La Couronne de Cuivre

Allons bon. Elzen s'était apprêté à voir des cadavres ; mais ceux-ci n'étaient pas ceux qu'il attendait. Il semblait y avoir eu, là aussi, une âpre lutte. Ses compagnons de la veille avaient-ils poussé l'affrontement jusqu'ici, ou s'agissait-il… d'autre chose ?

Penché sur l'un des corps, il s'efforçait à déterminer son origine et, surtout, la façon dont il avait été tué – informations qui allaient sans doute s'avérer d'un précieux secours pour éviter de subir un sort analogue – lorsqu'il entendit la voix. Quelqu'un dans la fosse, semblait-il. Une autre victime de l'affrontement ? Le tieffelin échangea un regard avec la prêtresse, et hocha la tête. Dans la situation présente, jouer – temporairement, du moins – les bons samaritains était tout à leur avantage : ils pourraient obtenir des renseignements, et peut-être secourir un allié qui saurait éventuellement se rendre utile, s'il n'était pas trop amoché… ou, au contraire, acquérir un précieux otage.

Bref, l'occasion était à saisir. Restant tout de même sur ses gardes – on n'était jamais trop prudent, avait-il eu l'occasion de constater quelques jours plus tôt –, le barde s'approcha de la fosse, pour voir plus précisément ce qu'il en était. À quelle sorte d'individu cette voix appartenait-elle ?

Les cadavres semblaient avoir été déchiquetés par un ours de bonne taille. Morsures et griffures avaient détaché des membre, rompu des os et des artères. De ce fait, l'herbe de la clairière était éclaboussée de sang. Du rouge sombre, rajouté aux oranges flamboyant, aux rouges vifs et au jaune lumineux dont se vêtaient les feuilles à l'automne.

Dans le trou se tenait une jeune femme aux cheveux roux. Presque nue, simplement vêtue d'une épaisse pélisse de fourure. Mais elle n'avait pas l'air d'avoir froid. Elle avait simplement l'air d'avoir peur.

Allons bon. Quelques jours après avoir récolté, en affrontant des trolls, une blessure qui entachait encore quelque peu sa fierté, Elzen n'était pas très à l'aise en imaginant une créature des bois déchiqueter ainsi ses victimes. Non pas qu'il ait peur : si raison il y avait d'avoir peur, il ne s'en rendrait compte, comme à l'ordinaire, qu'au bout de quelques instants. Mais il était s'efforçait de rester prêt à bondir sur le côté au moindre mouvement suspect. Mieux valait éviter les coups que de se soigner ensuite, non ?

La femme semblait inoffensive, pour sa part. Mais savait-on jamais ? Non, cet excès de prudence ne lui ressemblait décidément pas. Mais que faisait-elle là ? Elle ressemblait encore moins que lui à un membre de l'armée : ses deux alternatives tombaient donc. Ni une camarade à secourir, ni probablement un bon otage. Y aurait-il alors un intérêt à la secourir ? Rien ne coûtait de se renseigner, sans doute.

« Que vous est-il arrivé ? »

S'étant approché du trou, le tieffelin ne manquait tout de même pas de jeter un œil à la prêtresse, curieux de savoir ce que celle-ci ferait.

La prêtresse s'était rapprochée à son tour du trou, avait avisé la femme et haussé les épaules.

"Ce n'est pas une mélandienne, en tout cas."

La femme, quant à elle paraissait ne paraissait pas avoir froid, ni même peur. Elle ne tremblait pas malgré sa tenue presque indécente. Ses yeux verts étaient rivés sur Elzen et elle lui souriait. Il y avait quelque chose de dérangeant dans son expression du visage. Un je ne sais quoi de malsain et de cruel. Elle avait l'air de se moquer d'eux.

"A votre avis ? Je suis tombée, pardi !"

Quelques signaux d'alerte s'alumèrent aussitôt dans l'esprit du tieffelin. Cette demoiselle était nettement moins « sans défense » qu'elle ne pouvait le sembler de prime abord ; il n'était même pas impossible qu'elle ait quelque chose à voir avec le carnage qui avait eu lieu à surface. Bien sûr, il n'était pas en mesure de deviner qu'elle en était la seule cause – il n'avait, après tout, pas tiré la carte de la voyante au début de la partie –, mais il lui paraissait évident qu'elle était dangereuse.

