La Couronne de Cuivre

"Dans mes bras mon garçon" s'écria l'homme, joignant le geste à la parole, comprimant le matou contre son opulent bedon.

"Oh oui, à cela se joindront l'aide à la cuisinière, un coup de main à la femme de chambre et un autre à la garde d'enfant. J'ai deux petites filles, Mya et Coraline qui ont comme qui dirait besoin d'être un peu surveillées. Elles sont plutôt ... vives ... Et il y a bien sûr Nils. Quel brigand celui là. Il est pire que les deux réunies. Oh, il y a bien sûr Bellatrix, ma nièce fraîchement débarquée à Manost. Heureusement, elle n'est pas tout le temps à la maison. Au fait, vous n'auriez pas croisé Nils ? Grand pour son âge, les cheveux bruns en bataille, des tâches de rousseur ? Non ?"

"-Hum, non je n'ai croisé aucun garçon correspondant à cette description..."

Tul était encore sous le choc de ce que venait de lui dire son nouvel employeur. L'attitude du jardinier était on ne peut plus compréhensible en fin de compte. Ce type ne doutait de rien, et il était probable qu'il paye très peu. Dès que le problème de Nils serait résolu, il trouverait un prétexte pour partir et ne plus revoir cet homme.

Il renonça du même coup à s'investir complètement dans sa tâche de jardinier, il ne bâclerai pas le travail, mais ne mettrai pas de soin particulier dans cet ouvrage.

D'ailleurs il commençait à douter que Nils mérite de retrouver forme humaine. Il aurait tout de même pu le mettre en garde contre son père ou ce qui l'attendait. Si ses soeurs étaient de la même trempe que ce dernier, il aurait probablement du mal à ne pas craquer. Tul comptait d'ailleurs bien avoir une petite discussion avec Nils sur l'ensemble de cette affaire.

"- Et... quand souhaitez-vous que je commence?"

L'homme fit mine de réfléchir.

"Hé bien, le dicton dit : ne commence pas demain ce qui peut être fait aujourd'hui. Je proposerais donc que vous commenciez maintenant. Si vous avez quelques affaires, vous pouvez les chercher. Je vous donne une petite heure. Bien sûr, vous pourrez emmener votre chat avec nous. Mais ne le laissez surtout pas seul en cuisine. Notre cuisinière fait un peu n'importe quoi avec la viande"

"-Très bien, dans ce cas-là je vais me préparer tout de suite. Je reviendrai dans moins d'une heure", dit-il en inclinant légèrement la tête en avant dans un signe de respect. Mais ce personnage était vraiment détestable. Il commença à s'éloigner de la propriété, en tournant le dos au père de Nils
Maintenant il lui fallait quelques outils pour paraître un rien crédible. Se rappelant qu'il se devait de demander des explications à Nils il lui murmura:

"Tu n'es pas très coopératif l'ami, j'essaie de t'aider et tu me donnes des onformations très incomplètes à chaque fois. Maintenant, j'aimerai que tu sois un peu plus franc et que tu me dises exactement ce à quoi je dois m'attendre et ce que tu me demandes de faire une fois dans ta maison."

Le chat Nils cracha et se roula en boule.

"Pardonne-moi, souffla-t-il, je ne m'étais pas vraiment rendu compte de sa façon d'être avec les étrangers. Oh, ça me surprend pas mais je ne savais pas à quel point il était comme ça. En plus, j'aimais bien le jardinier. A la rigueur, je ne sais pas si j'ai envie de redevenir leur petit garçon. Dis, tu m'adopterais toi ? Miaouuuuuuuuu"

"-Nils, est-ce vraiment toi ou est-ce que c'est l'instinct qui a de plus en plus prise sur toi? Je ne suis pas sûr que te laisser comme ça soit forcément une bonne idée, même si je pouvais t'emmener avec moi."

Tul soupira; l'affaire semblait se compliquer à chaque seconde qui pasait...ou bien le choix de Nils était-il purement réfléchi? Cela aurait en tout cas l'avantage de lui éviter les corvées, mais il n'était pas sûr de pouvoir s'occuper d'un chat alors qu'il ne disposait ni d'une habitation ni d'une grande réserve d'argent.

Nils garda le silence pendant quelques secondes et Tul sentit qu'il était peiné. Puis, il reprit brusquement la parole.

