[Quête] Disparition de Streen

[Streen]

Streen hocha la tête et reprit :
-Hé bien, il va nous falloir revenir à l’ombre de l’arbre et trouver ce fameux aubemestre dés demain matin. Je crois que nous allons avoir besoin de repos après cette aventure éprouvante. En revanche, rien ne nous empêche de faire un tour dans la maison du faucheur cette nuit. Mais je ne suis pas certain que ce soir très judicieux.
Il aida sa compagne à déplacer des pierres. Lorsque ce fut fini, il s’approcha d’elle et lui prit la main.
-Je crois qu’il est temps de rentrer, ne crois tu pas Sylveneige chérie ? Je t’ai récupéré ta dague à ce propos.

[Féérune]

Il fallut mettre beaucoup de pierres, afin que les animaux sauvages de risquent pas de déterrer le corps du Faucheur pour s'en repaître.

Sylveneige aurait voulu pouvoir graver quelque inscription, mais malheureusement ils n'avaient que peu de temps - et la fatigue se faisait sentir. Elle se promit de trouver un peu de temps pour signaler l'enterrement auprès des autorités et peut-être faire faire une inscription par un marbrier.

Mais ils finiraient certainement par trouver une personne de sa famille ou de ses amis. Même s'il s'agissait de famille éloignée ou d'amis perdus de vue depuis un certain temps, la mention d'un héritage attirerait du monde... Quelle tristesse si les gens ne venaient pas pour l'homme qu'il avait été mais pour l'héritage.

Ces pensées passèrent d'un trait dans l'esprit de la rôdeuse. Enfin, la voix de Streen la fit sortir de sa réflexion.

- Oui !!! mais je t'enferme dans ta chambre, pour qu'il ne t'arrive rien. Enfin... Je vois une autre solution, mais... Euh... Bon, allez on rentre !

Sylveneige passa son bras sous celui de Streen.

[Streen]

Heureux de partir en compagnie de Sylveneige, ils cheminèrent lentement à travers la forêt. Lorsqu’ils traversèrent la porte, aucun garde luménien ne fit de commentaire. Martin les avait prévenus de leur retour. Il était proche de minuit lorsqu’ils étaient revenus. Ils avaient le choix entre se coucher ou visiter la maison du faucheur. Se coucher paraissait une bonne idée mais ils risquaient de croiser Alaric très tôt et ils n’auraient pas le temps d’y aller. A moins que ce ne soit Alaric qu’ils ratent. Après avoir pesé le pour et le contre entre les deux situations, Streen finit par demander à sa compagne :
-Sylveneige, nous ferions mieux de jeter un œil à la maison du faucheur. Peux tu nous y amener ?

[Féérune]

- Ou-oui, répondit Sylveneige. Je pense avoir tué toutes les araignées... Il doit juste rester les petites... Et la plupart des pièges sont désormais désactivés... Tous, en fait...

Les yeux de Sylveneige brillèrent.

- Streen, il y a là-bas des livres précieux. Enfin, ils étaient précieux pour le Faucheur. Donc soit ils sont rares, soit ils contiennent des bijoux ou des trucs de valeur.

Elle réfléchit, puis reprit :

- Dans ce cas, il faudra absolument trouver ses héritiers... Ou, dans le cas où il n'y en aurait pas, faire des dons au dieu qu'il suivait. Et si nous ne trouvons toujours pas, nous prendrons ce qu'il y a et nous débrouillerons avec notre conscience... Je veux dire que nous ferons des dons en son nom. Qu'en penses-tu ?

[Streen]

Ils arrivèrent au taudis peu après. L’antre du faucheur n’était pas fermé. Soit il avait omis de le fermer soit il n’estimait ne rien avoir d’utile et se souciait peu que quelqu’un ne rentre. En poussant la porte, l’obscurité régnait toujours autant. Sylveneige et Streen virent la première pièce dans laquelle Sylveneige avait failli perdre la vie à plusieurs reprises. Il y avait toujours une pile de livres mais étrangement, la moitié d’entre eux semblaient avoir disparu. La porte qui menait à la pièce suivante était ouverte et ne semblait recéler aucun piège. Prêtant peu attention aux livres, Streen choisit pour opter dans la pièce du fond :
-Je vais aller voir ce qu’il y a dans l’autre pièce. Tu peux feuilleter les livres si le cœur t’en dit ou bien venir avec moi pour chercher autre chose dans l’autre pièce.

