La Couronne de Cuivre

Arya ne savait trop que penser, il semblait que finalement Taliesin prenait la direction du groupe ... sans vraiment de conviction, car cela ressemblait encore et toujours à une question. Elle ne réitéra pas sa demande, espérant qu'ils arriveraient à réagir à l'unisson le moment venu.

C'est la seule solution que de nous poster aux points cardinaux, avec Taliesin, nous prendrons les posisitions les moins éclairées, disons plutôt les plus sombres, ainsi nous serons à notre avantage. Je pense que nous devons utiliser des cris d'animaux nocturnes et chacun différent de telle manière à immédiatement savoir où nous devous nous rendre. Pour ma part, je peux prendre le chat en rut ou la chouette.

La pénombre se faisait de plus en plus présente et la Magicienne sentait la tension monter en elle. Cette nuit serait pour elle une expérience nouvelle et elle entrevoyait clairement qu'il était incontournable qu'ils réussissent malgré l'inconnu qui les attendaient et les dangers qu'ils allaient probablement devoir affronter.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur haussa un sourcil et eu un petit sourire amusé à l’idée d’entendre Arya imiter le chat en rut. Il profita de ce moment pour intervenir à son tour. Il parla alors que le groupe gagnait les terrasses :

- S’il faut choisir des cris d’animaux au cas où nous aurions besoin d’avertir discrètement les autres, j’imiterai le geai. L’animal est tout désigné si près du parc verdoyant. Quoiqu’il advienne, je propose que nous ne nous éloignions jamais hors de portée d’oreille les uns des autres. Ensemble, nous sommes forts mais l’ennemi nous voudra divisés surtout s’il nous repère. Je choisis de surveiller le côté du par cet des jardins si cela ne vous gêne pas. J’ai plus d’affinités avec la nature ce qui me permettra d’en détecter facilement les perturbations. Mes oiseaux sauront vous avertir sans mon intermédiaire s’il le faut.

Le rôdeur siffla et les deux faucons vinrent dans leur direction se poser sur l’épaule des elfes. Le hibou ouvrit un œil et détailla Belenn mais ne daigna pas quitter le bras de Kasumi. D’une secousse, il le força finalement à prendre son vol alors que le rôdeur sortait un nouveau fil lesté de sa poche pour barrer l’accès qu’ils avaient emprunté.

- Si l’un de vous entend le signal, qu’il se dirige discrètement d’un endroit où il verra l’accès vers le temple sans être vu. Inutile de tous nous y précipiter avant d’entendre confirmation. Ce pourrait être une diversion ou une fausse alerte.

Depuis qu’Arya avait annoncé son intention d’imiter le chat en rut, Belenn avait un large sourire hilare qu’il ne parvenait pas complètement à réprimer. Sa bonne humeur crût davantage encore lorsque le hibou hirsute le snoba de la plus manifeste des façons.
« Si je vois un malotru qui arrive, je pense que je crierai « Pour Lathandre ! » le plus fort que je pourrai. Ce ne sera pas très nocturne, mais vous m’entendrez sûrement. »
Il croisa les bras puis son sourire s’élargit davantage.
« Je plaisante. Je ne suis pas très calé en cris de bestioles. » fit-il finalement. « Je pourrais faire le loup qui hurle à la lune, mais j’imagine que ça va sonner suspect en pleine ville. Alors je ferai, ah… heu… le renard qui glapit ? Mais il va me falloir au moins une heure d’entraînement. Ou la grenouille ? »

-Vous avez le temps de vous entraîner, Belenn ! répartit joyeusement Taliesin. Il ne fait pas encore nuit. Et en ce qui me concerne... Hum...
Il aurait pu user de magie pour produire à peu près n'importe quel son, mais gaspiller ainsi un sortilège lui paraissait peu opportun. Il tenta donc d'imaginer un animal facilement imitable. Il eut bien du mal : la simple perspective des cris de ménagerie suscités par l'apparition simultanée d'ennemis aux quatre coins du temple lui donnait envie de rire, et il se vit bien, dans se tintamarre improbable, parodier le cri du dragon qui agonise, comme il l'avait fait pour Victor, quelques jours plus tôt. Une éternité, avait-il l'impression. Avant que tous ne change... Il repoussa toutefois cette pensée : mieux valait prendre les choses avec humour. Peut-être était-ce là le secret...
-Va pour le hibou, dit-il enfin. Je devrais m'en sortir, avec le hibou.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur ne voyait guère davantage à faire qu’à choisir un bon poste d’observation et de préparer ses flèches empoisonnées. Il donna l’ordre aux deux faucons, qui seraient bientôt désavantagé par la faible luminosité de patrouiller aux alentours du Temple et dans les rues éclairées jouxtant l’esplanade. Avant de rejoindre sa position, il émit une dernière plaisanterie à l’adresse du barde :

- Je suis certain que vous jouerez à merveille votre rôle d’oiseau de nuit et que vous imiterez aussi parfaitement le cri du hibou qu’Arya celui du chat en recherche d’un partenaire.

