[Bâtiment] Le Grand Fort

[Kasumi]

Kasumi détailla les occupants de la pièce avant de quitter le pas de la porte. Il s’était attendu à ce qu’on ne s’attende pas à sa présence et qu’on lui demande ce qu’il venait faire chez les officiers mais le fumet de ragout senti depuis le couloir avait balayé ses doutes. Du reste, la dame d’âge mûr au moins avait entendu parler de lui. Les autres occupants levèrent un regard vers lui, attendant sa réponse :

- Vous êtes bien informée madame, je me nomme Kasumi. Excusez mon ignorance mais à qui ai-je l’honneur ?

[Galathée]

« Je suis Vera Gellagen, j’officie dans la cavalerie luménienne. Voici Adelin Franchedigue, le chef de notre petite phalange de mages de guerre. »
L’homme grisonnant hocha la tête, la mine sérieuse.
« Quant à notre ami elfe… C’est un invité, lui aussi. »
« Je suis Uriel Malorill, je viens de Loth Imarhil, en Lorien. » fit l’elfe, d’une voix mal assurée.
« Notre petit prince ne parle pas encore très bien le commun. » dit Vera avec un sourire, ce qui fit rougir l’elfe jusqu’à la pointe de ses oreilles.

[Kasumi]

Le rôdeur adressa un regard à chacune des personnes désignées par Vera. A chacun, il adressa quelques paroles polies. Au mage, il demanda s’il avait une école de prédilection et loua l’avantage indéniable que certains sorts pouvaient procurer à la garde. Il s’intéressa notamment à certains sorts de détection qu’il avait vus à l’œuvre par le passé. Il adressa un salut courtois et en elfique à Uriel et lui demanda en commun qu’est-ce qui l’amenait à Luménis. Enfin, il loua la bonne santé des chevaux qu’il avait aperçut dans les écuries.

- Peut être aurons-nous l’occasion de chevaucher ensemble un jour ou l’autre ? Mais avant cela, y a-t-il une chance que je profite de ce ragout ?

[Galathée]

Vera indiqua à Kasumi la corde de la cloche qu’il fallait actionner pour faire venir le repas, et quelques minutes plus tard, le rôdeur était attablé devant sa propre assiette, laquelle débordait d’un délicieux ragoût de lièvre en sauce, agrémenté de baies sauvages et de champignons. Ses compagnons de table continuèrent à bavarder de choses et d’autres concernant la vie quotidienne du fort. Apparemment, le jeune elfe était là pour se former aux arts de la guerre et les problèmes de recrutement étaient un réel souci pour tous les corps militaires, des mages aux archers, des cavaliers aux gardes. De temps en temps, les deux joueurs de dames intervenaient dans la conversation, et Kasumi en vint à comprendre que l’humain était l’intendant du fort, tandis que son adversaire occupait la place d’ingénieur chef. Puis, petit à petit, les officiers se retirèrent, en saluant Kasumi, d’abord le mage, puis le prince elfe, enfin l’intendant, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le gnome, qui étudiait le damier, et Vera, qui terminait son assiette.

[Kasumi]

Kasumi finit son plat et nettoya son imposante assiettée à l’aide d’une généreuse tranche de pain. Repu, il se mêla un moment encore aux conversations mais finit par s’excuser poliment. La journée du lendemain promettait d’être chargée avec l’entraînement des deux premiers groupes. Le rôdeur espérait que son plan serait couronné de succès. Le but serait d’attiser le sens de l’observation de ses étudiants. Le demi-elfe regagna sa chambre et s’allongea sur le lit moelleux. Il resta longtemps les yeux ouvert, imaginant les derniers détails de son cours.

