La Couronne de Cuivre

Kasumi avait obtenu ce qu’il souhaitait mais il était bien conscient de devoir ménager les susceptibilités pour ne pas s’aliéner des alliés qui pourraient devenir déterminants dans les prochains jours. Il ajouta donc d’un ton calme et conciliant :

- Vos réussites plaident en faveur de vos capacités : il n’est pas donné à tout le monde de survivre plusieurs jours dans la Forêt Maudite et d’en revenir après avoir capturé un dangereux séide du Traqueur. Mais les rôdeurs et les clercs ont des avantages dont vous ne disposez pas pour ce qui est de rester discret. Je pourrai en faire profiter Mylène à qui je transmets mon savoir-faire mais je ne suis pas assez expérimenté pour assurer un passage sans danger à un groupe aussi important que le vôtre.

" Bon... Je vois...."
L'homme marmonna quelques autres paroles incompréhensibles, sur un ton encore un peu bougon. Mais l'argument de Kasumi avait fait mouche et il semblait un peu plus conciliant. Il masqua son humeur en s'empiffrant de jambon -au demeurant délicieux.
" Vous comptez partir demain matin ?" questionna Joris.

La prudence aurait voulu d’attendre effectivement le lendemain matin pour se mettre en route et profiter de toute une nuit de repos à l’abri mais le rôdeur craignait que cela fournisse de nouveaux arguments aux soldats pour tenter de l’accompagner. Il était hors de question d’avancer cette raison aussi biaisa-t-il quelque peu sa réponse à Joris :

- Je préfère me lancer sur les traces du loup-garou au plus tôt pour ne pas risquer de les perdre. J’avais pensé nous remettre en route dès après le repas. Mais s’il n’est pas possible d’obtenir tout le ravitaillement, nous repartirons en milieu de nuit : les premières heures dans les bois ne seront pas dangereuses et ce serait autant de temps de gagné de toute façon.

Ses interlocuteurs ouvrirent des yeux ronds.
"En partant après dîner, vous serez au milieu de la nuit dans les zones les plus dangereuses, en n'ayant pas pris le temps de vous reposer, de surcroit.
- Peut-être que vous avez besoin de moins de sommeil que les humains ?, avança le jeune Lucas.
- Mais pas la g...' -gamine sans doute, mais il se corrigea aussitôt- son apprentie.
- C'est complètement suicidaire, à mon avis ! Mieux vaut avancer de jour et se trouver un abri sur la nuit, dans ces bois. Je croyais que vous les connaissiez... Il serait plus sage de partir très tôt le matin, ne croyez-vous pas ?
- Ca se discute... Dormir le jour quand les bois sont moins dangereux peut être une option, quand on voit clair dans le noir et qu'on peut se déplacer sans bruit.
- Oui mais son apprentie n'y verra rien...
- J'm'appelle Mylène", ronchonna l'intéressée, levant les yeux de son assiette bien remplie.

Kasumi esquissa un sourire à cette intervention : au moins Mylène retrouvait-elle son caractère fort aprèsces quelques jours de doute et de renfrognement. Le demi-elfe réfléchissait encore à leurs options : partir ausitôt pour gagner un peu d'avance sur la nuit et éviter que les soldats ne les suivent paraissait un peu dangereux. Ils pouvaient peut-être se reposer l'après-midi et partir vers la minuit comme il l'avait envisagé : ils seraient ainsi reposés, ravitaillés et il aurait pu s'arranger pour faire parvenir un message à Sylvia pour leur expliquer où ils en étaient, en édulcorant le danger pour ne pas trop l'inquiéter.

Un bâillement de Mylène, malgré l'heure peu tardive, pouvait inciter à pencher pour cette solution : partir au milieu de la nuit, pour atteindre les zones dangereuses au lever du jour, était une option plus prudente que partir tout de suite. Même si cela faisait une nuit bien courte pour sa jeune apprentie.

