La Couronne de Cuivre

[Quête : L'Ascension]

-Comment je suis devenu ce que je suis ? Et bien, j'aurais du mal à le dire avec certitude. Mon enveloppe charnelle a péri de façon assez... brutale, disons, et pour autant que je sache, c'est le cas de la majorité des fantômes. Cependant, comme tous ceux qui meurent brutalement ne deviennent pas des spectres, j'aurais tendance à penser que mon indéfectible attachement à l'existence terrestre a également joué un rôle. Quoi qu'il en soit, tout cela ne me permet pas de répondre à votre deuxième question, celle sous-entendue par la première : si vous deviez trépasser en ouvrant le coffre, rien n'indique que vous ne deviendriez pas comme moi, et rien n'indique que vous deviendriez comme moi. Bref, c'est un mystère complet... Ceci dit, il existe bien des moyens d'être ramené à la vie sous une forme ou sous une autre, voire d'être tout simplement ressuscité si l'on connaît des amis prêts à effectuer les démarches nécessaires.
Il croisa les bras.
-Pour en revenir à notre insoluble problème... Je comprends votre hésitations et serais bien mal placé pour les critiquer. Toutefois, vous devez tenir compte du fait que, dans tous les cas, votre décision sera asée sur des hypothèse : je doute en effet que le sieur de Gristertre se fende d'affirmations catégoriques. Mais il s'agit d'un choix trop crucial pour que je prenne la responsabilité de vous conseiller, de vous pousser en un sens : je ne fais qu'émettre un avis, lequel vaut ce qu'il vaut.

La décision était effectivement cruciale et l’élu divin savait au fond de lui qu’attendre l’avis de Gristertre ne faisait que retarder l’échéance et tergiverser davantage. Il s’éloigna du fantôme et prit quelques minutes pour réfléchir à cette décision cruciale, pesant les arguments et les implications possibles de l’un des choix les plus importants de son existence. Oui, il était proche de la mort – selon toutes les acceptions possibles de l’expression – et c’était sans doute son destin, un signe de son dieu et de sa foi. Une foi intimement liée à son existence même et à tout ce qu’il représentait de par sa vocation. Velsahroon n’était pas un dieu enclin à pardonner les erreurs mais chercher à acquérir un pouvoir lié à la mort en son nom ne pouvait pas être assimilé à une erreur. A l’inverse d’éviter de le faire par crainte… Sans un mot, il s’approcha du nécromancien et demanda également au fantôme de venir pour être témoin :

- Asmodeus sait qu’une résurrection coûte un prix exorbitant que votre groupe n’est certainement pas prêt à prendre en charge. Cependant, comme il lui revient une partie du trésor de la liche, il est prêt à y renoncer si vous lui donnez votre parole de consacrer sa part à le ranimer si sa tentative d’ouvrir le coffre devait échouer. Si vous faites cette promesse, Asmodeus tentera de découvrir les mystères du coffre, pour le profit de tous. Etes-vous d’accord ?

Cela imposait de leur faire confiance ce à quoi l’élu divin n’était pas habitué d’autant que leur collaboration était toute récente et que c’était tout de même sa vie qui était en jeu. Cependant, il se sentait prêt à accorder ce bénéfice au fantôme qui n’avait du reste pas grand-chose à perdre en cherchant à le trahir.

[Quête : L'Ascension]

Wilhelm plissa le front.
-Je vais être franc : si vous me demandez de vous faire ressusciter, je ne puis vous promettre de le faire, car cela me poserait un problème moral : cette pratique est plutôt contraire à mes principes et surtout à ma foi... Vous ranimer, en revanche, sous forme de mort-vivant, d'un mort-vivant évidemment doté de conscience et de libre arbitre, cela ne me dérangerait nullement. Néanmoins, je vous invite à bien réfléchir avant d'ouvrir ce coffre : c'est un choix lourd de conséquences.
Ebenezer avait l'air amusé.
-M'est avis qu'il y a tout ce qu'il faut ici pour faire de vous une momie : ainsi les bandelettes complèteraient-elles à merveille les oripeaux dont vous êtes déjà revêtu, dit-il d'un ton joyeux. Néanmoins, la résurrection ne me pose personnellement pas le moindre problème, et je puis vous assurer que quelle que soit la forme sous laquelle, le cas échéant, vous préférez revenir, je veillerai à ce que vos volontés soient exaucées : vous me devez pas mal de services, vous savez, et les dettes se doivent d'être honorées !

