La Couronne de Cuivre

RP : Retour à l'abri

Astrée répondit tendrement au baiser de son compagnon, l’attirant à elle avec douceur. C’était si bon d’être dans ses bras. Elle en oubliait presque la douleur qui lui vrillait le crâne.
- Je n’ai pas très faim, avoua-t-elle en se blotissant contre lui. Je me sens encore un peu nauséeuse. Mais je sais bien qu’il faut que je mange, j’ai l’estomac vide. Il me faut quelque chose de léger…. Il y a quoi sur ce plateau ? Et il me faudrait aussi quelque chose de froid à mettre sur ma blessure, ça me ferait sûrement du bien et je pourrais utiliser un sort de soin.

Elle sourit à son compagnon.
- Et ensuite.... Ensuite on rentrera à la maison... On n'est pas loin. On devrait y être avant la nuit, non ? Je ne me souviens plus... On est tout proches de la mer, non ? Il me semble que je l'entends...
Elle réalisa en prononçant ces mots qu'elle ne savait plus trop où elle se trouvait. Elle se rappelait des évènements de la veille, mais était incapable de situer géographiquement le village où ils étaient. Ni de se souvenir de ce qu'ils étaient venus y faire.

RP : Retour à l’abri

L’horreur de la panique se peignit sur le visage de Kasumi lorsqu’il réalisa à quel point le coup reçu à la tête avait chamboulé les souvenirs d’Astrée. Il n’avait aucun idée sur la façon de gérer cette situation ni même s’il était possible d’y remédier. Il saisit les mains de la jeune femme dans une étreinte un peu fébrile et tenta de puiser dans ses yeux la réponse à ses tourments. Elle saurait quoi faire si pareille mésaventure lui arrivait. Lui était déchiré entre l’idée de courir chercher l’un des prêtres qui officiait au rez-de-chaussée de l’auberge et son instinct le poussant à rester aux côtés de sa compagne comme elle l’avait demandé. Sa voix trembla autant que ses mains lorsqu’il répondit :

- Nous sommes à Haute Roche dans les montagnes mon cœur, il nous faudra encore quelques jours pour atteindre ton abri.

Maladroitement, il se redressa pour attraper un linge qu’il trempa dans une carafe d’eau pour l’humidifier. En s’asseyant à nouveau à côté d’Astrée, il lui posa une main sur l’épaule et murmura comme si parler trop fort pourrait aggraver son état :

- Laisse-moi voir cette vilaine blessure. Je vais la soigner.

RP : Retour à l'abri

Astrée avait ouvert des yeux ronds quand Kasumi avait prononcé le nom de Haute Roche. Ce nom ne lui évoquait rien... Ou plutôt si, elle avait l'impression qu'elle aurait dû le connaitre, mais n'arrivait plus à s'en souvenir. Comme s'il était dans une partie de son cerveau qui lui était inaccessible. Comme quand on a un mot sur le bout de la langue et qu'il ne veut pas sortir....
Elle ferma les yeux lorsqu'il posa la compresse sur son front. La douleur reflua. Les battements sourds de son sang contre ses tempes étaient moins douloureux.
- Quelles montagnes ? finit-elle par murmurer. La Cordillère du Faucon ? Mais qu'est-ce qu'on fait là ? Et Aurore ? Où est son berceau ?
Non, quelque chose n'allait pas. Ça ne collait pas. Mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus...
- Je n'y comprends rien... Je crois que je perds la tête...

RP : Retour à l’abri

La mention de la fille qu’Astrée avait perdue un an plus tôt fut comme un coup de poignard pour son compagnon. Ce souvenir ne pouvait pas être le fait de la désorientation, le coup que la rôdeuse avait reçu à la tête avait visiblement laissé des séquelles et Kasumi s’en voulait de ne pas avoir insisté pour que le prêtre l’examine plus en détail. Pire, il se reprochait d’avoir pris les risques qui avaient conduit la rôdeuse à venir le rejoindre seule en pleine nuit par amour pour lui. Cet amour qu’il ne lisait plus dans ses yeux à cet instant. Si elle pensait sa fille encore vivante et se croyait encore sur la Cordillère alors il était plus que probable qu’elle pense que Gwendal était encore en vie lui aussi. Kasumi craignit brusquement que la rôdeuse le prenne pour un étranger et s’écarta d’elle après une longue hésitation. Il bafouilla en répondant, craignant que sa voix n’évoque rien à la jeune femme et qu’elle se défie de lui :

- Astrée, tu as reçu un mauvais coup à la tête. Ça va passer mais tu dois me faire confiance. Je tiens vraiment à ce qu’un prêtre t’examine.

