La Couronne de Cuivre

Le Prince, s'il avait entendu l'intervention de Marius, n'en prit en tout cas pas ombrage.
" Un des derniers jours d’automne, des giboulées subites forcèrent Jean et son troupeau à trouver refuge dans une petite grotte non loin de la hutte de Marie. Elle l’avait vu y monter et elle l’y rejoignit, apportant avec elle un cadeau qu’elle avait préparé jour après jour, nuit après nuit, depuis des mois, un témoignage de son amour pour lui, un manteau de poil blanc, immaculé, superbe, et qu’elle avait imbu de tout son pouvoir, en appelant aux esprits des cieux et de la terre pour qu’il le protège partout et toujours, de toutes les forces destructrices du monde. Jean se montra très touché et un peu embarrassé, et peut-être à ce moment-là réalisa-t-il ce qu’il n’avait pas compris jusque là. Il voulut refuser mais elle ne voulut rien entendre. Il redescendit donc de la montagne avec son troupeau et le manteau blanc, offert par Marie, la sorcière des hauteurs.
Puis ce fut l’hiver. Marie savait qu’il ne reviendrait qu’au printemps. Elle se languissait. Dans le lointain, elle voyait les lumières du village, devinait la chaleur, résistait à grand peine à l’envie de descendre pour rejoindre son aimé. Ce qu’elle finit par faire, une nuit glacée de pleine lune, lassée d’attendre, en quête d’amour et de réconfort. Elle se glissa dans le village, alla de maison en maison, plaquant son petit visage blanc contre les fenêtres, à la recherche de Jean. Elle le trouva dans la demeure du sabotier. Il venait de faire sa demande en mariage, un peu de lumière dans cet hiver si froid, et ils fêtaient la bonne nouvelle, repoussant l’hiver de leurs rires, leurs chants et leurs promesses de bonheur.
Marie, elle, se sentit trahie et la haine explosa dans son cœur. La haine qui la poussa à franchir la porte et à les maudire, tous autant qu’ils étaient. D’abord stupéfaits, les villageois réagirent avec fureur, eux aussi : ils la chassèrent, en l’insultant, en lui jetant des pierres. Elle s’enfuit vers la montagne, désespérée et meurtrie. Mais Jean la suivit : lui seul n’avait pas ri ou jeté de pierre, lui seul s’était senti désolé pour la jeune femme, mais elle était sorcière et il n’était que berger, la neige était épaisse et elle le distança aisément. Il savait où elle vivait, cependant, et il en prit la route, malgré le vent, malgré la bise, bien décidé à lui parler, à s’expliquer, à s’excuser d’une manière ou d’une autre.
Marie était de retour chez elle et elle en appela à l’hiver et au gel pour la venger. Il y eut une terrible avalanche, qui emporta tout le village sans laisser le moindre survivant, homme ou bête. Seul Jean contempla la catastrophe depuis les hauteurs. La stupeur l’envahit, puis il entendit les loups, et il prit la fuite.
Car, dans sa fureur, Marie entendait se venger de lui aussi, le folâtre, le traître, le monstre. Il s’enfuit à travers les neiges, courant à perdre haleine, mais il n’était qu’humain et elle était sorcière, et malgré sa jeunesse et sa terreur, il fut bientôt rattrapé par la meute, au bord d’une falaise. Marie était parmi ses bêtes, triomphante et furieuse, et elle ne voulut rien entendre de ses suppliques.
Mais la montagne aimait Jean. Les prairies, les arbres, les torrents, tous l’avaient vu grandir, depuis son enfance jusqu’à ce début d’âge adulte. Aussi lorsque les loups se ruèrent sur lui, les esprits du lieu prirent pitié et l’enveloppèrent de leur magie. Le manteau que lui avait donné Marie lui colla brusquement au corps, corps qui se métamorphosa en celui d’un chamois et ainsi, petite chèvre des montagnes immaculée, il gravit la falaise en quelques bonds et échappa à ses poursuivants. »
" C'est pas la première fois qu'on parle d'un chamois blanc, je me trompe ? souffla Victor.
— Chhhhhhhh ! dit Baptiste.
— Ça vaut toujours pas Gérard de Berge."

