La Couronne de Cuivre

"Hé bien. Nous pourrions préparer un soufflet au fromage. Aussi léger qu'il pourrait s'envole au moindre coup de vent. C'est ce que me disait M'ma. J'aurais aimé que vous la rencontriez, vous vous seriez plu tout de suite. Hélas, elle a disparu lors d'une expédition. Elle était partie chercher la trace d'animaux inconnus dans le Calimshan. On ne l'a jamais revue. Mais ce n'est pas impossible qu'elle y vive toujours. Du moins, je l'espère"

Ses yeux n'embuèrent soudain. Il se moucha bruyamment dans son mouchoir.

La paladine remarqua la tristesse qui transparut sur le visage de Titœil et s’en voulut de lui avoir remémoré une perte douloureuse. Autant par soucis de détourner son chagrin que par curiosité gourmande, la jeune femme s’enquit de la façon de préparer ce fameux soufflet au fromage :

- Pensez-vous que je pourrais vous aider là encore ? Cela m’a l’air assez difficile et je m’en voudrais de risquer de le gâter. Mais d’un autre côté, avec un professeur tel que vous rien ne me paraît impossible à réaliser.

L'apprentie cuisinière s’était prise au jeu et avait enfilé un tablier blanc et une toque en tissu.

Devant l'accoutrement de Chandara, Titoeil ne put s'empêcher de sourire. Tout ou presque était à sa taille dans la cuisine, ou plutôt à son tour de taille. Trois Chandara auraient pu entrer dans le tablier, et la toque lui tombait à moitié sur les yeux. Pourtant, la paladine gardait un certain charme. Comme ... une espèce de chaton.

Il réfléchit un peu à sa façon de préparer, de lui donner à faire quelque chose à sa portée. Il ne connaissait pas vraiment son niveau en cuisine, et il ne voulait pas l'effrayer avec un plat trop difficile.

"Hé bien ... Nous avons du fromage. Et j'aurais besoin que vous le coupiez en tous petits morceaux. Cela vous va-t-il ?"

Chandara fit un clin d’œil à Titœil, elle avait remarqué son regard amusé et ne lui en tenait aucune rigueur. Se sentant d’humeur joyeuse, elle saisit un couteau et s’attaqua au morceau de fromage :

- Bien sûr que cela me convient : c’est ma spécialité. Certaines mauvaises langues vous diront même que couper des
choses en petits bouts est ce que les paladins réussissent de mieux.

Le ton était taquin et la paladine poursuivit avec un petit rire :

- Mais avec votre aide, nous leur prouverons qu’ils ont tort !

"Moi, je dirais plus que ce sont les prêtres qui savent se couper les cheveux en quatre, mais ce n'est qu'une question de point de vue"

Il eut un petit sourire.

"J'ai eu plusieurs frères vous savez. Certains d'entre eux ont occupé des postes importants. Mais aucun d'entre eux ne savaient faire la cuisine. Et ce n'est toujours pas le cas. L'important, je pense, c'est d'avoir quelqu'un dans le voisinage qui s'y entende un peu. Après, le tour est joué. Et vous Chandara, vous n'avez jamais essayé de vous mettre à la cuisine avant ?"

Chandara manifesta un grand intérêt au fait que Titœil lui parle de sa famille. Elle lui expliqua qu’elle avait elle-même deux frères dont un jumeau et que, par la force des choses, elle avait du se mettre à la cuisine pour éviter d’avoir à se contenter des infâmes plats dont ils étaient capables lorsque leurs parents s’absentaient ou qu’ils partaient en exploration aux alentours du domaine.

Les deux amis échangèrent encore un moment des souvenirs tout en mitonnant de bons petits plats avant que Titœil ne soit bruyamment réclamé par les premiers clients affamés. La soirée se déroula ainsi, de brefs moments de calme que l’aubergiste passait avec Chandara entrecoupés de moments où il était sollicité de gauche et de droite principalement par des habitués.

Le dîner fut copieux et inventif et Chandara put goûter à de nombreux plats plus délicieux les uns que les autres. Elle fut ravie de voir que la tarte qu’ils avaient préparée ensemble était une réussite. Elle conclut un dîner vraiment grandiose comme la paladine en avait rarement connu même pendant les fêtes.

