La Couronne de Cuivre

Dorian se mit en route aux côtés de Zaïu. et parmi les miliciens de Luménis. Le forgeron croisa ses doigts imposants, espérant qu' uacun groupe de forban no' oserait attaquer leur troupe. Mais une chose interpellait Dorian : pourquoi emmener Simon Strueux au Grand Fort ? Et qui avait averti les miliciens de la mission de Zaïu et Dorian.

Un peu méfiant, Dorian demanda à l' officier :

"Dites-moi messire officier, puisque nous sommes du même côté, comment se fait-il que vous vous soyez trouvé dans les environs de cette taverne ? Qui vous a ordonné d' emmener le prisonnier au Grand Fort, si ce n' est pas indiscret ? Mes supérieurs ne m' ont pas parlé de ceci..."

Dorian était vraiment curieux de savoir qui à Luménis avait donné des ordres contraires à ceux de messire Théobald Longueshunes.

Le lieutenant milicien retourna un regard étonné au forgeron mais il répondit sincèrement :

- Nous étions simplement en patrouille quand nous avons entendu l'appel de votre prisonnier. Pour ce qui est du Grand Fort, c'est tout simplement la procédure lorsque l'on interpelle un suspect. Mais n'ayez crainte, nous enverrons un message à vos commanditaires avant de commencer l'interrogatoire. Enfin, quand votre homme aura rencontré un prêtre pour vérifier qu'il n'a rien à la tête.

Le groupe atteint la limite entre le quartier est et le nord et les hommes se détendirent un peu. Si une attaque avait été fomenté pour libérer le prisonnier, elle aurait déjà du avoir lieu.

Dorian se détendit en entendant les explications de l' officier. Visiblement ce dernier et ses hommes n' avaient aucune mauvaise intention. Quand à la remarque de l' officier sur l' état mental de Simon Strueux, elle fit bien rire intérieurement le bon vampire. Pour Dorian, le convoyeur malhonnête souffrait d' avantage de couardise que de troubles mentaux. Quoiqu' il en soit, Dorian remercia l' officier pour sa réponse d' un signe du chef et ajouta :

"Nous acons recherché cet homme pour une raison bien précise : si ça ne vous fait rien, nous aimerions mon compagnon et moi participer à l' interrogatoire." Les miliciens ne savaient pas forcément quoi demander au suspect, c' est pourquoi la présence de Zaïu et Dorian pourrait s' avérer utile.

Tout en formulant sa demande, Dorian se dirigeait de ses longues jambes vers le Grand Fort de Luménis.

Au sortir de l'impasse "Kikrain", il fallait ensuite prendre sur la gauche le chemin "Dante Afasse", puis continuer sur la rue "Ade la sauvage". Nul doute qu'avec des noms pareil, le stress de la soldatesque ne pouvait s'en trouvait réduit. La petite troupe se faufila d'un pas alerte évitant soigneusement la cohue qui s'entendait plus que ne se voyait aujourd'hui : un édit à paraître faisait grand débat dans la populace puisqu'il portait sur la reconnaissance du mariage entre races, déchainant l'ire des moralistes et la réaction des partisans. Quelques éclats de voix, complotistes, parvenaient cependant distinctement aux oreilles des miliciens ; voix prophétisant que tout ceci ne visait à distraire la populace de la guerre en préparation... Et des nouvelles taxes que ce genre d'évènement allait irrémédiablement attirer. L'ambiance vivante mains néanmoins électrique du quartier usa les sens de Zaïu qui ne savait plus où donner de la tête. Il ne suivit donc pas la conversation relative aux procédures, mot qu'il ne comprenait de toute façon pas. Toujours est-il que la perspective d'aller visiter un château humain non peuplé par des mages déments aiguisa la curiosité de son esprit juvénile, voire infantile diront les mauvaises langues. Les sourcils des gardes se défronçant, il en conclue que la zone devait être plus sûre et tenta d'amorcer la conversation avec un des miliciens au sujet de la météo, sujet universel s'il en est.

Le quartier nord était toujours raisonnablement animé en cette heure de la journée mais il était toujours mieux fréquenté que celui qu'ils laissaient derrière eux. Le milicien interpelé par Zaiu ne trouva pas grand chose à répondre hormis qu'il aimait bien les patrouilles par beau temps. Hormis en plein été car on se retrouvait alors facilement aussi mouillé qu'en pleine averse sous l'armure réglementaire de la milice. Le prisonnier finit par reprendre conscience et se débattre quelque peu au pied de la colline menant au Grand Fort.