"Alors, retransforme moi en petit garçon, il doit bien y avoir un autre moyen que de passer par ma tante. Après, je pourrai m'en aller. Etre un chat, ce n'est pas pratique. Je suis grand maintenant. Et si tu m'aides à me transformer, je pourrai me débrouiller. Allez, dis oui"

Tul réfléchit un court instant à la question; bien qu'il n'ait jamais eu énormément de connaissances sur la magie, un moyen de se défaire du maléfce lui vint à l'esprit. Il n'était pourtant pas sûr qu'il aurait assez d'argent pour employerce moyen.

"-Je crois que nous pourrions demander de l'aide à un prêtre, il me semble que certains d'entre eux peuvent dissiper les maléfices. Je ne peux rien te promettre cependant. Cela dépend probablement la puissance que possède ta tante. Je pense que ça vaut le coup d'essayer, qu'en penses-tu?"

Nils ronronna et frotta son museau contre le nez de Tul.

"Oh, je pense que ça devrait aller. Mais après, tu ne me ramèneras pas chez moi, dis ? Rien ne t'oblige à y retourner non plus. On pourrait quitter la ville. Je pourrais retourner chez moi voler un peu d'argent si c'est ça qui t'inquiète. Après tout, ils me doivent bien cela"

(hrp désolé du retard)

"-Bon, eh bien allons donc au temple de Helm voir ce qu'ils peuvent faire. Par contre, je ne pense pas que ce serai une bonne idée que tu m'accompagne. Je ne sais pas ce me réserve l'avenir proche, je connais mal la région, et tu es trop jeune pour m'accompagner si jamais je pars à l'aventure. Et il vaudrait sûrement mieux que tu t'abstiène de voler quoi que ce soit."

Il n'avait d'autre part pas vraiment envie de s'occuper d'un enfant. Il n'était pas sûr que ses ennemis ne le poursuivraient pas, et même s'il acceptait, cela serait sûrement vu comme un enlèvement, et ne leur attirerait que des ennuis (car il leur serait dur de le cacher). Avoir la garde et le père de Nils à ses trousses n'était pas une perspective réjouissante.

Mais le gamin ne démordait pas.

"Mais je t'aiderai. Je connais la région comme ma poche, mon père et moi avons beaucoup voyagé. Et je pourrais rester un petit chat. Un petit chat qui parle. Tous les deux, on pourrait gagner de l'argent. Je connais plein d'histoires. C'est bien, un chat qui raconte des histoires, non ?"

(hrp: énorme retard, désolé j'ai été très occupé)

Tul était déontenancé par la résistance de Nils, mais continuait de penser que la meilleure solution dans cette histoire consistait à rendre à Nils son apparence d'origine, et à le ramener chez lui. Même si son père semblait être quelqu'un d'un peu bizarre, cela valait sûrement mieux que de l'emmener à l'aventure.

"-Nils je pense qu'il vaut mieux que tu redeviennes humain, nous pourrons discuter de la suite à ce moment là. Je maintiens que tu es trop jeune pour m'accompagner; peut-être que cela sera possible plus tard. Et puis pense à ta famille. Ils doivent tenir à toi, même s'ils sont excentriques... Songe en quoi cela les affecterai."

Nils sembla réfléchir, un long moment. Suite à un long silence brièvement interrompu par une succession de ronronnements, il répondit.

"D'accord pour redevenir un petit garçon. Mais mon père, il tient pas à moi. Il voulait que j'aille en pension. Et à Luménis en plus. Il dit que j'ai des dispositions pour la magie. Mais là-bas, je veux pas y aller. C'est peut-être bien, mais je connais personne"

Visiblement, le destin voulait qu'ils fassent route ensemble. Tul était à court d'arguments pour dissuader Nils de venir avec lui. Mais même si Nils avait tout les talents qu'il prétendait, Tul aurait à le surveiller et à le protéger s'ils partaient à l'aventure.

"-Dans ce cas, vu que je ne compte pas partir à l'aventure tout de suite, j'imagine que tu peux rester avec moi. Mais j'apprécierai s'il y avait un moyen d'être sûr que nous n'aurons pas d'ennui avec ton père... et puis, tu devras être sage d'accord?
Enfin, pour le moment, nous devrions nous mettre en route vers le Temple."

Nils avait ronronné et s'était blotti contre le jeune homme. Plus le temps passait, plus il perdait ses habitudes de petit garçon pour devenir tout à fait un chat. Si cela continuait, il finirait par devenir totalement un animal.

"D'accord, le temple, ça me va bien"

C'est alors qu'un homme encapuchonné vint se placer devant lui. Il porta la main à son épée, à peine dissimulée sous son vêtement.

"Il est mignon ton chaton, tu me le donnes ?", finit il par demander.