[Galathée]

La nuit fut calme, troublée seulement par le murmure de la pluie et d'un roulement de tonnerre lointain. Au petit matin, après de rapides ablutions et un petit déjeuner copieux dans le mess, Kasumi trouva un groupe d’une demi-douzaine de gardes l’attendant dans le réfectoire. Leur chef d’escadre était un nain débonnaire et hirsute du nom de Grukys, et il dirigeait deux jeunes paysans, costauds comme de jeunes bœufs, fraîchement débarqués de leur campagne, un soldat balafré qui semblait avoir vu plus d’une guerre, et deux demi-elfes jumeaux, qui portaient chacun un arc à l’épaule, mais pas la même. Ils étaient reposés, curieux, et accueillirent leur instructeur avec respect et impatience, malgré les appels au calme de leur meneur.
« Par ousqu’on commence, alors ? » demanda Grukys.
Dehors, le ciel était chargé, mais pour l'heure, les nuages se tenaient tranquilles.

[Kasumi]

Kasumi salua les nouveaux venus avec affabilité. Il les emmena dans la cour d’exercice avant de leur révéler la teneur de leur entraînement du jour. Il sortit une fine cordelette d’une poche de son manteau et la montra aux six gardes. La mine perplexe du nain l’encouragea à entamer ses explications :

- Je suis chargé de vous montrer un ou deux choses en prévision de la Fête de la Lune. Nous devrons tous être sur nos gardes lors des cérémonies afin de protéger la population et les dignitaires qui viendront assister aux célébrations. Le premier exercice est simple, vous saurez quoi chercher et où. De plus, votre cible n’est pas mobile.

Le rôdeur désigna la mince cordelette qu’il tenait en main avant de reprendre :

- Dix neuf autres cordelettes ont été confiées aux commerçants de l’Esplanade de Waukyne du quartier du port. Je me suis laissé dire que c’était jour de marché et qu’il y aurait foule ce matin. Les marchands ont réparti les cordelettes dans les étals ou les porteront sur eux. Vous êtes chargé de les retrouver toutes. Pour cela, vous pouvez demander aux passants, vous répartir les secteurs ou progresser de conserve. Il n’y a aucune restriction à cet exercice. Soyez simplement de retour au Fort avant le déjeuner avec toutes les cordelettes. Si vous voulez un conseil, n'agissais pas dans la précipitation, vous avez le temps d'agir méthodiquement. Je vous accompagne jusque là-bas mais j’observerai votre progression de loin. Vous représentez la garde alors ne négligez pas d’accomplir vos autres devoirs durant l’exercice. Des questions ?

[Galathée]

Les gardes s’entreregardèrent une seconde, certains sceptiques, d’autres amusés, mais ils étaient tous habitués à obéir, même lorsqu’ils ne comprenaient pas exactement la teneur de l’exercice. Ils se mirent donc en route vers l’esplanade, Kasumi menant la marche aux côtés de Grukys, tandis que les cinq autres les suivaient en formation. Le demi-elfe perçut néanmoins quelques bribes de conversation, chuchotées à voix basse.
« J’ai pas compris pourquoi on doit chercher des ficelles… Coupées comme ça, elles servent plus à rien, si ? »
« J’sais pas, peut-être que les suppôts du mal portent des ficelles, peut-être que c’est ça… »
« Les ficelles de Talos, on aura tout entendu ! »
« J’espère qu’il en a pas donné au marchand de cordes, sinon on est pas sortis de l’auberge… »
« Moi je propose qu’on aille racheter discrètement une corde pareille… Puis on va boire à la Bienveillante… »
« Mais quel tricheur, en plus il va te surveiller… »
« Même s’il te voit pas, tu mens comme un gosse, Tam, ça se verra dans tes yeux, tes magouilles ! »
« De toute façon, Kurt me dénoncerait. »
« Hey ! Jamais je ferais ça ! »
« Oui oui, on dit ça. »
« C’était pas moi, l’histoire des bottes ! »
« Et qui qu’ce s’rait, alors ? »
« Ça suffit ! » s’exclama Gurkys, soudainement, et le silence revint, comme ils atteignaient l’esplanade.