La nuit promettait de s'éterniser aussi le rôdeur choisit-il un endroit où il pourrait contempler le jardin et les murs du parc au-delà pour tromper son attente. Il était certainement davantage rompu à l'exercice de l'attente silencieuse que ses partenaires, ce dont il se félicita.

Les hommes avaient montré leur amusement à ses paroles, ils semblaient loin de s'imaginer la véracité de son imitation, mais si cela ce devait, elle espérait qu'ils ne se poseraient pas la question de savoir si c'était elle ou un quelconque chat de gouttière entrain de courtiser sa belle. Après avoir remis à chacun les potions qui leur seraient utiles, elle alla prendre place à son poste. La nuit arrivait lentement avec ses incertitudes et ses dangers. Mais rapidement, elle laissa de côté toutes ces questions auxquelles ils n'avaient pas de réponse pour se concentrer sur la portion des jardins qui étaient sous sa garde.

Son regard balayait tranquillement le terrain face à elle, ses yeux cherchaient à déceler le moindre mouvement qui pourraient paraître suspect, elle était vigilante espérant que cette inactivité nocturne ne durerait pas trop longtemps. Elle n'avait jamais passé des heures à ainsi faire le guet et redoutais quelque impatience si cela devait se prolonger.

Ils étaient désormais isolés sur les terrasses, les escaliers étaient piégés par les clochettes de Kasumi, il ne restait plus qu’à se préparer et attendre. La nuit tombait peu à peu. Les jardins furent gagné les premiers par les ténèbres, puis l’obscurité couvrit le ciel, progressivement, transformant le gris clair des nuages en gris plus sombre. Le crépuscule parut incroyablement court. Il ne pleuvait pas mais l’air était glacial, comme chargé de fins cristaux en suspension, invisibles mais pétrifiants. Une légère brume se leva sur les pelouses du temple. Ils mangèrent les quelques provisions qu’un clerc leur avait montées un peu plus tôt dans la soirée, leur offrant une belle démonstration de l’efficacité des mécanismes mis en place par le rôdeur, puis reprirent leur veille.

Les oiseaux survolaient le quartier. Les faucons louvoyaient dans les rues éclairées, qui étaient plus nombreuses dans cette partie fortunée de Luménis qu’ailleurs. Ils étaient cependant gênés par les lueurs éblouissantes des quelques lampadaires et autres lanternes qui ornaient les perrons et se posaient souvent, interloqués, comme s’ils avaient oublié la raison pour laquelle ils étaient encore éveillés à une heure aussi peu naturelle pour leur espèce. Le hibou était beaucoup plus tranquille. Il croisait dans l’ombre, serein, son regard perçant captant tous les mouvements sous lui. Pour l’heure, tout semblait normal, rien ne bruissait sinon les grands arbres

Les heures s’égrenèrent. Il faisait de plus en plus froid. Le ciel était chargé, plombé, la ville semblait morte. En début de soirée, plusieurs maisons voisines s’étaient vidées de leurs habitants qui, emmitouflés dans de gros manteaux, étaient descendus vers le port. La nuit était souveraine. Silencieuse. Personne dans les rues. Les dernières lumières qui brûlaient aux fenêtres des demeures alentours s’étaient éteintes une à une. Quelque part, une chouette hulula. Le hibou lui répondit, plus rauque, presque menaçant. Des chauve-souris dansaient une sarabande au-dessus de certains buissons des jardins, sans doute ceux où s’étaient cachés les derniers insectes de l’automne. Bientôt, l’hiver forcerait de nombreuses créatures à l’hibernation.

Puis soudain, il y eut un sifflement aigu, suivi d’un second, d’un troisième, et le ciel s’embrasa. Des fleurs jaunes, rouges, bleu électrique, illuminèrent les nuages lourds, des étoiles crépitèrent et claquèrent sur les ténèbres, et la clameur des Luméniens rassemblés sur les quais, assistant au feu d’artifice, leur parvint portée par le vent. Le spectacle était haut en couleur et en fracas, tonitruant, éblouissant, il vrillait les ténèbres, ne leur laissant aucune chance de salut. La nuit était soudain superbe, mais ce n’était pas le moment de se laisser distraire. La diversion était trop belle, et aucun des quatre aventuriers n’était prêt à se faire prendre.

