La Couronne de Cuivre

Son épée était plus puissance que la dague qu'il avait prêtée à Anita, et elle parvint à trancher -certes assez peu profondément- dans la chair du crocodile. La blessure se mit à saigner abondamment, ce qui sembla le rendre fou de rage. Il se jeta à nouveau à l'attaque.
Par chance pour Gabriel, ses acolytes -il compta au total quatre crocodiles- semblaient soudain beaucoup plus intéressés par leur congénère blessé que par la chair de demi-orque...

Gabriel profita de la curée pour s’éloigner du danger et rejoindre Anita. Malgré ses deux blessures, il se sentait prêt à défendre la vie de la jeune rôdeuse et la sienne. Son médaillon maternel lui transmettait la force et l’honneur de sa mère. Peu à peu son hérédité orque masquée par sa famille paternelle reprenait ses droits dans sa conscience, même s’il ne pouvait pas encore nommer cette branche originelle.

Anita s'était éloignée de quelques mètres seulement, sa dague ensanglantée à la main, et ses yeux fixaient l'autre "berge" de l'étendue d'eau, à quelques dizaines de toises seulement. Il l'entendit commencer une incantation.
Le regard perçant de Gabriel lui montra un groupe d'une demi-douzaine de personnes peut-être, dont deux avaient commencé à entrer dans l'eau et semblaient se trouver en difficulté pour avancer : il nota qu'ils avaient pris un itinéraire légèrement trop à gauche par rapport à celui suivi par Anita, et étaient probablement tombés sur un sol trop meuble où ils s'enfonçaient. L'un de leurs compagnons d'armes les aidait, un autre avait choisi de faire le tour de l'étendue d'eau, et un troisième semblait incanter.
Les deux sortilèges, celui d'Anita et celui de l'ithillien, furent lancés presque en même temps. Des racines et des lianes surgirent du sol, près du groupe d'humains, enserrant leurs jambes dans une étreinte solide. Seul celui qui avait commencé à contourner l'étendue d'eau restait libre de ses mouvements.
Anita se mit alors à avancer droit dans leur direction.

Gabriel vit Anita s’avancer vers le groupe des hommes pris dans la vase et les lianes. Ne sachant pas si elle avait remarqué le soldat épargné par son incantation, il prit l’initiative de le prendre en chasse et de le tuer. Une rage monta en lui à la pensée qu’une personne fasse du mal à la jeune femme. Ses sens étaient éveillés, il s’appuya sur eux. Il accepta ces sensations animalières et comme un fauve il se fixa sur sa proie et la chassa.

En l'occurrence, ce n'était pas réellement une chasse, ou du moins, le gibier était particulièrement coopératif et ne cherchait pas à fuir: l'homme se dirigeait droit sur lui. Il avait dans le regard un éclat tout aussi déterminé que celui de Gabriel. Il portait une cotte de maille une longue épée au fourreau.
Le terrain était accidenté, spongieux, mou, parfois envahi de racines, bref, dangereux. Ils ne pouvaient ni l'un ni l'autre se précipiter inconsidérément.
Et très vite, l'homme s'arrêta et commença à incanter. Gabriel eut beau accélérer l'allure, il ne put le rejoindre à temps.
Il était encore à quelques mètres lorsqu'un éclair de lumière jaillit des mains de l'homme et vint le frapper à l'épaule droite, lui causant une douleur fulgurante, atroce.

un dé20 ?

Gabriel fut arrêté net par la douleur. La plaie de son épaule s’était rouverte sous le choc du trait de lumière. Il serra les dents et instinctivement il posa sa main gauche sur l’articulation ensanglantée. Les rôles s’étaient inversés, il était devenu une proie vulnérable. Sa seule échappatoire était de piéger l’homme en utilisant l’instabilité du sol.

HRP : 10

Mais son adversaire était tout proche, et le sol entre eux ne présentait plus guère de pièges. Il s'avança de trois pas, dégainant son épée pour en frapper aussitôt Gabriel, en un geste souple, rapide et précis, qui trahissait une longue expérience du combat. Le jeune guerrier eut tout juste le temps de bondir en arrière pour esquiver. La seconde attaque, qui suivit immédiatement, l'obligea à rouler sur le sol : il se releva dans une flaque de boue et constata avec dépit que ses pieds adhéraient trop au sol et qu'il perdrait ainsi en réflexes.
Mais en même temps qu'il se redressait, son regard accrocha, derrière l'inconnu, une vision inattendue et inquiétante : Anita s'était avancée vers leurs adversaires au point d'être à son tour piégée par les racines. Elle ne semblait pas chercher à s'en défaire, se contentant de rester immobile, passive.