L'arrivée de la tenancière interrompit sa réflexion. Le dîner était servi -bien que le casse-croute déjà avalé aurait pu en faire office s'ils n'avaient pas été aussi affamés-. C'était une sorte de mixture composée de pommes de terres écrasées avec de la crème, du genre à caler les estomacs les plus affamés, qu'on leur présenta sous le nom de "Pat'ia", qui s'accompagnait de charcuterie et de vin rouge.
" Et si vous partez cette nuit... comment vous allez marquer vot' passage ? questionna Tom, après avoir descendu la moitié de son assiette. Il parait que vous savez ne pas laisser de trace..."

Le demi-elfe sourit en voyant Mylène lutter pour rester éveillée et sa décision fut prise : ils s'octorraient une longue sieste l'après-midi et dîneraient sur place avant de partir en fin de soirée. C'était plus prudent et ils ne perdraient pas vraiment de temps. En sus, le risque que les gardes ne les devancent était minime et, même si cela s'avérait le cas, ils pourraient aisément les rattraper. Sa décision prise, il entendait profiter pleinement du repas mais prit tout de même le temps de rassurer le soldat :

- Je ne laisse pas de trace si je le souhaite mais cela ne m'empêche pas d'en laisser volontairement : je vous fournirait une piste en attachant des ficelles aux branches des arbres.

HRP : en fait ils sont déjà en debut de soirée normalement....

" Des ficelles dans les arbres.... Bah pourquoi pas. Nous les ôterons au passage pour ne pas laisser de trace durable dans les bois."

Lionel, quand à lui, n'avait pas repris la parole depuis quelques minutes, mais réfléchissait intensément.
" Et qu'allez-vous faire si vous le repérez ? Ce serait suicidaire de l'attaquer sans notre aide... et si vous le repérez, lui vous repérera également très vite, par vos traces et votre odeur. Je persiste à penser que vous prenez des risques excessifs."
Mylène ouvrit la bouche, puis hésita. Pressentant sans doute que ces hommes ne pourraient pas comprendre sa position.

Mylène faisait preuve de sagesse malgré son impulsivité. En réalité, la jeune femme lui semblait plus sage que lui-même à son âge et ce serait une bonne chose. Il en éprouva une étrange fierté même s'ilne connaissait son apprentie que depuis quelques semaines. Le demi-elfe répondit à sa place :

- S'il nous repère tous les deux, il nous croiera vulnérables et sera plus susceptible de commettre des erreurs. Je ne chercherai pas l'affrontement mais son arrogance est une faiblesse que j'exploiterai si cela s'avère nécessaire. Il est maintenant isolé des siens et pas sur un terrain qui lui est familier : j'espère que cela suffirapour le cirsconscrire.

" Je pense que vous êtes un peu trop optimiste. Il connaît cette forêt, il l'arpente depuis des veilles. Ce sera un avantage sur vous. "
Tom acquiesça.
" Ne comptez pas sur ses erreurs. Il est beaucoup trop fort pour l'affronter.
- Vous feriez bien de repérer, en cheminant, toutes les cachettes sûre où vous pourriez être amené à vous réfugier, renchérit Joris. Tant que vous êtes dans ce secteur un peu escarpé, les grottes ne manquent pas. Plus loin ce sera plus dur...
- Raison de plus pour qu'on vous rejoigne au plus vite. Et si vous voyez que la traque s'éternise ou vous éloigne à plus de trois jours d'ici, peut-être vaudra-t-il mieux renoncer..."

HRP: absente jusqu'au 16 ou 17 aout...

Kasumi accepta ces conseils avec bonne humeur même si ces années de pratique de la survie en terrain difficile lui avaient enseigné bien des façons de s’en sortir. A défaut de grotte, ils pourraient fort bien se réfugier sur la cime d’un grand arbre : le loup-garou n’y aurait aucun avantage conter un rôdeur chevronné. Pour achever de rassurer les soldats, il les assura qu’il s’arrêterait pour les attendre s’il estimait avoir pris trop d’avance sur eux : ils devaient donc prendre le temps de se reposer et de se rééquiper et d’éviter toute précipitation.

