La Couronne de Cuivre

" Je ne voudrais pas faire concurrence au Castel, répliqua-t-elle en souriant à Byron. D'ailleurs, ça me fait penser que j'aimerais assez avoir la recette du vin de trèfle..."
Un sourire de façade, et quelque mots sans importance, pour échapper à la tristesse qui lui étreignait le coeur depuis que Byron lui avait demandé comment elle allait. Il fallait qu'elle se concentre sur autre chose... Manger, bavarder avec Byron et Dymphéa de tout et n'importe quoi, jouer la comédie le temps que cette stupide envie de pleurer reflue. Elle tiendrait le coup, d'autant qu'elle était sincèrement heureuse de retrouver Byron. Mais sur la route du retour, il faudrait qu'elle prenne le temps de laisser toute cette tristesse s'évacuer. Bien sûr, elle passerait par le bosquet sacré où elle avait rencontre la dryade, et ça lui ferait sûrement beaucoup de bien. Mais ça ne suffirait pas forcément, et elle ne pouvait pas se contenter indéfiniment de l'enfouir au fond d'elle et jouer la comédie. Il fallait qu'elle prenne le temps nécessaire pour soigner ces blessures de l'âme.

La soirée se déroula tranquillement au coin du feu. Les centaures refusèrent l'oie qu'avait attrapée Astrée, la lui laissant pour son voyage, et Dymphéa et Byron firent attention de parler en commun avec Astrée pour ne pas qu'elle se sente mise à l'écart. Les enfants centaures se couchèrent tôt, suivis par Byron qui voulait partir tôt pour la suite de son périple. Il s'installa une couche hors des tentes, laissant les femmes entre elles. Ensuite, le feu se réduisit peu à peu, jusqu'à devenir rouge et il fut temps pour chacun d'aller rejoindre le pays des songes.

Astrée interrogea Byron sur la suite du périple en question, par pure curiosité. Elle alla se coucher peu après lui, espérant pouvoir se lever le lendemain matin pour lui dire adieu. Elle se doutait qu'elle ne le reverrait sans doute pas de sitôt, puisqu'elle devait repartir elle aussi. Et cette simple pensée la replongea dans des abîmes de tristesse, signe que sa souffrance était encore bien trop prégnante. Mais elle ne pouvait pas non plus continuer à tergiverser indéfiniment : elle n'avait plus rien à faire ici, les centaures avaient besoin d'être seuls durant les mois à venir, et même si quitter ses amis pour retrouver le vide de sa vie la rebutait, elle n'avait guère le choix.
Pour tenter de réprimer cette tristesse, elle essaya de se concentrer sur des projets pour la belle saison. Fuir Luménis, c'était certain. Eviter de croiser Kasumi. Peut-être rentrer dans son abri des montagnes, mais trop de souvenirs l'y attendaient qu'elle n'avait pas forcément envie d'affronter. Aller explorer la Lorien pouvait être un bon dérivatif. Ou partir à la rencontre d'autres hardes de centaure, si elles acceptaient sa présence, pour leur donner des nouvelles de celle-ci et surtout pour savoir si elles aussi avaient une pierre, un shaman, ou si elles fonctionnaient différemment...
Mais elle comprenait, au fond d'elle, qu'à travers ces embryons de projets, elle ne pensait qu'à fuir, encore et toujours. Mais en même temps, s'occuper constamment l'esprit le temps que les blessures cicatrisent était aussi une bonne stratégie.

A l'aube, Astrée retrouva Byron près du feu. Il faisait encore gris, humide et froid, mais le gruau matinal bouillonnait déjà sur la flamme, et le centaure souris l'accueillit d'un sourire calme et reposé. Il portait déjà une veste de voyage et avait déjà rangé sa couche dans son balluchon. Il lui servit une bonne portion de céréales fumantes ainsi qu'un bol de thé parfumé. Elle aussi, il le devinait, avait de la route à faire.

Astrée salua le centaure avec un sourire un peu embrumé, et accepta avec reconnaissance le bol de gruau. Elle avait fini par prendre goût à cette étrange mixture épicée au goût de pommes. Peut-être devrait-elle demander la recette, finalement.
" Alors, tu es déjà debout ? Prêt à partir sur les chemins, encore ? A croire que tu ne te reposes jamais..."
Elle commença à avaler son thé à petites gorgées. Il faisait frais, et la boisson chaude était bienvenue.

Byron sourit.
" N'oublie pas que je suis taillé pour ça. Le meilleur de la harde, choisi pour remplir ce rôle. Je n'ai pas de mérite : c'est dans mon sang. Et la situation actuelle me donne des ailes... Je suis sûr que si les centaures volants existaient, je me serais déjà élancé dans le ciel !"

Astrée rit joyeusement.
" Je vois bien que tu adores galoper de lieu en lieu, de groupe en groupe, porter les messages et les nouvelles... C'est ta nature, c'est évident. Mais je ne sais pas...tu n'as pas de compagne ? Quelqu'un qui t'attende quelque part, auprès de qui tu puisses te poser quelques jours, quelques veilles, voire quelques mois de temps en temps ? Ou tu es trop jeune pour te poser déjà ainsi, peut-être ?"
Hum... La question lui était venue naturellement, mais elle était consciente d'aborder là un terrain glissant, pour elle-même.

Il sourit.
" Je n'y ai jamais songé, et je dois dire que... ça ne m'intéresse pas tellement, en ce moment. J'ai toujours eu beaucoup à faire, beaucoup trop pour me soucier de ce genre de choses... Un messager ne se pose jamais et son devoir passe avant tout. C'est un rôle... relativement incompatible avec ce genre de considérations, en fait."
Il haussa les épaules.
" On verra, à présent que les choses sont plus ouvertes. Mais pour l'heure, je ne suis pas pressé."

Et pourtant le messager précédent avait bien trouvé le temps d'avoir une épouse, et des enfants... y compris en fécondant d'autres femmes choisies par la harde.
" J'imagine qu'il faudra bien un jour qu'à ton tour, tu contribues à perpétuer ta race, la souche particulière dont tu es issu... Enfin, si je me souviens bien des explications de Dymphéa et Neffen. Mais tu as raison, tu as toute la vie devant toi pour cela, et tu as un rôle passionnant à remplir..."
Astrée sourit.
" Penses-tu avoir retrouvé tout le monde dans la vallée, où es-tu encore à la recherche des derniers rescapés ? J'espère que les Montequins n'ont pas réussi à faire des victimes supplémentaires dans les derniers jours. Et puis, il y a les quelques captifs rescapés de l'esclavage qui ont fui vers les bois sitôt libérés... Ça te fait beaucoup de groupes à voir, à garder en relation ?"

" Je ne me suis pas fixé d'objectif précis, je dois dire. Je vais où le vent me porte, quand je trouve des traces, des signes de passage. Il y a des groupes que j'ai repérés mais avec lesquels j'ai à peine parlé... Je n'ai pas de rôle précis à jouer. Je me laisse le temps de voir comment les choses vont se passer. Je vais sans doute aller parler avec les centaures de Montequine pour voir comment ils envisagent l'intervention éventuelle à réaliser auprès de ceux qui se sont enfuis en forêt. A mon avis, la faim les ramènera vers le village, ce qui n'est pas plus mal dans un premier temps. A moins que ce soient d'anciens sauvages... Ils retrouveront alors facilement leurs habitudes... Nous verrons bien."

" Je pense que beaucoup sont d'anciens sauvages... mais après tout, je n'en sais rien. En tout cas, je suis heureuse que les choses s'annoncent bien pour vous tous. Et pour toi en particulier. Ah, quand tu retourneras vers le village, j'aimerais que tu salues Mara de ma part. Elle m'a bien aidée lors de mon dernier passage dans les murs, et je ne compte pas repasser par là-bas. Je vais plutôt repartir par la même faille que Sheldon, c'est moins risqué. Et ensuite... et bien, peut-être que j'irai rencontrer d'autres hardes pendant l'été, du côté de la vallée du Nirvana ou de la Lorien. Je dois dire que ça me tente bien de voyager par là-bas. Est-ce que vous aviez, parfois, des contacts entre hardes ? Est-ce que tu sais où elles se trouvent ?"

Byron secoua la tête.
" Non, personnellement, je n'ai jamais eu contact avec quiconque, et je ne crois pas que ce soit le cas de la plupart des gens de ma génération. Maintenant, il est probable que ma mère en ait connu, dans sa jeunesse... La vallée du Nirvana est vaste, et on y trouve dragons et licornes... alors des centaures, ma foi, c'est presque ordinaire."
Il sourit.
" J'imagine qu'en interrogeant les gens, en bordure de la Lorien, tu trouveras facilement ce que tu cherches."