[Galathée]

De l'esplanade, les gardes rentrèrent en pavoisant, relativement fiers de leur performance, échangeant en riant les petites péripéties de la matinée. L’entraînement semblait leur avoir plu, et Gurkys finit par les rappeler à l’ordre, avec fermeté mais bonhomie.
Lorsqu’ils parvinrent au Fort, le réfectoire résonnait déjà des conversations des troupes attablées et les soldats remercièrent Kasumi pour ses bons conseils avant de filer prendre place dans la file de la cantine.

Alors que le demi-elfe s'interrogeait sur sa prochaine destination, Darren Flèche-Sombre surgit à ses côtés, les bras croisés, et posa un regard scrutateur sur la salle.
" Alors ?" s'enquit-il.

[Kasumi]

L’elfe sauvage avait surgi dans le dos du rôdeur sans prévenir et manqua le surprendre. Voilà qui n’était guère glorieux pour un garde se fit-il la réflexion avant de se reprendre. Il se tourna vers Darren et le salua :

- Les gardes de ce matin ont déjà un très bon niveau pour ce qui est d’observer, de persévérer et de faire preuve d’imagination. Il suffit simplement de les orienter parfois mais ils ont été à bonne école sans nul doute. L’entraînement de ce matin n’était qu’un test mais ils s’en sont bien acquittés.

Le rôdeur conta brièvement de quoi il avait retourné avant d’assurer à Darren que ce n’était qu’une première étape qui servirait par la suite, lorsque les entraînements plus martiaux interviendraient

[Galathée]

Flèche-Sombre sembla satisfait du récit, et souhaita au rôdeur d’avoir autant de chance avec son groupe de l’après-midi, avant de s’esquiver, la mine aussi fermée que d’ordinaire.

En début d’après-midi, Kasumi retrouva un second groupe de gardes dans le réfectoire en voie de se vider. Cette fois, le chef d’escadre était une grande femme brune d’environ quarante ans, large d’épaules, et le regard un rien blasé. Elle se présenta comme étant Ermeline Dubhe et serra énergiquement la main du rôdeur. Son groupe était composé de cinq autres soldats : un jeune homme à la mine anonyme qui avait une vilaine piqûre d’insecte sur le front, un nain un peu endormi, un elfe qui lorgnait la lame de son épée courte avec une grimace de dépit et deux autres femmes dans la trentaine, cheveux courts et regards intrigués.
« On parle de vous et de ficelles. Je dois dire que ça a piqué notre curiosité. » fit Ermeline lorsque le groupe se fut rassemblé.

[Kasumi]

Le rôdeur accompagna sa poignée de main d’un sourire avenant. Il salua les autres étudiants avant de répondre à la question latente d’Ermeline avec un soupçon d’espièglerie :

- Oui, je me rappelle effectivement d’une histoire de ficelles mais c’était l’exercice du matin. Avouez que ce ne serait pas drôle si je vous faisais faire la même chose. Vous ne pourriez pas éveiller la curiosité des autres groupes. Non, je vous ferai faire cet exercice lors de la prochaine séance. Pour cet après-midi, j’ai prévu quelque-chose de plus conventionnel.

Après leur avoir fait signe de le suivre, il mena l’escouade dans la cour d’exercice. Il avait pris le temps d’amener là des épées d’exercice en bois. L’elfe poussa un soupir résigné en anticipant une nouvelle séance d’escrime, une torture pour lui qui peinait dans cet exercice. Le rôdeur lui adressa un clin d’œil et sortit de sa poche trois longueurs de trois longueurs de tissu noir.

- Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une séance d’escrime ordinaire, vous aurez quelque chose à raconter à vos collègues ce soir !

