[Bâtiment] Domaine de Hautetour

[Taliesin]

Peut-être l'expression de Louise se fit-elle légèrement plus amusée. Mais ce fut sa seule réaction au trouble feint de Gail.
-Déjà, je te souhaite bon courage : je ne vois pas trop comment tu pourrais l'amener à s'intéresser au combat, parce que ça n'est vraiment pas son truc, tout comme l'exercice physique, répondit-elle. Mais donc, si tu veux connaître ses goûts... Il aime lire et écouter des histoires, entendre et jouer de la musique, s'amuser ou simplement rêvasser... Je pourrais continuer la liste un bon moment, en ajoutant par exemple qu'il est du genre gourmand, mais je ne suis pas sûre que ça te soit utile...

[Claris de Corvimande]

Il était de toute façon fort peu probable que les effets soient aussi immédiats. Ce serait quelque chose de distrayant sur la durée, très probablement. Quant aux goûts du gosse… bah, cela correspondait à peu de choses près à ce qu'il était facile d'envisager en l'ayant rencontré. Aucune surprise de ce côté… ni aucune piste, ce qui aurait été en soi surprenant.

« Je n'en sais rien, en fait… C'est la première fois que je dois m'occuper de quelqu'un qui s'intéresse aussi peu à ça. Hum… Est-ce qu'il y a des choses qui l'énervent ou qui l'effraient ? »

Bien utilisée, la peur et la colère pouvaient être de bonnes armes. Qu'il s'agisse de les dépasser ou de les canaliser.

[Taliesin]

-Tu veux le ficher en rogne ou lui faire peur pour qu'il ait plus envie de se battre ? s'enquit Louise, sourcils froncés. Hum, n'y va quand même pas trop fort, d'accord ? Ce serait dommage de le traumatiser, notre bon messire Tommen.
Elle réfléchit quelques instants.
-Ce n'est pas quelqu'un qui s'énerve beaucoup. Certaines choses l'agacent, bien sûr, par exemple quand l'eau de son bain n'est pas assez chaude à son goût ou quand il n'arrive vraiment pas à trouver quelque chose parce qu'on l'a mal rangé, mais ça n'est jamais bien méchant. Les moqueries et les mauvais tours de son frère le vexent, aussi, mais il faut reconnaître que messire Godefrey y va fort et qu'il ne comprend pas pourquoi son aîné s'amuse ainsi à ses dépens... Quant à ce qui l'effraie, eh bien, la méchanceté, justement : ça le déroute. La violence, aussi : le sang le rend malade. Il n'apprécie pas non plus la vermine en général et les rats en particulier : ça le dégoûte. Oh, et les histoires effrayantes, notamment avec des fantômes, l'impressionnent pas mal : mais ça n'empêche qu'il aime bien en entendre.

[Claris de Corvimande]

La demande était maladroite et, compte tenu de la situation, il était naturel de tenter de lever les craintes de la jeune femme.

« Oh, je n'irai pas jusque là… » Pas sans une sérieuse conversation avec le capitaine, au minimum, pour couvrir ses arrières. « Le but n'est pas de provoquer véritablement sa peur ou sa colère, mais de lui demander de penser aux choses qui le provoquent durant nos exercices. » Les exercices de méditation étaient beaucoup moins… aléatoires que les confrontations directes. Et généralement bien plus faciles à mettre en place. « Seulement, je crains que si je dois d'abord l'amener à m'expliquer ce dont il a peur par lui-même, ce soit beaucoup moins efficace que si je peux lui dire directement “Fermez les yeux et imaginez qu'un rat se trouve devant vous”, vous voyez ? »

L'espace d'un instant, pendant la réponse de son interlocutrice, Claris avait eu en tête l'image cocasse d'un Tommen entrant en rage berserk parce que son bain était froid. La suite effaça hélas cette fugitive et fort peu réaliste image. Le gamin restait aussi classiquement désespérant que possible. Sa relation avec son frère, cependant, était intéressante et pourrait mener à quelque chose. Quant aux histoires de fantômes… le gosse aurait l'occasion d'avoir la frousse avec le plan d'Antin. Ce qui promettait d'être d'autant plus amusant.

