[Lieu] Temple de Tymora

[Kasumi]

Cette fois, le jeune homme n’hésita pas à répondre à la question directe : les marchandises de Boniface étaient déchargées à un entrepôt sur les docks marchands et y restaient entreposées avant d’être revendues en gros ou au détail à ses partenaires. Certaines y restaient des mois mais la plupart s'écoulaient plutôt rapidement.

[LuluBalayette]

Norbert se frotta les mains de contentement et proposa au commis le plan suivant:

"Dans ce cas messire Quentin, je pense être en mesure de faire sortir Gontrand de chez lui en lui faisant croire à l'incendie de ses marchandises. Pendant que je l'emmènerai avec moi et lui fausserai compagnie en chemin, vous pourriez en profiter pour récupérer vos affaires auprès de Mathilda. J'ai peur qu'en l'abandonnant avant d'arriver à l'entrepôt, Gontrand ne se doute de quelque chose et ne me laisse pas suffisamment de temps pour revenir chez lui et en repartir avec vos vêtements, c'est pourquoi il vaut mieux être deux. De plus, si c'était vous qui lui annonciez l'incendie, il vous suivrait sans aucun doute mais il vous serait ensuite impossible de justifier l'absence des flammes, ce qui ne manquerait pas de se retourner contre vous, et c'est pourquoi j'ai proposé la répartition des rôles précédente. Qu'en pensez-vous?"

[Kasumi]

Quentin réfléchit un moment au plan proposé comme pour en jauger les conséquences et ne tarda pas à arborer un sourire ravi :

- Cela me semble tout à fait faisable ! Et je dois dire que je m’inquiète pour Mathilda. Je pourrai ainsi vérifier si elle va bien…

Norbert pouvait deviner que Quentin rêvassait et songeait sans doute au moment d’intimité qui avait été interrompu par l’arrivée inopportune de Gontrand. N’y avait-il pas un risque qu’il commette à nouveau une imprudence et se remette dans une situation impossible à démêler ?

[LuluBalayette]

Tirant Quentin de ses tendres pensées, Norbert le rappela fermement à la réalité:

"Attention jeune homme! Pas question de s'attarder plus que nécessaire! Le mari de Mathilda ne sera probablement absent que peu de temps donc assurez-vous seulement qu'elle va bien, prenez vos vêtements et filez aussitôt, par la porte de préférence cette fois." ajouta-t-il avec un clin d’œil.

Reprenant un ton raisonnable, il en appela aux sentiments de Quentin envers sa bien-aimée:

"Vous ne voudriez quand même pas attirer des ennuis à Mathilda en étant encore présent lorsque son mari rentrera ou en sortant de nouveau précipitamment par la fenêtre, non? Gontrand finira par se douter de quelque chose si vous vous montrez trop imprudents et je ne serai pas toujours là pour vous aider."

[Kasumi]

Norbert ne sut pas vraiment si le conseil avait porté : le jeune homme avait achevé de se vêtir en chaussant une sorte d'escarpins quasiment hors d'usage et répondit d'un ton impatient :

- Nous ne devrions pas tarder puisque tout est décidé ! Ne laissons pas le temps à Gontrand de commettre quelque vilenie ! Je tiens à elle, vous savez.

Et déjà Quentin se précipitait vers la porte comme si le temps pressait soudain.

[LuluBalayette]

Il était assez remarquable de constater à quel point ce jeune homme pouvait faire preuve d'autant d'énergie, après être resté si longtemps perplexe et désorienté, dès qu'il entrevoyait l'occasion de revoir sa belle. Il ressemblait à un lion en ce moment. "Ou peut-être à un simple lionceau, plein de bonne volonté mais pas encore pleinement conscient des conséquences de ses actes et des dangers du monde extérieur." sourit intérieurement Norbert avant de sortir de ses pensées et d'interpeller Quentin dans le but de le convaincre de différer leur départ de quelques minutes:

"Juste un dernier détail: j'aimerais imprégner mon manteau de l'odeur de feu de bois et me passer les mains et le visage à la suie ou au charbon donc serait-il possible d'allumer un feu avant de partir s'il vous plaît? Cela ne prendra pas longtemps et en vaudra la peine, croyez-moi. Par expérience, je vous assure que les meilleures tromperies reposent sur des détails et la vision d'un homme semblant avoir combattu le feu aidera Gontrand à se décider tout en l'empêchant de remarquer d'éventuels éléments incongrus. De plus, ce stratagème me permettra de mieux dissimuler mon identité, ce qui n'est pas négligeable."

