La Couronne de Cuivre

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée se blottit dans les bras de son compagnon, oubliant un instant tout le reste. Elle sentit toute sa tension retomber alors qu'il déposait un doux baiser sur ses lèvres. Elle leva les yeux vers lui, croisa son regard. Et se mit soudain à pleurer, sans pouvoir s'arrêter, sans pouvoir s'en empêcher. Elle avait eu si peur.

Son corps était parcouru de tremblements incontrolables. Elle se blottit contre lui, nichant sa tête au creux de son épaule, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle savait qu'il fallait qu'elle se ressaisisse, qu'ils devaient s'enfuir. Elle était incapable du moindre geste, de la moindre décision. Elle inspira profondément pluseiurs fois pour essayer de retrouver son calme. Mais elle restait incapable d'agir.

Heureusement pour eux, le cri de l'homme n'avait pas été entendu. Ou, du moins, n'avait pas entraîné de réaction.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi resserra son étreinte et laissa la tension quitter progressivement la rôdeuse. Mais il finit par s’écarter et passa une main sur ses joues, pour y sécher les larmes qui continuaient de s’écouler. Il planta son regard dans le sien et parla d’un ton doux, apaisant. La presser ne servirait qu’à la faire paniquer davantage mais ce n’était pas la seule raison. Il restait admiratif devant sa beauté même après qu’elle eut pleuré.

- Je vais t’enlever tout ça.

Il rougit en saisissant les possibles interprétations de ses paroles. Décidemment, son esprit trahissait un peu trop ses pensées. Il dut se secouer pour revenir au présent et à l’urgence de quitter le navire avant que d’autres hommes ne les en empêchent. Après, il aurait tout le temps pour l’admirer. Il s’écarta le temps de prendre la clé que l’esclavagiste avait laissé tomber et défit les fers pour jeter les chaînes dans un coin, loin de la jeune femme. Puis il passa un bras derrière sa taille et l’aida à se relever et la regarda un moment, juste pour lui communiquer un peu de sérénité.

- Viens, il nous faut partir. Es-tu capable d’affoler les chevaux qui tractent la péniche ? Je peux m’en occuper si tu veux. Ensuite j’allumerai le feu et nous partirons, tous les deux.

Il essuya sa lame sur le corps d’un esclavagiste mais la garda en main, guidant Astrée qui s’appuyait toujours contre lui vers le couloir, loin des corps. Là il écouta les bruits environnants, cherchant à déterminer si personne ne venait dans la coursive du pont supérieur.

Quête : Rendez-vous manqué

Petit à petit, son calme revenait. Elle était encore trop choquée pour relever le lapsus de son compagnon et se contenta d'acquiscer silenciausement.
Lorsque ses fers tombèrent, elle se sentit instantanément plus légère. Libre, enfin. Elle adressa un sourire reconaissant au rôdeur lorsqu'il l'aida à se relever. Elle aurait pu garder son regard fixé sur le sien pendant un temps infini tant cela lui procurait de réconfort, la ramenant à la journée précédente, magique, celle de leurs retrouvailles. Il y avait tant d'amour dans le regard de Kasumi. Qu'avait-elle fait pour mériter cela ? Elle n'était qu'une jeune femme comme les autres, et se sentait tellement indigne d'un tel amour. Elle se rappela confusément s'être dit la même chose lorsque Gwendall avait dit l'aimer, elle, le garçon manqué, entre toutes...

Elle revint à la réalité lorsqu'il prit à nouveau la parole. Oui, ils devaient partir. S'enfuir enfin. A sa question, elle répondit d'un hochement de tête affirmatif, et le suivit dans la coursive, rassurée par le contact de son corps.
- Je m'occupe des chevaux. Je vais les mettre au galop. Mais dès que ce sera fait, il faudra fuir : l'accélération brutale du bateau risque d'attirer les hommes sur le pont. Il faut que nous nous coordonnions, que le feu démarre au moment où les chevaux accélèrent.

Aucun bruit ne leur parvenait de la coursive, ou plutôt si : des bruits de conversation et de déplacements dans une pièce, la cambuse sans doute. Pour plus de certitude, Astrée se concentra, cherchant à capter un signe de vie. Que cela lui paraissait facile maintenant qu'elle avait retrouvé son médaillon.
- Il n'y a personne près de l'escalier, personne qui puisse nous voir. Ni sur le pont extérieur, ni sur l'entrepont. Il ne nous reste plus qu'à mettre le feu, et à fuir. Je m'occupe des chevaux.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi se mit immédiatement à la tâche, tirant une étincelle dont il se servit pour enflammer des brindilles qu’il avait laissé tremper dans de l’huile. Le feu provoquerait surtout une fumée épaisse et acre, ne mettant pas réellement l’embarcation en danger. Mais l’agitation des étalons et le besoin de sauver la cargaison détournerait sans doute la plupart des contrebandiers de leur poursuite.

Il faudrait sans doute quelques minutes pour que le feu prenne vraiment et que les marins ne le remarque mais le rôdeur avait l’intention d’être déjà hors de portée lorsque cela arriverait. Il referma la porte de la pièce où avait été emprisonnée Astrée afin que les cadavres ne soient pas découverts trop vite. Le bateau subit une brusque accélération qui jeta les rôdeurs dans les bras l’un de l’autre. Le demi-elfe ne put s’empêcher de sourire alors qu’il pressait sa compagne de suivre Première Neige qui avait pris les devants dans les escaliers. Il assurerait l’arrière garde au cas où il faille retarder d’éventuels poursuivants. Il n'y avait désormais plus un instant à perdre.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée avait réussi, tandis que Kasumi allumaiet le feu, à capter l'attention de deux des chevaux tractant la péniche, auquel elle donna la sensation qu'un danger imminent les menaçait, un lion étant à leur poursuite. L'effet ne s'était pas fait attendre... Ils n'attendaient que ce signal pour filer. Les jambes d'Astrée étaient un peu ankylosées par l'immobilité à laquelle elle avait été contrainte, mais dans l'urgence on se découvre des ressources insoupçonnées.

Ils franchissaient tout juste le palier de l'entrepont lorsqu'ils entendirent une porte s'ouvrir, celle de la cambuse. Un homme les aperçut, il poussa un cri et se lança à leur poursuite. Mais ils étaient déjà en haut de l'escalier, et, sans se retourner, ils se précipitèrent vers le flanc droit du navire. Ils entendirent le cri d'alerte du barreur au moment où ils atteignaient la rambarde. Kasumi sentit un projectile non identifié le frôler alors qu'il plongeait en même temps qu'Astrée. Première Neige était déjà à l'eau.

Le contact de l'eau glacée leur coupa le souffle durant quelques instants. Ils étaient dans les quelques mètres d'eau séparant le navire de la berge, mais déjà la péniche achevait de les dépasser. Ils entendaient les cris des hommes qui tentaient sans succès de calmer les chevaux. Ils entendaient aussi des cris sur le pont de la péniche, on les désignait du doigt.
Elle se mit à nager vers la rive gauche, se rendant compte un peu tard qu'elle avait gardé ses chaussures aux pieds. Ses gestes étaient moins efficaces que d'habitude. La captivité, les privations, ou peut-être la drogue qu'elle avait absorbée la veille, tout cela concourait à l'engourdir, alors que le froid pénétrait dans chacun de ses muscles. Elle se concentra, s'obligeant à des gestes amples et réguliers. Et dut se résigner à quitter ses chaussures qui l'alourdissaient trop. Un projectile la frôla. La berge était toute proche... Mais au moment où elle allait l'atteindre, elle sentit qu'un autre l'atteignait à l'épaule. Une flèche. Mais lancée de tellement loin qu'elle ne causa qu'une blessure superficielle. La surprise lui fit perdre pied un instant, elle but la tasse et ne dut son salut qu'à la présence de Première Neige à laquelle elle s'agrippa.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi parvint par chance à passer entre les projectiles imprécis qui fendait le cours d’eau. Pourtant et malgré la pénombre, il devait constituer une cible idéale. Astrée le devança rapidement car il peinait à progresser efficacement, alourdi par son sac et ses armes. Pourtant, il refusa de les lâcher, sachant qu’ils en auraient besoin, ne sachant pas où se trouvait le village le plus proche. Ils ne pourraient pas revenir les chercher. Les esclavagistes avaient montré qu’ils préféraient les tuer Astrée et lui plutôt que de leur laisser une chance de s’enfuir.

