La Couronne de Cuivre

C'était donc pour cela qu'ils se battaient… eh bien, il y aurait probablement besoin de s'en servir plus tard. Pour l'heure, Claris empocha l'objet, récupéra dague et carreau abandonnés au sol après le semblant de combat contre le méphyte, puis se tourna vers ses compagnons, qui semblaient eux-mêmes s'être convenablement équipés en fouillant les cadavres.

« Bon. À votre avis, on est censés continuer par où ? »

La réponse lui fut fourni non pas par ses compagnons mais par la voix agaçante de ce maudit Bouliakov :

- Bien bien bien ! En voilà une belle tuerie et un résultat inattendu ! Sauf pour les plus malins qui verront leurs gains augmenter d'autant. Il est temps de lever le voile à présent ! Après vous mes chères !

Et aussitôt, le centre de la pièce changea brusquement : disparu le pilier central, disparu le coffre. A la place se dressait à présent un escalier en colimaçon montant vers l'inconnu.

Les murs qui changeaient de forme au gré des désirs du maître des lieux n'étaient pas ce qu'il y avait de plus rassurant… mais c'était le principe de l'épreuve, non ? Il y aurait toujours une sortie, d'une façon ou d'une autre. Il suffisait d'avancer, et de la trouver…

« L'endroit ne manque pas de charme, non ? La suite de la visite promet d'être intéressante… »

Et, sans plus attendre, Claris s'engagea dans l'escalier, précédant ses compagnons, chantonnant de nouveau à mi-voix, à peine assez fort pour que ceux-ci entendent, et encore…

« ♪♫ Quelque plumage dont il se vête, l'oiseau garde ses serres,
♪♫ Les miennes ne seront pas fluettes, sire, si l'on nous compare… »

Rowan emboita le pas à Claris en disant à son compagnon "voilà la réponse à sa question". Ce qui dérangeait la roublarde n'était pas la capacité de leur hôte à manipuler le décor à sa guise, mais le fait d'être vraisemblablement observé au moyen d'un quelconque objet de scrutation. L'adolescent promettait d'apporter un peu de fantaisie dans le reste de l'épopée car Rowan ne trouvait pas de charme aux lieux présents.

Claris, Rowan et le dernier survivant s'engagèrent donc dans un escalier en colimaçon. Les plus attentifs purent noter que celui-ci ne s'élevait pas autant que la hauteur du plafond mais ils débouchèrent tout de même sur un long couloir éclairé partiellement de torches suspendues aux murs. Visiblement, Bouliakov mettait un point d'honneur à soigner le décorum de son épreuve. Le couloir se poursuivait apparemment par une enfilade de petites salles mais, plus proche se trouvaient quatre portes, réparties équitablement des deux côtés du couloir.

Rowan ne voulait pas prendre la direction des opérations, après tout jusqu'à preuve du contraire elle était en infériorité numérique dans le groupe. Le mieux était encore d'utiliser un compromis entre donner son avis, proposer une idée et agir. Ce qu'elle fit:

"Avant d'ouvrir la moindre porte, nous devrions vérifier qu'elles ne soient pas piégées."

Et elle commença à inspecter la première porte à sa droite.

Le rôle de leader convenait en revanche parfaitement au tempérament de Claris.

« Tu t'en sortiras probablement mieux que moi pour ça ; ce n'est pas exactement ma spécialité. »

Laissant prudemment la nouvelle venue se livrer à cette nécessaire autant que délicate activité, de Corvimande se tourna vers son autre compagnon.

« Au fait, si on doit bosser ensemble, c'est mieux qu'on connaisse les points forts de chacun, pour se répartir le boulot. À part chasser l'ours et déconcentrer les saletés pyromanes, tu sais faire quoi, toi ? »

Rowan ne détecta aucun piège sur la porte qui avait attiré son attention. Cela ne signifiait pas pour autant qu'elle était aisément accessible comme elle le constata bien vite. En effet, ce qui se cachait derrière le panneau de bois renforcé devait être précieux à en juger par la serrure complexe qui le protégeait. Elle sut immédiatement que cela risquait de l'occuper un certain temps. A moins qu'elle ne tente sa chance sur une des trois autres portes ?

Le mercenaire interpelé par Claris lui jeta un regard peu amène et répondit d'un ton un peu pincé. Peut-être ne goûtait-il pas sa familiarité ou alors quelque chose le gênait dans sa question :

- Je sais me battre. Quand c'est nécessaire en tous cas. Et vous ?

Toute affairée à inspecter les autres portes, Rowan ne perdait pas une miette de la conversation entre ses deux compagnons d'infortune, des débuts de dissension?