Dans cette affaire, il était tout de même notable qu'Ebenezer cherchait à le pousser à un acte d'audace tandis que Wilhelm l'incitait au contraire à la plus grande prudence. Sa vie était en jeu bien sûr - et peut-être même son existence entière quoiqu'en disent ses deux alliés - mais, étrangement, le coffre exerçait sur lui une telle fascination qu'il se sentait presque l'obligation de prendre l'initiative de l'ouvrir. Et si Wilhelm ne lui devait rien, il était vrai que le fantôme avait tout intérêt à le voir ranimé s'il venait à trépasser dans sa tentative.

- Vous devoir la propre vie d'Asmodeus risque d'être une dette difficile à rembourser, lord Ebenezer. Cela dit, en quoi seriez-vous l'un ou l'autre capable de ramener Asmodeus ? A simple fin de nourrir ses réflexions, bien entendu.

Il était vrai que son enveloppe charnelle n'avait toujours été qu'un handicap durant toute sa vie. Cependant, il y avait bien des formes plus limitées encore qu'un corps humain dysfonctionnel.

[Quête : L'Ascension]

-Que ce soit grâce à mes propres pouvoirs ou par l'entremise de certains parchemins dont notre culte dispose, je pourrais vous ramener sous à peu près n'importe quelle forme mort-vivante matérielle ou immatérielle. répondit Wilhelm, hésitant. Il n'y a guère que celles de vampire ou de momie qui soient hors de ma portée.
-Pour la momie, m'est avis qu'il y a tout le nécessaire ici.
-Peut-être. Mais, Asmodeus, à moins que vous ne ressentiez quelque chose que vous puissiez identifier avec certitude comme un signe, un appel de votre dieu, je vous engage à la prudence : prenez le temps d'y réfléchir, d'en discuter avec notre chef... Tout cela n'a rien d'anodin.
-D'un autre côté, il faut parfois saisir les opportunités quand elles se présentent, sous peine de les regretter amèrement... fit Ebenezer d'un air dégagé. En tout cas, en ce qui me concerne et si vous n'êtes pas trop pressé, car il me faudrait résoudre quelques petits problèmes pratiques cependant sans gravité, je pourrais organiser votre résurrection.

La décision n'était évidemment pas anodine et y avait-il suffisamment réfléchi ? En toute autre occasion, il aurait certainement fallu des jours sinon des semaines à l'élu divin pour peser le pour et le contre et parvenir à en prendre une. Mais les circonstances étaient exceptionnelles : il venait de rencontre un être d'une puissance incommensurable mais qui avait fini par tomber face à la détermination et au surnombre de ses ennemis. Il avait toujours en tête son étrange rencontre qui l'avait mené jusqu'à la secte de Gristertre et il ne pouvait qu'y voir un signe de son dieu. Un signe qu'il avait une tâche essentielle à accomplir. Une tâche à sa mesure qu'il était presque certain de n'avoir pas pleinement exécutée au cours des dernières heures.

Ebenezer avait raison : il avait une occasion unique et la laisser passer pourrait lui coûter bien plus encore que ce qu'il risquait en la saisissant. Il se tourna vers ce dernier après s'être excusé auprès de Wilhelm :

- Asmodeus doit en avoir le cœur net : il a le sentiment que ce coffre lui est destiné. il faut qu'il essaie au moins d'en percer la nature en le touchant. Si vous devez en arriver à de telles solutions, la non mort ne lui fait pas peur car il y a consacré l'essentiel de sa vie. Il apprécierait toutefois que vous cherchiez à contacter son esprit s'il venait à être tué.