Ces diverses précautions, et la certitude qu'il les attendrait, parurent rassurer quelque peu ses interlocuteurs. L'atmosphère se détendait, insensiblement, et ils purent apprécier sans arrière-pensée le dessert maison -une tarte aux poires et au caramel.
Mylène, cependant, tombait visiblement de sommeil et ne se fit pas prier pour se coucher de très bonne heure, se laissant guider par l'aubergiste vers la plus petite des chambres tandis qu'ils poursuivaient la conversation. Joris, qui habitait le village, était quant à lui déjà parti rejoindre sa famille.
L'aubergiste, un peu ennuyé, vint leur avouer que dans une si petite auberge, il n'avait que trois chambres, suffisamment grande pour y mettre plusieurs couchages. Mylène dormait déjà dans l'une d'elle. Tom et ses deux compagnons acceptèrent de se partager la plus grande des pièces, et Kasumi aurait donc le luxe d'avoir une chambre pour lui seul.

Kasumi se sentait quelque peu gêné de bénéficier d'un supplément de confort par rapport aux soldats mais ces derniers se connaissaient et se sentiraient sans doute plus à l'aise entre eux qu'avec un étranger forestier. Il accepta donc sans protester cette répartition des chambres. Dans tous les cas, il faudrait se lever tôt pour partir avant les premières lueurs de l'aube et ainsi regagner une partie du retard accumulé par ce long détour. Il espérait simplement que Mylènepourrait bien dormir et récupérer suffisamment pour les jours à venirs.

Mylène dormait profondément lorsqu'il s'éveilla, quelques heures plus tard. L'aube était encore loin, et il aurait sans doute volontiers dormi quelques heures de plus, mais il était temps de partir s'il souhaitait s'en tenir au plan prévu. Il lui fallu un bon quart d'heure pour réveiller l'apprentie rôdeuse, qui, bougonne, lui claqua quasiment la porte au nez. Elle était néanmoins prête un quart d'heure plus tard.
L'aubergiste avait laissé sur la table une miche de pain, du beurre et du fromage pour leur permettre de prendre un frugal petit déjeuner. Les entendant s'affairer, elle fit même une brève apparition pour les saluer au moment où ils s'apprêtaient à partir.
L'air frais du dehors acheva de les réveiller. La forêt était à moins d'une heure de marche, et Kasumi sentait la présence de Première Neige qui les y attendait. Il était temps de se mettre en route.

Kasumi prit soin de ne pas brusquer son apprentie, prenant naturellement la tête de l'expédition sans chercher particulièrement à engager de conversation. Au fil de la journée, il faisait pleinement confiance à Mylène pour sortir de son mutisme dû au manque de sommeil. Pour l'heure, le demi-elfe se réjouissait de retrouver sa liberté avec l'air des bois et sa compagne animale prête à courir l'aventure à ses côtés.

Ils s'enfoncèrent dans la forêt, plutôt accueillante dans ces parages. Vers le nord-est se trouvait la zone vallonnée où ils avaient aperçu pour la dernière fois le loup-garou. Ils s'y dirigèrent, Première Neige en tête. Il ressentait le bien-être de la louve dans ce secteur préservé des influences néfastes de la forêt. Mais ils étaient trop près du village pour y installer la meute, elle le percevait, même si elle-même était accoutumée aux odeurs humaines.
Mylène semblait elle aussi détendue, émergeant peu à peu de sa torpeur. Mais il sentit sa nervosité augmenter au fil des heures, alors qu'ils s'approchaient de la zone.
" Vous croyez qu'on va le trouver ?" questionna-t-elle abruptement alors qu'ils faisaient une pause casse-croûte. Dans ses yeux se mêlaient espoir et inquiétude.

En l'absence des soldats de Luménis, il n'était plus nécessaire de préserver les faux-semblants. Kasumi répondit avec honnêteté malgré l'inquiétude que cela risquait de provoquer chez son apprentie :

- C'est lui qui nous trouvera si c'est son intention. J'espère qu'il souhaitera discuter... Nous pouvons attirer son attention, bien sûr, mais il faut nous tenir prêts à ce qu'il nous surprenne. Je placerai des alarmes quand nous serons sur place mais tâchez d'ouvrir l'oeil.

La jeune fille eut une moue dubitative.
" Je sais pas... En fait, ça m'étonnerait qu'il ait envie de nous trouver. Il doit croire qu'on veut le capturer... Il va plutôt fuir. Nous attaquer peut-être... mais non, je ne crois pas qu'il veuille nous faire du mal. Je suis peut-être trop optimiste. Mais il doit avoir peur. Une bête qui a peur est dangereuse... mais je n'arrive pas à le voir comme une bête..."