- Hey, lâchez-moi ! Je n'y suis pour rien dans vos histoires. Ce sont ces deux énergumènes qui m'ont agressé. D'ailleurs je veux porter plainte : le grand pâle là, m'a frappé.

Strueux avait désigné Dorian, bien évidemment et s'adressait au lieutenant de la patrouille. Celui-ci prêtait oreille aux propos du prisonnier mais plus pour le principe que par réel intérêt. Il en avait entendu bien d'autres de la part de suspects désireux de se soustraire à l'arrestation et un interrogatoire en règle.

- Oui, nous allons écouter ce que vous avez à dire. Maintenant que vous êtes à nouveau conscient, vous allez pouvoir marcher jusqu'au Fort. Mais pas de bêtises, je vous ai à l'œil.

En provenance de la capitainerie du port :

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post305117

Dorian et Zaïu arrivèrent en vue du Fond de la Barrique. Le forgeron aventurier se pencha à l' oreille de son compagnon :

"Alors Zaïu comment allons-nous aborder le tenancier de l' auberge ? Vous y allez d' abord ou bien nous y allons tous les deux ?"

La dernière fois qu'i ls s' étaient trouvés devant ce débit de boisson, Zaïu avait montré une intéressante subtilité, d' où la question de Dorian...

On va quelque part, on revient et on repart pour revenir ...
Zaïu ne deviendrait jamais détective, voila qui était certain : il ne fallait que par trop utiliser son cerveau... Ainsi que ses pieds.
De retour dans les quartiers louches donc, toujours à la chasse aux informations.

!! Nouvelle cible !!!

Nom : inconnu
Prénom : inconnu
Âge : inconnu
Type : Homme blond dans une capitale immense
Profession : inconnu
Signe distinctif : plein de choses inconnues.

!! Challenge accepted!!

Un conseil stratégique entre Dorian et Zaïu s’improvisa devant la porte de l'établissement glauque aux relents de gras recuit.
Faire irruption de nouveau ici ne manquerait pas de provoquer ... De provoquer quoi au juste ? Rien de bien positif en tout cas...

Zaïu opte pour l'improvisation !

Et d'entrée tout de go en plantant Dorian, lui laissant tout le loisir de le suivre.
A peine trois pas accomplis, Zaïu souhaita la bonne journée à la cantonade en allant rejoindre le comptoir. Un grand sourire au lèvre, un léger embarras, il expliqua que, cette fois, il n'était venu pour occasionner de gênes occasionnelles. Cependant, il précisa à voix basse qu'il aimerait s'entretenir avec sieur Tenancier au sujet d'affaires affairantes à la pêche au gros et à quels endroits déposer sa canne à pêche.

Le dit tenancier ne semblait pas du tout ravi de les revoir, bien au contraire. Furieux, il admonesta les deux renouvellement entrés d’un ton à congeler un chameau dans le désert :

- Qu’est-ce que vous venez encore faire dans mon établissement. Vos petites arrestations sont très mauvaises pour mes affaires alors je vous prierai de sortir tout de suite. Je ne supporterai pas plus longtemps que vous harceliez ma clientèle ou moi-même.

Dorian s' empressa d' intervenir pour calmer le tenancier du Fond de la Barrique. Ce dernier avait certes de bonnes raisons pour être en colère, cependant cela ne ferait pas avancer l' enquête des deux enquêteurs Luméniens. Dorian se pencha vers le tenancier.

"D' abord veuillez accepter nos excuses messire. Nous sommes fort marris du désagrément causé à votre établissement ainsi qu' à votre clientèle et à vous même. Ensuite, nous somems venus seulement pour...parler un peu avec vous." fit le bon vampire. En même temps qu' il achevait sa phrase, Dorian ouvrit une petite bourse et en sortit 5 ou 6 pièces d'or qu' il fit sauter dans la paume de sa main calleuse.

"Allons messire, cela ne vaut-il pas une petite conversation ? Nous ne voulons pas grand chose en réalité : seulement le nom de l' humain blond qui a rencontré ici même dans votre établissement le convoyeur que nous avons dû..."escorter."