Il refusa de donner corps au délire de la jeune femme en évoquant la petite Aurore. Elle semblait bien trop désorientée pour comprendre les révélations qu’il aurait alors à lui faire et ne sentait pas capable d’affronter sa réaction si elle réalisait la dure vérité.

RP : Retour à l'abri.

Astrée le regarda avec inquiétude s'écarter d'elle. Quelque chose n'allait pas... Elle le savait. Quelque chose dans ce qu'elle avait dit avait provoqué un mouvement de recul de l'homme qu'elle aimait.
- Kasumi ? Je n'y comprends rien... J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Elle se prit la tête dans les mains, essayant d'y voir plus clair.
- Je ne comprends pas, répéta-t-elle. Je me souviens du combat cette nuit, du coup sur la tête. Mais je ne me souviens plus de ce qu'on est venus faire ici, ni de ce qu'on a fait de notre fille... On l'a laissée à une voisine ? Elle n'a même pas un an... Je ne me souviens de rien... Il y a quelque chose qui ne colle pas.

La douleur revenait dans son crâne, lancinante. Elle ferma les yeux et se rallongea. Elle avait tellement sommeil... Elle bredouilla encore quelques mots.
- Je crois que j'ai besoin de dormir encore un peu. J'y verrai plus clair à mon réveil... Tu ne pars pas trop loin, hein ? Et tu reviens vite ?... Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose, il y a peut-être encore des brigands dans les parages. Fais attention à toi mon amour...
Puis, très rapidement, sa respiration se fit plus régulière. Elle dormait.

RP : Retour à l’abri

Kasumi ne parvint pas à trouver les mots appropriés pour répondre et toutes les répliques qu’il imaginait moururent dans sa gorge à mesure qu’il les rejetait. Cependant, il sentit que son mouvement de recul avait blessé la femme qu’il aimait et il s’installa à nouveau auprès d’elle pour lui serrer la main jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Juste avant qu’elle ne ferme les yeux, il lui murmura sur un ton rassurant :

- Ne t’inquiète pas, je ne m’éloignerai jamais de toi.

Puis, pour ne pas risquer qu’elle s’éveille à nouveau seule, il se hâta de chercher un clerc après avoir vérifié qu’elle dormait profondément. Lorsqu’il revint dans la chambre en compagnie du prêtre, la rôdeuse semblait toujours profondément endormie. Après avoir posé quelques questions à voix basse à Kasumi pour savoir exactement de quoi il retournait, le prélat s’approcha de la jeune femme allongée et entama des incantations en plaçant ses mains au niveau de sa tête.

Clerc --->Soins modérés--->Astrée

Il s’écarta ensuite pour parler à Kasumi à part, l’air un peu désolé :

- Je suis désolé. Ce genre de soins n’est pas ma spécialité et je ne suis pas aussi efficace que ne le serait un clerc de Lathandre, surtout après la nuit que nous venons de vivre. J’ai réparé tous les dégâts physiques que votre compagne a subis mais je ne sais pas si elle recouvrera immédiatement sa mémoire. Elle est désormais entre vos mains. Grâce à vous, elle finira par se souvenir de tout ce qu’elle aurait pu oublier.

Le rôdeur ferma doucement la porte derrière le clerc qui était ressorti en silence. Il s’approcha de sa compagne et mit une chaise à son chevet pour pouvoir la veiller sans déranger son sommeil. Alors qu’il l’observait, mille réflexions inquiètes traversaient son esprit. Il en avait complètement oublié le petit déjeuner abandonné à côté de lui.

RP : Retour à l'abri

Astrée se réveilla au bout de deux heures. Elle se sentait affamée, et réalisa qu’elle n’avait plus rien dans l’estomac depuis une éternité. Elle ouvrit les yeux, sourit à Kasumi, et prit sa main dans la sienne.

- Bonjour mon amour… Tu es réveillé depuis longtemps ?
Avisant le plateau posé sur la commode, elle ajouta :
- Oh, c’est gentil d’avoir pensé au petit déjeuner, je meurs de faim !… Mais il a l’air froid… J’ai dormi si longtemps que ça ? Il fallait me réveiller !
Apparemment, elle ne se souvenait pas de son réveil précédent. Comme s’il n’avait été qu’un rêve… Ou une crise de somnambulisme.

Elle porta machinalement la main à sa blessure, étonnée de ne plus ressentir aucune douleur.
- En tout cas je suis guérie, on dirait… Mais toi ? Je n’ai même pas pensé à te demander si tu avais été blessé ?
Tout en parlant, elle attirait son compagnon à elle, prise d'un besoin irrépressible de se blottir dans ses bras.