Taliesin scrutait la nuit lorsqu’il crut voir bouger quelque chose, furtivement, dans la rue juste sous lui. Dans l’éclat d’une fusée orange et pétaradante, une seconde, il avait vu quelqu’un. Ou pas.

Tant d’ombre.

HRP : En fait, personne ne sait réellement être au nord, selon le plan du temple (dans une des pages précédentes...). Est-ce que chacun pourrait m'indiquer exactement où il se trouve ?

Taliesin avait été contraint de quitter les terrasses pour avancer prudemment sur les toits. Il avait hésité un moment puis s'était glissé entre les deux terrasses privées des appartement d'Albérich. Les vignes vierges qui les entouraient restreignaient grandement son champ de vision, mais il avait trouvé un semblant de parade en se mettant à plat ventre et en passant la tête par dessus le rebord du toit, ce qui lui permetait de regarder de droite et de gauche. Il le faisait par intermittence, mais les risques d'être vus étaient minces, vu les ténèbres qui régnaient sur la cité.
Lorsqu'il crut repérer une silhouette, il tenta à nouveau la manœuvre, le plus discrètement possible. Il avait été tenté d'appeler les autres, mais il pouvait s'agir de n'importe quoi. Mieux valait être sûr avant de donner l'alerte. Aux aguets, l'oreille tendue, il épia donc la rue, cherchant à repérer si certaines ombres paraissaient étrangement sombres, si un nouveau mouvement se laissait entrevoir...

HRP : si la partie la moins sombre se situe à l'ouest, j'aurai vu question d'infravision. Belenn et Kasumi sud-ouest et nord-ouest et Taliesin et Arya sud-est et nord-est. Mais peut-être devrais-tu préciser la place de chacun ?

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oNotOptimizeForBrowser/> </w:WordDocument> </xml><![endif]--><style>  </style> Frissonnant sous l’assaut du froid ou de ce sentiment de danger qui semblait planer au-dessus de leurs têtes, Arya scrutait la nuit pour ne pas laisser à quelque opportun l’occasion de profiter d’un moment d’inattention. Son esprit était en alerte et maintenant habituée aux quelques bruits et mouvements de la nature environnante, elle laissait sa vue perçante et son ouie fine à l’affût de tout autre son ou mouvement.

Les premiers bruits des feux d’artifice la firent sursauter et elle regretta presque de ne pas être sur le port pour profiter de cette première fête depuis son arrivée à Lumenis, mais elle savait que durant ces illuminations qui embrasaient le ciel, éclairant faiblement les jardins face à elle, ces pétarades qui masquaient les bruits environnant, elle devait être encore plus attentive, scruter avec une plus grande minutie la nuit, car si leurs ennemis avaient décidé de lancer leur action, ils étaient fort possible qu’ils choisissent ces minutes où les regards seraient portés vers le ciel et où ils pourraient se déplacer sans risque d’être entendus.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur scrutait les jardins et le mur du parc depuis son poste d’observation, à demi dissimulé derrière un gros bac à fleur vivaces. Il recherchait le moindre indice suspect, la plus petite perturbation dans l’ordonnancement voulu par Garance. C’était une tâche épuisante en soi car la brise nocturne produisait de nombreux leurres face à sa garde silencieuse. Le rôdeur avait vite compris que le hibou serait le mieux doté des trois oiseaux pour détecter les ombres des Sharites. Il gardait un lien ténu avec les deux faucons pour les inciter à poursuivre leurs allers-retours dans les rues désertes. Son attention se portait de façon plus franche vers son auxiliaire nocturne dont la vue aiguisée dépassait de loin ses propres capacités.

Le bruit et la vive lumière provoquée par le feu d’artifice pouvait être une diversion idéale pour les conspirateurs. Cela ne ferait que renforcer les ombres au sol et masquer les mouvements. Le demi-elfe redoubla de vigilance sentant la tension monter d’un cran.

HRP : vu la réponse de Taliesin, je pense qu’on peut considérer que chacun occupe un point cardinal. Comptez que le temple fait environ 40-50 mètres de côté.

Le feu d’artifice avait surpris tout le monde, et la lumière violente couplée aux détonations avaient momentanément troublé les sens de chacun. Kasumi avait eu toutes les peines du monde à calmer les oiseaux, que les explosions subites avaient effrayés au plus haut point.
Taliesin scrutait toujours la rue sous lui, mais il ne voyait plus rien. Le feu d’artifice durait, les autorités luméniennes avaient décidé de faire les choses en grand, et il était difficile de ne pas les maudire. A nouveau, le barde surprit un mouvement, mais le jeu des ombres était tel qu’il était impossible d’être sûr de quoi que ce soit. Par contre, quelques secondes plus tard, il entendit nettement un petit claquement métallique, loin sur sa droite. Quelque chose avait heurté le rebord du toit.

