La Couronne de Cuivre

La domestique rougit.

"Oh... tant pis... Je... repasserai plus tard..."

Marie-Madeleine fit demi-tour, et redescendit au rez-de-chaussée.

Ils étaient de nouveau seuls dans le vestibule.

Elle regarda la pauvre femme redescendre les escaliers, un peu gênée de l'avoir congédiée si rapidement, puis se tourna vers le majordome.

- Je suis désolée mais maintenant que je vous tiens j'aimerais vraiment vous parler, lui dit-elle. Depuis combien de temps travailliez-vous pour le comte ? Vous devez certainement en savoir beaucoup sur tout et tout le monde ici, y compris sur les invités non ? Mademoiselle Stöan par exemple, que pouvez-vous me dire sur elle ?

Émile souffla lentement par le nez, remontant le fil de ses souvenirs.

"Cela doit faire... dix-huit ans ? Oui, cela a fait presque dix-huit ans que le comte De Rochebois m'a pris pour serviteur. Yvette était déjà là d'ailleurs, quand j'ai commencé..."

Il fronça légèrement les sourcils.

"Les autres employés sont plus récents en revanche, reprit-il. Le maître n'a jamais eu un caractère très souple... Et c'est Yvette qui a trouvé ce poste pour Marjorie, elle est encore jeune et le métier n'est pas facile. Quant à Fernand, il n'a pas le contact facile et les gens le lui rendent bien."

Reprenant sa respiration, il poursuivit son descriptif, accompagné d'un ample mouvement de sa main droite.

"Les Marquand et les Chambernaud sont des notables reconnus dans les environs. Ils font partie d'une petite bourgeoisie qui reste entre eux, et c'est tout naturellement qu'ils ont fait partie des relations du maître. Le docteur Dupré quant à lui est très apprécié dans la région, c'est un brave homme. En ce qui concerne mademoiselle Stoän, c'est la première fois que je la vois."

Il marqua une légère pause.

"Même si j'avoue que son nom ne m'était pas inconnu..."

Gabrielle ne pouvait pas laisser en suspend une telle ouverture.

"Pas inconnu ?, répéta-t-elle en s'engouffrant dans la brèche. Pourriez-vous peut-être m'en dire davantage ? Quand avez-vous entendu parler d'elle la première fois ?"

Émile pinça les lèvres d'un air gêné à sa question.

"Je... Je n'aurais pas vraiment dû..., expliqua-t-il. Mais, j'ai surpris son nom à plusieurs reprises, il y a quelque temps, en rangeant du courrier. De ce que j'ai pu voir, le maître et la demoiselle ont eu une correspondance suivie. Enfin, cela ne veut pas dire grand chose, le maître traitait beaucoup de courrier..."

- Je sais que le comte n'a pas de descendance connue mais... se pourrait-il que mademoiselle Stoän soit... une fille cachée ou quelque chose comme ça ?

C'est la première chose qui lui était venue spontanément à l'esprit. Mais peut-être qu'elle devrait interroger la principale intéressée, en espérant que celle-ci se montre coopérative.

- On m'a aussi dit que l'ancienne femme de chambre, celle qui occupait le poste de Marjorie, est morte. Que pouvez-vous me dire à ce sujet ?

"L'ancienne femme de chambre ?, répéta-t-il. Oh, c'est un accident bête... Elle est passée accidentellement par une fenêtre. La pauvre n'a pas survécu."

Il émit un léger toussotement.

"Quant à mademoiselle Stoän... une fille cachée ? Oui, tout est toujours possible... Même si je vois mal le maître avoir des enfants, dans l'absolu."

Émile haussa les épaules.

"Dans tous les cas, ce serait une information qui me serait inconnue. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le maître l'a accueillie ouvertement devant les autres invités hier soir. Néanmoins, c'est la première fois que mademoiselle Stoän mettait les pieds ici. S'il la fréquentait de quelque manière que ce soit, ce n'était pas au sein de sa propre maison."

Un bête accident hein ? Mais peut-être que la version d'Yvette était différente, elle n'hésiterait pas à lui reposer la question le moment venu.

- Entre nous, est-ce que vous avez une idée de l'identité du meurtrier parmi tous les gens présents ici, invités comme domestiques ? Est-ce que quelqu'un avait des raisons de lui en vouloir ?

