La Couronne de Cuivre

Dotha but elle aussi une gorgée de sa mixture - sans doute alcoolisée – avant de répondre d’un ton beaucoup plus amusé que contrarié :

- Je vois ça, je vois ça ! Et il faut dire que ces vêtements vous vont à ravir : il faudra donc me dire qui a eu si bon goût et vous a poussé à me faire quelque infidélité !

Elle se permit un petit sourire en coin pour adoucir encore ses propos avant d’ajouter :

- Pour ce qui est de la visite guidée, je veux bien m’y coller d’autant que c’est mon jour de relâche demain. Est-ce que vous logez ici ?

« Oui, je loge ici. Et pour le costume, j’ai bénéficié des conseils d’une grande spécialiste en la matière : une prêtresse de Sunie. Par ce que oui, je me suis un peu hasardé dans le parc de leur temple aux... disons... insolites statues. Vous n’imaginez pas dans quelle histoire ça m’a mené. D’abord, les boutiques, puis le cimetière de Lumenis, après un temple Sahuagins, puis un complexe Drow souterrain maudit par un spectre pas commode. Quoi qu’il en soit, moi, le laid svirfnebelin, suis en bon terme avec ce temple qui prône la beauté. Sans doute une petite prouesse. »

Dotha le regarda fixement pendant un bon moment avant d’éclater subitement de rire et de déclarer d’un ton taquin :

- Allons Alchem, vous n’auriez pas quelques velléités de devenir barde soudain ? Aller inventer une telle histoire invraisemblable pour m’impressionner : vous savez pourtant bien que vous n’avez pas besoin de ça ! Mais soit, si vous n’avez pas envie de me raconter la vraie histoire, comment était cette prêtresse Sunite ? Grande, belle et resplendissante j’imagine ?

Dotha ne l’avait pas pris au sérieux et ce n’était guère surprenant. Déclaré ainsi, le récit d’Alchem était parfaitement absurde. Le svirfnebelin, sans se démonter, acheva sa toute dernière bouchée avant de reprendre la parole, plus sérieux, un peu plus bas également. Il ne chuchotait pas, mais il aimait conserver un brin de discrétion.
« Tout à fait, elle était ainsi. Et si vous voulez tout savoir, elle se nomme Valentine. Une humaine très gentille. C’est loin d’être le cas de tous les Sunites, certains m’ont fait l’effet d’exécrables vaniteux. Mais tout ce que je vous ai dit est la plus stricte vérité. J’ai juste omis de vous donner la trame de l’histoire. Puisque le hasard m’a mis sur le chemin de cette femme, j’ai décidé d’en profiter. Vous imaginez bien qu’avec ma tête et mon ancien accoutrement, je faisais plutôt tâche dans le paysage. Et je ne vous apprendrais rien en affirmant que je n’aime pas attirer l’attention, surtout pas la méfiance, la peur, l’hostilité. Bref, j’ai fait part à cette Sunite de mon problème et elle a accepté de m’aider. D’où un passage dans les boutiques. D’où ce que je porte présentement. Les choses en seraient restées là si je ne m’étais pas mis en tête d’obtenir, via son temple, un objet magique pouvant parfaire le costume. C’est comme ça que je me suis retrouvé à travailler pour eux. Une affaire assez sinistre, bien plus grave que ce qui semblait au premier abords. D’ailleurs l’affaire a dépassé les Sunites, qui se sont tournés vers les Lathandrites. La garde Lumenienne a terminé ou est en train de terminer le travail. Je ne vais pas rentrer dans les détails, je ne pense pas en avoir le droit. Mais à mon avis, la chose a dû s’ébruiter. Et si vous doutez encore de ma parole, voici l’objet magique qui a payé mes services. »
Le gnome tira sur la chainette d’argent à son cou, dévoilant la gemme rosée de sous ses habits.

A nouveau Dotha s'était mise à cligner plusieurs fois des yeux mais pour une tout autre raison cette fois : C'était probablement la plus longue tirade qu'Alchem lui ait accordé depuis qu'ils s'étaient rencontré et cela avait de quoi surprendre presqu'autant que sa toute nouvelle apparence.

Le sourire de la gnome s'était peu à peu mué en mine concentrée voire captivée et elle attendit qu'il en ait fini avant de reprendre d'un ton toujours plutôt léger :

- Je ne devrais pas être étonné en fait : j'ai cru que vous aviez développé un côté taquin mais je ne devrais pas m'étonner que celui qui a mis au jour un artefact aussi dangereux que l'Eclat trouve un temple Sahuagin, un fantôme et tout une cité drow juste sous Luménis !

