La Couronne de Cuivre

Doyle hocha la tête, satisfaite.

"Demain, se sera parfait. En attendant, je me permets de lever la séance. Une nouvelle fois, avez-vous un endroit pour vous reposer, Chance. Car si ce n'est pas le cas, vous pouvez toujours vous installer chez moi. J'ai une chambre d'amie si vous le souhaitez. Je vous hébergerai avec plaisir, vous et votre ami bien entendu."

Difficile de dire si cette proposition n'était motivée que par sa bonté d'âme ou si elle souhaitait surtout garder un œil discret sur la tieffeline -peut-être au cas où celle-ci changerait d'avis et déciderait de disparaître vite-fait ? Quoi qu'il en soit, Chance n'avait pas l'intention de perdre le peu de liberté qui lui restait, et Elzen non plus, elle en était certaine.

- C'est gentil à vous de proposer, je pense que nous nous débrouillerons mais je note ça dans un coin de ma tête. Et merci aussi pour votre aide, je pense que cette séance m'a... rassurée. Je me sens capable de survivre à ce procès, ce qui était loin d'être le cas il y a à peine une heure.

Toutefois, elle était bien consciente de ne pas être à l'abri d'une mauvaise surprise. Elle était à Manost après tout...

"Et je suis rassurée moi aussi."

Doyle se leva avec un sourire.

"Sur ce, je vais devoir retourner au Palais de Justice. Hilare menace de faire rédiger un projet de loi sur la disposition des étals en dehors des boutiques. Je dois la raisonner ou de nombreux juristes vont devoir se cacher.
- Faites vite !", la pria Louison.

Contente de son petit effet, elle tendit la main à Chance.

"Hé bien, à demain. Disons en fin de matinée au même endroit ?"

Chance se leva à son tour et serra la main du juge Doyle.

- J'y serai. À demain donc.

Et lorsque le juge sortit enfin de la pièce, la tieffeline s'autorisa un soupir de soulagement qu'elle pensa être discret.

- Et maintenant, on va où ? demanda Augustin une fois qu'il furent dehors.

Le soleil commençait à décliner à l'horizon, Chance observa en silence ce spectacle, debout au milieu de la rue. La question de savoir ce qu'elle allait faire maintenant avait déjà trouvé une réponse : rejoindre Elzen et Ulysse. Restait à savoir où ils étaient.

- Franchement, je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas accepté leurs propositions d'hébergement, poursuivit le fantôme. Bon, c'est vrai que dormir chez cette juge était peut-être un poil effrayant, mais Louison est une jeune femme tout à fait charmante, tu aurais pu...
- Si tu crois que je ne vois pas ce que tu as derrière la tête. J'imagine que tu n'en aurais pas du tout profité pour laisser traîner ton regard un peu partout, et surtout dans sa chambre, juste avant qu'elle n'aille dormir, n'est-ce pas ?
- Comment tu peux dire une chose pareille !

Sourire aux lèvres, la tieffeline se mit en route, sans trop savoir où allait. Au bout d'une demi heure d'errance, elle se décida enfin à demander le chemin du Loyal Paladin. Aux dernières nouvelles, c'est là qu'étaient partis Elzen et Ulysse, et même s'il y avait peu de chance pour qu'ils y soient restés tout l'après-midi, c'était au moins un point de départ.