"Il n'y a pas de pièges dirait-on, en revanche les serrures ont l'air assez compliquées. Cela va prendre du temps"

HRP : il me semble que personne à part Claris n'avait vu qu'il s'agissait d'une clef

Bon. Faire quelques progrès au niveau de la façon de s'adresser à ses compagnons ne serait pas du luxe. Assez curieusement, Claris commençait à mesurer l'étendue du chemin qui lui restait à parcourir avant de devenir aussi adulte et responsable que ce qu'il lui plaisait s'imaginer.

« Il y a quatre portes, et je n'ai qu'une clef… on peut tenter, mais avec les tours de passe passe que subit l'endroit, je préférerais qu'on ne risque pas de la perdre pour rien… Pourais-tu examiner les autres portes ? »

Tenter d'être diplomate. C'étaient des compagnons d'arme, et non des subalternes : mieux valait leur demander que leur donner des ordres. Tentant d'adopter une attitude moins désinvolte, de Corvimande se tourna de nouveau vers le troisième larron.

« Eh bien, on dirait que nous sommes deux combattants, et une spécialiste des serrures. C'est plutôt encourageant. Au fait, je m'appelle Claris. »

Le patronyme, quelque fierté qu'il inspire, serait peut-être superflu pour l'instant. Après avoir laissé à ses compagnons le temps nécessaire pour se présenter eux aussi, l'enfant de Reuel s'approcha de la porte, tentant de déterminer si la clef trouvée dans le coffre avait une chance de correspondre…

HRP : effectivement, seule Claris a vu ce qu'elle a ramassé dans le coffre. Mais ce n'est pas très important pour la scène présente.

Le troisième larron portait le doux prénom d'Edouardo. En tous cas, c'est celui qu'il accepta de donner en réponse à la tentative plus diplomatique de Claris. Cette dernière eut la satisfaction de constater que la clé récupérée dans le coffre précédent correspondait effectivement à la première des serrures sur la droite. Un examen rapide de la porte qui lui faisait face suffit à déterminer que la clé ne l'ouvrirait pas : il n'y en avait pas besoin car elle ne disposait pas de serrure mais d'une simple poignée. Restait à savoir quelle porte les aventurières choisiraient d'entrouvrir, fortes de ses informations. Edouardo semblait guettait si rien n'était susceptible de leur fondre dessus depuis le couloir leur faisant face.

hrp: bon ben tant pis

Rowan ne désirait pas entrer dans trop de détails et surtout pas dévoiler son identité, c'est le plus naturellement du monde qu'elle se présenta "Sioban, enchanté".

Elle fut étonnée de voir le dénommé Claris sortir une clé qui déverrouilla une des portes sans aucun problème, ce devait être ce que contenait le coffre.

Bon. Rester à examiner des portes fermées ne servirait sans doute pas à grand chose. Peut-être était-il temps de s'intéresser à ce qu'elles cachaient… si la clef avait été enfermée dans le coffre, la porte devait avoir quelque importance. Après un regard à ses compagnons, Claris entreprit donc de tourner prudemment la poignée. L'assurance qu'il n'y avait pas de piège de ce côté-ci ne présageait en rien de ce qui se trouverait de l'autre côté…

La porte verrouillée donnait sur une petite salle aveugle, guère différente des cellules depuis lesquelles tous les concurrent étaient partis. Ne manquait pas même un coffre, présentement ouvert. Claris fut la première à y voir son contenu : une magnifique rapière.

Derrière la jeune femme, Edouardo sembla s'impatienter : sans doute parce qu'il aurait aimé faire pareille découverte.

- Peut-être devrions-nous nous répartir les trois autres portes, pour aller plus vite ?

Tout en inspectant les autres portes la roublarde remarqua la tension qui commençait à poindre chez Edouardo, elle avait tendance à négliger que si elle était là pour un but bien précis et n'avait que faire des trésors à glaner dans l'aventure Il n'en était pas de même pour les autres participants à l'aventure. Tenant compte de cela, il n'était pas difficile d'imaginer le tour que prenait les pensées de l'homme. Avoir une troisième personne pour les accompagner diminuait sa part, il se contentait plus de subir la direction des choses initiés par son petit compagnon plutôt que d'en prendre lui-même le contrôle et enfin mis à part ses capacités martiales il ne semblait pas capable de faire autre chose ce qui pour le moment diminuait d'autant plus son importance dans le groupe. Bref, il risquait rapidement de devenir un problème si Claris ne se montrait pas plus partageur avec lui.

