La Couronne de Cuivre

Elle lui sourit puis détala ventre à terre.
Lorsqu'il gagna la salle d'état-major, elle était vide, évidemment.
Mais elle le resta plus longtemps qu'elle ne l'aurait dû compte tenu du délai d'une demi-heure fixé par le paladin.
Enfin, ce furent des bruis de pas.
Pas ceux qu'il attendait : ceux d'Alban.
-Je suis désolé, messire, lâcha-t-il, aussi essoufflé qu'embarrassé. Je n'ai pas réussi à trouver messire Guillermo.

Hubert se leva brusquement. Il aurait dû agir plus promptement, mais le mercenaire avait dit "pas maintenant". Il jura intérieurement. Il aurait pu l'interpeler sur place, et lui demander d'emblée de remplacer Gaspard.
" Où as-tu cherché, exactement ?" demanda-t-il en faisant déjà mine de regagner le couloir.

L'écuyer écarquilla les yeux.
-Messire, qu'est-ce qui..;
Il s'interrompit et abandonna finalement les questions au profit de son rapport.
-J'ai commencé par les salles où est installé sa compagnie. J'ai poursuivi au rez-de-chaussé, notamment aux thermes et dans la salle commune. Puis, comme certaines personnes que j'ai interrogées pensaient qu'il était allé faire un tour sur les remparts, je m'y suis rendu. Mais il n'y était plus.

Le paladin prit le gamin par les épaules.
" Alban. Il faut qu'on le trouve, c'est important. Mais il faut aussi que nous agissions discrètement. Personne ne doit avoir l'impression que nous le cherchons de manière... fébrile. Est-ce que tu as interrogé des membres de sa compagnie ? Les gens avaient-ils l'air sincère ? As-tu remarqué quoi que ce soit d'étrange ?"

Malgré l'urgence dans le ton et l'attitude de son maître, Alban ne paniqua pas, prenant au contraire le soin de réfléchir avec intensité.
-Je n'ai rien noté d'étrange, messire. L'un des mercenaires m'a bien demandé pourquoi je le cherchais mais c'est plutôt normal, non ? Un autre m'a expliqué que messire Guillermo aimait bien se promener parmi les gens de la Communauté et c'est la vérité : je l'ai souvent vu faire cela...
Il soupira.
-Je suis désolé de ne pas être en mesure de vous en dire plus. Mais je vais vous aider à le chercher.

Hubert admira le calme et le sérieux du gamin.
" Sois discret. Si Ruth te pose des questions, tu peux la mettre dans la confidence, mais ça ne doit pas aller au-delà. Guillermo a insisté pour que notre rencontre demeure confidentielle... ou triviale, en tout cas. Ouvre l'oeil mais ne le cherche pas. Aie l'air de... vaquer à tes occupations. Je vais aller faire le tour des remparts, voir si je peux distinguer quelque chose. Oh... et trouve Albérich. Préviens-le. On ne sait jamais qu'il ait un sortilège en réserve qui pourrait nous aider..."

-Je vais commencer par monseigneur Albérich puis passer à messire Guillermo, acquiesça Alban.
Il s'éloigna de quelques pas puis se retourna.
-Merci pour votre confiance, messire.
Et de s'en aller comme si de rien n'était.

Hubert regarda partir le petit garçon, puis prit une profonde inspiration et plaqua une expression neutre sur son visage, avant de sortir à son tour. Il se dirigea droit vers les remparts. Il avait l'intention d'en faire le tour, tranquillement, comme cela lui arrivait souvent à la nuit tombée. Il ne savait pas très bien ce qu'il escomptait trouver : le mercenaire en balade — après tout, Alban avait pu le manquer en le poursuivant sans le rattraper, ou un signe qu'il était passé par là. Il ne savait pas bien quoi penser de leur bref échange... Guillermo avait manifestement quelque chose d'urgent et de dangereux à lui transmettre. Quelque chose qu'il tenait à cacher, de surcroît. Plus il y réfléchissait, et plus Hubert se sentait complètement dépassé par la situation. Il avait sondé tous les colons lui-même... Quel risque couraient-ils, désormais ?

