La Couronne de Cuivre

" Mouais. Au moins ça leur donnera une excuse un peu plus solide pour me garder au frais." dit l'autre.
Taliesin l'entendit fureter dans sa cellule.
" Vous n'auriez pas quelque chose de lourd, mais qui tient dans une main par hasard ? Je répugne à me séparer de mes chaussures..."

Bigre, c'est que l'autre était sérieux...
-Désolé, messire, mais je n'ai rien de tel, fit-il d'un ton doux. Et, si je puis me permettre un conseil... Ne lui lancez rien. Non seulement ce ne serait pas très charitable mais, de surcroit, cela risquerait de vous attirer des ennuis. Je conçois que, dans votre situation, un changement quel qu'il soit puisse être bienvenu mais honnêtement, je doute que vous y gagniez au change, à long terme. En revanche, si vous le souhaitez, je pourrais toucher un mot à votre sujet à mon avocat, histoire qu'il se renseigne : j'y songe depuis un moment sans en avoir encore eu l'opportunité.

" Je ne risque pas de le tuer avec une chaussure, si ? dit l'autre, pensif. Une petite commotion le réduira au silence... ou alors il beuglera plus fort encore. S'il ne mange pas ma chaussure... Hum. Peut-être avez-vous raison... Il pourrait être sensible à une berceuse, notez bien... Ça n'a pas l'air d'être le genre, mais l'habit ne fait pas le clerc."
Il s'éclaircit la voix en toussant plusieurs fois.
" Et c'est gentil de vouloir débloquer ma situation, mais je doute que vous parveniez à quoi que ce soit. On attend que je mûrisse. Je ne suis pas enfermé depuis assez longtemps pour qu'on m'estime prêt à avouer."
Taliesin l'entendit déplacer une chaise.
" Dors, dors, mon chéri, dors,
La neige tombe, regarde, au dehors,
Demain, nous irons nous promener,
Sur les chemins, mon chéri adoré.

Dors, dors, mon chéri, dors..."
Le troisième prisonnier se mit à hurler comme un loup qu'on égorge, puis insulta copieusement le chanteur.
" Bon, c'est pire. Je vais peut-être quand même recourir à autre chose... Peut-être qu'il me reste un trognon de pomme dans mon seau d'aisance..."

-J'ai vraiment peur que toute action de notre part ne fasse qu'empirer la situation. Le plus sage est, à mon sens, d'attendre que les gardes en aient assez : il y en a forcément à proximité, lesquels n'ont sans doute pas le droit de quitter leur poste avant la relève, ce qui les soumet à a même torture que nous. Alors à moins qu'il ne soient sourds, ce qui me paraît fort peu probable puisque cela les rendrait inaptes à exercer leurs fonctions, ils ne devraient pas tarder à intervenir. D'ici là... Nous pouvons toujours nous boucher les oreilles.
Il ne tarderait pas lui-même à recourir à cette méthode. Il s'y résoudrait avec d'autant moins de scrupules qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher son voisin de commettre un acte irréfléchi.

Taliesin était en train de chercher de quoi se boucher les oreilles quand il vit voler quelque chose entre son côté du couloir et celui d'en face. L'objet avait filé très vite, aussi n'avait-il pas eu le temps de véritablement l'identifier. Ce n'était pas un trognon de pomme, assurément, mais c'était sans doute quelque chose qu'on pouvait trouver dans les seaux d'aisance... Peut-être valait-il mieux ne pas se poser la question.
Le geignard le prit en pleine figure et se tut une seconde.
" Victoire !" s'exclama son voisin.
Puis l'autre se mit à vitupérer avec rage et enchaîna sur une incantation. Taliesin avait assez d'expérience pour reconnaître les gestes et les murmures d'un projectile magique. Heureusement, le champ d'antimagie réduisit l'effet à une gerbe d'étincelles inoffensives.

