La Couronne de Cuivre

Astrée se réveilla avec l'impression d'être enveloppée d'un cocon de douceur, d'amour, de tendresse. Et tel était bien le cas, alors que les douces paroles de son amant atteignaient ses oreilles, son âme, son coeur. Elle prit conscience de sa main dans ses cheveux, de son corps sous elle. Elle se sentait infiniment bien.
Elle garda les yeux fermés quelques instants encore, laissant sa main caresser le flanc de son compagnon, se souvenant un peu tard qu'il était chatouilleux à cet endroit. Elle ouvrit les yeux et souleva légèrement la tête pour contempler son visage. Elle sourit en croisant son regard vert. Du doigt, elle caressa le contour de sa bouche, sa joue, son cou, sa nuque, puis glissa sa main dans ses cheveux.
- Je t'aime... Et j'espère bien me réveiller tous les matins dans tes bras à partir d'aujourd'hui, lui souffla-t-elle doucement à l'oreille.

Mutine, elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de se redresser lentement. Elle prit conscience juste à ce moment qu'elle n'avait enfilé que sa tunique, dont les pans déchirés ne cachaient pas grand-chose. Elle rougit furieusement sous le regard du rôdeur, noua le tissu sous sa poitrine, et enfila ses chausses. Puis elle se mit en devoir d'alimenter un peu le feu, pas tant par nécessité que pour échapper à ce regard qui la détaillait amoureusement, éveillant en elle des frissons délicieux... Elle résista à l'envie de se retourner, de l'embrasser encore.
Sentant son estomac gargouiller, elle observa les environs, et trouva sans peine quelques brins de serpolet au pied d'un rocher moussu. Il ne restait plus qu'à trouver de l'eau pour le faire infuser. Elle se tourna vers Kasumi, sentant malgré elle ses joues rosir au souvenir de ce qu'ils avaient partagé durant la nuit, se demandant s'il y pensait encore en la regardant.
- Dis-moi, sais-tu s'il y a un ruisseau pas loin ? Première Neige en a peut-être repéré un ?

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi fut pris d’un léger soubresaut lorsqu’une main le chatouilla sans malice au flanc. Il s’étonna du fait que les mains qui avaient tant su éveiller son désir étaient toujours capables de le faire sursauter. Mais il ne s’attarda pas à cette sensation lorsque les yeux de sa compagne s’ouvrirent enfin. Elle était si près de son visage qu’il pouvait sentir son souffle léger le caresser. Il se laissa aller à la douceur de ses attentions, poussant un petit soupir d’aise, de contentement. Il serait bien resté ainsi toute la journée, sans avoir à déplacer son corps qui protestait.

Lorsqu’elle s’écarta de lui, il lut son trouble dans la rougeur de ses joues et son regard se porta inconsciemment sur le tissu qui ne masquait rien de sa poitrine. Il ne put en détacher les yeux quand la rôdeuse noua le tissu dessous puis il se porta plus bas. Lorsqu’elle renfila ses chausses, il retint son souffle, précédant de ses yeux le parcours du tissu qui recouvrit ses chevilles fines, ses genoux délicats, ses cuisses élancées puis finalement ses jambes et son bas ventre. Il en fut presque peiné mais détourna alors le regard, soudain rattrapé par une gêne inexplicable après tout ce qu’ils avaient partagé à la faveur de la nuit. A ce qu’ils partageraient encore bientôt, il l’espérait ardemment. Il la regarda s’activer un moment, détaillant son déhanché alors qu’elle marchait. Il fut brusquement ramené à la réalité en entendant sa question. Il se redressa sur un coude, comme pris en faute, s’apercevant qu’il était complètement nu lui aussi, seule la tunique qui avait glissé sur son ventre masquait un peu de sa personne. Il répugnait soudain à se lever, sous la lumière du jour. Mais il finit par se secouer, se redressant pour se saisir de ses chausses, sans plus se soucier de se montrer dans le plus simple appareil devant la femme qui avait fait de lui un homme. Il enfila rapidement les vêtements secs et chauds quoiqu’un peu rêches. Puis il passa sa tunique.