Gabriel pensa qu’elle avait fait exprès d’être prise dans les racines. Chaque action menée par Anita était toujours réfléchie. Mais dans l’immédiat il devait s’échapper des attaques de son adversaire. Il devait garder la distance et attendre une opportunité pour le déséquilibrer afin d'entrer en lutte. Malgré son bras invalide, le jeune guerrier pouvait utiliser l’avantage de son corps lourd et de ses jambes puissantes.

Le combat s'engagea, plus sérieusement, de façon relativement équilibrée. Gabriel avait l'avantage de son poids et de sa force, son adversaire avait de très bons réflexes, une très bonne technique de combat à l'épée et davantage de souplesse malgré sa propre armure. Et, surtout, il n'était pas blessé.
Ils frappèrent, à tour de rôle, d'estoc, de taille, esquivant, contre-attaquant. Gabriel écopa d'une entaille au bras mais atteignit son adversaire à la cuisse, qu'il blessa assez sérieusement.
Puis un loup bondit brusquement, jaillissant des roseaux. Gabriel reconnut le loup gris de Noah, qui tenta sans succès d’agripper la gorge de son adversaire, lequel esquiva sans trop de peine. Mais l'attaque l'avait distrait...

Gabriel reconnut Nuage avec gratitude. Son nouvel allié avait déconcentré son adversaire. Le jeune guerrier les jambes fléchies le buste penché en avant profita de cet instant d’inattention pour plonger les bras écartés sur le bretteur afin de le percuter et de le faire chuter sur le dos.

Il percuta son adversaire de tout son poids, et celui-ci fut projeté violemment au sol. Gabriel, plus fort et plus lourd, n'eut aucun mal à avoir le dessus. Son adversaire tenta désespérément de le désarçonner, de se libérer de l'étreinte, sans y parvenir. Gabriel pouvait aisément l'assommer, ou le tuer.
Le loup, quant à lui, s'était éloigné en direction d'Anita. Le sortilège que celle-ci avait lancé était arrivé à son terme et les ithilliens s'étaient libérés des racines : deux d'entre eux avançaient droit vers Gabriel et le loup semblait décider à les affronter.
Anita ne semblait pas bouger, mais Gabriel n'avait guère le temps de l'observer, concentré sur son propre combat.

Allongé sur son adversaire, Gabriel fit passer son bras gauche sous la tête puis appliqua son avant-bras droit sur la trachée de celui-ci. Comme les mâchoires d’un étau, les membres supérieurs du jeune guerrier enserrent le cou du bretteur jusqu’à l’hypoxie fatale.

Le visage de son adversaire devint rouge, de plus en plus sombre, tandis qu'il implorait, du regard, sa pitié. Puis ses yeux se voilèrent... et tout son corps de relâcha.
Lorsque Gabriel releva les yeux, il vit deux des assaillants qui s'éloignaient, encadrant Anita, docile, qui marchait d'un pas lent, saccadé, entre eux. Il était évident qu'elle n'était pas dans son état normal.
Le loup, Nuage, voulut se précipiter à leur suite, mais il fut projeté sur le côté d'un coup de pied violent et tomba avec un glapissement. Il restait trois hommes, face à Gabriel, tous portant armures et épée, dont deux portaient des casques qui leur conféraient probablement le pouvoir de voir dans l'obscurité. Et ces trois hommes semblaient déterminés à lui faire la peau.

Gabriel s’inquiéta quand il vit Anita suivre passivement leurs assaillants et Nuage couché sur le côté, blessé.
Le combat n’était pas fini, trois ennemis étaient face lui ; le jeune guerrier sentit sa fin proche mais il se mit en position de garde bien décidé à défendre férocement sa vie.

Les trois hommes se ruèrent sur lui. Ils contournaient l'étendue d'eau, et Gabriel avait quelques instants encore pour se préparer à affronter le choc
Puis il y eut une voix dans les roseaux, celle de Noah. Quelques mots psalmodiés. Des ronces jaillirent, agrippant les trois hommes, les enserrant dans une étreinte douloureuse qui leur arracha des cris de douleur et de rage.
" Je m'occupe d'eux, faites le tour par l'autre côté et filez récupérer Anita!", lança la voix déterminée du rôdeur.
Il était resté caché derrière les roseaux, invisible, et recommençait à psalmodier.