Cependant, comme à son habitude, la peur ne survint pas immédiatement. Pour l'instant, il trouvait surtout la chose… amusante. On était, après tout, en région hostile : le danger était de toute façon partout. Une femme seule ne serait sans doute pas pire qu'une armée de manostiens – mais elle pouvait éventuellement être pire que lui contre ladite armée, ce qui serait assurément plaisant.

Bref, Elzen avait bien envie de la sortir de là pour voir ce à quoi cela aboutirait. Ils étaient en forêt, et le bois ne manquait pas : il ne lui fallut guère longtemps pour trouver une perche à lui tendre.

« Avez-vous vu ce qui s'est passé ici ? »

Qu'il soit certain que la réponse était positive ne dénuait pas la question d'intérêt.

La femme sourit de toutes ses dents qu'elle avait petites et bien implantées. Elle se gratta machinalement l'oreille et eut soudain l'air fatiguée.

"Comment voulez-vous que je ne le sache pas. J'étais là. Il y avait un ours garou qui les attaqués et qui m'a jetée dans le trou. Et vous, de quel camp êtes-vous ? Eux, on ne dirait pas, ce sont des manostiens. Vous avez peut-être un garou à vos cotés. Vous en avez de la chance, non ?"

Elle croisa les bras.

"Vous ne voulez pas m'aider à remonter ? Je me suis fait mal à la cheville en tombant."

La perspective de se pencher pour sortir la femme de là était moins enthousiasmante ; mais après tout, maintenant qu'il avait commencé le geste…
Le tieffelin vint donc, de son mieux, à l'aide de son interlocutrice. En espérant que sa douleur à la cheville ne l'empêcherait pas de marcher, car il ne se voyait pas la porter jusqu'au camp – ou dans n'importe quel autre endroit qui ne soit pas à distance raisonnable.

« Un ours garou ? Vous avez eu de la chance d'en réchapper. »

À moins, bien sûr, que ce ne soit un mensonge, ou qu'elle ait eu une excellente raison de ne pas finir sur le tableau de chasse de la bête.

« Et pourquoi donc étiez-vous avec ces manostiens ? »

Ta naïveté te rend assez sympathique. Je pourrais ne faire qu'une simple bouchée de toi, mon bonhomme. Mais ton odeur est étrange. Tu n'es pas un simple humain. Ni un elfe, ni un nain, ni un gnome et encore moins un halfelin. Etrange personnage. Pour l'instant, tu m'amuses. Peut-être penses-tu que quoi qu'il arrive, tu auras le dessus sur moi ? Tu ne te doutes pas de ma véritable nature, n'est-ce pas ? Oh, s'il te plait, amuse-moi encore.

"Les manostiens ont mis la main sur moi sur la route, alors que je tentais de protéger la ferme de mes parents. Je ne voulais pas qu'ils l'incendient. Je leur ai plu, manifestement, et ils m'ont emmenée avec eux pour satisfaire leurs bas instincts."

Louve avait parlé d'un ton neutre, les yeux baissés comme si le simple fait de dévisager le barde l'effrayait.

Quoiqu'en pense Louve, le tieffelin – dont l'étrange odeur, aux relents de soufre, issue de ses origines démoniaques était, heureusement pour lui, suffisamment proche de celle d'un humain ordinaire pour n'étonner que des sens aussi affutés que ceux d'un loup – était beaucoup moins naïf et plus méfiant qu'il ne le semblait au premier abord. Que la jeune femme soit plus dangereuse qu'elle en avait l'air, il en était sûr ; qu'elle soit responsable du massacre, d'une façon ou d'une autre, cela lui semblait fort probable. Quant à sa véritable nature… le fait qu'elle ait spontanément évoqué un garou l'avait quelque peu mis sur la voie, bien qu'il n'ait encore aucune certitude. Et, aussi impensable que cela puisse paraître à une telle prédatrice, le fait d'avoir, ou non, une chance d'avoir le dessus sur elle lui était totalement indifférent.