[Taliesin]

-Je vois, fit la domestique. Et c'est sûr que si tu me demandes de me concentrer sur ce qui m'énerve, je serai rapidement d'humeur plus belliqueuse. Alors j'imagine que ça peut marcher pour lui également, aussi calme soit-il par nature.
Elle sourit.
-Apprendre à se défendre ne peut pas lui faire de mal : ce serait même bien s'il se laissait un peu moins marcher sur les pieds.

[Claris de Corvimande]

Et de quels genre de choses s'agissait-il, la concernant ? Non, ce n'était sans doute pas la question la plus adroite à poser maintenant.

« C'est bien mon objectif. Et j'espère que ces précisions vont m'y aider. Merci beaucoup. »

“Gail” continuait d'affecter l'air intimidé de la personne qui, sans avoir envie de prendre congé, ne savait comment enchaîner.

« Naturellement, je risque d'avoir d'autres questions à mesure que je progresserai – ou pas – avec lui… »

[Taliesin]

Louise acquiesça.
-Eh bien, tu n'auras qu'à venir me les poser et je m'efforcerai d'y répondre de mon mieux, dit-elle d'un ton tranquille. En dehors des heures de service, je passe le plus clair de mon temps dans les parages. Et si tu ne me vois pas, interroge les autres : tu ne devrais avoir aucun mal à trouver quelqu'un en mesure de te renseigner.

[Claris de Corvimande]

« Merci encore. »

“Gail” finit tout de même par prendre congé : mieux valait éviter de trop abuser de ce petit jeu. Le résultat avait été plutôt positif jusque là, il était préférable de s'y tenir. Après avoir dûment souhaité une bonne fin de soirée à Louise, son intention était de revenir vers la salle de détente des gardes. À moins bien sûr d'une rencontre dans les couloirs…

[Taliesin]

Si Claris croisa quelques domestiques durant le trajet, et si la plupart la saluèrent, aucun ne s'attarda pour bavarder, si bien qu'elle rejoignit rapidement les quartiers des soldats. Dans la salle commune, il y avait encore du monde, des conversations, des parties de cartes : de quoi se distraire agréablement, en somme. Mais, une heure plus tard, les rangs commencèrent à se faire clairsemés : pour beaucoup, la journée de travail commençait tôt et il valait donc mieux pour eux ne pas trop jouer les couche-tard, surtout compte tenu de l'exigence dont faisait preuve le capitaine, attendant de ses hommes efficacité et concentration en toutes circonstances. Restait à savoir si "Gail" suivrait le mouvement en regagnant sa petite chambre ou s'il jouerait les prolongations d'une manière ou d'une autre.

[Claris de Corvimande]

La journée avait somme toute été plutôt chargée, et quoique le sommeil soit moins critique pour les gens d'épée que pour les magiciens, il était quand même hautement préférable de ne pas trop en manquer. Ignorant encore comment se passaient les réveils en ces lieux – il n'y aurait sans doute pas d'appel à prier Lathandre dès les premières lueurs du jour, mais tout de même –, Claris jugea donc plus prudent d'aller préventivement dormir. Lorsque les habitudes locales lui seraient plus familières, il lui serait possible d'envisager veiller plus longtemps, afin de mener à bien son projet ; mais mieux valait ne pas accumuler de retard de sommeil d'ici-là.

[Taliesin]

A l'issue d'une nuit paisible et alors que Claris commençait à émerger, sans doute à cause du bruit environnant - quoique les gardes se soient efforcés de ne pas trop en faire afin de ne pas déranger leurs camarades couchés plus tard qu'eux -, Herbert vint toquer à sa porte pour l'inviter à déjeuner en sa compagnie et, surtout, pour l'informer qu'elle avait rendez-vous dans le bureau du capitaine d'ici une heure.
En y pénétrant le moment venu, elle découvrit, outre l'officier, un garçon de dix où onze ans : châtain, revêtu des couleurs de la famille Valombre, il la salua poliment tout en l'observant avec curiosité.
-Je te présente Jean d'Estemarche, qui sera le partenaire d'entraînement de messire Godefrey, expliqua le capitaine. Il a été libéré de ses obligations pour la matinée, afin que tu puisses mener une séance préalable avec lui et te faire une idée de son niveau.