Dorian regarda volontairement le tenancier d' un air entendu pour améliorer la prise de contact...

Le regard du tenancier passa des pièces dans la main de Dorian à sa salle commune un peu plus remplie que tantôt puis il revint au vampire et à son acolyte. Rendu encore plus furieux par la tentative de corruption, le tenancier lui répliqua d'une voix blanche :

- Avec ça, vous pouvez avoir une semaine de pension complète ou deux tournées de ma liqueur de myrte mais je vous le déconseille et n'espérait rien d'autre. Je ne vais pas accepter votre aumône en dénonçant mes clients. Comme je vous l'ai déjà dit, votre présence est mauvaise pour les affaires.

Ce faisant, il désigna ses clients d'un regard entendu comme si leur présence justifiait le ton de sa réponse.

Ainsi au lieu d' instaurer un climat de confiance entre le tenancier et sZaïu et lui, le bon vampire n' avait réussi qu' à braquer leur interlocuteur. Il fallait un peu changer d' approche. Dorian conserva son calme et sans hausser le ton répondit au tenancier :

"Il ne s' agit pas d' une tentative de corruption messire, loin de là, bien au contraire. Nous voulions seulement...comment dire... réparer le tort causé à votre établissement par notre action intempestive. Par ailleurs, il ne s' agit pas pour vous de trahir l' un ou l' autre de vos clients. En fait c' est plutôt le fait de protéger vos clients qui pourrait être vu par les autorités luméniennes comme une sorte de trahison de la Cité de votre part. Après tout, en conservant le silence, vous vous rendez complice de ce mystérieux homme blond et de ses sabotages. Qui sait, votre établissement pourrait subir une fermeture administrative" fit le forgeron d' un ton trop calme qui ne présageait rien de bon.

"Nous pouvons nous entendre, pour notre intérêt commun...ou pas" acheva Dorian.

"C' est à vous de voir messire."

Si Dorian avait espéré regagner la confiance et la coopération du tenancier en passant de la corruption à la menace, il en fut pour ses frais. L’homme n’hésita pas un instant, répondant avec colère et sortant à nouveau de derrière son comptoir son arme. Ce fut un signal que comprirent certains des clients pour en faire de même. Au total, six hommes armés en plus du tenancier menaçaient à présent les enquêteurs. Le tenancier était conscient de ce rapport de force :

- Vous osez venir me menacer chez moi alors que vous ne faites même pas partie de la milice ? A moi de vous donner un conseil… Sortez d’ici où il pourrait y avoir un grave accident vous concernant.

D'évidence, il était trop tard pour la tournée de liqueur de myrte. Même si Zaïu aurait bien aimé la gouter en fin de compte.
7 hommes ... 1 contre 3,5. Un rapport de force douteux autant en terme d'arithmétique que d'espérance de vie. D'autant qu'il y avait encore des clients assis et dont on ne pouvait déterminer le parti pris : neutre ou pro tenancier. Toutes ces considérations n’empêchèrent pas Zaïu de tirer une de ces épées courtes et de faire face à ceux qui s'étaient levés, les examinant par la même. Si les choses tournaient au vinaigre, il tacherait d'en verser un maximum ! Par Tempus !

Comment réagir à présent ? Si c'était une preuve de leur appartenance aux autorités, Zaïu pouvait toujours agiter la lettre portant le sceau Longuehunes, la même qu'il avait montré à Strueux. Sauf que du coup, tout le monde serait au courant de cette petite histoire. Mauvaise idée.

Il ne restait que 2 possibilités :
Se retirer si leurs hôtes ne bluffaient.
Foncer dans le tas mais, mais s'ils tuaient tout le monde, ben il n'aurait pas d'informations, comme s'ils partaient d'ailleurs.

Le parquet grince chaleureusement et il serait dommage d'y répandre de l'hémoglobine dessus. C'est salissant.
Cependant, si accident il doit y avoir, il n'y aura pas que deux victimes...

Bah ... Nous perdons notre temps ici ! Ces types préfèrent tous se murer dans le silence pour préserver leur petit trafic. Laissons-les profiter de l'instant présent. Au prochain trouble, la loi martiale sera sans doute déclarée dans ce quartier et des compagnies entières de cuirassés arpenteront les rues.
Vous devez bien vous douter que ce que le gouvernement ne peut avoir, il l'écrase.

