[Lieu] Peyregorde

[missElder]

Eldrina avait froncé les sourcils devant leur réaction, qui n'était clairement pas celle à laquelle elle s'attendait. Avait-elle dit quelque chose de drôle ? Était-ce si ridicule que cela ? Venait-elle encore de commettre un impair ? Elle ne comprenait sincèrement pas, et se demanda si elle devait s'en offusquer. Puis elle haussa les épaules. Après tout, ça les regardait. De son côté, elle avait envie de passer un moment avec Belette, d'évaluer la situation, de voir comment celle-ci réagirait à la présence du chat, de voir si elle trouvait le moyen d'attirer ou non un des rongeurs qui rôdaient parfois dans la cave ... et au pire, eh bien, elle aurait passé quelques minutes avec Belette et se serait bien amusée. Elle avait beau connaître globalement le mode de vie des belettes, elle n'avait cependant aucune idée de comment elle était censée en élever une et veiller sur elle, aussi cela ne lui semblait-il pas une si mauvaise idée. Il fallait bien commencer quelque part. Sur ces pensées, elle entra dans la cave sans plus attendre et sans mot dire, et repoussa la porte derrière elle, avant de jeter un oeil dans la pièce, le temps d'observer les lieux, leur organisation, de repérer le chat et de voir où elle mettait les pieds.

Elle passa la main sur la tête de Belette et la caressa un petit peu, avant de dire à voix basse :

- Eh bien, c'est parti, pas vrai, Belette ?

[Voyageuse]

La cave était de dimensions plutôt imposantes. L'endroit où elle pénétra était une sorte de cellier, avec les réserves de confitures, de farine, de miel, d'huile, de céréales et de légumes secs, entassées proprement sur diverses étagères. Plus loin se trouvaient les aliments qui avaient besoin d'un peu plus de fraicheur : oeufs, fruits, légumes, jambons et pâtés, fromages et lait. Une ouverture, au-delà, donnait sur une autre pièce où se trouvaient deux tonneaux de taille modeste. Du vin sans doute.

Belette fit preuve de bonne volonté : elle se laissa glisser au sol et fit quelques pas prudents, la truffe en l'air, flairant les odeurs inconnues. Mais elle ne comprenait visiblement pas vraiment ce qu'on attendait d'elle. La vision du chat bondissant sur un tonneau la fit remonter aussitôt dans la poche de sa maîtresse, affolée. Elle sortit cependant le museau, sa curiosité étant plus forte que sa crainte. Elles virent toutes deux le chat bondir brusquement sur le sol, derrière le tonneau, et Eldrina vit une bestiole grise à longue queue s'enfuir subitement, affolée, et disparaître derrière un autre tonneau, le chat à ses trousses. La poursuite fut de courte durée : la souris avait apparemment trouvé un abri hors d'atteinte. Et le chat se remit en chasse, longeant les murs, revenant vers les réserves du cellier. Belette, quant à elle, n'avait pas réagi, se contentant d'observer avec intérêt leur manège.
Une autre souris surgit bientôt d'une étagère -celle du fromage- et le chat, à nouveau, la prit en chasse, sans que Belette ne fasse rien d'autre qu'observer.

[missElder]

La réaction de Belette confirmait ses premières hypothèses : de toute évidence, celle-ci n'avait sans doute jamais appris à chasser, ni même vu un autre animal le faire sous ses yeux. Elle ne savait toujours pas dans quelles circonstances exactes sa mère fantômatique - qui n'avait sans doute pas été un fantôme toute la vie de Belette - l'avait élevée, mais cela semblait au moins clair. Puisque le mieux était d'apprendre par l'exemple et par la pratique, le simple fait qu'elle observe le chat avec intérêt était plutôt bon signe. Il ne servirait sans doute à rien de la forcer à se mettre en chasse, surtout si le chat l'effrayait ; de toute manière, elle laissait Belette agir à sa guise, qu'elle préfère rester dans sa poche ou qu'elle se décide à sortir. De son côté, il lui restait donc à tenter de voir si elle pouvait attraper une souris pour la donner directement à Belette et la laisser jouer avec elle. Elle avait plusieurs possibilités. Elle pouvait tenter de l'attraper elle-même, soit en prenant le temps de construire un piège rudimentaire, ou en tentant de trouver leurs repaires ou portes d'entrée sur le cellier et d'en appâter une avant de l'attraper ; ou bien en laissant le chat s'en charger pour elle. Elle jeta un regard autour d'elle, dubitative. Elle n'avait pas une éternité devant elle et certainement pas de quoi élaborer un vrai piège, à moins qu'elle n'aperçoive miraculeusement tout un tas d'outils et de matériaux, et cela représenterait peut-être trop d'efforts pour rien.