« Le fantôme et la cité Drow étaient plus loin. Ils n’avaient aucun rapport avec ma mission. Seulement, j’ai été forcé de me téléporter et mon sort à eu un disfonctionnement. Au lieu d’atterrir au Temple de Lumenis, je suis arrivé à un temple de Lolth abandonné. J’en viendrais presque à croire que la déesse araignée y a été pour quelque chose. On peut dire que j’ai, depuis des années, une dent contre elle et ses fidèles. Les Drow sont un des fléaux de l’Outreterre. »
Alchem vida sa dernière goutte de vin, puis il changea de sujet.
« Et vous, qu’est-ce que vous fabriquez depuis notre dernière rencontre ? Vous travaillez sur quelque chose en particulier ? »

Dotha ne répondit pas immédiatement à la question, préférant plutôt rebondir sur son récit non sans une pointe d’humour et d’ironie dans la tonalité de sa voix :

- Et dire que j’avais un peu peur que vous trouviez Luménis un peu ennuyeuse après toutes vos aventures ! Me voilà au moins rassurée sur ce point… Mais comptez-vous vous attarder encore un peu maintenant que vous avez nettoyé la zone de tous ses sahuagins ? Moi-même, je ne travaille sur aucun projet spécial en ce moment. Nous avons bien repéré quelques sites intéressants lors de nos dernières divinations mais il faudrait que je trouve le temps et une escorte pour sortir de la ville pour aller les explorer…

L’invite était évidente cette fois. En tous cas Dotha semblait avoir voulu susciter l’intérêt du svirfneblin.

« Je ne sais pas exactement combien de temps je vais rester ici. Mais rien ne me presse. Surtout pas si vous commencez à me proposer du travail. »
Petit sourire entendu. Il n’avait pas accepté pour autant. Ce n’était pas son genre de se lancer tête baissée où que ce soit.
« De quel genre de site il s’agit ? Et en quoi sont-ils intéressants ? Quoi que je prends peut-être la chose par le mauvais bout. Quelle est la vocation de votre temple ? Bien entendu, je sais qui est Mystra, je connais la toile, je suis mage. Mais j’avoue avoir un peu de mal à cerner votre culte. D’habitude, il existe une franche frontière entre le divin et le profane. Vous semblez être entre les deux. Vous-même, vous êtes une prêtresse ou une magicienne, ou les deux ? »

Dotha sembla ravie par les questions du gnome des profondeurs à en juger par son large sourire :

- Ce n'est pas une question qu'abordent souvent ceux qui sont extérieurs à notre culte... Mais je sens que vos affinités avec la magie peuvent vous permettre d'appréhender les réponses que je pourrai vous faire...

Elle prit une longue inspiration avant de commencer :

- Par où commencer ? Tout d'abord, mon cas personnel : je suis une prêtresse à part entière. Nombre de mes collègues suit les deux voies, divine et profane mais moi j'ai fait ce choix là. Cela dit, on ne sert pas Mystra sans avoir accès à certains sorts de la sphère profane mais c'est bien en tant que prêtresse que j'y ai recours. Quant à la vocation première de notre temple, c'est d'étudier la magie et toutes ses manifestations. Il s'agit de la repérer, de la comprendre, d'en protéger les sources et les catalyseurs pour enfin apprendre à la maîtriser. Notre objectif est avant tout que la magie puisse s'épanouir et ne tombe pas entre de mauvaises mains.

Pensif, Alchem se caressa l’arrête du nez. Un tic chez lui.
« Hum, je vois. J’imagine que votre temple a d’étroites relations avec l’Université de la Magie. Leur mission ressemble à la votre, si ce n’est qu’eux ont en plus une vocation d’enseignement et détache tout ça du divin. »
Dalius, qui au début était très attentif à l’échange entre les deux gnomes, commençait à être largué. Il alla vérifier si le verre d’Alchem était bien vide, puis lorgna du côté de celui de Dotha.
« Personnellement, je n’ai guère eu l’occasion de m’adonner à la recherche. La magie, je l’ai pratiquement toujours employée sur le terrain. Enfin bref. »
Le svirfnebelin avait toujours une certaine réticence à parler de lui. C’était peut-être un peu plus ténu qu’au début de son voyage, mais encore présent.
« Et donc, ces fameux lieux ? Où sont-ils ? Et que pensez-vous y trouver ? »

Dotha semblait considérer ces nouvelles questions comme un signe encourageant. Peut-être espérait-elle qu’Alchem manifestait plus que de la curiosité et serait éventuellement susceptible de l’aider : le svirfneblin s’étant montré particulièrement efficace et compétent dans l’affaire de l’Eclat, avoir envie de recourir à nouveau à ses services semblait parfaitement sensé et logique.