" Je verrai sur place, oui... Et je demanderai à Dymphéa."
Des dragons et des licornes... voilà qui lui donnait rudement envie d'aller explorer ce coin de l'île. Elle aurait presque eu envie d'interroger Reynald à ce sujet : il devait savoir des tas de choses... Mais non, il ne fallait surtout pas penser au Sorlyn. Le simple fait que cette idée l'ait effleurée fit remonter une vague de tristesse qu'elle chassa aussitôt, se concentrant sur la conversation.
" Toutes ces choses passionnantes à découvrir, par là-bas, ça fait envie. Je reviendrai te raconter, et prendre des nouvelles d'ici. Peut-être l'année prochaine. Les voyages sont longs, et moi je ne sais pas me téléporter."
Mais pourquoi fallait-il que tant de choses la ramènent indirectement à Reynald ? Elle poussa un soupir, plus profond qu'elle ne l'aurait voulu.

" Ce n'est pas plus mal, dit Byron avec le sourire, sans relever le soupir de la jeune femme. Comme le disait toujours mon père, dans la vie, c'est le voyage qui compte, pas la destination. Imagine tout ce que tu ne verrais pas en bondissant d'un lieu à l'autre ! Il vaut mieux réserver ces moyens magiques au cas de force majeure. Pour le reste, nous avons des jambes pour marcher et courir, autant les utiliser."

" Oui, tu as raison. Enfin... je vais tout de même nettement moins vite que toi. Tu galopes sûrement deux fois plus rapidement que Prince, et comme souvent je marche pour le décharger, on n'avance pas vite... Mais après tout, j'ai du temps devant moi, rien ne presse, et chevaucher à travers la Trouée est bien agréable. Tu peux être sûr, en tout cas, que je reviendrai vous voir régulièrement... Et peut-être même que je resterai un peu, quand les choses seront stabilisées, pour apprendre votre langue."
Elle avala la dernière cuillerée de son bol de gruau.
" Et toi, tu vas en direction du village, là ?"

" Oui. C'est là que les choses se passent, en ce moment. A présent que tous les humains sont partis, il va falloir que nous gérions leur héritage... matériel comme spirituel."
Dymphéa vint se glisser à leurs côtés et elle étreignit une seconde son fils, le visage emprunt d'une admiration non dissimulée. Elle ne dit cependant rien, au delà des salutations d'usage.
" Je ne vais d'ailleurs pas tarder."

Astrée hocha la tête.
" C'est bien que tu sois présent là-bas pour représenter ceux de la harde... enfin, les centaures sauvages. Je parie que tu sauras faire tomber tous leurs préjugés. Et je suis sûre que tu pourras y contribuer aussi, Dymphéa, ajouta-t-elle en souriant à la centaure. J'avoue que j'ai hâte de revenir pour voir à quelle vitesse tout va évoluer ici."
Elle se leva. Elle savait que Byron devait partir, qu'il ne pouvait pas s'éterniser indéfiniment. Mais elle sentait l'émotion l'envahir : elle avait décidément du mal avec les adieux, ces temps-ci. Elle s'obligea à faire bonne figure, à sourire.
" Mais je sais qu'il est temps que tu partes, et je ne te reverrai pas avant des mois et des mois... Alors je te souhaite une bonne route. Prends le temps de profiter du printemps, de la vie..."

Byron se leva également et lui sourit.
" J'en ai bien l'intention. Comme je te l'ai déjà dit, je pense que nous avons tous besoin... d'espace et de temps, désormais. Je ne vais pas chercher à aller plus vite que les autres. Sauf en galopant. Mais ce n'est pas la même chose."
Dymphéa s'était levée, elle aussi, mais elle était parfaitement tranquille. Après tout, c'était juste un au revoir... beaucoup moins risqué désormais que toutes les séparations des mois précédents.