[Claris de Corvimande]

Sans avoir été trop longue – pour autant qu'une telle chose soit possible –, la nuit n'avait pas non plus été trop courte. C'était une chose plutôt positive pour la suite.
Claris se leva promptement, comme à son habitude, et déjeuna avec appétit – c'était préférable pour les exercices physiques qui occuperaient sans doute une bonne partie de la journée. Et accessoirement, ça aidait à l'idée de devoir supporter ces deux gamins sans les passer au fil de l'épée.

Après avoir salué et remercié le capitaine, “Gail” se tourna vers le garçon, se demandant s'il avait été mis dans la confidence de l'objectif officieux des leçons et du rôle qu'il avait à y tenir.

« Bonjour. »

Sans doute le capitaine avait-il d'autres chats à fouetter : il serait préférable de commencer à lui poser les questions d'usage une fois qu'ils auraient pris congé.

[Taliesin]

De fait, moins d'une minute plus tard, ils avaient quitté le bureau de l'officier et marchaient tranquillement dans le couloir.
-Tu... Hum, vous devez vraiment être doué en escrime pour être déjà maître d'armes ! lança bientôt le page. Est-ce que vous connaissez des bottes secrètes ?
En voilà un qui semblait plutôt enthousiaste à l'idée de s'entraîner.

[Claris de Corvimande]

Et comparé aux deux autres, son enthousiasme était réconfortant. Claris éluda la question en souriant.

« Si je répondais oui, ce ne serait déjà plus vraiment un secret. »

Et, tandis qu'il se dirigeaient vers la salle d'entraînement, ce fut au tour du jeune homme d'être interrogé. Trois questions, posées de manière amicale et en attendant chaque fois qu'il ait répondu à l'une avant de lui soumettre la suivante, afin de ne pas risquer de doucher son entrain en semblant le “cuisiner”. La première visait à apprendre quelles armes il avait eu l'occasion de manier jusque là. La seconde, comment il évaluait son propre niveau. La troisième, et sans doute la plus importante, portait sur ses relations avec messire Godefrey : le rencontrait-il souvent en dehors des entraînements, et avait-il déjà eu l'occasion de croiser le fer avec lui ?

[Taliesin]

Le garçon ne se fit pas prier pour répondre. Il expliqua en premier lieu que, destiné à devenir chevalier, il était principalement formé à l'épée et à la lance d'arçon. Concernant son niveau, il pensait commencer à relativement bien connaître les bases pour la première arme mais admettait volontiers peiner encore avec la seconde. Enfin, au sujet de Godefrey, il était amené à le croiser souvent, eut égard à sa fonction de page attaché au service personnel de la maison de Valombre ; cependant, ils ne passaient guère de temps ensemble et ne s'étaient jamais affrontés à l'escrime.

[Claris de Corvimande]

Tout ça semblait assez prometteur ; restait toutefois à vérifier ce que cela donnait en pratique. Lorsqu'ils furent parvenus à la salle d'entraînement, Claris récupéra deux épées et en confia une au gamin. Inutile de lui faire essayer toutes les sortes d'armes disponibles ou de meubler à coup de quintaine avec lui : la seule chose intéressante était de savoir dans quelle mesure il serait capable de donner la réplique à Godefrey. Dès qu'il fut armé, “Gail” se positionna à quelques pas, dans une attitude ni agressive, ni spécialement inerte, et donna sa consigne : le gosse devait réussir un désarmement, par quelque moyen qui lui conviendrait. Naturellement, son intention était de lui mettre quelques bâtons dans les roues…

[Taliesin]