Ha ça ! Damant aurait été fier de lui... Si une telle remarque pouvait porter des fruits autres qu'un assaut généralisé.

Décidément dans cette quête, Dorian tombait sur des interlocuteurs aussi teigneux les uns que les autres. Le tenancier se révélait aussi rétif à coopérer que Simon Strueux le convoyeur malhonnête. Quoi qu' il en soit, puisque ni la persuasion-corruption, ni la menace n' avaient produit d' effet, il allait faloir utiliser une autre méthode : l' intimidation peut-être accompagnée de violence.

Le bon vampire se leva de toute sa taille, sortit ses griffes vampiriques et jeta un regard franchement glacial au tenancier. Il fallait mettre certaines choses au point.

"Très bien messire puisque vous préférez le prendre ainsi...Nous sommes revenus mon compagnon et moi avec une attitude amicale et vous nous recevez ainsi ? Nous n' appartenons pas à la milice certes mais nous travaillons pour les autorités officielles de Luménis."

Puis Dorian dit à Zaïu à voix basse :

"Ptéparez votre épée, il faudrait se battre ou tout au moins procéder à une démonstration de force."

Et finalement Dorian s' adressa aux clients :

"Prenez garde : je n' ai nul désir de vous blasser mais je n' hésiterais pas si vous tentez de m' empêcher de remplir ma mission. Songez-y : vous n' êtes que des habitués des tavernes : mon compagnon et moi sommes des guerriers, des vrais. A vos risques te périls."

Ensuite le forgeron s' approcha un peu du tavernier, tendant ses griffes de manière bien visible tendues vers la gorge de son interlocuteur. Ces gestes étaient accompagnés d' un sourire dur...

Un des clients, soit moins courageux que les autres, soit plus malin, se glissa dehors discrètement tandis que le tenancier reculait vers le fond de la pièce pour gagner du temps. Les armes dégainées des deux enquêteurs dissuadaient également les autres clients d'approcher. Alors que le tenancier baissait son arme plus adaptée à mater les rixes de taverne qu'à se défendre face à deux guerriers équipés pour une bataille rangée, la porte de l'établissement s'ouvrit à nouveau brutalement. Une escouade d'hommes portant l'uniforme de la milice fit son entrée. Leur officier avisa aussitôt la situation à l'aspect bien défavorable pour Dorian et Zaiu. Conscient du tableau que les deux guerriers présentaient, l'aubergiste interpela le chef de patrouille :

- Arrêtez-les ! Ces hommes m'ont menacé moi et ma clientèle !

Dorian rangea ses griffes et leva les bras en signe de bonne volonté. Décidément c' était la journée. Dorian avait l' impression de jouer la même scène plusieurs fois. A nouveau il fallait s' expliquer avec les représentants de la loi.

"Ne croyez pas cet homme" fit le bon vampire. "Nous nous soumettons à votre autorités messire officier mais nous devons vous prévenir : nous sommes des représentants en mission des autorités luméniennes."

Et à voix basse :

"Demandez à messire Théobald, LonguesHunes, il confirmera nos dires."

Dorian Cheveux-de-Jais faisait tout pour désamorcer la tension. Si les miliciens décidaient de les emmener au fort Zaïu et lui, il ne s' y opposerait pas. Par contre, si Dorian avait à nouveau l' occasion de s' entretenir avec l' amiral LonguesHunes, il ne manquerait pas de faire un rapport sévère concernant un certain tavernier de Luménis...

Les miliciens s'étaient disposés autour de la porte et tout autour de la salle pour se tenir à parer à toute éventualité. Leur officier s'était approché du comptoir et avait ordonné à tous de baisser leurs armes ce que les clients comme les représentants de la loi s'étaient empressé de faire. Avec l'expérience de ce genre de situation, le chef de la patrouille annonça d'un ton calme mais ferme :

- Nous allons tâcher de démêler le vrai du faux. Un de mes hommes va recueillir votre déposition et votre éventuel dépôt de plainte, messire tavernier. Quant à vous, maîtres, je vous prierai de me suivre pour faire de même.

Le tenancier semblait ne pas décolérer :

- Et comment que je vais déposer plainte ! Ces deux là ont arrêté un de mes meilleurs clients puis sont revenu une heure plus tard pour me menacer de fermeture et de leurs armes si je ne répondais pas à leurs questions. C'est du harcèlement ! De l'usurpation de pouvoir. Oh ça oui que je vais porter plainte !