RP : Retour à l’abri

En constatant que la jeune femme ne manifestait plus de signe de son amnésie passagère, Kasumi poussa un soupir de soulagement et répondit sans retenue à l’étreinte d’Astrée, la serrant contre lui une longue minute avant de songer à répondre. Il était tellement soulagé qu’il faillit éclater de rire et retrouva sa verve taquine habituelle :

- Tu as dormi le temps qu’il te fallait pour recouvrer tes forces et je suis resté avec plaisir à te regarder. Mais si tu veux tout savoir, si tu restes encore une heure au lit, il sera l’heure de ton massage du soir. Mon avis médical est qu’il te fera le plus grand bien mais que tu dois manger avant. Ce pauvre petit déjeuner mérite un meilleur sort que rester éternellement sur un meuble. Rassures-toi, tout était déjà froid lorsque que je l’ai amené, l’auberge ressemble à un camp retranché et les cuisiniers sont mis à contribution. Mais je peux t’apporter du thé chaud si tu veux.

RP : Retour à l'abri.

- Oui, je veux bien un peu de thé chaud, répondit Astrée en souriant. Mais je peux aller le chercher moi-même tu sais !
Sauf... sauf qu'elle ne se rappelait plus où était la salle commune... Elle ne savait plus s'il fallait tourner à droite ou à gauche en sortant de la chambre. Elle visualisait le couloir, pourtant. C'est juste... qu'elle ne savait plus le chemin à suivre pour rejoindre la grande salle. Elle aurait l'air ridicule...

Elle avait légèrement pâli en prenant conscience de sa désorientation. Devant le regard inquiet de Kasumi, elle tenta de faire diversion.
- Oh, finalement... Je vais t'attendre ici. je ne veux pas me priver du plaisir d'un petit déjeuner au lit... Je vais me faire quelques tartines en attendant.
Son état était certainement dû au choc qu'elle avait reçu. il passerait sans doute assez vite. Inutile d'inquiéter son compagnon. Machinalement, elle vérifia qu'elle se rappelait bien des évènements de la veille, de ce qui les avait conduit ici... Mais elle ne savait plus où se situait géographiquement le village.
Pas de panique. Ca passera d'ici un jour ou deux.

RP : Retour à l’abri

Kasumi hésita un instant en remarquant le léger moment d’absence de sa compagne. Il ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était tout à fait remise du choc même si elle paraissait déjà aller nettement mieux qu’avant le passage du clerc. Il décida finalement de repousser ses inquiétudes. Du repos et un bon repas feraient bien un meilleur effet sur la santé de la rôdeuse que son angoisse. Avant de franchir la porte, il ne put s’empêcher de lancer une nouvelle taquinerie :

- Je vais revenir vite avec ton thé. Comme ça, tu pourras vérifier par toi-même que je n’ai pas été blessé cette nuit comme tu me l’avais ordonné.

Moins de cinq minutes plus tard, le demi-elfe revenait les bras chargé d’un plateau contenant, outre le thé, une soupière fumante laissant échapper une odeur alléchante.

RP : Retour à l'abri

L'estomac d'Astrée émit un grognement guère poli à l'odeur alléchante de la soupe. La rôdeuse avait profité de l'absence de son compagnon pour commencer à tartiner du beurre sur de larges tranches de pain grillé, sur lesquelles elle avait artistiquement déposé un peu de truite fumée ou de jambon cru, et quelques tranches de tomate, de concombre ou d'oeuf dur.

- Hmm... ça sent bon ! Je crois qu'on va commencer par la soupe, mes toasts attendront... Et tu as intérêt à les apprécier, ils ont été préparés avec amour spécialement pour requinquer mon guerrier préféré.
Elle sourit et lui tendit la main, l'attirant vers le lit.
- Et ensuite tu me montreras tes blessures de guerre, mon amour...

RP : Retour à l’abri

Kasumi s’amusa de ce que la rôdeuse avait pensé à lui préparer un plat aussi artistique qu’alléchant à partir du plateau de petit déjeuner qu’il lui destinait à l’origine. Il servit deux généreux bols de soupe qu’il posa sur le meuble à côté du lit avant de rejoindre la rôdeuse pour s’asseoir confortablement à côté d’elle.

- Tes toasts m’ont tout l’air appétissants et j’apprécie tout ce qui vient de toi, tu peux me croire. Tu sais vraiment comment requinquer ton guerrier imprudent. Je ne pense pas être blessé mais je n’ai pas eu le temps de vérifier alors je devrais m’en remettre à ton examen attentif. Mais tout d’abord, il est grand temps de s’occuper de ton estomac. Tu te sens assez bien pour manger par toi-même ou tu préfères que je m’en charge ?