Si le jeune sieur d'Estemarche connaissait les principes du désarmement, il ne les maîtrisait pas encore très bien. Sans doute son instructeur estimait-il que cela ne faisait pas tout à fait partie des bases, contrairement à la posture, aux attaques, aux parades... Avec celles-ci, par contre, il s'en tirait très bien, ce qui ne l'empêchait pas d'ête tout prêt à s'améliorer, à corriger les imperfections restantes...
Au total, Claris constata rapidement que le capitaine avait fait un très bon choix. Le page était appliqué, volontaire, enthousiaste : il aimait l'escrime, souhaitait se perfectionner et semblait décida à faire le nécessaire pour y parvenir. Bref, s'il était moins avancé que Godefrey dans son apprentissage, il avait le potentiel pour le rattraper et le devancer en un rien de temps, tout en étant un élève des plus agréables pour son formateur.

[Claris de Corvimande]

Restait à voir, souffla une voix pessimiste à l'esprit de Claris, ce que cela deviendrait quand ce garçon aussi aurait à subir le caractère de Godefrey. Quoique les choses aient peu de chances de dégénérer avant que le niveau de Jean ait dépassé celui de l'autre, il était possible que la paresse et la prétention aient sur lui un effet démotivant. Mais, inutile de trop s'inquiéter à ce sujet pour le moment : mieux valait profiter de la situation.

Puisqu'il était, avait dit le Capitaine, à sa disposition pour la matinée, “Gail” profita du temps qu'ils avaient devant eux pour évaluer du mieux possible ses capacités en lui faisant pratiquer d'autres exercices, n'hésitant pas – vanité, vanité, vanité – à lui démontrer ses propres talents chaque fois qu'il était nécessaire de donner l'exemple. Et si d'aventure il interrogeait sur l'utilité de telle ou telle pratique, il recevrait les informations demandées avec plaisir. En ce qui concernait le désarmement, par exemple, c'était son choix par défaut pour débuter une séance parce que, plus complexe que les mouvements de base, il laissait toute latitude à l'élève pour montrer ce qu'il savait faire – y compris en termes de déloyautés –, tout en évitant de tétaniser ceux qui craignaient leur propre force.

[Taliesin]

La suite de la séance confirma les bonnes impression de Claris. Outre être très prometteur, le page ne manquait ni d'endurance, ni de bonne volonté et il mettait beaucoup de soin à appliquer les conseils qu'on lui dispensait et à imiter les exemples qu'on lui donnait. Lorsqu'il posait des questions, c'était afin de comprendre, non de critiquer. Pour le reste, il était sympathique, ouvert et lorsque les prouesses de Claris l'épataient, il ne faisait rien pour le cacher, montrant au contraire son enthousiasme et ajoutant simplement qu'il espérait bien, un jour, être aussi doué qu'elle en escrime.

[Claris de Corvimande]

Eh bien, restait à espérer pour lui qu'il se trouverait une nouvelle place lorsque celle-ci ne serait plus d'actualité. Mais chaque chose en son temps : avant de porter un coup fatal à la famille de Valombre, il allait falloir supporter leurs gamins un moment. Et pour ceux-ci… bah, on verrait bien. La nuit avait porté ses fruits – aidée par la conversation avec Louise – et une matinée passée à l'entraînement avait toujours le mérite de provoquer sa bonne humeur. Claris savait quoi tenter pour sa prochaine séance avec chacun des deux drôles, et aucune autre obligation ne lui avait été signifiée : son activité actuelle se prolongerait donc jusqu'à ce que le repas ne soit servit ou qu'un visiteur inopportun en décide autrement.

HRP : pour préciser : par « son activité actuelle », j'entendais l'entraînement de Claris. Une fois son niveau dûment vérifié, ce qui semble largement bon dans les posts précédents, il est sans doute plus naturel de laisser le petit retourner à ses propres occupations. Toutefois, vu qu'il est motivé et a été libéré de ses obligations pour la matinée, s'il veut rester, il ne va pas être chassé non plus.