- Dans cette direction, à deux minutes, à pas de loup. Veux-tu que je t’accompagne ?

Quête : Rendez-vous manqué

Elle n'avait pu s'empêcher de le détailler à son tour alors qu'il s'habillait, s'amusant de le voir plus à l'aise que les jours précédents, admirant sa démarche souple, presque féline.
Elle sourit malicieusement en réponse à sa question.
- Bien sûr ! Tu ne voudrais déjà te débarasser de ma présence, j'espère ?

Elle passa son bras autour de sa taille, se lovant contre lui, et se laissa guider jusqu'au ruisseau repéré par la louve. Elle avait fixé aux pieds ses chaussures de fortune, qui la protégeaient tout juste du contact des feuilles séchées crissant sous leurs pas. Heureusement qu'il y avait des chênes-lièges dans les environs, elle pourrait se fabriquer des semelles un peu plus confortable. Mais après déjeuner. Pour l'instant, elle avait faim.

L'eau était glacée, mais elle ne résista pas à l'envie de se mettre torse nu pour faire un brin de toilette, utilisant le morceau de savon que Kasumi avait dans son sac, heureuse de retrouver ainsi le parfum de son corps. Elle baissa ses chausses juste quelques instants pour parfaire sa toilette, et se rhabilla rapidement alors que son compagnon était encore les pieds dans l'eau. Espiègle, elle s'approcha discrètement derrière lui et l'enlaça soudain, embrassant sa nuque. Juste pour le plaisir de le sentir frémir contre elle. Elle posa sa tête sur son épaule, amoureusement.
- Hmm... Veux-tu que je t'aide à t'habiller, beau prince des bois ?

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi avait lui aussi posé une main amoureuse autour de la taille de sa compagne alors qu’ils se dirigeaient sans hâte vers le ruisseau. Une fois au bord de l’onde, ils se séparèrent. Il la laissa partir presqu’à contrecœur. Il quitta rapidement ses vêtements et se pencha pour recueillir de l’eau au creux de ses mains et la laisser dégouliner sur son corps. Il sursauta et réprima un petit cri en la sentant si fraîche. Il s’activa à se mouiller les bras, le visage, mais sans grande conviction, son attention s’était encore une fois portée ailleurs. Il ne pouvait tout simplement pas s’empêcher d’observer Astrée penchée par-dessus l’eau chantante, faisant légèrement mousser le savon sur ses bras, s’attardant sur sa poitrine. Il eut grand peine à déglutir lorsqu’Astrée baissa rapidement ses chausses, faisant passer ses mains entre ses cuisses, sur sa toison. Il se détourna vivement pour tourner le dos à la rôdeuse, masquer sa rougeur et la réaction traîtresse de son corps.

Mais, comme il s’y était attendu, elle s’approcha de lui, s’avançant à son tour dans l’eau qui ballotait à leurs chevilles. Même l’eau glacée était impuissante à réprimer son trouble quand elle était si proche. Il tressaillit en sentant son contact mais sourit néanmoins devant la familiarité, le naturel de son geste, l’espièglerie de ses mots. Alors, juste pour ne pas demeurer en reste, il prit un ton un peu provoquant :

- Je crains de ne pas avoir fini ma toilette. Je me suis laissé distraire. Mais peut-être peux-tu m’aider. Est-ce que tu peux me prêter ton savon ?

Il n'osa néanmoins pas se retourner, toujours nu et un peu gêné.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée sourit, et, sans se démonter, murmura simplement d'un ton taquin à son oreille :
- Je peux même te savonner si tu veux...