Repue et de bonne humeur, la jeune femme s’attarda un peu dans la salle commune et sympathisa avec certains client d’humeur joyeuse avant de monter dans la chambre que Titœil lui avait réservée. Le lit était très moelleux, surtout après un bon bain chaud et Chandara ne tarda pas à rejoindre le domaine des songes. Comme il fallait s’y attendre, ses rêves furent orientés vers la journée du lendemain et le jugement à venir de ses pairs du Cœur Radieux.

Tul contemplait l'établissement depuis la ruelle. Il correspondait bien à la description qu'on lui avait fait de l'auberge du Loyal paladin. Il se demanda encore s'il ne s'était pas trompé de chemin, mais de toutes façons il ne tenait pas à supporter la pluie plus longtemps. Il s'approcha et vit l'enseigne. Il était au bon endroit. Il soupira, énervé d'avoir été distrait au point de ne pas l'avoir vu auparavant.

Il poussa un nouveau soupir, mais de soulagement cette fois, une fois qu'il eut passé la porte. La chaleur de l'auberge le réconforta, après ce long moment passé sous la pluie. Il avisa une table libre relativement proche d'une cheminée et s'y installa.

Après avoir retiré sa cape trempée, il regarda d'un bout à l'autre de la salle, cehrchant le tenancier ou un de ses employés. Il avait envie de prendre un bon repas et une bonne nuit de repos dans une chambre aceptable, 2 choses impossibles dans un bateau aussi miteux que celui qu'il avait pris.

Titoeil allait de tables en tables, virevoltant parmi les clients tout en portant des plateaux. Dryade, quant à elle jeta par la fenêtre un braillard aviné qui avait osé poser la main sur son postérieur. Elle était d'humeur massacrante. Quand est-ce qu'un vrai homme digne de ce nom tout en poils et en muscles frapperait à la porte du Loyal, la courtiserait et la traînerait par ses poils de tête jusqu'à son cheval ? Elle commençait sérieusement à se poser des questions sur son "sexe à piles", enfin, ce dont les jeunes hommes et les jeunes filles parlaient entre eux. Elle ne savait pas vraiment de quoi il s'agissait mais elle se doutait bien que peu s'y entendaient dans ce domaine. Et elle comptait bien faire partie de ceux-là.

Tiens, il y avait un nouveau client assis à une table. Quelqu'un qui ne la connaissait pas. Lui pourrait lui parler sans ce que son jugement soit faussé par sa réputation. La semi-orque se rua vers Tul avec un grand sourire plein de crocs luisants et lui demanda sans préambule.

"Dites-vous là. Est-ce que vous me trouvez jolie ?"

Ouh, ce n'était pas vraiment une bonne surprise que de voir venir cette demi-orque vers lui et de lui poser ce genre de question propice aux méprises. Il devait lui répondre sans la froisser, mais sans dire quoi que ce soit qui puisse lui faire croire qu'il avait de l'intérêt pour elle, ce qui serait fâcheux.

"-Oh oui, vous êtes jolie, je pense que vous avez tout pour plaire à de nombreux hommes, bien que pour ma part, je préfère les femmes elfes. Vous rencontrerez bientôt l'homme qu'il vous faut, j'en suis convaincu."

Pour peu qu'il ne soit pas rebuté par ses crocs et ses manières cavalières, pensa-t-il. Mais au fond, de quoi lui, un ex-bandit, pouvait-il se plaindre? Il ne méritait sûrement pas un accueil plus agréable dans une ville helmite.

Il espérait que cette réponse satisferait cette femme aux crocs saillants, et qu'il pourrait finalement commander son repas et louer une chambre, maintenant. Il n'était pas d'humeur très patiente ce soir...Le voyage, le contrôle des passagers, la pluie et l'arrivée cavalière de cette femme ne lui réussissaient pas.

Dryade sourit de toutes ses dents, prenant quelques poses qu'elle avait vu sur quelques croquis représentant de jolies demoiselles, ce qui eut pour effet de faire fuir quelques clients. Mais bon, rien de grave, ils reviendraient sûrement pour finir leurs bières, même celui qui avait trouvé que la fenêtre était la meilleure issue.