Taliesin retint son souffle. Il se passait quelque chose. Bien sûr, il ne pouvait en être absolument certain : il avait pu imaginer les mouvements qu'il avait cru entrevoir. Et même ce bruit métallique, cela pouvait ne rien signifier de particulier. Après tout, il s'attendait tellement à ce que quelque chose se passe qu'il était capable d'interpréter le moindre signe en ce sens. Et pourtant... Le feu d'artifice offrait de gros avantages à qui voulait tenter de s'infiltrer dans le temple en trompant la vigilance d'éventuels guetteurs. S'il y avait un moment ou tenter l'opération, c'était bien celui-ci.
Doucement, le plus discrètement possible, il entreprit de longer la haie qui entourait la plus à l'est des deux terrasses privées. Il ne sonna pas l'alerte : mieux valait être certain de son fait avant d'appeler les autres. On pouvait l'avoir repéré. On pouvait très bien vouloir l'attirer en un lieu précis pour qu'il libère le passage. Mieux, on pouvait espérer qu'il ferait venir les autres, ce qui dégarnirait considérablement leur système de surveillance... De plus, c'était Kasumi qui occupait le côté est du Temple. Avec un peu de chance, il aurait entendu le bruit, lui aussi. Non, décidément, nul besoin de mander les deux autres.
Enfin, il parvint à l'angle sud-est de la terrasse et risqua un regard au-delà. Si quelque chose avait atteint le toit, il ne pourrait manquer de le repérer... Et si c'était une diversion... Il garda l'oreille tendu, espérant qu'il entendrait d'éventuelles manœuvres derrière lui.

Quête : un désir de crépuscule

A mesure que le temps s’écoulait, l’absence du moindre signe de leurs ennemis mettait les nerfs de Kasumi à vif. Le vacarme des fusées explosant dans le ciel nocturne au-dessus du port et du vrombissement des étincelles multicolores semblait ne jamais devoir s’achever. Le demi-elfe s’efforçait d’évacuer au mieux ces bruits caractéristiques pour se concentrer sur le silence des jardins. Un exercice difficile qui le poussait aux limites de ses talents de traqueur. Il avait perdu le lien ténu d’avec les faucons mais il sentait le hibou tout proche volant avec toute la souplesse silencieuse de ses plumes cotonneuses. Un instant oiseau de proie en vol dans son élément, il sursauta pour se retrouver demi-elfe ankylosé par l’absence de mouvement. Il avait cru entendre un léger bruit provenant de sa gauche…

Au début Taliesin ne vit rien. Son infravision elfique réagissait surtout à la vie, à la chaleur, aux présences dans la nuit, et de cela, il n’y avait point. Le bord rectiligne du toit continuait sur une vingtaine de mètres, jusqu’à l’angle qui surplombait les jardins. Quelques mètres sur sa droite, en contrebas, débutait le mur circulaire qui enserrait les parterres bien tenus du sanctuaire. Puis il eut la sensation d’un mouvement ténu, dans l’espace vide entre le toit et le mur, comme une vibration. Une nouvelle fusée, verte, explosa dans le ciel, et comme une apparition, furtive, un éclair puis la nuit, il vit nettement un filin tendu entre le mur et le toit. A la faveur des ténèbres, alors que sa rétine se réhabituait à la nuit, il put alors fixer le point de départ du filin, sur le mur d’enceinte. Il y avait là un homme accroupi, il en était persuadé.

Le hibou émit un hululement interloqué et vira vers le nord. Si Kasumi avait une vue dégagée des jardins, tout ce qui se trouvait bas, de l’autre côté du mur d’enceinte, était hors de sa sphère perceptive. Plongeant un instant dans l’esprit de l’oiseau, le rôdeur eut cependant la vision déformée, quelques secondes, d’un mouvement au bas du mur.

