La Couronne de Cuivre

Kasumi avait adressé une expression tranquille et sereine pour tenter de rassure Sylvia mais il ne voulait pas non plus accaparer la carte trop longtemps. Quand le préposé vint la récupérer, il s'empressa d'accepter sa proposition avec enthousiasme :

- Cela nous rendrait effectivement un grand service si vous pouviez lui demander d'ajouter une escale à Lunaros ou Evendum.

" Je n'y manquerai pas, répondit l'homme avec un sourire. En attendant, vous avez trois jours devant vous pour profiter du calme des lieux... Certes, il n'y a pas grand-chose à faire dans ce trou perdu, si vous venez de la ville ça doit vous changer. Mais les aventuriers de passage apprécient généralement la plage...
- Moi, je ne viens pas de la ville, répondit Sylvia en haussant les épaules. Et la plage, par cette chaleur, ça doit effectivement être une bonne option.
- Je vous conseille tout de même la sieste à l'ombre durant une bonne partie de l'après-midi. D'ailleurs, tout sera fermé, et vous ne trouverez personne dans les rues..."

Kasumi s'empressa de confirmer le conseil livré par le local : si les conditions ressemblaient à celles de l'Anauroch - même avec la proximité de la mer - mieux valait éviter de risquer l'insolation en milieu de journée. De toute façon, il ne devait pas être loin de l'heure du repas. Restait à espérer qu'il serait correct à défaut de mieux. Ensuite, ils auraient effectivement le choix entre une petite sieste dans leur chambre ou alors un peu d'exploration pour trouver un coin de sable ombragé et si possible tranquille.

Le repas était correct, et même plus que correct. Certes, les saveurs étaient un peu étranges, et nettement plus épicées que ce à quoi leur palais était habitué, malgré les affirmations du tenancier comme quoi il leur avait fait une cuisine la moins forte possible.
Sylvia opta ensuite pour une sieste dans leur chambre -ou peut-être autre chose qu'une sieste, mais la chaleur torride, même dans l'ombre providentielle et la fraicheur relative de la pièce, décourageait toute tentative. Il serait bien temps d'aller se promener ensuite, et s'ils repéraient un lieu ombragé au cours de leur escapade, ils s'en souviendraient pour le lendemain.

Le programme convenait tout à fait au rôdeur qui trouvait que la chaleur incitait à la langueur et à l'inaction. Sans doute les locaux vivaient-ils plus la nuit ou au petit matin et passer quelques jours à un rythme indolent ne pourrait pas tant leur faire de mal après les nombreux bouleversements sur tous les plans de son existence au cours des dernières semaines. La sieste dut se prolonger au moins deux heures avant qu'ils ne se décident enfin à quitter leur chambre, Kasumi ayant proposé d'aller prendre la température de la plage. Cette fois, il ne manquerait pas d'emporter une serviette ou deux...

Lorsqu'ils sortirent de l'auberge, les rues étaient vides et la chaleur encore écrasante. Les locaux devaient décidément ne vivre que le soir et au petit matin. Ils ne croisèrent personne en se dirigeant vers la plage, et celle-ci était déserte. Et magnifique, avec son sable blanc si fin parsemé de quelques coquillages, ses dunes ondulant au vent, sa mer d'un bleu turquoise. Le sable, en revanche, était brûlant, et ils comprirent qu'il valait mieux cheminer sur le sable mouillé, pieds nus dans l'écume. De toute façon, vu la chaleur, il aurait fallu être suicidaire pour s'adonner à autre chose qu'une baignade, aussi Sylvia jeta-t-elle rapidement sa serviette un peu plus loin, sur le sable sec, avant d'ôter ses principaux vêtements qui la rejoignirent aussitôt, et de piquer une tête dans l'eau.
Plus loin, à quelques centaines de mètres, une dune un peu plus haute que les autres plongeait directement dans la mer, leur masquant la vue, mais il leur semblait voir un peu de végétation au-delà.