Le chat semblait bien parti, mais il fallait bien sûr envisager que la minette en question n'ait guère envie de voir Eldrina lui arracher sa proie. Il n'était guère surprenant de constater que les souris semblaient attirées par l'étagère à fromage, et la première avait réussi à se réfugier derrière les tonneaux, peut-être dans un endroit difficile d'accès pour le chat. Serait-il plus facile d'accès pour une demi-elfe ? Rien de certain. Elle commença donc par là où elle se trouvait, et essaya d'observer l'étagère à fromage, sans faire de mouvements brusques, histoire de voir si elle décelait le passage d'un autre rongeur, ou si elle pouvait repérer quelque chose comme une légère ouverture dans le mur, quelque chose qui indique par où les souris se déplaçaient.

[Voyageuse]

La cave était encombrée de récipients et d'objets en tout genre, et s'y cacher était aisé pour des souris. Eldrina ne vit pas d'autre rongeur, et ne put pas davantage trouver de petit trou dans le mur : il y avait trop de choses cachant la paroi, et les déplacer aurait à coup sûr fait fuir toutes les souris des alentours. Il n'y avait, bien sûr, pas de matériel pour fabriquer un piège : on était dans une réserve de nourriture, non dans un atelier.
Mais le chat, cette fois-ci, parvint à ses fins, et la rôdeuse entendit le couinement caractéristique d'une souris qu'on attrape par la peau du cou. La minette s'empressa de se diriger vers la sortie, son butin entre les crocs. La souris bougeait encore. Peut-être la chatte comptait-elle jouer un peu avec avant de l'achever... Ou peut-être avait-elle un jeune chaton à éduquer, après tout ?

[missElder]

Eldrina n'hésita pas longtemps en apercevant le chat passer devant elle avec sa proie. Belette n'avait pas l'air prête à se lancer soudain en chasse, elle-même était mal partie pour attraper quoi que ce soit : elle ne voyait guère ce qu'elle pourrait faire de plus sur les lieux, à moins d'y passer des heures - et elle avait tout de même d'autres choses à faire. Elle se souvint que Mylène avait mentionné "les chats" : cela voulait-il dire que plusieurs chats vivaient avec elles, ou simplement que la chatte qui s'éloignait présentement avec la souris qu'elle avait attrapée avait également des petits ? Après tout, il ne lui coûterait rien d'aller vérifier, sans doute. Elle jeta un dernier regard à Belette, au cas où celle-ci manifeste soudain une envie de sortir de sa poche et de s'égayer dans la cave ; puis elle comptait simplement ressortir de la cave en refermant derrière elle, et suivre tranquillement la minette. Si cette piste s'avérait tout aussi peu efficace, eh bien, il restait toujours le jambon sec de la mère de Mylène. Et elle en aurait retiré quelques informations, l'un dans l'autre.