Mais, bien sûr, n'entendant pas les pensées de Louve, Elzen n'était pas en mesure d'y répondre. Aussi se contentait-il, pour l'instant, de se montrer amical, quoique restant intérieurement prêt à toutes les éventualités. Une fois que la jeune femme eût rejoint le sol, et comme s'il cherchait à rassurer une pauvre innocente, il demeura entre elle et le carnage, comme pour lui en cacher la vue, la touchant peu, mais s'efforçant de rendre les contacts doux et rassurants.

« Alors ces monstres ont mérité leur sort. Est-ce que vous allez bien ? Avez-vous… quelque part où aller ? »

Il jetait de temps à autres un regard furtif à la prêtresse, se demandant quand elle perdrait patience. Secourir de pauvres innocents n'était, avait depuis longtemps compris le barde, pas dans les préoccupations premières de ses compagnons de route – ce en quoi il ne leur donnait pas tort.

La prêtresse se taisait, du moins pour le moment. Elle observait Elzen et la rouquine avec un étrange sourire. Mais le tieffelin devina qu'il s'agissait du calme qui précède la tempête et qu'elle attendait qu'il arrête de jouer les prêtres ilmates.

La jeune femme, quant à elle serra sa pélisse autour de son corps et secoua la tête.

"Je pensais rejoindre l'armée mélandienne. Les manostiens sont des porcs. Ils attendent qu'on les saigne. Et quelque chose me dit que je peux être utile."

Et puis, il faut bien choisir un coté. A Melandis, j'aurai d'avantage l'occasion de m'amuser. A moi de vérifier s'il s'agit vraiment d'une ville intéressante. Avec un peu de chance, certains de tes semblables, étrange petit bonhomme, voudront-ils que je les morde. Avec un peu de chance, pourras-tu devenir ma porte d'entrée dans la cité ...

« Je pense la même chose, en effet. »

Nul doute que les capacités de provoquer un massacre qu'Elzen soupçonnait en son interlocutrice seraient utiles dans une bataille. À condition qu'elle ne s'en serve pas avant, bien entendu – mais si ce serait ennuyeux pour Melandis, ce serait, pour le tieffelin, tout autant amusant.

« Dans ce cas, je propose que nous allions la retrouver avant qu'elle se soit trop éloignée, cette armée mélandienne. »

Il s'écarta alors, laissant à la prêtresse le loisir d'intervenir si elle le souhaitait.

Mais l'armée mélandienne semblait avoir levé le camp. Elzen, la prêtresse et leur nouvelle compagne n'avaient pas d'autres choix que celui d'avancer. A moins qu'ils ne se furent perdus, ce qui était plus probable. Traversant le bois, ils tombèrent sur un hameau, du moins, ce qui en restait. Les fermes semblaient avoir été dévastées par le feu. Mais un bon nombre de poules erraient devant les vestiges des portes.

A première vue, elles étaient inoffensives. Mais sitôt que les trois compagnons avancèrent, il fut manifeste qu'elles les regardaient d'une bien étrange façon. Et soudain, l'une d'entre elle se jeta sur la prêtresse avec une envie manifestement belliqueuse.

hrp : grimoire de l'entropiste. jet de dé 88 ...

HRP : heureusement qu'on n'est pas en ville

Bon. Ce n'était pas qu'il était particulièrement perturbé par le fait d'avoir égaré l'armée ; mais quitte à s'en éloigner, il aurait préféré ne pas avoir l'une de ses officiers à ses côtés. Cela signifiait qu'ils allaient sans doute devoir tenter de retrouver le reste des troupes, plutôt que de se livrer à des activités plus intéressantes, comme explorer la région et chercher un endroit où s'établir. Ou peut-être repartir en direction de Melandis à la recherche d'une certaine tieffeline…

Bref, dans l'immédiat, ils semblaient tout de même avancer totalement au hasard ; et cela lui convenait pour l'heure. Ils parvinrent ainsi aux ruines, et, ne prêtant aucune attention aux volatiles dans un premier temps, le barde regardait plutôt les ruines des bâtiments, se demandant s'il y avait un intérêt à fouiller les décombres à la recherches d'objets utiles qui auraient survécus aux flammes.