[Féérune]

- Non. J'ai dit que je ne te quittais pas. Allons ensemble. Nous feuilleterons les livres après... Bien qu'il me semble bien que les livres intéressants aient été volés.

Ce disant, Sylveneige tenait fermement Streen par sa manche. Ils se dirigèrent vers la porte.

[Streen]

Streen émit un petit rire en écoutant Sylveneige :
-Je suis ravi de me trouver au bras d’une ravissante demoiselle mais je te rassure, je risque peu d’être kidnappé ici.
Dans la pièce d’à coté, se trouvaient quelques ustensiles de cuisine ainsi qu’un petit bureau démuni de tiroirs. Ou plutôt les tiroirs ont été enlevés comme si quelqu’un était déjà passé par ici et les avait sorti puis s’en était emparé. En revanche, un petit cahier contenant divers parchemins s’y trouvait. Lorsque Streen l’ouvrit, une image représentant quatre personnes se détacha du cahier. L’image représentait probablement quatre frères et sœurs probablement étant donné que tous semblaient posséder à peu prés le même âge. Ni Streen ni Sylveneige n’en étaient certains. Et pour cause, la tête de la quatrième personne avait été découpée, comme si on avait voulu l’oublier. Aucun des trois autres ne faisaient partie de leurs connaissances. Le cahier quand à lui ne contenait qu’un parchemin écrit. Les autres semblaient vierges. Sur celui écrit était indiqué :
« MEMOIRES DU FAUCHEUR

Je me nomme le faucheur. J’ai oublié mon nom il y a bien longtemps, je l’ai renié, involontairement mais il est trop tard pour revenir en arrière, je ne le regagnerai jamais. Lorsque j’étais jeune, j’étais épris de liberté et de mépris contre les lois. Mes parents ont pourtant tout fait pour me conditionner mais rien n’y a fait. Il y a des choix que l’on fait tout seul, personne ne peut les changer. Je ne voulais pas d’une vie bien rangée contrairement à mes frères et sœurs mais d’une vie d’aventurier. Seule l’aventure pourrait me prémunir contre l’emprisonnement que l’on nous impose. J’ai donc décidé de partir tout seul sur la route. J’ai rencontré plus tard à Eauprofonde une guilde des voleurs qui ont accepté de me recruter. J’étais au départ passionné par mon rôle qui consistait uniquement à informer notre chef de tous les bruits qui courraient. Puis nous avons commencé à commettre des vols. Jusque là, je n’y voyais rien de mal. Les voleurs étaient des personnes rejetées par la société. C’était donc un juste retour des choses. Puis un jour, celui-ci m’avait appris à assassiner une cible. Au départ, j’étais enthousiaste. Quoi de mieux que se défendre ? Je suis devenu l’assassin le plus efficace de la guilde. Un jour, nous sommes partis détrousser un chariot qui transportait un artefact étrange : il s’agissait d’un cristal transparent qui donnait une illusion sur tous les objets. Notre guilde était envieuse. A l’aide de cet objet, nous pourrions vendre des objets ordinaires mais qui paraitraient beaucoup plus puissant. Il nous le fallait absolument. Mon chef et moi furent les deux seuls envoyés en expédition. J’avais reçu pour ordre d’assassiner quiconque de dangereux si jamais la situation tournait mal. Il nous amena sur le chemin que devait emprunter le chariot. Mon chef l’arrêta et réclama l’objet. Le cocher qui savait pourquoi nous étions venus prit un épée et menaça mon chef. C’est alors qu’il me fit signe et je compris la tâche qui m’étais attribuée. D’un coup sec, je poignardai l’homme et il s’effondra à terre gisant dans une flaque de sang. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que les deux enfants de l’homme se trouvaient à l’intérieur du chariot et ils poussaient des cris de terreur quand ils virent leur père mort. Pour les faire taire, mon chef à l’aide de son épée les décapita tous les deux. Offusqué par ce qui venait de se produire, je demandai à mon chef ce qui justifiait la mort des deux enfants sans défense. Il me répondit que tout témoin d’une scène de vol. devait mourir. Pris d’un coup de colère contre lui, je me camouflai et le poignardai à la gorge. Comprenant l’horreur de la scène et le but des voleurs, je pris la fuite avec l’objet. Je retournai chez ma famille mais tous m’avaient renié. Ils me prenaient pour un étranger. Je compris que je n’étais plus le bienvenu. Avant de partir, je pris une image de mes frères et sœurs qu’avait dessiné ma grande sœur. Mon père l’avait gardé en souvenir mais avait découpé ma tête, signe qu’il ne me considérait plus comme étant dans sa famille. Désespéré, je ne savais plus où aller. Les voleurs d’Eauprofonde auraient vent un jour ou l’autre de ma trahison et je devais me cacher. C’est alors que je rencontrai un homme nommé Martin. Celui ce me proposa de m’installer à Luménis, un lieu où personne ne penserait à me chercher. C’est ainsi que j’achetai cette maison pour deux sous et m’y installé. A présent, je moisis ici en attendant l’heure de ma mort. A présent, si je dois encore assassiné, ce sera pour une bonne personne qui mérite le respect. A partir de maintenant, je me nommerai le faucheur et je parlerai de moi toujours comme une personne extérieure. J’ai commis tellement d’erreurs. Je ne mérite plus de m’appeler « moi ». »
Le parchemin s’arrêtai ici.