Norbert retint un soupir à la pensée du bain pris à la Taverne de la Bienveillance; il serait fort dommage d'en dissiper les effets si vite mais il ne pouvait décemment pas se permettre d'être ouvertement associé, dès le jour de son arrivée et alors qu'il aspirait à une vie publique, à ce qui ressemblerait à une mauvaise blague aux yeux de Gontrand de Boniface, homme au bras long et au mauvais caractère. Du moins pas tant qu'il ne connaîtrait pas mieux Lumenis et ne disposerait pas de quelques ressources, humaines ou financières.

[Kasumi]

Le jeune homme ne vit aucune objection à allumer un feu dans la petite cheminée de son appartement. Pendant qu’il procédait, il crut bon de préciser que la ville disposait d’un service dépendant de la milice pour combattre les incendies : mieux valait s’en prévaloir quand il se présenterait à Gontrand à moins qu’il préfère se faire passer pour un de ses employés travaillant à l’entrepôt. L’homme d’affaires n’était en effet pas connu pour se souvenir du nom ou du visage de ses subordonnés.

[LuluBalayette]

Norbert remercia le jeune homme pour ces excellentes suggestions et y réfléchit pendant qu'il récupérait son manteau là où Quentin l'avait posé puis l'étendait au-dessus du feu. Se réclamer du service de lutte contre les incendies lui semblait la meilleure solution car avec son épée et son manteau, il n'avait pas vraiment l'allure d'un simple commis. De plus, cela éviterait d'attirer outre mesure l'attention de Gontrand sur ses employés lorsque celui-ci s’apercevrait de l'inexistence des flammes.

Norbert expliqua son raisonnement à Quentin puis, jugeant que son manteau était suffisamment imprégné de l'odeur de feu de bois, l'enfila. La sensation était assez curieuse car il avait réellement l'impression d'être un morceau de viande fumée. Enfin, à l'aide d'un morceau de bois non consumé, le barde recueillit de la suie et s'en étala de façon mesurée sur les mains, le visage et le manteau. Il ne servait à rien d'en faire trop et se présenter complètement noir semblait peu crédible. Norbert songea avec amertume au futur nettoyage qu'il devrait faire subir à sa personne et ses vêtements puis, s'estimant prêt, le signala à Quentin.

Il ne restait plus qu'à se faire expliquer le chemin le plus direct pour se rendre à l'entrepôt de Gontrand. En effet, à quoi bon déployer tous ces efforts si le barde devait se fourvoyer au premier croisement, éveillant ainsi la méfiance de l'homme d'affaires? Le jeune homme pourrait certainement l'instruire en route et il ne servait à rien de mettre encore sa patience à l'épreuve.

[Kasumi]

Le jeune homme se pressa à sa suite puis le devança une fois dans la rue. Il jugea inutile de se rendre jusqu'à l'entrepôt car Gontrand se rendrait certainement aisément compte de la supercherie avant même de l'avoir atteint. Cependant, il le conduisit sur un chemin proche de celui que Norbert avait emprunté depuis la taverne de la Bienveillance, les entrepôts maritimes seraient alors bien visibles une fois cette destination atteinte. Restait maintenant à revenir sur leurs pas et à se séparer pour que l'un profite de la diversion de l'autre.

[LuluBalayette]

Au vu de la disposition des lieux, Norbert résolut de fausser compagnie à Gontrand avant d'être arrivé à la taverne de la Bienveillance. Pendant que lui et Quentin se dirigeaient vers le domicile des Boniface, il étudia donc attentivement les carrefours situés à proximité. Orientation des rues, largeur et coudes de celles-ci, densité de la foule, obstacles potentiels, éventuelles distractions pour Gontrand... Même si le barde avait récemment bénéficié de la faveur de Tymora, il essayait de ne rien laisser au hasard, cherchant à déterminer l'endroit qui lui donnerait les meilleures chances d'évasion tout en lui permettant de revenir discrètement à l'auberge.

Ce retour semblait audacieux vu que Gontrand avancerait probablement jusqu'à disposer d'une vue sur les entrepôts et se retrouverait donc à proximité du gîte, mais l'idée de déambuler au hasard dans le quartier portuaire en risquant à tout moment de se heurter à l'homme d'affaires n'était guère séduisante. Dans son état, même en retirant son manteau et en s'essuyant grossièrement le visage et les mains avec son mouchoir, Norbert risquait d'être reconnu facilement aussi valait-il mieux prendre le risque de retourner immédiatement à la taverne, avant que Gontrand n'ait complètement compris ce qui se passait et ne cherche à retrouver le plaisantin qui lui avait fait perdre son temps. Au moins, Norbert pourrait s'y laver et se déguiser pour ressortir plus sereinement et se rendre par exemple chez Quentin afin de s'assurer que celui-ci était bien de retour en chair et en vêtements.