Ils avaient tout le temps de poursuivre l'exploration et il faisait décidément bien trop chaud pour marcher loin et longtemps. Ils iraient vérifier plus tard cette destination prometteuse mais pour l'heure, voyant que sa fiancée avait envie de prendre un bain, Kasumi ne tarda pas à l'imiter et à plonger à sa suite. L'eau était délicieusement chaude elle aussi et si claire qu'on distinguait sans peine chaque détail des fonds marins. Décidément ces haltes dans les îles du sud réservaient bien des surprises et retrouver le cœur de l'été n'avait rien de désagréable tant qu'il y avait de l'eau pour se rafraîchir.

Ils se baignèrent longtemps, jusqu'à ce que la température devienne plus supportable et qu'ils osent enfin sortir de l'eau. Cette fois-ci, aucun prédateur marin ne vint les déranger, et leur seule mésaventure fut causée par un crabe qui pinça violemment l'un des orteils de Kasumi. Il faut dire que le rôdeur l'avait quelque peu écrasé. Peu à peu, la plage s'était peuplée, envahie principalement par des gosses en quête de jeux, sous la surveillance de quelques adultes. Des pêcheurs, non loin, laissaient glisser leur barque entre les vagues. L'eau était en effet poissonneuse, et ils se retrouvèrent d'ailleurs pris d'assaut par un banc de minuscules poissons avides de venir leur téter les poils des jambes. Cela devait, de loin, ressembler à des vers minuscules.
Le soleil, sous ces latitudes, était traître, et ils se découvrirent alors des brûlures légères, insoupçonnées dans la fraîcheur de la mer, qui les obligèrent, par prudence, à se rhabiller très vite. Ils avaient profité de leur longue baignade pour s'éloigner peu à peu de la ville, et constaté qu'il y avait bien de la végétation au-delà de la grande dune : des palmiers de toute taille, des figuiers, beaucoup de petits buissons épineux également, qui formaient une sorte de petit bosquet très aéré.

Kasumi se souvenait d'avoir emporté un onguent qui leur serait bien utile contre les brûlures mais il l'avait bêtement laissé à l'auberge alors il faudrait attendre le soir avant d'en profiter. D'ici là, il convenait d'être plus raisonnable et de se protéger sous peine de risquer une légère fièvre. L'exploration de la zone de végétation était donc toute indiquée d'autant qu'elle suscitait la curiosité du demi-elfe et constituerait peut-être un excellent lieu de villégiature.

C'était un véritable petit bois qui s'étendait au-delà de la grande dune. Il ne ressemblait à rien de ce que Sylvia connaissait, aussi se montra-t-elle particulièrement intéressée par leur exploration. Il était constitué d'arbres et arbustes dont les essences lui étaient totalement étrangères, et surtout, plantés pour la plupart à plus de dix mètres les uns les autres, offrant un paysage très aéré où l'ombre, finalement, n'était pas majoritaire. Certains palmiers étaient heureusement assez grands pour fournir une ombre appréciable. Ils aperçurent même, un peu plus loin, un hamac de toile installé entre deux d'entre eux, prouvant qu'ils n'étaient pas les seuls à avoir l'idée d'utiliser l'endroit comme lieu de sieste.

Après la longue sieste de début d'après-midi, Kasumi n'était pas enclin à s'adonner à nouveau à ce genre "d'activité" mais il n'y avait pas de mal à se choisir un emplacement pour les jours suivants et l'exploration du bosquet était édifiante en elle-même et constituait une très bonne façon de passer le temps libre dont ils disposaient.

- Ces essences sont très différents de celle que j'aie déjà pu rencontrer, même dans les oasis de l'Anauroch...

" Que devrais-je dire !, s'exclama Sylvia. Moi, les palmiers, je n'en ai vu que dans les gravures que nous présentait Malvina. Mais... c'est exactement comme ça que je les imaginais. Et, tiens, les fruits, dans cet arbre, tu crois que c'est des figues ?"
Elle cueillit les fruits en question, qui s'avérèrent délicieusement sucrés. Ils reconnurent quelques oliviers près de la mer, des cactus plus loin. Rapidement, le petit bois se transforma en une steppe où la végétation se limitait à des arbustes et buissons n'offrant que très peu d'ombre.
Le soleil commençait à décliner, et peut-être était-il déjà temps de rentrer dîner. Ils devaient être à une demi-lieue du village.