Il longea des couloirs et traversa des salles qui commençaient à se dépeupler : la soirée était bien avancée et, peu à peu, les membres de la Communauté regagnaient leurs quartiers.
Il gagna la cour, puis les remparts où patrouillaient les guetteurs.
Tout était calme, comme à l'ordinaire.
Mais nulle trace du mercenaire sur le chemin de ronde.

Où diable avait-il pu disparaître ? Il devait être à l'intérieur, à un endroit imprévu. Mais où ? Et qu'avait-il à lui transmettre ? Cela devait concerner ses pairs, les mercenaires. Il ne les avait pas sondés et il savait qu'il y avait parmi eux quelques âmes noires. Et s'ils songeaient à se mutiner ? Peut-être les richesses de la cité dépassaient-elles de loin ce qu'ils avaient imaginé, et songeaient-ils désormais à se débarrasser des colons pour profiter seuls des merveilles de Clairétoile. Ce n'était pas impensable, pas du tout. Il avait foi en Guillermo, mais si le chef mercenaire venait à disparaître, il n'avait aucune idée de ce dont ses hommes, Lothar en tête, étaient capables. Il devait le retrouver et savoir. Il retourna donc à l'intérieur, abandonnant la nuit, et décida d'aller jeter un oeil dans la salle d'entraînement, puis aux écuries. Ensuite, il remonterait dans la salle commune, histoire qu'Albérich puisse le trouver s'il le cherchait.

C'est justement dans la salle commune qu'un peu plus tôt, Alban était venu trouver le Luménien, lequel achevait de dépeindre la bibliothèque à des enseignants ébahis - et impatients d'y mettre les pieds. L'écuyer hésita, craignant peut-être d'imposer sa présence aux instituteurs en dehors des heures de classe, mais ceux-ci le signalèrent à Albérich et en profitèrent pour prendre congé : ils étaient fatigués. Dès lors, il ne fallut guère de temps avant que le gamin ne lui transmette le message dont il était porteur.
-Messire Hubert se demande si vous auriez un sortilège susceptible de l'aider...conclut-il.

Il ne manquait plus que ça. Il ne lui restait plus de sortilège de communication à distance, pas de scrutation, il était démuni.
" Je crains de ne pouvoir l'aider, non. La meilleure chose à faire est de continuer à le chercher... Il n'a pas pu se volatiliser. Je vais aller jeter un oeil dans les étages, là où j'ai installé ma chapelle, et près de mon bureau. J'ai de bonnes raisons de m'y trouver..."
Le Luménien n'était pas certain de comprendre exactement ce qui se passait. Mais il faisait confiance à Hubert : si celui-ci voulait absolument trouver Guillermo, il devait avoir une bonne raison.

-D'accord. Je vais continuer à chercher de mon côté aussi. Mais je ne pourrai pas le faire très longtemps : il commence à être tard et au bout d'un moment, me voir dans les couloirs, ça pourrait intriguer.
Albérich ne croisa Guillermo ni aux abords de la chapelle, ni près de son bureau.
Pas davantage qu'Hubert ne le vit aux écuries ou dans la salle d'entraînement.
La forteresse était vaste, toutefois, avec une multitude de pièces, de corridors, de cours... On pouvait s'y chercher longtemps en vain.

