La Couronne de Cuivre

Après avoir sorti deux feuilles, la magicienne en plaça une devant Podrick et en prit une pour elle-même. Si elle préférait largement le fusain, elle avait quelques crayons de couleur qu'elle tendit à Podrick lui donnant également un morceau de fusain.

Et bien à toi de laisser ta créativé naître, peu importe ce que tu dessines. Tu aimeras le faire ou pas, le résulat n'est pas le but, mais le plaisir de voir une forme, un visage, un paysage ... enfin selon ce que l'on peut faire ...

Sans le pousser à se mettre à cette activité ludique et récraétive, elle se mit à faire un portrait de lui, dessinant les contours de son visage pour commencer.

Si tu veux apprendre une technique, je veux bien t'expliquer. Pour te dire, moi j'ai commencé par faire des traits en faisant des formes simples, les formes étaient de plus en plus ressemblantes lorsque j'arrivait aux courbes, ce n'est que plus tard que j'ai pris quelques cours pour me perfectionner, lorsque j'ai appris à reconnaître les plantes ... c'était indispensable pour dessiner celle que je voyais en fôret et que je ne connaissais pas afin qu'on me donne son nom et ses spécificités.

Sans que ce fut une surveillance, la magicienne posait régulièrement son regard sur la feuille de Podrick, lorsqu'elle cherchait dans son comportement un geste, une minique pour les reprodruire sur son dessin. Elle sentait qu'il avait peine à entamer une réelle construction de ses dessins, jusqu'au moment où elle constata que les traits se faisaient plus sûrs, plus rapides et que devant ses yeux se dessina quasi trait pour trait le plan du sous-sol.

Lorqu'il eut fini, elle posa son fusain et sa feuille et souriante, elle le regarda avec admiration.

Ton imagination à certainement de la peine à s'exprimer, mais ta mémoire visuelle est stupéfiante et ta main parfaitement habile dans la reproduction de ces souvenirs. C'est étonnant, incroyable, je n'aurai pas réussi à faire avec autant de précision en ne l'ayant regardé que si peu de temps.

Elle se pencha vers lui et lentement marqua avec son doigt le chemin qu'elle lui indiquait.

Hier, je suis allée jusqu'à la pièce en bas de l'escalier, ensuite le couloir et après j'ai fait un détours dans ces dédalles. Elle revint en arrière, mais là, il y a une porte secréte qui mêne sous les escaliers et là une autre qui doit certainement mené ici. Elle désigna l'endroit où elle avait découvert la porte donnant sur l'extérieur. Je ne sais pas exactement où elle est. Elle devait probablement avoir été conçue pour que les habitants puissent fuir en cas de danger. Une fois dans la petite salle, ils manoeuvraient le passage secret et en un rien de temps ils étaient dehors, alors que leurs poursuivants devaient tourner en rond dans le labyrinthe. Elle lui tendit son dessin. Ce n'est pas tout à fait fini, mais est-ce qu'il te plaît.

Le portrait représentait l'enfant en pleine application, concentré sur sa feuille ...

L'enfant observa attentivement l'esquisse de portrait.
-C'est ce que je disais : tu es super forte pour les dessins... dit-il d'un air appréciateur en opinant du chef. Mais la prochaine fois, si tu veux recommencer à me dessiner, on choisira un moment où je dessine pas, moi, et où j'écris pas non plus. Là, je fais trop sérieux, c'est affreux ! On dirait un p'tit écolier bien sage, brrr... C'est vraiment pas très chevaleresque !

La magicienne sourit à la réflexion de Podrick, le portrait n'était pas celui d'un chevalier, mais elle y remédia de quelques coups de fusain qui donnèrent au dessin un semblant de visage moins concentré et plus "chevaleresque", puis le lui tendit en riant.

Il m'a fallu du temps pour arriver à ce niveau, mes premières esquisses n'avaient vraiment rien de ressemblant. Maintenant, le rendu te plait-il mieux ? De toute manière, pour que tu aies l'air d'un vrai chevalier, il faudra encore attendre quelques années.

Ne voulant pas blesser l'enfant, la magicienne retint un sourire amusé et prit un air des plus sérieux pour toiser l'enfant, avant de reporter une tenue de chevalier à son dessin, surtout sans modifier le visage enfantin qui bien que fier et l'oeil vif restait celui d'un enfant. Face aux traits fins et réguliers, cet aspect elfique qui ressortait et qui ne demandait que quelques coups de crayons pour que le portrait soit celui d'un jeune elfe, Arya sourit attendrie.

