La Couronne de Cuivre

« Oh rien de bien important. » fit le clerc en les précédant dans le couloir chichement éclairé. « Ce sont des gens qui vivent dans les bois et nous rendent quelques services en échange d’autres de notre part… Mais la forêt maudite, dites-vous. C’est une chance que vous soyez entière l’une et l’autre. »
Il poussa finalement une porte derrière laquelle se déroulait un joyeux festin. Une dizaine d’hommes mangeaient de bon appétit devant une belle flambée, dans une pièce relativement exiguë que la foule rendait chaleureuse. Lorsque le Lathandrite surgit avec ses visiteuses, deux des hommes se levèrent pour leur céder une place et le vacarme décrut audiblement. Tous étaient bien bâtis, et s’ils ne portaient pas d’armures, il n’était pas difficile de les deviner sur leurs épaules en d’autres occasions.
« Voici la compagnie de Sire Erwan. Ce sont des paladins qui nous viennent de Luménis. Ils sont un peu bruyants, mais très bien élevés. » fit le clerc avec le sourire.
La table était couverte de victuailles diverses, seule la boisson semblait être présente en quantité modérée. D’ailleurs, Astrée nota rapidement qu’aucun des chevaliers présents n’était ivre.
« Mais prenez place, prenez place. Je suis certain que vous devez avoir faim. A moins que vous ne préfériez aller vous coucher immédiatement. »
Il balaya l’assemblée du regard et s’arrêta sur un jeune homme couvert de taches de rousseur.
« Arthur, peux-tu aller mettre les chevaux de ces dames avec les vôtres ? Ils attendent dehors. »
Le dénommé Arthur acquiesça précipitamment et fila au dehors.

L'assemblée était nombreuse. Un peu trop au gré d'Astrée, qui se sentit soudain paralysée par la timidité. Elle était presque tentée d'accepter l'offre du clerc d'aller se coucher immédiatement... Mais les odeurs appétissantes émanant des victuailles lui rappelèrent soudain qu'elles n'avaient pris qu'un encas sommaire à midi. Elle se sentait affamée, et accepta finalement avec reconnaissance de s'assoir à la table.

"Merci, dit-elle aux deux hommes qui leur avait cédé la place, tandis qu'Alice s'asseyait elle aussi. "C'est très gentil à vous de nous permettre de partager votre repas."
Elle se sentait rougir sous les regards qui s'étaient tournés vers elles, et sa voix était beaucoup plus ténue que d'habitude.

Elle salua le paladin assis en face d'elle, qui lui sourit aimablement en retour. Intimidée, ne sachant comment engager la conversation, elle se contenta de lui rendre son sourire.

Elle se rappela la plainte qu'on leur avait confiée lors de leur étape précédente, concernant une soi-disant mission Luménienne. Peut-être les paladins seraient-ils au courant? Elle se promit de leur poser la question pendant la soirée. Plus tard. Pour le moment elle s'en sentait incapable. Fichue timidité... Mais elle se connaissait : elle aurait sans doute retrouvé tous ses moyens avant la fin du repas.

Les paladins intégrèrent immédiatement Astrée et Alice à leur conversation, sans pour autant les forcer à se dévoiler. L’homme à la gauche d’Astrée était le dénommé Erwan de Sallis, un vétéran au regard clair et aux cheveux blonds, moins costaud que la plupart de ses hommes, mais le sourire facile. Il leur apprit qu’ils étaient en mission pour la Commanderie des Paladins de Luménis, qu’ils arpentaient les campagnes avant l’hiver, afin de vérifier que les villages voisins étaient parés pour les grands froids. S’ils avaient dû procéder à la destruction de l’une ou l’autre meute de loups devenues trop harassantes, ils avaient surtout servi de main d’œuvre pour des travaux de terrassement, de remblais, réparation de toitures ou d’enceintes. Le paladin évoqua ces tâches avec bonhomie. Il estimait que tout exercice physique était valable pour maintenir les chevaliers en forme, et que travailler au côté des paysans était un excellent moyen de faire preuve d’humilité et de leur rappeler que tous les hommes étaient de même valeur. Ensuite, il s’enquit poliment des raisons de leur voyage à elles, ajoutant qu’elles ne devaient pas se sentir tenues de répondre. Cependant, le clerc, qui était assis en face d’elles, intervint à son tour.
« Je ne peux pas croire que vous ayez traversé la Forêt Maudite sans bonne raison. »
Le paladin haussa les sourcils à la mention des bois sinistres.
« Mais nous ne voulons pas nous mêler de ce qui ne nous regarde pas, assurément. » ajouta-t-il.