[Taliesin]

Ce n'est qu'une heure plus tard que le jeune sieur d'Estemarche demanda la permission de se retirer, expliquant qu'il devait se préparer pour le repas de midi pour lequel il était de service - devant notamment remplir la coupe des maîtres, comme il sied à un page. Toutefois, avant de partir, il ne manqua ps de remercier Gail pour le temps qu'il lui avait consacré et quand il lui dit "A cet après-midi !", ce fut avec un enthousiasme non feint.
Une fois son propre entraînement terminé, Claris put aller manger, passant un agréable repas en compagnie d'Herbert et de ses amis. Lorsque ceux-ci s'en allèrent vaquer à leurs occupations, ils lui souhaitèrent bon courage pour ses séances à venir. Ne restait plus à la jeune fille qu'a procéder aux éventuels préparatifs avant qu'on ne lui amène Tommen.

[Claris de Corvimande]

Lesdits préparatifs n'étaient pour l'heure guère complexes et furent accomplis promptement. La quintaine de la veille avait accompli son office : inutile de la mettre de nouveau en place pour cette séance. Quant aux armes, l'on se contenterait cette fois de l'épée et du sabre, puisque c'était sans doute les seules pour lesquelles s'escrimer aurait un intérêt. Claris choisit néanmoins différents modèles, de longueur, courbure et poids variés, et s'efforça de les disposer de convenable manière. La tâche la plus délicate fut sans doute de se procurer un coussin sur lequel le mioche pourrait s'asseoir comme s'il s'agissait d'une séance de méditation… mais avec toutefois autant d'armes que possible à portée de main. Restait à voir si cela donnerait ses fruits.

[Taliesin]

Une fois les préparatifs terminés, Claris dut patienter près du pavillon, dans cette partie isolée du jardin où l'on n'entendait guère que le chant des oiseaux et le ruissellement de la fontaine voisine. Comme la veille, le temps était au beau fixe, le soleil de plomb ; et, comme la veille, ANtin et Tommen parurent avec ponctualité. Toujours ausi élégamment vêtu, le garçon la gratifia d'un salut poli et d'un sourire amical qui n'était sans doute pas feint mais qui peinait à dissimuler son manque criant de motivation.

[Claris de Corvimande]

Et il fallait tenter d'y remédier, ce qui était bien son intention. Claris accueilli d'abord le bambin par un sourire et des encouragements, avant de lui demander de choisir une arme parmi celles qui l'entouraient. Celle qu'il désirait, et il pouvait naturellement prendre son temps pour choisir. Il était également libre à tout moment, s'il jugeait finalement son choix inapproprié, de revenir poser l'arme et d'en préférer une autre.
Son choix effectué, ils commenceraient à s'entraîner ensemble. Comme la veille, avec autant de conseils qu'il le faudrait, pour donner à la séance un air de leçon ordinaire. Mais à un rythme assez soutenu, car son véritable objectif était pour l'heure de fatiguer le mioche. Sitôt que celui-ci montrerait des signes d'essoufflement, “Gail” lui proposerait de faire une pose et de venir s'asseoir sur le coussin s'il le souhaitait. En avançant que la méditation était également un aspect important des arts de l'épée.

[Taliesin]

Cette séance fut quasiment identique à celle qui l'avait précédée : Tommen se montra amical, docile et appliqué, mais il n'y avait pas chez lui la moindre trace d'enthousiasme ni même d'intérêt pour les exercices auxquels il se pliait. Pour lui, c'était une corvée qu'il s'efforçait d'accomplir de son mieux tout en ayant hâte qu'elle se termine. Et quand vint la consigne de s'assoir sur le coussin, il s'exécuta sans mot dire, sans poser de question, se contentant d'afficher un air vaguement surpris.

[Claris de Corvimande]

HRP : Signe de vie ! o/

Dans un premier temps, “Gail” invita son élève à avoir des pensées posivites.Visualiser un endroit qui lui plaisait, s'y projeter. Oublier ce qui se trouvait autour de lui – les armes, qu'il pouvait saisir d'un simple geste de la main – et se concentrer sur ce qu'il imaginait. En quelques questions, Claris tenta de se faire une idée de l'environnement choisi par l'enfant, pour ensuite tenter de l'aider, par ses paroles, à se concentrer sur cette image. Le but était qu'il baisse sa garde, qu'il se sente en confiance.