Un caquètement rageur lui fit cependant tourner la tête pour constater que la prêtresse était… attaquée par une poule ‽ Trop interloqué par cette situation improbable, Elzen ne réagit pas immédiatement…

Une poule sauta sur la tête de la prêtresse et se mit à l'assaillir de son bec. Une deuxième puis une troisième lui sautèrent dessus. Ce fut ensuite au tour d'Elzen de se faire assaillir. Un des volatiles battant de ses courtes ailes parvint à atteindre ses bras sur lequel elle se cramponna de ses pattes acérées. Une autre se percha sur son genou et commença à picorer sa cuisse de coups de bec enragés.

Louve, restée un peu en arrière observait ce ballet déplumé, les bras croisés et vaguement hilare. La prêtresse, nullement amusée se frappait sur la tête tout en essayant de chasser les gallinacées homicides. Quand l'une d'elle commença à essayer de lui picorer l'oeil droit, elle se mit à hurler.

Si saugrenue que l'attaque paraisse, elle n'en restait pas moins dangereuse : ces volatiles étaient tout à fait capables d'infliger de graves blessures. Pour autant qu'Elzen sache, la prêtresse était puissante, bien plus que lui ; et il ne s'inquiéta donc pas outre mesure de ce qui lui arriverait à elle : elle saurait sans doute quoi faire la concernant. De son côté à lui, en revanche, il fallait faire quelque chose.

Dans un grognement de douleur, il décocha à l'animal qui s'en prenait à sa cuisse un violent coup de pied, tandis qu'il saisissait sa hache pour régler son compte à l'autre. La première chose à faire était de s'éloigner : à distance raisonnable des créatures, il lui serait possible de se concentrer suffisamment pour faire appel à la magie. Ce qui ne serait pas un luxe, car les gallinacés étaient en nombre.

La prêtresse poussa un cri de douleur et saisit la alliacée du chaos à bras le corps, s'arrachant au passage une poignet de cheveux. La rage finit par prendre le pas sur la peur et elle tordit le coup à l'animal. Elle la lança de toute ses forces, aussi loin qu'elle n'avait jamais pu voler à vrai dire et saisit son marteau. Il y eut un concert de cris, d'os rompus ponctués par des jets de sang et de plumes. Explosées du coté de la prêtresse, découpées du coté d'Elzen, elles ne firent pas long feu. Mais un bon nombre d'autres commença à venir poindre le bout de leur bec. Il était grand temps qu'elles s'éloignent.

De son coté, Louve riait toujours ....

Elzen, peut-être légèrement vexé, la laissa rire sans lui conseiller de s'éloigner : étant donné le nombre de volatiles approchant, elle serait sans doute bientôt attaquée à son tour. De son côté, le tieffelin profita du répit pour lancer l'un des quelques sorts à sa disposition.

Elzen → Convocation de monstres I → Serpent venimeux fiélon

Sans doute serait-ce trop peu ; mais serpents et oiseaux faisaient rarement bon ménage ; et ces poules n'étaient pas taillées en serpentaires : petit et agile, l'animal pourrait probablement mordre un nombre important de volatiles avant de succomber à leurs coups de becs. Et au pire, il ferait un bon appât.

Les poules sont des volatiles connus pour leur bêtise. Et parfois pour leur frivolité, mais c'est une autre histoire ... Les poules donc prirent le serpent pour un gigantesque ver de terre. N'en croyant pas leur chance, elles délaissèrent les humains visiblement trop forts et agressifs pour lui sauter dessus. Le serpent, lui-même saisit l'aubaine à sa façon. Il y eut encore des plumes, des caquètements indignés et effrayés. Les humanoïdes eurent le champ libre.

Contre toute attente, le serpent mourut en mordant la toute dernière poule qui ne tarda pas non plus à succomber. Louve, assise dans l'herbe non loin du carnage riait toujours. Et ne s'arrêta qu'une fois le combat terminé.

Eh bien, ça avait été… efficace. Plus qu'il ne l'aurait cru. C'était toujours un soucis de réglé.