[Féérune]

Lisant au-dessus de l'épaule de Streen, qu'elle ne se décidait toujours pas à lâcher, Sylveneige avait les larmes aux yeux.

- Streen, le Faucheur a décidément coupé les ponts avec tout le monde... Mais si sa famille apprend qu'il a été embarqué dans une histoire terrible indépendamment de sa volonté, elle le reconnaîtrait peut-être comme un des siens... Nous devrions en discuter avec un homme de loi.

L'elfe sortit un petit mouchoir de sa poche et se tamponna les yeux avec élégance. Puis se moucha avec beaucoup moins de délicatesse, faisant sursauter Lumi.

- Tu comprends, il y a un bien immobilier, donc cela peut être compliqué... Si aucun héritier se présente, la ville devrait récupérer la maison et probablement la vendre aux enchères. Les livres ! viens voir la bibliothèque !

Sylveneige commença à éplucher la pile de livres, avant de s'attaquer aux rayonnages.

[Streen]

Le faucheur s’intéressait particulièrement à l’art du camouflage. La plupart de ces livres traitaient de ce thème. Après existait des livres gravés de rune où le sens était totalement étranger à Sylveneige et Streen. Enfin des livres plus ordinaires comme « l’histoire de Halruaa » ou « Histoire de la pièce fatidique » résidaient vers le bas de la pile. Comme l’avait remarqué Sylveneige, il manquait un bon nombre d’entre eux. Ce qui la surprenait, c’était la présence de journaux. Luménis en avait crée quelques uns et le faucheur s’intéressait à ce qu’il se passe dans la cité.
Pendant qu’elle feuilletait les livres, Streen reprit :
-Malheureusement je ne vois pas qui pourrait se présenter ici comme héritier. Le faucheur semble provenir de Féérune et non de Dorrandin ni Hélonna. En plus, il n’a même pas écrit son nom.

[Féérune]

- Si la ville récupère l'héritage, maison incluse, il serait peut-être possible de l'acheter...

Sylveneige parlait machinalement, comme si elle pensait à voix haute. Continuant à ouvrir les livres les uns après les autres, les soupeser, les feuilleter de manière rudimentaire, espérant encore trouver quelque objet ou manuscrit qui en dirait plus long sur leur propriétaire.

De temps en temps, elle tapotait une étagère, cherchant une éventuelle cache secrète. Ce serait bien dans la manière du Faucheur !

Elle tâchait de garder un oeil sur Streen, comme si elle craignait de le voir disparaître une fois de plus.