Ingénument, le rôdeur remplit une cuiller de soupe avant de la tendre en direction de la bouche de la rôdeuse.

RP : Retour à l'abri

Astrée se mit à rire.
- Non merci, je suis capable de manger seule… Et je ne voudrais pas prendre le risque qu’on salisse la magnifique couverture de laine qu’on nous a fournis. Ce qui ne manquera pas d’arriver si tu tiens ta cuillère comme ça… Sans vouloir te vexer, on voit que tu n’as jamais nourri d’enfant !
Elle se demanda soudain d’où lui venait cette pensée subite, comme une association d’idée. Quelque chose flottait, à la limite de sa mémoire… mais elle ne parvenait pas à l’identifier.
- Mais… j’apprécie ta proposition à sa juste valeur ! Ce sera pour une autre fois...

Son estomac gronda à nouveau, semblant indiquer que cette discussion ne le passionnait décidément pas… Sans attendre davantage, Astrée saisit le bol de soupe et le vida quasiment d’un trait.
- Vraiment délicieuse cette soupe… Tu ne m’en veux pas si je ne t’attends pas pour les toasts ? je meurs de faim !

RP : Retour à l’abri

Kasumi observa avec amusement la rôdeuse qui semblait s’efforcer de rattraper tous les plats qu’elle avait sautés depuis la veille. En tous cas son appétit faisait plaisir à voir et le rôdeur se découvrit lui aussi une faim dévorante. Il prit néanmoins le temps de déguster sa soupe et se resservit pour vider le récipient avant de s’intéresser de très près aux toasts que sa compagne n’avait pas encore dévorés. Il n’eut pas à simuler son enthousiasme après en avoir dégusté un, récompensant la jeune femme d’un compliment et d’un baiser qu’il mit aussitôt à profit pour piocher de nouvelles douceurs sur le plateau.

RP : Retour à l'abri

Astrée profitait pleinement de ce moment de paix et de tendresse partagée. Après les frayeurs qu'elle avait eues lors de la nuit précédente, un peu d'amour était plus efficace que n'importe quel potion.
Elle répondit avec tendresse aux baisezrs volés de son compagnon, manquant plus d'une fois renverser leur plateau repas. Et le dessert, bien sûr, consista en un baiser passionné... Qui leur coupa le souffle.

A la lumière dorée qui baignait leur fenêtre, elle estima qu'il devait rester deux heures au maximum avant le coucher du soleil. Elle n'avait plus sommeil...
- Que dirais-tu d'aller faire un tour dehors ? Il me semble que ça nous ferait du bien de prendre un peu l'air... Tu crois qu'il y a encore du danger ?

RP : Retour à l’abri

Le rôdeur répugnait un peu à interrompre ce moment privilégié mais il dut reconnaître qu’Astrée avait raison. Prendre un peu l’air ne pouvait que hâter sa guérison et il n’avait pas vraiment sommeil lui non plus. Il ramassa les plateaux et les déposa sur le meuble le temps d’enfiler ses bottes. Il répondit sans se donner la peine de détourner le regard lorsque la rôdeuse s’habilla à son tour :

- Tous les brigands ont été capturés ou mis en déroute donc il n’y a aucun danger à sortir, à condition de ne pas nous éloigner du village. Tu as une idée en tête ou une simple ballade entre amoureux te conviendra ?

En descendant ensemble, les rôdeurs purent constater que la salle commune abritait bien moins de patients que la veille. ILs se retournèrent avec un bel ensemble lorsqu'une voix familière les interpella :

- Ah ! J'ai bien cru que vous alliez dormir toute la journée. Vous vous sentez assez en forme pour assister à une petite fête en l'honneur des héros de Haute Roche ce soir ?

Le bourgmestre arborait une mine réjouie ainsi qu'une écharpe soutennat son bras blessé.

RP : Retour à l'abri

Astrée se mit à rougir en comprenant que Kasumi et elle faisaient apparemment partie des "héros". Elle se serait bien passée d'une telle célébrité.

Elle bafouilla, bredouilla, rougit encore davantage. Elle n'avait pas vraiment envie d'assister à la moindre fête, surtout donnée en leur honneur. Elle n'aimait pas se retrouver au milieu d'une foule, et encore moins si ladite foule avait les yeux rivés sur elle. Elle n'avait jamais aimé cela, mais depuis ses mésaventures récentes, elle avait tendance à être tétanisée dans ce genre de situation.
Mais Kasumi était plus sociable qu'elle, et il voudrait sans doute y aller, d'autant qu'il méritait beaucoup plus qu'elle le titre de héros.