Et du reste, la séance fut pour le moins peu conforme à ce que les gardes avaient pu imaginer. Le rôdeur commença par créer deux groupes de trois personnes. L’un d’entre eux était muni d’une épée, le second d’un bouclier et le troisième se voyait aveuglé par l’un des morceaux d’étoffe opaque. Le défenseur devait protéger l’aveugle des attaques de l’attaquant. Le rôdeur donna des conseils aux défenseurs des deux groupes et fit alterner les rôles jusqu’à ce qu’il soit satisfait du résultat. Cet exercice avait pour but de faciliter la cohésion dans les formations défensives ou chaque soldat devait protéger son voisin sou peine de voir la ligne de défense brisée. L’exercice suivant opposa les deux groupes : chaque équipe comptait deux attaquants aux yeux bandés et un défenseur chargé de guider ses coéquipiers et de les protéger contre l’équipe d’en face. L’opération se solda par de nombreux assauts infructueux avant que la technique ne se mette en place et ne se rôdent. Après plusieurs variantes, le rôdeurs délesta les soldats de leurs bandeaux et mit en place un assaut plus classique à trois contre trois, avec épée et boucliers. Kasumi leur apprit à utiliser les enseignements des exercices précédents : la protection de leur voisin et l’attaque concertée. Plusieurs litres de sueur plus tard, les deux groupes échangeaient des passes d’armes sans que les lignes ne se disloquent. Le rôdeur en fut satisfait et libéra les gardes alors que le soleil était passé en dessous de la muraille du fort et que l’atmosphère se rafraichissait.

- Rentrez prendre un bain et un repas chaud avant de tomber malade ! Vous l’avez mérité.

Le rôdeur suivit son propre conseil après avoir rangé les armes d’entraînement.

[Galathée]

Les jours suivants se déroulèrent sur le même mode, Kasumi entraîna tour à tour six groupes de gardes, les précipitant dans les échoppes du marché (où ils commençaient à devenir presque pittoresques et les commerçants redoublaient d’ingéniosité pour les piéger) ou les opposant dans le ballet maladroit des combats à l’aveugle. De plus en plus de soldats de l’armée régulière vinrent d’ailleurs assister à ses cours, ainsi que certains officiers, dont Flèche-Sombre bien entendu, et même, pendant presque dix minutes, l’insaisissable général Maelwedd, qui repartit vers la forteresse sans desserrer les lèvres.
Les gardes se montrèrent inégalement doués, mais Kasumi put tout de même en repérer une douzaine dotés d’excellentes compétences.
Il s’entretint plusieurs fois avec Darren, lequel était surpris qu’il n’ait pas encore mis les pieds au temple pour reconnaître le terrain, mais il laissait l’initiative au rôdeur avec une bienveillance que sa sempiternelle froideur dissimulait bien.
Arriva enfin le premier jour de relâche du demi-elfe, et la promesse d’une promenade bien méritée…

[Kasumi]

Kasumi entendait bien profiter de sa journée de relâche pour quitter le Fort. Il se leva avant l’aube ce matin là et se rendit aussitôt au mess pour prendre un solide petit déjeuner. Il descendit ensuite aux écuries et sella Ombrage, ravi de se défouler un peu. Le rôdeur avait prévu de se rendre au Bosquet des docks mais remit temporairement sa visite au sanctuaire de sa déesse. Au lieu de cela, il talonna sa monture et la mena au Temple de Lathandre. Il allait pouvoir profiter de la cérémonie matinale pour se mêler aux fidèles et étudier la configuration des lieux de la Fête de la Lune. Sa lettre de mission en poche, il espérait pouvoir convaincre les Lanthandrites de lui faire visiter les lieux où seraient menées les festivités. Il pourrait ensuite consacrer son après-midi à l’entretien du Bosquet qui en aurait certainement grand besoin.