Émile souffla lentement par le nez, hochant pensivement de la tête pendant de longues secondes.

"Lieutenante, répondit-il enfin, je pense que vous aurez beaucoup de mal à trouver des personnes qui n'aient pas de raison de lui en vouloir..."

Il avait insisté sur le "pas".

"Coté domestique, le maître était loin d'être compréhensif vis à vis de ses employés. Il ne faut pas non plus oublier que nous dépendions tous de lui, à bien des égards, surtout en ces temps difficiles. Même Fernand, qui a un comportement très particulier je vous l'accorde, attire plus mon agacement que ma méfiance. Quant aux invités, le comte était une personne qui attirait la réussite. Et à ce titre il pouvait attirer bien des rancoeurs..."

Le majordome se frotta nonchalamment les yeux, esquissant un petit sourire désabusé.

"Je pense que le maître lui-même se délecterait de cette situation, poursuivit-il. C'est le genre de... "plaisanterie" qu'il affectionnait tout particulièrement. C'était un personnage qui avait beaucoup plus de relations que d'amis, et d'employés que de serviteurs. Vous découvrirez beaucoup de sales histoires avant de mettre la main sur votre meurtrier, lieutenante."

Il la regarda dans les yeux sans ciller.

"Vous vouliez mon avis ? Le voilà."

On ne pouvait pas dire qu'elle tombait des nues, elle-même n'aurait certainement pas apprécié le personnage qu'était le comte de son vivant.

- Si selon vous tout le monde avait une raison d'en vouloir à sa vie alors quelle est la vôtre ? demanda t-elle avec malice.

Le regard d’Émile se fit plus sévère.

"Vous déformez mes propos, trancha-t-il. Je n'ai jamais dis que *tout le monde* avait une raison d'en vouloir à sa vie. J'ai dit qu'une grande partie des personnes ici avait des raisons de lui en vouloir."

Le majordome poussa un soupir.

"Cela dit, me concernant, ce n'est guère surprenant. J'étais en quelque sorte l'homme à tout faire du maître, et à ce titre, le plus sujet aux quolibets et aux insultes. Travaillez ne serait-ce que quelque jour au sein d'une maison réputée. Vous seriez très surprise du comportement des gens "honorables", tels que vous les appelez. Tout domestique est au service de son maître, et il en va ainsi depuis que le monde est monde. Mais demandez un peu à n'importe quel membre du personnel ce que ça leur fait de penser que leur emploi est suspendu au bout d'une corde, et vous aurez peut-être votre réponse..."

Émile s'inclina en une courte révérence.

"Et maintenant, si vous n'avez plus de questions, j'aimerai retourner à mes occupations. Il y a un certain nombre d'affaires domestiques qui requièrent ma présence."

- Allez-y, je ne vous retiens pas.

Elle n'avait plus vraiment de questions à lui poser et le laissa donc repartir. Elle avait de toute façon une armoire à ouvrir et des collègues qui n'allaient pas tarder à arriver pour prendre le corps. Dès que le majordome disparut, elle se glissa à nouveau dans la chambre du comte.

Le majordome ne descendit pas les marches, comme elle s'y serait attendue, mais la précéda en direction de la chambre du comte.

Émile tourna ensuite sur sa gauche, et disparut en direction du bureau, dont il ferma la porte derrière lui.

Qu'allait-il donc faire par là ?

Il était toujours possible de l'ignorer, et de se pencher un peu plus sur ces armoires...

Ou pas.

La bouffée de colère qu'elle avait ressentie à l'égard du majordome la submergea à nouveau. Il aurait au moins pu attendre qu'elle parte avant de s'enfermer là-dedans. Maintenant elle allait être obligée de vérifier ce qu'il y faisait... Non, c'était vraiment triste mais elle ne pouvait pas ignorer quelqu'un qui ne faisait même pas l'effort d'être discret. Comment devait-elle s'y prendre pour le recadrer ? Ouvrir la porte d'un violent coup de pied en disant " Mais est-ce que vous êtes en train de vous foutre de moi ?! " ? Non, il fallait rester diplomate. Rester diplomate. Res...ter... di....

Elle ouvrit la porte du bureau, calmement.