Eh bien, les évènements semblaient s'enchaîner de plus en plus vite pour Tul à mesure qu'il s'occupait de Nils. Maintenant il semblait qu'on en voulait à leurs vies. Tul ne comptait pas se laisser faire. A cause du capuchon, il était difficile à dire si cette personne était un brigand comme un autre ou s'il était en fait plus redoutable.

"-Navré, mais je ne pense pas me séparer de lui." répliqua Tul, reculant d'un pas et saisissant son épée de la main droite." A qui ai-je l'honneur?"

Combattre en portant Nils risuait de rendre les choses plus difficiles. Il n'osait pas trop le lâcher, au cas où l'homme ne serait pas seul. Tul tira légèrement son épée courte hors de son fourreau, prêt à réagir à toute attaque.

L'homme écarta les pans de sa cape. Il portait dague et épée à la ceinture. Avec un petit sourire, il répondit.

"Je ne pense pas que mon nom vous dise quelque chose. Pas plus que le votre ne me parlera. Mais nous avons quelque chose en commun : ce chat. Vous l'avez, or, je le veux, donc, vous allez de ce pas me le donner."

L'homme était décidé, et semblait confiant. Peut-être avait-il l'habitude de ce genre d'actions.
Mais Tul ne comptait pas laisser démonter. Lui non plus, il n'en était pas à son premier combat. Et il n'osait pas imaginer ce qui attendait Nils si cet individu lui mettait la main dessus.
Mais peut-être pouvait-il obtenir quelques renseignements sur ce qu'il comptait faire de Nils.
Il mumura à Nils d'ller se réfugier dans son sac, car avoir un bras encombré se révélèrai être un handicap majeur quand le combat commencerait.

"-D'abord, j'aimerai savoir pourquoi pourquoi vous le voulez."

Tul ressera ses doigts autour de la garde de son épée, toujours près à dégaîner.

L'homme fit semblant d'hésiter quelques secondes avant de répondre. Dans ce laps de temps, Tul le vit sortir une dague effilée du revers de sa manche. Le mouvement avait été fluide, bref et discret, laissant présager les qualités du bretteur et de l'âpreté du combat en préparation.

"Hé bien, vous savez, ils font de très beaux manteaux de fourrure avec le pelage des chats. Ils salissent tout, ils réveillent le voisinage avec leurs cris. Un de moins mon cher ami et le monde sera meilleur. Alors, me le céderez vous ? Si vous lui accordez un si grand prix que cela, je peux payer, vous savez."

-Hum...eh bien... tergiversa Tul, faisant semblant d'hésiter.
Au vu de l'adresse probable de l'homme, il était prudent d'envisager la fuite, ou d'appeler la garde à l'aide, si cela pouvait lui éviter une fin funeste.

Il essaya de scruter discrètement les alentours tout en continuant de feindre la réflexion.
La fuite paraissait envisageable, mais cela présentait le risque de s'exposer à une attaque par derrière, et il serait alors sans défense.
I
l n'apercevait par ailleurs aucun garde sur le moment, bien qu'il ne puisse observer la totalité des alentours sans révéler ses intentions.
Il lui fallait se décider assez vite avant que l'homme ne perde patience. Il se dit alors que si cette dague était faite pour être lancée, il avait peu de chances d'en réchapper s'il fuyait, mais la possibilité de fuir resta présente dans son esprit...

L'homme le regardait, ironique. Il commençait à deviner ses intentions. C'était toujours les mêmes quand on avait affaire à lui. La fuite. Oui, c'était ce qui semblait le mieux. Mais ses victimes ignoraient qu'il était mauvais comme une teigne et que lorsqu'il avait une idée en tête, il la suivait jusqu'au bout. Même si en général, cela se soldait par la mort de son prochain.

"Mais qu'est-ce qu'il a de si particulier ce chat ? Il est en or ? Ou c'est ta fiancée ?"

Il rit à sa propre plaisanterie. En général, les autres n'avaient pas le sens de l'humour.

La mauvaise plaisanterie du coupe-gorge énerva Tul, et lui donna envie de faire taire ce personnage. Il finit de réfléchir rapidement: il ne connaissait pas bien cette ville, contrairement à son ennemi, ce qui diminuait nettement ses chances de lui échapper. Et il aimait de moins en moins l'idée de devoir tourner le dos à cette dague.

Il jugea alors que sa meileure chance était de combattre, après tout, ce n'était pas la première fois qu'il se battait, lui non plus. Il avait fait partie d'un groupe de bandit, et dû en affronter d'autres, ce qui pouvait jouer à son avantage. Et puis c'était aussi l'option qu'il préférait: cet homme semblait avoir besoin d'une bonne correction.