Quête : un désir de crépuscule

L’esprit de Kasumi fut irrépressiblement attiré par l’instinct de chasse du vieil hibou auquel il était partiellement lié. L’oiseau disposait, outre de sa vue perçante, d’une conscience éprouvée du mouvement qui lui permettait de repérer les plus petites de ses proies. Le rôdeur tendit ses sens vers l’oiseau qui s’était posé dans une branche haute du parc, et promenait son regard vers l’origine de l’alerte qui lui avait fait interrompre son vol de reconnaissance. Il pouvait ne s’agir que d’un animal vaquant à ses occupations vespérales mais quelque-chose clochait. L’impression tout d’abord nette d’une présence qu’avait ressenti le rapace s’était muée en indécision, la proie avait semblé disparaître sans prévenir et le hibou en était contrarié plus qu’inquiet. La conscience de Kasumi en faisait une autre interprétation : ils n’étaient plus seuls, quelque chose se tramait. A geste lent, calculés lorsqu’il s’agissait de chasser les farouches cervidés de la Haute forêt, le rôdeur empoigna son arc et encocha une flèche sur la corde sans la tendre. Il se rapprocha très lentement du bord du toit pour avoir une meilleure vision du mur tout en enjoignant au hibou de ne pas quitter des yeux la base du mur où la proie s’était fondue. Cela à l’encontre de son instinct mais le hibou s’y soumis bien que de mauvaise grâce.

Aussi silencieux qu'il le put, Taliesin fit glisser son arc de son épaule et s'empara d'une flèche. Une fois encore, il hésita a lancer son appel, mais, à nouveau, il renonça. Vu le cri qu'avait poussé le hibou, il avait peut-être remarqué l'homme et, si c'était le cas, ne manquerait pas de prévenir Kasumi, ce qui lui offrirait un renfort bienvenu. Par contre, appeler Arya et Belenn, c'était dégarnir complètement leurs flancs ouest et sud, et offrir ainsi de nouvelles voies d'infiltration à leurs adversaires. Mieux valait attendre, pour l'heure : s'il s'avérait que les Sharites ne comptaient utiliser qu'un seul chemin et se concentraient sur cette partie du toit, il serait toujours temps de sonner l'alarme. Par contre, s'ils voulaient entrer par divers endroits, le fait que la magicienne et le clerc soient toujours à leur poste éviterait aux défenseurs de bien mauvaises surprises...

A nouveau, Taliesin perçut le raclement du métal sur la pierre du toit. Laissant son regard courir vers la source du bruit, il le repéra enfin : un grappin était accroché au toit, à peu près à mi-longueur de la grande terrasse nord-est. Il avait bougé parce que quelque chose pesait sur le filin.
Le ciel explosa pour le bouquet final, assourdissant et aveuglant. Si rester concentré dans un tel déferlement de son et de lumière était presque impossible pour les êtres pensants, cela s’avéra impossible pour le hibou qui s’envola à nouveau, et se mit à volter dans le ciel, paniqué. Cependant, son essor ne fut pas sans utilité pour Kasumi : au moment où il perdait le contrôle de l’animal, le rôdeur eut le temps d’entrapercevoir plus distinctement deux personnes habillées de sombre au bas du mur, à hauteur de l’angle du toit. En réalité, il ne vit que, clairement, le bas de leur visage. Le reste était dans les ténèbres.
Taliesin comprit que quelqu’un était en train de gagner le toit en rampant le long du filin, en suspension dans l’air.
La nuit revint, mais les étoiles dansaient toujours dans leurs yeux. Il leur faudrait de longues minutes avant de se réhabituer à l’obscurité. Au moins, le feu d'artifice avait pris fin.

Quête : un désir de crépuscule

Cette fois-ci le doute n’était plus permis : des intrus avaient profité du vacarme infernal de la fête pour infiltrer le périmètre extérieur du temple. Aucun des glyphes protecteurs ne s’était déclenché et les clochettes restaient muettes ce qui laissait espérer que les Sharites n’avaient pas encore pénétré à l’intérieur du sanctuaire mais comment en être certains alors que les silhouettes encapuchonnées s’étaient approchées si facilement de leur position avant d’être repérées. Il se demandait s’il était le seul à avoir repéra les intrus. Si Arya, Belenn et Taliesin devaient être avertis, cela devait se faire sans que les intrus ne s’en rendent compte. Le geai mettrait la puce à l’oreille des Sharites sans nul doute et Kasumi n’était pas prêt à prendre ce risque. Il n’osait pas non plus se détourner de la cachette des inconnus. Taliesin était le plu proche de lui et il se dirigea à pas de loup dans sa direction. Il repéra sans trop de mal sa position approximative et y jeta quelques petits cailloux qui s’enfoncèrent dans les lierres. Il s’approcha ensuite du bord pour observer la position que le hibou avait révélée. il était prêt à tirer sur les inconnus sans sommation dès que ces derniers apparaîtrait dans sa ligne de mire. il fallait profiter de l'avantage de la surprise pour désorganiser le plan d'assaut des malfaiteurs.