- C'est encore moi. J'imagine que c'est de ma faute, j'aurais du vous préciser aussi ceci tout à l'heure : vous n'êtes pas du tout habilité à mettre votre nez là où ça vous chante. Qu'est-ce que vous faîtes ici ?

Espèce d'horrible charognard...

Elle n'avait pas terminé sa phrase qu'une vive sonnerie rocailleuse retentit de l'étage inférieur.

Émile, qui était debout devant le bureau, une plume à la main, se redressa lentement à sa question.

"Très chère... lieutenante..., commença-t-il en détachant ses mots, je fais ce pour quoi je suis payé, à savoir, entre autres, régler les problèmes d'intendance. Cependant, si vous voulez me suivre dans le moindre de mes déplacements, c'est avec plaisir que je profiterais de votre aimable compagnie..."

Il déposa la plume dans son encrier.

"Pour l'heure je dois aller ouvrir, et j'ai sorti de l'argent du coffre. Désirez-vous procéder à sa surveillance... ?"

Elle pouvait sentir à la façon dont il détachait chacun de ses mots qu'elle commençait vraiment à lui taper sur le système. Parfait.

- Je crois que personne ne vous en voudra de laisser de côté les problèmes d'intendance un jour ou deux, vous ne croyez pas ?

" Après tout votre maître est en train de baigner dans son sang, en bas " eut-elle envie d'ajouter. Majordome, c'était une couverture idéale pour fouiller partout sans avoir l'air de le faire et si quelqu'un vous posait une question vous n'aviez qu'à répondre que vous vous occupez des problèmes d'intendance. Le plus simple pour elle aurait été de le menotter à une chaise pour être sûre qu'il ne déplace plus rien dans ce château. Une idée qu'elle mettrait peut-être en pratique un jour...

- Je préfère vous suivre. Je vous en prie, passez devant, dit-elle en souriant.

La sonnerie annonçait sûrement l'arrivée de ses collègues. Et ils avaient certainement des tas de choses à lui dire.

Émile rangea méticuleusement l'encrier sur un coin du bureau.

"Je vois..., déclara-t-il, passablement agacé. Bien, qu'il en soit ainsi."

Il passa dans la chambre, puis descendit au rez-de-chaussée par le vestibule, talonné par Gabrielle. Une nouvelle sonnerie retentit, légèrement plus longue que la précédente.

Le majordome traça tout droit, traversant successivement le grand hall, le salon, la salle à manger, et enfin le hall de l'aile Sud. [la chambre de Gabrielle est dans un salon plus petit adjacent à cette pièce]

Gabrielle reconnut aisément les véhicules du commissariat par la fenêtre. Le majordome déverrouilla la porte, et ouvrit à ses collègues.

"Oui ? Que puis-je pour vous, messieurs ?"
"Police, bonjour, lança le jeune policier en présentant son insigne. Serait-il possible de parler à Mme Lemaçon, s'il vous plait ?"

C'était Fabrice, une jeune nouvelle recrue.

"Madame Lemaçon ?, l'interpela Émile. Il y a un agent de police qui désire vous parler. Permettez-vous que je le fasse rentrer ?"

Gabrielle acquiesça d'un hochement de tête.

Fabrice entra, suivi d'un autre en uniforme, et du légiste.

"Salut patron, lui lança-t-il. Tout se passe bien ? J'ai...(il tourna son regard en direction du majordome, et baissa d'un ton) des informations pour vous..."

Le médecin s'avança ensuite dans sa direction.

"Docteur Michel, s'introduisit-il sommairement. Où est le corps ?"

- Monsieur Martineau va vous y conduire, dit-elle au médecin.

Elle attendit d'être seule avec Fabrice et se tourna vers lui.

- Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?

"J'ai... ceci pour vous, déclara-t-il en lui tendant un papier plié. Excusez-moi, je dois y aller."

Fabrice accourut pour rejoindre le majordome et le légiste, comme le voulait la procédure.

En tous cas, elle avait ses informations.

Gabrielle déplia le papier jauni et le parcourut.

"Marquand : pas d'affaires suspectes. Possède plusieurs terrains à Villeneuve. Divorcé, vit avec sa 2ème femme. 2 enfants avec la première, partis vivre en ville. 1 autre enfant avec la nouvelle, actuellement à l'université.

Chambernaud : conseiller municipal depuis plusieurs années. Adjoint délégué aux entreprises. Suspecté dans plusieurs affaires d'intimidations lors des précédentes élections. Non-lieu dans une autre affaire de trafic d'influence et de délit d'initié.

Stoän : j'ai eu du mal à trouver des infos sur elle. Elle est originaire de la banlieue de Budapest, et elle est venue poursuivre ses études d'art à Paris. En 1912, elle a eu un enfant, de père inconnu. Depuis, elle fait des ménages et de la garde d'enfant, de façon plus ou moins régulière (et plus ou moins déclarée à mon avis). Elle a suivi une famille pour laquelle elle travaillait jusqu'à Villeneuve.

Bon courage pour la suite en tous cas. Et rappelez-moi si vous avez besoin d'autres infos. Je vous tiendrais au courant pour l'autopsie dès que j'aurai les résultats.

Antoine."

Chambernaud suspecté dans plusieurs affaires d'intimidation ? On ne pouvait pas dire que Gabrielle tombait des nues, il avait tenu dix minutes avant d'en faire de même avec elle. D'ailleurs elle ne savait pas où se trouvait le banquier en ce moment mais elle était pressée de remettre la main dessus.

Gabrielle fit demi-tour et se rendit dans la grande salle à manger. Peut-être qu'elle y trouverait le banquier ou quelqu'un avec qui elle n'avait pas eu l'occasion de parler beaucoup. Réinterroger mademoiselle Stoän lui apporterait peut-être de nouveaux éléments.

La salle à manger était vide. Ce qui était d'ailleurs assez intimidant pour une pièce aussi vaste.

Sur la gauche, Gabrielle perçut quelques tintements de vaisselle en provenance de la cuisine.

[HRP :
- sortie grande porte en face : grand salon
- sortie porte sur la gauche : cuisine
- sortie petit couloir à droite : couloir arqué à colonnades
- sortie vers l'étage]

Gabrielle traversa la grande salle à manger et ouvrit la porte qui lui faisait face (vers le grand salon donc).

Personne dans le grand salon non plus... Cependant, une odeur de "propre" parvint aux narines de Gabrielle. Les sols, dans cette pièce comme dans la précédente avaient été lustrés. Même l'imposante et menaçante statue en forme de serpent au-dessus de la cheminée semblait avoir fait peau neuve.

La petite porte sur la gauche était entrouverte, laissant circuler un courant d'air vivifiant, et Gabrielle entraperçut Marjorie, qu'elle supposât toujours appliquée au ménage aux divers bruits d'eaux qu'elle perçut.

[HRP :
sortie grande porte en face : le hall central
sortie grande porte derrière : la salle à manger
sortie petite porte sur la gauche : le petit bureau et la bibliothèque
sortie couloir sur la droite : le couloir sombre en arc de cercle]

Elle aperçut Marjorie mais préféra ne pas la déranger pour l'instant. Où étaient passés les invités ? Gabrielle bifurqua et ouvrit la porte sur sa gauche.

Le petit bureau - qu'elle avait aperçut saccagé la soirée dernière - avait été rangé. Dans la pièce adjacente, la bibliothèque, dont les portes étaient grandes ouvertes, elle aperçut Marjorie, attelée comme elle l'avait suspecté au ménage, sa serpillère à la main.

Mais elle n'était pas seule. Avachi sur un canapé, le jeune homme aux cheveux bruns frisés qu'elle avait croisé tantôt se tenait là lui aussi, un livre à la main. Et en caleçon.

Lorsqu'elle pénétra dans la pièce, il la dévisagea, passablement mal à l'aise, et se redressa précipitamment.

"Oh, c'est vous ?, sursauta la femme de chambre, qui ne l'avait vraisemblablement pas entendue arriver. Vous... vous avez besoin de quelque chose ?"

Ses joues devinrent écarlates, malgré le souffle d'air frais qu'on devinait salvateur en provenance de la fenêtre ouverte sur la cours. Mais Gabrielle ne sut dire si c'était dû à sa présence, ou à celle du jeune garçon en petite tenue...