[Voyageuse]

La mère de Mylène était dans la cuisine lorsqu'elle ressortit de la cave, et sourit en la voyant suivre la chatte, mais ne fait aucun commentaire. La minette, quant à elle, savait exactement où elle allait : elle sortit de la maison par une fenêtre ouverte et se dirigea vers la grange voisine -qui peut-être n'appartenait pas à la même maisonnée : c'était difficile à dire. Elle était quasiment vide en cette saison, mais on avait commencé à y entasser des balles de foin toutes fraîches : la période des foins avait commencé.
Eldrina entendit des miaulements aigus lorsqu'elle s'approcha, et trois adorables chatons vinrent à la rencontre de leur mère. Celle-ci déposa son butin sur le sol, juste devant eux. La souris blessée tenta de fuir, bien sûr. Une jolie démonstration de chasse s'ensuivit -affût, bond, immobilisation de la proie dans un couinement pitoyable de celle-ci, puis retraite suivie d'une nouvelle attaque. La minette finit par se mettre en retrait et les chatons, à leur tour, tentèrent maladroitement de bondir sur la souris. Belette, peut-être encouragée par la taille moins imposante de ces jeunes chasseurs en herbe, finit par se joindre naturellement à eux, sous le regard méfiant de leur mère, prête à intervenir pour chasser l'intrus... mais qui se contenta heureusement d'observer.

[missElder]

Intérieurement, la rôdeuse était ravie que Belette se sente plus en confiance et se soit approchée des chatons : c'était vraiment le meilleur scénario pour l'instant. Extérieurement, bien sûr, elle n'en montra pas grand-chose, ne voulant pas effrayer les chatons ou inquiéter leur mère. Elle resta donc à une bonne distance, suffisamment près pour pouvoir intervenir si jamais la mère décidait que Belette n'était pas la bienvenue, mais pas trop proche, et s'accroupit tranquillement, d'un geste posé, pour observer la suite des événements. C'était certes une belette unique, et elle n'avait pas oublié les propos de la dryade d'Aubépine - mais c'était aussi une toute jeune belette qui avait encore beaucoup à apprendre, et Eldrina serait ravie si leurs petites aventures de la matinée permettaient de lui faire découvrir un peu comment se comporter avec ses (futures) proies.

[Voyageuse]

La séance d'apprentissage se déroula relativement bien... au moins durant les premières minutes. Les chatons ne semblaient pas le moins du monde inquiets de la présence de la nouvelle venue. Ils avaient presque tous le même pelage, roux rayé de blanc, sauf l'un qui était tâcheté roux, blanc et noir. A côté d'eux, Belette, bien qu'un peu plus grande, ne détonnait pas avec son pelage blanc-roux. Elle parvenait sans efforts à se fondre dans le groupe.
Elle se mit en chasse, à son tour... et finit par bondir sur la souris, l'attrapant tout naturellement par le cou. Elle le serra entre ses crocs minuscules, faisant gicler un peu de sang... ce qui éveilla subitement la colère de la mère chatte, qui voulait bien accepter qu'un intrus assiste à la leçon du jour, mais certainement pas qu'il mange l'objet d'étude.
Belette fut donc chassée manu-militari, et se réfugia, penaude, dans la poche d'Eldrina.

[missElder]

Eldrina prit les choses avec un mélange de fatalisme et de bonhomie. Quelque part, il fallait s'y attendre, et elle n'était pas particulièrement surprise de la manière dont les choses semblaient se conclure. Belette avait fini par oser s'aventurer auprès des chatons, avait fait ses premières expériences avec une proie, avait laissé venir certains instincts et avait appris quelques petites choses - qu'elle ait été assez rapidement recadrée par la mère n'enlevait rien à ce constat. La rôdeuse décida donc qu'il n'était pas nécessaire d'essayer à nouveau, et de risquer d'exposer un peu trop Belette à la colère de la chatte. Elle se releva pour s'éloigner, et prit Belette dans ses mains pour la poser contre son épaule, le temps de la caresser un peu et la laisser se remettre de ses émotions.