Avant de répondre à Edouardo, Claris souleva la rapière et fit quelques mouvements avec, pour l'évaluer. Cela semblait assurément être une bonne arme… mais l'enfant de Reuel en avait déjà une, et estimait, pour l'heure, ne rien avoir fait qui lui fasse mériter d'en acquérir une autre. Sa bonne vieille épée d'entraînement, elle-même de très bonne facture, grâce aux moyens familiaux, resterait encore son arme principale un moment. Il était, de toute façon, plus prudent de répartir au mieux les ressources entre les différents membres du groupe, afin de parer à toute éventualité. Le combattant se vit donc tendre la poignée de l'arme.

« Mieux vaut être prêt à faire face à ce qu'il y a derrière ces portes. Il en reste trois, et nous sommes trois ; mais tenez-vous prêt à refermer et à mander de l'aide si une mauvaise surprise nous attend devant l'une d'elles. »

Une fois l'homme ayant saisi son arme, de Corvimande irait se positionner devant l'une des trois portes et chercher à l'ouvrir. Effectivement, mieux valait ne pas perdre trop de temps.

Après une rapide mais minutieuse inspection, signe d'un grand professionnalisme, Rowan donna son diagnostic à ses deux compagnons de circonstance:

"Les serrures des deux portes du fond s'apparentent à celle que tu as ouverte avec la clé mais présentent quand même de menues différences, donc à moins d'avoir les clés correspondantes il me faudra les crocheter. Elles ne semblent pas piégées. Il nous reste donc pour l'immédiat celle-ci."

dit-elle désignant de la main, la porte non-verrouillée au départ.

Tout heureux de récupérer une épée qui était selon toute vraisemblance magique, Edouardo se dirigea vers la porte de gauche faisant immédiatement face à celle déjà ouverte. Avant que ses compagnes aient pu esquisser un geste, il ouvrit porte et se figea de terreur devant la créature qui bondit sur lui, ou plutôt qui déploya ses tentacules sur son visage, étouffant son hurlement d'angoisse pur alors qu'il essayait d'échapper à la chose qui tentait de lui aspirer le cerveau.

L'illithid s'était tapi sur le pas de la porte, attendant qu'un aventurier malavisé ouvre cette porte pour s'en repaître. Dans quelques secondes, Edouardo serait mort et la main tenant l'arme confiée par Claris s'agita faiblement comme pour repousser cette évidence. Le point positif était que les deux femmes bénéficiaient de ce laps de temps pour agir, ou pour fuir.

Rowan réagit d'instinct et projeta sa dague visant la tête globuleuse de l'affreuse créature, elle ne risquait pas de la perdre puisque cette arme revenait dans sa main l'instant d'après. Edouardo venait de prouver de manière maladroite qu'il avait une seconde utilité dans le groupe, servir d’appât mais il y avait de grandes chances qu'il ne serve qu'une fois.

Claris avait eu le même réflexe. Cette fois, il n'était pas question de tervigerser, et son arbalète était entrée en action aussi vite que ne le lui permettait la nécessité de viser. Frapper la créature à la tête, avant qu'elle n'ait eu le temps de s'intéresser à l'une des personnes restantes. Sitot le carreau tiré, de Corvimande brandit son épée, et s'avança. Ce n'était guère prudent, mais mieux valait éviter de laisser à se monstre l'opportunité de faire appel à ses pouvoirs sans être dérangé. S'il était possible de le tailler en rondelles avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, il ne fallait pas manquer l'occasion.

Les deux jeunes femmes avaient réagi avec une rapidité confinant au réflexe mais à ce jeu là, Rowan avait un net avantage en raison de son expérience plus grande des situations périlleuses. Malgré la position de la créature dans l’embrasure de la porte, la dague de la jeune femme avait atteint l’un des tentacules de l’illithid, le forçant à relâcher sa victime qui s’effondra au sol, inconsciente. Le carreau de Claris était bien ajusté lui aussi et aurait pu causer de gros dommages à la tête du monstre si ce dernier ne s’était pas reculé juste à temps. La jeune noble eut tout de même la satisfaction de voir le projectile atteindre un second tentacule qui arracha un chuintement de douleur et un cri mental à l’illithid. Le suivre dans la salle où il venait de battre en retraite n’était par contre pas la meilleure option pour devenir un jour aussi expérimentée que son acolyte…

HRP : j’ai tenu compte de vos jets de dés pour calculer votre initiative et votre attaque.