[HRP :
sortie en face : couloir à colonnades
sortie derrière : bureau, puis grand salon]

- Non, tout va bien, répondit Gabrielle alors qu'elle n'avait pas quitté le jeune homme en caleçon des yeux. Eh bien, c'était rassurant de voir que certains arrivaient à se sentir comme chez eux malgré les événements. Elle ne l'avait pas encore vu mais supposait déjà qu'il faisait parti de la troupe d'acteurs venue la veille.

- A qui ai-je l'honneur ? demanda t-elle avec un léger sourire en coin.

Le jeune homme écarquilla les yeux, surpris qu'elle s'adresse à lui.

"Je... Moi ?, bégaya-t-il timidement. Je m'appelle Armand. Armand Tellier. Je suis... vous savez, avec Nils. La troupe de la Croix Bleue là... Et... vous êtes... ? C'est vous, la policière ?"

Gabrielle se présenta au jeune homme avant de sortir son calepin d'une de ses poches.

- J'imagine que ça ne vous dérange pas de répondre à quelques questions ? Pour commencer, parlez-moi un peu de cette soirée, enchaîna t-elle rapidement, empêchant ainsi le jeune homme de se soustraire à son interrogatoire. Avez-vous remarqué quoi que ce soit qui mériterait mon attention ? Un comportement étrange chez les invités ou les domestiques par exemple ?

"Chez les domestiques ?", répéta-t-il en haussant les épaules.

Le jeune homme réfléchit un instant.

"Je... je ne sais pas trop. Non, je ne crois pas... Ni chez les invités, d'ailleurs. Je me suis couché très tard la nuit dernière, je n'arrivais pas très bien à dormir..., expliqua-t-il. J'étais en train de faire un billard, en haut. J'ai dû aller me coucher... un peu avant 1h du matin ? Mais, non, je n'ai rien entendu de spécial..."

Il haussa de nouveau les épaules, ne sachant quoi ajouter.

"Vous... avez dit, "étrange", c'est bien ça ?, intervint alors Marjorie. J'ai vu quelque chose de bizarre, oui. Mais ce n'était pas un domestique."

Gabrielle l'invita à poursuivre.

"C'était quand je suis allée faire les chambres dans l'aile Nord. J'ai vu... je ne sais pas comment elle s'appelle... la jeune fille de la troupe."
"Mylène ?", compléta Armand, surpris.
"Oui, voilà, Mylène. Elle était en train de pleurer, devant sa chambre. Et j'ai vu plein de billets dans ses mains. Je ne sais pas trop combien, mais il y en avait beaucoup."

Marjorie marqua une pause.

"Après, elle est rentrée dans sa chambre, et j'ai continué à faire les lits."

Elle se tourna en direction de Gabrielle.

"Vous croyez que c'est important ?"

Elle n'avait pas encore eu l'occasion de répondre qu'une voix familière s'éleva du grand salon.

"Madame Lemaçon ? Madame Lemaçon, vous êtes là ?"

C'était le majordome.

Effectivement, cela pouvait être important. Il lui fallait maintenant trouver cette Mylène et avoir une petite conversation avec elle. Elle n'eut pas le temps de répondre à Marjorie que déjà le majordome était revenu.

Elle se tourna vers lui.

- Qu'y a t-il ?

Le majordome s'inclina très légèrement et émit un petit toussotement.

"Madame, entama-t-il, je vous sollicite car je me dois de vous annoncer que, notre stock de nourriture n'ayant pas été prévu pour accueillir autant de monde sur des périodes aussi longues, il devient nécessaire d'envisager une solution au plus vite."

Il marqua une courte pause, imperturbable.

"Avec votre permission, nous pourrions peut-être envisager qu'un agent de police m'accompagne, le temps que j'aille à Villeneuve faire le nécessaire. Cela ne devrait prendre qu'une heure ou deux guère plus."

- Bien, finit-elle par dire au bout de quelques secondes de réflexion. Bien sûr, ça ne lui plaisait pas que le majordome s'éclipse du château quelques heures mais s'il était accompagné d'un agent de police alors elle n'y voyait rien à redire. Et puis elle ne pouvait pas laisser tout le monde mourir de faim. Peut-être que Fabrice pourra vous y conduire. Je vais aller lui parler.

Pour lui dire de ne surtout pas le quitter des yeux, jamais, sous aucun prétexte.

La Couronne de Cuivre

[MP] Histoire : Echo