[Galathée]

Lorsqu’elle parvint (d'ici) devant le Grand Fort, Galathée prit quelques secondes pour reprendre son souffle. L’énorme structure de la citadelle militaire lui donna froid dans le dos : peu importait l’obédience d’une armée, son siège était toujours sinistre et fonctionnel, meurtrier pour l’âme. Tout en approchant du pont-levis et de l’arche où attendaient les gardes, la jeune femme se demanda comment ses idéaux de non violence pouvaient s’accommoder d’un travail derrière ces murs épais. Un instant, elle songea à rebrousser chemin pour aller proposer ses services dans un service de diligences, puis se ravisa. Elle se sentait confusément honteuse d’avoir abandonné Luménis avant la chute du tyran, sans prêter main forte à la résistance. Aujourd’hui, cette cité pouvait devenir la sienne, si elle y mettait du sien, si Taliesin était accepté. Il fallait qu’elle puisse lui donner cette chance.
Elle s’avança vers le portail et s’immobilisa lorsqu’un garde se porta à sa rencontre.
« Bonjour. Je me nomme Galathée Dullahan, je suis spécialisée dans la médecine animale. Je me demandais si l’armée luménienne ne cherchait pas un renfort en la matière pour ses écuries. » annonça-t-elle avec le sourire.

[Galathée]

HRP : ouah, elle gratte, cette aube de clerc !

Les deux gardes échangèrent un regard.
-On peut pas vous dire, m'dame. Faut que vous alliez voir l'intendance.
Ils lui indiquèrent la direction et la laissèrent franchir l'arche. Dans la cour, des hommes s'entraînaient malgré les intempéries. L'armée devait conserver ses hommes aguerris quel que soit le temps...
Il y avait un autre soldat, devant le bâtiment de l'intendance. Mais lorsque la rôdeuse lui expliqua la raison de sa venue, il inclina la tête et lui permit d'entrer. Les couloirs étaient pour l'heure désert, ce qui n'empêcha pas une voix de répondre quand elle toqua à l'huis qu'on lui avait indiqué.
Un petit homme se tenait assis derrière un bureau, presque écrasé par sa masse et celle des papiers qui le recouvraient. Chauve, le teint pâle et les manières fébriles, il n'avait pas l'air du genre à faire des exercices...
-Vous désirez ? demanda-t-il d'une voix polie mais teintée d'impatience. A voir le parchemin gribouillé étalé face à lui, il était en train de faire des comptes.

[Galathée]

« Je suis désolée de vous déranger alors que vous croulez manifestement sous le travail. » fit la jeune femme avec empathie. « Je vais donc être brève. J’ai une certaine expérience en médecine animale, et je cherche un endroit où exercer mes compétences. Je crois savoir que l’armée luménienne dispose d’une cavalerie, ainsi que la garde, et vous avez peut-être d’autres animaux, faucons, chiens, bœufs, pigeons, que sais-je… Je voulais donc savoir si vous ne recherchiez pas quelqu’un pour vous aider. »

[Galathée]

-Chercher quelqu'un ? Nous cherchons tout le temps quelqu'un ! s'exclama l'homme. Le général veut des soldats, moi je veux un scribe pour m'assister, Hullen veut des palefreniers supplémentaires. Le souci, c'est que l'argent ne tombe pas du ciel, et que je dois raisonner tout le monde... Sous peine de faire banqueroute.
Il soupira et se masssa un instant les tempes.
-Mais bref, c'est mon métier, et il y a toujours moyen de moyenner. Vous avez de la chance, de surcroît : Hullen a recruté un assistant, la semaine dernière, mais il semble que le gamin ne trouvait pas le travail à son goût. S'il a décampé, vous pourrez prendre sa place. Mais il ne faut pas vous attendre à être grassement payée : notre budget est des plus serré.

[Galathée]

« Je n’avais pas l’intention de m’enrichir sur le dos de la ville, soyez sans crainte. » répondit-elle sans se laisser démonter par l’impatience de son interlocuteur. « Et j’espère vous donner entière satisfaction. Dois-je aller trouver maître Hullen ? »

[Galathée]

-Oui, allez-y... Si le gamin s'en est allé et qu'il veut bien de vous, il suffira de revenir me trouver pour que je fasse les papiers. Il ne devrait pas y en avoir pour longtemps...
Il lui expliqua où se trouvaient les écuries, mais elles n'étaient pas difficiles à repérer et Galathée se retrouva bientôt dans la chaude atmosphère des lieux. Dans des stalles contiguës, une multitude de chevaux piaffaient ou mangeaient tranquillement leur avoine. Une demi douzaine de garçons d'écuries s'afféraient autour d'eux. Ils relevèrent brièvement la tête quand la rôdeuse entra, puis retournèrent aussi sec à leur ouvrage.
Ce fut finalement un grand escogriffe à la barbe noire constellée de brins de paille qui s'approcha d'elle.
-Vous cherchez quelque chose, mademoiselle ?
Son ton était bourru mais moins impatient que celui de l'intendant.