Hubert et Albérich finirent par se retrouver dans la grande salle presque déserte et, sans échanger le moindre mot, ils mirent le cap sur leur chambre, le seul endroit où ils pourraient discuter tranquillement. Hubert marchait d'un pas tranquille, presque désinvolte, mais dès qu'ils furent à l'intérieur, toute sa tension flamba.
" Misère, Albérich. Il avait quelque chose d'urgent à me transmettre et il a disparu ! Je ne vais pas savoir dormir.
— Ecoute. Il y a sans doute une explication parfait...
— Comme pour la disparition de la colonne, c'est ça ? Tu ne trouves pas curieux que ces deux faits se produisent exactement au même moment ? Guillermo était vraiment inquiet, Albérich. Or tu l'as vu toutes ces dernières veilles : même au coeur de la tourmente, avec trente-six cannibales à nos portes, il n'était pas inquiet. Il y a quelque chose qui nous pend au nez, et nous sommes en train d'échouer à le prévenir.
— Je tenterai de le contacter demain...
— Et c'est son cadavre que tu vas contacter, en vain, exactement comme pour Louis et Frida. C'est quand même incroyable que vous soyez incapables d'analyser les résultats de ce sortilège ! Avec votre expérience !
— La magie divine ne fonctionne pas comme ça. Et tu es en train de perdre pied. Calme-toi.
— Je dois le trouver.
— La forteresse est immense.
— Il devait me parler, Albérich. Je dois le trouver. Et s'il est mort, tu le relèveras."
Le clerc attrapa le paladin par les épaules.
" Hubert. Calme-toi. Que crains-tu ?
— Je ne sais pas. Une mutinerie, dans un premier temps. Sans Guillermo, je ne suis pas certain que nous contrôlons son groupe."
Albérich soupira. Depuis le premier jour, il avait craint ces soldats sous contrat, plus nombreux et mieux entraînés que leurs maigres troupes.
" Ils n'ont jamais donné signe de nous vouloir du mal.
— Néanmoins. Ils étaient loyaux à leur chef. Sans lui...
— Il n'est pas encore perdu. Calme-toi.
— Je vais retourner le chercher. Je ne peux pas faire autrement. Je suis désolé."
Il pinça les lèvres et regagna le couloir, abandonnant le clerc derrière lui. Celui-ci hésita un moment, puis décida de se mettre au lit. Il devait réfléchir aux sortilèges à mémoriser le lendemain, de manière beaucoup plus critique que d'ordinaire. Les choses commençaient à sentir le roussi...

La forteresse commençait à s'endormir.
Il y avait de moins en moins de monde dans les couloirs, de moins en moins de conversations et de lumière derrière les portes closes.
Plus de baigneurs aux thermes.
Et, dans la salle commune, quelques attardés seulement. Dont les paladins de Sunie en train de terminer une partie de cartes avec Thibault, arrivé depuis le dernier passage d'Hubert à cet endroit.
Peut-être avait-il eu du mal à s'endormir.

Hubert les salua sans s'arrêter. Il était conscient qu'il lui fallait minimiser les contacts, car ils seraient accompagnés de questions embarrassantes, et il ne voulait pas devoir les éluder. Il était conscient de n'avoir aucune idée de l'endroit où porter ses pas. Peut-être Guillermo était-il désormais rentré dans la salle de sa compagnie, mais il était trop tard pour y surgir avec son message : le mercenaire pourrait remplacer Gaspard au pied levé. Il décida donc de retourner sur les remparts, davantage pour y calmer son trouble que dans l'espoir d'y dénicher celui qu'il cherchait. La nuit promettait d'être longue et il savait qu'il n'irait pas se coucher : il voulait être prêt en cas de grabuge.

Il devait arpenter le chemin de ronde depuis moins d'une demi-heure lorsqu'il vit qu'un duo de guetteurs s'était immobilisé au-dessus des portes et regardait vers le bas tout en échangeant des murmures. Les rejoignant, ils lui indiquèrent avoir cru apercevoir une ombre sur le chemin et effectivement, lorsqu'il regarda à son tour, sa vision extraordinairement perçante lui permit de repérer une silhouette en train de grimper en direction de la forteresse. Elle était encore loin mais elle lui parut immédiatement familière.
C'était celle de Guillermo.

Hubert resta stupéfait. Pourquoi diable le chef mercenaire était-il sorti, en pleine nuit, sans en avertir personne ?
" Je vais aller à sa rencontre. Reprenez votre ronde." dit-il, d'un ton mesuré.
Ensuite, il abandonna les remparts et gagna les portes. Son soulagement était tel qu'il sentait la colère poindre en lui. Guillermo avait intérêt à avoir une bonne raison pour cette expédition complètement folle.

Mais le capitaine regrettait peut-être déjà cette sortie...
Quand Hubert se dressa sur le seuil, il était encore loin et pour cause : il boitait.
IL titubait, même.
Sa mise était en piteux état : froissée, déchirée peut-être et maculée de neige.

