour ce repas d'adieu, avait sorti une robe de laine, qu'elle devait certainement réserver pour les grandes occasions, et dont le bleu vif mettait en valeur ses cheveux de feu. Elle n'était pas la seule : plusieurs des membres de leur petite communauté s'étaient mis sur leur trente et un en cette occasion solennelle. Depuis la fenêtre de la demeure de Gwenaël, ils les voyaient se diriger vers la salle commune, à tour de rôle. Seule Galawen, qui ne restait qu'une nuit, n'avait que sa tenue de voyage.
" Bon... je crois qu'ils nous attendent...", finit par faire remarquer Sylvia, lorsque Kasumi, à son tour lavé et changé, les rejoignit chez Gwenaël.
On la sentait un peu tendue. Le trac sans doute.

Kasumi était sensible à l’humeur de sa compagne et il la serra un instant dans ses bras puis chuchota à son oreille d’une voix douce :

- Ce n’est qu’un au-revoir… Tu es resplendissante : le bleu te va à ravir ma belle Sylvia…

Il était sincère : décidément, il était chanceux - très chanceux même – que la rôdeuse accepte de l’accompagner pour la plus grande aventure de son existence. Il déposa un léger baiser sur la tempe de la jeune-femme avant de s'écarter légèrement.

Lorsqu'ils entrèrent à leur tour dans la salle commune, suivis de Galawen, des applaudissements fournis les accueillirent. Hef les guida jusqu'à la table d'honneur, où se trouvaient la plupart des membres du Conseil des Anciens, et où une place leur était réservée. Les verres étaient déjà remplis -et, pour certains, déjà vidés, peut-être même plus d'une fois-, et on leur servit d'autorité une apéritif pétillant et léger à base de fruits.
" Je propose un toast, lança Hef d'une voix forte lorsque le brouhaha se fut un peu calmé. En l'honneur de deux de nos compagnons qui nous quittent pour s'expatrier.
- Le conseil suggère que l'un d'eux postule au grade de maître errant pour peut-être, un jour, fonder une communauté sur ce lointain continent où ils partent s'installer," poursuivit Jeremiah, d'un ton calme et pondéré, vite couvert par un tonnerre d'applaudissement.

Kasumi était touché que Hef le considère comme faisant encore partie des membres de la communauté. Quant à l’annonce de Jeremiah, il en fut complètement surpris pour ne jamais l’avoir imaginée. Décontenancé, il chercha sa compagne du regard : n’était-elle pas la mieux placée pour accepter un tel honneur, elle qui était restée fidèle à la communauté durant ces longues années. Un point positif : le tonnerre d’applaudissement interdisait toute réponse pour le moment et fournissait une excellente excuse pour lever son verre. Cependant, il doutait de pouvoir s’en tirer aussi facilement.

La Couronne de Cuivre

[Haute-Forêt] Quête : Racines