La semi-orque battit de l'oeil en direction de ce client décidément bien aimable avant de continuer.

"Mais vous savez, ils me courent tous après et je dois repousser les assauts de certains prétendants. Mais pourquoi celui dont je suis amoureux ne me voit-il pas ? Devrais-je mieux m'habiller, me faire une permanente, ou écrire une jolie lettre d'amour. Vous n'auriez pas quelques idées ?"

Oh non, la demi-orque voulait poursuivre la conversation, et évidemment personne ne viendrait le tirer de là. Déjà qu'il avait été tenté de suivre les fuyards, maintenant elle voulait des conseils pour séduire quelqu'un. Il frissonna à l'idée que cela put être lui, ne lui avait-elle pas adressé un clin d'oeil?

"-Eh bien...non, je suis désolé, je ne suis pas un spécialiste en la matière... Il a d'ailleurs sûrement un goût différents du mien...mais je pense que la permanente est à éviter tout de même."

Il ne manquerait plus que ça! Il avait vraiment horreur des permanente. Bon, si elle ne voulait pas comprendre pourquoi il était là, il pouvait tenter de lui faire signe, il lorgna donc rapidement à plusieurs reprises en direction des plats d'autres clients tout en lui parlant, espérant qu'elle comprendrait. Il commença à se demander si l'homme qui était passé par la fenêtre était aussi fou qu'il l'avait crû de prime abord.

Malheureusement, Dryade manquait de psychologie et contrairement aux apparences, surtout de psychologie masculine.

"Ah non, vous n'allez pas me dire que vous avez envie de cracher dans les assiettes des autres afin de créer une bagarre générale. J'ai horreur de ça. Enfin, à part pour les grandes occasions où on a droit de lancer la nourriture sur son voisin. Bon ... si vous voulez bien passer votre commande, j'ai pas toute la journée moi"

Tul parvint juste à étouffer un grognement d'énervement devant le manque de jugeote de la demi-orque. Au moins pouvait-il maintenant passer sa commande, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il l'avait mérité. Il serra un poing sous la able pour se calmer, puis annonça sa commande.

"-Je voudrais un repas simple ainsi qu'une chambre pour la nuit je vous prie."

Une pensée soudaine lui traversa l'esprit. Et si c'était elle qui cuisinait? Il frémit. Il tenta de se rassurer en se disant que vu le nombre de client, elle ne pouvait pas à la fois prendre les commandes et cuisiner.

Dryade lui fit un immense sourire. Un autre client hurla et se jeta par la fenêtre et ne s'arrêta de courir que lorsque les portes de Manost furent en vue. Un miroir accroché à un mur se brisa. N'était elle pas en train de se faire des idées. Non, ce ne pouvait être que cela.

"Et ... vous voudriez que je vienne vous border après ?"

Tul resta sans voix en entendant la prroposition de lademi-orque. Il dut lutter pour surmonter ce choc et reprendre ses esprits. Il perçut alors des rires venant d'une table voisine, dont les occupants avaient appremment entendu qe que disait Dryade. Bon sang, même pas de chope pleine pour gagner du temps en buvant. Il devait trouver un bobard pas trop ridicule dans l'instant.
Il maudit le garde qui lui avait conseillé cet endroit. Etait-il écrit qu'il devait avoir de mauvaises expérience avec tous les représentants de l'autorité qu'il croiserait?

"-Je...non! enfin, je le ferai moi-même..."

Et soudain, il eut comme une illumination, mais une maigre illumination alors.

"- Ma fiancée le prendrai mal si elle l'apprenait, elle est merveilleuse mais un peu jalouse."

*Pourvu que cette folle cesse de me harceler* pria-t-il intérieurement, *où je vais finir par suivre l'exemple de ceux qui sont partis, et j'irai bien plus vite qu'eux.*

Dryade regarda le jeune homme durant quelques secondes, complètement interdite. Puis, soudain, elle éclata en sanglots. Cela fut si inattendu, et le bruit fut tel que deux autres malheureux durent s'enfuir avant d'avoir terminé leurs verres.