[Galathée]

« Je cherche maître Hullen. » fit la jeune femme avec le sourire.
« Vous l'avez trouvé. »
« J’avais cette impression. Voilà, on m’a dit que vous cherchiez quelqu’un pour vous seconder dans les écuries. Je ne suis pas palefrenière, mais j’ai une certaine expérience en médecine vétérinaire, acquise au fil des ans, dans des élevages équins et bovins des Vaux, sur le continent, puis dans les campagnes du Nord d’Hélonna. J’ai une affinité avec le monde sauvage, mais le bétail est ma spécialité… et les chevaux, bien sûr, que je ne voudrais pas mettre dans le même sac. Je peux soigner les maladies les plus fréquentes, les foulures, les fractures, les blessures plus graves, j’ai l’habitude des mises bas et je m’en tire pour ce qui est empoisonnement et gestion de l’exercice intensif. Je peux aussi procéder à des saillies. J’ai des bases en dressage, mais ce n’est pas ma spécialité, et je peux assister un maréchal-ferrant sans pour autant pouvoir le remplacer à moi seule. Cependant, si vous avez besoin de quelqu’un pour brosser vos animaux ou ramasser du crottin… Je pense que je passerai mon tour. Je suis toute prête à donner un coup de main, bien évidemment. Mais ce n’est pas mon métier. »

[Galathée]

Hullen la dévisagea un instant, stupéfait.
-Dites tout de suite que vous voulez prendre ma place ! fit-il, la mine scandalisée.
Puis il éclata de rire. Un grand rire aussi franc que tonitruant.
-Hum, finalement, je crois que c'est une chance que l'môme se soit tiré : ç'aurait été dommage de passer à côté de quelqu'un comme vous... Hum, du crottin, il y en aura toujours à ramasser, même moi je m'y colle. Mais vous aurez aussi de quoi vous occuper en soignant les ch'vaux : les soldats, surtout les jeunes recrues, sont pas toujours très attentifs, et certains nous les rendent parfois un peu amochés. Pas des trucs très graves, en général. Mais ça arrive. Et on a pas que des chevaux : on utilise des corbeaux et des pigeons voyageurs, pour les messages. Et on a une ou deux paires de bœufs pour le génie, quand y a de gros trucs à tirer. Plus quelques chiens... Bref, de quoi faire, et on est jamais trop nombreux...
Il sourit et lui tendit la main.
-Si ça vous va, ça m'ira aussi. Vous aurez plus qu'à aller revoir notre ami intendant. Et faites-lui comprendre qu'une paye de palefrenier conviendra pas, qu'il me forcerait à venir lui tirer les oreilles.

[Galathée]

Galathée rougit en réalisant qu’elle avait présenté ses qualifications avec peu de retenue, ce qui lui ressemblait fort peu. Mais Hullen n’avait pas semblé incommodé par son discours, au contraire, et la jeune femme était forcée d’avouer, en son for intérieur, qu’elle était effectivement à la hauteur de ce qu’elle avait clamé. En quittant le maître d’écurie, elle réalisa que cette subite assurance était le signe indéniable de l’âge, d’une confiance et d’une expérience imprévues, qu’elle avait acquises au détour des chemins, sans s’en rendre compte. Ils avaient convenu qu’elle commencerait l’après-midi même, et la jeune femme avait l’intention de rentrer se changer rapidement avant d’attaquer les hostilités. Repassant par l’intendance, elle transmit le message d’Hullen, se récolta un regard sombre mais résigné, puis fila vers l’arche et la rue, pour aller annoncer la bonne nouvelle à ses compagnons.