-Voilà qui, malheureusement, confirme ce que je craignais... lâcha-t-il alors que son ouïe d'elfe était de plus en plus mise à mal. De grâce, messire, ne lui lancez plus rien, afin d'éviter que notre calvaire n'empire encore et, qui sait, que nous finissions tous dans quelque cul de basse fosse pour avoir causé du chambard.
Sur ces mots, faute de mieux, il se boucha les oreilles avec les doigts.

" Mais moi, ça m'occupe !" rétorqua l'autre, juste avant que Taliesin ne se bouche les oreilles.
Son voisin lança autre chose sur le hurleur, qui rétorqua avec encore plus de voix, bien que les index de l'elfe l'en protègent en partie. Le résultat ne se fit pas attendre : les gardes surgirent dans la pièce, l'un d'entre eux manqua être heurté avec ce qui ressemblait furieusement à un étron, et ils se dirigèrent vers le dément et son adversaire, deux de chaque côté. Le barde, lui, fut épargné par les représailles. Mieux, même, on en profita pour le faire quitter sa cellule et le mener dans la pièce du fond : Galathée venait d'arriver.
Elle paraissait un peu fatiguée mais sourit avec bonheur quand elle vit arriver l'elfe, et l'étreignit avec sa chaleur coutumière.
" Alors ? Comment vas-tu ?"

Évidemment, il ne s'était pas privé de lui rendre son étreinte et de l'embraser.
-Et bien, je me porte comme un charme depuis que j'ai franchi cette porte, répondit-il, tout sourire. Auparavant... La journée a été un peu mouvementée, il faut l'admettre. Mais rien d'inquiétant ou de bien méchant.
Il la dévisagea un instant.
-Et toi ? Tu n'as pas l'air très en forme...

" Oh ? Moi ? Rien de très grave. Les bébés ne sont pas encore tout à fait acclimatés au changement de décor, rien d'autre. Du coup, ils font un peu la java... ou alors ce sont les premières dents qui approchent ? Je n'en sais rien mais tu les connais : dès qu'un des deux bronche, le deuxième se dit qu'il doit y avoir une bonne raison.. La nuit a été mouvementée, et je n'ai plus l'habitude de devoir les gérer seule ! Mais la femme d'Henri m'a donné un coup de main ce matin, ce qui m'a permis de récupérer. Si je suis un peu froissée, tu ne peux donc blâmer que ta progéniture !"

-Compte sur moi : je les tancerai sévèrement quand je les reverrai. Bon, d'accord : je me contenterai peut-être de les embrasser mais... Voilà, ils ne te tourmenteront pas impunément.
Il se fit un peu plus sérieux.
-Quand les garçons t'auront rejointe, eux aussi pourront t'aider : ils s'en tirent très bien, avec les jumeaux.

" Je crains qu'ils n'aient envie de cavaler dans les rues de Luménis, et honnêtement, je n'ai pas l'intention de les en empêcher... Ce sont des gosses du terroir, et malgré ce qui leur est arrivé, je sais qu'ils ont envie de retrouver leurs rues et le port et Baptiste meurt d'aller se noyer dans la bibliothèque, et Victor veut crapahuter dans le Parc... Bref, je n'ai pas l'intention de les garder chez Henri et de les forcer à pouponner... Ce sont des enfants, ils ont bien d'autres soucis. Même si, connaissant leur bonne nature, ils m'aideront certainement, tu ne dois pas t'en inquiéter... Mais dois-je leur passer un message ?"

Il secoua la tête.
-Pas nécessairement. Mais tu peux quand même les embrasser de ma part et leur dire la vérité, à savoir que je m'en sors même si vous me manquez et qu'il n'y a pas de réels motifs d'inquiétude quant à l'issue du procès.
Pour le reste, il espérait que les garçons ne reprendraient pas trop goût à la vie citadine, car il se voyait très mal vivre à Luménis sitôt après le procès. Néanmoins, si telle était la volonté générale...

" Je ferai ça, dit-elle avec un sourire. Ils devraient être là en fin de matinée, finalement."
Elle l'entraîna vers les chaises et s'assit, puis l'étreignit à nouveau, demeurant silencieuse quelques secondes.
" Henri avait l'air un peu préoccupé... et d'avoir beaucoup de travail. Je suis heureuse que tu me dises que tout va bien..."