Le rôdeur répondit aussitôt avec franchise :

- Et vous avez raison : ce n'est pas une bête. D'aucuns le considèrent comme un monstre et ils ont en partie raison. Mais ce n'est pas vraiment le cas non plus. Les lycantropes conservent une part de volonté : ils ne sont pas uniquement guidés par leurs instincts même si ceux-ci sont extrêmement puissants et qu'ils peuvent en perdre le contrôle. Tout ceci le rend extrêmement imprévisible mais cela permet néanmoins de conserver l'espoir de discuter avec lui.

Mylène soupira.
" Je ne sais pas... ce serait formidable si on pouvait parler. Mais pour cela il faudrait qu'il soit sous sa forme humaine. Est-ce qu'il lui arrive de la reprendre ? Peut-il se transformer à volonté? Ou est-ce qu'il garde toujours sa forme de loup ? Parce que là, ça serait compliqué de discuter... Puis d'ailleurs, il ne voudra peut-être pas..."

Le rôdeur préférait de loin que Mylène en reste à ces considérations techniques : cela lui permettrait d’aborder plus rationnellement la situation à laquelle ils allaient être confrontés et, peut-être, d’en amoindrir la charge émotionnelle.

- De ce que j’en sais, les loups-garous peuvent subir leur transformation mais uniquement le soir d’une pleine lune ainsi que la veille et son lendemain. Le reste du temps, ils restent libres d’adopter la forme qu’ils préfèrent : humaine, animale ou hybride. Cela dépendra donc de lui et de sa disposition d’esprit je suppose. Cela dit, ceux qui passent trop de temps sous leur forme bestiale ont parfois du mal à recouvrer leur forme d’origine.

" Mais quand il était avec les malarites.... il devait être sous forme humaine non ? Si c'est le cas ça donne un peu d'espoir qu'il ne soit pas.... pas trop devenu une bête..."
A en juger par le ton de sa voix, derrière les considérations techniques plus faciles à aborder, se cachait l'angoisse de ce qui pouvait les attendre face au monstre qu'était devenu son ancien ami.

Kasumi était douloureusement conscient que ces considérations allaient revenir à la surface - tôt ou tard et sans doute au pire moment – aussi tenta-t-il d’insuffler un peu d’allant à son apprentie en prévision de cet instant :

- Nous sommes ici pour discuter avec lui. Si c’est possible, nous y parviendrons. Si ce n’est pas le cas, nous aurons fait tout ce que nous pouvions pour votre ami. Tant qu’il ne tentera rien contre vous, Première Neige ou moi, nous ne chercherons pas à le combattre. Je voudrais que vous réfléchissiez à ce que vous voudriez lui dire ou lui demander. Les autres considérations peuvent attendre.

Tout en progressant dans les bois, le demi-elfe tâchait systématiquement de repérer des abris ou des zones de repli vers lesquelles se diriger si une attaque venait à survenir.

" Ce que je voudrais lui demander... j'en sais rien.... Moi, j'aimerais qu'il revienne vivre parmi nous. Mais c'est peut-être pas possible, même s'il voulait... et même si son père l'acceptait... est-ce qu'il risque de mordre des enfants ? Est-ce qu'il ne peut pas se contrôler ? Puis le village ne pourra pas accepter, il faudrait que ça reste secret... "
Elle soupira.
" Est-ce qu'il existe seulement une issue à ça qui ne soit pas la mort ou l'exil..."

Kasumi demeura silencieux un long moment avant de répondre à Mylène avec la franchise dont il était coutumier :

- La meilleure issue que nous pouvons espérer serait de parvenir à le convaincre de rejoindre le groupe de métamorphes qui a pris contact avec moi. Eux pourraient trouver une solution pour lui permettre de se contrôler et de s’amender. Peut-être même un jour le guérir, qui sait ? Mais il ne sera plus jamais accepté parmi les gens qui l’ont connu autrefois. A leurs yeux, il vaudrait sans doute mieux qu’il demeure mort car je doute qu’il puisse avoir la même ouverture d’esprit que vous à son égard.