" Profite, profite... En tout cas, je tiens à te dire que ça a été un plaisir de voyager avec toi jusqu'à Luménis. Grâce à toi, j'ai découvert une auberge extraordinaire, je dois dire... sauf qu'ils m'ont déconseillé fortement d'y revenir sans toi, mais bon, c'est un détail. Et puis, tu as eu un succès fou là-bas, il faudra que tu racontes tout ça à ta mère, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. D'ailleurs je penserai sûrement à toi chaque fois que je passerai devant le temple des sunites. C'est à dire pas très souvent, en réalité. Mais juste assez pour me souvenir de revenir régulièrement vous voir."
Elle sourit, consciente qu'elle multipliait les paroles avant tout pour se distraire de l'émotion latente au fond d'elle, et lui prit les deux mains pour le saluer.
" Mais bref... Passe un bon été, Byron... et sûrement à un de ces jours."

" Bon été à toi aussi, Astrée. Je suis heureux que nous ayons pu te faire découvrir un pan de monde dont tu ignorais tout... et heureux surtout que le destin ait porté tes pas jusqu'à notre vallée... Sans toi, j'aurais perdu la vie... ou la raison. Sans toi, il n'y aurait plus de centaures libres dans les montagnes."
Il lui serra les mains puis les lâcha.
" Mais ce n'est qu'un au revoir."
Il fit un pas en arrière, sur le point de s'élancer.

" Au revoir", lança-t-elle au moment où il s'élançait au galop.
Elle le regarda disparaître, rapidement caché par la végétation, et poussa un soupir. Il était temps pour elle de faire ses adieux aux centaures, de repartir. Elle était consciente que ce départ n'aurait pas dû lui peser autant, qu'elle ressentait les choses de façon trop marquée, trop négative. Mais c'était ainsi, et elle n'y pouvait pas grand-chose.
" Il a tellement changé par rapport à ce qu'il était quand je l'ai connu. En si peu de temps, c'est fou", fit-elle remarquer à Dymphéa avec un sourire, refoulant au fond d'elle toutes les émotions négatives qui ne demandaient qu'à s'exprimer.

" Tu l'as connu prisonnier, misérable et effrayé. Tu l'as connu dans l'urgence. Mais Byron a toujours été un être d'énergie et de mouvement. Il est libéré, quelque part, par la résolution de cette crise interminable. Il peut aller de l'avant, abandonner sa souffrance... C'est inespéré comme une possibilité de se métamorphoser."
Elle rit.
" Mais je suis bien placée pour savoir que l'inespéré est possible."

" En tout cas, je suis contente de le voir ainsi. Et de vous voir tous plein d'allant et d'optimisme. Là, il faut que je retourne à Luménis pour l'enfant que je voulais aider, pour lui donner le fruit de l'arbre de vie que m'a confié Neffen, et puis je sais qu'il faut vous laisser du temps pour vous organiser. Mais je me dis que votre vallée est en train de redevenir un endroit merveilleux, peu à peu, et je crois que j'aurai vraiment beaucoup de plaisir à revenir vous voir un jour ou l'autre... et puis je tiens à apprendre votre langue, et ça va prendre du temps ! Reynald disait qu'il faudrait que je passe au moins toute une saison ici. Tu crois que ce sera possible un jour ? Je veux dire... de rester aussi longtemps ? Pas cette année bien sûr !"

" C'est à toi de voir où tes pas te portent, Astrée. La vallée te sera bien sûr ouverte : les centaures ne vivent pas très longtemps, nous n'avons pas la mémoire des elfes... Tous ces tourments seront bientôt oubliés. Mais je crois que tu dois revenir quand tu es mûre, toi aussi... quand contempler notre peuple ne sera pas juste l'écho d'un regret, d'un monde qui n'est plus... Quand tu pourras apprécier notre renouveau pour ce qu'il est, sans songer à ce qu'il aurait pu être."

Astrée secoua la tête.
" Je n'ai pas vraiment connu la harde, tu sais. Seulement affaiblie, mourante... Je peux l'imaginer bien sûr, à partir de ce que vous m'en avez dit, mais je ne vois pas comment je pourrais regretter quelque chose que je n'ai pas connu. Je regrette Neffen, parce que je l'aimais beaucoup et que les discussions avec lui m'apprenaient énormément. Il me faudra un peu de temps pour ce deuil. Mais je suis très curieuse de revenir pour voir comment les choses vont évoluer, ici..."
Les centaures n'étaient pas son peuple : comment pourrait-elle s'autoriser à juger leur évolution, leur mode de vie ?
" Et... j'ai envie de rencontrer d'autres hardes, aussi. De voir comment ça se passe ailleurs. Après tout, je ne connais des centaures que ce que Byron, Neffen et toi m'avez raconté. Je suis curieuse de savoir si toutes les autres hardes ont un shaman lié à une pierre, par exemple...."
Si c'était le cas, ça tendrait à prouver que c'était l'organisation "naturelle" des centaures, et peut-être ceux d'ici finiraient-ils par la retrouver. Ou peut-être inventeraient-ils une autre forme de fonctionnement.
" Peut-être que leurs shamans, ou les sages de leurs peuples quels qu'ils soient, seront intéressés d'avoir des nouvelles de la façon dont les choses évoluent ici. Ou peut-être, après tout, qu'ils refuseront qu'un humain approche de leur territoire et que je ne pourrai rien apprendre. Je verrai bien, et ce sera de toute façon un voyage intéressant... Est-ce que toi, tu as rencontré des hardes de la Lorien ou de la vallée du Nirvana, autrefois ?"