Astrée s'était détendue petit à petit, au fur et à mesure que la soirée avançait, et se sentait maintenant parfaitement à l'aise.
"Notre voyage n'est en rien confidentiel. Et effectivement, nous n'avons pas traversé la Forêt Maudite sans raison.
En fait", ajouta-t-elle à l'adresse du clerc, "nous venions pour vous rencontrer. Nous avons découvert un phénomène étrange et inquiétant tout près de chez moi, à trois jours de marche d'ici, et nous venons solliciter l'aide des prêtres Lathandrites à ce sujet."

Elle résuma en quelques mots la situation : le vallon plongé dans l'obscurité en permanence; les animaux paniqués; les morts-vivants cachés par cette espèce de brume obscure, a priori nombreux.
"Voilà, vous savez tout. Ce phénomène semble assez récent, et il nous a semblé urgent d'en informer des autorités plus compétentes que nous. Nous savons que les clercs de Lathandre sont spécialisés dans l'éradication des mort-vivants. Mais peut-être étiez-vous déjà au courant de cette affaire?"

Au silence qui fit suite à son récit, Astrée devina qu’il n’en était rien. Le clerc et le paladin semblaient l’un et l’autre plus sombres.
« Ce que vous nous racontez n’est pas très réjouissant. » dit finalement le soldat. « Que la forêt maudite abrite des morts-vivants, nous le savons bien. Mais rien d’une telle puissance n’a été répertorié depuis des lustres. »
Il se tourna vers le clerc.
« Je pense que nous devons monter jusque là. Mais je dois avouer que je ne situe pas ce vallon. Cette tour me dit vaguement quelque chose. »
« C’était la tour du vieux Samuel de Presle. C’est là qu’il s’était retiré après les troubles d’Antelucas. » dit le clerc.
« C’est ça, oui. Construite par quatre golems de sable. Je me souviens de cette légende. »
« Samuel est mort il y a près de trente ans. »
« Mais je ne pourrais pas retrouver le vallon. »
« Je peux vous y conduire. » intervint Alice.
« Ça me paraît quand même dangereux. » dit le clerc, songeur. « Peut-être faudrait-il aller jusqu’à Luménis prévenir les autorités compétentes… »
« Nous pouvons faire les deux. J’irai avec la compagnie, et dame… »
« Alice. »
« Dame Alice, ici présente, jusqu’au lieu-dit. Nous ne prendrons pas de risques inconsidérés, mais ferons en sorte que rien ne sorte du vallon. »
« Erwan… »
« Aidan, je te signale que j’ai avec moi dix guerriers endurcis. Quatre sont des chasseurs de morts-vivants. Qui veux-tu qu’Albérich nous envoie ? »
« Quelques clercs en renfort ? »
« Et nous les attendrons. Nous formerons une avant-garde, nous reconnaîtrons le terrain, observerons ce qu'il y a à observer. Et… »
Il se tourna vers Astrée.
« Et un de mes hommes escortera cette dame jusqu’à Luménis. Nous écrirons une lettre à Albérich, au conseiller Megrall, pardon, c’est un des dirigeants, et le prêtre le plus haut placé de la hiérarchie de Lathandre, et ainsi, vous serez directement reçue par la personne la plus à même de nous aider. Cela vous convient-il ? »

Ce plan paraissait raisonnable. Mais cela impliquait de se séparer déjà d'Alice...
Astrée était déçue de quitter la compagnie de la naine, avec qui elle s'entendait si bien, mais elle savait qu'il leur fallait poursuivre leur mission jusqu'au bout. Et puis, remonter tout de suite vers le vallon permettrait peut-être à Alice de rentrer chez elle avant l'arrivée des premières neiges.

Elle fit donc part de son accord aux deux hommes.
"C'est d'accord, j'irai à Luménis prévenir le conseiller Megrall. J'apprécie votre offre de me faire accompagner par l'un de vos hommes", ajouta-t-elle à l'attention du paladin, "mais ne vous sentez pas obligé de m'escorter. Il est vrai qu'il est préférable de voyager à deux, mais faire le trajet seule ne me fait pas peur, et peut-être aurez-vous besoin de tous là-bas? Je ne voudrais pas qu'à cause de moi votre compagnie soit affaiblie."
Après tout, elles avaient déjà fait la partie la plus dangereuse du trajet. Même si on n'était jamais à l'abri d'une mauvaise rencontre en route.

Elle se tourna vers Alice :
"Cette organisation te permettra de rentrer jusque chez toi avant la neige. Mais promets-moi de ne pas prendre de risque là-bas. Cette zone me semble vraiment dangereuse. Il vaut mieux ne pas vous faire trop remarquer."