[Streen]

Malheureusement, Sylveneige ne vit pas grand-chose d’intéressant en feuilletant les livres. Quand au mur, il ne semblait déceler aucun passage secret ce qui n’était guère étonnant étant donné que les habitations des taudis se touchaient les unes aux autres vues de l’extérieur. Soudain un bruit se fit entendre et Sylveneige et Streen virent un garde luménien. Il ne réalisa pas de suite que quelqu’un se trouvait dans la demeure mais un doute commença à le saisir. Ils n’avaient pas fermé la porte derrière eux en rentrant :
-Il y a quelqu’un ? demanda le garde.

[Féérune]

- Oui, messire garde ! répondit Sylveneige. Le Faucheur, je veux dire le sieur qui est propriétaire de cette maison, est mort cette nuit.

L'elfe eut de nouveau les larmes aux yeux.

- Il nous a rendu un fier service, mais à part l'enterrer... Il faudrait que nous retrouvions sa famille. Comme j'étais venue chez lui la veille, j'ai pensé que nous trouverions un indice sur les siens. Malheureusement, il semblerait que des gens soient passés ici avant nous et aient volé des livres. Pourquoi, je ne sais, mais il y avait peut-être des informations concernant cet homme cachés dans ces livres... Il m'avait dit tenir beaucoup à ses livres.

Sylveneige enchaîna sans attendre de réponse.

- Le Faucheur m'à aidée à retrouver mon ami Streen. J'ai fait aux autorités compétentes l'annonce de sa disparition hier matin. Et nous avons dû combattre pour le libérer... Le Faucheur y a laissé la vie...

Cette fois toute la capacité de réaction de la rôdeuse était épuisée. Elle se blottit dans les bras de Streen pour y pleurer à son aise. Il était vraiment temps qu'ils se reposent à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre.

[Streen]

-Quoi ? s’écria le garde. A moi la garde !
Aussitôt après une poignée de gardes arriva.
-Qu’est ce qui se passe ? demanda l’un d’eux.
-Il y a deux jeunes personnes à l’intérieur. Ce sont des voleurs et ils ont le culot de dire que les livres ont été volés.
L’un des autres gardes s’approcha lui aussi et déclara :
-Qu’est ce que vous faîtes ici ? Vous n’avez pas le droit. Cette maison est soumise à l’autorité luménienne et le faucheur doit être retrouvé d’urgence. Il doit être arrêté par la garde. Ordre du commandant.
-N’essayez pas de nous berner, vous êtes en état d’arrestation.
-Et en plus, je reconnais ce messire. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à Streen, je ne serais pas étonné qu’il soit impliqué dans une embrouille.
Puis aux deux jeunes amoureux :
-Nous allons vous conduire au poste. Cette zone est interdite et vous avez pénétré dans celle-ci. Vous voulez vous emparer des objets qui ne vous appartiennent pas ? Vous êtes accusés de vol.
Streen qui ne pouvait pas gérer deux problèmes à la fois choisit de soutenir sa compagne et de la serrer contre lui. De toute manière, s’il parlait, les faits se retourneraient contre lui.

[Féérune]

Ce fut exactement le coup de fouet dont Sylveneige avait besoin.

Elle se redressa d'un bond, s'écarta de Streen et ouvrit la bouche.

- Non mais dites donc !

Quelqu'un d'un peu imaginatif aurait pu voir des fumerolles de rage s'échapper des oreilles de l'elfe.

- Je vous explique ce qui se passe, je vous explique les démarches faites auprès des autorités luméniennes, je vous parle honnêtement sans rien dissimuler... Et vous, vous nous arrêtez simplement et nous emmenez au poste ! et puis quoi encore ?

La rôdeuse vint se mettre sous le nez du garde, toujours fumante de colère.

- Vous savez quoi ? Vous savez où vous pouvez vous... Ah zut !

Jamais Sylveneige n'avait accompli acte aussi héroïque : elle parvint à dominer sa colère.

Le fait que Lumi ait posément fait une chose pas propre du tout sur sa tête y était peut-être pour quelque chose.