Taliesin ne leur intima pas le silence : le prince devait savoir à quoi s'attendre, en choisissant de leur raconter cette histoire. Car il était bien connu que, quelle que soit leur race, les enfants ne pouvaient s'empêcher de commenter. Cela faisait d'ailleurs partie du jeu.
Quant au récit en lui-même, qui avait décidément les allures d'un conte, il se demandait s'il était ou non enjolivé.
Mais cela avait-il vraiment de l'importance ?

Effectivement, le Prince ne prit guère ombrage des bavardages murmurés.
"L’évasion de l’animal ne fit que décupler la rage de Marie, qui avait perdu toute raison. Elle en appela à des forces plus anciennes, plus noires, traça des chemins impies dans la montagne, et le prit en chasse. Or, à l’époque dont je vous parle, de l’autre côté de la montagne, avait lieu une guerre terrible. Une guerre qui opposait des peuples qui auraient pu s’entendre, et qui finirent par le faire, mais qui à cette époque, ne pouvaient que se déchirer dans le sang et les larmes. Un des seigneurs de cet endroit avait cependant décidé d’épargner aux êtres qui n’étaient ni d’un peuple, ni de l’autre, les conséquences de cette lutte meurtrière. Il ouvrit ainsi un passage entre les mondes, pour que ceux qui le désiraient puissent se réfugier loin du fracas des champs de bataille. Poursuivi par les loups de Marie, le chamois blanc avait traversé les monts, sans jamais s’arrêter, soutenu par le pouvoir de sa toison blanche, désormais part de lui-même, et lorsqu’il arriva de l’autre côté, les circonstances firent qu’il s’engouffra, malgré lui, dans le passage ouvert entre les mondes. La meute hurlante et Marie le poursuivirent. Et le passage se referma. »
Il eut un léger sourire.
« Depuis la chasse court encore, loin, bien loin de la montagne où elle a débuté. Le chamois blanc galope éperdument, sans but, sans avenir, tandis que les loups de Marie le traquent dans les bois sombres. »
Il se tut, se redressa, son regard mordoré balaya un instant l'assistance, puis se posa dans celui du barde. La lumière verte redevint plus forte, la pénombre céda.
" Une autre ! Une autre !" dit Victor.
Titus s'éveilla comme d'un rêve, en secouant la tête. Marius, de son côté, dévisagea Taliesin la mine boudeuse et lui fit un geste de négation de la tête, l'informant très clairement que sa dette tenait toujours.

Le barde lui dédia un nouveau clin d'oeil puis refit face au prince.
-Merci. dit-il simplement.
Un conte, c'était une belle façon de présenter les choses. Néanmoins, le côté parabole laissait beaucoup de place à l'interprétation. Parfois, c'était relativement évident, comme ces peuples se faisant la guerre : il s'agissait des elfes et des humains. Parfois, c'était plus ardu : ainsi, y avait-il un lien entre Marie et dame Mahaut ?
Bref, il restait des questions et son choix demeurait difficile.

Baptiste le prit de vitesse.
" Est-ce que Dame Mahaut, c'est Marie ? demanda-t-il, les sourcils froncés.
— Non, répondit le Prince. Marie est morte il y a près d'un demi-siècle, maintenant. Dame Mahaut est originaire de ce Plan.
— Mais elle cherche quand même ce chamois blanc-là.
— Oui. Sa peau est, comme tu l'auras compris, dotée de grands pouvoirs."
Baptiste se tourna vers Taliesin, les lèvres pincées, comme le jaugeant.

Puisque Baptiste avait tout deviné, inutile de jouer la comédie.
-Le prince souhaite que je retrouve le chamois blanc avant les chasseurs diligentés par Dame Mahaut : il veut le renvoyer dans notre monde et propose de nous y envoyer par la même occasion. Mais je n'ai pas encore donné de réponse.

" Ouais ! s'exclama Victor. En route, vaillants chasseurs ! On va le retrouver ce chamois ! Le ramener dans notre monde !"
Marius le regardait comme s'il était devenu fou.
" Hé ! C'était rien qu'une histoire ! Non ?"
Baptiste paraissait incertain. Il jeta un oeil au Prince, qui s'était levé et écarté, comme s'il voulait leur laisser un peu d'espace.
" Est-ce qu'on peut... parler de ça ailleurs ? Entre nous ?"