« Eh bien, on ne se méfie jamais assez, je suppose. Ça doit faire un moment qu'il n'y a plus grand chose à manger par là… »

L'inconvénient était qu'après les morsures d'un animal venimeux, ces poules ne seraient peut-être pas comestibles. Il n'en savait trop rien, en fait. Mais au pire, il n'y aurait qu'à chasser. L'important était sans doute de rejoindre l'armée : vu leur vitesse de marche, les mélandiens n'étaient sûrement pas partis bien loin.

Ils allaient reprendre leur marche lorsqu'une flèche siffla aux oreilles d'Elzen et alla se planter dans un arbre. Louve cessa totalement de rire et regarda autour d'elle. Mais il s'agissait d'une flèche isolée. Lorsqu'ils se retournèrent dans la direction d'où elle avait été tiré, ils virent un jeune homme, l'arc à la main, l'air visiblement ennuyé. Un chasseur, vraisemblablement, compte tenu de la besace qu'il transportait.

Lorsqu'il vit leurs regards tournés vers lui, il leur fit un petit signe de la main.

hrp : grimoire de l'entropiste dé 54

Sur le coup, Elzen s'imagina avoir été retrouvé par les manostiens, et saisit son propre arc en même temps qu'il cherchait un endroit où bondir se dissimuler – en espérant que ça ne l'amènerait pas dans une nouvelle et ennuyeuse cavité. Le tir était isolé, cependant. Qui était ce type ? Sans doute une pauvre victime de la guerre… mais si stupide ou innocent que fut le tireur, le tieffelin n'était pas particulièrement satisfait de s'être fait prendre pour cible.

« Posez votre arme et approchez. »

Le barde était désormais lui-même en position de tir. La rencontre pourrait cependant s'avérer profitable, si l'homme était en mesure de leur fournir quelques indications…

Il va sans dire que l'homme n'était pas non plus content de se retrouver en ligne de mire. Il laissa cependant tomber son arc et ses flèches. A la façon dont il se rapprochait, il n'était pas du tout rassuré.

"Pardonnez-moi messire. Je ne l'ai vraiment pas fait exprès. Je chasse pour nourrir ma famille. Depuis que nous avons brûlé notre ferme, nous n'avons plus rien pour nous nourrir. Je vous en prie, soyez clément."

Louve s'était rapprochée d'Elzen et le fixait sans mot dire, guettant sa réaction, le jaugeant, le visage impénétrable. La prêtresse restait également coite.

Que nous avons ? Avaient-ils été assez stupides pour brûler leur propre ferme, sans doute en prévision de l'approche ennemie, et de demeurer ensuite sur place, sans nourriture, alors que l'ennemi en question allait arriver ‽ Il fallait se méfier, cependant : les derniers braconniers inoffensifs qu'il avait croisé étaient en fait, au dire des autres éclaireurs, de redoutables agents d'élites… mais c'était très peu probable pour cette fois.

« Avez-vous vu passer des troupes, dans les environs ? »

Pas qu'il était spécialement pressé de rejoindre l'armée, mais la présence de la prêtresse commençait à le lasser quelque peu ; la ramener auprès des siens serait sans doute le meilleur moyen de ne plus trop l'avoir sur le dos.

Il hocha la tête.
"Difficile de savoir lesquels. Je ne les approche pas. Ils ont tous tendance à prendre le premier péquin venu pour un ennemi ..."

Il regarda le trio d'un air entendu. Il ne semblait toujours pas rassuré pour autant. Bien au contraire.

"Vous n'allez pas me faire du mal, dites. Je n'ai rien à voir là-dedans. Je ne faisais que passer. J'ai ma famille à nourrir ...Ce n'est pas comme si je vous avais attaqué, non ?"

Louve se tourna vers Elzen, souriant à demi.

"Alors ?"

Quelle réponse particulièrement utile… le tieffelin dévisagea l'homme un instant sans répondre, avant de se tourner vers louve et, baissant son arc, de lui tendre le manche de sa hache.

« Alors je vous le laisse, ma chère : faites-en ce qui vous plaira. »

Ce pauvre type serait au minimum une bonne occasion de vérifier les penchants, et peut-être également les talents, de leur “nouvelle recrue”, qui avait jusque là pris soin de ne pas se manifester autrement qu'en riant.