Kasumi avait confirmé pour les figuiers et y avait gouté avec délice en se demandant toutefois si ces arbres appartenaient à quelqu'un ou à la communauté et s'ils avaient bien le droit de priver les locaux de leurs fruits. Bon, ils n'en avaient mangé que quelques-uns alors il doutait que cela puisse leur manquer mais il avait tout de même regardé par dessus son épaule pendant que la rôdeuse cueillait histoire d'éviter tous ennuis lors de leur bref séjour : il ne savait rien de la culture locale et cela le rendait un peu nerveux même s'ils se trouvaient en vacances.

Avisant la luminosité qui commençait à baisser et l'air devenant beaucoup plus frais, les deux rôdeurs entreprirent prudemment de s'en retourner vers le village, sans hâte toutefois, et les yeux tournées vers le ciel à l'ouest.

Ils assistèrent à un coucher de soleil magnifique, et purent constater qu'ils n'étaient pas les derniers à rentrer au village : c'était en effet l'heure où les gens du cru profitaient de la fraicheur relative du début de soirée, et la quasi-totalité des habitants du village étaient dehors. La plage, le principal lieu de promenade, était très fréquentée.
Un couple assez âgé, avisant qu'ils venaient de franchir la dune bordant le nord de la plage, vint à leur rencontre, et la femme s'adressa à eux, tout sourires.
" Avez-vous vu notre belle plantation de l'autre côté ? J'espère que vous avez goûté les figues, elles sont délicieuses en cette saison !
- Oui, elles sont très bonnes, confirma Sylvia, pour qui il avait paru tout à fait naturel de se servir ainsi.
- N'hésitez surtout pas à vous servir. Elles sont à disposition de tout le village, y compris de ses invités !", insista l'homme

Kasumi se sentit à la fois un peu bête et soulagé suite à cette conversation et il répondit avec sincérité que la plantation, le figues et la plage étaient vraiment exceptionnels et que cet endroit ressemblait à un vrai petit paradis. Il entendait laisser au couple et à Sylvia l'opportunité de poursuivre la conversation s'ils le désiraient, car - après tout - rien ne pressait vraiment :

- Merci vraiment pour votre accueil : je vis à seulement quelques centaines de lieues d'ici mais j'étais loin de me douter qu'il y avait une île aussi belle de l'autre côté de l'océan.

Le compliment les fit sourire jusqu'aux oreilles. Ils étaient apparemment très fiers de leur île.
" Et encore, vous n'avez rien vu ! Si vous restez quelques temps par ici, vous devriez aller faire un tour vers le centre de l'île. Il y a un volcan. Éteint, paraît-il... Du moins on n'a pas d'éruption à signaler de mémoire d'homme. Mais ça vaut le coup d'oeil : le sol est sombre, il y a des pierres étranges... Mais il faut du temps: c'est à une journée de marche d'ici.
- Bah, ne vas pas leur donner des idées... Ce serait dommage qu'ils loupent le bateau ! Vous venez bien pour le bateau ? Puisque vous dites que vous vivez de l'autre côté de l'océan...
- C'est aussi aride qu'ici, par chez vous ?"

Il aurait tentant de donner suite à la suggestion d'aller voir le volcan mais ce n'était pas raisonnable : ils n'en avaient pas le temps si ce n'est en risquant effectivement de manquer l'arrivée de leur navire. Toutefois, Kasumi entendait bien poursuivre cette agréable conversation :

- Si nous repassons par ici, nous ne manquerons pas d'aller visiter ce volcan : je n'en ai encore jamais vu et je suis certain que le vôtre vaudra le détour. Et pour répondre à votre question, il y a un désert sur la grande île à côté de celle où je vis mais Helonna est beaucoup moins aride : elle compte de grandes forêts, des prairies et des montagnes enneigées l'hiver.

" Ca doit être bien agréable de vivre dans un tel pays...
- C'est surtout que vous devez pouvoir faire pousser tout ce que vous voulez dans vos champs ! Ici, c'est quand même tout de suite plus compliqué...
- Oui, mais au moins, on n'a jamais besoin de chauffage !
- Et qu'est-ce qui vous a amené sur ces terres désolées de l'ouest de Zakhara ? Si ce n'est pas indiscret..."