Sans se démonter, l'officier lui répondit sur le même ton :

- Vous allez dire tout ça à mon sergent dans un instant...

Dorian garda les mains levées, en signe de paix. Toujours soucieux de ne pas braquer les miliciens, il ne tenta aucune dénégation des propos du tavernier. Au contraire il dit d' un ton aussi calme que celui du soldat.

"Mais bien sûr messire soldat, que nous allons vous suivre, où vous nous emmeniez. Nous fournirons toutes les explications utiles à votre supérieur."

Dorian croisa un bref instant le regard furieux du tavernier : le forgeron-aventurier ne le craignait nullement, il espérait juste que les autorités luméniennes n' accorderaient pas une foi excessive à la version des faits du tenancier furieux...

Et pendant ce temps, l' homme blond ne risquait pas de revenir de sitôt à la taverne, par contre il pouvait fort bien avoir pris le large, au propre comme au figuré, Luménis étant un port...

Les miliciens emmenèrent Dorian et Zaiu dehors pour poursuivre leur discussion dans un climat plus apaisé. Là, l'officier s'afficha nettement plus compréhensif :

- Désolé mais nous ne pouvions pas faire autrement que d'intervenir. Et la situation menaçait de toutes façons de dégénérer. Ce tenancier est un peu... disons bougon et hostile à toute forme d'autorité. Il faut savoir manœuvrer avec subtilité pour qu'il livre des informations. Si vous me dites ce que vous cherchiez, je pourrai demander à mes hommes de garder l'œil ouvert pendant leurs patrouilles.

Manœuvrer et subtilité était 2 notions peu commune à Zaïu.
Du reste, il se sentait de plus en plus perdu dans cette affaire d'enquête et clairement pas la hauteur.
Deux arrestations en une demi-journée... Cela avait de quoi rebuter tout novice enquêteur.

Il s'était même pris à espérer que la situation dégénère histoire de voir si quelques claques déliraient les langues. Au lieu de ça, les humains se barricadaient derrière des attitudes viles et grossières : c'était à celui qui hurlait le plus fort pour paraître La victime. Si Strueux était un maître en la matière, le tenancier était tout sauf un débutant.

C'était peut-être tout simplement l'air de la ville qui commençait à lui peser.
Puis Dorian le tracassait. Non pas le fait qu'il parle à voix basse devant 7 personnes pour lui dire de sortir son épée, non. Mais ce sourire dur qu'il arbora en s'approchant du bougre derrière son comptoir. Une attitude étrange à l'exact opposé de son discours tout en douceurs et en amabilités. Celui lui rappelait par trop l'histoire de Zombilax l'Emietté. Une horrible engeance que cette créature dont le but dans la vie était de se faire aimer des enfants en leur racontant des histoires d'ours aux couleurs de l'arc-en-ciel et vivant dans les nuages. Et tout ça dans quel but ? Ben personne ne le sut jamais parce que Zombliax était vraiment trop moche pour qu'un enfant ne s'en approche.

Toujours est-il que la piste du blond était vraisemblablement grillé. Mais d'un autre côté, s'il fuyait la ville car conscient d'être recherché, cela ressemblerait tout de même à une victoire non ? Ne voulant interroger le chef milicien sur ce personnage, Zaïu quémanda plutôt des conseils :

Zaïu est preneur de conseil en subtilité .. A condition que la subtilité ne soit pas trop subtile non plus ...

Dorian pinca les lèvres : il ne lui plaisait pas trop de parler de sa mission mais avait-il le choix ? Le sergent de la Milice avait raison : le tenancier donnait l' impression d' être teigneux et borné et il faudrait procéder avec lui avec une subtilité certaine.

"D' abord merci messire sergent pour vos efforts, pour limiter les dégâts, surtout pour nous. Quand à votre suggestion, elle m' a l' air judicieuse : vos hommes peuvent effectivement nous aider en surveillant le Fond de la Barrique de loin. Nous cherchons ne particulier un homme bond et jeune qui rôderait aux alentours de l' établissement ou qui pourrait entrer ou sortir d' ici. Si cela arrive, je vous demande de nous en aviser à la Capitainerie du Port."

Dorian regarda le sergent avec une certaine solennité le sergent de lam ilice afin de odnner plus de poids à ses paroles.