[Thémis]

Quête : Maux croisés

Thémis, venant du sanctuaire de Lathandre, ne mit pas longtemps à arriver aux portes du Grand Fort. Les gardes postés vers l’entrée, lui cédèrent le passage. Elle pénétra dans la grande cour et se dirigea vers le bâtiment des officiers. Ensuite, elle mena ses pas vers le bureau de Lyraël. En chemin, elle ne croisa personne. Une fois devant la porte de son supérieur, elle frappa trois coups brefs. Soudain elle fut prise de doute, et s’il était absent ?

[Kasumi]

Quête : Maux croisés

Il y avait en effet peu de chances de croiser les officiers dans leurs quartiers en cette heure de la journée. Après une attente brève, Thémis colla son oreille contre la porte avant d’en éprouver la clenche, en un geste désespéré. Celle-ci était verrouillée, signe que son supérieur était de sortie.

La jeune décida alors de se rendre aux terrains d’entraînements, espérant y trouver l’elfe. Elle ne l’y trouva pas non plus mais aperçu Hagen qui donnait manifestement une leçon d’escrime au jeune Furvan. Ce dernier se fendit d’une attaque maladroite que le vétéran n’eut aucun mal à détourner.

- Bouge tes pieds ! Ton coup ne pas partir du buste. Sers-toi de ta tête ou un malandrin la fracassera !

Le vétéran sembla seulement remarquer Thémis et la salua amicalement :

- Bonjour Thémis ! Déjà de retour de mission ? Où est Mahaut ?

[Kasumi]

HRP : désolé pour le double post. Il ne se déroule pas au même moment que la quête Maux croisés.

Le lendemain matin fut quelque peu douloureux pour le demi-elfe qui n’avait jamais pris l’habitude de boire en quantité et tenait par conséquent plutôt mal l’alcool. Avec courage, il se leva néanmoins avant l’aube pour ses ablutions et un déjeuner léger.

Ensuite, ce fut le retour de la routine de l’entraînement. Le tout premier groupe qu’il avait éprouvé refit son apparition pour une nouvelle matinée sous sa direction.

Le rôdeur les mit une nouvelle fois face à un défi destiné à aiguiser à la fois leur sens de l’observation, leur mémoire et leur faculté à communiquer entre eux. L’exercice semblait d’une simplicité enfantine mais amena la patrouille dans ses dernières ressources. Le rôdeur avait créé deux plans représentant le Sanctuaire de Lathandre et ses jardins. Il y plaçait à chaque fois un ou deux symboles matérialisés sur des rondelles de bois ou des figurines également en bois sculpté. Seulement deux des six hommes pouvaient les voir. Ils devaient ensuite les décrire ainsi que leur emplacement à un second duo qui transmettait à son tour les informations à la dernière équipe chargée de reproduire le modèle initial.
A la fin de l’exercice, le rôdeur emmena la patrouille jusqu’au sanctuaire et il demanda à ses « étudiants » de placer les figurines et les symboles qui n’éteint apparus qu’une seule fois aux endroits où ils se rappelaient les avoir vus. Certains objets furent facilement disposés : une rose en bois finement ouvragée ainsi qu’une figurine représentant une femme avec une châtaigne dans une paume ouverte dans les jardins. Un disque solaire fut placé dans le hall après débat puis six autres objets, dont certains doutaient qu’ils furent apparus une seule fois. Quand les gardes furent parvenus à un accord, le rôdeur leur signifia combien d’erreurs ils avaient commises et de quel type. Seulement deux tentatives d’ajustement furent nécessaires avant que la disposition soit respectée.

Le rôdeur les libéra alors, conscient du fait que ces gardes visualiseraient maintenant la disposition des lieux de la Fête aussi bien que les prêtres vivant ici depuis quelques années. Les gardes ne dérangèrent que très peu ces derniers. En cette heure préconisée par l’intendant, la plupart d’entre eux étaient occupés à leurs tâches quotidiennes en dehors du sanctuaire proprement dit.