Sortant de la grange, Eldrina fit quelques pas, songeuse. Il restait à nourrir Belette, et le mieux serait donc d'aller, en fin de compte, demander un peu de jambon sec à la mère de Mylène. Pour autant, elle ne regrettait pas son choix précédent. Belette avait appris plus de choses que si la rôdeuse s'était contentée de prendre le jambon ; et elle-même avait sans doute appris quelques leçons et trouvé quelques idées, par la même occasion. Elle se mit à réfléchir à la façon dont elle pourrait désormais nourrir Belette. Peut-être pourrait-elle mettre à profit l'arc offert à la Résidence et chasser quelques petits animaux ... Après tout, elle allait à présent devoir apprendre à se déplacer avec plus de provisions sur elle, et elle aurait la responsabilité de nourrir Belette, dont les besoins iraient croissants en grandissant ... Elle sentit soudain quelque chose d'étrange faire écho en elle à cette pensée ; quelque chose qu'elle ne saisissait pas vraiment, comme une intuition, une sensation diffuse.

Elle s'immobilisa, le temps de tenter de comprendre cette sensation. Celle-ci avait été éveillée par ses réflexions sur ses réserves de nourriture et elle tenta de s'accrocher à cette idée. Peu à peu, elle commença à ressentir une forme d'énergie nouvelle en elle, l'impression qu'elle comprenait un peu plus l'énergie, la force de la nature autour d'elle, et que si elle le voulait, elle pouvait se concentrer sur une de ces pistes. Ce qu'elle fit, se laissant imprégner de sensations nouvelles. Et soudain, sans vraiment y penser, sans vraiment y réfléchir, elle marmonna quelques syllabes, fit un petit geste, et une baie apparut dans sa main. [HRP : Eldrina lance Baies nourricières] Une baie. Une baie magique. Elle la regarda sans comprendre. Son maître lui avait pourtant bien expliqué que la magie n'était maîtrisée que par les rôdeurs plus expérimentés, et elle n'avait certainement pas le sentiment d'être beaucoup plus expérimentée qu'avant. Elle avait certes appris, vécu et peut-être mûri, mais ... ça n'arrivait pas comme ça, du jour au lendemain.

Elle regarda à nouveau la baie. Se sentit encore plus perplexe lorsqu'elle réalisa que, non content d'avoir intuitivement su comment la faire apparaître, elle savait aussi intuitivement qu'elle pouvait la donner à Belette ou à peu près n'importe qui et qu'elle serait tout à fait nourrissante. Elle hésita un instant, ne sachant comment interpréter ce fait étrange ni comment y réagir, puis décida qu'elle sentait plutôt excitée de ce nouveau rebondissement qui, pour une fois, était plutôt positif, et tendit la baie à Belette en espérant qu'elle lui plaise.

[Voyageuse]

HRP @ missElder : en fait le sort fait apparaitre une ou plusieurs baies... elle aurait même pu en goûter une elle-même, avec un peu de chance aux dés

Pour Eldrina :

Belette n'hésita pas une seconde, et dévora gloutonnement le fruit. Certes, il était un peu trop gros pour son gosier, et elle fit gicler une partie du jus en essayant de l'écraser entre des petits crocs. Mais vu sa petite taille, il devait en rester largement assez pour la nourrir.
Elle se laissa ensuite glisser le long du bras d'Eldrina, et bondit au sol, débordante d'énergie. Elle avait cependant présumé quelque peu de ses forces, et l'atterrissage fut un peu plus brutal qu'escompté. Mais elle roula sur le sol et se redressa, un peu hébétée, avant de se précipiter ventre à terre vers la grange d'où elles étaient sorties. Puis elle pila soudain et fit demi-tour, se souvenant probablement de la chatte en colère, et se précipita à toute allure dans la direction opposée, frôlant Eldrina au passage sans la laisser l'attraper. La rôdeuse devinait, à travers leur lien naissant, une envie folle de s'amuser.
En se retournant pour la suivre du regard, elle aperçut, de l'autre côté de la cour, quatre personnes en train de discuter : Mylène, sa mère, Kasumi et sa compagne. C'est vers le rôdeur que se précipita Belette, l'escaladant sans vergogne jusqu'à l'épaule, avant de tenter de redescendre.