Et voilà, quand on est en couple, il faut faire des concessions... Elle l'avait presque oublié. Et donc... elle irait. Pour lui faire plaisir...
Elle fit donc signe à son compagnon, d'un haussement d'épaule, qu'elle le laissait décider pour eux deux.

RP : Retour à l’abri

Malgré sa désinvolture apparente, Kasumi perçut la gêne de sa compagne et crut en comprendre la raison. Astrée n’avait jamais été très à son aise en public et ce n’était pas la première à reconnaître ses mérites. Il ne pouvait lui en vouloir de son manque d’enthousiasme surtout après la série d’épreuves qu’ils venaient de traverser. Lui-même n’était guère plus enclin à accepter l’invitation. Il s’était plutôt attendu à passer une soirée tranquille avec Astrée avant de partir tôt le lendemain matin. . En songeant à ce qu’il avait failli perdre avec cette histoire, il n’avait guère envie de faire la fête. Mais le village avait perdu de nombreux hommes de valeur et s’apprêtait tout de même à célébrer la victoire et la continuité de son mode d’existence. La mine réjouie du bourgmestre acheva de le convaincre, un peu à contre cœur. Il ne pouvait simplement pas se permettre de refuser ne serait-ce que par politesse.

- Nous viendrons participer aux réjouissances en tant qu’invités. C’est vous et les gardes qui êtes à considérer comme des héros. Vous avez réussi à déjouer les plans de vos adversaires. Nous ne resterons pas très tard, j’en ai peur. Astrée et moi avons encore du sommeil à rattraper et nous avons l’intention de partir tôt demain. A l’origine, nous ne devions passer que pour nous ravitailler.

Le bourgmestre marqua une petite moue de déception mais enchaîna très vite :

- Vous êtes bien trop modestes. Sans les risques que vous avez pris, bien plus que ce que nous aurions été en droit d’attendre de deux voyageurs, nous ne serions plus là pour en discuter. J’ai l’intention de poursuivre l’enquête. Une fois les dégâts réparés, nous allons commencer à interroger les prisonniers et la fouille des demeures des traîtres identifiés nous permettront certainement d’apprendre bien des choses pour tirer cette histoire au clair. Mais je ne vus retiens pas, je vous souhaite une bonne balade et à ce soir. Tâchez de préparer votre discours.

Cette dernière remarque avait été prononcée sur un ton plus léger mais Kasumi n’était pas tout à fait certain qu’il s’agissait d’une plaisanterie.

RP : Retour à l'abri.

Astrée avait rougi, et gardé les yeux baissé alors que le bourgmestre faisait allusion à un discours. Elle laisserait Kasumi parler pour eux. Elle le laisserait répondre aux questions, discuter... et se ferait toute petite en attendant que la soirée passe. Elle détestait cela. Elle ne se sentait aucun lien avec ce village. Elle n'y connaissait personne, et c'était juste un malheureux hasard qui leur avait fait se trouver là au mauvais moment. Sans cela ils seraient depuis longtemps en route pour son abri, tout proche - du moins c'est ce qu'il lui semblait, mais elle préféra ne pas approfondir la question : elle n'était pas sûre de se remémorer où ils étaient exactement. Ils auraient évité 48h d'angoisses et de dangers, des blessures - et pas seulement physique -, et le manque de sommeil qu'elle ressentait encore malgré sa journée passée à dormir.
Je suis fatiguée, et de mauvaise humeur, constata-t-elle simplement pour elle-même. Ça va passer. Il faut juste que je prenne l'air... Que je sorte de cette salle où il y a trop de monde...

Prenant Kasumi par le bras, elle l'entraîna vers la sortie, remarquant à peine, au passage, qu'elle avait dû parcourir la salle des yeux avant de retrouver où était la porte.
Sur le seuil, elle inspira profondément. Le soleil avait commencé à baisser à l'horizon, et la lumière dorée illuminait les murs de pierre.
- j'ai besoin de respirer, expliqua-t-elle. J'aimerais juste qu'on sorte de ces murs étouffants, qu'on aille admirer le coucher de soleil près des portes par exemple.
Elle hésita subitement. Les portes donnaient bien à l'ouest ? Elle ne s'en souvenait plus....

