La Couronne de Cuivre

Bon sang, comme s'il avait besoin de ça maintenant ! Comme s'il n'allait pas voir assez de gardes luméniens dans très, très peu de temps !
Mais c'était une pensée injuste. L'officier, loin d'abuser de ses pouvoirs, avait toujours fait montre d'une extrême discrétion, d'une grande courtoisie. Sans compter la manière dont il avait, depuis plus d'un an, protégé les siens... Bref, lui opposer un refus serait fort mal le remercier.
Le barde abandonna donc son travail et, le temps de se laver les mains, il se dirigea vers le point de rendez-vous.

Rivecendre l'attendait en bordure du chemin et le salua d'un grand sourire, puis d'une poignée de main franche.
" Voilà, dit-il ensuite, percevant la tension qui habitait le barde. Le bailli du village de Vallonsec a besoin d'un interprète elfe pour une affaire un peu compliquée de lieu sacré. Un interprète et un érudit, idéalement, parce qu'il s'agit de débrouiller un point de culture un peu compliqué. Bref... Des amis communs ont pensé que peut-être, vous seriez intéressé de nous rendre ce service. C'est à une journée de cheval, vers la mer, et Callie devrait vous accompagner... mais vos deux garçons aussi pourraient sûrement se rendre utiles. Ne fut-ce que pour s'occuper de vos chevaux pendant que vous travaillez."

-Ah...
Le barde, qui s'était attendu à tout mais pas à ça, ne trouva d'abord rien d'autre à faire que de se racler la gorge, embarrassé.
Pensait-on qu'il ait vraiment l'esprit libre, ces jours-ci ? N'y avait-il pas d'autre elfe dans les parages ? Et d'où venait cette idée saugrenue d'embarquer Victor et Baptiste ? Les chevaux ? Bien d'autres auraient pu s'en occuper...
Telles furent les questions qui lui traversèrent l'esprit, le laissant aussi perdu que perplexe. Si l'officier, à qui il faisait toute confiance, n'avait pas mentionné les amis communs à l'origine de cette demande (Kerun, probablement), il aurait flairé anguille sous roche et refusé. Mais en l'occurrence, il ne se sentait pas de le faire. Pour ne pas manquer auxdits amis qui, peut-être, avaient estimé que se rendre utile servirait ses intérêts.
-Du moment que cette infraction à mon régime de résidence surveillée ne peut pas m'être reprochée, et bien, ma foi, si je peux rendre service...
Au pire, ça lui occuperait l'esprit, ce qui ne serait déjà pas mal.

Le départ fut fixé au lendemain et l'enthousiasme qui faisait défaut à Taliesin était présent chez les deux garçons. Ils ne semblaient pas trouver la requête saugrenue et étaient absolument ravis de partir à l'aventure. Galathée elle-même trouvait que c'était une bonne occasion de sortir un peu de la ferme, d'autant que le printemps était magnifique et que le village de Vallonsec était situé dans un coin du delta particulièrement verdoyant, en dépit de son nom, un voeu pieu de ses fondateurs. Elle leur fournit du baume anti-moustiques, cependant, car ces derniers étaient déjà nombreux et assoiffés. Leur périple était prévu pour durer trois ou quatre jours, selon les informations dont disposait Rivecendre.

Vu sa situation, on pouvait très bien envisager cette excursion de deux manières fort différentes l'une de l'autre : soit comme l'ultime faveur accordée à un condamné, soit comme un avant-goût de la liberté dont il jouirait à nouveau après le procès.
Malgré son humeur sombre et déprimée, malgré sa perplexité inchangée, c'est pour la deuxième solution que Taliesin choisit d'opter.
S'efforçant de ne pas nuire à l'enthousiasme des enfants voire, plus difficile, de le partager ne fut-ce qu'un tout petit peu, il se prépara au départ, ce qui ne fut pas long : le temps de mettre dans un sac une tunique de nuit, quelques vêtements de rechange, de quoi écrire, et le tour était joué.

Ils partirent donc sur la route, au pas de leurs chevaux, franchissant le barrage des gardes sans que personne ne les arrête. Callie connaissait le chemin, aussi prit-elle la tête du groupe, tandis que Victor et Baptiste, perché chacun sur sa monture, suivaient. Si le premier paraissait parfaitement à l'aise en selle, le second était plus circonspect. Il était manifeste qu'il savait monter, mais sans doute conservait-il trop de mauvais souvenirs des chevaux pour se sentir parfaitement détendu. Ils n'étaient pas pressés aussi restèrent-ils au pas, profitant de la température agréable, du chant des oiseaux et du parfum des mille fleurs que la nature avait déroulé sur leur passage. A la première bifurcation, ils prirent vers l'ouest. Victor se mit à chanter une ballade entraînante que Baptiste, d'abord circonspect, reprit à partir du second refrain. Callie sifflotait, elle aussi. C'était une belle journée.