***

Pour Kasumi :

Le rôdeur n'eut pas le temps de se retourner pour voir ce qui avait attiré l'attention de Mylène. Il sentit subitement une bestiole lui grimper le long de la jambe, agrippant ses petites griffes dans le tissu de ses vêtements, puis dans son dos. En une seconde à peine, elle était sur son épaule et faisait mine de vouloir redescendre le long de son bras. Il eut le temps de reconnaître la fourrure blanche et brune d'une jeune belette.

[missElder]

HRP : c'est bien ce que j'avais compris, mais j'ai décidé qu'Eldrina y allait doucement avec toutes ces choses mystérieuses

La rôdeuse avait souri en constatant que la baie semblait convenir à Belette, et derechef en réalisant son énergie débordante. En voilà une qui semblait satisfaite de leur matinée, ce dont Eldrina ne pouvait que se réjouir. Elle jeta un oeil à sa main vide dans laquelle se trouvait encore, quelques secondes auparavant, la fameuse baie. Il faudrait qu'elle prenne un temps à elle pour cogiter à tout cela et voir si elle pouvait également faire d'autres choses de ce genre, maîtriser d'autres formes de magie ... Une perspective aussi intrigante qu'excitante, même si elle ne saisissait toujours pas tout à fait la situation. Mais pour l'heure, elle avait d'autres priorités, et elle remisa ces pensées avant de s'avancer vers le petit groupe, à la fois pour les saluer et pour garder un oeil sur Belette, qui semblait prête à virevolter partout.

[Kasumi]

Kasumi fut à peine surpris par cette manifestation inattendue et enthousiaste : il sourit et s’accroupit tout en tendant le bras pour offrir à la belette une pente douce jusqu’au sol. Visiblement, le jeune animal débordait de vitalité. Le demi-elfe l’observa du coin de l’œil avec attendrissement mais veilla à ce qu’il ne s’attire pas d’ennui. Quand on avait cette taille et cette vivacité, un accident était malheureusement bien vite arrivé.

[Voyageuse]

Belette se laissa glisser au sol, escalada la jambe de Mylène avant de changer d'avis, et revint finalement vers sa maîtresse pour aller se glisser dans sa poche, sous l'oeil un peu éberlué de la mère de Mylène. Sylvia, la compagne de Kasumi, semblait plutôt hilare, mais reprit vite son sérieux.
" Bon... je suppose que vous allez y aller..., fit-elle avec une légère grimace en regardant alternativement Mylène et Kasumi.
- Bien sûr, répliqua Mylène ! Ça fait bien trois heures que j'attends, je commençais presque à m'inquiéter !"
Le ton, léger, démentait les paroles.
" Et vous... vous partez aussi maintenant ? Pour Luménis ?", questionna la mère de Mylène en se tournant vers Eldrina.

[missElder]

Les acrobaties de Belette avaient rempli la rôdeuse de joie, et elle savourait une fois de plus la sensation, finalement encore récente, d'avoir un être dont elle était proche, plus que quiconque, et dont les aventures pouvaient lui susciter autant d'émotions. Quoique les réactions de la mère de Mylène, et de la compagne de Kasumi, indiquaient qu'elle n'était pas la seule à trouver Belette attachante. Elle n'avait absolument aucune idée de ce dont son futur serait fait, mais il s'annonçait plein de découvertes, entre ses expérimentations magiques et son lien croissant avec Belette.

Et puisqu'on parlait de futur ... elle acquiesça à la question qui lui était posée.
- Oui, fit-elle simplement. Il était temps d'aller prendre des nouvelles à la ville.

[Kasumi]

Kasumi avait profité de la conversation pour un dernier geste tendre envers Sylvia qu'il avait doucement pris par la taille. L'heure de s'en aller était maintenant toute proche et il ne voulait pas que sa fiancée puisse penser que cela le réjouissait de repartir aussitôt. Toujours est-il qu'il manifesta un peu d'enthousiasme à l'égard de Mylène :

- Je vois que ton sac est aussi lourd que d'habitude, je parie que tu viens à peine de le boucler !