"Mais ... mais qu'est ce qu'elle a donc de plus que moi ? Des plus grandes dents, plus de poils, plus de muscles des fessiers ? Non, ne me dites pas, je suis sure qu'elle a une poitrine plus opulente que la mienne. Je vous connais la jeunesse de toute façon. Toujours à apprécier les grosses poitrines. Et moi, jamais personne ne voudra jamais m'embrasser, me regarder. Tout cela parce que je ne correspond pas à vos standards. De toute façon, je suis trop belle pour vous !"

Oh non, maintenant une scène devant tout ce monde, c'était vriament le bouquet. Tul faillit pleurer à son tour. Tant d'ennui, en ce jour, c'était injuste et insupportable, il ne méritait pas ça! Tout ce qu'il avait voulu c'était pouvoir se restaurer et se reposer dans cette taverne, pourquoi avait-il fallu que cette harpie vienne l'importuner? Helm avait-il décidé de ruiner sa vie ? Maintenant, il était sûr que toutes les personnes encore présente se souviendrai de lui, et qu'il ne pourrait plus conserver la tranquilité d'un certain anonymat.

Il voulu dire quelque chose, mais se ravisa, il ne pourrait contenir son énervement devant cette personne, et elle n'arrêterait sans doute pas de le harceler. Il ramassa sa cape et se leva pour partir. Il voulait chercher un autre établissement moins fréquenté et plus tranquille.

"Je...hum...je,je vais partir..."

"Mais non, restez voyons. Dryade, veux-tu bien arrêter d'importuner le monsieur. Il n'a même pas eu le temps de commander quoi que ce soit"

L'homme qui venait de parler avait l'air plus sensé que la semi orque qui, piquée au vif s'en alla en pestant dans les cuisines. En chemin, elle percuta un pauvre hère qui finit sa course dans la rue sans avoir compris ce qui lui arrivait. Le nouvel arrivant, bedonnant, portant sur la tête les affres d'une profonde calvitie adressa à Tul un sourire jovial.

"Nous avons un bon ragoût d'aubergines avec des venaisons. Je pense que monsieur y trouvera son compte. Et ... pour nous faire pardonner de ce contretemps, je vous offre une pinte de bière. En passant, si vous voulez bien excuser ma collègue elle est un peu dérangée. La pleine lune voyez vous ..."

"-Oh, oui ce sera parfait, et merci pour la pinte."

Tul s'était laissé retomber sur sa chaise dès que l'homme était intervenu. En fait, il avait senti, juste après s'être levé, qu'il n'aurait pas la force ni le courage de sortir chercher une autre auberge. Maintenant que cette folle était partie, il n'y avait aucune raison pour que quoi que ce soit d'autre vienne gâcher la soirée.

"J'espère qu'elle ne gardera pas un dent contre moi. D'habitude elle est...différente vous dites?"

Mieux valait ne pas dire tout ce qu'il pensait d'elle. D'ailleurs, son interlocuteur pouvait interpréter la phrase comme ayant un sous-entendu même si c'était plutôt involontaire.

Titoeil hocha la tête.

"Oui, elle se contente souvent de poursuivre les gens dans la rue jusqu'à ce qu'elle en attrape un. Oh, elle ne lui fait pas de mal. En général, ils ne reviennent jamais se plaindre. Mais en ce moment, elle lit un traité sur la condition des femmes orcs en ville. Et apparemment, cela lui donne des idées. Elle se rend compte que ses manières n'étaient pas les bonnes et qu'elle manquait de subtilité. Bon, elle manque encore un peu de technique mais il faut lui pardonner"

Il laissa échapper un soupir avant que sa bonhomie reprenne le dessus.

"Et vous, d'où venez vous ? Quel bon vent vous emmène dans notre belle ville ?"

[En provenance de la Taverne de la Taie Dorée]

Le voyage du retour, quoiqu'acrobatique, s'était déroulé globalement sans encombre. Les évènements dans l'autre taverne avaient duré un certain temps, et le soir n'allait pas tarder à tomber.
Althéa, qui avait l'avantage de bien connaître les lieux, fit entrer son amie par une porte arrière, pour l'emmener dans une pièce tranquille où elles pourraient discuter des conséquences et des suites de l'expéditions.
Le livre et l'arme posés à proximité, Elza prit la parole.

"Eh bien... on dirait que c'est fini pour l'instant..."

On lui avait déjà posé cette question lorsqu'il était descendu du navire, aussi estima-t-il qu'il convenait de lui raconter des choses similaires à celles qu'il avait dite aux gardes à ce moment là.

"-Je viens d'assez loin, d'Amn, si vous connaissez? Et, disons que j'ai fini par me sentir à l'étroit là où je vivais; et que j'ai eu envie de voyager, de pouvoir admirer les cités dont on me parlait tant... j'ai décidé de commencer par la votre. Mais ce soir, je suis trop fatigué pour aller me promener. Ah, et je devrais aussi probablement travailler pour pouvoir continuer à voyager, j'ai bien peur de n'avoir pas emmené suffisamment d'argent pour la suite du voyage."

Oui, il ne resterait probablement pas trop longtemps ici, les gens se montraient assez curieux, un peu trop à son goût, sans parler du fait que cette demi-orque l'avait harcelé, même s'il avait envie de croire sur parole cette homme plutôt sympathique.

Attention : post double et non pas double post
Pour Tul

Titoeil hocha la tête. Oui, il connaissait l'Amn, du moins, il avait rêvé de l'Amn. D'expéditions, de batailles héroïques. Mais simplement en rêve, il ne fallait pas pousser. Il tenait trop à sa santé. Mais le jeune homme, lui, avait fait le voyage de l'Amn jusque là.

"Vous êtes un intrépide, dit-il admiratif, je pense que du travail, vous en trouverez vite. Il me semble que la garde emploie beaucoup ces temps-ci ou peut être pourriez vous aider sur le marché ou dans les docks"

Il réfléchit quelques secondes, le temps de prendre une décision.

"Et si vous le voulez, vous ne me payerez que lorsque vous aurez commencé à travailler"

***
Pour Elza.

Althéa hocha la tête. Oui, c'était terminé. Enfin terminé. Elle allait pouvoir retrouver sa fille. Juste le temps de reprendre son souffle et de retrouver une figure humaine. Elle était fatiguée.

Assise sur le lit qu'elle occupait quand elle venait dormir au Loyal, elle regardait Elza faire l'inventaire de ses "prises de guerre". Fatiguée, elle lui demanda simplement.

"Et maintenant ?"

"Eh bien..."

Elle ouvrit le livre et le feuilleta rapidement
"Je quitte la ville dans quelques jours, il vaut donc mieux que je te laisse ceci. Tu y trouveras sans doute toutes les informations requises si jamais notre ami commun revenait te jouer des tours. Ceci dit, je pense que c'est plutôt après moi qu'il en a, et que tu n'as pas grand chose à craindre."

Son regard se porta sur le katana
"Cette arme me rappelle quelques souvenirs... et ça ne me ferait pas de mal d'avoir de quoi me défendre, vu la route qui m'attend. Si ça ne te dérange pas, j'aimerais bien la garder."

Elle sourit à son amie.
"Nous devrions reprendre une apparence normale et aller boire un verre à côté, je crois que nous l'avons bien mérité."

Eh bien, cet homme était véritablement sympathique. Cela contrastait beaucoup avec l'attitude de la serveuse qu'il employait. Il devait même être très patient pour pouvoir la supporter tous les jours. Son offre était généreuse, mais Tul n'aimait pas avoir de dettes. On ne sait jamais si on aura l'occasion de les solder plus tard, et puis il avait de quoi payer.

"-C'est très généreux de votre part, mais je préfère vous payer maintenant, j'ai quand même largement assez pour ça; et j'ai bien peur , étourdi comme je suis, de finir par oublier de payer si vous me faites crédit, ajouta-t-il en souriant."

Bon, il savait où chercher du travail. S'engager dans la garde ne le tentait pas vraiment, il irait donc se renseigner dans les docks

"Sage décision, admit Titoeil, la plupart des dockers me connaissent. Dites leur que vous venez de ma part. Ah oui, je ne me suis pas présenté. Mon nom est Titoeil Debeurré et je suis le propriétaire de cette illustre taverne. Ils livrent très souvent pour le Loyal et ... disons que je leur laisse quelque pourboires appréciables. Ils pourraient bien vous rendre service en retour. En attendant, ne vous préoccupez que de manger. Sinon, avez-vous quelques questions concernant Manost ?"