Ses vêtements furent rapidement gorgés d’eau et il se demanda s’il n’aurait pas mieux fait de les retirer avant de plonger. Il vit qu’une flèche atteignait sa compagne à l’épaule et que Première Neige la tirait à l’écart, hors de son champ de vision. Le temps pour atteindre la rive lui sembla interminable et il peina à se remettre sur ses jambes, haletant et frigorifié. Il claudiqua et glissa sur la rive boueuse pour s’enfoncer dans les broussailles et ne pas offrir une cible trop facile à un éventuel archer embusqué. Il chercha alors du regard sa compagne et sa louve, désorienté par l’effort.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi n’eut aucune peine à retrouver la louve, toute proche, veillant sur Astrée qu’elle avait traînée à l’abri des regards, derrière un rideau d’arbres. La végétation de la berge était touffue, mais les herbes n’étaient pas suffisamment hautes pour les dissimuler complètement. Il leur faudrait trouver un bois, comme celui que Kasumi apercevait à quelques centaines de mètres. Heureusement pour eux, la nuit tomberait rapidement, et la couverture nuageuse promettait une obscurité quasiment totale.

La rôdeuse était inconsciente. Elle respirait, sa poitrine se soulevait régulièrement. Mais elle ne réagissait pas. Il fallait pourtant qu’ils filent au plus vite d’ici, les trafiquants ne tarderaient pas à mettre un canot à l’eau pour partir à leur recherche. Sauf si le feu prenait trop d’ampleur et nécessitait la présence de tous les hommes pour le combattre. Mais mieux valait ne pas trop y compter, et se mettre à couvert au plus vite.

Quête : Rendez-vous manqué

En un éclair, il fut à genoux, aux côtés de la rôdeuse. Elle respirait mais difficilement et à en juger par son souffle sifflant, elle avait du avaler de l’eau. Et elle était inconsciente… La flèche qu’elle avait reçu ne pouvait pas être en cause, elle n’avait pas percé profondément la chair à en juger par sa trajectoire. Le rôdeur peinait à se rappeler quoi faire en de telles circonstances. Il fouilla dans sa mémoire et commença à paniquer. Alors, pris d’une inspiration ou recouvrant un souvenir, il appliqua ses mains sur le torse de sa compagne et appuya par des pressions rapides et répétées pour tenter de chasser l’eau des poumons.

L’inquiétude lui avait permis de dépasser sa gêne initiale mais il n’arrivait pas à se défaire du trouble qui le gagnait. Il fixa son attention sur le visage de sa compagne, espérant la voir rapidement revenir à la conscience. Il cherchait aussi à détourner son regard du torse de la rôdeuse car l’eau avait rendu le tissu de la tunique déchirée translucide. Sous ses mains à plat, sa poitrine était toujours aussi douce et ferme... Reprends-toi un peu, idiot !

Quête : Rendez-vous manqué

Le corps d'Astrée fut secoué d'une quinte de toux, un peu d'eau s'échappa par sa bouche. Et elle rouvrit les yeux, peinant à recouvrer une vison nette.
Où était-elle ? Ah oui, l'évasion, la traversée à la nage , la flèche, elle avait bu la tasse... Elle reconnut Kasumi penché au-dessus d'elle, l'air inquiet. Elle lui adressa un pauvre sourire pour le rassurer, aussitôt interrompu par une quinte de toux.
Elle s'aperçut seulement à ce moment qu'il avait les mains posées sur sa poitrine, sans doute pour la ranimer.
Elle se sentit rougir, lisant soudain dans ses yeux plus que de l'inquiétude : un certain trouble qu'elle connaissait bien, qui commençait à l'envahir elle aussi... Ce n'était vraiment pas le moment, il fallait se ressaisir, fuir, on était peut-être à leurs trousses...
Machinalement, elle tendit la main vers son visage, caressa sa joue, et murmura simplement :
- Merci.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi se félicita qu’il fasse presque nuit noire désormais alors que la jeune femme ouvrait les yeux et posait les yeux sur l’endroit où se trouvaient ses mains. Il les y laissa un peu plus longtemps que nécessaire mais finit par les retirer précipitamment, à contre cœur. Si le danger n’avait pas été aussi pressant, il s’en serait senti incapable. Pas alors qu’Astrée lui souriait ainsi, comme elle semblait en avoir le secret. Il parvint à peine à bafouiller dans un souffle :

- Excuse-moi…

Mais le ton n’avait rien de contrit. Au contraire, il semblait exprimer un regret, celui de devoir s’interrompre. Il reporta une nouvelle fois son regard sur ses yeux, pour échapper à la vision de ce que ses mains révélèrent en se retirant. Il l’avait pourtant déjà vu à demi nue mais la regarder l’emplissait toujours d’une délicieuse crainte révérencielle.

- Nous… nous devons y aller. Il y a une forêt toute proche. Je vais t’y porter.

Et avant qu’Astrée ait pu protester ou même réagir, il passa un bras sous ses épaules et l’autre sous ses genoux et la souleva comme si elle fut aussi légère qu’une plume. Il se mit alors en route, avec détermination. Première Neige détala, partant en éclaireuse pour leur trouver un chemin sûr, loin du danger.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée se laissa transporter sans protester, appréciant le contact de son torse, de ses muscles. Elle laissa aller sa tête contre son épaule dans un abandon serein.
Le bois n'était pas très loin. Pas assez loin, même. Il était hors de question d'y passer la nuit, il leur faudrait marcher un bon moment pour s'éloigner suffisamment et se sentir un peu en sécurité. Mais au moins, dans les bois, ils se sentiraient à l'abri, sur leur territoire, et n'auraient aucun mal à se dissimuler. Il leur suffirait de bien masquer leurs traces pour semer rapidement les poursuivants.

Dès qu'ils furent à couvert, Astrée se laissa glisser des bras de Kasumi, avec un léger regret tout de même. Elle fut saisie par le froid glacial de l'atmosphère, qu'elle n'avait pas trop senti dans les bras de son compagnon. Avant qu'il puisse protester, elle murmura simplement :
- Il faut qu'on s'éloigne d'ici, mais tu ne pourras pas me porter longtemps, on perdrait trop de temps. Je vais marcher.
Elle commençait déjà à greloter dans ses vêtements trempés, et avait du mal à maîtriser le claquement de ses dents.
- Il fait trop froid... Il faudra qu'on fasse un feu si on ne veut pas geler sur place. Donc il faut absolument qu'on soit loin, hors de vue du fleuve. Heureusement qu'il fait nuit. Attends juste une minute que je protège mes pieds.

Puis elle se mit en devoir d'envelopper ses pieds nus dans un morceau d'étoffe. Sa tunique était en lambeaux, mais elle avait besoin des pans pour la nouer sous ses seins. En revance, son corsage en-dessous, déchiré de haut en bas par la lame du trafiquant, était devenu parfaitement inutile. Sans se soucier de la réaction de son compagnon, elle ôta les deux vêtements, et renfila prestement sa tunique mouillée, consciente qu'elle aurait eu moins froid en restant torse nu. Mais elle avait trop peur de croiser quelqu'un, et puis pour courir elle serait plus à l'aise avec un noeud pour soutenir sa poitrine. Elle enveloppa chacun de ses pieds dans une moitié du corsage, serrant bien les noeuds, pour les protéger sommairement. Bien sûr, cela ne l'empêcherait pas de souffrir en marchant sur des ronces ou des cailloux, mais elle aurait tout le temps de se soigner plus tard. Par acquis de consciences, elle découpa rapidement une bande de tissu au bas de ses chausses pour ajouter une deuxième épaisseur à ses chaussures improvisées.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi ressentit une impression de manque et de froid lorsqu’Astrée se laissa glisser de ses bras. Ses paroles étaient sensées, il s’épuiserait trop vite en la portant. Mais tout de même, il aurait voulu la garder dans ses bras la nuit entière maintenant qu’il l’avait retrouvée. Il se mit à fouiller dans son sac mais fut interrompu par le ton de sa voix et releva les yeux juste alors qu’elle se dévêtait. Il fut pris d’une quinte de toux et se remit à fouiller de plus belle, mettant enfin la main sur la cape qu’il avait pliée à l’intérieur. Elle avait souffert du passage dans le fleuve comme la majorité du contenu de son sac sans doute. Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment de faire l’inventaire des dégâts. Ils s’en sortiraient, c’est tout ce qui importait. Il secoua le manteau et l’essora un peu pendant que la rôdeuse achevait de nouer ses chaussures improvisées. Puis il s’approcha d’elle et la fit sursauter en posant le manteau et ses mains sur ses épaules. Il les lui frictionna tendrement ainsi que ses bras tout en parlant :

- Il est mouillé mais ton corps le réchauffera vite.

Première Neige se porta à leur rencontre pour s’ébrouer et donna l’alerte. Grâce à son ouïe, elle avait perçu du bruit du côté du fleuve, sans doute les esclavagistes qui avaient touché terre de leur côté du fleuve. Il n’y avait plus un instant à perdre. Le rôdeur était las de les affronter et ne s’en sentait pas capable sauf s’il fallait défendre Astrée. Ils se mirent donc tous en route, se fondant comme trois ombres dans leur milieu naturel. Ils privilégièrent d’abord la vitesse à la discrétion et s’éloignèrent à l’opposé du fleuve. Puis, au bout d’une vingtaine de minutes, ils prirent soin d’effacer leurs traces visibles. A moins d’avoir affaire à des pisteurs expérimentés et capables de voir dans le noir, ils n’auraient vite plus rien à craindre. Première Neige lui confirma qu’elle n’avait détecté la présence d’aucun chien, l’assurant qu’elle pouvait les sentir à des lieux.

Le soulagement laissa la place à la fatigue et au froid mais les rôdeurs poursuivirent vaillamment leur route, retrouvant leurs réflexes et leur liberté dans cet environnement qui leur convenait. S’il n’avait pas fallu fuir, ils auraient très certainement profité du paysage vallonné et boisé mais ils se contentèrent d’avancer, sans jamais ralentir. Kasumi portait sa compagne dans les passages difficiles où les cailloux ou les racines auraient abîmés ses pieds. A chaque fois, il avait un peu plus de peine à se séparer d’elle. Qu’il serait bon de s’endormir simplement dans ses bras, qu’ils se réchauffent mutuellement et se retrouvent enfin.

Quête : Rendez-vous manqué

Ils coupaient à travers champs et bois, évitant les routes et les quelques hameaux qu'ils apercevaient. La mer n'était pas très loin, ils en sentaient les effluves iodés provenant du sud-est.
Ils avaient de plus en plus froid. Une brise fraiche et humide venant de la mer plaquait leurs vêtements mouillés contre leur peau, et Astrée claquait des dents. Mais ils poursuivirent leur chemin pendant encore une heure ou deux, maquillant fréquemment leurs traces, afin d'être certains d'avoir semé leurs poursuivants.
Astrée cachait de son mieux sa fatigue, et appréciait la sollicitude de son compagnon qui l'aidait à franchir les passages difficiles. Bien sûr, elle était en peu gênée de devoir ainsi profiter de son aide, lui qui n'avait sans doute pas fermé l'oeil depuis la veille au matin. Il devait être encore plus épuisé qu'elle, et pourtant il avançait quand même, se retournant régulièrement pour effacer les traces. Première Neige était repartie discrètement vers l'arrière, et leur signala qu'elle n'entendait ni ne sentait plus rien de suspect.

Ils finirent par trouver une forêt de taille assez imposante, composée d'arbres d'essences variées, adaptées à un climat tempéré et sec : chêne-lièges, buis, charmille et frênes, ifs et pins maritimes. Le bois était touffu, et ils n'y virent aucune empreinte humaine. Ils s'enfoncèrent profondément à l'intérieur, jusqu'à trouver une petite clairière où ils pouvaient faire un feu sans risquer de provoquer un incendie.
Astrée était épuisée, frigorifiée, et n'osait pas imaginer l'état de ses pieds qui l'élançaient douloureusement.
- Je crois qu'on devrait peut-être s'arrêter, essayer de dormir un peu. Et surtout faire un feu pour se réchauffer. Que dirais-tu de bivouaquer ici ?

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi avait la tête qui lui tournait et butait de plus en plus fréquemment dans les racines. Il s’efforçait pourtant de tenir bon, peut être juste par bravade. Mais il ne fit pas mine de protester à la proposition d’Astrée. Leurs poursuivants avaient depuis longtemps perdu leurs traces, il en était convaincu. Il n’y avait donc plus de raison de fuir.

Il résista à l’envie de s’asseoir immédiatement, sachant qu’il n’aurait probablement plus la force de se relever s’il se laissait gagner par le sommeil. Alors, après avoir déposé son sac, il se mit en devoir de réunir du bois. Il ramena tout d’abord quelques branches plus ou moins sèches qu’Astrée disposa pour faire démarrer le feu. Il empila ensuite toutes les branches de pin qu’il put facilement réunir. Leur pouvoir isolant constituerait la base de leur couchage et les protègerait de la froideur du sol.

Grelottant, il se dirigea vers le petit feu qui peinait encore à réchauffer l’atmosphère et encore moins les vêtements toujours détrempés des rôdeurs. Il s’approcha lentement d’Astrée et, sans un mot, il l’entoura de ses bras, positionnant son corps tout contre le sien et sa tête sur son épaule. En guise d’explication, il parla d’une voix un peu altérée par la crispation des muscles de sa mâchoire.

- Il faut nous réchauffer en attendant que ton feu prenne.

Ses tremblements se calmèrent presque immédiatement au contact du corps chaud de la jeune femme et il finit par sourire en se disant que c'était décidément agréable d'avoir chaud, d'avoir le cœur qui bat un peu trop vite...

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée ferma les yeux, se laissant aller contre le torse de son compagnon. Les frissons de froid qui la parcouraient se calmèrent un peu, ses dents cessèrent de trembler. Elle était bien, si bien dans ses bras...
Petit à petit, le feu prenait. A contrecoeur, elle dut se détacher de Kasumi quelques instants pour l'alimenter, sentant à nouveau le froid glacial qui régnait. Le vent s'était accentué, plaquant contre sa peau ses vêtements mouillés. Elle revint très vite se réfugier dans les bras du rôdeur, savourant la chaleur qu'ils partageaient. Mais elle avait conscience que leurs vêtements ne sècheraient pas avant plusieurs heures s'ils les gardaient sur eux, pas avec la brise humide qui soufflait, et qu'ils dormiraient mal dans du linge froid et humide, sans compter qu'ils risquaient un sérieux refroidissement.

Elle hésita un instant, mais elle savait ce qu'il leur fallait faire, ce qui était le plus raisonnable. Elle espérait juste qu'ils soient bien les seuls humains à des lieues à la ronde...
- Kasumi... je crois qu'il faut qu'on fasse sécher nos vêtements près du feu, ils ne sècheront jamais si on les garde sur nous, et on risque de prendre froid si on dort avec.
Elle était toujours blottie contre lui, lui tournant le dos, position qui lui évitait de voir sa réaction...
- Est-ce que tu peux demander à Première Neige de faire le guet pendant ce temps ? Je ne voudrais pas que quelqu'un nous voie, enfin... je sais bien qu'il fait nuit, mais... je serai plus tranquille si elle monte la garde.
Elle resta encore blottie contre lui quelques minutes, hésitant à quitter la chaleur de son corps. Puis, lentement, elle se détacha de lui, prit sa petite pelote de corde fine, et en tendit une bonne longueur entre deux arbres, près du feu. Elle y suspendit la cape que Kasumi lui avait prêtée.

Timidement, sans regarder son compagnon, elle ôta sa tunique déchirée et la suspendit. Elle hésita un instant avant d'enlever également ses chausses. Elle tournait le dos à Kasumi, et n'osait pas se retourner, se demandant s'il prenait son geste pour une provocation, si son coeur battait aussi fort que le sien.
Et alors, où serait le problème ? Nulle part. Ils étaient simplement trop fatigués pour cela, elle le savait bien...
Elle avait moins froid maintenant qu'elle était débarassée de ses vêtements mouillés. Entièrement nue, elle s'accroupit tout près du feu, au bord de l'empilement de branches de pins. Et finit par tourner la tête vers Kasumi, le coeur battant un tout petit peu trop fort malgré tout, résistant à l'envie de lui lancer un sourire de défi. Et se demandant s'il oserait se déshabiller lui aussi.

Quête : Rendez-vous manqué

Le rôdeur écarquilla les yeux de surprise en comprenant ce qu’Astrée s’apprêtait à faire. Première Neige le comprit aussi et se mit en devoir de monter la garde, les assurant que personne n’approcherait sans qu’ils en soient prévenus. Elle disparut dans les fourrés, sa fourrure ne lui permettant de ne pas dépendre du feu pour se protéger du froid nocturne.

Quand Astrée s’éloigna pour se dévêtir, il savait qu’il n’aurait pas du l’observer ainsi, qu’il aurait du détourner le regard, par pudeur. Mais il était bien trop fasciné pour y parvenir. Alors, il grava chacun des gestes de la rôdeuse dans sa mémoire. Il crut qu’elle se contenterait de retirer sa tunique trempée tout en lui tournant le dos. Quand elle parut hésiter à aller plus loin, son cœur battait très fort et il se surprit à murmurer pour lui-même une prière pour l’encourager à poursuivre. Ses mains devinrent moites et il se crispa en voyant la jeune femme porter les mains à ses chausses. Il aurait voulu suspendre son geste, juste pour en profiter un peu plus longtemps. Le trouble le gagna tout à fait alors que le tissu glissait vers le bas. Son regard se perdit dans le vague alors qu’Astrée se révélait, entièrement nue. Immédiatement, ses yeux se portèrent sous sa taille, détaillant chaque courbe gracieuse et féminine, admirant la forme de ses fesses, ses cuisses élancées, la longueur infinie de ses jambes. Lorsqu’elle se tendit pour suspendre ses vêtements, son regard se porta sur son entrejambe, cherchant à vaincre l’obscurité pour en voir davantage encore. Il ne la lâcha pas un seul instant des yeux jusqu’à ce qu’elle s’accroupisse près du feu.

Il fallut qu’elle tourne son visage vers lui pour qu’il se secoue, et se rende compte qu’il avait rougi furieusement. Il se hâta d’ôter sa tunique, en signe de bonne volonté, et pour tenter de détourner son attention. Il sentit les yeux posés sur son dos et déglutit, sachant qu’il devait à son tour se débarrasser de ses chausses. Il se sentit soudain extrêmement gêner de se révéler à son tour. Quand il serait assis près du feu, ça irait mais en attendant, il devait rester debout, sans doute sous le regard de la jeune femme qui lui tournait pourtant le dos. Astrée était une humaine, par conséquent elle ne pouvait pas voir dans le noir mais elle avait sciemment positionné la ficelle dans le cercle de lumière, il en était sûr. Mais non, il fallait bien que les vêtements pendent près du feu pour sécher. Tu te fais des idées. et tu ne t'es pas gêné pour la détailler. Ce n'est pas pareil... Alors timidement, il retira ses chausses à toute vitesse et les jeta précipitamment sur le fil avant de courir s’asseoir près du feu, et se mettre dos à dos avec Astrée, les joues en feu.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée ne put s’empêcher de sourire, et réprima une taquinerie en voyant la gêne de son compagnon qui se précipitait pour s’asseoir et cacher sa nudité. Elle l’avait observé, bien sûr, détaillant le dessin des muscles saillants de son torse nu, apercevant quelques instants ceux de ses cuisses. Elle ne chercha pas à apercevoir ce qu’il désirait visiblement tant cacher, par respect pour sa pudeur. Et puis, elle n’avait pas besoin de voir pour savoir… Il la désirait, elle le devinait à sa gêne, sa crispation, sa précipitation, la rougeur de ses joues. Elle était certaine qu’il l’avait observée quand elle se déshabillait. Mais elle savait aussi qu’ils étaient tous les deux épuisés, et avaient besoin de dormir. Elle résista donc à l’envie de fixer des yeux son entrejambe, pour ne pas accroitre son malaise.Elle ne profiterait pas de la situation. Pas cette fois-ci. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Son cœur s’était mis à battre plus fort lorsqu’il s’était déshabillé, et elle avait été tentée de se lever, de s’approcher. Mais elle n’avait pas osé.

Elle laissa aller sa tête en arrière, sur son épaule, savourant la chaleur de son corps contre le sien. Elle se sentait bien, détendue, malgré son cœur qui persistait à battre un peu trop fort. Et la chaleur qui l’envahissait n’était pas due qu’au feu tout proche.
Allons bon, tu recommences… Laisse-le donc dormir, le pauvre !
Mais peut-être n’attendait-il que ça ? Qu’un geste de sa part ? Non. Elle le sentait trop mal à l’aise encore.
Elle ferma les yeux, laissant ses pensées dériver vers d’autres sujets, sa respiration se calmer, son corps se détendre. Elle avait conscience de sa fatigue. Les vêtements ne seraient pas secs avant trois heures au moins. Elle ne pourrait pas rester éveillée si longtemps. Déjà, elle sentait sa conscience s’échapper.
Alors, tranquillement, elle quitta la douce chaleur du corps de son compagnon pour s’allonger sur la couche qu’il avait préparée, recouverte d’herbe et de mousse pour les préserver du piquant des aiguilles de pin. Elle se tourna sur le côté, regardant son compagnon qui n’osait pas se retourner.
- Hmm… Dis-moi, tu comptes rester assis toute la nuit où tu veux t'allonger un peu ? Parce que je dois bien avouer que le lit, sans toi, est un peu froid…

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi fut parcourut d’un frisson qui n’était pas totalement du au froid glacial. Sans se retourner, il avait perçu tous les mouvements d’Astrée. Cette fois-ci, il n’avait pas osé la regarder se lever, de peur d’accroître encore son trouble. Il attendit qu’elle s’allonge, pensant qu’elle dissimulerait au mieux sa nudité et se tournerait pour lui permettre de la rejoindre. Peine perdue… Lorsqu’elle lui parla, comme pour lui donner la permission de venir auprès d’elle, il tourna machinalement la tête dans sa direction, songeant qu’elle aurait fait en sorte de cacher son intimité à son regard. Le bref aperçu qu’il en eut avant de détourner vivement la tête démentit sa supposition et combla tous ses espoirs. Il reprit lentement son souffle avant d’oser se tourner à nouveau.

La lueur vacillante du feu jetait des ombres étranges qui mettaient encore davantage en valeur ses formes féminines. Elle était allongée face à lui et ne cachait rien de sa personne. Timidement, il chercha à croiser son regard, quêtant peut être son assentiment. Alors, il laissa son regard courir une nouvelle fois sur son corps, prélude à une découverte plus charnelle qui ne manquerait pas de suivre bientôt. Il se perdit d’abord à contempler sa poitrine, ferme et droite malgré la position allongée d’Astrée, le jeu des ombres fonçait la couleur naturelle de ses mamelons. Puis son regard dériva plus bas, vers son nombril, admira la courbure de sa taille gracile qui s’ouvrait sur des hanches voluptueuses. Il se fixa alors, comme hypnotisé par le mystère révélé de sa toison, aussi sombre que ses cheveux. Sa cuisse, légèrement fermée, l’empêchait d’en voir davantage mais c’était déjà bien plus qu’assez pour réveiller brutalement son désir. Il avait déjà vu des jeunes filles nues. On ne faisait pas de manière pour les bains durant son enfance et même les premières années de son adolescence. Mais voir Astrée ainsi était une expérience inédite. Il avait une femme devant lui, et ils savaient tous deux qu’ils se désiraient. Il maudissait soudain l’épuisement qui lui tournait la tête. Ils ne feraient sans doute rien ce soir sans quoi Astrée se serait peut être montrée plus timide. Quoique, elle n’avait pas hésité à prendre des initiatives là où, lui, s’était montré trop distant avec elle.

Alors, comme si toute pudeur c’était un instant envolée, il se leva et se dirigea vers elle, sans chercher à se cacher, à dissimuler la raideur de son entrejambe. Il n’y avait que quelques mètres entre eux mais il trouva néanmoins le parcours interminable. Il s’assit dos à elle, juste contre ses cuisses avant de se laisser glisser à ses côtés en lui tournant toujours le dos. En un geste tendre, il prit sa main dans l’une des siennes pour l’attirer vers son torse, juste pour profiter un peu plus de sa proximité, de son étreinte, de la douceur de sa peau sur ses omoplates. Même s’il savait confusément que c’était ses seins qu’il sentait. Il se contenta de murmurer, d’une voix rauque et ensommeillée, sans lâcher sa main :

- Tu es magnifique. Je suis heureux de t’avoir retrouvée. Je ne veux plus que tu partes.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée avait senti les battements de son coeur s'accélérer lorsque Kasumi s'était enfin tourné face à elle. Il avait envie d'elle, elle le savait. Il ne le cachait plus. Elle sentit une chaleur bien connue l'envahir alors qu'il s'approchait. Tout son corps se préparait à l'étreinte. Elle fut presque déçue qu'il s'installe dos à elle, signifiant qu'il ne se passerait rien cette fois-ci encore. Mais elle ne pouvait lui en tenir rigueur, elle savait qu'il était épuisé par sa nuit blanche.

Lorsqu'il prit sa main pour l'attirer contre lui, elle y répondit avec tendresse, se pressant contre son dos tant pour profiter de sa chaleur que pour lui prodiguer quelques caresses, et lui communiquer toute la tendresse qu'elle éprouvait. Elle le laissa guider sa main vers son torse, caressant doucement au passage sa peau si douce. Elle déposa un léger baiser sur son cou, puis un autre. Puis elle l'enserra doucement dans ses bras, glissant également ses jambes contre les siennes. Elle était parfaitement bien, au chaud, avec l'homme qu'elle aimait au creux de son corps. Et son coeur battait à tout rompre alors que montait en elle l'envie de faire descendre sa main un peu plus bas, toujours plus bas.

- Je ne veux plus jamais partir, murmura-t-elle simplement en réponse à ses paroles.
Elle ferma les yeux, et continua simplement à caresser son torse, résistant au désir qui l'envahissait. Il était trop fatigué. Elle aussi, sans doute. Cela attendrait. Demain peut-être...

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi soupira d’aise lorsqu’il sentit le corps chaud d’Astrée s’étendre contre lui en une étreinte chaude, protectrice, un peu possessive peut être. Son désir brûlant se mua peu à peu en un bien être total. Il ne s’était jamais senti aussi bien qu’entre les bras d’Astrée, profitant de ses tendres caresses jusqu’à ce que le sommeil l’emporte vers une nuit sans rêve, en sécurité. Une toute petite partie de lui savait pourtant qu’ils finiraient par avoir froid, sans aucune couverture pour les protéger du froid nocturne. Mais il s’en moquait, pour l’instant il était infiniment à son aise.

***
Kasumi ouvrit les yeux, pris d’un frisson. Il faisait encore nuit noire. Ses sens à demi endormis lui signalèrent qu’il devait rester peut être deux heures avant l’aube, les heures les plus froides de la nuit. Il devait se lever pour ranimer le feu presque éteint et récupérer les vêtements qui devaient maintenant être secs.

Mais il suspendit son geste avant même de l’initier, se rappelant soudain ce qui s’était passé à la veillée, revoyant en songe le corps nu de la rôdeuse. Pendant la nuit, Astrée s’était laissée glisser sur lui, sans doute pour partager un peu mieux leur chaleur mutuelle. Le demi-elfe se rendit confusément compte qu’elle était maintenant presque entièrement étendue sur lui. Une de ses jambes était passée entre les siennes. Ses bras enserraient sa nuque. En baissant les yeux vers elle, il se sentit parfaitement dégrisé. Ses seins, lourds et doux, reposaient sur sa propre poitrine et s’agitaient doucement au rythme de leur respiration commune. Il sentit immédiatement son cœur s’emballer. Une chaleur irradiait sa cuisse à l’endroit où elle entrait en contact avec celle d’Astrée. Immédiatement, il sentit la raideur le reprendre dans son entrejambe, signe de son désir inassouvi brûlant, oppressant.

Il ne prit conscience de la position de ses mains que lorsqu’elles s’animèrent, comme mues par une volonté que le dépassait un peu. Sa main droite glissa le long du dos de la jeune femme, notant au passage qu’il était glacé. Alors, comme s’il cherchait à la réchauffer en la frictionnant, il laissa courir sa paume moite sur sa peau si douce, sans se rendre compte qu’elle descendait beaucoup trop bas, se portant instinctivement jusqu’à la courbure de ses fesses. Sa main gauche se déporta à son tour comme pour rejoindre la première selon un itinéraire différent, partant de son sein pour longer son côté en une caresse fébrile, cherchant soudain la source de chaleur qui l’enivrait de désir. Il savait qu’il aurait du s’arrêter, se maîtriser, laisser la rôdeuse se reposer encore un peu, profiter de son sommeil. Il se faisait aussi confusément l’effet d’abuser un peu trop de la situation. Mais ses mains ne lui obéissaient plus. Sa main gauche plongea entre leurs corps, passant délicatement sur la toison bouclée pour glisser encore un peu plus bas. Alors sa gorge le trahit, il n’avait plus qu’une idée en tête, réveiller sa compagne et se laisser aller à une passion trop longtemps contenue :

- Astrée…

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée se réveilla à moitié en sentant les mains de Kasumi courir le long de son corps. Un frémissement la parcourut alors qu'elle cherchait confusément à se souvenir du lieu où elle se trouvait. Ah oui, elle se souvenait... La fuite... Elle garda les yeux fermés, entre veille et sommeil, ne sachant trop si elle rêvait encore, tandis que les événements de la veille remontaient à sa conscience. Elle se souvint qu'elle s'était endormie nue près de lui au moment où la main de son compagnon se mit à glisser vers le bas de son ventre, et une vague de chaleur l'envahit soudainement. Elle était bien réveillée, et Kasumi également. Le ton rauque de sa voix acheva de réveiller son corps, et l'envie qu'elle avait de lui, si longtemps contenue, explosa en elle.

Elle souleva la tête, qu'elle avait posé sur son épaule durant son sommeil, et croisa son regard brûlant. Elle y lut un désir aussi irrépressible que le sien. Son coeur se mit à battre à tout rompre, sa respiration s'affolait. Alors, sans un mot, sans hésiter plus longtemps, elle l'embrassa. Longuement, passionnément, sans se soucier du souffle qui leur manquait. Ses mains couraient dans ses cheveux, puis sur ses flancs, sur ses cuisses, effleurant à peine son sexe au passage, devinant sa raideur mais désireuse de faire monter encore la tension qu'elle sentait en lui, en elle.
Elle ferma les yeux pour mieux sentir les sensations qu'il éveillait en elle. Elle ne maîtrisait plus rien. Seules ses mains agissaient, devinant les zones les plus sensibles de son corps, les effleurant de mille caresses, tandis que ses lèvres, avides, semblaient ne pouvoir se rassasier de ses baisers. Son corps laissait enfin s'exprimer la passion qu'il avait trop longtemps réprimée.

Quête : Rendez-vous manqué

La respiration de Kasumi se fit haletante, affolée par tout ce que la jeune femme éveillait en lui par ses caresses, ses baisers. Il sentit sa raideur s’accentuer lorsqu’une main se porta sur ses cuisses, sur son bas ventre, lorsqu’un doigt l’effleura subrepticement. Il ressentait chaque contact de façon plus vive, plus exacerbée. Le désir, la passion crut en lui pour atteindre un niveau dont il ne soupçonnait pas l’existence. Son regard se fondit dans celui d’Astrée, désirant partager ses sensations, pour lui montrer combien il appréciait ses caresses, pour découvrir ce dont elle avait envie, ce qui lui donnait du plaisir. Il ne se souciait plus de son inexpérience, il se laisserait simplement guider par le corps d’Astrée, ses mains, ses yeux, ses soupirs. C’était là un délicieux langage dont il voulait comprendre toutes les subtilités. Il remonta la main qui caressait ses fesses pour saisir un sein entre ses doigts, le pétrir doucement en laissant son index dessiner le contour de son auréole. Son autre main continuait à la caresser entre les cuisses, ses doigts agiles effleurant les zones qui répondaient le plus à ses attouchements. Sa bouche s’écarta du souffle chaud de la jeune femme pour embrasser son menton, son cou, lui souffler à l’oreille des mots d’amour.

Quête : Rendez-vous manqué.

Astrée sentit les pointes de ses seins se durcir sous les caresses de son compagnon. Son coeur s'affolait. Tout son corps se tendit alors que la main de Kasumi, entre ses cuisses, faisait déferler en elle une brusque vague de plaisir. Elle ne put réprimer un léger gémissement, et se laissa emporter par le désir qui montait, brûlant, impérieux. Elle entendait à peine les mots qu'il prononçait tant son corps était tout entier absorbé par ses caresses, ses baisers. Mais le son de sa voix, chaude et rauque, suffisait à lui faire battre le coeur plus fort encore.

Elle se redressa légèrement au-dessus de lui, plongeant un instant ses yeux au plus profond des siens, tandis qu'elle autorisait enfin sa main droite à se glisser entre les cuisses du rôdeur, l'effleurant doucement, puis plus fermement. Elle sourit en le sentant frémir sous ses caresses de plus en plus insistantes.
Puis doucement, poussant son avantage, elle commença à son tour à embrasser son cou, son torse, descendant de plus en plus bas, vers ses cuisses, l'intérieur de ses cuisses... Savourant les frissons de plaisir qu'elle déclenchait ainsi alors que, lentement mais irrésistiblement, elle approchait de la zone qu'elle savait être la plus érogène de son corps. Elle y déposa des lèvres gourmandes. Et hardies.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi ne savait pas comment réagir. De toute façon, il était incapable du moindre mouvement alors que les lèvres d’Astrée dévalaient son corps, éveillant des sensations qui se propageaient partout en lui. Il fut totalement pris au dépourvu par sa hardiesse lorsque ses lèvres se portèrent vers son sexe, décuplant le plaisir anticipé, faisant encore monter la fougue en lui. Il gémit de surprise en sentant les lèvres chaudes l’inonder de sensations passionnelles. Mais elle se retira avant que la pression ne soit trop forte pour qu’il puisse la retenir. Il se pencha immédiatement à sa rencontre pour l’attirer en avant, sur lui. Il la fit basculer sur le dos, en une étreinte presque tendre. Il dut alors faire un effort de volonté presque surhumain pour ne pas la recouvrir immédiatement, se laisser entrer en elle pour la posséder. Pas encore. Il savait que pour lui donner du plaisir, il ne devait pas aller trop vite même si cela lui paraissait presque insurmontable. D’une voix rauque, mutine, il tenta de se calmer, sans grand succès :

- A mon tour.

Ses mains se portèrent alors sur chacun de ses seins, ses doigts éprouvant la dureté de ses tétons tandis que ses paumes les faisaient balancer doucement. Puis sa main gauche glissa plus bas, immédiatement remplacée par sa bouche, sa langue. La main libérée se porta entre ses cuisses à nouveau, plus assurée que la première fois, plus hardie. Il chercha le regard d’Astrée avant de poursuivre, satisfait de son effet. Puis sa bouche descendit, parcourant exactement le chemin qu’avait emprunté la rôdeuse. Une main caressait toujours un sein tandis que la seconde écarta ses cuisses, révélant son intimité à son regard. Alors, avide d’éveiller le même plaisir en elle que celui qu’il avait éprouvé, il y porta sa bouche entrouverte, s’étonnant à son contact de la trouver humide. Il la goûta, d’abord timidement, un peu indécis. Mais les gémissements et le spasme qui souleva le bassin de la jeune femme l’encouragea à recommencer encore, à sentir le plaisir monter doucement en elle.

Mais chacune de ses caresses faisait aussi monter son envie d’aller plus loin, d’explorer plus avant, de la découvrir pleinement. Alors, un peu maladroitement sans doute, il se plaça au-dessus d’elle et fit passer ses jambes entre les siennes. Ses yeux s’écarquillèrent et il laissa échapper un hoquet de surprise lorsque qu’il se sentit pénétrer en elle, s’inondant de sa chaleur corporelle. Il se sentait soudain perdu et chercha dans le regard d’Astrée de quoi le guider.

Quête : Rendez-vous manqué

Lorsqu’il la bascula sur le dos, elle sentit tout son corps se tendre dans l’attente de l’étreinte, impatient de le sentir enfin en elle. Mais il fit savamment durer la douce torture de l’attente, la caressant, l’embrassant, provoquant en elle des éclairs de plaisir, jusqu’à porter son désir à son paroxysme. Son corps s’abandonna totalement à la volupté de l’étreinte tandis que les lèvres de son compagnon descendaient encore. Elle agrippa ses cheveux, sa nuque, un gémissement lui échappa alors qu’un spasme la secouait. Haletante, elle brûlait de le guider plus loin encore, jusqu’à l’union de leurs corps, qui seule éteindrait le feu qui la dévorait de l’intérieur.

Lorsqu’enfin il se glissa en elle, son souffle se fit encore plus court. Plaquant fermement ses deux mains sur ses hanches, elle encouragea ses mouvements, le laissant trouver son rythme. Elle posa ses lèvres sur les siennes, glissant sur son visage, son cou, ses épaules, goutant le sel de sa sueur, revenant sur sa bouche, en une multitude de baisers légers et avides.
Elle sentait le plaisir monter en elle, irrépressible. Elle ne contrôlait plus son corps. Ses jambes, ses bras enlacèrent le torse de son compagnon, plaquant son corps contre le sien, alors que sa respiration haletante épousait le rythme de leur étreinte. Puis la tension explosa en un dernier spasme. Et elle se laissa retomber sur la couche, essoufflée. Le corps comblé, apaisé. Lorsqu’il se laissa à son tour descendre sur elle, posant la tête sur sa poitrine, elle caressa doucement ses cheveux, noirs et soyeux, légèrement irisés par la lumière bleuâtre de la lune. Souleva sa tête pour l’embrasser encore, tendrement. Et sourit en laissant échapper un soupir de bien-être.

- Tu apprends vite, souffla-t-elle, mi-espiègle, mi langoureuse.

Quête : Rendez-vous manqué

Lorsque leurs corps se fondirent en un seul, il s’anima sous les encouragements de la jeune femme, trouvant son rythme, apaisé par ses baisers avides, emporté par le plaisir qui le frappait à chaque fois qu’il montait en elle. Toujours un peu plus loin, toujours un peu plus haut, sans jamais vraiment se retirer du terrain conquis, pris par la déferlante des sensations à la fois brutes et douces, voluptueuses et langoureuses. Il s’immergea dans la fièvre qui le gagna, s’empara d’eux pour les emporter au loin. Les halètements se muèrent en gémissements inarticulés alors que leurs corps s’unissaient, s’exploraient, reproduisaient en mille endroits l’étreinte la plus intense. La peau du rôdeur semblait être devenue sensible à la moindre des invites de la jeune femme, la sueur dégoulinait presque douloureusement le long de son dos mais il cherchait toujours à se rapprocher davantage, à sentir son odeur, à garder le goût de sa peau sur ses lèvres, à se perdre dans la tempête des sons qui animait sa gorge.

Et alors, il atteint le paroxysme de la tension, incapable de se contenir un instant de plus. En un spasme, il cambra ses reins alors que l’agitation continua à animer tout le reste. Il se sentit céder en elle et ferma les yeux, le souffle coupé, les oreilles bouchées, tous ses sens abolis pendant un instant. Son corps était trop submergé pour sentir autre chose que la sensation d’émerveillement qui venait du plus profond de lui, d'elle. Il ne se retira pas et finit par rouvrir les yeux, au bout d’un temps qui lui parut infini, mais aussi bien trop court. Comme s’il se réveillait d’un rêve merveilleux qu’il aurait voulu retenir. Son regard croisa celui de sa bien aimée. Ils s’embrassèrent, encore, doucement, calmement, leurs passions contentées. Peut être pas... Il se laissa aller sur elle, juste pour profiter pleinement de son moment d’extase, de bonheur.

Un sourire béat se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle rompit le silence, la première. Sa voix langoureuse fut comme un signal. Sa tête reposait dans le creux de ses seins, les sentant se soulever au rythme de la respiration essoufflée d’Astrée. Alors le désir remonta une nouvelle fois en lui, incontrôlable. Il se sentit raidir à nouveau et l’embrassa plus fougueusement.

- J’ai encore beaucoup à apprendre, j’espère.

Et alors, une lueur amusée dans le regard, il chercha à nouveau à entrer en elle, retrouvant l’abri qui semblait fait pour lui. Cette fois-ci il se contrôla mieux, procéda avec une lenteur calculée, prit le temps d’explorer l’endroit où il s’était jeté à corps perdu. Lorsqu’il sentit Astrée redevenir réceptive, il la taquina, entrant un peu pour mieux se retirer et la titiller avant de s’abandonner encore et encore. Le temps lui sembla se suspendre et il finit par craindre avoir présumé de ses forces longtemps avant de retrouver les sensations précédant l’extase, Lorsqu’il se laissa aller une nouvelle fois, il espérait avoir emporté sa compagne aussi loin que lui. Cette fois-ci, il n’avait rien réprimé, s'abandonna totalement, jusqu’à sa gorge qui laissa échapper un hurlement de satisfaction.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée fut délicieusement surprise de le sentir monter à nouveau à l’assaut de son corps, de ses sens, alors qu’elle l’avait senti totalement détendu, comme prêt à s’endormir sur elle. Son corps réagit instantanément, sa respiration se fit haletante alors qu’il pénétrait à nouveau en elle. Elle ferma les yeux un moment, tout son être concentré sur ses sens, sur le plaisir qui montait en elle, sur le contact de leurs chairs, de leurs corps ne faisant plus qu’un, étroitement imbriqués l’un dans l’autre. Il la titillait, éveillant un désir violent, impérieux. Elle ne contrôlait ni son corps agité de spasmes, ni les gémissements rauques qui s’échappaient de sa gorge. Ses lèvres ne quittaient plus les siennes, ses mains fébriles caressaient avidement chaque parcelle de peau qu’elles rencontraient, se glissant entre leurs corps pour caresser l’intérieur de ses cuisses. Elle se noyait dans son regard brûlant, ses reins se cambraient pour mieux coller à sa peau, à son corps. Puis elle n’eut même plus la capacité d’agir, ses sensations étaient trop fortes, elle perdait pied…

L’extase fut complète, absolue. Lorsqu'il se laissa retomber sur elle, elle attira sa tête sur sa poitrine et continua à caresser doucement son dos, massant sa nuque, glissant ses doigts dans ses cheveux. Gestes tendres, apaisés. Remerciement pour le plaisir offert, reçu, partagé. Témoignage d’amour, de tendresse. Elle le serra fort contre elle. Elle l’aimait tant…

Un peu écrasée sous son poids, elle le fit doucement rouler sur le côté, et se lova contre son corps. Simplement bien, apaisée. Elle ne sentait pas le froid qui régnait, enveloppée par sa douce chaleur. Elle continua à le caresser, massant doucement ses muscles, puis plus fermement. Elle se redressa au-dessus de lui et entrepris un massage en règle de tout son corps, de la tête au pied, caressant son corps, pressant ses muscles, effleurant les zones sensibles. Juste pour l’envelopper de douceur et de bien-être. Elle lui sourit lorsqu’elle croisa son regard, et ne put résister à l’envie de déposer un baiser sur ses lèvres. Doux, tendre.

Quête : Rendez-vous manqué

Le moment de jouissance totale passé, il s’était laissé retomber vers elle. Pendant un moment, il fut incapable du moindre mouvement, ses muscles ayant soudain abdiqué alors que son corps relâchait toute la tension qui l’habitait. Il se laissa porter par le sentiment d’accomplissement absolu qui restait de ses ébats. Tout lui revenait en douces vagues de chaleur et de bien être, comme si son corps avait été trop accaparé pour tout ressentir jusqu’ici. Il avait sentit Astrée répondre parfaitement à ses mouvements, s’offrir sans concession, pleinement, partager l’extase sur la fin, alors que leurs fluides se mêlaient autour d’eux, qu’ils s’inondaient l’un l’autre, qu’ils se confondaient.

La sensation était grisante alors que son corps roulait sur le côté, vidé de son énergie, abandonné, livré aux caresses de son amante. Un concept si doux alors qu’il se rattachait à Astrée. Il s’abandonna au massage stimulant, qui chassait toute forme de crispation de ses muscles. Sentir les mains si douces, si fermes agripper sa peau lui fit rouvrir les yeux. La jeune femme était sur lui, comme à son réveil. Non, cette fois-ci, il la sentait parfaitement éveillée elle aussi. Il répondit à son baiser, le récupérant quand la rôdeuse fit mine de s’écarter. Il baissa les yeux pour voir son corps à demi redressé, la poitrine nue qui avait si bien répondu à ses caresses, qui dispensait une folle excitation partout où elle l’effleurait quand la jeune femme se penchait vers lui. Il fut le premier surpris en sentant son bras s’arracher à la langueur pour permettre à sa main de saisir à nouveau le sein le plus proche. Ses doigts se placèrent dessous pour le soutenir, caresser la zone si sensible juste au-dessous. Il aurait du arrêter là, il savait son corps trop épuisé pour se donner encore à elle, son souffle trop court pour le porter dans un nouvel effort. Mais il fut incapable de se relâcher, sentant la douce humidité de la jeune femme assise sur son bas ventre, qui le chevauchait, ses jambes repliée de chaque côté de son corps. Il sentit chaque muscle qui le pouvait encore se tendre vers elle, appeler son étreinte. Etreinte qu’il était physiquement incapable d’offrir mais que toute son âme, tout son corps brûlait de recevoir à nouveau. Il murmura, d’une voix rauque, suppliante, impatiente :

- C’est si bon, ne t’arrête pas s’il te plait.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée sentit le désir de son compagnon monter à nouveau, le raidissant presque malgré lui. Comme si son corps était incapable de se rassasier. Elle sourit en entendant ses paroles, une flamme nouvelle dans le regard. Elle accentua encore ses caresses, repérant les zones qui éveillaient des éclairs dans son regard, des frémissements dans son corps, s’amusant à le frôler de ses seins, comme par inadvertance. Puis, à nouveau, elle fit courir ses lèvres sur lui, partant de ses pieds, remontant vers son entrejambe, puis repartant de ses épaules, de son cou, de son torse pour redescendre à nouveau , tandis que ses mains les précédaient, préparant sa peau par des caresses, se rapprochant petit à petit de son sexe tendu, le titillant un peu avant de s’éloigner, puis revenir à nouveau. Elle prolongea le jeu plus longtemps que la première fois, sentant tout son corps se tendre alors que ses lèvres, sa langue exploraient ce membre si sensible.
C’est elle qui mena l’étreinte, cette fois-ci, et elle ne lui laissa aucun répit, se jouant des sensations qu’elle créait en lui, frémissant de le sentir répondre aussi passionnément à ses caresses, à ses baisers. Lorsque les reins de son amant se cambrèrent en un dernier spasme, elle sentit son corps à elle se raidir, les muscles de son bassin se crisper comme pour le retenir encore en elle. Puis elle se laissa retomber sur son corps, apaisée. Elle se lova contre lui et ferma les yeux, laissant son souffle reprendre un rythme normal, les battements de son cœur se calmer. Le temps semblait s’être arrêté.

Petit à petit, elle sentit à nouveau le froid qui régnait alentour. Elle se sentait délicieusement bien, le corps alangui. Pas le courage de se lever. Il fallut que la sensation de froid s'intensifie pour qu'elle rouvre les yeux, cherchant du regard leurs vêtements qui devaient être secs.
Kasumi s’était endormi, un sourire heureux sur les lèvres, paisible. Tout doucement, pour ne pas le réveiller, elle se leva et alla chercher sa tunique qu’elle déposa sur son corps nu, si beau et si fragile dans les premières lueurs de l’aube. Elle le contempla quelques instants, attendrie, puis enfila sa propre tunique, ou plutôt ce qu’il en restait, avant d’aller alimenter le feu de quelques branches sèches pour le faire repartir.
Quelques minutes plus tard, elle se lovait à nouveau contre lui, se glissant entre son bras et son corps, la tête posée sur son épaule. Il bougea un peu dans son sommeil, se tourna légèrement pour faire reposer son autre bras sur elle, l’enveloppant de douceur et de chaleur. Sa main se posa sur l’un de ses seins, comme si elle connaissait déjà son anatomie par cœur.
Elle sourit. Heureuse. Et ferma les yeux, glissant à son tour dans le sommeil.

Quête : Rendez-vous manqué

Tout d’abord Kasumi resta étendu, son corps n’ayant plus l’énergie de participer activement ou de protester. Et pourtant, derrière la langueur, il sentait un désir brûlant le parcourir. Astrée procédait avec une lenteur qui lui était presque douloureuse, les zones touchées se crispant à son contact alors que les autres se désolaient de son absence. A chaque fois qu’il sentait la caresse de sa poitrine, il retenait son souffle. Il savait que l’attente qu’elle lui faisait subir faisait partie du jeu de séduction. C’était merveilleux et tout à la fois terrifiant de la sentir tourner ainsi autour de l’épicentre de son désir. Elle savait savamment jouer avec ses envies, le faire attendre alors qu’il se tendait pour réclamer son étreinte. Ses mains s’animèrent, pour la toucher mais ne parvinrent pas à la guider, elle semblait mieux savoir que lui ce dont il avait besoin. Il caressa son épaule d’une main, alors qu’elle jouait à nouveau avec lui. Il se cabra tout entier en sentant à nouveau son sexe enveloppé des attentions hardies de sa partenaire. Alors, ne pouvant attendre davantage, il se redressa pour la tirer vers lui avant de retomber et de la laisser faire. Ce fut comme une nouvelle découverte. Cette fois-ci c’est elle qui prit l’initiative de l’accueillir en elle, sans jamais le quitter du regard. Il rejeta brutalement sa tête en arrière, cambrant les épaules en la sentant descendre jusqu’à lui. Il porta ses mains à ses hanches pour la retenir un peu ainsi avant de la laisser se dégager et le mener jusqu’aux cieux, à son propre rythme, tantôt effréné, tantôt langoureux. Ses mains se portaient parfois à la rencontre de ses seins pour les retenir alors qu’ils ballotaient sous son regard en une danse d’un érotisme qui lui coupait le souffle. Mais au fur et à mesure qu’il sentait son corps puiser dans des ressources insoupçonnées, il concentra toute son énergie à accompagner le mouvement de va-vient des hanches de la rôdeuse, à se porter à sa rencontre lorsqu’elle approchait, à la suivre dans ses fuites.

Alors qu’il sentait son corps lui échapper de nouveau, il chercha éperdument à capter le regard affolé de la jeune femme qui se démenait, emportée par son propre rythme. Il jouit une troisième fois, ou peut être était-ce la centième ? Toujours est-il qu’il sentit Astrée le retenir en elle, jusqu’à la fin. Au sommet du plaisir, il se sentit partir, brusquement rattrapé par les efforts consentis au moment où son corps capitulait, rassasié. Sa dernière sensation fut le contact d’Astrée retombant dans ses bras. Il l’accueillit, bienheureux.

***
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu’il rouvrit les paupières. Un rayon baignait son visage de sa chaleur alors qu’un oiseau poussait un trille rauque dans un arbre de la clairière. Immédiatement, tous les souvenirs de la nuit lui revinrent en bloc, lui faisant fermer un instant les yeux pour qu'il puisse les savourer encore. Il sentit le poids de sa compagne peser légèrement sur lui alors que sa tunique les séparait, chastement. L'attention était d'une tendresse absolue : elle avait veillé à ce qu'il ne prenne pas froid. Il rouvrit les yeux. Elle avait le visage apaisé, endormie. Une nouvelle fois il fut subjugué par la délicatesse de ses traits alors que ses yeux étaient fermés, ne monopolisant pour une fois pas son regard. Il sourit et bougea légèrement pour lui chuchoter à l’oreille, passant une main dans sa chevelure. Il accompagna son réveil de paroles prononcées doucement, cherchant à faire passer les sensations agréables qui le baignaient en ce matin magnifique :

- Comme c’est bon de se réveiller dans tes bras mon amour. Je voudrais que chaque matin ressemble à celui-ci désormais.

Il n'avait même pas froid, Astrée dispensant sa douce chaleur en lui. Elle en revanche devait grelotter... Non, il se rendit compte que le feu avait contribué à sécher leur sueur sur eux. Les vagues de chaud qui émanaient du bois qui crépitait incitaient un peu plus à la langueur.

La Couronne de Cuivre

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