Alors disons que tu pourrais être un très jeune chevalier ...

Elle termina ses mots en quelques traits sur le papier, Podrick était maintenant représenté en elfe et la magicienne était elle-même surprise par le résultat.

... tu pourrais aussi être un elfe ...

Podrick sourit : le dessin était visiblement à son goût.
-Je préfère le très jeune chevalier ! dit-il. De toute façon, il y en a pas des masses, de chevaliers elfes, si ? Les elfes, on les imagine surtout en archers, ou en mages, parce qu'ils sont pas assez virils pour... heu...
Il s'interrompit, rougit brutalement.
-Enfin... Tu sais... Ils sont pas très grands, ont pas les épaules très larges, pas beaucoup de muscles... Font pas très guerriers, quoi...

La réplique de Podrick fit briller d'amusement le regard d'Arya qui feinta d'être offusquée par les paroles de l'enfant.

Comment oses-tu petit polisson, les elfes sont beaux comme des dieux et aussi homme que les mâles humains. Elle ne put se retenir plus longtemps et se mit à rire en caressant les cheveux de son petit protéger. Il n'y a pas de chevalier elfe, enfin pas dans le sens où on l'entend ici. Mais ce que tu appelles virilité n'a rien de beau et d'attirant à mon regard. Et puis, tu as un physique elfique, ne l'oublie pas, alors ne te moques pas de mes congénères. Et ... ne m'as-tu pas dit que cela plaisait beaucoup aux dames ...

La magicienne était amusée par la conversation qui la confortait dans ce qu'elle avait ressentit dès lors qu'elle avait cotôyé des humains, leur pilosité et leurs muscles saillants étaient des plus inesthétiques et repoussant pour elle qui aimait à admirer les silhouettes parfaites et les traits fins de ses congénères.

-A certaines, peut-être, fit sombrement Podrick. Aux midinettes qui font des manières, aiment se pomponner, qui raffolent des fringues et des bijoux. Mais les filles intéressantes qui sont pas trop filles - c'est rare mais ça existe ! -, elles préfèrent les hommes musclés et poilus, qui ressemblent à des guerriers.
Le petit garçon se tut un instant, secoua la tête.
-Et puis, j'ai pas un physique elfique, d'abord, reprit-il en faisant la grimace. Bon, d'accord, si c'était le cas, ça pourrait expliquer... certaines choses. Mais ça doit pas être ça. Ça doit juste être le côté "bout d'chou" à cause que j'suis pas encore très vieux. Ça passera...
Il s'interrompit à nouveau, puis acquiesça pour lui même, l'air soudain convaincu.
-Oui, ça passera. Je vais tout faire pour ça. Je ferai tout plein d'exercices pour me muscler, je mangerai comme quatre pour grossir. Et en plus, dans un ou deux ans, j'aurai de la barbe. Et là, plus personne osera se moquer de moi ou me traiter de fille. Ou d'elfe, d'ailleurs.
Il rougit à nouveau.
-J'suis désolé, je veux pas te vexer, hein... Mais chez nous, elfe et fille, quand on le dit d'un garçon, c'est un peu la même chose.

La magicienne découvrait une manière de penser de Podrick qui la faisait sourire et qui pourtant démontrait un fossé entre elle-même et l'enfant. Mais elle ne s'en inquiétait pas, ni ne s'offusquait de la comparaison. Il était un humain, mais l'amour qu'elle lui portait effaçait cette différence qui pourtant aurait pu être un fossé infranchissable

Eh bien, je suis une midinette, ça je ne le savais pas, il va falloir que je fasse quelques boutiques pour changer mes vêtements ... Elle le serra contre elle, la conviction dans la voix tu seras un vrai chevalier, j'en suis certaine et certainement le seul à être musclé et poilu que j'aimerai.

Tout en se levant pour aller refaire un peu de thé, l'elfe remarqua l'épée que l'enfant avait abandonnée lors de leur remontée des sous-sols.

Et bien, il faudra commencer par porter ton arme chez l'armurier pour qu'il lui redonne fière allure, car là, elle a piètre apparence pour un chevalier. Ensuite lui trouver un fourreau digne d'un homme viril.

Dehors, le soleil était réapparu faisant scintiller la neige et le vent était parti vers d'autres horizons.

Tout à l'heure, nous pourrions aller nous balader un peu le temps est si radieux maintenant que ce serait dommage de ne pas en profiter.