- Oui, nous avons de fréquents rapports avec l’Université et nos échanges sont très fructueux. En quelque sorte, les universitaires sont assez complémentaires avec nous et il nous arrive fréquemment de leur servir d’escorte et de protection lors de recherches de terrain. Quant à ces lieux dont je vous ai parlé, il y en a de toutes sortes. Nous repérons les sources de magie puissantes mais il n’y a souvent qu’en allant sur place que nous découvrons s’il s’agit d’un ancien artefact, d’une créature magique particulièrement puissante ou même d’autre chose comme une faille, un portail, un puits... Il y en a de nombreux que nous n’avons pas encore pu explorer en Helonna mais certains sont plus prometteurs – et donc plus dangereux – que d’autres.

« La magie est une de mes passions. Entreprendre une petite expédition au nom de celle-ci est une plaisante perspective. J’ai appris à décrypter des textes et je connais de nombreuses langues, notamment le drakonien. Peut-être que je pourrais, en plus de vous escorter, vous prêter main forte dans vos recherches. »
Alchem tendit le bras et saisit son familier qui, furtivement, s’approchait du verre de Dotha. Dalius adopta une mine contrariée. Sans en faire cas, le gnome reprit :
« Dans l’absolu, je suis partant. Mais il faudra bien sûr aborder la chose de façon plus concrète avant que je ne m’engage dedans. Quel lieu précisément, sa localisation, le niveau de risque estimé, type d’environnement, durée prévue de l’expédition, nombre de personnes... »

Dotha se mit à rire doucement puis but une gorgée avant d’expliquer sa réaction amusée :

- Pardonnez-moi de vous le dire, Alchem, mais vous me semblez être un bien étrange personnage. Vous venez de vivre des aventures palpitantes et vous êtes déjà prêt à vous lancer dans autre chose. Vous êtes à la fois aussi curieux que les gnomes des collines mais en plus vous semblez toujours tout calculer et organiser comme si le moindre détail avait une importance cruciale… Nous discutions de vous faire visiter un peu Luménis, je crois. Rien ne presse à moins que vous ne vous ennuyiez déjà !

« J’attache effectivement une grande importance aux détails. Ils font parfois toute la différence. Même s’il n’est pas possible de prévoir l’imprévisible, une préparation optimale élimine beaucoup de problèmes éventuels. Je suis personnellement toujours prêt à l’action. Question de tempérament je suppose. Mais je ne suis pas un empressé. Chaque chose en son temps. Il semble que vous soyez libre aujourd’hui. Je le suis également. Profitons-en. »

HRP : je pars du principe que c’est la fin d’après-midi ou la soirée si ça te convient…

Dotha se contenta de hocher la tête : la prudence et la discipline étaient deux qualités quasiment indispensables aux mages et à tous les pratiquants des arcanes. En fait, c’était souvent la différence entre un mage vivant et un mage mort.

- Je suis libre pour la soirée si vous avez des idées de sortie en tête mais surtout toute la journée de demain. Qu’avez-vous déjà vu de notre ville en dehors du temple de Sunie ? Et surtout, qu’auriez-vous envie de voir d’autre ?

« Et bien, j’ai un peu visité ce cartier et quelques boutiques à proximité. A part ça, les temples et... hum, les sous-sols, le reste m’est inconnu. J’aurais bien du mal à vous dire ce que j’aimerais voir. Un peu tout. Alors, à vous de décider. J’aurai le plaisir de la surprise. »
Alchem allait s’arrêter là, mais il se souvint tout d’un coup de son séjour chez les Sahuagins. Avec un demi sourire, il ajouta :
« Ha si, il y a quelque chose que j’aimerais voir. Ce n’est pas en ville mais je présume qu’on peut en trouver à proximité. Ce serait... une plage. Un endroit qui me fasse apprécier la mer. J’ai lu de très beaux texte à ce sujet, mais ma récente expérience maritime avec les hommes-poissons et leurs requins était tout sauf belle. C’est un peu dommage pour une première baignade à la surface. »

Une plage ? Cette requête surprit un peu Dotha mais elle n’était pas du genre à demeurer déstabilisée bien longuement :

- J’en connais en effet quelques-unes au sud de la ville : leur avantage est quelles sont peu usitées car un peu enclavées entre les falaises. Il y en a notamment une de très bien à une heure de marche environ donc ça peut tout à fait se faire demain matin !