Et, joignant le geste à la parole, elle commença à faire mousser le savon sur son dos, ses épaules, descendit sur ses fesses, ses cuisses, suivant amoureusement le dessin de ses muscles. Puis elle le contourna pour se trouver face à lui, le gratifiant d'un sourire innocent.
Elle ne s'arrêta pas en si bon chemin, et commença à lui savonner le torse, les flancs, le frictionnant avec douceur, descendant de plus en plus bas, le coeur battant un peu trop vite à la vue de l'émoi qu'elle avait déclenché en lui. Elle se sentit rougir lorsque ses mains frôlèrent son sexe, mais continua plus bas, savonnant ses cuisses, ses mollets, ses chevilles. Elle fit enfin remonter ses mains en une longue caresse, le sentant tressaillir lorsqu'elle effleura encore une fois son entrejambe.
Elle sentait son coeur battre à tout rompre lorsqu'elle leva à nouveau les yeux vers lui, rougissante. Elle avait agi sans réfléchir, à l'instinct, pour le plaisir de le provoquer, mais était parfaitement consciente du trouble qu'elle avait dû déclencher chez lui, et chez elle aussi.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi était d’abord resté stoïque, pensant qu’Astrée se contenterait de le taquiner en lui savonnant les épaules. Mais il se rendit compte qu’il ne s’en sortirait pas si facilement lorsqu’il sentit une main parcourir indolemment ses fesses. Il se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux mais ne fit pas mine de s’avancer, l’idée était bien trop agréable. Il la laissa donc masser ses jambes pour descendre jusqu’à ses pieds, en tenant bon, en tressaillant juste un peu. C’était si agréable de sentir les mains douces appliquer le savon, stimulant aussi constata-t-il en laissant descendre son regard vers son entrejambe. Il sursauta donc quand elle passa devant, comme si elle avait choisi ce moment pour le confondre. Son sourire n’avait rien d’innocent malgré les apparences. Elle était parfaitement au courant du trouble qu’elle provoquait en lui. Crispé et émoustillé à la fois, il la laissa parcourir son torse, son ventre, tressaillit violemment lorsque ses mains frôlèrent sa virilité si sensible, accentuant immédiatement sa raideur. Alors, avant qu’elle ne fasse mine de le rincer, il passa un bras autour de sa taille, l’attirant à lui, une lueur de désir révélée dans son regard.

- Tu devrais faire attention à ne pas mouiller tes vêtements, ils viennent à peine de sécher.

Il l’embrassa passionnément, soudainement. Et avant qu’elle ait pu répartir, ou se dégager, sa main gauche passa sous le nœud de sa tunique et se laissa glisser sous le tissu jusqu’à palper délicatement un sein. Le nœud un peu lâche céda sous la pression et d’un mouvement leste et précis, il fit décrire une arabesque au vêtement qui s’envola jusqu’à un rocher sur la rive. Profitant de la surprise de sa compagne, il laissa glisser son autre main sous ses chausses, juste sur ses fesses en une invite à ce qu'elle s'en débarasse aussi.

Quête : Rendez-vous manqué

Elle répondit avec fougue à son baiser, s’abandonnant dans ses bras, lisant dans ses yeux son désir, aussi fort que celui qui montait soudain en elle. Elle sentit sa main se glisser sous sa tunique, et se retrouva, avant d’avoir eu le temps de réagir, torse nu dans ses bras. Elle eut la vague pensée que tout ça allait beaucoup plus loin que prévu, mais déjà il l’encourageait à ôter ses chausses. Le souffle court, le cœur affolé, elle ne put que répondre à son attente. Son corps, ses mains ne lui obéissaient plus. D’une main fébrile, elle défit la cordelette qui maintenait ses chausses et les envoya au loin, notant que Kasumi s’était empressé de l’y aider.
Ce n’est pas raisonnable, souffla une petite voix en elle. Mais elle n’avait pas envie d’être raisonnable…