Henri, préoccupé ? Intéressant à savoir. Bien sûr, le barde était conscient que l'avocat portait un masque durant les audiences mais il l'avait imaginé plutôt sincère en dehors, avec lui... C'était logique, pourtant, qu'il lui cache des choses, qu'il s'efforce de le rassurer. Quoi qu'il en soit, il n'entendait pas s'ouvrir de ses réflexions à la rôdeuse : même si Henri était plus inquiet qu'il ne voulait bien le lui montrer, est-ce que cela changeait vraiment la donne ?
-Comme nous avons marqué des points, le procureur a dû changer de stratégie, trouver un nouvel angle d'attaque, expliqua-t-il simplement. Du coup, Henri a un surcroit de boulot... Mais même à moi, les arguments de la partie adverses ne mpe semblent pas d'une pertinence folle, c'est dire... Néanmions, il convient de rester prudent, de préparer une riposte éventuelle... Tel est le jeu des procès.

" Alors tout va bien. Sans doute Henri était-il juste chagriné d'avoir à passer sa soirée dans les dossiers... même si j'ai l'impression que c'est son ordinaire, à voir comme son épouse plaisante sur les hommes invisibles..."
Elle lui écarta les cheveux du visage, comme elle le faisait souvent quand ils étaient face à face.
" Tu devrais manger un peu plus. En quelques jours, j'ai déjà l'impression que tu as fondu. Tu n'es pas bien gros au naturel, mais là... Tu vas finir par ressembler à un de ces esprits éthérés qui flottent dans la forêt... A moins que ce ne soit le manque de lumière... Mais non. Vous êtes bien servi, dans ce recoin des prisons."

-Effectivement, nous n'avons pas à nous plaindre en ce qui concerne la lumière. Ou le reste, d'ailleurs. Après, aussi confortable soit-elle, une prison reste une prison : y garder le moral et l'appétit, qui vont souvent de paire, n'a rien d'évident. Mais ne t'inquiète pas pour autant : je ne me laisse pas mourir de faim, je fais de mon mieux...
Il sourit.
-Je me requinquerai une fois sorti.

" Et nous y veillerons." dit-elle en lui tâtant les côtes.
Pour le reste, elle lui relata les menues nouvelles du dehors. Antoine et Mathilde se portaient bien, les bébés babelaient de plus en plus, la petite maison de la rue de l'Orme Creux demeurait en bon état mais la jeune femme se demandait s'il n'était pas temps de la mettre en location. Après tout, les aînés Merlu avaient déjà élu domicile ailleurs et pour le maigre usage qu'ils en faisaient, tous, la laisser vide la majeure partie de l'année semblait du gâchis. Mais peut-être le barde avait-il une idée, auquel cas rien n'était obligatoire...

Il n'avait pas d'idée particulière et était plutôt favorable à la location de la maison, du moment que Victor donnait son accord : elle leur apporterait un surcroit de revenus qui ne serait pas de trop, loin s'en faut. Néanmoins, il pensait préférable de remettre la décision à plus tard, à après le procès : il était en effet possible que les services qu'on lui demande en échange de sa libération l'obligent à demeurer en ville. Les enfants pourraient aussi vouloir passer un peu plus de temps dans la cité... Bref, il faudrait aviser en fonction de leur situation future, des envies de chacun.

Quand les gardes vinrent rechercher Taliesin et reconduire Galathée à la sortie, la prison était plongée dans le silence. Le barde réalisa rapidement que ni son voisin direct, ni le mage hurleur n'étaient plus dans leur cellule. Il allait pouvoir profiter de ses appartements en solitaire, en commençant par son souper, puis par les plantes... Ensuite, viendrait la nuit...