Ambivalent.
Voilà le mot qui caractérisait son état d'esprit.
D'un côté, il était difficile ne pas se laisser toucher par la beauté de la nature printanière, par la joyeuse humeur de ses compagnons.
De l'autre, ce moment de lumière ne faisait paraître que plus ténébreuse l'épreuve à venir.
Mais ne pouvait-il pas puiser de la force en ces instants de liberté ? Ne devait-il pas, même, en profiter autant que possible, afin d'être en mesure, dans les heures sombres, de puiser du réconfort dans ce souvenir ? Comme il en avait puisé, au début de l'année précédente, dans le souvenir de ce merveilleux été à la lisière de la Lorien ?
Sans doute que si. Ce n'était pas évident, toutefois.
A ce demander si son pire ennemi, au cours du procès, ne serait pas lui-même, sa propre angoisse dévorante...

Callie avait ralenti pour se trouver à sa hauteur.
" Il y a une chouette petite auberge à Vallonsec. Ça s'appelle le Troll qui Dort, apparemment. Jamais été, mais le Capitaine de Rivecendre vous y a réservé une chambre à tous les trois. La mer est pas loin, aussi, alors si vous voulez aller faire un tour sur la plage, c'est le moment ou jamais. Je crois pas qu'on aura besoin de tes services avant demain soir, ça vous laisse un peu de marge pour profiter du beau temps."

Il écarquilla les yeux, pris au dépourvu.
On n'aurait pas besoin de lui avant le lendemain soir ?
Il commençait vraiment à croire que si Kerun avait organisé cette expédition, c'était avant tout pour lui permettre de prendre une grande aspiration - et des forces - avant le procès. Il n'était pas certain de pouvoir se montrer à la hauteur du geste mais... Il essaierait.
-Pourquoi pas ? répondit-il.
Et, se tournant vers les garçon.
-Ça vous dirait, une sortie à la plage ?

" OUUUUUAAAAIIIIS ! s'écrièrent les garçons de concert.
— On va construire le château de sable le plus géant de toute la côte de la Lumière !
— Avec des douves !
— Et des tunnels !
— Et on mettra plein de coquillages dessus !
— Et on construira un radeau !
— Aussi !
— Enfin, sauf si Umberlie décide de s'inviter. Parce que vu que c'est une copine à toi, tout ça."
Ils gloussèrent joyeusement.

Et bien, quel enthousiasme ! De la part de Victor, ce n'était guère étonnant, mais voir Baptiste à ce point motivé par l'idée de construire un château de sable ou un radeau, c'était... aussi surprenant que réjouissant.
-Ne t'en fais pas : je crois qu'elle m'a déjà oublié. La preuve, on a pu rentrer de Dorrandin sans le moindre incident.
Puis, à Callie :
-Je crois qu'on peut donc inclure la plage au programme.

Elle rit.
" Vous ferez ce que vous voulez. Je n'ai pas l'intention de vous filer le train : je vais rester à la garnison de Pont-Vert, le village précédent. Vous passerez me chercher quand vous avez terminé. Et ne fais pas cette tête : on sait tous très bien que tu ne vas pas te faire la malle, alors on en reste là."

Et bien qu'il soit plus décontenancé encore que précédemment, il en resta là.
Bien sûr, il savait qu'elle savait. Qu'ils savaient tous. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de se demander si Callie avait pris cette décision de sa propre initiative ou si cela venait de Kerun. Il ne pouvait s'empêcher de craindre, aussi, que le procureur n'entende parler de cette histoire et ne s'en serve contre lui.
Bon, et si, pour une fois, il arrêtait de tout redouter ? S'il essayait de profiter de ce qui ressemblait fort à des vacances, sans arrière-pensée, sans se poser de questions ?
Il allait vraiment faire son possible. De surcroit, il accomplirait de son mieux le travail qu'on attendait de lui - si on en attendait réellement un - et si, par la suite, on venait à lui chercher les poux, il se défendrait, arguant qu'il ne sétait pas enfui alors qu'il l'aurait pu.

Ils arrivèrent à Pont-Vert un peu avant midi. C'était une bourgade de taille modeste, avec un fort démesuré en comparaison.
" C'est un centre d'entraînement pour recrues de la garde luménienne. Tout le monde y passe tôt ou tard. Une sorte de camp de vacances !" expliqua Callie en arrêtant son cheval.
Elle sourit aux enfants.
" Bon, soyez sages. Amusez-vous bien, mais raisonnablement, d'accord."
Les deux garçons acquiescèrent.
" Taliesin, juste une chose. Il serait préférable que, à partir de maintenant, tu te fasses à l'idée que tu es le très distingué Aranel, envoyé par la Bibliothèque de Luménis. Ces deux-là... Bah, ils peuvent garder leur nom. En réalité, personne ne posera de questions."