Le gamin jeta un regard noir à l'arme. Acquiesça néanmoins.
-Pour l'épée, je veux bien. J'ai pas des masses envie de la porter, mais bon, si j'arrive avec à l'école, ça pourra faire son petit effet...
Il avala une grande gorgée de thé.
-D'accord aussi pour la balade, reprit-il. On a pas beaucoup bougé, aujourd'hui, et c'est pas bon pour mes muscles si je m'entraîne pas tout le temps.

La magicienne n'y connaissait pas grand chose en arme, néanmoins, elle avait déjà constaté que l'épée que rejetait mentalement l'enfant devait avoir été une belle arme rien qu'au fait des signes gravés sur la lame qui n'étaient certes pas lisibles tant elles étaient recouvertes de sang séché et de traces de toutes sortes. Tout comme le pomeau qui semblait avoir été savament ouvragé pour ne point géner celui qui s'en servait tout en offrant une probable richesse. Il serait toujours temps de découvrir plus tard ce qui y était caché.

Son petit effet à l'école ! rien que cela. Allez cesse de jeter des regards haineux sur cette épée qui ne t'a rien fait et qui te mènera à de retentissante victoire. L'elfe s'inclina respectueusement. Chevalier Podrick, puisque le coeur vous en dit, allons flâner sous le soleil radieux qui n'attend que vous.

Après avoir tout rangé, ils quittèrent la maison pour profiter des quelques rayons de soleil, pâles et sans grande efficacité pour réchauffer l'air glacial, mais offrant un spectacle majestueux sur la couche de neige tombée le matin. Lentement, ils se dirigèrent vers le grand parc.

Depuis que la magicienne et son petit protéger avait quitté la bibliothèque, le temps s'écoulé et l'ouvrage avait été consulté, débattu et Arya avait été ravie de toutes les connaissances ainsi acquises, alors que les ouvrages empruntés par l'enfant s'étaient succédés.

Podrick s'en était retourné à l'école, alors que l'elfe faisait les trajets tous les jours entre la Taverne de la Bienveillance et sa demeure où elle venait non seulement pour finir les derniers préparatifs pour leur venue, mais surtout des descentes dans les sous-sols de la demeure afin de convaincre les fantômes d'abanner ce lieu pour que Podrick put sans crainte y habiter.

Ce fut une âpre entreprise, mais le jour où ils emménagèrent, seuls une poignée de récalcitrants, soudés aux maigres biens entreposés dans le pièce où ils les avaient découverts étaient encore présents. La magicienne avait longuement réfléchit au fait de faire intervenir quelques pairs pour les chasser de force, mais son optimisme et son empathie fit qu'elle y renonça sous la promesse des spectres de ne jamais quitter la pièce.

En cette soirée de fin février, glaciale et sombre, alors qu'ils s'habituaient à vivre dans la grande demeure, heureusement entrenue par une jeune fille qu'Arya avait finalement engagé pour quelques pièces après un état de conscience qui lui faisait refuser d'embaucher une si jeune personne d'à peine quinze ans et la voir aller se prostituer faute d'avoir été acceptée dans une maison, se convainquant un peu plus en pensant qu'au moins nul maître aux moeurs légères ne viendraient à profiter d'elle, assis à la grande table elfe, ils dégustaient une potée préparée par le jeune employée à laquelle Podrick n'avait pas hésité à donner quelques conseils avisés pour relever le plat qui se révélait délicieux.

Arya posa un regard tendre sur l'enfant et sa voix était calme et détendue.

Et bien jeune homme, voilà un délicieux repas et je sais que tu es encore une fois allé donner tes directives à Anishia. Il va falloir que j'aille voir ton maître pour m'assurer que tu es aussi performant à l'école que pour les conseils culinaires.

En entendant les paroles de la magicienne, le gamin piqua un fard monumental.
Il avait changé, au cours des dernières semaines. Physiquement, d'abord : a force de manger quotidiennement à sa faim, il se remplumait et, peu à peu, ses joues creuses cédaient la place à une bonne mine. Ensuite, il se faisait à sa nouvelle vie, prenait ses habitudes auprès d'Arya, se montrait plus assuré, en certaines circonstances...
Il avait changé, oui. Mais pas complètement. Il râlait toujours autant pour aller se laver, ses nuits étaient parfois agitées, ponctuées de cauchemars dont il refusait de parler. Et, surtout, l'école le mettait toujours autant mal à l'aise. Il progressait, évidemment, et, pour autant que sa tutrice le sache, il était déjà question de le faire passer dans la classe supérieure, parmi les enfants de son âge. Mais le fait de devoir rester concentré toute la journée lui pesait, et la perspective d'avoir des devoirs en plus des heures de cours, sitôt rejoints ses pairs, le déprimait grandement.
-Heu... P't''être pas tout a fait aussi performant... marmonna-t-il, les yeux rivés sur son assiette. Mais j'fais de mon mieux...