Hubert donna l'ordre aux sentinelles les plus proches de surveiller la porte, puis il se porta à la rencontre de Guillermo, prêt à lui insuffler de l'énergie divine s'il était blessé. Qu'est-ce qui lui avait pris, bon sang ? Mais ce n'était pas le moment des questions, c'était celui de lui venir en aide. Ils auraient tout le temps pour des explications ensuite.

Le mercenaire, qui n'y voyait goutte, posa la main sur la garde de son arme et l'avait déjà à demi tirée lorsqu'Hubert s'identifia. Il poussa alors un profond soupir de soulagement.
-Il n'est peut-être pas encore trop tard, lâcha-t-il.
Il s'efforça de reprendre son souffle.
-Lothar a tenté de m'assassiner : il doit m'avoir doublé, travailler pour quelqu'un d'autre, et je ne sais combien de mes hommes sont avec lui. Il faut les mettre aux arrêts sans tarder, car ils préparent quelque chose.
Il grimaça de douleur.
-Vu qu'ils en sont au point de vouloir se débarrasser de moi... J'ai peur que ce soit pour cette nuit.

Hubert déchargea son énergie divine dans la carcasse éprouvée du mercenaire.
" Il faut faire vite." souffla le paladin en retournant vers la forteresse.
Mais comment faire, exactement ? Il fallait rassembler tous les hommes de faction, y compris ceux qui montaient la garde, prévenir Etienne, les clercs, les mages... Il y avait peu de chances que les mercenaires se rendent sans combattre... et Hubert voulait éviter un carnage. Les Sunites étaient dans la grande salle. C'était la première étape. Thibault irait chercher Albérich et Etienne...
" Il me faut un officier ou deux... Pourquoi étiez-vous à l'extérieur ? Devons-nous vous cacher ?"

-Il faut agir avec discrétion, oui. Pour le reste... Je n'étais pas à l'extérieur, à la base. Je me promenais simplement sur les remparts jusqu'à ce que l'un de mes frères d'armes en qui j'avais toute confiance, venu me trouver pour me transmettre quelque message, disait-il, me pousse subitement dans le vide.
Il leva sa main droite. Une bague l'ornait.
-Sans cet anneau, j'étais mort. Le sort de Feuille-morte a ses bons côtés.

***

Albérich fut brusquement arraché au sommeil.
Il eut l'impression qu'on venait de lui décocher un violent coup dans les côtes.
et ce n'était peut-être pas qu'une impression.
-Debout, fit une voix qu'il avait déjà entendue sans toutefois parvenir à l'identifier.
Ouvrant les yeux, il découvrit Lothar, second de Guillermo, le dominant de toute sa taille.
Il avait tiré sa lame du fourreau et l'en menaçait.

Albérich mit quelques secondes à reprendre ses esprits. La situation lui apparut ensuite beaucoup trop clairement : Hubert avait eu raison de s'inquiéter, Guillermo ne contrôlait plus ses hommes, et sa brute de second révélait sa vraie nature. Il ne trouve aucune consolation dans le fait qu'il l'avait craint depuis le tout premier jour de sa présence dans les rangs de la communauté. Se massant les côtes, il se releva péniblement.
" Vous ne devriez pas faire ça." dit-il du ton le plus calme possible.
Il fallait qu'il garde le contrôle sur lui-même. La peur était mauvaise conseillère, et Lathandre était avec lui. Lothar n'était pas un Sharite, c'était juste un homme assoiffé de richesses. Surtout ne pas paniquer.

-Et pourquoi non ? On nous paie un bon prix pour votre arrestation.
Lothar eut un sourire mauvais.
-Et ça, ce n'est que la cerise sur le gâteau. Une belle cerise, faut bien l'admettre. Mais le gros lot, on va le toucher pour avoir livré la cité.
Des pas : un autre mercenaire surgit de la chambre d'Hubert.
-Pas d'écuyers non plus.
-Décidément, on est en veine !