[Quête : L'Ascension]

Le mage soupira.
-Je réitérerais bien mes appels à la prudence mais... je constate que c'est inutile. Alors soit : vous êtes maître de votre destin et je ferai comme vous le souhaitez. Néanmoins, j'espère que vous ne m'en voudrez pas de ne pas rester dans la salle du trésor quand vous toucherez le coffre : je ne puis me permettre de prendre des risques.
-Je resterai, pour ma part, fit Ebenezer. S'il se passe quelque chose de néfaste, je doute que cela affecte un fantôme !

L'élu divin tendit une main au nécromancien et lui répondit assez solennellement :

- Asmodeus a été honoré de faire équipe avec vous. S'il n'en a pas l'occasion, remerciez aussi maître De Gristertre de sa part, il vous prie.

Il ne prolongea pas ces adieux qui avaient peu de chance d'être définitifs et se tourna à nouveau vers le fantôme :

- C'est très aimable à vous, Lord Ebenezer, d'accompagner Asmodeus dans sa tentative.

Sans doute était-ce de la curiosité mais cela réchauffait tout de même le cœur de ne pas risquer sa vie en étant seul.

[Quête : L'Ascension]

Le nécromancien serra la main tendue, lui souhaita bonne chance puis se retira.
Et il n'y eut plus qu'Asmodeus et Ebenezer dans la salle du trésor.
-Quel suspens ! lança joyeusement le spectre.
Il n'ajouta rien et le silence s'installa, seulement troublé par le crépitement du flambeau laissé derrière lui par Wilhelm.
Lorsque l'élu divin posa les mains sur le coffre, il éprouva une étrange sensation. Pas désagréable, non. Juste étrange.
Puis, sans qu'il eut besoin de rien faire d'autre, l'objet s'ouvrit.
Asmodeus aperçut des rouleaux de parchemin, un médaillon. Et puis...
Et puis...
Un vent glacial se leva, balayant la pièce.
Souffla la torche.
Noir.
Une voix résonna sous les voûtes de pierre.
Ou seulement dans sa tête.
La mort n'est que le commencement...
Une violente douleur lui déchira le flanc.
Déchira tout son corps.
Noir.
Douleur.
Il se sentit choir.
Se sentit percuter rudement le sol de la chambre.
Noir.
Douleur.
Froid.

Plus rien.

Combien de temps cela dura-t-il ?
Un instant ?
Une heure ?
Un millénaire ?
Il n'aurait su le dire.
Mais il finit par revenir à lui.
Il ne ressentait plus ni douleur, ni froid.
Et il ne faisait plus noir.
Point de source de lumière, pourtant.
Sous lui, autour de lui, au-dessus de lui : de la pierre.
Il était allongé dans un espace confiné, fermé.
N'eut été la matière, il aurait pensé à un cercueil.

Il peinait à rassembler ses pensées comme si ses souvenirs appartenaient à une autre existence ou à une autre personne. Et pourtant...

Il se souvenait avoir ressenti un instant de triomphe quand le coffre s'était ouvert à son simple contact comme s'il n'avait attendu que lui. Puis tout avait chaviré et il avait perdu connaissance sinon plus. Et maintenant...

Il ne se sentait pas diminué ou faible. Non, il ne ressentait plus les limites qui avaient toujours freiné ses capacités. Il se sentait simplement à son aise. Même s'il se trouvait manifestement enfermé dans un sarcophage ou quelque chose d'équivalent. Le fait de pouvoir voir l'empêchait en outre de ressentir un quelconque effet de claustrophobie. Il chercha à prendre la mesure de la réalité dans laquelle il s'était réveillé. Pouvait-il entendre des sons, sentir des odeurs ?