Concentré Gabriel n’entendit pas les incantations mais vit les visages de ses ennemis déformés par la douleur ainsi que leurs corps pris dans des lianes épineuses.
Soudainement leurs hurlements lui parvinrent. Il discerna la voix familière de Noah parmi les cris de douleur. Le rôdeur était caché, mais bien présent et combatif. Le jeune homme suivit ses indications à la lettre sans perdre de temps et prit le chemin où il avait vu Anita encadrée par deux ithilliens.

Les deux ithilliens et la jeune demi-drow avaient repris l'étroit sentier bordé de roseaux, et ils avaient déjà disparu à sa vue, masqués par les roseaux. Le chemin n'était pas très long avant de rejoindre le sentier principal qui longeait les marécages, où ils avaient probablement laissé leurs montures. Mais il était tortueux, et le moindre faux pas était dangereux : Gabriel pouvait donc espérer qu'ils n'avancent pas très vite. Il les entendait d'ailleurs, tout proches, devant lui.

Gabriel s’approcha des voix et chercha un endroit pour les observer. Il pensa qu’un des ithiliens avait des connaissances en magie et tenait Anita sous son contrôle. Il devait le repérer pour l’éliminer et ainsi libérer la jeune rôdeuse de son emprise.

Il avait sur sa droite une masse de roseaux compacte, impénétrable. Sur sa gauche, les roseaux étaient plus clairsemés mais il devinait le miroitement d'une surface liquide : y risquer un pas était dangereux... Il parviendrait sans doute à avancer en sécurité, en se montrant prudent. Mais il irait plus lentement que sur le sentier donc plus lentement que ceux qu'ils poursuivait.
Il se souvenait néanmoins que le chemin, loin d'être une ligne droite, avait fait plusieurs coudes, particulièrement marqués. Il devait donc être possible de couper à travers le marais sur sa gauche. En outre, il y avait suffisamment de roseaux pour réussir la manœuvre en restant dissimulé : le danger était plutôt sous ses pas.

Gabriel choisit le chemin de gauche bourbeux et instable pour pouvoir repérer le magicien et le surprendre plus loin sur le chemin. Prudemment, dès le premier pas dans le bourbier, il sonda le terrain avec le pommeau de son épée comme le lui avait montré Anita. Il pensa : « Les deux ithiliens pensent très certainement que je suis mort et ils ont dû relâcher leur garde. Mais lequel des deux la contrôle ? ».

Il dut progresser avec d'infinies précautions : le chemin était plus que boueux, il avait souvent les pieds dans l'eau et s'en extrayait avec un bruit de succion assez inquiétant. Heureusement pour lui, les deux ithilliens avançaient tout aussi prudemment -ou peut-être attendaient-ils leurs collègues. De là où il se trouvait, il ne les voyait guère, tout juste devinait-il les silhouettes entre les roseaux. Il devina que le premier portait une armure lourde, et que le second, plus svelte, plus souple, n'en portait probablement pas. Il entendait le cliquetis de l'armure et les quelques jurons qui leur échappaient lorsqu'ils mettaient par inadvertance un pied dans la vase. Cela lui permettait d'évaluer leur position, et il put les dépasser... et se retrouva subitement sur le sentier en bordure de marécages, là où ils avaient laissé leurs montures. Le petit groupe était encore dissimulé par les roseaux, mais ils sortiraient dans les secondes à venir.

Gabriel conclut que l’homme le plus svelte était celui qui contrôlait Anita. Il les avait distanciés et se retrouva devant les six montures de la troupe ithillienne. Certainement pour des raisons de sécurité, elles n’étaient pas attachées ; en effet, en cas d’une attaque d’un prédateur elles pouvaient s’enfuir.
Les ravisseurs étaient tout proches mais il les entendait jurer, concentrés sur leurs derniers pas dans le bourbier. Il avait l’avantage de la surprise. Le jeune guerrier prit immédiatement la décision de faire une diversion en faisant peur aux chevaux pour qu’ils détalent.
Il sortit son épée avec l’intention de frapper avec le plat de la lame la croupe du cheval le plus près de sa position, afin de pouvoir se cacher derrière les roseaux dans la suite.