« C’est parfait ! Une balade et une réconciliation avec la mer, voilà un programme sympathique pour demain matin ! Je vous laisse choisir le reste. Montrez-moi ce qui vous fait plaisir. »
Mine de rien, ce serait quasiment sa première journée à la surface sans obligation, sans mission, sans autre préoccupation que celle de visiter. Dès Lameroy il avait été embarqué par l’histoire du Despote. Et après, l’affaire Sunite. Au moins pouvait-il se féliciter d’avoir été utile. Cependant, chasser le mal n’était pas la meilleure activité pour s’imprégner d’une culture, d’un monde.

Dotha frappa dans ses mains d’enthousiasme comme pour sceller cet accord et répondit avec enthousiasme :

- Dans ce cas, si j’ai carte blanche, préparez-vous à vivre une journée étonnante ! Encore votre sens de l’aventure qui parle, si vous voulez mon avis : je ne voudrais pas vous inquiétez mais vous ne savez vraiment pas dans quoi vous avez mis les pieds, Alchem ! Et peut-être cette visite de notre monde de la surface vous amènera à davantage de confidences sur le vôtre : je dois dire que j’en ai beaucoup de curiosité : ce doit être un monde empreint de magie, à sa façon…

« Vous ne m’inquiétez pas, vous m’intriguez. Je ne demande qu’à être surpris. Cela-dit, je vais peut-être renfiler ma tenue grise pour ne pas salir ce costume. On ne sait jamais. »
« Holala, il fait des chichis ! »
« En fait, je devrais me dénicher une tenue intermédiaire entre celle-ci, très mondaine, et l’autre, très baroudeur des profondeurs. Quelque chose de quelconque et de fonctionnel pour un gnome. Un truc vraiment passe-partout. »
Et d’imperméable pour pouvoir faire face à la pluie.
« Concernant l’Outreterre, oui, c’est un monde imprégné de magie, souvent terrible, parfois merveilleux. Si le sujet vous intéresse, j’aurais beaucoup à vous dire. »

Dotha paraissait tout à fait intriguée si l’on en jugeait par la curiosité qui brillait dans son regard.

- Evidemment que cela m’intéresse ! Tenir un témoin et même un praticien de première main est très rare et je ne risque pas de vous lâcher tant que vous aurez des informations à me livrer : ah ce que mes collègues vont être jaloux ! Vous n’avez pas idée ! Mais je note aussi que la journée de demain devra être consacrée à garnir un peu plus votre garde-robe : les Sunites ne pensent pas à tout mais faites-moi confiance pour vous trouver des merveilles.

Alchem esquissa à nouveau un sourire.
« Et bien, nous voilà avec une sympathique journée en prévision. Pour ce soir, nous n’avons guère le temps pour une visite convenable et les boutiques doivent être en train de fermer. Mais ça ne nous empêche pas de faire un petit tour. Je vous parlerai des profondeurs puisque vous y tenez. Dalius ? »
Il désigna sa poche. Le rat bondit à l’intérieur, y disparaissant totalement. Il ne laissa pas même un relief pouvant trahir sa présence. C’était là l’effet d’un sortilège. Le svirfnebelin se leva. Il avait achevé son repas depuis maintenant plusieurs minutes.

Dotha finit son propre verre avant de se lever. La disparition de Dalius ne lui avait pas échappé mais elle ne releva pas le phénomène, sans doute habituée à ce genre d’étrangetés. La gnome bondit du haut de sa chaise avant de revenir à la hauteur du svirfneblin et même de le devancer avant qu’il n’ait atteint la porte :

- Avez-vous déjà vu notre port de nuit, Alchem ? D’aucuns trouvent que c’est un endroit romantique alors n’allez pas vous faire des idées mais cela vaut le coup d’œil.

