La Couronne de Cuivre

Pour Rowan

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Pour Claris

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Rowan continua à observer la scène, l'intervention incongrue du frêle inconnu augurait d'un sacré bordel à venir dans les instants à suivre. Son objectif étant toujours de tuer le maître des lieux, elle n'allait certainement pas risquer de compromettre sa mission pour un biesse coffre.
Sauf si celui-ci avait une importance particulière dans l'accomplissement de l'épreuve.

L’un des hommes en armure, probablement le chef du groupe de quatre hommes, répondit d’une voix cassante sans même daigner jeter un regard à la jeune noble :

-Te mêles pas de ça gamin sinon on devra te tuer toi aussi !

Dans un beau consensus, le mage adverse enchaîna, faisant preuve d’une opinion étonnamment en accord avec l’homme qu’il se faisait un devoir d’occire :

- Et ne t’approche pas du coffre ! Premier arrivé, premier servi !

Et pendant ce temps l’affrontement se poursuivait. Le groupe du guerrier crut prendre l’avantage quand l’un des hommes du mage fut achevé par un coup d’épée mais, l’instant d’après, le roublard à l’origine de l’attaque fut la cible d’un sort qui l’embrasa. Son hurlement fut bref mais néanmoins horrible à entendre. Et pendant ce temps personne ne semblait s'occuper de la présence d'une frêle créature toujours dissimulée en bonne place pour assister à la boucherie sans y participer.

Toujours sous sa forme ratière Rowan apprécia le spectacle, à force les différents belligérants allaient finir par s’entre-tuer. Néanmoins elle restait sur ses gardes, en particulier envers les mages que l'un d'eux balance un sort de zone mal placé et au revoir Rowan. De plus, chaque joueur éliminé représentait un obstacle en moins entre elle et Bouliakov car elle suspectait que les participants pourraient prendre parti pour le maître des lieux si ce dernier se sentait en danger et mettait un bon paquet de pièces sur la table pour le protéger.
La roublarde réfléchissait beaucoup, mais être encore vie actuellement était en soi une preuve de l'intérêt d'avoir un cerveau en parfait état de marche.

Claris fit mine de chercher un endroit où s'installer.

« Ouais, pas faux : je vais attendre que vous ayiez fini de vous entretuer, comme ça je n'aurais plus qu'à achever les blessés. Tâchez de faire un beau spectacle, au moins. »

Ce n'était cependant qu'une boutade de plus : le maître des lieux n'avait annoncé aucune autre disparition, et ses cartes allaient jusqu'à vingt, aussi était-il assez envisageable que d'autres concurrents soient en retard, ou aient prit une autre route. Attendre patiemment la fin des combats n'était donc guère une bonne idée, et ses yeux cherchaient plutôt à déterminer où il serait le plus intéressant de frapper, ou si il était possible d'atteindre le coffre sans éveiller l'attention des belligérants.

Le coffre était au centre de la pièce et les concurrent tournaient autour de manière erratique, ne laissant que peu de chance même à quelqu'un de discret de l'atteindre avant qu'on ne le remarque. Le mage semblait une cible idéale d'autant qu'il tenait déjà tête à plusieurs guerriers mais le fait qu'il y parvienne le désignait aussi comme un combattant expérimenté. Sinon, du côté de Rowan se tenait un archer qui semblait attendre une ouverture pour abattre un des deux lanceurs de sorts. L'attaquer rééquilibrerait encore un peu plus les forces. Enfin, il était également possible d'échapper au combat pour un temps en gagnant l'un des couloirs latéraux. Peut-être l'un d'entre eux menait vers la sortie ? Mais lequel ?

Rowan était patiente, l'accomplissement de sa mission seule importait et avec un peu de chance le coffre n'était qu'un enjeu secondaire. Mais à un moment, elle remarqua que le combat commençait à se rapprocher de sa position, elle allait devoir changer de place rapidement et le couloir le plus à sa gauche semblait être une bonne alternative.

Le mage, l'archer… choisir l'un ou l'autre s'avérait délicat : après tout, Claris n'avait guère d'informations sur ceux qu'il lui serait le plus profitable d'avoir à ses côtés. Les abattre tous deux simultanément, ou au moins d'affilée, aurait assurément été drôle, mais la chose semblait assez peu réalisable. Se souvenant que son arrivée sur place avait été accompagnée, Claris tourna un bref instant le regard vers son compagnon improvisé, pour voir comment celui-ci réagissait.