« Soyez sans crainte, nous n’agirons pas dans la précipitation. » dit Erwan de Sallis.
« Je pense que la vision du vallon parlera d’elle-même. » ajouta la naine avec un léger sourire. « Mais je surveillerai cette bande de joyeux combattants, je te le promets. »
« Je devrais peut-être vous accompagner. » murmura le clerc, songeur.
« Je pense que c’est une mauvaise idée, ça. » intervint le paladin. « Quand as-tu repoussé ton dernier mort-vivant ? »
« Hmm… D’accord, c’est bon. Je ne dis rien. » grommela Aidan.
« Quant à vous adjoindre un paladin, ma dame, ce n’est pas réellement pour vous protéger, mais davantage pour vous ouvrir les portes. La route est dégagée jusqu’à Dargyll et ensuite, il ne vous faudra pas plus d’une demi-journée pour gagner Luménis. Mais si cela vous gêne, je ne veux pas vous l'imposer. »
Il tourna la tête vers sa compagnie qui bavardait toujours dans la plus totale insouciance.
« Si nous en avons fini ici, je vais emmener tout ce troupeau jusqu’aux tentes. Je pense que nous aurons à cœur de partir dès l’aube, si vous en avez l’énergie. »
Alice acquiesça, tranquille.

Astrée était à la fois amusée et admirative devant l'assurance tranquille d'Alice. Elle semblait en avoir vu d'autres... Peut-être était-ce la plus grande longévité des nains qui leur donnait cette force tranquille? Ou était-ce la rudesse du climat de leurs montagnes? En tout cas, elle sentait qu'elle n'avait pas à se faire de souci pour la naine.
Elle hésita un instant concernant l'offre d'escorte. Elle aimait voyager seule, et faire le trajet avec un inconnu ne l'enthousiasmait pas vraiment. Mais il ne s'agissait que d'un cours voyage après tout. Et puis, elle ne connaissait pas Luménis. Il pourrait sans doute la guider là-bas, et elle perdrait moins de temps pour trouver l'interlocuteur qu'elle recherchait. Elle décida finalement d'accepter.

Avant qu'ils ne se séparent pour la nuit, elle avait cependant une dernière question à poser au paladin.
"J'allais oublier... Nous avons été hébergées il y a deux jours chez des bergers à qui il est arrivé une drôle de mésaventure : on leur a "réquisitionné" toutes leurs provisions, soi-disant pour des Lathandrites en provenance de Luménis. Probablement des brigands bien déguisés, en réalité. Nous leur avons donc promis de transmettre leur plainte aux autorités compétentes. Vous qui arpentez les villages alentours, avez-vous eu de semblables échos? Ou est-ce un cas isolé?"

Là encore, Aidan et Erwan échangèrent un regard interloqué.
« Des Lathandrites ne feraient jamais une chose pareille ! » s’exclama le clerc.
« Et la chance qu’une compagnie de clercs se balade dans les montagnes est vraiment peu élevée… Nous verrons si nous pouvons régler ça sur la route… »
« Il nous faudra passer par ce village de toute façon. » dit Alice.
« S’ils ne nous accueillent pas à coups de pierre. » murmura le paladin. « Il se passe des choses peu acceptables dans ces régions inhospitalières. La protection sinistre de la Forêt Maudite donne peut-être un sentiment d’impunité aux plus retors… Mais la lumière de Lathandre rayonne en tous lieux. Nous y veillerons. »
Il se leva, ce qui fit taire ses coéquipiers. Les jeunes chevaliers se tournèrent vers leur commandant. Celui-ci leur sourit.
« Au lit, bande de pochtrons ! » fit-il simplement, avec humour, et en moins de dix secondes, tous les guerriers étaient sur pied.
Bien élevés, ils rassemblèrent assiettes et couverts, gobelets et victuailles, tout en veillant à laisser de quoi festoyer au clerc et aux deux jeunes femmes.
« Je vais me retirer avec cette clique. » reprit Erwan à l’intention de ses interlocuteurs. « Je dois leur exposer nos projets. Nul doute que leurs esprits aventureux seront ravis de troquer les bêches contre l’épée, pour le meilleur et pour le pire. Je viendrai demain à l’aube, pour louer le seigneur du matin, et rédiger ce courrier. »
Il s’inclina.
« Puisse la lumière vous illuminer même au cœur de la nuit. Demain est un autre jour. »
« Demain est un autre jour. » répéta Aidan.
Les paladins saluèrent les trois derniers convives, et sortirent de la salle. Quelques minutes plus tard, on entendit la porte se refermer sur le murmure de leurs conversations.

Alice et Astrée avaient déjà fait honneur au festin, mais elles ne refusèrent pas une seconde portion. L'abondance de nourriture contrastait avec la frugalité des repas des jours précédents.
Elles bavardèrent de choses et d'autres avec le clerc, apportant quelques précisions sur les évènements dont elles avaient été témoins. Le clerc semblait inquiet en évoquant ce rassemblement si important de morts-vivants.