"Dites-moi, messire Quentin, que prévoyez-vous de faire après être sorti de chez les Boniface? Pour ma part, après avoir semé votre patron, je me laverai et me changerai et aimerais ensuite savoir que vous avez réussi à vous sortir sans encombre de cette histoire." demanda le barde d'un air dégagé.

HRP: à la fin du premier paragraphe, je pensais désigner précisément un endroit que Norbert jugeait propice à son évasion, par exemple "le premier carrefour avant la taverne de la Bienveillance", (après tout, c'est une décision qui ne comporte pas de risque d'échec, bien qu'il n'en soit pas de même pour l'évasion proprement dite) mais j'y ai renoncé car n'étant pas MJ, je ne pouvais bien sûr pas décrire convenablement cet endroit.
À présent, Norbert étudie le terrain et il improvisera le moment venu, tu lui imposeras un lieu ou développeras toute autre idée à ta convenance, ce qui me semble plus en adéquation avec les règles, non?

[Kasumi]

HRP : tout à fait, même si tu peux te permettre la liberté d’évoquer les caractéristiques retenues pour le choix de ton personnage.

Quentin avait l’intention de rentrer chez lui après s’être assuré que Mathilda allait bien. Il assura au barde qu’ils pourraient s’y retrouver quelque temps après la diversion et qu’il serait évidemment le bienvenu chez lui étant donné le service qu’il lui rendait.

Retourner dans la rue où ils s’étaient rencontrés ne prendrait guère de temps et, s’il fallait régler de derniers détails, c’était le dernier moment pour le faire. En approchant, le duo put déjà constater que la foule qui s’était regroupée autour de l’incident s’était dispersée depuis longtemps. Il n’y aurait donc pas à composer avec une attention malvenue.

[LuluBalayette]

"Parfait! Plus de foule gênante ici, nous allons pouvoir procéder!" s'exclama Norbert.

Se rapprochant de Quentin, il désigna la rue au-delà du domicile des Boniface:

"Que diriez-vous de nous séparer à présent? Vous pourriez vous cacher à portée de voix, par exemple au prochain croisement après la maison ou dans l'entrée d'une échoppe voisine? Ainsi, vous sauriez à quel moment la voie serait libre et Gontrand ne pourrait vous remarquer puisque nous ne passerions pas devant vous. Dès que vous serez en place, je me dirigerai vers la maison et frapperai à la porte. Vous n'aurez plus qu'à attendre notre départ pour récupérer vos affaires et rassurer votre dulcinée."

Jugeant qu'un dernier conseil de prudence ne saurait faire de mal à l'amoureux, Norbert ajouta:

"Je sais que j'insiste mais ne vous attardez pas, vous aurez tout le temps d'organiser un nouveau rendez-vous dans de meilleures dispositions."

[Kasumi]

Le jeune homme avait eu la même idée et il assura connaître la cachette idéale d'où il pourrait observer la porte sans être vu. Les deux complices se séparèrent donc sur ces dernières paroles et la voie était désormais libre pour Norbert. Lorsqu'il frappa à la porte, il se passa un certain temps avant qu'un homme corpulent et visiblement de fort mauvaise humeur ne vienne ouvrir.

[LuluBalayette]

Feignant de reprendre son souffle comme s'il avait couru depuis les docks, Norbert entra dans son rôle de messager et, d'un ton pressant, expliqua la supposée situation à son interlocuteur avec force gestes:

"Ah! Messire de Boniface! Je fais partie du service de lutte contre les incendies de la milice et j'ai été envoyé pour vous prévenir d'une mauvaise nouvelle: votre entrepôt sur les docks est en feu! Le chef de mon détachement vous prie de le rejoindre sur place au plus vite."

Semblant à présent avoir repris haleine, Norbert se redressa et réfléchit rapidement aux détails qu'il pourrait fournir au commerçant dont il attendait la réaction.

[Kasumi]

Norbert vit les émotions se succéder sur le visage de son interlocuteur : agacement d’être importuné, incompréhension, hébétement puis angoisse. Il fallut moins d’une dizaine de secondes pour que Boniface intègre la nouvelle et y réagisse avec incrédulité :

- Quoi !? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Si c’est une blague, elle est de très mauvais goût et ce n’est vraiment pas le moment !