Or, chez la rôdeuse, deux colères pour deux motifs différents s'annulaient. Un peu comme un concept mathématique moins un plus un. Il arrivait même parfois qu'au delà de toute conception mathématique, les deux colères finissent en explosion de rire. Mais c'était ici la nuit, et la fatigue cumulée au cours des dernières heures ne permettait pas la deuxième option.

- Bon. On reprend. Rentrer à l'auberge sous escorte et discuter de tout ça là-bas, ce serait possible ? Parce que je ne vois pas du tout l'utilité de nous traîner au poste. Et que je vois fort bien l'utilité de s'expliquer à notre auberge. On pourra manger. J'ai faim.

[Streen]

Streen qui avait gardé le silence intervint à son tour :
-Pardonnez moi mais qu’est ce qui vous fait croire ca ? Ma chérie et moi sommes un peu épuisé alors expliquez pourquoi vous voulez nous emmener au poste ? Quel est notre méfait ?
Les deux gardes se regardèrent interloqués jusqu’à ce que l’un d’eux réponde d’abord à Sylveneige :
-Vous suivre à l’auberge ? Vous plaisantez ou quoi ? C’est la meilleure facon pour vous de tenter de vous enfuir.
Le second lui lança un coup de coude dans les cotes en lui disant :
-Laisse moi parler.
Puis aux deux aventuriers :
-D’accord, je veux bien que nous renoncions à vous emmener au poste mais vous allez devoir tout nous expliquer. J’espère que vous comprenez que vous trouver dans la maison d’un criminel l’air serein vous rend suspects. Mais revenons en aux faits, vous dîtes que le faucheur est mort cette nuit mais comment et pourquoi ? Sachez que nous le recherchons pour vol et agression envers un gardien. Répondez nous et nous oublierons cette histoire. En revanche, ne prenez rien, cet endroit est sous le contrôle de Luménis.

[Féérune]

Sylveneige se prépara pour un long récit. Puis décida de faire court.

- Mon ami, ici présent, a été enlevé. Je suis donc allée au Fort faire une déposition. Le commandant du Fort a été très attentif et accepté de m'aider. A mon retour à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre, on avait apporté un message pour moi, un message haïssable, haineux, très menaçant à l'égard de Streen. C'était une demande de rançon, d'un genre particulier : des artefacts magiques. C'est alors qu'un dénommé Martin s'est présenté et m'a proposé de m'aider à retrouver Streen. Il m'a amenée ici, dans cette maison, où j'ai fait la connaissance du Faucheur.

Tout dire ou pas ? Sylveneige pensa qu'il fallait mieux être honnête... Jusqu'où c'était encore possible.

- L'idée du Faucheur, c'était de se procurer des objets ressemblant aux artefacts demandés et les "améliorer" grâce à un autre objet qui a pour effet de les rendre brillants comme de vrais artefacts magiques.

Munis de la fausse rançon, Martin, le Faucheur et moi sommes allés sur le lieu de rendez-vous. Nous avons été agressés par ces gens, des adeptes de Cyric. Après la bataille, le Faucheur était mort... Et Martin m'a attaquée, me disant qu'il voulait juste voler des objets magiques pour les revendre à bon prix.

La rôdeuse batailla contre un bâillement, puis reprit son récit.

- Au moment où j'allais perdre le duel contre Martin, Streen est arrivé et m'a défendue. Martin est mort.

Elle soupira et termina l'histoire.

- Voilà, je vous ai tout dit. Nous avons enterré le Faucheur et avons décidé de passer chez lui pour voir s'il avait une famille que nous pourrions prévenir. Apparemment il n'a plus de contact avec les siens. C'est bien que les autorités aient pris une décision pour protéger la maison. Cela dit, je peux vous garantir que ni Streen ni moi n'avions l'intention de voler quoi que ce soit ! mais nous pensions que le Faucheur pouvait avoir laissé des indices concernant sa vie et sa famille parmi les livres auxquels il tenait.