Un sourire fut la première réponse d'Arya, elle était consciente des efforts que faisaient Podrick, mais si elle cédait sur certaines exigences, l'école ne faisait pas partie de ces concessions. L'enfant devait être instruit et quoi qu'il lui en coûte, elle ne fléchissait jamais. La sécurité avait aussi un prix pour l'enfant et l'école était certainement le plus élevé qu'il dut payer.

Sa voix était sérieuse comme à chaque fois qu'un sujet lui tenait à cœur dans l'éducation de son petit protéger, mais la tendresse et la compréhension y étaient présentes.

Peut-être moindres, mais certainement suffisantes pour que tu rejoignes enfin cette grande classe qui était pour toi incontournable ton premier jour d'école. J'espère que lorsque je te rapporterai les paroles de ton maître tu sauteras de joie de pouvoir te retrouver enfin parmi les enfants de ton age. J'irai le voir demain. Un sourire rassurant se fit sur son visage et une pointe d'amusement teinta sa voix. Comme d'habitude, largement après les heures de cours pour que nous ne nous croisions pas évidemment.

Aussi certain que ce fut la classe qu'il aurait aimé rejoindre le premier, s'y retrouver aujourd'hui était bien loin des ambitions de l'enfant et cela la magicienne ne l'ignorait pas. Ce ne serait pas facile pour lui, mais il faudrait qu'il s'y fasse comme il s'était adapté à l'immobilité depuis quelques mois.

-D'accord... répondit Podrick sans relever les yeux. Et oui, ça sera chouette quand je pourrai passer avec les grands... Les petits sont sympa mais bon, ce sont des petits, quoi... Yann va faire la g... la tête et tout, quand je partirai, mais bon, on se verra encore, hein... Et il y a Thibault chez les grands, donc...
Il soupira, releva brièvement la tête, sourit.
-J'suis sûr que ça sera chouette ! Même si j'aurais plus jamais le temps de m'amuser, avec tous les devoirs qu'on aura... Mais bon, en même temps, j'ai jamais vraiment eu le temps de m'amuser, donc j'suis habitué.
Et de s'intéresser de nouveau à son assiette.

Le manque d'enthousiasme était probant et l'elfe sourit amusée tout en passant sa main dans les cheveux de l'enfant pour les ébouriffés. Elle prit un ton éploré tout en soupirant de désespoir.

La vie d'enfant est insupportable, il faut se lever le matin au lieu de rester bien au chaud sous son duvet, faire des ablutions qui rendent propre, prendre un copieux petit déjeuner avant d'aller retrouver ses copains et remplir son esprit de connaissances. Prendre un bon déjeuner avant de retourner avec ses copains sur les bancs d'école. S'offrir quelques heures de loisirs avant que le soir n'arrive qui voit lui aussi arriver une assiette appétissante, se reposer devant la cheminée avant de passer à la salle d'eau et rejoindre son lit douillet.

Arya ne put garder plus longtemps son sérieux, elle avait déjà longuement parlé avec d'autres parents et s'était rendu compte, à son grand désarois, que les enfants humains étaient guère attirés par le savoir et que son petit protéger n'était pas le seul à se plaindre des longues heures d'immobilité et de concentration qui leur étaient imposées.

Les devoirs ne sont pas si importants et les faire ne t'empêchera pas d'avoir du temps pour t'amuser et puis, plus vite tu monteras dans la classe supérieur, plus vite tu arriveras au bout des années d'école, c'est tout de même positif tu ne trouves pas.

Podrick acquiesça.
-Oui... Sauf qu'après, une fois dans leur classe, j'avancerai comme eux... D'une classe par an. Et ça me laisse encore... heu... quatre, six années d'écoles ? C'est beaucoup, d'autant que les années, chez les humains, ça passe lentement !
Il sourit, espiègle.
-Mais bon, il y aura les jours de congés. Et si je fais vite mes devoirs en semaine, j'aurais peut-être des heures de libre, le soir... Hum, et si j'ai trop de mal et que je les fais lentement, ça fera peut-être sauter le passage par la salle de bain. Y a des avantages dans toute chose !

La répartie de Podrick était toujours si vive, que la magicienne ne s'en lassait pas et elle sourit le regard enjoué.