HRP : En fait, il y a 3 chevaux : ils étaient 2 par montures (3 piétons rejoints par 3 cavaliers)

Le début du plan se déroula comme prévue. Frappé brutalement, le cheval surpris fit un bond de côté en poussant un hennissement sonore, puis s'éloigna au galop, effrayé. Ses congénères relevèrent la tête et eurent un instant d'hésitation. Ils s'entre-regardèrent d'un l'air anxieux en reculant prudemment, le front bas, soufflant par les naseaux et jetant des coups d'oeils paniqués autour d'eux. L'un d'eux enfonça sa jambe profondément dans la boue et hennit à son tour, paniqué, ne parvenant pas à s'en extraire. Leur congénère s'était arrêté à une centaine de toises, frappant le sol du sabot.
Les deux Ithilliens et Anita s'étaient arrêté net également. Ils étaient suffisamment près pour que Gabriel les entende.
" Il se passe quelque chose vers les chevaux..., souffla une voix.
- Je vais voir. Reste en arrière. Surveille-là."
Un bruissement indiqua que l'un des hommes approchait. Gabriel devina une silhouette massive, en armure, qui passait à quelques pas de lui.

Gabriel entendit l’ordre donné à celui qu’il croyait être un magicien par l'homme en armure. Il laissa passer l’imposant guerrier. Le jeune guerrier sentit son cœur s’accélérer en pensa à l’opportunité.
« Le magicien est isolé… Je vais pouvoir l’éliminer et libérer Anita. »
Le jeune guerrier, l’épée à la main, longea le sentier à l’abri des roseaux à sens inverse jusqu’au niveau du magicien.

Oups... oublié hier, désolée... (j'y ai pensé à une heure trop tardive, une fois au fond de mon lit)

Il n'eut pas à avancer loin : Anita et son gardien n'étaient qu'à quelques toises de l'extrémité du sentier. ce qui signifiait qu'il n'avait que quelques instants devant lui avant que l'homme en armure ne revienne ou ne les appelle.
Il vit Anita debout, les bras ballants, l'air ailleurs. Juste derrière elle se trouvait un homme petit et mince, qui semblait concentré, un peu nerveux, jetant des coups d'oeils de tout côté. Il ne portait pas d'armure, ni d'épée d'ailleurs, mais n'était pas non plus vêtu d'une de ces robes de mage aux motifs étranges : il portait un simple manteau fourré, sur des vêtements discrets.
Les roseaux qui séparaient Gabriel de son objectif étaient plantés en rangs épais, ce qui lui permettait de s'avancer sans être vu. Malheureusement, ce genre de plante était extrêmement bruyante : il lui serait impossible de s'approcher silencieusement. Les roseaux trahiraient sa présence. Cependant, il n'était plus qu'à moins de deux mètres...
La voix de l'homme en armure, déjà, les appelait.

Un dé20?

Gabriel vit l’homme nerveux sans protection, mais le guerrier venait de l’appeler. Il pensa : « c’est ma seule occasion de l’attaquer. Même si je ne le tue pas… il se déconcentrera, perdra le contrôle et Anita pourra s’enfuir ».
Le jeune guerrier prit le risque de trahir sa présence et se rua sur l’ithillien chétif, la pointe de son épée en avant prête à percer un passage entre les côtes de l’homme pour atteindre son cœur.

HRP : 20
Une chance inespérée...

Toi, t'as de la chance aux dés !

Il fendit le rideau de roseaux d'un bond, écartant la végétation sur son passage. L'inconnu, qui avait commencé à faire un pas dans la direction de son coéquipier, poussant Anita devant lui, se retourna aussitôt, brandissant sa dague.
Il n'eut pas le temps d'esquiver l'attaque et encore moins de la contrer. L'épée de Gabriel transperça sa cage thoracique et l'atteignit en plein coeur. Il s'écroula sans un mot.
Anita se retourna, perplexe, et battit des paupières, son regard errant de l'un à l'autre sans comprendre.

Gabriel parla doucement à la jeune femme qui reprenait ses esprits.
« Anita, vous étiez sous le contrôle de cet homme. Un deuxième ithillien se trouve un peu plus haut, bien armé. Nous devons l’éliminer. »

Il lui fallut visiblement quelques instants pour prendre conscience du sens de ses paroles. Elle finit par acquiescer, se tournant vers la direction qu'il indiquait, attentive.
Mais elle tourna brusquement la tête vers l'arrière.
" D'autres viennent. Par là."
Elle indiquait la direction où devaient effectivement se trouver les complices de l'Ithillien. Gabriel, lui, n'entendait rien, pour le moment. Mais il n'avait pas les sens aussi aiguisés que la jeune demi-drow.

Gabriel pensa à deux issues possibles et les exposa à Anita.
« Trois chevaux sont à quelques toises devant nous, mais il faudra se battre contre un guerrier lourdement équipé pour les voler. Il y a aussi la possibilité de repartir par les marécages… Vous sentez-vous capable de vous battre ?... ».

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Quelque part au nord des Landes