[Streen]

Les deux gardes se regardèrent étrangement.L’un d’eux reprit :
-Vous connaissez donc Martin ? Et vous êtes vous-même allé voir le commandant ?
-Tu vois ? Je t’avais dit qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.
-Mais cette histoire sonne faux, tu sais bien que…
-Chut, laisse moi parler.
Le garde se mordit la lèvre l’air embarrassé avant de reprendre :
-J’ignore si votre version des faits est juste mais sachez que cela ne plaide pas en votre faveur. Mais nous allons vous apprendre quelque chose : le faucheur aurait volé un objet dans l’entrepôt central la nuit précédente et il est recherché car quelques meurtres sont à son actif. Et la personne qui nous a révélé ces faits remonte à quelques heures et elle s’appelle Martin.

[Féérune]

- Je ne comprends plus. D'abord le fait que je sois allée voir le commandant du Fort devrait plaider en ma faveur. Ensuite le fait que Martin m'ait attaquée et ait failli me tuer devrait au contraire vous mettre la puce à l'oreille quant à son honnêteté !

Sylveneige était sidérée par le manque de bon sens des gardes.

- Mais quels meurtres le Faucheur a t-il commis ? Je ne peux croire que l'homme qui a aidé à sauver mon ami ait assassiné quelqu'un... Et pourquoi ? Juste pour un vol ? Le plus souvent les voleurs n'ont pas besoin de tuer pour s'accaparer des objets de valeur qu'ils convoitent.

[Streen]

Impassible, le garde reprit :
-Hé bien, nous ne savons pas exactement. Ce qui est certain, c’est qu’aux alentours de 19 heures, Martin s’est présenté au fort et a révélé que le faucheur aurait assassiné des personnes et volé un mystérieux cristal dans l’entrepôt central. Il n’y a que le commandant qui est au courant pour ces meurtres. Au départ, il était sceptique mais l’objet volé dans l’entrepôt lui a permis de le croire.
-Bon assez discuté fit l’autre garde, on les embarque tous les deux.
-Tu plaisantes ? Tu sais que si on dérange le commandant en pleine nuit alors qu’il n’y a pas lieu d’être, il va nous sabrer notre paie.
-Quelle importance, le commandant nous sucre notre salaire dés qu’il est de mauvaise humeur. C’est ca l’inconvénient quand on ne peut pas choisir son chef.
-Écoute, nous n’avons aucune preuve contre eux, ils n’ont rien volé dans la maison. Peut être qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Le second haussa les épaules.
-Bon d’accord ca ira pour cette fois. Mais on devrait aller vérifier cette version des faits quand même pour savoir qui a raison.
Les deux gardes s’écartèrent tandis qu’ils continuèrent à discuter. Plutôt pressé de rentrer à l’auberge, Streen prit la main de sa compagne et l’entraina rapidement vers l’ombre de l’arbre.

[Féérune]

Sylveneige tombait de fatigue. Elle marcha au bras de son compagnon dans une demi-torpeur. La fraîcheur de la nuit lui fit cependant du bien et ce fut quelque peu ragaillardie qu'elle arriva à l'auberge de l'Ombre de l'Arbre.

- Quelle histoire, hein Streen chéri ? Je suis si contente que ce soit fini.

C'était une rôdeuse enchantée d'être de retour qui frappa doucement à la porte de l'auberge ; inutile de réveiller tous les clients.

- J'espère qu'on pourra dîner un peu... Et je boirais bien une bière fraîche.

[Streen]

Streen soupira en rentrant dans l’auberge.
-Ne m’en parle pas répliqua Streen c’était une histoire de fous. Mais nous voilà enfin réunis, c’est l’essentiel.
Streen réalisa que leurs relations aussi avaient changé. Tout compte fait, ce kidnapping avait altéré beaucoup de choses. Un serveur qui travaillait encore demanda si les deux aventuriers avaient besoin de quelque chose.
-Rien pour moi fit Streen. Et toi Sylveneige ?
Streen ne voulait rien manger. Il n’avait qu’une hâte : aller dormir.

[Féérune]

- Moi j'ai toujours faim... Mais je prendrai juste un bout de pain, un peu de fromage et une pomme... Et je les mangerai là-haut.

Sylveneige rougit bêtement.

- Euh... Je... Enfin... On pourrait se monter un plateau et le partager, hein, Streen ? Il y a une petite table dans ma chambre.

Lumi eut la bonne idée de sauter sur la tête de Streen, dissipant quelque peu le trouble de sa maîtresse.

[Streen]

Streen se sentit bêtement piégé suite à cette déclaration de Sylveneige. A vrai dire, il n’avait plus les idées très claires et il lui tardait d’aller au lit. Mais voilà que Lumi venait appuyer les dires de sa maîtresse en se posant sur sa tête. Il eut soudainement l’envie de se réfugier dans sa chambre mais il n’en avait pas la force. Il se contenta d’affirmer :
-Ben…heu…c’est que…
Puis après réflexion, c’était simplement une invitation mais qui n’engageait à rien. Certes il n’avait pas faim. Il doutait que Sylveneige ne l’emmène en haut que pour manger un morceau avec lui. Mais après tout, que risquait il ? Sylveneige était dorénavant très attachée à lui et il en était de même pour lui. Comment refuser et risquer de vexer sa compagne s’ils devaient partir tous les deux pour Evereska ensuite. Finalement un compromis lui vint à l’esprit :
-D’accord mais uniquement cinq minutes pour rester en ta compagnie. Je ne mangerai rien en revanche.
Le serveur entre temps avait préparé un plateau et le laissa sur la table laissant à Streen le soin de l’apporter dans la chambre de sa compagne.

[Féérune]

- Oh Streen, tu ne vas pas me laisser manger seule en face de toi ? Je prends au moins un gobelet pour toi.

Sylveneige prit un deuxième gobelet de grès et le posa sur le plateau, à côté du cruchon de bière fraîche.

Evidemment rien de... Disons d'intéressant ne se passerait cette nuit. Mais Sylveneige commençait à s'inquiéter, ne voulant pas risquer d'être séparée de son ami fût-ce une seule nuit. Ils étaient tout deux trop fatigués pour ne pas faire autre chose que dormir comme des souches. Mais, encore une fois, hors de question de laisser Streen seul.

Cogitant toujours le problème "comment ne pas laisser Streen seul", Sylveneige gravit l'escalier à la suite de son ami.

[Streen]

Alors que Streen fut guidé dans la chambre de Sylveneige, il se sentit soudainement stupide. Il crut entendre la voix d’Ash’mal qui lui demandait ironiquement : « Alors maintenant que tu es là, que vas-tu faire ? ». « Je ne sais pas » voulut il répondre. Finalement, il se demandait si accepter l’invitation de Sylveneige était une bonne idée. En plus il détestait la bière aussi étrange que cela paraissait pour un aventurier. Il posa le plateau sur la table puis une envie soudaine de partir s’empara de lui. Il devait quitter cette pièce. Quelle idée de rester dans la chambre d’une demoiselle aussi craquante soit elle à une heure du matin pour manger un morceau alors qu’il n’avait pas faim et qu’il tombait de sommeil. Mais il devait rassurer sa compagne histoire de lui faire comprendre que ce n’était pas à cause d’elle qu’il devait partir.
-N…non, je suis désolé, je ne peux pas rester balbutia t’il.
Puis il se pencha vers elle et l’embrassa tendrement.

[Féérune]

Sylveneige avait bien senti la réticence de Streen. Elle l'embrassa et le laissa partir. Inutile d'insister. Et puis, son insistance pourrait nuire à leur bonne relation... Et pour finir, ils étaient tous deux si fatigués que seul le sommeil leur faisait vraiment envie.

Lumi s'installa sur le dossier de la chaise, après un ultime couinement affectueux à l'adresse de Streen.

La rôdeuse contempla un moment le plateau que son ami avait posé sur la table. Elle tendait l'oreille.

Lorsqu'elle perçut la porte de la chambre de Streen se refermer, elle prit la chaise sur laquelle le harfang des neiges était perché et l'emporta silencieusement devant la porte.

- Lumi ! chuchota t-elle, reste là, monte la garde. Si quelqu'un vient devant la porte de Streen, couine. Je t'entendrai. Je mange, et je te garde quelque chose. Tiens, prends déjà ça.