Tu avanceras comme eux, mais si tu restes cinq ans chez les petits, plus six chez les grands, cela fera bien plus longtemps. Et puis, en quoi les années chez les humains sont-elles plus longues, il n'y pas plus de mois, de semaines, d'heures, de minutes et de secondes que chez les elfes. En plus vous passez un tiers de votre temps à dormir, Il faudra que tu m'expliques.

Le repas étant terminé et les heures ayant filé, le moment du coucher pour l'enfant était déjà là.

Bon en attendant que tu trouves une explication plausible et surtout de voir si la difficulté et la lenteur pour le travail que tu devrais faire à la maison, voire que volontairement tu traînasses pour tes devoirs, t'empêchent d'être propre, ce dont je doute fortement, je pense qu'il serait temps que tu fasses un tour à la salle d'eau, ainsi nous pourrons consacrer quelques minutes pour lire ton livre préféré.

Enfin nous, c'était juste une façon de parler, l'elfe lisait pendant que l'enfant écoutait d'une oreille de moins en moins attentive alors qu'il sombrait calmement dans le sommeil, avant que ne reviennent le hanter du fond de son âme les noirs souvenirs qu'il gardait secrets ...

Le gamin prit, avant de répondre, le temps de soigneusement s'essuyer la bouche avec sa serviette, signe manifeste - et souvent manifesté - de sa volonté de respecter les bonnes manières inculquées par sa tutrice.
De les respecter en certains domaines, du moins...
-Tu ne crois pas qu'on devrait plutôt aller directement lire ? tenta-t-il enfin, gratifiant la magicienne d'un sourire enjôleur. L'eau, ça me fatigue toujours, et je m'endors trop rapidement, après, et du coup, je manque plein de trucs... Là, je me sens assez en forme pour t'écouter un bon moment, et très attentivement ! Et assez en forme, peut-être... pour lire moi-même, un peu !

Petit manège chaque soir renouvelé avec d'autres excuses qui voyait le visage de l'elfe se durcir bien que son regard restait amusé.

Si tu ne traînes pas, cela ne te prendra que quelques minutes. Allez aucune excuse, mais je te laisserai volontiers lire un moment.

Le temps que l'enfant fasse sa toilette, l'elfe bassinait son lit afin que les draps ne soient pas glacial lorsqu'il s'y glisserait et lorsqu'il apparut, il n'eut qu'à s'y glisser, se caler contre un oreiller et d'une oreille d'abord attentive, il écouta l'elfe, puis lentement s'enfonça dans le sommeil. Arya attendit quelques minutes, le regardant avec tendresse avant de déposer un baiser sur son front, de sortir de la pièce sans fermer totalement la porte ce qui lui permettait d'entendre lorsque les cauchemards de l'enfant venaient à le faire crier en pleine nuit. Elle redescendit silencieusement l'escalier et alla s'insaller devant l'âtre dans lequel grisillait joyeusement de belles bûches, avant de descendre dans la cave, sobrement aménagée de quelques accessoires où elle s'enquit de vérifier par la pratique quelques calculs.

Dans son lit, Podrick remuait de plus en plus, il sentait autour de lui des présences hostiles, il sentait leur main le saisir fermement, enserrant ses bras et ses jambes. Secoué, il ne put que les reconnaître, ceux qui étaient les responsables de ses cauchemards.

Ce soir, tu viens avec nous, tu ne nous échapperas plus, ta protectrice ne sait pas où est notre maison, jamais tu ne la reverras.

Les prises se firent encore plus fermes, tous les spectres présents, l'enfant les connaissaient ...

Entre cauchemar et réalité, tout aussi cauchemardesque, les espoirs de Podrick étaient vains, certes à cet instant l'elfe aurait pû enfin pénétrer dans la pièce, mais elle était plongée dans son expérience et toutes ses pensées étaient tournées vers les calculs aussi complexes que la situation de l'enfant.

A l'étage, s'il y eut bien quelques secondes d'acalmie, ce temps ne permit pas à Podrick de reprendre pied dans la réalité ou de quitter son sommeil que déjà la porte recommençait à danser allègrement, la sensation de caresse appaisante était revenue plus angoissante car nulle voix tranquilisante ne l'accompagnait pour revenir à la réalité en espérant sortir d'un affreux cauchemar, nul mains qui libérait le corps de l'enfant des entraves qui le retenaient prisonnier.

La gaungue se faisait serrée et oppressante, le bruit des battements sourds et inquiétants, les caresses frissonnantes de sombres incertitude ...