Tul finit de dégaîner son épée.
"Ce chat, je me suis juré d'en prendre soin, et je ne vous le cèderai pas!"

Il leva son épée courte, et se mit en garde.


(ps je serai probablement absent pendant plusieurs semaines à partir du 24)

Les combat commençait bien mal. Son ennemi semblait savoir bien se servir de son arme, et son coup fourré lui donnait l'avantage. Tul para difficilement un autre coup, ses yeux continuant à le brûler. Il ne pouvait se permettre de se frotter les yeux d'une main ou son agresseur l'aurai bien plus facilement. Tul ne pouvait que serrer les dents et essayer d'ignorer la douleur jusqu'à un certain point.

Le combat restait très inégal, et le coupe-gorge pouvait avoir d'autres tours à utiliser contre lui. Il lui fallait trouver un moyen de vaincre rapidement dans ce cas-là.

Peut-être qu'en faignant d'être plus affecté qu'il ne l'était, il pourrait inciter son ennemi à attaquer de façon imprudente pour l'achever, et avoir ainsi l'occasion de le blesser.

L'assaillant attaqua de nouveau, manqua de peu de réussir. Il causa une entaille légère à la joue droite de Tul, rependant un peu de sang sur sa lame, mais son attaque suivante, bien que forte, fut parée in extremis.

Tul feignit de flancher à cause du coup, reculant et se penchant un peu en portant la main à son visage, et laissant un légère faille dans sa garde, se demandant si son ennemi mordrait à l'appât.

L'homme avait reculé, satisfait. Il s'attendait à ce genre de résistance et surtout à ce genre de combat perdu d'avance. Il n'aurait bientôt plu qu'à l'achever.

C'est alors qu'un bruit de bottes frappant les pavés avec régularité se fit entendre. La patrouille du guet, entendant les bruits de bagarre arrivait sur les lieux. Elle comptait quatre hommes dont un jeunot à l'air anxieux, tenant une arbalète. Le premier, sûrement le sergent s'avança et prit la parole :

"Alors, on se bagarre ? Ou il se passe autre chose qu'on ne saurait pas mais que vous allez nous dire ?"

Une patrouille? C'était une chance inespérée! Tul se redressa quelque peu. Il était sauvé pour peu qu'il dise la vérité.

"-Cet homme viens de tenter de m'assassiner!" dit-il à haute voix, tendant le doigt vers son agresseur, ses yeux le brûlant toujours, bien que la douleur se soit très légèrement atténuée..

Les gardes se regardèrent avec un sourire plutôt amusé. Pour eux, c'était plutôt une bagarre de rue qu'autre chose. Celui qui avait l'air d'air responsable de la patrouille finit par demander.

"Oui, et qu'est ce qui nous prouve que vous n'étiez pas tout simplement en train de vous battre en duel ? Pour ce que je sais, vous avez tous les deux vos armes à la main, non ?"

Comment pouvaient-ils penser qu'ils se battaient en duel? était-ce chose courante dans cette ville?

"-Je ne battai pas en duel , cet homme a tenté de me tuer, si nous aions livré un duel dans les règles, je n'aurai pas reçu ce poivre dans le visage."

Le poivre faisait toujours effet, et Tul mourait d'envie de plonger sa tête dans n seau d'eau pour se débarasser de ce qui restait. La douleur était moins forte mais toujours présente

L'agent sembla réfléchir quelques instants, pesant la culpabilité de l'un et de l'autre. Ses yeux s'arrêtèrent sur le chaton qu'il portait sur l'épaule. Cela faisait quelque temps que l'on parlait d'un trafic de fourrures. Des chats disparaissaient sans laisser de traces. Peut-être tenait-il là un des suspects.

"Et pourquoi aurait-il voulu vous tuer ?", demanda-t-il dubitatif.

Tul s'était attendu à ce que l'arrivée des gardes résolve les choses rapidement, que ce soit par la fuite de son agresseur ou par son arrestation, mais apparemment cela ne devait pas être, la situation étant visiblement moins claire pour les gardes que Tul ne l'aurait pensé.

Peut-être valait-il mieux dire la vérité jusqu'à un certain point.

-Il a dit vouloir mon chat, et j'ai refusé de lui céder, il aurait probablement pris mes autres possessions dans la foulée après m'avoir tué.

Ce faisant, Tul caressa Nils, se demandant combien de temps il lui restait pour annuler cette malédiction.