Mais la soirée avançait et le manque de sommeil de la nuit précédente se faisait sentir. Aidan parut s'apercevoir de leur fatigue et proposa de leur montrer leur chambre. Le dénommé Arthur avait laissé leurs sacs près de l'entrée avant d'emmener leurs montures. Chargées de leurs bagages, elles suivirent donc le prêtre à l'étage.
Une bonne nuit de sommeil, dans un endroit sûr à l'abri des intempéries, était le meilleur remède à leur épuisement. Elles savaient qu'elles devraient se lever tôt le lendemain, et que la route serait longue. Au moins, Alice ne serait pas seule pour affronter les menaces de la Forêt Maudite. Quant à Astrée, le voyage jusqu'à Luménis serait certainement moins éprouvant que la route déjà parcourue.

Elles prirent congé de leur hôte, en le remerciant à nouveau pour son hospitalité.

La petite chambre où les avait laissées le clerc était modeste mais saine, et bien que dépourvue d’âtre, elle était chaude, placée stratégiquement au-dessus de la salle qu’elles venaient de quitter. Il ne s’y trouvait qu’un seul lit, mais Alice déballa sa couche de voyage et s’y allongea avec un sourire tranquille.
« J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir proposé de guider les paladins. Je pense que c’était la meilleure chose à faire. Leur dessiner une carte les aurait juste perdus dans la montagne : ces régions sont mal connues, surtout par les humains. Et tu as raison, ça me permettra peut-être de gagner mon village avant la neige. Mais je ne voudrais pas que tu aies l’impression que je te fausse compagnie. Il n’en est rien, vraiment. Ça a été un plaisir de voyager avec toi, et je sais que nous nous reverrons au printemps. »

Astrée sourit. Elle n'avait nullement eu l'impression qu'Alice lui faussait compagnie.
"Rassure-toi, je sais bien que tu ne cherches pas à fuir ma présence. Enfin, j'espère!", plaisanta-t-elle avec un clin d'œil.
"C'est vrai qu'il leur sera difficile de localiser le vallon sans un bon guide. Et je devrai sans doute moi aussi guider les renforts venant de Luménis, sauf si l'un d'eux connaît cette fameuse tour."

Elle s'allongea sur son lit avec un bâillement.
"Moi aussi, j'ai beaucoup apprécié de voyager avec toi, et tu vas me manquer pour la suite du voyage. Je regrette vraiment de devoir t'échanger contre un paladin. En tout cas, j'ai bien l'intention de vous rendre visite au printemps, à toi et aux tiens. Au fait, pourras-tu m'expliquer comment trouver votre village? Je ne me suis jamais enfoncée très profondément dans la montagne."

« C’est un peu difficile à expliquer, il faudrait que je te dessine une carte… Je suis certaine que tu pourrais nous trouver sans difficultés, vu tes talents de pisteuse. Nous ne masquons pas réellement nos traces, mais il est vrai que nous ne descendons vers la forêt qu’une ou deux fois l’an. Mais je te dessinerai une carte, ce sera vraiment plus simple. Il faut compter environ cinq jours de marche à partir de l’endroit où tu nous as rencontrés. Moins sans chariots, probablement. La piste est large, parfois pentue, mais rien d’insurmontable. »
Elle remonta sa couverture jusqu’à son menton.
« Mais tu ne devrais pas grogner à l’idée de me troquer contre un paladin. Ils m’ont eu l’air très bien ces jeunes gens. Plutôt séduisants, même. On m’avait dit qu’ils dégageaient une certaine aura et ce n’est pas faux ! Dommage qu’il n’y avait pas de nain dans le lot, moi je dis ! »

Astrée sourit. Séduisants? Sans doute, oui. Et probablement conscients de leur charme, ajouté au prestige de l'armure, qui devait faire se retourner sur leur passage bien des filles.
Mais elle ne se sentait guère attirée par les hommes en armure, pour sa part. Ni par les autres, en y réfléchissant bien. Son deuil était encore trop récent, elle n'avait jamais vraiment réfléchi à tout ça depuis. Elle n'avait pas envisagé un seul instant qu'elle puisse à nouveau ressentir quelque chose pour un homme. Elle s'était contentée de fuir, tête baissée, concentrée uniquement sur sa souffrance et les moyens d'y survivre.

"C'est pas vraiment mon style d'homme, je crois", répondit-elle à Alice. "Et puis j'ai pas vraiment la tête à ça. J'espère que mon guide ne se mettra pas en tête de tester son charme ravageur sur moi..."
Elle se mit à rire à cette idée saugrenue...

Et pourtant... L'amour faisait partie de la vie. Puisqu'elle avait choisi de continuer à vivre malgré la douleur, peut-être y serait-elle à nouveau confrontée. Peut-être. Ou peut-être pas. En tout cas, pas tout de suite. Elle se sentait tellement étrangère à tout ça...
Soudain songeuse, elle tendit la main vers sa lanterne pour l'éteindre. Tout ça était tellement loin...