Puis il salua l'autre rôdeuse avec amabilité :

- Bonne route à vous. Vous serez la bienvenue si vous souhaitez revenir au Bosque un jour.

[Voyageuse]

Mylène se tourna vers Eldrina.
" Je peux au moins vous indiquer la route à suivre jusqu'à Respelm. Vous sortez du village par l'ouest, et vous suivez la petite route qui longe plus ou moins la forêt, vers le sud-ouest. Une fois à Respelm, vous allez retrouver la route qui va vers Luménis. Mais vous connaissez déjà..."
Sylvia avait elle aussi glissé un bras autour de la taille de Kasumi, et affichait un sourire un peu contraint. Elle se mêla néanmoins à la conversation.
" Si vous partez maintenant, vous y serez ce soir, à pied.
- Et vous allez emmener quelques provisions pour la route, bien sûr, s'exclama la mère de Mylène. J'espère que tu n'as pas tout pris ? questionna-t-elle d'un ton alarmé en se tournant vers sa fille.
- Bien sûr que non ! Sinon Kasumi se moque de mon sac trop lourd... J'ai laissé presque la moitié de ce que tu avais préparé.
- Alors je vais vous l'envelopper..."

[missElder]

Eldrina salua Kasumi en retour. Le rôdeur-prêtre avait été très sympathique avec elle et elle s'aperçut qu'elle avait eu grand plaisir à voyager un peu avec son apprentie et lui, même s'ils n'avaient que peu eu le temps de discuter. Et le Bosquet d'Aubépine avait été une très bonne découverte au milieu de la noirceur de la Forêt ; elle devait à Belette de l'y avoir conduite, mais le lieu devait à Kasumi d'être dans l'état dans lequel il était à ce jour, et elle était heureuse de connaître un tel endroit dans la forêt et de savoir qu'elle pourrait y retourner si besoin.

- Merci, fit-elle simplement, ne sachant pas trop comment exprimer tout cela à voix haute. Bonne route à vous deux.

Elle sourit à Mylène et la remercia de la tête pour ses indications ; effectivement, une fois parvenue à Resplem, elle connaissait le trajet. Et puisque la jeune femme l'avait prévenue à l'avance, elle ne s'étonna pas de l'intervention de sa mère, et ne tenta pas de s'y opposer - elle avait déjà vu comment son hôtesse avait tenté de l'empêcher de l'aider à débarrasser, la veille, alors autant la laisser faire ce qu'elle souhaitait.

- C'est trop généreux ... mais je, merci. J'en ferai bon usage.

[Kasumi]

Kasumi préféra éviter de nouvelles effusions qui auraient rendues le départ plus douloureux. Il se contenta donc de sourire à Sylvia et de saluer la mère de Mylène avant d'entraîner cette dernière vers la route menant à la forêt puis vers le Bosquet sacré. Ils avaient beaucoup de chemin à effectuer et un druide à convaincre. Plus tôt ils partiraient, plus grandes seraient leurs chances de trouver un bivouac acceptable pour leur première nuit d'expédition.

[Voyageuse]

Sylvia fut peut-être un peu déçue de ce départ si rapide. Elle s'efforça de ne rien montrer de ses sentiments, mais Kasumi la connaissait suffisamment bien pour deviner sa frustration. Elle se retint probablement de l'embrasser une dernière fois, se contentant d'un signe de la main et d'un regard qui en disait long.
Mylène, quant à elle, se retourna à peine vers sa mère pour un vague sourire, et emboîta le pas immédiatement à son mentor, en direction de la forêt et du bosquet d'Aubépine.

La mère de Mylène suivit des yeux sa fille un moment, semblant avoir presque oublié la présence d'Eldrina et les provisions promises. Il ne restait plus à la rôdeuse qu'à récupérer ses affaires -et les provisions qui devaient l'attendre sur la table de la cuisine- avant de se mettre en route à son tour.