Mylène hocha gravement la tête.
" Oui, vous avez raison. Je pense que la plupart des gens préfèrent le savoir mort que devenu un monstre. Au moins, ils le croient en paix... Ce qui lui est arrivé, ils doivent considérer que c'est pire que la mort. Ils ont peut-être raison. Sûrement même. Mais je ne sais pas pourquoi, moi, bêtement, je suis parfois heureuse de le savoir vivant. J'aimerais juste que ce ne soit pas une vie tourmentée, passée à attaquer les hommes et à fuir. S'il pouvait trouver la paix..."
Elle soupira.
" En fait, non, là je me mens à moi-même. La vérité c'est que je voudrais tant le revoir et que tout redevienne comme avant... Mais c'est pas possible... alors faudra que je me contente du peu qu'on pourra faire."

Tant qu’il y a de la vie, il y de l’espoir. L’adage connu prenait tout son sens au travers des aspirations de Mylène mais le rôdeur clerc ne lui fit pas l’affront de citer la maxime un peu hors de propos selon son avis. Pour autant, il ne demeura pas sans réaction tout en scrutant toujours aussi attentivement leur environnement :

- Vous avez choisi une voie qui vous amènera à beaucoup voyager. Alors, si nous parvenons à quelque-chose, vous pourriez avoir des occasions de le revoir. Mais nous n’en sommes pas encore là : ce que nous nous apprêtons à faire sera très difficile au mieux.

Elle hocha la tête, l'air grave.
" Je me doute..."
Elle s'étira brièvement. La pause casse-croûte était finie et il était temps de se remettre en route.
Première Neige, la truffe au vent, ne flairait pour le moment aucune odeur qui puisse les intéresser. Kasumi estima qu'ils étaient à moins d'une heure de l'endroit où ils avaient dormi deux nuits plus tôt -et donc des traces les plus récentes qu'ils connaissent de leur cible.
La noirceur de la forêt était encore peu sensible par ici, et la forêt semblable à beaucoup d'autres. Le terrain montait en pente douce vers les collines rocailleuses. Un vent du sud s'était levé, porteur de nuages annonçant la pluie, probablement pour la soirée ou la nuit. Ils n'auraient pas de peine à trouver un abri dans ces roches, si toutefois la piste se maintenait dans ce relief. Mais la pluie risquait de brouiller les odeurs.

Tout concentré sur sa traque, le demi-elfe en avait temporairement oublié sa première mission mais la pause lui fournit l'occasion d'y songer brièvement : s'il parvenait à chasser d'une façon ou d'une autre le loup-garou de cette zone, lesloups y seraent probablement très bien. Un petit autel dédié à sa déesse - avec l'appui de son ami Lathandrite - suffirait probablement à en chasser les derniers relents de noirceur, attirant par là même d'autres animaux.

Ils finirent par reconnaître l'endroit où ils avaient campé et où avait eu lieu l'attaque du loup-garou. La trace de celui-ci était à peine visible dans les broussailles, mais suivre son odeur était un jeu d'enfant pour Première Neige. Il était parti vers le nord-est, s'enfonçant davantage dans les bois, et n'était, selon la louve, pas revenu dans les parages. Il avait une bonne journée et demie d'avance sur eux, et davantage de rapidité et d'endurance. Et la forêt était immense.
Ils suivirent la piste, louvoyant entre les collines, s'enfonçant vers le coeur noir de la forêt. Le loup-garou avait d'abord cheminé à fond de vallon, puis avait escaladé un petit promontoire, au sommet duquel, selon Première Neige, il était resté un moment. Il s'y trouvait un point de vue dégagé vers le nord, l'est, et l'ouest. On devinait à l'ouest la lisière des bois, et, loin à l'est, la silhouette des montagnes de fer. Au nord-est, le fleuve faisait une boucle près de laquelle se trouvait une zone apparemment plus dégagée, en bordure de marécage, avec de hauts arbres et moins de sous-bois. C'était l'endroit même que Kasumi avait repéré, quelques jours plus tôt, comme étant un possible terrain d'accueil pour la meute. Apparemment, la piste du loup-garou s'y dirigeait tout droit.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Peyregorde