Cependant, l’inquiétude et la cupidité de l’homme ne tardèrent pas à surmonter l’incongruité de la situation et il récupéra son manteau et s’apprêtant à suivre le pompier improvisé.

[Galathée]

C’était un de ces soirs où la nuit tombe sur Luménis, qu’il fait un peu froid, que le vent souffle dans les ardoises, que la brume monte du port, que la pluie crépite sur les fenêtres. Brandon avait décidé de se coucher tôt, il avait une rude journée en perspective le lendemain, et s’asseoir dans son fauteuil, devant son âtre, sous une couverture, était en ces moments la quintessence du bonheur.
Il traînait le même livre depuis une dizaine de jours, sans progresser, une biographie (qui lui semblait un peu romancée) d’un des premiers chefs colons à poser le pied sur Hélonna. C’était intéressant, instructif, et rasoir en diable. Il n’avait jamais été bon lecteur : les Tymorans sont portés sur le mouvement, pas sur le parchemin, mais il accusait son âge, une quarantaine qui progressait peu à peu, et il fallait bien qu’il occupe ses soirées. Il aurait sans doute pu aller bavarder avec les uns ou les autres, jouer aux cartes ou se promener dans les rues, mais depuis qu’il avait retrouvé sa liberté de penser, il goûtait à ces instants de silence, merveilleux instants de silence, vides de tourments.
Ce n’était pas tout à fait exact.
Posant le livre à l’envers sur son genou — un manque de respect qui aurait arraché des hurlements scandalisés à Hans le bibliothécaire, il alla chercher la lettre froissée qu’il gardait en permanence dans la poche intérieure de son pourpoint. Il l’avait déjà lue cent fois, mille peut-être, depuis qu’il l’avait reçue. Même dans la pénombre, il pouvait la réciter. Il la connaissait par cœur. Et elle disait ceci :

"Monsieur Devlin,
cela fait de nombreuses veilles que j'hésite à vous écrire et je suis désolée de vous importuner avec cette requête. Mais vous êtes la seule personne à pouvoir me venir en aide. Mon nom est Amélie Malone. Je sais que ce nom ne vous dit absolument rien mais je suis la fille de Morgan Novembre. J'ai attendu un long moment avant d'apprendre son existence et surtout qui elle était pour moi. Il y a très peu de temps, en me rendant à Manost, j'ai appris qu'elle était morte, emportant avec elle le secret de mes origines.

Je me permets de m'adresser à vous, et j'espère que vous m'excuserez une fois encore de troubler ainsi votre tranquillité, car Angèle d'Aulfray m'a dit que vous avez côtoyé Morgan pendant un temps. Elle ne m'a donné aucun détail - Angèle est ainsi faite - mais m'a laissé entendre que vous sauriez peut-être qui est mon père. J'aurai vingt-cinq ans le premier jour de Martel et il m'est de plus en plus difficile d'avancer sans savoir.

Peut-être pourrez-vous m'aider dans cette démarche. En l'attente de votre réponse, je vous fais part de mes sentiments les plus respectueux.

Amélie Malone."

Une fois qu’il l’eut lue, il la replia, la remit à l’intérieur de son pourpoint, et fixa les flammes un long moment. Il n’y avait pas répondu lorsqu’il l’avait reçue, il ne lui répondrait pas aujourd’hui, ni sans doute demain.
Ce n’était pas bien, pas juste, mais c’était comme ça.
De toute façon, elle viendrait, il le savait. Et ce jour-là, quand elle franchirait le seuil du Temple, se mêlant aux fidèles du petit matin ou aux aventuriers du soir, il ne se défilerait pas.
Jusque là, il allait profiter du silence. Doucement.

[Althéa]

Angèle avait trouvé son chemin sans problème avec l'impression de remonter le temps. Sauf que quand elle était venue la dernière fois, elle ignorait totalement qui était Brandon Devlin et que celui-ci avait eu une fille avec la personne qu'elle aimait plus que tout au monde. A cette époque là, elle avait l'impression que son cœur était en mille morceaux et que les fractures étaient irrémédiables. A l'époque, elle avait peur d'un monde dans lequel elle pensait ne plus avoir sa place. Mais à sa grande surprise, elle s'était relevée.

Elle posa sur le temple et sur Bouli un regard neuf. Peut-être avait-elle quelque part grandi ou tout du moins l'espérait-elle. Du regard, elle chercha un prêtre qui pourrait la renseigner au sujet de Brandon Devlin. Même si elle ne le montra pas, elle ressentait une certaine appréhension au sujet de ce qu'elle pourrait entendre.

[Galathée]

Il y avait quelques fidèles dans la nef, mais le beau temps n'incitait pas à la prière. Un clerc discutait dans un coin avec un groupe de trois personnes — des aventuriers, à en croire leurs vêtements et leurs sacs à dos chargés — et deux novices semblaient jouer à la marelle dans un coin. Un jeune homme en pourpoint gris bleuté, la mode tymoranne de Luménis, s'approcha finalement d'Angèle.
" Dame D'Aulfray, dit-il. C'est une surprise et un plaisir de vous revoir en ces lieux."
Angèle n'avait aucune idée de son nom, mais elle l'avait déjà vu, effectivement, et à plus d'une reprise. Dans la vingtaine, grand et soigné, il avait le sourire facile des adeptes de Dame Chance.

[Althéa]

Angèle fut surprise de voir que l'on se souvenait d'elle. En revanche, à son grand damne, elle fut incapable de se souvenir du nom du jeune homme. Elle répondit à la fois au salut et au sourire.

"Bonjour. J'étais venue rendre visite à Brandon Devlin mais j'ai appris qu'il était parti pour Eredhun. Pourriez-vous me dire s'il a donné une indication sur la durée de son séjour, s'il vous plaît ?"

Ce n'était pas tout ce qu'elle aurait aimé savoir mais mieux valait commencer ses recherches par le coté le plus abordable.

[Galathée]

" Plusieurs années, j'en ai bien peur, dit le jeune homme avec un sourire désolé. Il n'a pas le projet de revenir dans l'immédiat : sa succession a été organisée et il y a un nouveau Porteur de Chance à Luménis."
Il leva les mains avec un geste d'impuissance.
" Cela dit, nous pouvons lui transmettre un message... enfin, pour autant qu'il soit à Eredhun, ce qui n'est pas certain."

[Althéa]

Angèle sentit un air froid glisser le long de sa nuque. Brandon était parti pour au moins un an et elles n'étaient pas sures de le trouver à Erhedun. Elle n'était pas sûre qu'Amélie, même avec la meilleure volonté du monde risquait de prendre assez mal la nouvelle. Elle demanda d'une voix qu'elle reconnut à peine.

"Aurait-il laissé un mot pour une certaine Amélie Malone ? Et vous dites qu'il ne serait pas à Erhedun ? Excusez moi de me montrer indiscrète mais c'est ... important."

Pour un peu, elle en aurait pleuré. Et en même temps, compte tenu de la situation, elle le comprenait.

[Galathée]

Le jeune clerc secoua la tête.
" Il n'a laissé de mot pour personne et je n'ai jamais entendu ce nom : Amélie Malone. Quant à Eredhun... Vous voyez, il est parti parce qu'il avait le projet de redevenir prêtre itinérant... Vous n'ignorez pas que nous autres, Tymorans, sommes portés sur l'aventure... Nous restons rarement plus d'un an au Temple... Les défis nous appellent ! Alors comme grand prêtre, ici, à Luménis, Brandon était coincé depuis des années. Il a décidé de retourner sur la route... plus ou moins au moment où vous êtes venue le voir, après tout cet imbroglio au Temple de Sunie... Il a fallu quelques veilles pour que les choses soient organisées, d'un point de vue pratique, mais ensuite, il était libre de retourner affronter les mystères de la Vallée du Nirvana. Il y a de quoi faire, là haut, pour les esprits téméraires."

[Althéa]

Angèle hocha la tête. Quelque part, elle aurait dû s'attendre à tout ça. Elle se souvenait de la dernière fois où elle était allée rendre visite à Brandon Devlin. Libéré de la malédiction, il discutait avec un groupe d'aventurier sur le départ. Peut-être ressentait-il déjà l'appel du large. Même si elle aimait rester là où elle avait planté ses racines - même si parfois le "grand extérieur" l'appelait elle aussi ces derniers temps - elle comprenait cette envie de changer de paysage. Et Luménis lui rappelait peut-être des souvenirs d'enfermement. Mais cela n'allait pas arranger leurs affaires. Elle ne savait pas ce que déciderait Amélie mais elle voulait avoir toutes les données en main avant de lui parler.

Il restait une personne. "La belle amoureuse", grande prêtresse du temple de Sunie était une amie de Brandon Devlin. Peut-être serait-elle au courant de la situation et pourrait apporter un autre regard. Angèle décida que lui parler serait peut-être une bonne idée.

Elle sourit au clerc de Tymora avant de le remercier pour toutes les informations et prit congé. Il lui fallait maintenant traverser de nouveau la ville. Mais marcher lui ferait sûrement le plus grand bien et lui donnerait le temps de rassembler ses idées.