Il tira trois conclusions de ces ultimes remarques : d'abord, tout avait été organisé par Kerun ; ensuite, cela n'avait absolument rien d'officiel ; enfin, personne hormis les organisateurs, les participants et leur entourage ne devrait être au courant.
-Ouah, je vais jouer les agents secrets ! lança-t-il joyeusement, luttant pour ne pas trouver tout cela inquiétant.
L'instant suivant, cependant, il retrouvait son sérieux.
-Je te souhaite bon séjour, Callie. Nous reviendrons te trouver sitôt que le sage Aranel aura accompli sa mission.

Elle avait perçu quelque chose, car elle le retint par la manche, tandis que les garçons s'éloignaient déjà sur la route.
" Détends-toi. Il n'y a aucun risque, d'aucune sorte. Les gens là-bas ont vraiment besoin d'un expert. Et c'était une bonne opportunité. Personne n'a besoin de savoir quoi que ce soit et personne ne saura quoi que ce soit. La permission de sortie a été validée par les plus hautes instances, sans clandestinité. Et ta participation nous sera réellement utile."
Elle lui pressa l'épaule, puis grimaça.
" Rattrape tes assistants avant qu'ils ne te sèment, va !"
En réalité, les garçons n'étaient pas très loin : ils l'avaient attendu au détour du chemin.

-Merci de me l'avoir dit : ça me rassure, avoua-t-il.
Il jeta un regard aux gamins, revint à la jeune femme et lui sourit.
-A très vite, donc.
Et il remit sa monture au pas, rejoignant Victor et Baptiste.
Avoir pu quitter la ferme avait déjà eu quelque chose de profondément troublant. Mais ne plus avoir le moindre garde, aussi bienveillant soit-il et même s'il n'était là que pour la forme, c'était à la fois grisant et... effrayant, presque.
C'est pour que tu te réhabitues à la vie que tu mèneras de nouveau après le procès, songea-t-il.

" C'était quoi, les messes-basses avec Callie ?" demanda Victor, lorsqu'il fut à leur hauteur.
Baptiste leva les yeux au ciel et gloussa, tout en remettant son cheval au pas. La jeune femme n'avait pas menti : on apercevait déjà le village suivant, Vallonsec, adossé à une rangée de dunes qui devaient dissimuler la mer. Le vent était plus fort, le ciel plus bleu, et des oiseaux de mer croisaient dans les hauteurs. Pas de doute, l'océan était tout proche.

Taliesin décida de répondre avec franchise.
-Callie s'est rendue compte que je trouvais tout cela étrange. Je veux dire, cette mission qui ne débute que demain soir, la nécessité d'user d'un nom d'emprunt, le fait qu'elle ne nous accompagne pas... Il y a de quoi être surpris. Bref, elle m'a simplement dit que je n'avais pas à m'inquiéter.
Il sourit.
-Alors je ne m'inquiète plus.
C'était vrai : si les plus hautes instances, à savoir les conseillers, avaient donné leur aval, pourquoi s'en ferait-il ? D'autant que cela montrait qu'ils ne le craignaient pas. Voire, mieux encore, qu'ils l'estimaient utile.

" Pfff, t'es pas capable d'arrêter de t'inquiéter, fit Victor avec un haussement d'épaules.
— C'est utile, parfois, de s'inquiéter, dit Baptiste, prenant sa défense. Si on ne s'inquiète jamais, on ne peut pas prévenir le danger.
— Il ne faut pas prévenir le danger ! Il faut l'affronter !
— C'est une question de mesure. On peut prévenir ce qu'on peut prévenir, et affronter le reste."

-C'est effectivement un bon compromis, acquiesça l'elfe.
Il refit face à Victor.
-Callie m'a expliqué que les dirigeants luméniens étaient parfaitement au courant de cette excursion et avaient donné leur aval. Dans de telles conditions, même mon incapacité à ne pas m'inquiéter ne peut qu'être mouchée. Par conséquent, une fois n'est pas coutume, je vais être parfaitement serein et faire en sorte que nous profitions au mieux de ce qui ressemble fort à des vacances.

" Chiche !" répondit Victor, enthousiaste.
Baptiste sourit.
" A présent, il va imaginer trente-six bêtises spectaculaires pour voir s'il peut te faire stresser.
— Mais non !
— Au fait... On est qui, nous ? Je veux dire... C'est quand même rare, un elfe qui se balade avec deux enfants humains."

Baptiste disait vrai. Mais, fidèle à sa toute nouvelle résolution, il décida de ne pas s'inquiéter pour cela.
-Si on me pose la question, je dirai que vous êtes mes assistants, sans davantage entrer dans le détail. De toute façon, Luménis étant une cité majoritairement humaine, il est normal que la plupart des apprentis archivistes soient humains ! On a très bien pu vous confier à moi pour que je vous initie à la culture elfique, par exemple.
Il sourit à nouveau.
-Mais d'après Callie, personne ne posera de question. Alors pourquoi s'en faire ?