Il était désolé pour les deux hommes. Si le nouveau venu était dément, on ne pouvait le juger responsable de ses agissements ; quant à son voisin direct, on ne pouvait que comprendre son attitude, puisqu'on le laissait croupir ici depuis des lustres sans lui donner la moindre nouvelle de son dossier. Mais pour le premier, il n'avait rien pu faire et, pour le second, il avait fait tout son possible... Sans compter qu'il avait ses propres soucis. Bref, essayant de ne plus songer à cette histoire, l'elfe mangea avec aussi peu d'appétit que de coutume, avala ses plantes puis s'étendit.
Un nouveau jour d'écoulé.
Un nouveau jour de calvaire en moins;

Quand il s'éveilla au petit matin — à nouveau secoué par un garde qui commençait à avoir l'habitude de son sommeil de plomb — Taliesin était toujours seul dans la salle d'antimagie. Avant qu'il ne puisse s'habiller, on l'informa qu'il était invité à se rendre à la salle d'eau pour procéder à un vrai décrassage — le premier depuis plusieurs jours. A l'intérieur de celle-ci, le barde trouva un baquet d'eau chaude et plusieurs seaux d'eau froide, ainsi que du savon, des serviettes et de quoi se changer ensuite. Comme ils étaient hors de la zone protégée, il dut cependant s'accommoder de la surveillance blasée d'un vieux mage, qui semblait trouver l'activité particulièrement pesante.
Une fois propre, l'elfe fut escorté jusqu'à l'extérieur où tombait à nouveau une pluie fine. On le boucla dans le chariot où l'attendait son petit déjeuner, dont une tasse de thé corsée pour lever l'effet résiduel des plantes... Ensuite, les chevaux prirent la direction du Palais de Justice...

Quête : Les Squelettes du Placard
Epilogue : Exorcisme

Cette fois, lorsque Taliesin réintégra sa cellule, le moment où il rejoindrait à nouveau le palais de justice était peu clair. En effet, si le juge avait parlé d'évaluer la situation le lendemain, le barde n'y serait pas forcément convié. Il était toujours seul, sans plus la moindre trace de son voisin le troubadour et du magicien dément. Il faisait bon, et le soleil ne s'était pas encore complètement caché, si bien qu'il jouissait d'un peu de lumière naturelle. Il était peu probable, cependant, que l'Ilmate vienne déjà le voir ce jour-là...

Et sans doute Galathée non plus, puisqu'on l'avait déjà autorisée à le voir juste après l'incident au tribunal. Mais ça n'était pas bien grave, vu le peu de temps qu'il restait avant le repas et son endormissement sous l'effet des plantes. Ce qu'il redoutait davantage - hormis l'interrogatoire auquel le soumettrait le clerc et qui l'amènerait à raconter à nouveau ses crimes -, c'était les journées à venir, celles au cours desquelles ledit clerc interrogerait ses proches tandis que lui-même serait enfermé ici, sans rien à faire... Et malheureusement, il y avait peu de chances qu'on lui fournisse de quoi s'assoupir en permanence... Bref, même si les perspectives à moyen terme semblaient plutôt positives, la suite immédiate promettait de frôler l'insupportable.
Enfin, il serrerait les dents et attendrait que cela passe.

Comme il l'avait craint, il ne se passa rien pendant un long moment. Puis on vint lui apporter son souper, et un peu après, alors qu'il se forçait à manger, comme de coutume, on ramena son voisin de chambrée. Ce dernier paraissait d'excellente humeur et lui décocha un salut en passant devant ses barreaux. Ensuite, Taliesin l'entendit fredonner tout en reprenant possession de sa cellule.
La nuit tomba sans que ni Henri, ni Galathée ne soient venus. Et avec leur absence, il y avait bien sûr celle de ses plantes tant espérées...

Se pouvait-il que l'avocat, qui lorsqu'il ne venait pas lui rendre visite s'arrangeait pour que les plantes lui parviennent en même temps que le repas, ait été à ce point obnubilé par la bonne surprise réservée par l'audience de l'après-midi qu'il en ait complètement oublié de lui faire porter ce secours, cet unique recours à sa portée pour atténuer le poids de son incarcération ? S'agissait-il plutôt d'une consigne de l'expert, qui requerrait qu'il soit en pleine possession de ses moyens - ou épuisé - avant de l'interroger ? Dans un cas comme dans l'autre, c'était un rude, un très rude coup : il ne s'imaginait même pas réussir à dormir alors qu'il était loin des siens, que le procès n'était toujours pas gagnée et qu'il se remettait tout juste d'une tentative d'assassinat...
Amer autant que dépité, il tenta de se réfugier dans la transe elfique. S'il échouait, il en serait quitte pour une nuit blanche.
Formidable perspective...