Taliesin poussa un soupir de soulagement en découvrant que Kasumi s'approchait. Il avait donc été averti, comme il l'espérait. Et de constater que lui non plus n'avait pas lancé d'appel pour prévenir les autres. Le rôdeur, cependant, ne pouvait le rejoindre : lui était sur la grande terrasse nord-est, à l'intérieur des barrières la séparant, elle et ses consœurs, du reste du toit... L'elfe fit cependant un geste du bras pour lui signaler qu'il l'avait repéré et reporta aussitôt son attention sur l'endroit où allait bientôt surgir le premier assaillant. Il encocha sa flèche, tendit la corde de l'arc... Il ne tirerait peut-être pas immédiatement : si le nouveau venu n'était pas seul, mieux valait attendre que certains de ses comparses l'aient rejoint. Histoire de ne pas leur donner tout de suite l'alerte et de ne pas les pousser à la fuite. Il ne faudrait pas trop attendre, néanmoins, sous peine de se retrouver en sous nombre...

Alors qu’il scrutait les jardins et le mur qui les entourait, Kasumi entendit à son tour un raclement métallique sur sa gauche, derrière lui.

Taliesin vit l’homme arriver sur le toit. Il était habillé complètement de noir, à peine perceptible sur la voûte sinistre du ciel. Il s’accroupit immédiatement et se mit à bouger les mains. Au début, l’elfe pensa qu’il triturait le grappin, mais bientôt, il devina une lueur entre les doigts de l’intrus. Ce n’était pas à proprement de la lumière, plutôt son inverse, comme une zone de densité plus ténébreuse encore que celui qui la manipulait.

Au sud, pour l’heure, la nuit restait semblable à elle-même, tranquille et glacée. Puis soudain, il sembla à Arya qu’elle entendait un bruit ténu, un léger frottement, qui venait de derrière elle, dans les alentours de l’escalier qui descendait vers le gymnase du temple. La terrasse sur laquelle elle se trouvait était la plus pourvue en agrès de gymnastique, ce qui la rendait propice à la cachette, pour les défenseurs comme les éventuels agresseurs. Pourtant, les glyphes et les clochettes n’avaient pas sonné.

Taliesin ne savait que faire. Comme l'avait dit Belenn, leur objectif principal était avant tout de faire un prisonnier. Or, leurs chances d'y parvenir seraient plus fortes si plusieurs adversaires prenaient pied sur le toit. Mais s'il ne tirait pas maintenant, il laisserait à l'individu en train d'incanter le temps d'invoquer ses ténèbres malignes. Et lorsque ce serait le cas, son infravision ne ne lui servirait de rien. Bien sûr, il pourrait tenter de repérer ses mouvements et ceux de ses acolytes à l'oreille, mais ce ne serait pas évident. Pire, ce serait prendre le risque de les laisser s'infiltrer plus avant... D'un autre côté, s'il se découvrait maintenant, s'il ratait son coup, leurs ennemis pourraient prendre la fuite... cruel dilemme.
Il grimaça, hésita encore un instant, puis, avec un soupir, il banda son arc et tira, visant l'épaule de son adversaire. Tant pis. Mieux valait profiter de l'effet de surprise. Il aurait peut-être la possibilité d'ajuster un second tir sur l'individu. Ou de viser ses comparses, en contrebas.
De toute façon, les dés étaient jetés.

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur parvint sans mal à repérer l’origine du nouveau bruit. Il se dirigea prestement vers le grappin qui s’était accroché au rebord de la passerelle et attendit que la corde se tende indiquant qu’un assaillant tentait l’escalade. Le rôdeur posa son arc pour dégainer silencieusement son épée courte enduite de poison prêt à accueillir celui qui ne manquerait pas de se présenter bientôt. Le demi-elfe se tenait à quelques pas de la corde, adossé au parapet pour ne pas se faire repérer depuis le contrebas. Bientôt, il faudrait prévenir les autres si les évènements ne s’en chargeaient pas d’eux-mêmes. Le rôdeur refusa de faire confiance à sa seule vue pour lui signaler la présence des assaillants, il fit le vide pour écouter les sons de la nuit redevenue calme. Soudain un claquement sourd de corde d'arc se fit entendre...

HRP : Oubliez ce que j'ai dit

L’intrus poussa un cri et fut déséquilibré vers l’arrière. Il tomba du toit, sans hurlement, et disparut de la vue du barde. Ce dernier n’entendit cependant pas de choc.

Quand le cri claqua dans la nuit, tout le monde l’entendit, d’Arya à Belenn, en passant par Kasumi. Ce dernier vit distinctement trois silhouettes s’écarter du mur d’enceinte des jardins et filer vers le parc. Il ne les vit pas très longtemps, cependant : elles gagnèrent rapidement les ombres.