Lorsqu’il regagna le Fort pour préparer le second atelier du jour (un entraînement plus classique de tactiques de combat offensives et défensives), le rôdeur était un peu déçu de n’avoir pas croisé Garance. Ce serait pour un autre jour, sans doute.

[Thémis]

Quête : Maux croisés

Thémis salua à son tour Hagen. Même si elle n’avait pu voir Lyraël et lui faire son rapport sur les évènements, il fallait qu’elle agisse. Elle ne pouvait attendre les bras croisés, sachant que son amie était en danger.

- Non, je suis toujours en mission mais quelque chose de grave s’est passé… Il y a peu, j’étais encore avec Mahaut mais nous nous sommes séparées pour quérir le mage et le clerc de Lathandre. Nous nous étions donné rendez-vous après cela, mais elle n’y était pas. J’ai essayé de la chercher mais je ne l’ai pas trouvée… Je crains le pire, alors je suis revenue ici au plus vite pour avoir de l’aide.

Un bref silence s’installa. La bretteuse prit finalement son courage à deux mains et demanda au vétéran :

- Pourrai-tu m’accompagner dans les taudis ? Il faut agir le plus vite possible.

[Kasumi]

Quête : Maux croisés

Le sourire disparut du visage de Hagen pour laisser la place à l’inquiétude. A ses côtés, Furvan se précipita vers les baraquements d’où il revint quelques secondes plus tard avec des épées réglementaires.

- Je vous accompagne ! annonça-t-il pour toute explication en tendant son épée à Hagen. Les deux hommes ne tergiversèrent pas pour se mettre en route et Hagen prévint un officier de la raison pour laquelle ils s’absentaient.

En chemin, ce fut une nouvelle fois Furvan qui prit la parole contrairement à son habitude. Une inquiétude panique perçait au travers de sa voix :

- Où l’as-tu vu pour la dernière fois ? Où devrions-nous chercher, Thémis.

Compréhensif, Hagen tenta d’insuffler un peu de calme au garçon :

- Du calme mon garçon, nous la retrouverons ! Elle est sans doute en train de faire la fête quelque part, tu la connais, pourtant.

Le ton optimiste sonnait faux ce qui laissait penser que Hagen ne ressentait pas la confiance qu’il tentait d’afficher devant ses deux jeunes collègues.

- Où allons-nous ?

[Kasumi]

HRP : Désolé pour la bousculade spatiotemporelle !

Kasumi regagna le Fort en quittant la forge. Il lui restait une heure avant la nuit et comptait la mettre à profit pour rencontrer le maître des écuries de la garde. Lorsqu’il mena Ombrage jusqu’à sa stalle, il héla donc un palefrenier pour lui exposer sa requête :

- Je souhaiterais m’entretenir avec maître Hullen. Je serais votre obligé si vous pouviez m’indiquer où il se trouve et s’il accepterait de me recevoir à l’improviste. J’aurais une requête à lui soumettre.

Le rôdeur agrémenta sa demande d’une pièce d’argent qu’il plaça dans la main du jeune garçon d’écurie.

[Galathée]

Avant que le jeune garçon ne puisse dire quoi que ce soit, une voix s’éleva derrière lui.
« Hullen est sorti. Mais peut-être puis-je vous aider ? »
Une jeune femme apparut dans la travée, un seau dans la main droite, un parchemin froissé dans la gauche, qu’elle fixait avec intensité.
« Glen, je comprends rien à ce plan. Où est le destrier de Maelwedd ? » grommela-t-elle à l’intension du jeune palefrenier, avant de lever les yeux et de croiser le regard de Kasumi.
« Oh ça… » lâcha-t-elle, estomaquée.
Galathée n'avait pas vraiment changé. Peut-être avait-elle l'air un peu plus âgée, un peu plus fatiguée, ou peut-être pas. Les circonstances, elles, étaient autres.