[Quête : L'Ascension]

Lorsqu'il inspira, il perçut une entêtante odeur d'épices.
Lorsqu'il bougea, il perçut le frottement de ses vêtements contre le pierre.
Il remarqua, au passage, qu'il portait la splendide robe dont il s'était revêtu peu de temps avant de tenter d'ouvrir le coffre.
Il remarqua, aussi, que ses mains avaient un aspect étranges.
Elles semblaient...
Elles semblaient momifiées.

Asmodeus contempla ses mains avec une certaine fascination. Il fit jouer ses doigts et sentit qu’ils étaient un peu roides et pourtant il s’en dégageait un sentiment de force et de puissance qu’il n’avait jamais ressenti de sa vie. Se pouvait-il…

Il lui semblait que son cerveau réagissait un peu plus lentement pour analyser la situation pour le moins étrange à laquelle il était confronté. Et pourtant les signes étaient faciles à déchiffrer. Etait-il en train de rêver ? Cela ne lui arrivait pas souvent pourtant. Il devait tenter de s’en assurer et son premier mouvement fut d’appeler la dernière personne dont il se souvenait avoir été à ses côtés :

- Lord Ebenezer ? Etes-vous visible ?

Une sorte de blague qu’il avait toujours voulu oser sans jamais en trouver l’occasion. Il tendit une main pour la poser contre la paroi de pierre qu’il voyait devant lui et y exercer une légère pression, comme s’il avait besoin d’appréhender son espace confiné et d’éprouver la force qu’il sentait latente dans son corps.

[Quête : L'Ascension]

Sa voix résonna étrangement à ses oreilles. C'était la sienne, indéniablement, mais... différente, sans qu'il puisse exactement dire pourquoi.
Il n'obtint aucune réponse, ni du fantôme, ni de personne d'autre : soit on ne l'avait pas entendu, soit il n'y avait personne à proximité.
En revanche, il perçut le son de la pierre raclant contre la pierre. La paroi qui le surmontait n'était autre qu'une manière de couvercle et, plus incroyable encore, malgré sa lourdeur, il était parvenu à le faire légèrement bouger...

Asmodeus fronça les sourcils - ou tenta en tous cas de le faire - car en temps ordinaire, il ne serait même pas parvenu à faire bouger un couvercle de cette taille même s'il avait été en bois. L'élu divin commençait à nourrir de sérieux doutes concernant son état ou le fait qu'il puisse rêver. Il fit une nouvelle tentative en poussant cette fois plus fort, augmentant progressivement la pression jusqu'à sentir le couvercle de pierre bouger visiblement. Il devait découvrir ce qui se passait, confirmer les hypothèses naissantes mais aux implications incommensurables.

[Quête : L'Ascension]

Il lui fallut forcer, il lui fallut du temps, mais il parvint à soulever le couvercle, à le faire reposer sur les bords du sarcophage et à le faire glisser de côté, ménageant ainsi une ouverture assez large pour qu'il puisse en émerger..
Lorsqu'il se fut redressé, il découvrit, plongée dans l'obscurité mais cependant bien visible, la majestueuse salle qui, selon toute apparence, avait jadis servi de chambre à coucher à la momie chargée de veiller sur ce vaste sanctuaire...

Depuis son réveil, il n'avait pas douté un instant se trouver en ce lieu précis, il s'en rendait maintenant compte. Quant à savoir comment cela avait pu arriver et ce qui s'était produit depuis son dernier souvenir, il avait grand besoin d'indices sinon de réponses. Il prit néanmoins le temps de se regarder, des mains aux pieds, après avoir quitté le sarcophage où il reposait jusque-là. Pour prendre conscience de son état, en mesurer les limites et, quand il serait prêt l'intégrer comme allant de soi peut-être. Mais il était encore loin d'en être là.

[Quête : L'Ascension]

Pour autant qu'il puisse en juger, momifié, il l'était des pieds à la tête. Et ça n'était pas là la seule modification apportée à son apparence : s'il était toujours vêtu comme lors de son ultime séjour dans la salle du trésor, il portait désormais, suspendu à son cou, le médaillon qu'il avait entrevu dans le fameux coffre...
En regardant autour de lui, il ne vit personne : les lieux étaient déserts. En revanche, il aperçut un morceau de papier déposé bien en évidence près du sarcophage. Il s'agissait d'un bref message, rédigé d'une écriture des plus élégantes.

Cher Asmodeus,

Si je ne suis point présent à votre réveil, c'est que l'attente a été par trop ennuyeuse et que je suis allé me distraire un moment. Néanmoins, n'ayez crainte : je serai bientôt de retour et vous expliquerai ce qui s'est passé.

Dans l'attente de nos retrouvailles, je vous souhaite bon retour parmi nous.

Amicalement.

Lord Ebenezer.

PS : Et non, tout cela n'a rien d'une blague !

Si c'en était une malgré tout, elle était très, très bien mise en scène.

Non, cela n'avait rien d'une plaisanterie : il le sentait dans ce corps qui n'était plus perclus de douleur comme il aurait dû l'être, surtout après un séjour allongé sur de la pierre. Il se sentait différent, plus vif qu'il ne l'avait jamais été de son vivant. Curieuse pensée de se savoir ne plus l'être. L'élu divin - car il pouvait toujours se définir ainsi - reposa le mot à son emplacement et fit quelques pas dans le sanctuaire avant d'examiner de plus près le pendentif qu'il avait découvert autour de son cou.

[Quête : L'Ascension]

A n'en pas douter, il s'agissait d'un bijou d'une grande antiquité. Il était d'or, tout comme la chaîne au bout de laquelle il pendait, et sur l'avers, entouré de runes finement ciselées, figurait un crâne couronné dont les orbites n'étaient point vides mais bien occupées par deux petits rubis superbement taillés. Deux petits rubis d'où, du moins en eut-il l'impression, émanaient une très légères luminescence... L'ensemble était proprement fascinant. Et fort symbolique, aussi...

Une œuvre qui rendait parfaitement hommage à Velsharoon et à tout ce qu'il représentait. Asmodeus sourit - en tous cas ce qui s'assimilait à un sourire compte tenu de son état particulier. Il faudrait qu'il remercie Lord Ebenezer pour lui avoir confié ce bijou - et sans doute pour d'autres choses encore - mais pour l'heure, il se sentait plus enclin à adresser une prière fervente à sa divinité tout en se demandant depuis combien de temps il n'en avait pas eu l'occasion. Pour cela, il s'approcha de l'autel du petit temple et ploya un genou, éprouvant la souplesse de son corps.

[Quête : L'Ascension]

Il pria longtemps. Peut-être plus longtemps que jamais auparavant. Il faut dire qu'il se sentait bien et que si les lieux demeuraient déserts, il avait l'impression de ne pas y être tout à fait seul. Comme si était présente une parcelle de l'être à qui le temple était dédié.
Ou de l'être qu'il priait.
Après un temps indéterminé, il crut cependant apercevoir, du coin de l’œil, une vague lueur blafarde. Se retournant, il découvrit Ebenezer, debout à l'entrée du sanctuaire.
-Ah, enfin debout ! s'exclama le spectre. Dites donc, vous n'étiez vraiment pas pressé de vous réveiller !

Asmodeus se sentait parfaitement serein et cela avait tout de même un côté étrange étant donné l'énorme bouleversement qu'il avait subi. Il se tourna vers le fantôme, soulagé d'avoir enfin accès à des réponses mais surtout ravi d'avoir une si agréable compagnie.

- Lord Ebenezer ! C'est un plaisir de vous revoir ! Asmodeus ne saurait toutefois pas dire à quand remonte la dernière conversation qu'il a eue avec vous. Mais nul doute que vous saurez le renseigner.

[Quête : L'Ascension]

-Oh, et bien... Ladite conversation remonte à une semaine.
Il sourit.
-Les parchemins décrivant le rituel... ceux qui se trouvaient dans le coffre que vous êtes parvenu à ouvrir... n'étaient pas très précis quand au temps qu'il vous faudrait pour vous réveiller une fois l'opération terminée : apparemment, cela peut varier d'un sujet à l'autre. Mais plus les jours passaient, plus je me demandais si quelque chose n'avait pas cloché. Je suis heureux de constater qu'il n'en est rien.

Ainsi donc cela venait confirmer ce à quoi il s'attendait : que le fantôme avait tenu sa parole en le ranimant. Mais il y avait encore beaucoup de lumière à faire sur cette affaire et Asmodeus l'invita à poursuivre ses explications :

- Asmodeus en est le premier heureux et il semblerait qu'il ait contracté une nouvelle dette à votre encontre. Pouvez-vous lui raconter ce qui s'est passé après l'ouverture du coffre ? Lui-même ne se souvient que d'être tombé inconscient puis de son réveil. Non pas que ce soit une mauvaise chose en soit, il suppose.

[Quête : L'Ascension]

-Hum, en réalité, vous n'êtes pas tombé inconscient : vous êtes tombé... raide mort. Et si l'on tient compte de ce qui vous est arrivé ensuite, ce n'est pas une mauvaise chose, effectivement. Sinon, vous auriez vécu des moments... douloureux.
Une pointe d'embarras était perceptible dans son ton globalement badin.
-Après l'ouverture du coffre a soufflé ce que je qualifierai de vent d'outre-tombe, a résonné une voix sépulcrale affirmant que la mort n'est que le commencement, a retenti, enfin, le bruit de votre chute. Après avoir rallumé notre torche, Wilhelm et moi n'avons pu que constater votre trépas, ce qui n'a pas manqué de nous laisser perplexes : puisque votre tentative avait manifestement été couronnée de succès, pourquoi aviez-vous perdu la vie si subitement et d'une si étrange manière ? La réponse, nous l'avons peu après découverte dans ce fameux coffre. Il contenait, entre autres, des parchemins décrivant très précisément un long et complexe rituel de momification. L'ensemble était rédigé en langue commune, selon toute vraisemblance de la main du défunt maître des lieux qui, dans un intéressant préambule, expliquait que si quelqu'un parvenait à triompher des défenses magiques protégeant ce document, il succomberait et devrait être soumis audit rituel, afin de prendre la place que lui-même n'était plus en mesure d'occuper.

Voilà qui expliquait effectivement beaucoup de choses et corroborait une partie de ses propres constatations. L’élu divin se fit songeur avant de partager ses pensées avec Ebenezer tout en réfléchissant à voix haute :

- Voilà qui était très prévoyant de la part de la momie qui protégeait ces lieux ! Il préparait en quelque sorte sa succession… Il est en tous cas heureux qu’Asmodeus se soit montré digne de l’ouverture du coffre sans quoi il serait probablement simplement trépassé lors de sa tentative…

Il marqua une pause, regarda un peu plus intensément le fantôme puis ajouta d’une voix satisfaite :

- Asmodeus a entendu la même phrase au moment du trépas de la momie alors il s’attendait à ce genre de phénomène. Avec le recul, il pense que c’était une excellente décision et il vous remercie de l’avoir poussé à la prendre. Et s’il en croit vos paroles, il se retrouve avec la charge de veiller sur ces lieux.

Il balaya la salle du regard avec une certaine satisfaction : il s’était tout de suite senti chez lui dans cet endroit, comme s’il y avait été prédestiné.