HRP : Kasu, je te laisse poster à Aubépine et mettre le lien ?
missElder, tu réponds encore une fois ici ?

[missElder]

Fidèle à elle-même, Eldrina ne chercha pas à discuter plus avant avec la mère de Mylène, ni avec la compagne de Kasumi, ne voulant pas s'immiscer dans leurs vies, et se dirigea tranquillement vers la maison, prête à emporter ses affaires et éventuellement récupérer les provisions mises de côté par son hôtesse, si elle les trouvait facilement. Elle ne comptait pas insister dans le cas contraire. La rôdeuse passa la main dans sa poche et caressa la tête de Belette, un geste qui commençait à devenir familier pour elle.

[Voyageuse]

Elle trouva sans peine les provisions en question, d'autant que la mère de Mylène surgit brusquement derrière elle, dans la cuisine, en s'exclamant qu'elle n'allait tout de même pas partir comme ça.
Et elle se retrouva ainsi avec beaucoup plus de provisions qu'elle l'aurait souhaité : un quart de jambon sec, du pâté soigneusement enveloppé, de la confiture, des légumes frais du jardin, et du fromage. De quoi alourdir son sac bien plus que nécessaire : elle n'avait pas de monture pour l'aider à le transporter... Mais refuser n'était pas envisageable.
C'est donc avec un sac bien rempli qu'elle prit la route de Respelm.

[Voyageuse]

Quête : des hommes et des loups

L'approche de la civilisation avait été perceptible, de loin, au bruit des cognées des bûcherons, un peu plus au sud. Puis il y avait eu les cris d'oiseaux, plus nombreux, plus joyeux, et la lumière dorée de la fin de l'été qui perçait davantage les frondaisons. Première Neige semblait indécise quand à la conduite à tenir. Kasumi la devinait inquiète, se souvenant de sa mission pour la meute et désireuse de rejoindre les siens, et souhaitant, en même temps, ne pas le quitter.
Mylène, quant à elle, n'avait pas décroché un mot de tout le trajet, se contentant de lui suivre en silence.
Première Neige, qui marchait en tête, s'arrêta à l'orée des bois, lui signalant que tout était normal devant eux... et attendant visiblement des consignes sur ce qu'elle devait faire désormais.

[Kasumi]

L'humeur rétive de Mylène occupait une partie des pensées du rôdeur mais les hésitations de Première Neige le renvoyèrent à d'autres inquiétudes. Depuis quelque temps, il sentait que la communication qui leur était auparavant naturelle et instinctive réclamait plus d'efforts. Certes, on pouvait attribuer son comportement à la découverte d'une nouvelle meute et à la proximité du village que tous les loups avaient appris à craindre.

Avant d'avancer et bien que l'envie de retrouver Sylvia prédominait, il prit le temps de se pencher vers sa louve pour la rassurer. Si elle pouvait rester près de la cabane et la garder pour lui, il lui en serait reconnaissant. Il ne tarderait pas à venir la retrouver pour repartir dans les contrées sauvages. Pour gérer la fin de leur mission.

[Voyageuse]

Tandis qu'il caressait doucement sa louve, il entendit un cri aigu dans le ciel, et un faucon piqua droit sur lui, pour venir se poser sur son épaule. C'était le faucon de Sylvia. Il repartit aussitôt en direction du village, après un léger coup de bec -peut-être affectueux- contre la joue de Kasumi.
Première Neige, quant à elle, semblait décidée à lui obéir, et s'en alla en trottinant en direction de la cabane que Kasumi devait finir de rénover. Il devina cependant, dans les sensations qu'elle lui renvoyait, qu'elle ne l'attendrait pas indéfiniment...
Mylène n'avait toujours pas parlé, et regardait le village avec une répugnance visible.
" Et maintenant, il va falloir que je fasse semblant que tout va bien", marmonna-t-elle, plutôt pour elle-même que pour son mentor.