Que la bestiole batte en retraite lui suffisait pour l'heure : Jergal l'emporterait sans doute un jours, mais Claris n'avait sans doute pas les compétences requises pour la vaincre maintenant. C'était soit une mise à mort rapide, soit un combat à ne surtout pas prolonger.
Néanmoins, de Corvimande s'avança jusqu'au corps inanimé d'Edouardo. C'était un compagnon d'arme, et il était normal de se préoccuper de lui ; il en avait d'ailleurs fait de même après le combat contre l'ours. Le tirer à l'abris et s'assurer de son sort – s'il était lui-même en état de rejoindre Jergal, récupérer l'épée ne serait au moins pas une mauvaise idée.

« Tu pourrais bloquer cette porte ? »

Claris n'y connaissait pas grand chose, mais les spécialistes du crochetage pouvaient parfois également être doués pour le verrouillage – par exemple en posant un piège qui blesserait davantage encore le monstre s'il tentait de la réouvrir pour attaquer de nouveau. Ce serait toujours ça de gagné.

Rowan n'avait pas attendu la proposition de Claris pour agir, et quand le flagelleur mental recula dans la pièce d'où il était sorti la roublarde se jeta sur la porte pour la refermer. Arc-boutée dos à la porte pour éviter que l'ignoble créature ne tente de sortir, Rowan s'empara de la rapière lâchée par Edouardo et en coinça la pointe dans la fente de la porte pour augmenter le blocage. Elle interpella Claris:

"laisse-le et viens m'aider, je ne peux pas tenir la porte et tenter de la verrouiller en même temps"

Tant pis pour Edouardo : verrouiller cette fichue porte était une tâche autrement plus importante que de l'accompagner dans ce qui était probablement son agonie – s'il n'était pas déjà mort. Mourir au combat était une chose ; être victime de cette créature en était une autre, considérablement plus grave. Et puis, s'il y avait moyen de récupérer l'épée après l'œuvre de Sioban, ce ne serait pas inintéressant. Claris se hâta donc de venir prêter à sa camarade l'assistance demandée…

Les deux jeunes femmes ne pesaient pas bien lourd sur le battant de la porte mais la force des illithids n'avait jamais non plus été leur principal atout, loin de là. Le monstre fut donc aisément contenu quand Claris et "Sioban" collaborèrent. Cette dernière eut même le loisir de relâcher la pression qu'elle exerçait pour se concentrer sur son autre tâche.

HRP : pouvez-vous me préciser ce que vous mettez en œuvre pour bloquer la porte ? Et si vous récupérez l'épée ou non au final ?

hrp: l'épée bloque la porte comme une cale avec la pointe enfoncée entre le battant et la porte, donc une fois verrouillée en s'y mettant à deux elle sera récupérable

Rowan faisant pression de l'épaule contre la porte pour accentuer le poids de Claris contre celle-ci avait des difficultés à verrouiller la serrure. Les secousses que provoquaient les coups donnés par le flagelleur mental dans une vaine tentative de s'échapper ne faisait que rajouter à la difficulté de la roublarde à accomplir sa tache.

La manœuvre n'était pas aisée à réaliser mais les deux jeunes femmes purent prendre leur temps pour verrouiller la porte et s'assurer - a minima - que l'illithid perde du temps à sortir de la pièce. Claris eut en outre la satisfaction de pouvoir récupérer la rapière qui avait un temps bloqué la porte. Au sol, leur complice poussa un râle et s'affaissa, probablement mort.

Sitôt qu'il n'y eut plus besoin de maintenir la porte en place, Claris s'approcha d'Edouardo, afin de s'enquérir de son état. Il n'y avait sans doute rien à faire pour lui venir en aide – rien qui ne soit de leurs compétences, en tout cas –, mais s'il était en train de mourir, au moins une prière ne pourrait pas lui faire de mal. Il s'était, mine de rien, montré un allié précieux ; et les de Corvimande faisaient preuve de loyauté envers leurs alliés.

Rowan considéra Edouardo comme s'il n'était qu'un simple poisson crevé rejeté par la houle et laissa tomber laconiquement:

"Se faire bouffer la cervelle par un illithid en général ça ne pardonne pas, on devrait se dépêcher d'aller voir ailleurs avant que notre ami Poulpy n'arrive à se sortir de son cagibi. Pas sur qu'à la prchaine confrontation on s'en sorte aussi bien"

Elle avait hâte de quitter ce couloir et laisser ses maudites portes derrière elle.

Edouardo était bel et bien mort comme put s’en rendre compte Claris qui avait pris la peine de vérifier. Hormis l’épée de prix que la jeune noble avait déjà récupérée et les armes trouvées au niveau inférieur, il ne semblait pas posséder d’équipement valant la peine de les emporter. A moins peut-être de fouiller dans ses poches.

Pour le reste, il restait soit à explorer le couloir soit à tenter leur chance sur l’une des deux autres portes si le courage les en disait.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Le domaine Bouliakov