[Quête : L'Ascension]

-D'abord, si vous aviez été tué par les pièges et non par... une intervention extérieure, disons, nous vous aurions également ramené : nous nous y étions engagés, après tout, et comme je vous avais pour le moins encouragé à aller de l'avant... Bref. Mais nous ne vous aurions pas ramené sous cette forme : j'avais beau plaisanter sur la momification, nous n'aurions jamais été en mesure de la réaliser comme il convient, c'est-à-dire en nous assurant de votre retour, sans le rituel découvert à point nommé. Lequel rituel allait d'ailleurs plus loin qu'une simple momification... En effet, vous ne vous trompez pas en pensant que ces lieux sont à présent à votre charge : il existe désormais un lien entre eux et vous, un lien... viscéral, oui, je crois que c'est le terme approprié. Enfin, vous en saurez davantage en consultant les parchemins et divers autres ouvrages de la... de votre bibliothèque.
Il sourit.
-En tout cas, je suis ravi que vous preniez bien votre... transformation. D'autant que si elle avait provoqué votre ire, ça n'aurait pas été beau à voir. Car mon ami, sauf votre respect... Vous êtes maintenant beaucoup, beaucoup plus puissant que de votre vivant !

HRP : Asmodeus est désormais une momie auguste avec la classe de prestige "Gardien mortuaire", ce qui fait de lui une Légende des Royaumes. Toutes mes félicitations !

Beaucoup plus puissant que de son vivant ? Il n'avait pas encore envisagé les choses sous cet angle même s'il avait été tout de suite manifeste qu'il avait gagné en force et en résistance physique. Quant à bien prendre sa transformation, comment en serait-il autrement alors qu'il avait toujours dû s'adapter à un corps imparfait et mourant qui le bridait en toutes choses ? Non, il y avait vraiment toutes les raisons de se réjouir de sa nouvelle condition et il répondit d'un ton presque guilleret :

- Asmodeus a dans l'idée qu'il vous en faudrait bien plus pour renoncer à lui demander le remboursement de sa dette ! Du reste, il vous doit beaucoup, c'est certain. Mais il est avant tout curieux de savoir ce que sont devenus Wilhelm et les autres. Avez-vous des nouvelles d'eux ? Et de leurs projets ?

-Et bien, déjà, lorsque le rituel nous est apparu dans toute sa complexité, lorsqu'il est devenu évident que des compétences cléricales nous seraient indispensables pour l'exécuter correctement, Wilhelm a sollicité l'aide du sieur de Gristertre, lequel a accepté de nous prêter main forte : cela lui rappelait le bon vieux temps, ce qui n'était pas pour lui déplaire, comme n'était pas pour lui déplaire le fait de réduire à néant les efforts des Kelemvorites en rendant un gardien à ce sanctuaire. Ensuite, nos Myrkulites ont regagné leur base sans rien emporter de votre trésor : ils jugeaient malséant de se servir alors que vous n'étiez pas en état de donner votre aval. M'est avis qu'ils ne tarderont pas à reprendre contact avec vous et pas seulement pour demander leur part : avoir de bonnes relations de voisinage est toujours utile !

Asmodeus était pleinement satisfait de la tournure des événements et de l’implication de la secte dans sa transformation. Gristertre lui avait en outre témoigné un respect bienséant et prometteur pour leurs futures relations : c’était là une attitude habile et intelligente qui donnait envie à l’élu divin de poursuivre leur collaboration. Il abonda donc dans le sens du fantôme en répondant avec sincérité :

- Il plait à Asmodeus de pouvoir continuer à travailler avec eux et nul doute qu’il y aura bien des occasions de le faire avec des menaces comme celles que représentent les Kelemvorites. Mais vous avez signalé tout à l’heure qu’Asmodeus a gagné en pouvoir et qu’il est maintenant lié à ce lieu : il va avoir besoin d’un peu de temps et de recherches pour intégrer ces données et apprendre à maîtriser les capacités dont le rituel l’a doté. Quant au trésor, il parait convenable que les justes efforts de tout un chacun soient dûment récompensés : les bons comptes font les bons amis comme on dit !

La Couronne de Cuivre

L'antre d'Asmodeus