"Quant à la carte... C'est vrai que je pourrais sans doute suivre vos traces, si elles n'ont pas été trop effacées par les intempéries. Quoique, vu la taille de vos charriots, il devrait toujours rester quelque chose. Mais ça pourrait se compliquer s'il y a d'autres traces qui croisent les vôtres, s'il y a d'autres villages nains proches. C'est sûr que ce serait plus pratique si j'avais une petite idée de la direction où aller...

« Je te la ferai demain matin au déjeuner… » grommela Alice qui sombrait déjà dans un demi-sommeil.
Quelques minutes plus tard, la respiration ample de la naine révélait qu’elle dormait.

La nuit se déroula dans le calme. On entendait crépiter les dernières braises du feu ouvert au travers du plancher et plus tard, des pas dans le couloir et une porte grincer légèrement sur ses gonds. Pour le reste, le silence était profond, propice à un repos réparateur.

Au petit matin, ce furent des chants qui réveillèrent les deux jeunes femmes. Des voix masculines et féminines résonnaient dans le bâtiment, alors qu’au dehors, le ciel gris s’éclaircissait peu à peu. Elles se turent peu après l’apparition flamboyante du disque solaire, aveuglant sur un ciel encore bleu. Des nuages cheminaient à l’ouest, signe immanquable que l’éclaircie ne durerait pas. Par la petite fenêtre de leur chambre, Astrée et Alice purent voir une dizaine de paysans qui s’égaillaient sur la place, puis dans les rues du village.
« Nous avons manque l’office ! » railla la naine.

Après cette bonne nuit de sommeil, Astrée s'était réveillée en pleine forme. Un peu tardivement, certes. Mais parfaitement reposée, et prête à affronter la nouvelle longue journée de marche qui l'attendait.
Elle sourit à la remarque d'Alice.
"J'imagine que ça ne te manque pas trop... Je ne connais pas le panthéon nain, mais je suppose que vous ne vénérez pas Lathandre. Quant à moi, il y a bien longtemps que je n'ai assisté à aucun office d'aucun temple. Je dois bien avouer que je ne me préoccupe guère des dieux"
Il faut dire qu'eux ne se sont guère préoccupés de moi... Mais elle garda cette pensée pour elle.

"Mais il est bien dommage que nous nous soyons levées si tard. Par égard pour notre hôte, il aurait été préférable d'assister à la cérémonie. J'espère qu'il ne sera pas vexé. Enfin... Voilà ce que c'est que de retrouver un lit confortable après une nuit presque blanche! Et dire qu'on devait partir à l'aube..."

Elles se hâtèrent de s'habiller et rangèrent rapidement leurs affaires dans leurs sacs, puis descendirent au rez-de-chaussée, espérant qu'il y aurait encore quelques restes du petit déjeuner... Et que le clerc ne leur tiendrait pas rigueur de ce petit manquement.

Mais le clerc ne s’offusqua en rien, bien au contraire.
« Je vous ai laissées dormir, j’espère que vous ne m’en voulez pas. » leur annonça-t-il lorsqu’elles parurent dans la petite salle à manger.
La table était mise sur un petit déjeuner sain mais copieux. Erwan de Sallis était installé près de l’âtre, relisant un parchemin, et il le salua d’un geste, avec le sourire.
« Je me suis dit que vous n’aviez pas l’air de Lathandrites, sans vouloir vous vexer, et que vous aviez besoin d’un maximum de repos. J’espère que vous avez bien dormi. »

Astrée salua à son tour le paladin.
"Oui", répondit-elle au clerc, "nous avons dormi comme des loirs. Pouvoir profiter d'un bon lit après plusieurs jours de voyage nous a fait le plus grand bien. Je crois que vous avez bien fait de nous laisser continuer notre nuit un peu plus longtemps que prévu."

Elle prit place à table, sentant soudain son estomac gargouiller. Le petit déjeuner avait l'air consistant, et la route serait longue aujourd'hui encore.
"J'espère simplement que notre repos prolongé n'a pas mis votre compagnie trop en retard?" ajouta-t-elle en se tournant vers Erwan de Sallis.

« Ne vous inquiétez pas. » dit le paladin. « Il est encore tôt. »
Il se leva et tendit un document à Astrée.
« Voici le parchemin que vous devrez remettre à Albérich Megrall. Rendez-vous au temple de Lathandre, Arthur vous guidera, et demandez à être reçu par le conseil. Dites que c’est moi qui vous envoie. Avec mon sceau sur le document, vous ne devriez pas avoir de difficultés à rencontrer directement qui de droit. »
Il se tourna ensuite vers Alice.
« Dès que vous êtes prête, nous irons. »
La naine acquiesça et se mit à table. Elle demanda néanmoins de quoi écrire et se mit à griffonner une carte sommaire tout en se sustentant.

HRP : tu me laisses inventer l'itinéraire? Ou tu avais peut-être une autre idée?

Alice et Astrée firent honneur au petit déjeuner, mais ne s'attardèrent pas plus longtemps que nécessaire à table.