« Si si, moi je me fais des idées ! Tout plein d’idées ! »
Une chance que seul Alchem puisse comprendre Dalius. Il emboîta le pas à Dotha tout en se coiffant de son chapeau.
« Je l’ai entrevu seulement, et pas d’assez près pour vraiment me rendre compte de ce qu’il donnait. Allons-y. »
Aucun risque que la balade dans ce lieu annoncé comme romantique tourne selon les prédictions déguisées du familier. Le svirfnebelin mettait déjà une plombe à accorder sa confiance. Il n’était pas prêt de courtiser la gnome. En fait, il n’avait courtisé aucune gnome. C’était bien un domaine qu’il n’avait jamais abordé. Etait-ce étonnant avec sa manie de sans cesse partir en expédition ?

Edit : la suite par ici.

Alchem, après sa petite balade en compagnie de Dotha, était donc retourné à l’auberge de la Bienveillance. Il monta sans tarder dans sa chambre. Là, assis sur son lit, il demeura quelques minutes pensif. Il songea à la gnome, à demain. Il songea aussi à tout ce qu’il avait fait depuis qu’il était en ville. Le calme attisa sa fatigue. Alors il pria Baravar, se coucha et sombra presque aussitôt.

Réveillé par Dalius, un peu avant l’aube, il étudia ses sortilèges, puis gagna la salle commune où il se fit servir un copieux petit déjeunée. Il arborait sa tenue intégralement grise mais, caché sous celle-ci, se trouvait toujours le médaillon Sunite. Ainsi n’était-il, pour le commun des mortels, pas aussi inquiétant qu’il n’aurait dû l’être.

La Taverne de la Bienveillance avait ceci d'agréable que la plupart des clients ne regardaient pas les étrangers - même ceux aussi étranges qu'Alchem - avec une curiosité malvenue. Non, le svirfneblin n'attirait pas plus les regards ici qu'à Lameroy, la première ville surfacienne qui lui avait été donné de visiter.

Dotha fit son entrée alors qu'il achevait sa boisson chaude et elle lui adressa un sourire ravi avant de se diriger vers sa table.

- Bonjour Alchem ! Je vois que vous êtes quasiment prêt ! Avez-vous bien dormi ?

« Bonjour Dotha. Oui, la nuit fut réparatrice. Je me sens prêt à tout affronter. »
Alchem laissa Dalius finir sa boisson. Il observa sa guide du jour avant d’ajouter :
« Voulez-vous boire ou manger quelque-chose ? Ou donnons-nous tout de suite le top départ de cette journée ? C’est vous qui décidez. C’est vous qui êtes à la manœuvre. »
Il eut un sourire taquin.

Au sourire taquin répondit un autre, carnassier celui-ci :

- Merci mais j'ai bien mangé au temple. Vous semblez d'excellente humeur et c'est tant mieux ! Je vous propose de profiter de la matinée pour quitter la ville et nous rendre à cette plage dont je vous parlais hier. Nous pourrons ainsi en profiter avant que l'affluence nous en chasse. C'est très caillouteux bien sûr et si vous n'avez pas peur de vous mouiller un peu, je vous réserve des surprises tout à fait inédite. Oh, et avant que nous partions, préférez-vous manger en ville ou achetons-nous de quoi emporter un petit pique-nique ?

« Madame, je n’ai peur de rien, répondit Alchem, quasi théâtral, tout en quittant sa chaise. Depuis que je suis en cette ville, je n’ai cessé de me mouiller, ajouta-t-il, en référence à son excursion dans les sous-sols Lumeniens. Et les cailloux, c’est mon domaine », acheva-t-il en invitant Dalius à bondir dans sa poche.
« Ho, je sens qu’on va beaucoup s’amuser », commenta le rat, enthousiaste.
Le gnome jeta un coup d’œil vers le comptoir.
« Puisque nous sommes ici, autant en profiter pour emporter quelque chose. Nous n’en obtiendrons que plus de liberté pour le déroulement de la journée. Mais, encore une fois, c’est vous qui êtes à la manœuvre. »

Dotha affirma qu'elle allait donc s'en charger et se précipita vers le comptoir où s'affairait industrieusement le tenancier. Elle réclama "sa commande habituelle mais pour deux personnes" avant d'adresser un clin d'œil mystérieux au svirfneblin.

- Vous allez adorer je parie ! Il y a même de succulents champignons ! Oh, je ne vous ai jamais demandé ce que vous aimiez manger, d'ailleurs ?

Il leur fallut attendre quelques minutes avant que l'aubergiste ne revienne avec un lourd panier, laissant largement le temps à Alchem de répondre à la clerc.

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