Arya sentait de plus en plus le froid malgré les quelques mouvements qu’elle s’efforçait de faire dans la plus totale discrétion. Elle ne cessait de scruter tout ce qui se trouvait dans son champ de vision, de tendre l’oreille aux moindres bruits et lorsque le feu d’artifice cessa elle soupira autant de crainte d’avoir laisser passer une ombre sans l’avoir repérée que la pensée que leurs ennemis avaient choisis une autre cible ou n’interviendraient pas cette nuit.<o>

</o>Mais, ses pensées filèrent avec le vent glacé alors que son ouïe fine lui fit percevoir un bruit infime dans son dos qui lui sembla provenir de l’escalier menant au gymnase. Elle ne savait si ce bruit était réalité ou pas. Elle chercha une ombre inconnue parmi celles qui se profilaient sur la terrasse, des indices qui pourraient confirmer que quelqu’un ou quelque chose venait de se glisser entre les trop nombreux agrès qui étaient rangés entre l’escalier et sa position. Tout son corps était en alerte, pourtant, elle devait se rendre à l’évidence que mise à part ce léger frottement entendu, ni les glyphes, ni les clochettes n’avaient donné le moindre son. Elle soupira à moitié rassurée regrettant que ses compagnons fussent si éloignés. Pourtant, la confiance revint et le calme avec. Elle était encore plus vigilante autant sur ce qui pouvait se passer dans les jardins que sur la terrasse. Rassurée par les détecteurs muets, le silence revenu et l’absence visible d’une présence, elle ne se faufila pas entre les engins, ni avertit les hommes, ni utilisa un sort de détection afin d'éviter d'être elle même repérée si un intrus était l'auteur du bruit infime entendu. Elle se déplaça simplement de quelques mètres de manière à pouvoir surveiller autant le parc que la portion de la terrasse où aboutissait l’escalier du gymnase tout en se réjouissant du froid glacial qui régnait l'ayant obligée à remonter au maximum sa capuche qui cachait presque l'entier de son visage et surtout la blondeur de sa chevelure.

Le cri qui déchira la nuit la fit sursauter, elle ne savait si c'était un des hommes qui venaient d'être touché ou un ennemi qui venait d'être la cible, elle savait devoir entendre sous peu le cri d'animal de celui qui en avait été la victime ou l'auteur et sentit monter en elle une grande tension. Si il y en avait un, il y en avait plusieurs. Pourtant, elle ne bougea pas, plus que jamais, elle scrutait l'arrivée de l'escalier et la bordure de la terrasse.

Quête : un désir de crépuscule

HRP : oups !

Le rôdeur jura en silence : les conspirateurs s’étaient enfuis vers le parc. Ils disparurent rapidement à sa vue mais ne pouvaient pas encore avoir franchis le mur extérieur. Soit ils se dissimulaient en fomentant un mauvais coup contre les défenseurs depuis les ombres, soit, hypothèse plus probable, ils s’apprêtaient à fuir et avec eux, les enquêteurs perdraient les réponses attendues à leurs nombreuses questions. Le rôdeur chercha mentalement le hibou qui avait du finir par se calmer. Le rapace nocturne pourrait sans doute repérer les Sharites dès que ceux-ci se sentiraient plus en sécurité de l’autre côté de la muraille. Kasumi reprit son arc et s’apprêta à tirer vers l’endroit où s’étaient dissimulé les fuyards. La diversion les ferait peut être sortir de leur trou s’il visait juste. Il espérait que l’homme tombé était encore en état d’être interrogé. Taliesin était le mieux placé pour s’en assurer jugea-t-il.

L'elfe se répandit en un chapelet d'injures bien senties. Non, l'homme n'aurait pas pu simplement s'effondrer sur le toit. Bien évidement que non. Ç'aurait été trop demander aux dieux ! Mais au final, à quoi s'était-il attendu ? Il n'avait pas pour habitude de réussir ce qu'il entreprenait et le fiasco était son lot quotidien. dès lors, il était dans son élément et n'aurait pas dû être surpris.
Et quitte à avoir tout fait rater, autant poursuivre sur cette lancée ! Jetant son arc sur son épaule, il courut jusqu'au rebord du toit, s'agenouilla près du grappin, saisit entre ses mains le filin toujours en place et, se retournant, se lança dans le vide. Au pire, il verrait si sa cible était toujours vivante. Au mieux, il saisirait peut-être un signe de la fuite de ses éventuels acolytes, et se lancerai à leur poursuite.