Nue devant lui, elle détailla ouvertement son corps, sa virilité, ses muscles saillant, sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration hachée. Puis, lentement, tendrement, elle l’enlaça, et se mit à l’embrasser passionnément, éperdument. Elle laissa ses mains courir librement dans son dos, descendant le long de ses flancs, caressant ses reins, descendant encore, se glissant entre leurs corps. Elle le sentit se raidir alors que le désir lui faisait perdre toute retenue. Son corps, à nouveau, se préparait à l’étreinte.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi s’était empressé d’aider Astrée à descendre ses chausses, pris d’une passion fougueuse, intenable, bien loin de la timidité qu’il avait éprouvée à son réveil. Une fois, de plus il se perdit dans le baiser qui se prolongea jusqu’à ce qu’il en perde le souffle. Les mains qui couraient sur son corps le rendait fou, ivre de désir. Il ne quittait pas Astrée des yeux, se tenant devant lui, dans toute sa nudité. Il la désirait, éperdument, ne se lassait pas de ses formes sensuelles. Tout d’abord, il n’osa pas la toucher, se contentant de la contempler mais il se laissa vite entraîner. Il profita de ce que les mains de la rôdeuse soient juste entre eux deux pour les couvrir avec les siennes. Alors, il les détourna tendrement pour les diriger sur elle, remontant sur son ventre sous sa direction pour se porter à ses seins, les guidant un moment dessus jusqu’à ce qu’il les sente se raffermir. Puis, il les fit redescendre, lentement, les amenant irrémédiablement entre ses cuisses, mêlant ses doigts aux siens pour les faire courir sur la zone qu’il savait si sensible, si réceptive à la moindre de ses caresses et tout autour également. Il la sentit frémir lorsqu'il s'approcha encore davantage. Il se mit à genoux dans le lit sablonneux du cours d'eau, juste devant elle, portant sa bouche à sa hauteur avant de laisser ses mains s'en aller pour enserrer ses hanches. Il écarta les siennes pour s'ouvrir le chemin de ses plaisirs.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée ne put que se laisser faire, le laisser guider ses mains, frémissant alors que son corps était caressé par leurs mains enlacées. Lorsqu'il descendit entre ses cuisses, elle se sentit fondre. Son souffle se fit haletant alors que ses doigts la caressaient, sachant si bien trouver les points sensibles, ceux dont le moindre frôlement la rendait ivre de désir.
Puis il s'agenouilla devant elle, et elle réprima un hoquet de surprise en comprenant ce qu'ils s'apprêtait à faire. Ses mains, convulsivement, agrippèrent sa tête, glissant fébrilement dans ses cheveux, alors qu'il l'explorait à nouveau. Ses jambes flageolaient, et, sans les mains de Kasumi qui enserraient fermement ses hanches, elle aurait perdu pied. Elle ferma les yeux pour mieux savourer les sensations qu'il provoquait en elle, si intenses, si impérieuses. Un spasme de plaisir la parcourut, et un gémissement lui échappa.

Elle tenta de reprendre son souffle, de retrouver le contrôle de ses émotions, de son corps. Mais ce n'était pas possible : elle n'avait qu'une envie, l'étreindre et le sentir enfin se glisser en elle, apaisant dans l'extase le feu brûlant qui la consumait de l'intérieur.
- Pitié... Si tu continues comme ça, tu vas me rendre folle, s'entendit-elle murmurer dans un souffle rauque.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi se délecta en mesurant les effets de ce qu’il faisait, soutenant les jambes vacillantes de la jeune femme pour mieux la maintenir en place. Son premier gémissement se traduisit par un autre langage à son niveau. Les mots qui suivirent le frappèrent, éveillant son propre désir. Alors, juste pour le plaisir, il continua encore un peu, provocant un autre gémissement. Il s’écarta juste un moment, pour lui murmurer sa passion en retour :

- Tu es bien trop douce pour que je m’arrête.