Pour Rowan :

Rien ne distinguait le nouveau couloir de celui qu'elle venait de quitter : un court passage puis un escalier descendant vers le niveau inférieur probablement. Néanmoins, la position était bien choisi et la roublarde put se satisfaire de son instinct en voyant un sort embraser la position qu'elle venait de quitter, emportant un des deux guerriers survivants avec lui. Ne restait plus que l'archer et un guerrier face au mage et au prêtre. et évidemment l'adolescent qui semblait décidé à ne pas attaquer tout de suite.

Pour Claris :

L'attitude de son compagnon était attentiste, comme s'il espérait que les autres aventuriers s'annihileraient et qu'il ne resterait bientôt plus qu'à achever les blessés pour avancer.

Les moustaches de Rowan frémirent quand elle réalisa qu'elle aurait été transformé en boulette rôtie si elle était restée une minute de plus à son ancien poste d'observation. La zone de combat commençait à se clairsemer et peut-être qu'il y aurait quelque chose à récupérer finalement, en fait elle ne voyait l'utilité d'intervenir quand les deux autres personnes arrivées en même temps qu'elle temporisaient également.
Elle calcula qu'il y avait de grandes chances que les vainqueurs se retournent contre eux. Si cela arrivait, ce serait le bon moment pour intervenir.

Hum. Ces sorts semblaient dignes d'attention. Mais le combat était équilibré, et son intervention, maintenant qu'ils étaient en nombre si réduit, pourrait achever les choses rapidement. Or, deux des belligérants, un de chaque côté, s'étaient montrés hostiles ; inutile, donc, de leur apporter une victoire, même si celle-ci n'était que temporaire. Claris choisit donc d'attendre patiemment de voir évoluer les choses. Si le guerrier restant ou le mage étaient tués, en revanche…

Le mage interpela son adversaire entre deux sorts destinés à le faire se découvrir :

- Allez, arrête un peu de te cacher ! Tu vois bien que ces rats ont trop peur de se prendre un coup pour t'aider maintenant que tes pathétiques compagnons sont morts.

Chaque minute passée accroissait en outre le risque que d'autres aventuriers viennent réclamer leur part de butin et si possible éliminer la concurrence. D'autant que ni Rowan ni Claris ne pouvaient savoir si d'autres concurrents étaient déjà passé avant le combat en cours.

« Bon, ça commence à devenir lassant, là. Vous vous décidez à vous entretuer, ou il faut que je m'en occupe ? »

Claris leva ostensiblement son arbalète, la pointant tour à tour vers le mage et le guerrier, comme hésitant sur le choix de sa première cible. Son plan était simple : si l'un d'entre eux faisait mine de prendre la menace au sérieux, et se tournait dans sa direction pour contre-attaquer, l'autre profiterait sans doute de l'occasion, et il suffirait alors de lui renvoyer la pareille. Dans le cas contraire, si aucun des deux ne semblait broncher, la cible la plus simple à atteindre recevrait un carreau, et l'on aviserait.

Manifestement les choses commençaient à évoluer, le troisième groupe semblait prêt à entrer dans la danse. Rowan aurait pu le faire aussi mais préféra laisser les personnes présentes s'entre-tuer pendant qu'elle allait explorer le couloir où elle se trouvait, des fois que le mage loupe son coup et envoie une boule de feu au mauvais endroit.

Le mage n'était pas né de la dernière pluie ou alors il ne laissait personne le menacer impunément de son arbalète aussi fit-il un geste presque méprisant en direction du couloir et prononça un mot unique. Aussitôt une créature hideuse apparut devant Claris et son comparse involontaire. il s'agissait d'une petite créature enflammée dotée d'ailes mais vaguement humanoïde. Elle s'approcha aussitôt de l'adversaire le plus menaçant désigné par son maître. Claris se rendit compte que son complice avait pris soin de battre en retraite.

Le couloir exploré par Rowan était vide et elle y trouverait un abri temporaire jusqu'à la fin des combats si elle le souhaitait.

Rowan s'enfonça dans le couloir, il sera toujours temps de revenir en arrière si ce couloir ne mène à rien d'intéressant. Pendant ce temps les joueurs présents peuvent continuer à s'étriper ça l'arrange bien.

Il était rapide à incanter. Mais cette créature ne devait pas être particulièrement redoutable, si ? Espérant qu'elle l'était moins que l'ours, Claris maintint la position, baissant son arbalète pour lever son épée à la place. Au moins, cela aurait peut-être le mérite de l'occuper le temps que les autres en finissent.

Ce couloir là ne révéla rien de plus que le précédent à Rowan : comme elle avait déjà pu le constater, les couloir latéraux semblaient être autant de voies d'entrée depuis le niveau inférieur vers la salle principale de ce niveau. Mais il en restait encore cinq compris celui où se tenait maintenant un adolescent aux prises avec une petite créature extraplanaire.

Mais la créature semblait davantage miser sur son agilité que sur la force brute. Devant l'attitude défensive de Claris, elle eut recours :

Méphyte enflammé -> Cône de feu -> Tunnel de Claris

Aussitôt, des flammes jaillirent de ses doigts et se déployèrent dans le tunnel, frappant la jeune noble de plein fouet. Elle sentit la peau de son visage se dessécher et sa vue se brouiller quand la chaleur et le contact igné atteignirent son visage mal protégé.

Et la créature jubilait en langue commune : "Brûle ! J'vais tout brûler"

La jeune lycanthrope fut un peu dépitée, elle espérait secrètement pouvoir contourner la salle où se déroulait le combat mais dut se rendre à l'évidence, elle allait devoir se mêler à la partie. Elle refit le chemin inverse et arrivée à son point de départ constata qu'un nouvel arrivant était entré en scène, un petit occupant des plans inférieurs, surement convoqué

HRP : mais aïe.

Claris avait bondi sur le côté en devinant ce qui était sur le point de se passer ; pas assez vite, malheureusement. Son premier réflexe fut de lâcher un juron et de porter la main à la brûlure… réflexe arrêté juste à temps : y toucher n'arrangerait rien et ne ferait qu'amplifier la douleur. Il allait décidément lui falloir un long passage entre les mains de leurs clerc à son retour au domaine. En espérant que son père considère que cette suite de déboires combattifs soit assimilable à une conduite d'adulte, ce qui, dans l'immédiat, lui paraissait peu probable.

Tout en cherchant à se mettre en sécurité, l'enfant de Reuel saisit l'une de ses dagues et la lança, à peu près à l'aveugle, dans la direction où s'était trouvée la créature, et où sa voix moqueuse se faisait encore entendre. Son père aurait réussi à toucher à coup sûr, même dans cette situation – si tant est qu'il ait pu se trouver dans cette situation, ce qui était fort peu probable –, mais Claris n'avait pas la certitude de faire aussi bien. Peu importait, après tout : il n'y avait de toute façon personne dans cette direction qui ne mérite pas de recevoir le projectile.

Rowan revint à temps pour assister à la fin d’une nouvelle incantation du mage qui immobilisa son adversaire lancé dans une charge meurtrière, une hache brandie avec fureur. L’expression du guerrier reflétait l’horreur et la surprise de se retrouver ainsi en position vulnérable : il ne faudrait certainement plus qu’un sort pour achever le combat en faveur du mage.

Le couloir derrière Claris était rectiligne et n’offrait en effet aucune anfractuosité. Elle n’avait d’autre choix que de regagner les escaliers si elle voulait espérer échapper aux sorts de feu du méphyte qui évita l’objet lancé d’une pirouette sur lui-même : « Et hop ! C’est tout ce que tu sais faire ? Moi j’ai d’autres tours, regarde !» La créature se mit à psalmodier dans une langue inconnue tandis que le compagnon de la noble s’agitait dans son dos :

- Vite, passez-moi votre arbalète !

Si Rowan voulait participer à la fête, elle n'aurait pas de meilleure occasion que maintenant. Les deux nouveaux venus étaient occupés par l'espèce de petite peste volante et avec le combattant immobilisé, le mage était prenable son attention monopolisée sur sa future victime.
L'instant d'après un rat sortit des ombres et arrivé dans le dos du mage se transforma en une frêle jeune femme qui bondit en direction du mage, dans le but manifeste de mettre fin à sa vie.

Passer son arbalète ? C'était… personnel, quelque chose qui ne se prêtait pas. Et ça mettrait le type en position de force, également. Cependant, Claris n'était pas dans sa meilleure forme pour viser, et le type s'était montré loyal jusque là – il n'aurait eu aucune difficulté à l'abattre après le combat contre l'ours. Avec un grognement, l'enfant de Reuel confia donc son arbalète à l'homme avant de resserrer sa main sur son épée. Contre-attaquer, le plus rapidement possible ; abattre cette chose, et achever ensuite le mage qui l'avait invoquée – si son nouvel adversaire, que de Corvimande n'avait pas encore remarqué, n'en avait pas fini d'ici-là.

Le mage n'avait même pas vu le rat le contourner et approcher dans son dos. Il fut donc totalement démuni face à l'attaque soudaine et précise de la roublarde. Rowan eut tout le loisir de lui trancher efficacement la gorge.

De leur côté, Claris et l'aventurier organisèrent leur défense : ce dernier interrompant le sort certainement très désagréable que s'apprêtait à lancer le méphyte sur la première. L'incantation ayant échoué, le monstre poussa un cri de colère et s'apprêtait à recommencer quand il disparut avec un petit effet pyrotechnique fort à propos.

Ne restait plus qu'une jeune fille frêle à l'arme ensanglantée, un guerrier paralysé et redoublant d'incrédulité et les deux autres aventuriers dont la voie se dégageait enfin.

Que Jergal l'emporte. Bon débarras.

« Joli coup. »

Pas très loyal, sans doute ; mais le mage ne l'avait pas été franchement lui-même. Et cette demoiselle était arrivée fort à propos pour tirer Claris et son compagnon d'un mauvais pas : elle méritait donc de la considération. Quant aux autres…

« Bon, on continue à s'entretuer, ou ça vous suffit ? »

Tout en parlant, de Corvimande fit un pas en direction du coffre.

La lycanthrope avait bien l'intention de mettre fin de manière définitive au combat commencé par les deux groupes belligérants, elle allait tuer proprement et rapidement le guerrier paralysé quand elle se ravisa et interpella l'adolescent et son compagnon:

"Dites vous deux, vous semblez ne pas être du genre à tirer d'abord et parler ensuite. Que diriez-vous d'être tranquille en éliminant le dernier membre de cette échauffourée?"

Ce faisant elle désigna le guerrier de la pointe de sa dague.

Si la paralysie avait duré suffisamment longtemps, il aurait pu être amusant de le laisser contraint d'attendre, impuissant, pendant que les survivants prendraient une avance irrattrapable. Mais il n'était certain ni qu'elle durerait encore longtemps, ni que le retard qu'il accumulerait serait important, car les pièges suivants – il y en aurait sans doute encore de nombreux autres – pourraient les retenir un temps certain. Et puis, il serait un comble que la seule personne de l'assemblée à être fidèle à Jergal soit également la seule qui vote pour le garder en vie. Son heure était venue…

« Fais-toi plaisir. »

De son côté, Claris, après avoir récupéré son arbalète – son compagnon aurait sans doute tout loisir de trouver, sur les cadavres, des armes qui lui conviendraient davantage – comptait bien aller s'intéresser à se fameux coffre et à son contenu…

Surveillant l'adolescent et son compagnon du coin de l'oeil, Rowan ne se fit pas prier pour s'approcher du guerrier toujours paralysé et lui planter la lame de sa dague dans le coeur sans qu'aucune émotion ne passe sur son visage.
Elle se tourna ensuite vers les deux personnes encore vivantes avec elle dans cette pièce, l'adolescent inspectait le coffre tandis que le second homme fouillait les corps, idée que Rowan récupéra en fouillant aussi les cadavres disponibles à commencer par le guerrier qu'elle venait de poignarder.

Le guerrier resta un moment debout avant de s'effondrer sans un cri à la fin du sortilège qui l'avait rendu spectateur de ses derniers instants et de sa propre mort. Sur son cadavre, Rowan remarqua immédiatement que seule son armure semblait être de valeur conséquente mais son poids était plutôt dissuasif pour quelqu'un de sa profession et de sa morphologie. Sa première victime se révéla bien plus intéressante et avec un matériel plus léger à transporter : elle trouva une dague de très belle facture, un anneau à l'usage indéterminé et un grimoire à l'aspect plutôt ancien. De son côté, le compagnon de Claris récupéra une arbalète et une bonne dague ainsi que quelques munitions tandis que cette dernière parvenait à ouvrir le coffre.

Pour Claris :

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La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le domaine Bouliakov