L’attente d’Arya fut finalement récompensée : une silhouette se détacha finalement sur le haut des escaliers, scrutant la nuit. Elle était vêtue de frusques anonymes, qui lui dissimulaient le visage à l’exception des yeux. C’était un homme, de taille moyenne, il s’accroupit en gagnant la terrasse. A mille et un petits signes, l’elfe devina qu’il était très nerveux. Elle l’entendit murmurer à voix basse, mais sans esquisser le moindre geste. Puis il se redressa à demi et avança droit devant lui, vers l’est, se coulant d’agrès en agrès, dans une tentative peu efficace de se dissimuler.

Les intrus couraient d’ombre en ombre et même le hibou avait du mal à les distinguer. Il les perdit d’ailleurs momentanément, avant de les retrouver plus loin. La vue n’était apparemment pas le meilleur des sens pour les pister. Ils longèrent le parc vers le nord et le cœur de la ville, puis soudain, se séparèrent. L’un d’entre eux franchit les grilles du parc, le second continua droit devant lui, le troisième bifurqua vers l’ouest et fila vers le quartier du port. Le hibou, décontenancé, hésita sur la marche à suivre.

Quant à Taliesin, il se retrouva suspendu dans le vide, à plusieurs mètres du sol. Le grappin était toujours solidement arrimé au toit, et le filin descendait en pente douce jusqu’au sommet du mur d’enceinte, un peu plus bas. De son perchoir, il put quand même constater que juste sous le temple se trouvaient d’impressionnants massifs de rhododendrons. L’un d’entre eux semblait plutôt défoncé, mais ils étaient touffus : difficile de dire où se trouvait l’intrus.

La Magicienne était troublée par cette silhouette qui se détachait trop bien ou pas assez. Un ennemi trop facile à surprendre, pas vraiment prudent. Peut-être cherchait-il à la faire sortir de l’ombre, attendait-il qu’elle lance un sort et ainsi lui répondre un ton au-dessus ou tout simplement qu’elle fut la cible d’un autre intrus qu’elle n’avait pas déceler … ou … elle soupira à la pensée qui lui vint … Tyber était dans les parages, il devait avoir connaissance desglyphes et des clochettes ce qui expliquerait qu'elle n'ait rien entendu. Mais la prudence était de mise, elle préférait donner une peur bleue au jeune novice si ce fut lui, que de se voir face à une menace qu’il serait dès lors difficile de surmonter. Sans aucun bruit, elle sortit sa dague et se dissimula derrière un agrès où il passerait inévitablement dans son avance renonçant à lancer une incantation de détection du mal pour éviter une fois de plus de se faire repérer. Dès que l’intrus serait à sa portée, la dague d’Arya se retrouverait sur sa gorge et elle n’hésiterait pas à lla ui trancher tout en plaquant l'autre main sur sa bouche pour éviter que ses cris ne viennent à alerter les alentours.<o></o>

-Kasumi ! lança le barde en suspension. Celui que j'ai touché est peut-être dans les buissons ! Appelez les autres puis rejoignez-moi. Avec un peu de chance, il sera encore en état de parler. Sinon, demandez à vos oiseaux de suivre les autres ! Si le mien est mort, on aura ainsi une chance de les rattraper !
Puis il lâcha le filin, espérant qu'un buisson amortirait sa chute. Mais il était trop en rogne contre lui-même pour réellement songer aux possibles conséquences néfastes d'une telle action.

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi vit le barde passer par-dessus la rambarde et entendit son appel il mais n’avait pas le temps de l’accompagner dans cette direction. Les enquêteurs ne pouvaient pas se permettre de laisser fuir ses trois complices. Le rôdeur lança à voix haute un avertissement à ses compagnons :

- Je quitte le temple. Trois hommes fuient vers le nord. Protégez le sanctuaire et capturez l’intrus !

Le rôdeur se précipita vers les escaliers et se précipita vers l’intérieur du temple Le rôdeur croisa un clerc à l’intérieur du temple et prit juste le temps de lui signaler l’attaque avant de filer par la porte principale :

- Le temple a été attaqué, restez en alerte. Un intrus dans les jardins, trois ont fui.

Le rôdeur percuta la porte et se précipita sur le parvis. Il chercha à rassurer le hibou désorienté et lui ordonna de suivre celui qui s’enfonçait dans le parc. Le rôdeur n’avait aucune chance de gagner les autres de vitesse : les ombres urbaines étaient leur domaine, la nature était le sien. Il espérait gagner sur le fuyard en se dirigeant sur les indications de l’oiseau. La concentration nécessaires à cette double vue alors qu’il courait à fond de train eut tôt fait de lui donner la migraine.

La Couronne de Cuivre

[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre

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