Alice profita de ces dernières minutes passées ensemble pour peaufiner sa carte. Elle la tendit à Astrée, qui l'examina rapidement.
Alice avait marqué d'une croix l'emplacement de son abri. Elle reconnut le petit col, au nord de chez elle, où elle avait entreposé son bois - ce fameux bois à l'origine de tant de rencontres et d'aventures... Elle suivit du doigt la piste qui l'emmenait au nord-est, vers le bivouac des nains, puis se poursuivait vers l'est en direction des montagnes. Elle connaissait déjà ce secteur, et repéra sans peine le début de l'itinéraire : il longeait des falaises, redescendait dans une petite vallée à l'est du campement, passait un nouveau petit col, avant de monter doucement à flanc de montagne, jusqu'à rejoindre un autre col, plus élevé, entre deux sommets importants. Derrière, elle se souvenait d'un grand espace herbeux, mais elle n'était jamais allée plus loin. Ce col était à presque deux jours de marche de chez elle, et l'itinéraire se poursuivait loin au-delà, dans un secteur de plus en plus accidenté. Oui, il lui faudrait sans doute cinq jours pour y aller.

Mais tout ça était pour plus tard, quand les beaux jours seraient de retour. Pour l'instant le destin l'entraînait à l'opposé : à Luménis. Elle aurait largement préféré partir vers les montagnes. Mais il fallait bien que quelqu'un alerte les Lathandrite sur la menace qui planait. N'empêche... Elle regrettait de ne pouvoir plus longtemps profiter de la compagnie de sa nouvelle amie. Affronter une armée de goules ensemble, ça crée des liens...

Elle se tourna vers Alice qui achevait son déjeuner.
"On y va?"
Alice acquiesça d'un signe. Il ne leur restait plus qu'à récupérer leurs montures respectives, et à se répartir les provisions qu'elles avaient emmenées. Puis viendrait le moment des adieux...

Aidan les salua et leur souhaita bon voyage. Il enjoignit Astrée de repasser par Respelm sur la route du retour, histoire de le tenir au courant de l’aide qu’elle avait trouvée à Luménis. Puis le paladin prit les fontes des demoiselles et ensemble, ils traversèrent le village vers le rassemblement de tentes qu’elles avaient aperçu la veille. Il n’en restait rien. Les chevaliers avaient rangé leur bivouac, sellé leurs destriers, et attendaient, bien ordonnés, le retour de leur chef. Parmi les cavaliers se trouvaient Moïse et Fougère, dont l’aspect plus rustique détonnait avec les animaux caparaçonnés de fer que montait l’escouade d’Erwan.
Il n’était plus temps de traîner et la division des provisions s’effectua rapidement : Alice allait encore traîner en pleine nature plusieurs jours tandis qu’Astrée serait à nouveau dans un village pour la nuit. La naine emporta donc le gros de ce qu’il restait, d’autant que les bergers du petit hameau de l’autre côté de la forêt seraient sans doute contents d’avoir à nouveau un petit coup de pouce.
Puis les cavaliers s’écartèrent pour laisser aux deux jeunes femmes l’opportunité de se dire au revoir.
« C’était un plaisir, Astrée, vraiment. » commença Alice. « Mais nous nous reverrons, je le sais bien, donc… il n’y a pas de raison d’être triste. Les paladins ne sont pas bien comiques, mais ce sont quand même des êtres humains. Je suis certaine que celui que sire Erwan t’a désigné sera absolument galant. C’est déjà ça. »

"Je sais bien qu'il sera certainement très serviable et galant... Mais je ne suis pas sûre qu'il ait ton humour... Je risque de m'ennuyer un peu pendant le trajet! Et puis, je suis sûre qu'il n'est pas capable de faire fuir une goule d'un simple cri de guerre..."

Elle sourit à Alice.
"C'est promis, je débarque chez toi au printemps. Rappelle à Emerence que j'adore son pâté en croûte ; et n'oublie pas de demander à Rilifane s'il accepte d'accueillir une "zumaine" dans son foyer. Sa sœur sera d'accord, je n'en doute pas!"

Les cavaliers attendaient. Ils formaient une compagnie impressionnante, et Alice serait cette fois parfaitement protégée pour affronter les dangers de la forêt.
"Tu t'en tires pas mal au niveau escorte, toi," plaisanta Astrée en désignant les cavaliers. "Une dizaine de chevaliers servants pour toi toute seule, rien que ça! Galants, serviables, et sûrement parfaitement disposés à se plier aux désidératas de la seule femme du groupe. Ils vont se mettre en quatre pour toi, tu verras!"
Elle redevint sérieuse :
"Soyez prudents quand même, là-bas. J'espère qu'ils attendront des renforts pour agir."