-Bien sûr : le prince comprendra que ce n'est pas le genre de décision que l'on peut prendre à la légère.
L'instant suivant, il se dirigeait vers l'intéressé.
-Votre altesse, j'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir à la question. Je sais cependant qu'il est compté, donc je ne vous ferai pas trop attendre... Par contre, si d'aventure on m'interroge sur les raisons qui m'ont valu votre invitation, quelle prétexte crédible puis-je avancer ?

" Dame Mahaut saura que je vous ai fait venir pour vous parler du chamois. Dites simplement que vous avez refusé, si on vous pose la question. Vous êtes là pour profiter du festival, après tout."
Il eut un sourire.
" Quand vous avez pris votre décision, envoyez-moi la chauve-souris. Même si vous décidez de faire ce que je voudrais que vous fassiez... Il faudra continuer à prétendre qu'il n'en est rien."
Son regard fendu resta inexpressif malgré sa lumière.
" Vous êtes le seul espoir qu'aura ce garçon de regagner votre monde avant longtemps. Il ne mérite pas la malédiction dont il a été victime. Vous devez pouvoir y être sensible, si vous êtes un elfe de bien. Pensez-y."

-Je n'y suis pas insensible, répondit-il, sincère. Et sans doute vous aurais-je déjà répondu par l'affirmative, si j'étais seul et sans attaches. Cependant, je dois veiller sur les enfants, je dois songer à ma femme, à nos petits derniers : cela aussi pèse dans la balance. Voilà pourquoi il me faut le temps de la réflexion.

Le Prince eut un nouveau sourire.
" Je ne peux pas comprendre, mais ce n'est pas dans ma nature. Rappelez-vous, cependant, que vous êtes ici en Féérie. Les règles du jeu sont différentes. Les héros ont beaucoup plus de chances de réussir que dans votre monde."
Son regard passa du barde aux enfants.
" Puissiez-vous apprécier le Festival, Maître Barde. C'est un événement rare."
Il ne restait plus à Taliesin qu'à prendre congé et rejoindre l'extérieur avec sa fine équipe.

Ce qu'il fit.
Puis, une fois devant la résidence princière, il se tourna vers Lola.
-Pourrais-tu nous conduire dans un endroit du Festival qui vaille le détour tout en était propice aux conversations privées ?
Il fallait donner le change, faire comme si rien n'avait changé et comme s'ils ne comptaient nullement interrompre leurs visites.

Victor paraissait mécontent et il marcha en tête, tandis que Lola entraînait Baptiste derrière lui. Marius resta aux côtés de Taliesin. Titus lui, paraissait s'éloigner avec toutes les peines du monde. Ils regagnèrent une allée plus fréquentée du Festival, puis Lola les entraîna ici et là jusqu'à ce qu'ils atteignent un mur de haies fleuries, ronces et roses entremêlées, fleurs sauvages, houx et bouleaux, qu'ils franchirent sous une arche de verdure. Il s'agissait d'une sorte de jardin fantastique, surgit entre les troncs, aux mille tonnelles, petits étangs, buissons, statues et vasques emplies de plantes aromatiques. On aurait pu croire le jardin d'un château ou d'un temple, mais qui aurait retrouvé une sorte d'ordre naturel après avoir été laissé à l'abandon pendant des années. Il avait un charme à la fois merveilleux et un peu inquiétant. De nombreux festivaliers s'y promenaient, cependant, et en y pénétrant, Taliesin et les enfants purent sans difficulté y trouver un coin propice où s'installer.

Le barde commença par se tourner vers Titus, dont l'attitude, décidément, le déconcertait.
-Tout va bien ? s'enquit-il. Cette rencontre avec le prince semble t'avoir particulièrement marqué...
Peut-être avait-il croisé des êtres tels que lui par le passé ?

Titus parut émerger d'un rêve, à nouveau.
" C'est..."
Il secoua la tête, leva les mains, esquissa quelque chose au-dessus de lui sans parvenir à articuler quoi que ce soit, puis se frappa deux fois la poitrine du poing, à hauteur du coeur.
" Je ne sais pas le dire." dit-il finalement, embarrassé.
Il haussa les épaules, relâcha sa respiration.
" Ça vient de l'intérieur."