Mais il mit fin à son doux supplice en se redressant devant elle. Ses mains suivirent sa progression le long de ses flancs tandis que sa bouche l’embrassait à de nombreuses reprises sur son chemin. Il la devinait offerte sous ses caresses, dans l’attente de ce qu’il oserait faire ensuite. Il acheva sa lente remontée par un doux baiser sur ses lèvres, laissant son regard croiser enfin celui de la femme qu’il aimait tant. Alors, la devinant encore mal assurée sur ses jambes, il la fit basculer en arrière pour qu’elle se retrouve dans ses bras. Il la porta ainsi jusque sur le sol herbeux de la berge et la déposa tendrement sur le tapis végétal. Immédiatement, il reprit le jeu de ses caresses, se dirigeant droit vers son sexe pour l’apprêter à le recevoir. Il se pencha sur elle, restant juste à quelques pouces de son entrejambe, pour faire durer un peu plus longtemps son attente. Sentant le regard de la rôdeuse s’affoler et ses propres sens protester, il se glissa en elle retrouvant instantanément à chaleur torride et humide de son corps. Il laissa échapper un gémissement de plaisir, comme de soulagement. Alors, il sentit les mains familières le guider plus avant et il se laissa emporter par le torrent d’émotions renouvelées, s’insinuant entre ses reins en un va et vient alternativement enjoué, joueur, aimant.

Quête : Rendez-vous manqué

Le regard d'Astrée devint flou. Tous ses sens étaient concentrés sur les vagues de plaisir qui montaient en elle, chacune plus intense que la précédente. Son corps avait protesté lorsque son amant avait cessé quelques instants ses caresses, juste le temps nécessaire pour l'allonger confortablement. Fébrilement, elle avait empoigné ses hanches alors qu'enfin leurs corps s'unissaient, mettant fin à la douce torture de l'attente.
Leurs mouvements se répondaient parfaitement, éveillant en elle des tourbillons de sensations voluptueuses. Elle se laissa emporter par l'étreinte vers des sommets dont elle avait oublié jusqu'à l'existence, redécouvrant le bonheur de se donner pleinement à l'homme aimé, de se découvrir l'un l'autre. Ses mains, sa bouche cherchaient à accompagner le ballet de leurs corps, caressant ici, embrassant là, jusqu'à ce que le plaisir explose en elle, annihilant toute volonté, tout mouvement, toute pensée.

Elle caressa doucement ses cheveux alors qu'ils s'était laissé retomber contre elle, la tête sur son épaule.
- Je t'aime, murmura-t-elle en redressant légèrement la tête pour le contempler. Je crois que je pourrais passer toute la journée dans tes bras.
Elle sourit, simplement heureuse. Comblée. Et laissa à nouveau retomber sa tête en arrière, trop alanguie pour se lever tout de suite. Elle continua un moment à caresser ses cheveux, ses épaules, et laissa son regard divaguer, observant le ballet des nuages, jusqu'à ce qu'elle sente le froid s'insinuer dans ses membres.
Alors, lentement, elle se redressa, repoussant son compagnon sur le côté. Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de partir à la recherche de ses vêtements, lancés au hasard, et de les enfiler rapidement.
- On était sensés récupérer un peu d'eau pour le petit déjeuner, non ? Et... Je crois bien que tu ne t'es pas rincé !, ajouta-t-elle, espiègle, avant de fouiller dans les affaires de son compagnon à la recherche d'un récipient.
Les seuls dont ils disposaient étaient la gourde de Kasumi et un gobelet métallique, qui, elle l'espérait, résistait suffisamment à la chaleur pour y faire bouillir un peu d'eau. Ils devraient s'en contenter pour le moment, le reste de leurs affaires étant resté avec les bagages du rôdeur, sur sa monture.