"C' est de la plus haute importance messire, pour la Cité de Luménis elle-même. Si vous le permettez, mon ami et moi nous allons prendre congé en vous remerciant encore."

Dorian fit un signe à Zaïu et revint à la Capitainerie du Port pour faire osn rapport à l' amiral LonguesHunes.

La suite ici : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... ort-9.html

HRP : @ Kasu : désolé d' avoir un peu traîné

...

Quête : chercheurs de sens

Le contraste avec la taverne des beaux quartiers, d'où ils venaient, était flagrant : les couleurs étaient plus criardes, les tables en bois brut pas toujours nettes, il n'y avait pas de fleurs ou de plantes vertes pour égayer les lieux, mais c'étaient surtout l'atmosphère bruyante et les rires gras qui les accueillirent qui fit comprendre à Streen et Sylveneige qu'ils avaient changé de monde. Jolan, qui devait rester un peu de temps avec eux pour leur désigner discrètement leurs "cibles", poussa la porte d'une main ferme et entra le premier, l'air vaguement mal à l'aise peut-être. Il se dirigea vers une table plutôt tranquille, contre le mur du fond. L'endroit était fréquenté, et l'odeur d'alcool qui imprégnait l'atmosphère n'avait rien de très agréable pour des estomacs sensibles. Des yeux les observaient, parfois curieux, le plus souvent méfiants voire hostiles.
- La grande table que vous voyez là, juste derrière moi, sert pour les jeux d'argent, expliqua-t-il en catimini aux deux aventuriers. Ils n'ont pas encore commencé, mais cela viendra sous peu. De l'autre côté, derrière vous, il y a une porte qui donne sur un escalier : je crois qu'il se passe des choses plus ou moins légale au sous-sol. Trafics, ou peut-être combats de coq... Mais bien sûr, dans ces moments-là, il y a un "gorille" qui filtre les entrées. Vous le verrez arriver tout à l'heure. Les deux frères dont je vous ai parlé ne sont pas encore là. C'est mieux, je pourrai vous les indiquer facilement et ils ne seront pas trop surpris qu'on tourne la tête vers eux à leur entrée. Bien sûr, ils cachent soigneusement leur identité et leur appartenance... N'oubliez jamais que c'est une secte du secret et du complot...
- Vous prendrez ?
L'aubergiste, qui venait de s'adresser à eux d'une voix brutale, était une femme... hors du commun, c'était le moins que l'on puisse dire. Elle devait mesurer un peu plus de deux mètres de haut, le torse large. Elle avait très probablement du sang ogre dans les veines.
Jolan ne parut pas autrement surpris, signe que ce n'était pas sa première visite.
- Bière, pour ma part. Brune.

Streen ne rirait pas, mais alors pas du tout. L’endroit lui déplaisait totalement et il ne ménagea son mécontentement. Lorsque la serveur vint lui prendre sa commande, il imagina : « la seule chose que je veux commander c’est un outil pour réparer ta g… » mais il se ravisa par chance au dernier moment et demanda une bière brune même s’il savait qu’il ne la boirait pas. Il toisa avec mépris l’aubergiste qui se retournait et dit à Jolan et Sylveneige :
-Pouah, quelle horreur, quelle infamie. Cette odeur d’alcool, ça me donne envie de vomir.
Puis en désignant discrètement l’aubergiste.
-Et puis cet ogre, depuis quand ces sales bêtes qui nous hurlent dessus prennent les commandes et servent les gens, nous voilà tombés bien bas.
En désignant ensuite le sous-sol :
-Et pour en rajouter, il faut en plus que des trafiquants ajoutent leur touche dans ce sous-sol. Qu’est ce qu’attend la garde pour venir les arrêter ? C'est malheureux, on ne peut se fier à personne de nos jours. Et puis le gorille, il devrait finir au zoo de Luménis.
Il se passa la main sur le front :
-Ah je n’en peux plus, ces rires gras impossible de s’entendre, cet alcool, impossible de se retenir de vomir. Je n’ai jamais été aussi dégoûté de ma vie. Et il va falloir que je supporte que les deux frères daignent de se montrer pour que Sylveneige puisse les aborder ? Mais c’est une honte.
Puis ronchonnant :
-Mais le pire, ca reste l’attente, que je déteste attendre.
Il s’adossa contre un mur en attendant sa bière qu’il jetterait bien à la figure de quelqu’un présent ici.
-Aucun doute ce n’est pas Luménis ici, c’est pire que les abysses. Heu non, enfin peut être pas
Streen réfléchit à sa remarque en réalisant qu’au moins il était libre alors que lors de son séjour dans les abysses, il était attaché à une chaine et tourmenté par des démons.
-Bon dieu qu’il me tarde de partir.
Puis poussant un soupir.
-Enfin bon, il va falloir que je supporte si on veut mener la mission à bien.
Pour terminer à Sylveneige :
-Tu as raison mon cœur, tu es une excellente comédienne même si je trouve cet endroit beaucoup moins agréable que les paladins. Mais gardons notre énergie et tes talents pour les deux clercs. Tu feras parfaitement l’affaire, je n’en ai aucun doute.