RP : Retour à l’abri

Kasumi perçut une nouvelle fois la désorientation d’Astrée comme qu’il cherchait sans cesse des signes de sa perte de mémoire de tantôt. Mais il décida de ne pas les relever et de les attribuer à son manque de sommeil et au stress qu’elle avait subi depuis leur arrivée dans la région de Haute Roche. Marchant calmement à son bras, il n’avait aucune envie de se laisser étouffer par ces considérations inquiétantes. Obligeamment, il la guida vers les portes, la prévenant qu’il faudrait faire le tour de l’enceinte pour profiter du coucher de soleil. Mais il n’y avait aucune chance qu’on les empêche de rentrer à leur retour, pas alors qu’une fête était donnée en leur honneur. Pour la taquiner, le rôdeur lui glissa à l’oreille le plus sérieusement du monde :

- J’espère que tu as des idées pour le discours parce que je n’ai jamais été doué pour parler en public. Je crois bien que je vais te laisser cet honneur ce soir.

RP : Retour à l'abri.

Astrée pâlit subitement.
- Non mais ça ne va pas ? Je déteste ça et tu le sais très bien... Je te préviens, si je dois parler en public je préfère ne pas y aller du tout ! Tu iras seul.
Elle était vraiment de mauvaise humeur, et s'en rendait compte, bien malgré elle. Elle se doutait que son compagnon plaisantait... Mais sa réponse avait fusé, acerbe, avant qu'elle n'ait pris le temps de réfléchir.
- Excuse-moi, fit-elle d'une voix radoucie. Je crois que la fatigue et le stress de ces deux derniers jours me rendent un peu nerveuse...
Et elle se sentait au bord des larmes, pour ne rien arranger.

Ils arrivaient aux portes. Elle s'arrêta soudain, apercevant un spectacle qui lui était devenu étrangement familier : quelques roulottes, des tentes montées par des hommes qui se lançaient des ordres d'une voix de stentor, comme s'ils étaient seuls au monde. Un vieillard, assis sur un banc, les regardait d'un air réprobateur, gromellant dans sa barbe.
- J'parie qu'ils étaient de mèche avec les autres... Ils jouent les charognards... Tous des voleurs...
- Les voyageurs, murmura-t-elle, stupéfaite.
Oui, cela collait. Ils avaient dû rester deux ou trois jours à la foire aux chevaux, tandis que Kasumi et elle-même étaient à Deux-Ponts. Et elle savait qu'ils devaient remonter vers le nord ensuite, mais par une route passant plus à l'ouest....

RP : Retour à l’abri

Kasumi ne s’était pas préparé à ce qu’Astrée prenne si mal sa plaisanterie anodine et à la violence de sa réponse. Il en fut surpris et même un peu peiné mais il oublia sa rancœur en voyant l’air désolé de la rôdeuse. Il la serra dans ses bras sans arrière pensée comme si une étreinte pouvait aplanir toutes les difficultés.

- Tu n’as pas à être désolée. C’était une plaisanterie stupide, moi non plus je n’aime pas parler en public.

Il s’interrompit brutalement en constatant la présence des tentes devant les portes. Il mit un peu plus de temps de que la jeune femme à les remettre mais sa propre réaction lui confirma ce qu’il savait déjà. Instinctivement, sa main se porta à la garde de son épée et il vérifia machinalement que son épée glissait bien hors de son fourreau. Il s’arrêta sans se rendre compte qu’il retenait sa compagne par la main.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de sortir…

Le rôdeur n’avait jamais abordé en détail sa visite au camp des voyageurs et le combat qui s’en était suivi contre Barrack qu’il jugeait toujours responsable de la capture d’Astrée. Maintenant que ces souvenirs lui revenaient en mémoire, il en avait encore moins envie, il s’efforçait de laisser ce triste épisode derrière eux.

RP : Retour à l'abri.

Astrée regarda son compagnon avec surprise.
- Pourquoi cela ? Tu sais, ils m'ont probablement sauvé la vie, lorsque je me suis blessée en rentrant de chez Alice...
Cela lui paraissait si loin... Comme dans une autre vie.

- Et puis, ils doivent se faire du souci pour moi... Ou peut-être pas... Ils ont sans doute cru que j'avais décidé de partir de moi-même... Ils ont un très grand respect de la liberté de chacun, tu sais. Tu peux partager leur vie un moment, puis partir sans prévenir, puis décider revenir un beau jour... tu restes le bienvenu, ils ne t'en veulent pas d'avoir choisi un moment une autre route que le leur. Ils m'avaient expliqué tout ça....
Ses yeux brillaient à l'évocation de ces souvenirs. Apparemment, elle avait passé des moments agréables avec ces nomades.