Sylveneige donna un morceau de pain à l'oiseau, puis rentra dans sa propre chambre. Puis elle prit le plateau de la table et le posa à terre. Elle s'assit sur le tapis et entreprit de verser la bière dans un des gobelets. Elle enfourna quelques tartines de délicieux fromage, prépara une toute petite tartine pour Lumi avant de remettre le plateau sur la table.

Une toilette sommaire suivit, et l'elfe commença ses préparatifs pour la nuit.

Elle alla chercher Lumi, lui réinstalla la chaise devant la table où son petit repas attendait.

Puis prit l'énorme édredon du lit. Et sortit s'installer le plus confortablement possible devant la porte de la chambre de Streen. Cette nuit, elle ne prendrait aucun risque.

[Streen]

Streen s’était enfoncé dans les limbes du sommeil après avoir pensé à Sylveneige pour l’y aider. De son coté, Sylveneige fut doucement réveillée par le jeune serveur qui lui avait servi à manger.
-Dame ? chuchota t’il, je suis désolé de vous réveiller mais je crois que vous êtes si fatiguée que vous vous êtes écroulée avant de regagner votre chambre. Avez-vous besoin d’aide ? Je peux vous y aider si vous le souhaitez. Enfin, faîtes comme vous le sentez mais cet endroit n’est pas pour vous Dame. Vous méritez de dormir dans un lit et votre chambre d’y prête bien pour cela.

HRP: ce soir je rentre assez tard mais pas de soucis, on a encore une journée à attendre voyageuse.

[Féérune]

- Hein ? Euh... Oui oui oui... J'y vais.

Sylveneige grommela entre ses dents en se dirigeant vers sa chambre.

- Boudiou, j't'en pose des questions, pépère ? On ne peut pas dormir tranquillement où on veut... M'en fous. Streen peut disparaître si ça lui chante, après tout... L'avait qu'à accepter de... Oh zut !

La rôdeuse lança d'un mouvement mou et fatigué l'édredon sur son lit. Trois secondes plus tard, elle dormait profondément.

[Streen]

Streen se réveilla le lendemain matin la tête lourde. Les rayons de soleil qui passaient à travers la fenêtre de sa chambre parurent le brûler. Il se tâta la tête comme s’il était atteint d’une migraine. Il avait quand même bien dormi, mieux que les deux dernières nuits. Il descendit l’escalier en prenant bien soin de ne pas réveiller les autres marmottes. Il se trouva pas sa compagne, elle devait encore dormir, à moins qu’elle ne soit déjà sortie. Il commanda un petit déjeuner pour deux. Il ne comptait pas tout prendre mais Streen jugea prudent de tout préparer lorsque sa compagne sera debout. Elle ne verrait que cela d’un bon œil. Le serveur lui apporta un plateau bien garni de nourriture et de deux boissons chaudes.

[Féérune]

Aussi discret qu'il fut, Streen avait cependant réveillé Lumi. L'oiseau avait dormi d'un grand sommeil et était en pleine forme. Ce fut dont avec plaisir qu'il s'attaqua aux restes du repas d'hier soir. En un rien de temps, quelques bonnes dizaines de miettes de divers fromages et de pain allèrent rejoindre les saletés que le harfang n'avait pas manqué de faire sur le sol. Les fromages furent massacrés. Heureusement que le serveur n'avait mis que des parts de fromage et non les fromages entiers. Ou cela aurait été un beau gâchis...

Les roucoulements de plaisir de Lumi éveillèrent Sylveneige. Qui sauta sur ses pieds, horrifiée.

- Boudiou, Lumi, tu as vu ce bazar ? Bouse, crotte, fiente et chiure de mouche !!!

Précipitamment, la rôdeuse balaya les petites horreurs tombées sur le parquet. Elle se lava les mains en grondant copieusement l'oiseau, puis descendit avec sa fougue habituelle.

- Streen, pas enlevé ce matin ? Bonne nouvelle, donc.

Sylveneige lança un bonjour amical aux serveurs et s'installa en face de son ami.

- Zut, marre du fromage... Où est la confiture de cassis ? Streen, il faut qu'on parle. Sérieusement.