Quête : Rendez-vous manqué

Il s’était laissé emporté dans les tourbillons de leur union si parfaite, savourant cette nouvelle découverte, au grand jour. D’abord guidé par son impulsion du premier moment, il s’était progressivement senti savourer chaque caresse, chaque vague de plaisir, chaque frisson qui avaient rythmé leur étreinte. Leurs premiers ébats fébriles de la nuit avaient semble-t-il laissé place à une compréhension mutuelle, non moins passionnée mais plus complète. Il avait senti Astrée partir en même temps que lui comme si leurs corps avaient trouvé une certaine forme d’harmonie. Toute pensée avait été abolie au moment fatidique. La vision du regard d’Astrée croisant le sien à cet instant avait tout oblitéré, sinon le plaisir immense qu’ils s’étaient partagé.

Alors, il s’était laissé aller contre son épaule, incapable de s’éloigner d’elle, encore moins en cet instant. Puis, alors qu’elle contemplait le ciel, il s’était mis à la contempler elle, bien plus immense que la voûte céleste à ses yeux. Il la regarda tandis qu'elle cherchait et enfilait les vêtements qu’il se souvenait parfaitement avoir lancé au hasard, la passion qu’évoquait sa nudité cédant un moment au plaisir de la regarder, simplement. Son corps était contenté tout comme son esprit. Une pensée le traversa et il partit d’un rire qui la fit se retourner vers lui. Il prit alors un ton mutin :

- Je suis bienheureux de ne pas m’être rincé encore. Dans le cercle de la Haute Forêt, certains rôdeurs avaient pour coutume de dire que les bains trop fréquents pouvaient être éprouvants pour le corps. Je comprends mieux ce qu’ils voulaient dire, je crois. Crois-tu qu’il me faille en prendre un autre ? L’eau peut être si revigorante parfois. Je suis partant si tu le juges préférable.

La lueur amusée dans son regard ne laissait aucun doute sur le fait qu’il ne parlait pas vraiment de se laver.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée sourit en retour.
- Méfie-toi, je pourrais te prendre au mot.... fit-elle avec un clin d'oeil, signe qu'elle avait parfaitement compris les sous-entendus de la phrase de son compagnon.

Elle se tut un instant, observant le corps nu du rôdeur, cherchant les résidus de savon qui lui avaient donné un parfum si agréable lors de leurs ébats. Elle fit mine de froncer les sourcils, l'air soudain sérieux.
- Tout bien réfléchi... je pense qu'un bon rinçage à l'eau glacée te serait profitable, oui.
Elle laissa son regard glisser ouvertement vers ses cuisses, et reprit avec un sourire plus large et un regard espiègle.
- Oui, vraiment, je crois que c'est indispensable... Mais je peux t'y aider si tu veux !

Et avant qu'il ait le temps de réagir, elle saisit le gobelet qu'elle venait de remplir, et en lança le contenu en direction de son torse. Puis s'enfuit en riant.

Quête : Rendez-vous manqué

Le rôdeur s’était soudain senti devenir cramoisi sous le regard évocateur d’Astrée et il resserra instinctivement les jambes, espérant masquer l’objet de son attention. Elle le taquinait, il le savait mais ce n’en était pas moins troublant même alors qu’ils étaient amants. Il sentit que sa réaction suscitait encore plus l’amusement de sa compagne il fut totalement pris au dépourvu par la douche d’eau glacée qui le fit sursauter. Mais il ne se formalisa pas de ce geste de complicité, bien au contraire. Le rire d’Astrée était communicatif et il se prit à sourire lui aussi. Il se leva en la regardant, les bras sur ses hanches, en une posture peu convaincante d’indignation.