Et pourtant, il s'endormit. Il parvint à glisser dans la transe elfique au son de la chanson, désormais presque rituelle, de son voisin. Il n'y demeura cependant pas longtemps, emporté par ses habitudes humaines, et sombra dans le sommeil. Si celui-ci fut agité, il n'en conserva aucun souvenir au réveil. Il émergea néanmoins beaucoup plus tôt que d'habitude, un peu chiffonné, mais moins assommé que d'ordinaire. On lui porta le petit déjeuner tout en lui annonçant que son avocat ne tardera pas. Ce fut effectivement le cas : Henri se présenta peu après et rejoignit le barde dans la petite salle attenant aux cellules.
" Bon, je suis venu vous annoncer que Messire de Fernelroc ne vous verrait vraisemblablement que demain. Il veut d'abord étudier le dossier en détail, ce qui est tout à son honneur, mais va vous retarder un rien."

Voilà qui n'était pas pour lui remonter le moral, d'autant que des journées entières à rester cloitré dans sa cellule, il le pressentait, il y en aurait beaucoup...
[color=#FFFFF66]-Peu importe,[/color] répondit-il néanmoins. Plus il consacrera de temps à cette expertise, plus sa méthode sera irréprochable, et moins le procureur pourra trouver à redire.
Il fallait s'efforcer de penser à long terme, d'oublier les désagréments immédiats pour ne songer qu'à l'issue finale.

" A vrai dire, ce n'est pas la première fois qu'il sert d'expert judiciaire... mais c'est la première fois à Luménis. Il a l'habitude de ce genre de choses, et il est très méticuleux. C'est un peu dommage que nous n'ayons plus le même genre de personnes ici... En fait, nous en avions, deux, excellents... mais ils n'ont pas survécu à la guerre. J'avais peur que Beau-Trio ne cite un des nouveaux experts que nous avons, mais il doit savoir aussi bien que moi qu'ils n'ont pas encore l'expérience et le niveau requis. Au moment où on a jugé les alliés de Morféa, pourtant, il a fallu prendre beaucoup de décisions critiques, sur la culpabilité des uns et les circonstances atténuantes des autres. Mais ça arrangeait certains que tout soit fait à la grosse louche, et les dispositions d'amnistie ont terminé de rendre le travail des experts inutile... Bref, je parle, je parle, ça ne vous concerne pas. Que puis-je faire pour alléger ces journées ? Et quand voulez-vous que Galathée vienne ?"

-Quand elle le souhaite, répondit-il. Si elle ne change rien à ses habitude et continue à passer en fin d'après-midi, cela me conviendra parfaitement. Si elle veut venir à un autre moment, cela m'ira aussi. Vraiment, qu'elle fasse à sa guise. Pour le reste, ne vous mettez pas martel en tête : il n'y a rien que vous puissiez faire et il n'est pas impossible qu'après coup, j'arrive à tirer profit de ces journées difficiles en me disant que j'ai assez payé et que j'ai le droit de passer à autre chose.

Henri le dévisagea avec une grimace.
" Taliesin, vous savez, la plupart de mes clients... font quelque chose pendant leur incarcération. La vôtre sera de courte durée, de surcroît. Vous êtes certain que vous ne voulez pas en profiter pour lire, écrire, faire de la musique, de l'exercice, je ne sais pas ? Votre réaction... me déconcerte. Vous n'êtes assurément pas comme les autres. Ce que cela veut dire, je n'en sais rien, mais je dois avouer que parfois, cela m'inquiète un peu."

La Couronne de Cuivre

[Salle] La prison