Sylveneige était absolument émerveillée. Comment, un tel endroit existait ? Vraiment ? Vraiment vraiment vraiment ?

Elle avait toujours cru que les descriptions chantées avec tant de talent par son père Oriis, longtemps barde voyageur avant de se fixer à Evereska, étaient le produit de son imagination. Mais non ! c'était la réalité.

Les odeurs étouffantes, les clients ruisselants de sueur et d'excitation, les lourds parfums des bières et l'aubergiste disons... stylée, tout concourait à créer un tableau qu'un peintre n'aurait pas renié.

Les teintes des murs étaient partiellement sombres et comme délavées : sombres de saleté, délavées par les lavages sommaires à grande eau qui devaient être le lot des lendemains de beuverie. Tables et chaises étaient peintes de couleurs vives, presque criardes, qui tranchaient sur le reste. Malgré tout, on parvenait à trouver une étrange harmonie dans cet ensemble.

Et les bruits ! un défi pour l'oreille la plus exercée, décrypter les dizaines de conversations, parfois à voix hurlée, le plus souvent à voix criée... Le lourd tintement des gobelets de bière, de vin, des petits godets réservés aux alcools forts...

L'aubergiste, surtout, la fascinait. Sûr, son père l'avait chantée, elle la reconnaissait. La rôdeuse la fixa un long moment, avant de répondre :

- Oh oui... Une bière... La plus odorante, la plus ambrée, la plus belle... Dame aubergiste, savez-vous que je vous connais ? Mon père est barde, il vous a décrite dans ses chants, j'en suis sûre !

Sylveneige bondit sur ses pieds et entonna le chant dont le souvenir lui revenait.

Grande, forte est la Tavernière
Dont les mains habiles apportent moult bières
Dans sa formidable auberge
Où s'esbaudissent mille ver...

- Hum. Oui, enfin... C'est un chant assez cru.

L'aubergiste parut un moment interloquée par la considération dont elle était brusquement l'objet. Elle ouvrit la bouche, cherchant quelque chose à répondre sans doute. Prête, probablement, à nier être l'héroïne d'une chanson de barde. Tandis que les clients, autour d'eux, avaient des réactions variées.
- Une barde ! Ma parole, vous avez vu ça ? On a une barde ici pour la soirée !
- On s'croirait à la Bienveillance ma parole... manque plus qu...
- Quoi ? T'insinues peut-être que les soirées ici sont pas aussi bien animées qu'à la Bienveillance ?
- Non-non-non c'est pas du tout ça...
- Je te signale qu'on a même des danses parfois !
- Ouais, même que c'est comme ça qu't'as dégoté ta putain l'autre jour...
- Rho, ferme-là...
- Pourquoi tu fais la tête, l'avait des pustules au cul ?
- Mais vos gueules bon sang, y'en a qu'aimeraient discuter peinard...
- Ouais, on n'a pas besoin qu'on vienne nous gueuler des chansons dans les oreilles...
- Faut dire qu'avec les oreilles que t'as...
- Quoi ? Répète un peu pour voir ?
Les langues se déliaient, le ton enflait, les regards se faisaient coléreux. Et les yeux levés au ciel de l'aubergiste laissaient entendre que ce genre de dérapage n'était pas vraiment inhabituel.