Kasumi ne voyait aucune raison de ne pas se montrer honnête d'autant qu'il était très fier de sa situation actuelle :

- A dire vrai, je reviens d'une visite dans ma famille et Sylvia a décidé de m'accompagner. Elle et moi avons quitté nos terres natales loin au nord pour nous installer en Helonna. Zakkhara était une étape sur notre route mais il semble que ce soit une contrée pleine de belles surprises. C'est donc un plaisir d'y passer quelques jours avant de poursuivre notre voyage.

" Notre petit comptoir commence à être connu, et vous n'êtes pas les premiers à vous rendre ici pour prendre le bateau. La traversée coûte bien moins cher que depuis la côte des épées...
- Oui, enfin, ça n'arrive tout de même pas tous les jours, corrigea sa femme. Le seul moyen autre que le bateau d'arriver ici est la téléportation, et ça nécessite de connaître un mage qui soit lui-même venu ici...
- Il y a aussi quelques aventuriers qui viennent ici par l'est, parfois en passant par Karatur. On a eu, l'année dernière, un certain Philéas, un rôdeur qui faisait le tour du monde en passant par tous les continents connus. Une histoire de record à battre, je n'ai pas vraiment compris...
- Mais si vous êtes ici pour deux ou trois jours encore, n'hésitez pas à venir prendre le thé à la maison. C'est la dernière en partant vers le nord... donc la première devant laquelle vous allez passer en revenant ce soir. Enfin, si vous passez par la petite route et non par le front de mer...

L'histoire de l'explorateur l'avait amusé et il était impatient de partager d'autres anecdotes aussi la proposition lui fit plaisir. L'invitation ne pouvait de toutes façons pas décemment être refusée d'autant que le courant passait plutôt bien avec le couple de locaux. Il répliqua donc avec enthousiasme :

- Nous viendrons avec plaisir ! C'est très gentil à vous de l'avoir proposé.

Pour l'heure cela dit il était sans doute temps de s'en retourner vers le village justement : nul doute que l'auberge y était plus animée une fois le soir venu.

L'auberge, effectivement, était comble, et l'animation qui y régnait tranchait fortement avec l'atmosphère de la matinée. Certes, il n'y avait nul barde, conteur ou musicien : on était dans une petite bourgade. Mais les conversations allaient bon train autour des tables, et les deux rôdeurs durent se rendre à l'évidence : celles-ci étaient toutes prises.
" Ah, voici nos clients, s'exclama l'aubergiste, en les apercevant alors qu'ils cherchaient des yeux un endroit où s'asseoir. Ne bougez pas, j'apporte une petite table de plus !"
Et il s'en fut dans la pièce voisine pour reparaître aussitôt, leur dressant rapidement un couvert pour deux sur une table minuscule.
" Ma table des amoureux, expliqua-t-il. Exclusivement réservée aux voyageurs de passage : les autres ont plus ou moins leurs habitudes... mais de toute façon, si je l'avais sortie plus tôt, elle serait prise ! Allez, installez-vous, je suis à vous dans une minute ! Je vous amène un apéritif ?"

Kasumi accepta l'apéritif avec enthousiasme puis adressa un sourire à Sylvia et l'aida galamment à s'asseoir en lui tenant la chaise. Il s'installa à son tour et posa sa main sur la sienne avant de déclarer d'une voix suave :

- Puisque que c'est la table des amoureux, je ne voudrais surtout pas dénoter dans le décor alors je vais devoir jouer le rôle du fiancé transi d'admiration et de bonheur, j'en ai peur ! Cela dit, je ne crois pas que ça me sera très difficile, belle voyageuse.

" Et moi, je suis sensée papillonner des yeux et rire à la moindre de tes réflexions ? Quelque chose comme ça ?", s'exclama Sylvia en riant.
Mais l'aubergiste revenait déjà vers eux, coupant court à leur discussion.
" Au menu de ce soir, vous avez le choix entre le pavé de saumon à l'oseille, accompagné de blé germé, ou une spécialité locale, une sorte de galette aux légumes et aux épices. Un peu fort peut-être pour des palais qui n'y sont pas habitués... J'ai vu à midi que vous n'étiez pas très habitués aux épices, c'est pour ça que j'ai tenu à proposer au moins un plat qui convienne à vos estomacs.
- Le saumon, pour ma part", répondit Sylvia.