Les gosses étaient ailleurs, c'était un soulagement. Mais de quoi parlait-il ? Son arrestation ? Qui diable aurait voulu l'arrêter, et pourquoi ? A sa connaissance, il ne s'était rendu coupable d'aucun crime, nulle part. Mais Lothar parlait aussi de livrer la cité à quelqu'un, cependant. Le Prince d'Ithilion semblait être un candidat sérieux à ce genre de folie. A moins que le mercenaire n'ait été de mèche avec Ignace, et que les choses soient en réalité bien plus sinistres qu'elles n'en avaient l'air...
Il prit une profonde inspiration. On le voulait vivant, apparemment, sinon son ravisseur aurait parlé d'élimination ou quelque chose du genre. C'était déjà un début, il fallait s'y accrocher.
" Vous faites une erreur, répéta-t-il. Ce gros lot va vous coûter votre réputation et bien davantage. La communauté était prête à vous rétribuer grassement. Vous auriez même pu négocier d'en recevoir davantage."

-L'ancienne compagnie est morte avec son capitaine. Et de toute façon, il n'y avait plus que lui et quelques idiots à croire en elle. La nouvelle compagnie, que je dirige, n'est pas concernée par les contrats de l'autre. En revanche, elle est tenue par les contrats qu'elle a passé de son côté. Avec des employeurs qui payent encore mieux.
Son sourire s'élargit.
-Vous n'allez pas tarder à faire leur connaissance car, aux dernières nouvelles, ils étaient dans les souterrains. Il faut dire qu'ils ont eu un bon guide pour leur montrer l'entrée qui se situe là-bas, aux forts... Et je leur ai fourni le reste.

Albérich ne pouvait pas se laisser impressionner par ce qu'il était en train d'apprendre. Et pas non plus par cette grosse brute vénale. Guillermo était hors jeu, il y avait des intrus dans les souterrains. Soit. Les mercenaires n'étaient que trente, mais si les intrus en question avaient amené des troupes... Il préférait ne pas y penser. Non. La communauté disposait de forces conséquentes. Trois paladins, trois clercs, trois mages, deux chevaliers, plus une bonne trentaine de soldats et des éclaireurs. C'était suffisant pour déborder cette bande de traîtres. Il fallait juste qu'il parvienne à tirer sa propre épingle du jeu, et pour cela, il devait rester calme, paraître résigné, surtout ne pas leur résister.
" Qu'est-ce que vous comptez faire des gens ? Est-ce qu'ils font partie de ce que vous entendez "livrer" à vos commanditaires ?"

-Bien sûr : une cité déjà peuplée vaut plus qu'une ruine vide. D'autant que comme ça, il y a déjà de la main d’œuvre sur place pour la retaper, pour exploiter les mines... Bref, on livre la Communauté, en incluant les renforts venus de Grand-Estuaire. Et ne vous en faites pas : bien sûr, il faudra peut-être faire quelques exemples, et il faudra bein éliminer ceux qui font les idiots. Bien sûr, les règles changeront peut-être un peu, aussi... Mais globalement, ceux qui seront sages s'en tireront bien. Et qui sait, ils pourraient même mener une belle vie, ici !

Ainsi c'était cela. Soumettre les gens à un nouvel esclavage aux mains d'hommes sans vergogne. Eux qui avaient déjà tant souffert, qui avaient cherché un havre pour fuir l'exploitation constante de leurs vies antérieures... Albérich ne put s'empêcher de songer à Morféa. Les Luméniens étaient peu nombreux dans la communauté, mais ils avaient connu cette période d'asservissement, où ceux qui se tenaient "sages" justement, parvenaient vaille que vaille à survivre. C'était intolérable. Lathandre ne le permettrait pas, pas encore.
" Vous semblez croire que personne ne va se lever en travers de votre chemin. Comme Hubert, par exemple. Ou Etienne. Ou bien d'autres encore. Vu que Guillermo a eu le temps de les prévenir de votre trahison, je doute beaucoup qu'ils vous laissent vous promener dans la forteresse avec vos nouveaux amis, comme si de rien n'était."
Il ne pouvait que tenter de gagner du temps. Hubert reviendrait. Il était déjà aux abois. Il fallait juste espérer qu'il ne ferait pas n'importe quoi.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue