La Couronne de Cuivre

Les marcheurs avaient d'abord fait pas mal de bruit, mais là, on ne les entendait plus : les réflexes de survie et la discipline semblaient enfin avoir pris le dessus sur la vinasse. De temps à autres, les fougères et les arbustes remuaient, de plus en plus près, mais pas assez pour qu'ils puissent tirer à coup sûr. Là où Dorian et ses camarades avaient dormi se trouvait encore à découvert leurs galetas et l'ensemble de leurs affaires, bien en évidence ; difficile de s'imaginer que le frondeur avait mal vu, et qu'il n'y avait pas eu un groupe de voyageurs en cet endroit quelques instants plus tôt. Ces derniers s'étaient cachés à la hâte, avec plus ou moins de succès : un grand gabarit comme celui de Dorian passait plus difficilement inaperçu que celui de ses camarades. Les 'visiteurs' étaient d'un nombre indéterminé, mais guère plus de sept ou huit, au juger. Aucun des quatre compagnons n'en apercevait plus d'un ou deux à la fois. Des guerriers humains, apparemment, aux vêtements anarchiques...

"Bon, je vous fais le topo : on vous encercle, là. Je sais pas pour mes camarades, mais j'ai le géant droit dans ma ligne de tir."

"Moi aussi, moi aussi ! Pis une oreille pointue, aussi."

"Des nèfles ?"

"Ah, retourne cuver, toi. Bon alors, vous sortez gentiment, ou on passe directement par la case massacre ?"

Ailyn avala sa salive avec les plus grandes difficultés. Le moment était venu, et il fallait se confronter à ces individus indignes d'être catalogués comme "intelligents". Pourtant, il allait falloir s'en accommoder. Passer pour des durs. Oui, passer pour des durs ! Il fallait être une part entière du dialogue qui commençait à s'instaurer... Il fallait imposer une présence, et surtout, montrer qu'on ne se laissait pas impressionner. Oui, c'était là, le secret.... Encore fallait-il le mettre en oeuvre...

"Ouai ouai, c'est bon, on se calme ! lança la jeune femme avec une voix qu'elle maîtrisait décidément de mieux en mieux. On va pas s'exciter pour rien !"

Lentement, avec un pas qu'elle tâcha de maîtriser le plus possible, elle se déplaça légèrement, son bâton serré entre ses deux mains.

"C'est quoi le problème ?" demanda-t-elle à leurs futurs "compagnons" sur un ton légèrement familier. "Et puis vous êtes qui ?"

Il ne restait plus qu'à espérer que ses propres camarades, en particulier Dorian, se prennent au jeu qu'elle essayait de mettre en place : faire semblant d'avoir une certaine maîtrise de la situation... Comme d'habitude.

Dorian entendit l' un des inconnus apostropher tout son groupe. Apparemment il n' y avait rien d' autre à faire sinon obtempérer...avec toute la dignité et tout le calme possibles. Le vampire luménien se redressa de toute sa taille et rejoignit sa camarade Ailyn, se plaçant un peu sur sa droite. Il ne fit aucun geste hostile et avança ses deux mains en évidence...même si en cas de problème, il pourrait les utiliser pour dégainer, avec une rapidité surprenante pour leurs adversaires.

Dans l' immédiat, Dorian ne fit pas un geste, ne prononça pas une parole. Il se contenta de toiser leurs futurs " amis " (du moins l' espérait -il) avec un mélange de méfiance et de curiosité dans le regard...Un regard savamment calculé : ni apeuré, ni agressif. Il décida de laisser parler Ailyn décidément promue au rang de diplomate et porte - parole de leur petit groupe. D' ailleurs ces nouveaux venus étaient - ils les pillards mélandiens qu' ils recherchaient ?

HRP : désolé pour le temps mis à répondre .

http://www.youtube.com/watch?v=NjdCcKTXn-Q

Une ambiance tendue dans une clairière isolée.
Brigand, hors la loi et infiltration ! Double-jeu et espionnage ! Trahison et ... Trahison !

Suivant l'exemple d'Aylin et Dorian, Zaiu se leva à son tour mais, chevaleresque comme pas deux, il se positionna entre les nouveaux venues et Bellatrix. Avec sa taille, il devait au moins protéger les 2/3 de la magicienne !

Du côté des intrus, on sortit à son tour des couverts, et ils purent compter six hommes. Enfin, cinq hommes et une femme, pour être exacts. Leur sortie ne fut pas aussi théâtrale que l'apparition d'Ailyn et de ses compères mais elle n'en était pas moins un peu inquiétante. Les uns avaient des arcs, les autres des frondes, des épées, des bâtons, des masses. Tout un attirail qui leur encombrait les ceintures et laissait supposer que le combat était plus leur truc que la négociation diplomatique ou l'élégie grandiloquente. Le nommé Bardas, malgré ce que son nom promettait, portait une bouteille plutôt qu'un luth dans la main droite. A la rougeur de ses joues, on pouvait deviner qu'il avait une bonne descente matinale. Malheureusement il semblait aussi le seul à être si sérieusement imbibé.

Celui qui répondit à Ailyn portait une robe noire, une barbe noire, des cheveux noirs, et des sourcils noirs pour l'heure dressés en double pente.

"Le problème, c'est votre présence ici, qui nous dérange. Z'ête des espions, hein ? Y'a plus âme qui vive dans la région."

"Oué ! On y a veillé, hé hé."

Ailyn éclata de rire. Oui, elle commençait à tourner de l’œil. Oui, elle avait peur. Oui, elle aurait voulu rentrer chez elle. Oui, elle voulait se réveiller d'un cauchemar abominable.
Mais... impossible de faire demi-tour, de partir en courant, de hurler à la mort, de danser à la pleine lune... Il fallait être là où elle n'avait pas envie d'être, ici et maintenant. Voilà ce qui la faisait rire. Et c'était tant mieux. Parce qu'elle allait pouvoir se servir de sa réaction dans cette situation désespérée. Non, elle ne voulait pas mourir si jeune...

"Des espions, hein ? Vous trouvez vraiment qu'on a la gueule d'espions, sérieusement ?"

Sans blague, ils étaient la compagnie la plus dépareillée qu'il lui avait été donnée de voir. La seule chose qu'elle ait vu d'au moins aussi hétéroclite sur la route, c'était des cirques ambulants... La jeune femme secoua la tête.

"On a été enrôlé de force. Et on a pas mis longtemps à s'apercevoir que ça n'allait pas nous rapporter grand chose... Ce qu'on fait là ? On met de la distance entre les armées de tout poil et nous."

Dorian s' appuya contre l' arbre pour se donner un air dégagé et opina du bonnet pour appuyer les dires de Dame Ailyn sa camarade d' aventure. Il jugea bon de compléter les propos de cette dernière.

" Comme ma coéquipière vient de le dire nous n' avions rien à faire chez ceux qui nous ont enrôlés. En plus nous n' allions pas obéir à leurs ordres délirants non mais. Heureusement nous avons mis les voiles suffisamment tôt. Notre présence ici dans cette région a surtout à voir avec notre fuite. Nous sommes trop occupés à regarder par dessus notre épaule pour espionner quiconque eh eh " fit le bon vampire avec un gloussement " complice " à l' adresse du maraudeur en robe noire.

Dorian faisait tout pour que ses interlocuteurs puissent se reconnaître dans l' attitude qu' il affichait...

L'homme en noir les passa en revue d'un oeil dubitatif. Fallait reconnaître que le groupe en face d'eux avait une allure... particulière. Le grand gaillard à la peau pâle était un rien flippant, et que dire de la femme silencieuse, tout aussi pâle. Pour le reste, des demi-portions aux oreilles pointues. On pouvait supposer avoir affaire à deux couples, un de bavards, un de taiseux. Leur histoire était plausible, et il aimait bien leur façon de parler, popu, blasée, désinvolte - un peu comme eux, quoi.

"C'est quelle armée que vous semez ?"

Son attention revint sur le grand type. Il avait un petit accent qu'il aurait juré n'être pas du continent. Peau pâle, aura dérangeante, regard étrange... Ah bah oui. Evidemment.

"Mais... vous êtes un vampire ?!" Il sourit comme s'il venait de retrouver une vieille connaissance, révélant des canines très humaines, mais artistement taillées en pointe.

Dorian fut un peu interloqué par la question assez directe de son interlocuteur. D' ordinaire la plupart des gens remarquaient assez vite sa nature vampirique mais ne le faisaient pas savoir aussi ouvertement. Néanmoins le géant décida de ne pas s' en offusquer...ni de nier son véritable état. Par contre la présence de canines chez l' homme en noir l' inquiétait un peu. Ces canines signifiait elles que l' homme était proche du vampirisme d' une manière ou d' une autre...ou bien qu' il était un peu trop amateur de chair humaine ?

Dorian préféra oublier la question (si c' était possible) et répondit d' une voix aussi tranquille que possible.

" Vous avez l' oeil messire " fit il avec un regard aussi complice qu' " admiratif ". " Effectivement je suis un non - mort parmi les vivants (mes camardes ici présents). Vous vous y connaissez visiblement. Quand à l' armée que nous avons semé..."

Le géant haussa les épaules...

" C' est l' armée de Manost. Elle se trouve à quelques journées de marche d' ici... Enfin c' était le cas quand nous sommes partis sans retour."

Dorian se demandait ce qui présentait le plus d' intérêt aux yeux de l' homme sombre : sa nature vampirique ou bien les informations militaires que ses compagnons et lui pouvaient apporter. Peut - être les deux...

Ailyn se détendit légèrement et croisa les bras. Ces nouveaux venus l'intriguaient, et plus particulièrement celui qui posait des questions sur l'état vampirique de Dorian. Elle sen doutait déjà mais n'avait pas osé lui poser la question... De toutes façons, dans la situation actuelle, il y avait bien plus important à gérer que ce genre de détails.

Elle laissa patiemment Dorian répondre, avant de lancer le plus naturellement du monde :

"De toutes façons, ça pourrait être une armée d'autruches géantes, pas question de retourner avec tous ces peignes-culs."

Bellatrix se trémoussa sensiblement et se mit à chanter à mi-voix.

"Manost a voulu, qu'on y aille et qu'on tue ... J'ai dit non, non, non ..."

Elle secoua la tête.

"Il faudrait peut-être que j'aille en réhabilitation.", souffla-t-elle à Zaiu.

"Bah, sont trop occupés à chercher la déculottée face aux mélandiens pour vous courir après longtemps... C'est quand la bataille aura eu lieu qu'y faudra faire gaffe." répondit l'unique femme de leur groupe, en haussant les épaules. "ça laisse quelques jours de répit, ptet quelques semaines, mais pas beaucoup plus."

Après ? c'était le problème de tous les déserteurs. Après, il allait falloir essayer de rentrer individuellement au pays en espérant que personne ne vous remarquera, ce qui était risquer une mise à mort pas très propre en cas d'échec... Ou alors, se transformer en bandit de grand chemin dans son pays d'adoption, et pour ça, valait mieux se constituer un groupe robuste. Les déserteurs se savaient de parfaits bouc-émissaires : c'était pour ça qu'en règle générale, la bataille passée, ils ne se séparaient pas.

Quant à l'homme en noir, son attention était restée fixée sur Dorian, ce qui lui évita d'avoir à se demander ce que racontait la femme bizarre qui chantait.

"Eh, bien sûr que j'm'y connais. Suis nécromancien, voyez."

Ce qui lui évitait aussi d'avoir à préciser de quel pays il venait : à Manost, l'enseignement de cette spécialité était interdit.

"Ils recrutent des vampires, les manostiens, maintenant ? ça doit mettre l'ambiance au milieu des paloufs ! Sont vraiment aux abois les pépères..."

Dorian essaya de ne pas réagir en entendant l' homme en noir mentionner son état de nécromancien. Parmi tous les mages spécialistes, les nécromanciens avaient la réputation la plus sombre et pour cause : canaliser des énergies surnaturelles afin de réveiller les morts...Il y avait de quoi effrayer les plus courageux et pourtant l' homme en noir ne semblait pas plus effrayé que ça...

Dorian fit semblant de prendre la remarque du mage sur le ton de la plaisanterie. Il faudrait jouer serré pour tromper un adversaire aussi perspicace.

" Effectivement les Manostiens ont des problèmes d' effectifs, ce qui explique pourquoi ils engagent de force tous ceux qui passent près de leurs lignes. C' est ce qui les a conduit à nous incorporer de force à leurs troupes. Les troupes Mélandiennes peuvent bien profiter de la situation délicate des Manostiens, ce n' est plus notre problème à nous quatre voyez - vous. Nous préférons être ici que là - bas avec ces fous " fit le bon vampire après avoir jeté un bref regard à ses compagnons comme pour les " prendre à témoin".

Dorian espérait que les " renseignements " qu' il venait de révéler sur l' état des forces de Manost mettraient le nécromancien en confiance. Le guerrier luménien se demandait si le nécromancien comprendrait l' allusion à peine voilée de Dorian qui venait de demander sans le dire ouvertement et au nom de ses compagnons à rejoindre son groupe de brigands et déserteurs.. Et qui sait peut - être le groupe des pillards qui leur faisait face se scinderait - il. Peut - être certains des Malandrins prendraient ils le parti de partir sur le champs participer à la curée contre les troupes ennemies affaiblies, ce qui faciliterait la mission des aventuriers.

Admirant la manœuvre de Dorian, Ailyn tâcha de renchérir, bras toujours croisés sur sa poitrine.

Elle était pourtant mal à l'aise à cause des révélations du grand dadais aux dents pointues. Un nécromancien ? Le Vieux l'avait toujours mis en garde contre ces gens là. Qu'est ce qu'il disait déjà ? "Contre nature", voilà ce qu'il disait au sujet de leurs activités. Il disait aussi de ne pas s'en approcher de trop près... Mais dans une telle situation, elle n'avait pas vraiment le choix.

L'avantage de n'en avoir jamais rencontré et de n'avoir eu que quelques mises en garde à leur sujet, c'est qu'à voir ce monsieur, elle n'avait pas vraiment de mouvement de recul. Mais il valait mieux ne pas se laisser abuser par son côté... avenant.

"Ah, ça ! On peut le dire qu'ils sont aux abois ! Je me demande parfois comment ça va finir, leur histoire de guerre, avec les mecs qu'ils embauchent..."

Ailyn soupira avant de poursuivre :

"Ca n'a plus beaucoup d'intérêt, de toutes façons : on ne se refera jamais une santé parmi ces gens là... et puis, pour ce que ça nous apporterait, de toutes façons..."

Bellatrix hocha la tête.

"Et comment que je connais la négromancie. Tout est noir chez moi. J'ai des pulls, des culottes, des chaussures, des frocs, des tailleurs, des nus-dos, des capes, des vestes et des jambières noirs. Et quand tout est noir, il n'y a plus d'espoir. Quand les ennemis voient ça, ils désespèrent. ça s'appelle de la têtaulogie. En fait, je suis plus pour la têtaulogie que la négromancie. Et toi, quelle philosophie préfères-tu ?"

Le nécromancien avait-il tout à fait oublié sa remarque sur la curieuse présence d'un vampire dans les troupes manostiennes, s'était-il réjoui d'apprendre à quel point ces dernières étaient affaiblies, avait-il surpris les échanges surréalistes des deux discrets du groupe... Toujours est-il qu'il écouta avec attention tout ce qu'on lui disait, avant de se tourner vers ses propres acolytes.

« Ah ça, on vous comprend. L'issue de la guerre, on s'en fiche. Les officiers ne rêvent que de nous envoyer nous faire étriper à leur place, quel que soit le camp. Et quand les colonnes vont se rencontrer ce sera une belle boucherie, la plus belle de tout Dorrandin depuis quelques dizaines d'années, je prends le pari, tiens. Paraît que même les Luméniens sont v'nus chercher leur part de viande. Enfin en ce qui nous concerne, aucune chance qu'on y retourne. On a étripé un gradé, c'mal vu. »

Il se mit à ricaner, bientôt suivi de ses associés. L'ivrogne se mit même à siffloter un moment.

« Bon si vous emmerdez les va-t-en-guerre, on va vous laisser aller, plus y'a de gens pour fout' le boxon, plus on aime. Mais z'allez faire quoi, sans être indiscret ? J'veux dire, pour l'instant, ils vont pas trop vous chercher des poux, sont trop occupés. Ça fait un moment qu'on se promène et personne nous dérange. Mais c'est après que ça risque de devenir un peu plus dur... A quatre, vous irez pas loin. »

Cette fois ça y était, leur cible avait mordu à l' appât ou du moins semblait avoir mordu. Dorian et ses compagnons avaient apparemment réussi à capter la confiance des forbans... Mais il ne fallait surtout commettre la plus petite imprudence. Les maraudeurs restaient des forbans sanguinaires. La subtilité restait de mise. Surtout que le nécromant venait juste de faire allusion à la mise à mort brutale et récente d' un gradé.

" En effet nous n' irons pas très loin si les autres nous rattrapent. Peut - être que si nous faisions route ensembles, nous aurions plus de chance de nous défendre. Pensez - vous que nous pourrions accomplir un bout de route ensembles ? " demanda le bon vampire au nécromancien.

" L' union fait la force. Après tout douze maraudeurs costauds et armés comme nous, ça devrait impressionner plus d' un...gêneur " fit encore Dorian avec un ricanement...

Ailyn se sentait comme coupée en deux. D'un côté, elle jubilait : leur plan était sur le point de fonctionner, tout allait se jouer maintenant. Il fallait continuer à entrer dans leur jeu... Pourtant, cela signait la fin d'une douce tranquillité : à présent, il faudrait marcher sur des œufs et peut être que des pièges se cacheraient parmi eux... Tout devenait réel.

La jeune femme se contenta d'ajouter :

"Nos intérêts se rejoignent en effet sensiblement..."

Zaiu n'a jamais été en Philosophie. Il parait que c'est un pays avec des gens compliqués qui se prennent la tête.
Il paraît même que c'est celui qui parle le plus qui gagne. Mais qui gagne quoi ? Aucune idée. Quant à la têtologie, ça a l'air d'être un pays voisin...
Tout ça n'est pas très clair et doit cacher des choses cachées...

Visiblement, il était plus facile de discuter avec Bellatrix qu'avec quiconque. Elle en avait dans le caleçon noir ! Peut-être même plus que le négromancien habillé en noir. Non parce que quand on y réfléchit bien : pourquoi noir=nécromancie ? Genre c'est que les gothiques qui aiment la mort alors qu'un gangsta west coast wesh wesh (monstre épique nv3) avec ces gros gun il est pas du côté obscur lui aussi ? Alors militons pour la casquette à l'envers chez les nécromanciens ! Cette mauvaise troupe avait besoin d'être civilisée, de force si nécessaire. Une mission pour Bellatrix et Zaiu !

Ce-dernier se tourna donc vers l'homme en noir, fit un geste cabalistique de sa main libre et tenta un jet de diplomatie pour pour parler le langage mystique des arcanes obscures ( et souvent malodorantes) interdites.

Bellatrix regarda Zaiu très admirative et très surprise. Elle sentait son petit coeur battre avec un vigueur qu'elle ne lui connaissait pas. Il l'impressionnait, ce petit elfe tout mignon. Sa bouche exprimait des mots qu'elle ne comprenait pas. Mais mis bout à bout, ils formaient des phrases et c'était magnifique. Les phrases, ils allaient droit à ses oreilles puis le long de ses doigts de pies. Et cela l'électrisait plus que tout. Elle aussi voulait lui dire des mots qui sonnent, yeah yeah yeah ! Elle passa ses mains devant ses yeux, l'index et le majeur levés, les autres doigts recroquevillés dans sa paume.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais ça faisait clairement tendance.

"Hé bien moi, en hiver, je mets des chandails. Parce que ma mère a froid."

Un silence accueillit les éclats de voix de Zaiu, de sorte que la réponse de Bellatrix s'entendit particulièrement distinctement. Le groupe des melandiens paraissait singulièrement mal à l'aise. Le couple venait-il de réussir l'exploit d'effaroucher des tueurs sanguinaires ? Bardas ricana le premier.

"Ouech ! Z'ont de la bibine à la place du sang, ces deux-là ?"

La femme se rapprocha du nécromancien et lui parla à l'oreille. Ce dernier, s'adressant toujours à Ailyn et Dorian, reprit avec circonspection.

"Hum... Pour vous deux, ce serait avec joie, si toutefois vous avez pas trop froid aux yeux, mais... Vos deux acolytes, là... Vous y tenez ? Parce que m'ont tout l'air d'avoir une case en moins, et que s'ils se mettent à crier comme ça au moment qu'il faut pas, ils peuvent nous faire tous tuer."

"Tymora, ne nous laisse pas, et ne les laisse pas tout faire foirer, par pitié... pitié pitié pitié !" pria Ailyn intérieurement.
Tâchant de garder calme et sérieux, elle regarda Zaiu et Bellatrix avant de se tourner vers leurs interlocuteurs. Il fallait à nouveau convaincre. Et voilà qui remettait tout sur la table... Il fallait de nouveau s'ajuster.

"Ils peuvent être utile... et même mortellement ! Disons que toute l'astuce consiste à les mettre en situation et à leur expliquer clairement ce qui doit être fait... A partir de là, ils peuvent faire des ravages."

Ailyn pivota à nouveau vers ses compagnons, tâchant de leur faire comprendre par son regard qu'il allait falloir se tenir, dans la mesure du possible, tranquille.

Dorian croisa le regard très inquiet d' Ailyn. il y avait effectivement de quoi ressentir une certaine tension : les propos de Zaïu et Bellatrix avaient de quoi dérouter les inconnus. Ces derniers ne pouvaient pas de prime abord apprécier tout ce que le guerrier elfe et l' ensorceleuse pouvaient apporter à un groupe au combat. A la place des pillards mélandiens, le bon vampire lui aussi aurait été un peu...déboussolé. Ceci dit, il fallait rattraper la situation.

"Nos amis savent comment se comporter en cas d' affrontement. Leur attitude présente ne les empêche pas de s' adapter en situation de combat. Ils sont aussi disciplinés qu' une troupe du poing enflammé...ou presque. Combatifs, déterminés et étonnement silencieux. Ne craignez donc pas leur comportement lors des futurs affrontements messire mage. Je l' ai vu et apprécié de mes propres yeux ", renchérit le bon vampire.

Comme Ailyn, Dorian espérait que Bellatrix et Zaïu comprendraient le "message" d' Ailyn et lui - même...et qu' ils se montreraient plus...silencieux conventionnels dans leurs propos. Lui - même se moquait bien de leur surprenante façon de s' exprimer mais les pillards mélandiens eux en pensaient visiblement autrement. Il fallait conservait à tout prix cette apparence de confiance des brigands de Mélandis si difficilement acquise et aussi fragile qu'un un feu sous le vent...