RP : Retour à l’abri

Kasumi fut incapable de briser la bonne humeur d’Astrée en lui révélant ce qu’il avait appris sur le chef des nomades. Barrack avait su pour les esclavagistes et avait choisi de ne pas prévenir Astrée lorsqu’elle s’était détournée de lui. Bien qu’il ne soit pas vraiment coupable de la capture et des mauvais traitements qui s’en étaient suivi, Kasumi ne pourrait pas pardonner cette lâcheté à son rival. Il avait bien du se douter du sort de la rôdeuse lorsqu’elle n’était pas reparue et n’avait rien tentée pour la libérer ou alerter qui que ce soit. Sans les informations données par la sœur du voyageur, le demi-elfe se serait probablement fourvoyé et Astrée serait toujours prisonnière des monstres ou pire encore.

Kasumi ne parvint pas à balayer son expression maussade alors qu’il songeait à l’imminence probable d’une nouvelle confrontation avec celui qui avait courtisé Astrée. Le pire étant qu’il ne pouvait écarter la pensée qu’une partie de sa rancune était due à la jalousie. Il préféra en révéler le minimum en partie pour éviter de remémorer des souvenirs difficiles pour Astrée :

- Nous ne nous sommes pas exactement quitté en bon terme Barrack et moi…

Dès ce nom prononcé, il se maudit de sa bêtise. Sa mention ne pouvait qu’attiser la curiosité de la rôdeuse.

RP : Retour à l'abri

Astrée lança un regard pénétrant au rôdeur, cherchant visiblement à deviner ce qu'il lui cachait. Mais elle ne posa aucune question. Elle finit par avouer :
- Moi non plus, au fond, on ne peut pas dire qu'on se soit quitté en bons termes. Mais je m'entendais bien avec le reste de sa famille, et ils doivent se demander ce que je suis devenue...

Elle sourit, et continua sur un ton taquin, faisant allusion à son réflexe de porter sa main à son épée.
- Tu as peur, on dirait ! Alors tu joues les courageux guerriers pour affronter une bande de mercenaires, et tu t'inquiètes de l'accueil d'une poignée de nomades ?
Elle haussa les épaules.
- Si tu préfères, je peux y aller seule. Tu sais, j'aimerais juste leur faire savoir que je vais bien... Je n'en ai pas pour longtemps.

RP : Retour à l’abri

Le rôdeur faillit se récrier à cette proposition mais parvint à adoucir son ton pour refuser calmement, n’ayant pas même le cœur à relever la plaisanterie taquine :

- Non, à partir de maintenant je ne te quitte plus. Ça ne me réussit pas du tout d’être loin de toi. Je souhaitais éviter des tensions car il n’a pas hésité à m’attaquer lorsque je me suis introduit dans le camp pour te chercher. J’ai un meilleur souvenir des autres voyageurs pour ne rien te cacher. C’est d’ailleurs la sœur de Barrack et aussi celle de l’une de mes anciennes connaissances qui m’a permis de te retrouver. Je me dois de la remercier si cela ne fait pas trop de difficultés.

Le demi-elfe paraissait soucieux, n’estimant pas qu’une telle rencontre soit prudente mais il était bien décidé à ne pas laisser Astrée s’y rendre seule pour un bon nombre de raisons dont il refusait de reconnaître certaines. Il serra un peu plus fort la main de la jeune femme en une attitude à la fois angoissée et peut être un brin possessive.

RP : Retour à l'abri.

Ce furent des enfants, qui, les premiers, remarquèrent les deux intrus.
- Oh, c'est Astrée, là-bas, regarde !
Une cavalcade plus tard, pas moins de cinq gosses les entouraient, parmi lesquels Kasumi reconnut Anaïs et Rémi, les enfants de Barrack, leur cousine Maïlys. Les deux autres, deux garçons d'environ 8 ans, apparemment jumeaux, lui étaient inconnus.
Evidemment, les enfants n'avaient d'yeux que pour Astrée, et ignorèrent complètement le rôdeur.
- Alors tu es revenue ? Tu étais passé où ?
- Ma mère se faisait du souci pour toi...
- Tu tombes bien, on va bientôt manger. Tu dors avec nous ce soir ? Dans la tente ? Papa serait content de te revoir...
- Ben non, il sera pas content ton père, tu vois bien qu'elle a un fiancé !
Cette remarque le Mailys doucha d'un coup l'enthousiasme de ses cousins. Qui baissèrent les yeux, confus, osant à peine les relever pour regarder le rôdeur.
- C'est une gadji, c'est tout, conclut l'un des deux jumeaux.
- Toi, mêle-toi de tes affaires ! lança Anaïs, furieuse.

- Ca suffit !
Astrée leva la main pour imposer le silence.
- Non, je ne dormirai pas avec vous ce soir, expliqua-t-elle avec douceur à Rémi et Anaïs. Mais c'est très gentil à vous de m'y inviter...
Embarrassée, elle ne savait pas comment leur expliquer la situation.