Streen voyait comment évoluait la situation applaudit Sylveneige des mains.
-Félicitations, tu as vraiment l’air désespérée fit il avec une touche ironique. Mais continue, je ne voudrais pas te distraire. Peut être que ce sera plus efficace de se faire remarquer finalement.
Puis voyant que la castagne commençait à venir, il soupira :
-Quel dommage qu’il faille devoir attendre, heureusement qu’il y a de l’animation.
Finalement il y a avait de bons cotés à la taverne.
-Allez sur qui je parie pour voir quelqu’un dégommer un autre ?

Sylveneige n'entendit même pas les remarques de son compagnon. Elle sauta sur la table où un homme avait parlé de danse.

Dans la taverne de Lumenis
Y'a des filles qui dansent
Et tous les hommes pleins de vices
Oh faut voir ce qu'ils tentent

... Charmante chanson, dont une seule strophe sera citée ici, pour préserver la bonne tenue de la ville de Lumenis.

Chanson vive et entraînante, que Sylveneige ponctua artistement de grands battements de jambes. Ce faisant, elle bouscula bien sûr quelques gobelets de la meilleure bière du pays, mais on pouvait espérer que le spectacle des jambes galbées de la jeune elfe suffirait à faire pardonner le dérangement.

Quête : chercheurs de sens

Le spectacle, effectivement, parut les ravir au plus haut point. Certains ouvraient des yeux écarquillés, incapables de détacher leur regard des jambes fines qui dansaient juste devant leur nez.
- Moi je parierais plutôt sur lequel va l'avoir, votre copine, lança à Streen, goguenard, un homme à la table voisine de la leur.
Et déjà, des mains attrapaient les chevilles de l'elfe, des mains qui malheureusement n'appartenaient pas toutes les deux à la même personne, ce qui fit qu'elle se trouva tiraillée entre deux rustres qui se jetèrent un regard fort peu amène.
- Hey, elle est pour moi celle-là ! Toi t'as dit l'autre jour que t'aimais pas les elfes...
- On peut changer d'avis non ?
Le teint de l'aubergiste virait au rouge brique, et elle semblait prête à exploser de colère. L'un des deux "agresseurs" de Sylveneige, le remarquant, blêmit et lâcha la jambe qu'il tenait... ce qui fit basculer immédiatement l'elfe sur les genoux du second qui gloussa d'un rire ravi.

En voyant la situation, Streen serra le poing. Dans d’autres circonstances, il aurait sorti son épée et fait des carnages dans la taverne. Il aurait réglé le problème par un bain de sang. Tout était tellement pourri ici qu’il ne pourrait pas s’en empêcher. De plus, deux brutes avaient osé s’en prendre à Sylveneige. Des procs répugnants selon Streen. Pourtant il ne bougea pas d’un pouce et conserva son air impassible. Au vu de la situation, Sylveneige serait capable de déchaîner sa colère et de porfendre ses agresseurs. Elle ne pouvait qu’en faire une bouchée. Il répondit aux deux agresseurs en disant :
-Moi je parierais plutôt sur un nouveau record de course à pied. Course à pied que vous allez vite réaliser quand vous verrez que ma copine va vous infliger la pire correction de votre vie après ce que vous venez de faire.

- Ooooh mon choupinou ! s'écria Sylveneige dont le visage avait complètement changé d'expression.

Les larmes aux yeux, elle caressa le visage de l’homme qui l’avait reçue sur les genoux.

- Vous savez... Tu sais - hein, vu la situation, on peut se tutoyer - tu me rappelles mon tonton Liirdé !

L'elfe renifla.

- I-il était si gentil, tonton Liirdé ! si gentil... Suivirent de convaincants hoquets à caractère sanglotant.

- Vous savez, enfin tu sais, jamais je ne retrouverai quelqu'un d'aussi extraordinaire que tonton Liirdé... Lui avait compris... Il avait compris que mon amoureux n'était ni bon ni honnête... Mais je ne l'ai pas écouté !

Sylveneige était passée d'une caresse légère à un pétrissage en règle du visage du gars.

- Il m'a trahie... Il s'appelait Martin... Et maintenant, que me reste t-il ? Hein ? Hein, mon choupinou ?

Elle s'arrêta de torturer la figure du malheureux et sauta sur ses pieds.

- Rien !

Prise d'inspiration, la rôdeuse se lança, la main sur le coeur :

Non ! Rien de rien...
Non, il ne me reste rien !
Non...

Elle se tut brusquement, consciente que Streen avait un drôle d'air.

La Couronne de Cuivre

[Commerce] Le fond de la Barique