-Peut-être qu'en tant que faune, quelque chose en toi entre en résonance avec lui et avec ceux de son peuple...
Il sourit.
-J'espère en tout cas que ça ne t'a pas trop chamboulé.
Mais ça n'avait pas semblé être désagréable pour lui... Sans doute se renseignerait-il à ce sujet, s'il recroisait le prince.

" Le Prince n'a pas de peuple, dit Lola. C'est le Prince. Comme Dame Mahaut, comme le Rouge."
Elle haussa les épaules.
" Avant, c'était le maître de... tout... ici..."
Elle grimaça.
" Mais la dernière fois que je l'ai vu... Je me souvenais... que c'était une chauve-souris."

-Peut-être qu'il change d'apparence en fonction de ses interlocuteurs...
Il l'observa un moment, songeur.
-Serais-tu d'accord pour me dire tout ce que tu sais de lui ? Cela m'aiderait beaucoup.
Lola semblant sincère avec eux, il n'avait aucune raison de remettre sa parole en doute.

" Le Prince, c'est... le maître de la Forêt. Je pense. Il y a longtemps, il était... plus... fort... Maintenant, et bien... Dame Mahaut, elle a beaucoup d'amis. Le Prince et Dame Mahaut, ils ne s'aiment pas beaucoup. On dit qu'on ne peut pas soutenir l'un sans s'opposer à l'autre. Du coup, et bien... On essaie de ne pas se mêler de leurs affaires, je suppose. Au Festival, évidemment, ils doivent se tolérer, parce que c'est la règle pour tous."
Elle haussa les épaules.
" Au début, Dame Mahaut ne vivait pas aussi loin dans la Forêt. Mais petit à petit, elle s'est installée. Le Prince... Il ne se soucie pas beaucoup des gens. Alors les gens ont été contents que Dame Mahaut vienne."

-D'accord...
Cela ne l'avançait pas beaucoup quant à la nature véritable des deux protagonistes.
-Et quelle réputation ont-ils, tous les deux ? Dit-on généralement qu'ils sont bienveillants ? Qu'ils sont plutôt du côté du bien ?

" Heu." répondit Lola.
Elle grimaça.
" Le Prince, il veille... sur la Forêt. Alors j'imagine qu'il fait le Bien... pour la Forêt. Et ceux qui vivent dans la Forêt. Dame Mahaut... Elle est pleine d'énergie et de questions... Elle aime que les choses bougent et changent. Je sais que ce n'est pas la question mais... je ne sais pas s'il y a une réponse comme tu voudrais qu'il y en ait une."

-J'aurais aimé, en effet : ça aurait rendu les choses beaucoup plus simples.
Il soupira.
[color=#FFFF6]-Hum, tiens... Sais-tu si dame Mahaut à une sœur ?[/color]
Lola n'en saurait probablement rien. Ou, plutôt, elle aurait simplement eu vent des bruits que faisait courir l'intéressée.

Lola secoua la tête.
" Je ne sais pas, non. Dame Mahaut, elle ne vient pas de la Forêt, elle vient de la Montagne, moi je ne la connais pas bien. On dit qu'elle a là-bas un château fantastique, avec plus de mille pièces, et qu'elle les connait toutes par coeur, et que parfois, ceux qui lui sont infidèles, elle les perd dans le château et qu'ils ne peuvent repartir que s'ils trouvent la sortie."
Victor soupira.
" On va sauver ce chamois, non ? Pourquoi on parle comme ça ? C'est la bonne chose à faire ! La chose juste et digne !"

Taliesin rit.
-Ah, Victor, comme je l'ai dit, j'aimerais que ce soit aussi simple. Mais... Te souviens-tu de ce que nous a dit dame Mahaut lors de notre rencontre ? Qu'elle avait besoin de la peau du chamois pour sauver sa sœur atteinte d'une grave maladie. Le prince affirme qu'elle ment, certes, mais pourquoi le croirais-je lui, et pas elle ? Il peut très bien estimer qu'un tel animal ne peut être tué, même si cela a pour but de sauver quelqu'un. Et peut-être, oui, s'agit-il bien d'un animal et non d'un homme métamorphosé.
Il secoua la tête.
-J'incline à croire le prince. Mais en réalité, je n'ai aucun moyen de savoir qui dit la vérité. Et c'est cela qui m'ennuie : si je prends une décision, je ne saurai sans doute pas si c'est la bonne avant qu'il ne soit trop tard.