Un mouvement sur leur droite attira leur regard. Quelqu'un venait de laisser retomber le pan de toile fermant une tente, à quelques mètres d'eux. Juste devant se tenait Eleina, la soeur de Barrack, dont le regard, embarrassé, allait du couple de rôdeur à l'entrée de la tente, s'arrêtant finalement sur Astrée.
Elle parut hésiter un instant et se décida finalement à s'approcher du petit attroupement.
- Heureuse de te revoir, fit-elle simplement. Et... contente que vous l'ayez retrouvée, ajouta-t-elle à l'adresse de Kasumi. Je me faisais du souci.

RP : Retour à l’abri

Conscient des regards évaluateurs voire franchement hostiles qui pesaient sur lui, Kasumi se sentait mal à l’aise et se demanda s’il n’aurait pas mieux fait d’accepter la proposition d’Astrée. A ce moment, il se sentait plus un poids pour les retrouvailles de la rôdeuse qu’autre chose. Il n’en oublia pas pour autant le sens des convenances en saluant Eleina. Il ne savait pas trop si révéler directement l’implication de la jeune femme pouvait lui porter préjudice mais il ne pouvait pas non plus omettre de la remercier pour les informations qu’elle lui avait livrées :

- Vos conseils m’ont été précieux dans cette recherche. Je sais ce que je vous dois à vous pour cela et, bien que cette dette ne soit pas la mienne, je sais aussi ce que je dois à votre peuple pour avoir soigné Astrée lorsqu’elle avait besoin d’âmes charitables pour la recueillir.

Le rôdeur ne pouvait néanmoins pas s'empêcher de jeter des regards nerveux en direction de la tente dont était sortie la voyageuse. Nul doute que la personne qu'il n'avait aucune envie de revoir s'y trouvait.

RP : Retour à l'abri.

Astrée sourit à Eleina, et ajouta avec sincérité :
- Moi aussi, je suis contente de te revoir. Je me doutais que tu devais t'inquiéter.
Quelques instants de silence s'ensuivirent, durant lesquels le regard d'Astrée s'égara vers la tente où Barrack se trouvait certainement. Il leur semblait voir bouger la toile, à l'entrée... Sans doute une illusion.
- Je pense... que je devrais aller lui parler, fit soudainement Astrée. Tu ne crois pas ?
- Je ne sais pas. Il peut être tellement explosif. Mais je crois qu'il s'inquiétait, malgré tout.
- Il était triste, surtout, ajouta Anaïs d'un ton de reproche, rappelant soudain aux adultes que des oreilles enfantines pas si innocentes entendaient leur conversation.
- Allez donc jouer ailleurs, leur intima Eleina, alors qu'Astrée baissait la tête, consciente des espoirs que les enfants avaient, bien malgré elle, pu avoir.
- Mais... Moi je veux rester avec Astrée !
- Filez, je vous dit !
La marmaille finit par obéir, à regret.

Astrée, indécise, tourna à nouveau son regard vers la tente.
- Je vais aller lui parler. Mais je préfères que tu restes ici, Kasumi... Ce serait plus simple je pense. Si tu n'y vois pas d'inconvénient...
- Si vous voulez, en attendant je peux vous montrer nos chevaux, on a fait de bonnes affaires à la foire d'Evendum...

RP : Retour à l’abri

Kasumi se sentait soudain un peu pris au piège. En fait, il n’aimait pas du tout le tour que prenait la situation. Si on lui avait demandé son avis, il n’aurait jamais accepté de bonne grâce de laisser Astrée seule en compagnie de Barrack et tous les dangers que cela impliquait. Mais la diversion d’Eleina tout comme le désir exprimé de la jeune femme de traiter cette affaire elle-même lui forçait la main. Même s’il détestait cela, il ne pouvait pas refuser poliment la proposition d’Eleina alors que les chevaux étaient la dernière de ses préoccupations actuelles. Il ne voulait pas non plus étouffer Astrée en s’imposant dans ses affaires privées même s’il se sentait concerné lui aussi et craignait par-dessus tout une réaction violente de Barrack.
Il répondit du bout des lèvres, ne se donnant même pas la peine de dissimuler son malaise. Il aurait pu faire mention de jouer la comédie mais aucune des deux femmes n’auraient été dupe :

- Allons voir ces chevaux alors… Mais la journée a été longue, je ne pense pas que nous pourrons nous permettre de profiter longtemps de votre hospitalité.

Le rôdeur se mordit la langue en sentant lui-même combien cette remarque pouvait passer pour une supplique destinée à Astrée. Mentalement, il demanda à Première Neige de s'approcher discrètement, juste au cas où...

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Haute-Roche

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