Il était temps de se séparer. Astrée serra une dernière fois Alice dans ses bras - elle avait presque oublié qu'elle était si petite...
"A bientôt! Dans une huitaine de jours tu seras chez toi, si tu n'es pas retardée par la neige. Donne le bonjour à toute ta famille. Et rendez-vous au printemps!"

Alice lui rendit son étreinte, et Astrée crut discerner un début d’humidité sur la cornée de sa compagne de voyage. Mais celle-ci s’échappa bientôt et la gratifiant d’un dernier geste, courut vers son poney, qu’elle enfourcha lestement. Les paladins resserrèrent les rangs, puis prirent le chemin de la forêt. Erwan de Sallis resta encore quelques minutes en arrière, adressa un salut respectueux à la jeune femme, puis prit le petit galop pour rejoindre sa troupe. Seul demeura un jeune homme perché sur un palefroi rouan de grande taille, qui dansait d’impatience sous la selle. C’était le dénommé Arthur, dont les taches de rousseur étaient encore plus apparentes en plein jour. Il devait avoir à peine vingt ans, peut-être un peu plus. Ses cheveux paille rebiquaient sous son casque et il avait l’air franchement embarrassé.
« Ma dame, si vous voulez bien… » murmura-t-il d’une voix cassée, avant de tousser dans son poing et de rougir comme une pivoine. « Peut-être devrions-nous nous mettre en route ? »

Astrée sentit ses yeux s'embuer en voyant Alice s'éloigner. Elle avait jusqu'ici pu contenir ses émotions en bavardant et plaisantant, mais elle se sentait le cœur gros au départ de sa compagne de voyage.
Les quelques mots timides d'Arthur vinrent la tirer de sa mélancolie.
"Oui," répondit-elle sans grand enthousiasme. "Il est temps de partir."

Elle se tourna brièvement vers lui, curieuse de découvrir son nouveau compagnon de route. Un tout jeune homme, visiblement intimidé. Elle lui sourit avec gentillesse.
"Au fait, je m'appelle Astrée. Et pas "Ma dame"..."

A son tour, elle se mit en selle, après avoir au passage caressé l'encolure de Moïse.
"Je te... je vous suis."
Elle était tentée de le tutoyer. Il semblait si jeune... Mais elle craignait de le froisser.

A la suite son nouveau guide, elle se mit donc en route pour Luménis.

La journée était lumineuse, même si les nuages s’approchaient par l’ouest, venus de la mer. Le jeune paladin qui accompagnait Astrée se montrait poli à l’extrême et prenait sa tâche d’escorte très au sérieux, peut-être trop. Il était cependant trop jeune et trop inquiet de bien faire pour se montrer condescendant ou ouvertement protecteur. Cependant, il prenait sans cesse des nouvelles de la jeune femme, pour être certain qu’elle n’avait besoin de rien. S’il était déçu d’avoir été écarté des hostilités contre les morts-vivants du vallon, il n’en montrait rien. Il ne fit pas non plus de tentatives de conversation. Raide comme un piquet sur son destrier, il ouvrait la marche, attentif au moindre bruissement dans les haies qui bordaient le chemin. Au fur et à mesure de leur progression, ils commencèrent à croiser des signes d’activité humaine, la clôture de pâturages, la silhouette de petites fermes cossues, la friche de champs moissonnés des mois plus tôt. Plusieurs fois, ils rencontrèrent des paysans sur la route qui s’élargissait de plus en plus et devenait moins accidentée. Il se mit à pleuvoir vers midi, et Arthur proposa à Astrée de bivouaquer dans un petit bois avant de repartir.

L'attitude d'Arthur était un peu excessive, mais Astrée avait pris le parti de s'en amuser intérieurement plutôt que de s'en agacer.
Elle le suivit en direction du petit bois qu'il avait indiqué, le laissant passer devant puisque cela semblait lui tenir tellement à cœur. Ce n'était pas si désagréable de se laisser guider, au fond. Elle restait néanmoins attentive elle aussi à tous les bruits suspects qui auraient pu signaler un danger. Mais quel danger pourrait bien les menacer ici, maintenant qu'elle avait affronté la forêt maudite?

Les arbres étaient assez clairsemés, mais suffisaient à les protéger de la petite pluie qui s'était mise à tomber. Au bout de quelques dizaines de mètres, ils trouvèrent l'endroit idéal pour bivouaquer : des bucherons avaient laissé quelques troncs au sol, en bordure d'une clairière. Ils s'y assirent et sortirent de leurs fontes quelques tranches de viande séchée, du pain, des fruits secs. De quoi se sustenter rapidement avant de reprendre la route.

Astrée décida de profiter de cette pause pour faire plus ample connaissance avec le jeune homme.
"Ça fait longtemps que vous avez rejoint les paladins de Lathandre? Vous me semblez encore si jeune..."