Kasumi se tourna à son tour vers l'aubergiste et répondit naturellement :

- Ce n'est pas que je n'aime pas votre cuisine locale mais j'adore vraiment le saumon et je vous remercie d'autant plus de l'avoir mis au menu de ce soir.

Quand il se fut éloigné, il adressa un sourire ravi à sa compagne et ajouta, sérieux :

- En tous cas, cela me fait tout bizarre de me retrouver ainsi dans cette contrée exotique, à partager un bon repas avec toi dans une auberge. C'est un peu grisant comme sensation.

Sylvia sourit.
" Ça fait un peu... voyage de noce avant l'heure tu veux dire ? En tout cas, c'est bien agréable. Et il faut qu'on en profite, parce qu'à mon avis, une fois sur le bateau, on va regretter la bonne cuisine, le lit moelleux et la liberté d'aller où bon nous semble ! J'appréhende un peu le voyage, je dois dire. Comment as-tu fait, la première fois que tu as allé sur ces continents ? Tu as eu trois ou quatre mois de bateau, si je comprends bien ?"

Il sourit, ravi de la mention d'un voyage de noces qui le renvoyait à ce bouleversement heureux dans sa vie. Mais il sentait surtout que Sylvia avait besoin d'être rassurée :

- Ce n'était pas très facile car j'étais seul alors. Mais je me suis occupé à certaines tâches sur le navire pour passer le temps. Ce sera tout à fait différent cette fois : nous serons deux - enfin trois puisqu'il y aura Vif-Argent - et la traversée sera bien plus courte si j'ai bien compris : à peine deux ou trois semaines. Si ça peut t'aider, je peux me proposer aux cuisines pour agrémenter tes repas et aussi ça ne me dérange pas du tout de servir d'oreiller moelleux pour augmenter le confort de tes nuits !

Sylvia sourit.
" Tant que tu ne te propose pas comme oreiller pour le confort des nuits des autres passagères ! Cela dit, j'imagine que c'est surtout un milieu masculin, et donc je ne risque pas grand-chose de ce côté-là..."
L'aubergiste revenait, porteur de deux larges coupes remplies d'une sorte de salade de fruit rouges alcoolisées... ou plutôt d'un alcool versé sur un lit de fruits. L'apéritif était léger, sucré, légèrement pétillant sous la langue, et visiblement très apprécié vu la consommation qu'on en faisait aux tables voisines. Des olives et fruits secs l'accompagnaient.

Kasumi ne manqua pas de remercier l'aubergiste : l'apéritif avait l'air tout à fait délicieux mais avant de le goûter, il leva sa coupe pour trinquer avec Sylvia et lui adresser un clin d'œil :

- A nous deux et à nos futures escapades !

Après y avoir gouté, il ajouta d'un ton doux :

- Et tu n'as vraiment pas à t'inquiéter puisque quel que soit le nombre de passagère sur le navire, tu seras toujours la plus belle et de loin !

Le repas se déroula dans une ambiance conviviale et bon enfant. Une fois ou deux, d'autres convives vinrent s'enquérir de leurs projets, de là d'où ils venaient et de là où ils allaient, sans insistance déplacée. Une simple curiosité envers l'étranger de passage.
Le saumon s'avéra délicieux -même s'il était moins bien cuisiné qu'à le Bienveillance-, et la veillée se prolongea un moment. Les convives étaient nombreux, même si nombre d'entre eux ne faisaient que boire et grignoter de petits amuse-gueules, et l'aubergiste prenait son temps pour circuler d'une table à l'autre, bavardant au passage avec chacun. C'est ainsi que le dessert fut servi à une heure avancée de la nuit, alors que l'auberge commençait à se vider. Il était grand temps de dormir.

La Couronne de Cuivre

[Quête]Voyage d'Hélonna à Everaska (quête : Racines)