Puis, dès qu'il fut perceptible qu'il avait atteint le niveau de suggestions adéquant, et en conservant la voix douce utilisée jusque là,

« Un énorme rat s'approche de vous. »

Il serait intéressant de voir la réaction du gamin à cette affirmation.

[Taliesin]

- Hein ? Où ça ?
Tommen s'était redressé, presque en sursaut, et tournait la tête de droite et de gauche, yeux grands ouverts.
- Oh, vous vouliez dire, dans ma tête... lâcha-t-il, embarrassé. Mes excuses, mais comme il n'y a jamais de ces répugnants rongeurs dans l'endroit que je vous ai décri... Enfin voilà.
L'endroit en question était le salon de musique du château, une pièce aussi confortable que lumineuse où le jeune seigneur aimait à passer du temps.

[Claris de Corvimande]

La farce avait au moins le mérite d'être drôle, même si Claris s'efforça de n'en rien laisser paraître.
Il aurait été trop beau qu'il ait le réflexe de saisir une épée en plus de regarder autour de lui… il n'était cependant pas exclu qu'il finisse par en venir à ce résultat. L'atmosphère calme et détendue de sa salle de musique ne l'y prédisposait sans doute pas ; mais il faudrait réessayer en choisissant une ambiance plus stressante. À une prochaine séance, cependant.

« Vous n'avez pas à vous excuser : votre réaction était parfaitement normale. Pour quelqu'un qui n'est pas encore entraîné. »

“Gail” vint s'asseoir en face du mioche.

« Combattre est aussi une affaire de concentration. Si vous aviez réagit comme vous venez de le faire au beau milieu d'une passe d'armes, votre adversaire aurait pu en profiter à loisir. En fait, l'un des objectifs de nos entraînements – peut-être le plus importants de tous – est de vous apprendre à ne pas laisser l'arrivée inopportune d'un rat détruire subitement votre salle de musique. Au propre comme au figuré : cela vaut aussi bien pour, par exemple, les mauvaises plaisanteries de votre frère, que vous pourrez alors ignorer et qui ne nuiront plus à vos activités. Vous comprenez ? »

Voilà qui avait quelques chances de lui insuffler un regain d'intérêt pour ce qu'il faisait ici. Claris laissa alors à l'enfant un instant pour réfléchir et répondre. Si toutefois il ne semblait pas vouloir poursuivre plus avant cette conversation, il aurait ensuite le choix entre refaire une tentative et reprendre un moment les armes.

[Taliesin]

Tomment eut une moue songeuse.
- Je crois que je vois ce que vous voulez dire. Mais concernant mon frère, ça ne marcherait pas : si on l'ignore, il est du genre à insister, à insister encore jusqu'à obtenir une réaction, même si ça implique de... heu... faire des plaisanteries de plus en plus mauvaises. En toute honnêteté, le mieux est de lui donner ce qu'il veut : quand il a provoqué l'effet qu'il voulait, il passe à autre chose.
Il dévisagea Gail.
- Mais, si je puis me permettre... Qui vous a parlé de ça ?

[Claris de Corvimande]

« Nous verrons ce qu'il en sera lorsque votre entraînement aura porté ses fruits. Il est possible qu'il y ait des changements que vous ne prévoyez pas encore. »

Comme la chute de ta famille, par exemple.

Ne montrant rien de cette dernière pensée, “Gail” continuait de s'adresser à l'enfant d'un ton souriant et encourageant. Néanmoins, il était sans doute inutile de répondre l'entière vérité à sa dernière question.

« Je donne également des cours à votre frère. J'ai donc pu me faire une certaine idée de son… tempérament. »

Il ne s'agissait après tout même pas d'un mensonge : Louise avait confirmé explicitement la chose, mais deviner que Godefrey avait quelque tendance à tourmenter tout ce qui lui semblait pouvoir l'être – et un mioche aussi peu “mélandien” que Tommen semblait assurément pouvoir être tourmenté, quels que soient leurs liens de sang – n'était pas particulièrement hors de portée.