"-Enchanté, et euh, oui, j'aimerais savoir quels endroits vous me conseilleriez de visiter, et s'il y en a à éviter éventuellement. J'aimerais éviter d'aller me perdre au mauvais endroit et de manquer les meilleurs choses."

Il connaissait effectivement assez peu la cité, aussi l'aide de Titoeil était-elle particulièrement appréciable. Il voulait aussi éviter de s'attirer des ennuis aussi tôt dans cette ville.

"-Et je crois avoir moi aussi oublié de me présenter: je suis Tul Riel."

Vu qu'il avait déjà donné son identité au garde, il pouvait se permettre d'être poli à ce niveau là.

Titoeil tendit la main.

"Enchanté, vraiment"

Il serra dans son énorme paluche la main du jeune homme.

"Hé bien ... Je dirais que l'auberge de la Taie dorée est à éviter ainsi que la prison de Manost, cela va de soi ... Sinon, la rue des arcades est très belle à voir, c'est une rue commerçante qui tranche quelque peu avec l'architecture religieuse que vous avez pu admirer en venant. Le temple et la place du temple sont quelque peu ... austères mais présentent une architecture ... typique ... Il y a dans le temple une relique qui a une histoire assez particulière. Vous pourrez aller l'admirer. Enfin, ne vous en approchez pas trop. Les helmites sont assez chatouilleux à ce niveau là. Enfin, pas au niveau de leur relique mais ils ont peur qu'elle s'en aille comme elle l'a déjà fait il n'y a pas si longtemps. Ravestha, notre grand émissaire en était tout retourné. Surtout qu'il y a eu une immense bataille pour la rapporter dans son reliquaire. J'y ai pris part brièvement d'ailleurs"

Il se garda bien d'expliquer que passant à coté de la place, il avait entendu les bruits d'un combat et avait vite couru à l'abri ...

***

Althéa hocha la tête.

"Très bonne idée, il y a des baquets pour se laver en haut. Je te laisse y aller, je vais retrouver ma fille"

Quelques minutes plus tard, elles étaient de retour dans la salle commune, propres et vêtues de leurs vêtement de tous les jours.

"Je crois que nous l'avons échappé belle pour une fois, murmura Althéa en levant le nez d'une hale bien fraîche, tu es sûr que tu ne connaissais pas le mage d'avant ? Il avait l'air de te connaître. Et tu me disais que l'arme ne t'était pas inconnue"

Une fois sa couleur de cheveux et son apparence normale retrouvées, et débarrassée du magicien, Elza avait de nouveau enfilé la robe qu'il avait dit être ce qu'il cherchait. Ces quelques instants avaient suffit pour que les évènements de la journée s'éloignent et que la jeune elfe retrouve l'état d'esprit qui l'avait habité un peu plus tôt. Quoique dénuée de magie et très certainement de la valeur pécuniaire qu'il semblait chercher en elle, cette robe était décidément très efficace pour rappeler de nombreux souvenirs heureux. Après avoir câliné un instant Bryan, l'elfe descendit retrouver son amie.

"Cette arme-ci en particulier, pas vraiment. Mais là d'où je viens, les katanas ont une valeur symbolique importante. Ce sont des armes de héros, pourrait-on dire...
Non, j'ai beau fouiller mes souvenirs, je ne vois rien qui me rappelle ce triste sire... Elle frémit mais lui, effectivement, semblait savoir sur moi des choses que peu de personnes connaissent..."

Althéa hocha la tête. Elle ne poserait pas de question à Elza, à part si celle-ci souhaitait se confier. Elle ne supportait pas que l'on fouille dans sa vie privée et se tenait pour dit que mis à part pour son travail, elle ne fouillerait pas dans la vie d'autrui.

"Bon, hé bien maintenant, nous en sommes débarrassées. A mon avis, il va y réfléchir à deux fois avant de revenir se frotter à toi"

La Couronne de Cuivre

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