" Je ne m'en fais pas, dit Baptiste avec un sourire. Je voulais juste être certain qu'on avait tous la même histoire, si certains se montrent curieux. Les adultes s'en fichent peut-être, ou sont trop polis pour poser des questions, mais les enfants sont généralement curieux, et je suis certain que quelqu'un nous demandera comment c'est de travailler avec toi.
— C'est dur, dit Victor, très sérieux. Tu es terriblement sévère. Parfois, j'en pleure dans mon lit.
— D'accord. Je m'en tiendrai à cette version."
Ils pouffèrent ensuite comme deux petits moineaux.

Taliesin garda un moment le silence, les observant avec surprise. C'était étrange de les voir si complices... Étrange, aussi, de se retrouver seul avec eux, pour une joyeuse excursion... Fut un temps où il émettait des veux pour que semblables choses se produisent un jour, tout en craignant que ce ne soit jamais le cas.
Ça l'était, pourtant. Comme quoi, il ne fallait jamais perdre espoir.
-C'est entendu, finit-il par répondre. Cependant, pour que votre version soit crédible, il faudra que j'agisse en conséquence : vous pouvez donc faire une croix sur toute forme de loisir, de promenade, de sortie à la plage. Ce sera travail, travail, travail. Et attendez-vous à être très sévèrement punis à la moindre esquisse de début d'incartade.
Il soupira.
-Je vous aurais bien proposé une autre alternative, faisant d'Aranel un maître à la fois strict quand il est question de travail et sympa quand vient l'heure de la détente, mais puisque vous semblez très attachés à votre version, soit.

" Je propose qu'Aranel soit strict et intransigeant avec son misérable apprenti Victor le tire au flanc, mais qu'il récompense comme il se doit son apprenti formidable, Baptiste le Lumineux !" dit alors ce dernier.
Victor ouvrit une bouche ronde d'outrage.
" Baptiste le Lumineux ?! N'importe quoi ! Baptiste le Poussiéreux !"
Baptiste éclata de rire.
" Baptiste le Poussiéreux, ça me plait bien. Et tu seras Victor le Boueux. Taliesin... Aranel... sera servi."
Le plus jeune des garçons eut alors un petit sourire mutin.
" Mais il sera bientôt Aranel l'Ensablé. Nous formerons un beau trio."

Ils en étaient même arrivés au point où ils pouvaient se chambrer sans que cela ne dégénère... Bigre, que de progrès !
-Ça promet, fit-il joyeusement. Mais gare ! Si vous tourmentez trop maître Aranel, vous accomplirez l'exploit de mettre à bout sa patience légendaire et en serez récompensés en devenant Victor et Baptiste les Noyés. Ainsi le calme sera-t-il restauré à Vallonsec... et à la bibliothèque de Luménis.

" Les noyés... Je t'avais dit qu'il lui restait un petit quelque chose de sa rencontre avec Umberlie." dit Victor à Baptiste.
Celui-ci toisa Taliesin d'un oeil critique.
" Les elfes, ça vit dans les arbres, dit-il finalement, après quelques instants de réflexion. Les Luméniens, ça vit dans la mer. Je crois qu'on est tranquilles.
— Mais tu oublies qu'il a eu des siècles en bonus pour rattraper son retard.
— Zut. Va falloir qu'on soit sages et serviles."

-Et oui, vous n'avez aucune autre alternative ! fanfaronna-t-il. Mais allez, je serai beau joueur : si vous êtes sages, vraiment sages, vous aurez droit à un peu de détente. Disons... Cinq minutes par jour ?
Il n'avait pas la moindre idée de leur programme jusqu'au lendemain soir. Mais il s'en souciait comme d'une guigne. Ils improviseraient en fonction de leur humeur, des circonstances, des opportunités. C'était ça les vacances, après tout.

Ils lui tirèrent la langue et remirent leurs chevaux au trot. Ils parvinrent peu de temps après dans les rues de Vallonsec. C'était une bourgade de belle taille, sans doute un millier d'habitants, posée au milieu des marais. Pour l'atteindre, ils durent traverser des essaims de moustiques que les chevaux chassèrent à grands coups de queue. Le baume que Galathée leur avait fourni s'avéra miraculeux. Une fois dans les rues du village, ils furent frappés par le nombre de plants de citronnelle qui poussaient dans les jardinières et les bacs, absolument partout, comme un rempart odorant contre la vermine fangeuse. Les habitants du village ne parurent pas du tout surpris de les voir arriver et ils atteignirent, sans difficultés, le centre du hameau où se trouvait, derrière une statue de troll plutôt réussie, leur étape.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] La ferme Desmoulins