Tu m'amuses. Tu n'es vraiment pas comme les autres. Il y a bien sûr le fait que tu viens de Melandis. Mais tu es étrange. Ton odeur est étrange. Je ne t'aime pas, mais tu m'amuses. Ta compagne ne me plaît pas. A quel point tiens-tu à elle, amusant petit homme ? Alors, ainsi, tu veux me mettre à l'épreuve ? Tu ne sais pas à quel point mon ang est froid. .

Louve saisit la hache et marcha vers l'homme sans une hésitation. Celui-ci suppliant se jeta à genoux, tremblant. Elle le saisit par les cheveux, trancha. Toujours souriante. Puis, un à uns, elle défit les vêtements du chasseur et se défaisant de sa pélisse, exposant sans gêne sa nudité aux deux autres entreprit de s'habiller.

Hum. Pas la moindre hésitation. Elle serait sans doute une bonne recrue pour Melandis, non ? Mais le type ne s'était pas défendu : difficile, donc, d'en conclure quoi que ce soit sur les capacités martiales de leur nouvelle compagne.

Dommage pour ce pauvre type ; mais bon, il n'aurait eu qu'à faire plus attention, et à ne pas se montrer aussi bête. Quant à ses gosses… eh bien, s'ils existaient réellement, il leur faudrait apprendre à se débrouiller seuls, voilà tout. Quelques orphelins de plus ou de moins ne l'empêcha pas de dormir.

Elzen ne regarda pas spécialement Louve se changer, pas plus qu'il ne détourna le regard : qu'elle soit nue ou pas semblait lui être totalement indifférent. Il reprit en revanche sa hache, et l'essuya consciencieusement.

« Vous n'avez qu'à prendre son arc, ce sera toujours mieux que d'avancer les mains vides. »

Il se saisit également de la besace, pour jeter un rapide coup d'œil à l'intérieur.

Je regarde l'arc et de nouveau, j'ai envie de rire. Cela fait longtemps que je ne m'étais pas amusée ainsi. Que vais-je faire d'un arc, moi qui n'ai besoin pour me battre que de mes griffes ? Mais cela, je ne veux pas que tu le sâches, du moins pas maintenant. Je veux m'amuser encore. S'il te plait, emmène-moi à tes semblables, que je goûte à leur mauvaiseté. Que je goûte enfin à cet esprit de corps, et au pouvoir du nombre. Gaspard, tu m'as donné le goût du combat. Et je t'en remercie. Mais je préfère les ombres. La sauvagerie. Melandis m'appelle.

Louve se saisit de l'arc et des flèches. Elle laissa Elzen fouiller dans la besace. Quelques piécettes et deux lièvres attendant qu'on les cuise. Un bien maigre butin.

Peu intéressant ; mais c'était toujours quelque chose. S'ils ne retrouvaient pas les autres à temps, les lièvres leur simplifierait la chasse du soir. Et quant à l'or… bah, prendre le temps de retrouver des héritiers à qui le remettre pendrait trop de temps, non ?

Elzen attendit que Louve ait achevé de se rhabiller et de s'équiper. Par le temps qu'il faisait, il était sans doute effectivement plus sage qu'elle se promène plus habillée. Ensuite, il faudrait reprendre la marche.

« Bon. Et si on retrouvait cette armée, maintenant ? »

Ils se remirent donc en route. Louve marchait quelque peu en avant des deux autres. Ils marchèrent un long moment, sans pour autant tomber sur l'armée. Etrange ... Mais pas impossible. Elzen, en cours de route s'aperçut qu'une de ses bottes était trouée. Il ralentit l'allure. La prêtresse en profita pour lui glisser à l'oreille.

"Tu ne trouves pas qu'elle est étrange, notre nouvelle alliée ? Tu crois qu'on peut lui faire confiance ? On devrait peut-être l'assommer ou pourquoi pas la garder sous contrôle. Elle a vraiment quelque chose qui ne me revient pas."

La Couronne de Cuivre

[RP] Guerre des Plaines Brûlantes - armée mélandienne