[Kasumi]

C'est son mentor et non sa conscience qui lui répondit calmement mais sans circonvolutions inutiles :

- Non. Il n'y a plus lieu de taire ce qui s'est produit. D'ailleurs je ne vois pas comment tu pourrais cacher ce que tu ressens à ceux qui te connaissent. Comprend-moi, nous ne pouvions pas évoquer Yvan tant qu'il constituait une menace pour le village. Si nous l'avions fait, j'aurais eu bien moins de latitude pour agir. Maintenant qu'il s'est éloigné et que nous avons un début de solution pour lui rendre la paix qu'il méritait, je t'encourage à en parler au moins à ta mère. Telle que je la connais, elle sera folle d'inquiétude. Mais peut-être moins que si tu ne lui dis rien.

[Voyageuse]

HRP : désolée, je n'avais pas vu la réponse...

Mylène acquiesça, silencieuse, songeuse.
" C'est surtout... à son père, non, qu'il faudrait en parler ? Mais ce n'est pas mon rôle, je crois. Je ne saurai pas... je ne saurais pas quoi lui dire. Mais c'est lui qui devrait savoir en premier. Avant que ça s'ébruite. Parce que ma mère, elle va en parler, je la connais... Il ne faut pas qu'il l'apprenne par la rumeur."

[Kasumi]

Voilà une conversation qu'il n'était pas pressé d'avoir... Mais Mylène avait parfaitement raison : il avait pris des décisions qu'il estimait juste concernant Yvan mais il les avait prises seul, de peur de se confronter à une volonté opposée. Finalement, seule Mylène avait eu de l'influence sur les plans qu'il avait échaffaudés jusque-là. Cela n'avait pas été sans rajouter des difficultés à la situation mais c'était assurément pour un mieux : il n'avait pas sombré dans la facilité coupable et pouvait estimer avoir tout tenté pour sauver une vie. Aujourd'hui, il pouvait aller parler à son père avec bien moins de crainte que la conversation ne tourne mal.

- Je devrais te remercier. Pour m'avoir empêché d'envisager une solution radicale. J'irai informer son père : il a le droit de savoir et je n'aurais pas dû le laisser à l'écart aussi longtemps. J'espère seulement qu'il ne le prendra pas trop mal : lui aussi aurait sana doute aimé parler à son fils avant que nous l'emmenions loin d'ici.

[Voyageuse]

Mylène haussa un sourcil, l'air stupéfaite.
" Vous voulez dire que... que si j'avais pas été là, vous auriez pu le tuer ? Vous auriez vraiment fait une chose pareille ? C'est... c'est un être humain !"
Son ton avait monté vers les aigus et on devinait sa colère.
" Enfin... pas tout à fait... c'était... mais il l'est encore, quelque part, ajouta-t-elle d'une voix rauque, avant de conclure d'un air buté : Et si vous l'aviez tué, j'vous aurais pas pardonné. Son père non plus..."

[Kasumi]

Contrastant avec son apprentie, Kasumi répondit d'une voix calme. Il comprenait la réaction de Mylène en essayant d'imaginer ce qu'il aurait pu ressentir si Sylvia avait été dans la position d'Yvan.

- Si tu ne m'avais pas offert un moyen de l'approcher comme nous l'avons fait, peut-être n'aurais-je pas eu d'autre choix pour éliminer la menace qu'il représentait pour les villageois et les voyageurs de passage. Mielikki ne cautionne pas le meurtre bien entendu mais j'aurais dû agir d'une façon ou d'une autre, quitte à être détesté.

[Voyageuse]

" Mais... c'est pas juste ! Ça veut dire qu'il n'a pas le droit de changer, pas le droit à une deuxième chance ? Qu'il vaut mieux éliminer la menace, en prévention? Je sais bien qu'il pouvait être dangereux... Mais vous dites que Mielikki ne cautionne pas le meurtre... et ça en serait un pourtant ! Alors ce serait contraire à votre religion, non ? Et c'est aussi contraire à Lathandre, de ne pas donner une autre chance..."
Derrière l'indignation dans son ton, Kasumi devinait une réelle volonté de comprendre.