Le jeune paladin parut surpris par la question, mais il ne se défila pas pour autant.
« Disons et bien… Je me suis entraîné pour cela depuis tout petit. Mon père voulait que je sois dans les armes, mais… mais il ne pensait pas que j’aurais l’aplomb pour faire un paladin. Il m’a mis au défi, en quelque sorte. Pour moi, ça a été une manière de lui prouver que je valais plus que ce qu’il pensait. Ou peut-être pas plus, mais en tout cas autre chose. Et puis comme ça, je suis un peu libéré de son influence, aussi… Mais j’ai été adoubé il y a peu, juste après la chute de Nwalk parce que j’avais… enfin, j’avais fait de mon mieux, simplement. Puis il ne restait pas grand monde. Enfin maintenant ça va mieux… »
Il releva les yeux sur la jeune femme et rougit lorsqu’il réalisa qu’il venait de se livrer de manière assez spontanée et sans fard.
« Heu… Et vous même ? » demanda-t-il rapidement. « Enfin, vous n’êtes pas paladin, bien sûr mais… vous habitez dans les montagnes ? Vous savez, ma dame, sans vouloir vous vexer, ou dire du mal de… enfin… vous avez l’air plus… enfin moins… vous ne ressemblez pas aux gens de la campagne que nous avons rencontrés jusqu’ici… »

Plus quoi? Ou moins quoi?...
Enfin, là n'était pas vraiment la question. Le jeune Arthur s'était livré avec beaucoup de franchise, et attendait qu'à son tour elle raconte son histoire. Soit. Mais elle n'avait pas l'intention de s'appesantir sur les détails.

"Moi? Je suis native de Dorrandin. J'ai quitté mon foyer assez jeune et j'ai suivi l'enseignement d'un rôdeur. Il m'a tout appris de la nature : à l'aimer, à la respecter, et à y survivre seule. Voilà. Et puis, l'an passé, j'ai traversé quelques moments difficiles et j'ai eu besoin de me ressourcer au contact de la nature, loin de tout. C'est pour ça que je suis venue vivre ici, dans les montagnes."
Elle sourit au jeune paladin, satisfaite d'avoir réussi à lui répondre sans rien dévoiler de douloureux, mais désireuse de ne pas trop s'attarder sur le sujet.
Fouillant dans ses fontes, elle trouva quelques pommes et lui en tendit une.
"Dites-moi, vous n'êtes pas trop déçu d'avoir dû quitter vos compagnons pour me servir d'escorte?"

« Oh… Heu non, non. Je pense que… je suis encore un peu jeune. Je n’ai pas vu beaucoup de morts-vivants et puis… si ça se trouve, je ferai partie du groupe partira leur prêter main forte… Mais c’est pour moi un grand honneur de vous escorter. Sire de Sallis m’a confié cette mission parce qu’il avait confiance en moi, et je ne le décevrai pas. »
Il sourit et croqua dans la pomme.
« En même temps, je vois bien que vous vous dites que vous auriez été capable de vous défendre seule. » ajouta-t-il. « Mais on ne sait jamais. Vous pourriez tomber de cheval et vous casser une jambe, et alors vous seriez bien contente d’avoir un coup de main. Il y a sans doute autant de chance que je tombe et que je me casse une jambe, cela dit. Et je serai aussi content de vous avoir là. »
Il secoua la tête, prenant conscience de ce qu’il venait de dire.
« Je raconte vraiment n’importe quoi. » maugréa-t-il en se relevant.

Astrée se mit à rire, amusée par la maladresse du jeune homme.
"Mais non, vous ne dites pas n'importe quoi. Et vous avez raison : il vaut mieux être deux pour voyager, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. En plus, je ne connais pas Luménis, vous pourrez donc me guider là-bas. Et puisqu'il nous faut rencontrer un des conseillers, je pense qu'on vous ouvrira plus facilement les portes qu'à moi."

Elle se leva à son tour, et rappela Moïse. Le cheval s'était éloigné d'eux, broutant un peu d'herbe rase dans la clairière. Elle rangea le reste des provisions dans ses fontes.
"On se remet en route?" demanda-t-elle à Arthur.
Sans attendre la réponse, elle se remit en selle, flattant l'encolure de sa monture.
Moïse avait suivi sans difficulté le rythme du fier destrier du paladin, et semblait presque retrouver une seconde jeunesse à voyager ainsi. Néanmoins, maints petits signes trahissaient son âge plus avancé : il piaffait moins, avançait plus calmement, ménageant ses forces, comme un vieux routard qu'il était. Son sabot non ferré ne semblait pas le gêner. A Luménis, Astrée trouverait sûrement un maréchal-ferrant qui remédierait au problème.

Tranquillement, elle commença à diriger sa monture vers l'orée du bois. Se rappelant soudain qu'elle avait un guide attitré qui prenait son rôle très au sérieux, elle s'effaça pour le laisser passer en tête.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Respelm

Quête : Sombre est la nuit

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