Baptiste soupira.
" Il doit bien y avoir quelqu'un d'autre qui connait le fin mot de l'histoire, continua Victor. On peut poser des questions !
— Sauf que le Prince a dit qu'on devait pas dire qu'on était intéressés, dit Baptiste.
— Faut savoir. S'il n'est pas digne de confiance, alors on peut poser des questions.
— Mais on n'en sait rien, justement !
— On pourrait demander à quelqu'un d'autre d'en poser, proposa Marius.
— Mais à qui ? fit Victor.
— Moi je crois le Prince, lâcha Titus. C'est le Prince."

Taliesin acquiesça.
-Je comprends, lui dit-il.
Le prince était profondément lié à la forêt. A l'essence de la forêt, que ce soit ici ou ailleurs. Or, pour autant qu'il s'ache, les faunes étaient des créatures sylvestres : il étiat donc normal qu'il existe un lien entre eux...
D'ailleurs, s'il n'y avait eu aucun risque, peut-être aurait-il chargé Titus de se renseigner au sujet du prince : sans doute cela l'aurait-il intéressé.

" Moi je dis qu'on ne s'en occupe pas, dit Baptiste. On n'est pas venus pour ça. On a déjà eu bien assez d'ennuis comme ça de l'autre côté. Maintenant on s'amuse un peu, puis on rentre. Galathée nous attend, avec les bébés. Guillhem a sûrement besoin d'un coup de main à la ferme...
— Et ta cuisine chérie te manque, oui j'imagine bien. Moi je dis que Baptiste peut acheter des fruits séchés et des épices pendant qu'on s'occupe de ce chamois. Tu imagines, prisonnier dans le corps d'un animal, traqué par tous, depuis... depuis des années et des années ?
— Non, j'imagine pas. Et on n'est même pas sûrs que ce soit vrai !
— Ben moi, j'imagine très bien, justement. Et me retourner et faire semblant de rien... Je trouverais ça... honteux. Déshonorant. Indigne. Je ne sais pas le mot. J'aurais du mal à me regarder dans un miroir et me dire que je suis un type bien."
Marius, Titus et Lola restèrent silencieux, assistant à la joute qui ne semblait pas encore terminée...

-Je trouve que vous avez tous les deux raison : c'est vous dire mon indécision, intervint-il. Après, il y a deux autres éléments dont il faut tenir compte. D'abord, nous devons trouver un moyen de rentrer chez nous : celui que nous connaissons est loin d'ici, si bien qu'il nous faudrait faire un long voyage pour l'atteindre. Or, et c'est là qu'intervient la deuxième donnée importante, le temps s'écoule difféemment, ici : une journée passée en Féérie peut être l'équivalent de plusieurs jours dans notre monde, voire plus. Or, le prince propose à la fois de nous renvoyer chez nous, avec le chamois, et de faire en sorte que notre absence de Toril ne soit pas trop longue. Pour le coup, je pense que c'est dans ses moyens.

Baptiste parut ébranlé par l'argument.
" Tu veux dire que... ces quelques heures... pourraient durer des années ?
— C'est exactement ce qu'il veut dire, fit Victor d'un air satisfait.
— Il faut qu'on retrouve ce chamois blanc.
— Il a tout compris."

-C'est sûr que ça semble être la meilleure solution : nous nous rendons utiles tout en pouvant découvrir ce monde sans risques de revenir sur Toril alors que des siècles se sont écoulés. Il faut juste espérer que nous ne choisissons pas le mauvais camp...
Mais de ce qu'en avait dit Lola, dame Mahaut pouvait réellement être en quête de puissance. Sans compter que le prince, lui, ne voulait pas tuer le chamois..
-Je vais encore y réfléchir un peu. En attendant, continuons comme si de rien n'était et visitons le festival. Je suis sûr que les lieux intéressants ou amusants ne manquent pas.

La Couronne de Cuivre

[Quête] Escapade en Féérie