" Leur présence était... presque banale, je dois dire. A l'endroit où vivent les elfes, toutes sortes de créatures vivent en plus ou moins bonne entente. Mais elfes et centaures n'ont jamais eu que des contacts sporadiques, marchands surtout, échanges entre la plaine et la forêt, ce genre de choses. La violence et la courte vie des centaures est en porte à faux avec la lenteur elfique. Pour nous, ils symbolisaient un peu la force brute de la nature, une sauvagerie qui nous était à la fois étrangère et fascinante. Mais tu dois te souvenir que... les elfes considèrent généralement que tous les autres peuples leur sont inférieurs. Très inférieurs, même. Mais ils ne sont pas tournés vers l'asservissement, ils gardent simplement leurs distances. J'ai donc vu des hardes, oui. Mais de loin, et s'en m'en soucier..."

" Je comprends. Il est à peine croyable que tu aies rencontré et pu aimer Burrhus, dans ces circonstances. Le destin joue parfois de drôles de tour... Et je comprends que ça a dû être un choix surprenant pour ta famille."
Astrée sourit.
" Qui sait, peut-être que je croiserai des elfes qui te connaissent, si je vais par là-bas. Mais la Lorien est immense... De quel côté vivais-tu ? Et surtout, dans quel secteur ai-je le plus de chance de croiser des centaures ? Seulement du côté de la vallée du Nirvana, ou bien y en a-t-il plus près d'ici, au sud ?"

Dymphéa grimaça légèrement.
" Je connais très mal la géographie humaine, j'aurais beaucoup de mal à te dire... Mais ils sont plus au nord, à l'écart des routes. Il n'y en a pas, à ma connaissance, juste de l'autre côté des montagnes. Mais je peux me tromper. Et tu dois te souvenir que les centaures sont nomades, la plupart du temps. Il peut y en avoir ici ou là, ou encore beaucoup plus loin. Je crois que c'est à l'extrême nord de la Lorien que tu as le plus de chance d'en trouver, cela dit. Mais je ne suis pas spécialiste, comme je viens de te le dire. Je vivais au nord d'Anarion, quant à moi."

Astrée grimaça.
" Anarion, je ne vois pas où c'est. Je ne me suis jamais penchée sur la géographie de la Lorien, je dois dire. Mais je trouverai bien une carte à Luménis. Et donc, il faut que j'aille plutôt au nord. Bon, et bien ça fait un sacré voyage... Cela dit, il faut déjà qu'on me laisse entrer en territoire elfique. J'ai croisé un herboriste qui venait de Loth Imarhil je crois, à Luménis, et qui semblait prêt à me servir de guide à l'occasion, mais ce n'est pas le même secteur. Isudë pourra peut-être me donner des contacts, elle aussi...."
Avec un haussement d'épaule, elle conclut.
" En tout cas, je crois que j'ai trouvé à quoi m'occuper cet été. Et puis, ça me permettra de découvrir la vallée du Nirvana aussi... Il y a tellement de choses à découvrir sur Hélonna."

" Un été n'est sûrement pas suffisant, dit Dymphéa en riant. Il faut dix ans pour épuiser la Vallée du Nirvana, et dix de plus pour la Lorien. Mais tu as raison de penser que ton humanité sera un frein à la découverte. Même avec un guide local, bien des lieux te resteront interdits. Enfin... Ce ne sera pas frustrant, car tu ne sauras même pas qu'ils existent et tu en verras bien d'autres, tout aussi fascinants."

La Couronne de Cuivre

[Quête] Montequine