Il fit mine de se diriger vers le ruisseau, résigné à lui obéir, mais au bout d’un pas il se détourna et piqua un sprint, poursuivant la jeune femme qui partit d’un rire bon enfant. Il se savait légèrement plus rapide qu’elle et, du reste, il parvint rapidement à sa hauteur. Un peu trop d’ailleurs pour laisser à penser qu’elle ne l’avait pas fait exprès. Elle se tourna alors vers lui, hilare. Le regard qu’il pointa sur elle était empreint d’un amour sincère, sans concession, elle était si belle quand elle souriait ainsi. Il lui vola un baiser lorsqu’elle se figea devant son air sérieux. Et avant qu’elle puisse se reprendre, il se pencha vivement, pour la saisir au bassin et la soulever par dessus son épaule. Lorsqu’elle se débattit, il resserra sa prise en posant familièrement une main sur ses fesses. Il ignora superbement ses protestations et se dirigea indolemment vers le petit cours d’eau, là où le cours était un peu plus profond. Il s’arrêta tout au bord et lui lança joyeusement :

- C’est le moment de me rincer, non ? Tu t’es gentiment proposée, alors…

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée ne put s'enfuir bien loin, il courait plus vite qu'elle. Du reste, la course n'était pas équitable : lui n'avait pas marché deux heures quasiment pieds nus la veille... Et ne luttait pas contre un fou-rire inextinguible ! Elle se laissa donc rattraper, riant aux éclats, s'attendant à une vengeance... Elle crut un instant y échapper lorsqu'elle croisa son regard si plein d'amour, lorsqu'il effleura ses lèvres.
Elle fut donc un peu prise au dépourvu lorsque le rôdeur, la soulevant comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume, la jeta sur son épaule et l'entraîna vers le ruisseau. Elle eut beau se débattre et protester, rien n'y fit. Il était plus fort qu'elle, et finalement, la sensation n'était pas désagréable. Elle avait une vue imprenable sur la courbure de ses hanches, les muscles de ses cuisses.... Et elle se sentait si légère ainsi.

Il s'arrêta au bord du ruisseau, prêt sans doute à l'y faire plonger la tête le première en représailles pour l'innocent verre d'eau qu'il venait de recevoir. Punition totalement disproportionnée aux yeux de la rôdeuse. Alors, sans crier gare, elle cessa d'un coup de se débattre, laissant tomber mollement son corps dans son dos, avec juste assez d'élan pour atteindre ses hanches, et même jusqu'à ses cuisses. Et avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qu'elle préparait, elle se mit à faire courir ses doigts sur l'un de ses flancs, au creux de sa taille, sur cette zone qu'elle savait tellement chatouilleuse. Elle le vit sursauter, puis commencer à se contorsionner, deserrant sa prise. Elle en profita pour prendre appui avec ses mains sur les cuisses de son compagnon, tirer brutalement et se dégager d'un coup, roulant dans l'herbe derrière lui. Elle se recula rapidement hors d'atteinte.
- Raté pour cette fois !

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi fut pris au dépourvu par la manœuvre, ayant même craint être allé trop loin. Alors qu’elle se laissait glisser, il avait craint qu’elle ne se fasse mal en tombant et avait tenté de la retenir. Il comprit donc trop tard ses intentions réelles et sursauta, totalement à la merci de la leste jeune femme. Il se sentit immédiatement un peu bête mais restait tout de même admiratif par l’agilité qui avait permis à la rôdeuse de retourner la situation. Il s’inclina, s’avouant vaincu et commença à se rincer, sans toutefois lui tourner le dos. Il la sentait bien trop encline à pousser son avantage même si pour cela il devait ne rien cacher de sa personne. Alors, mutin, il trouva enfin une répartie, la prononçant sans aucune trace de rancœur :

- Est-ce que le résultat te satisfait ? Et, oh, fais-moi penser à t’attacher la prochaine fois !

Encore un peu humide, il récupéra ses vêtements pour les enfiler, sans grande hâte, savourant le regard de sa compagne posé sur lui.

Quête : Rendez-vous manqué

Leur petite guerre était terminée, la paix avait été signée... Astrée se dit qu'elle attendait avec impatience la prochaine escarmouche. C'était si bon de plaisanter ainsi, de rire de ses taquineries, de le taquiner à son tour, de le provoquer, plus ou moins innocemment... C'était si bon de s'aimer. Elle avait soudain rajeuni de dix ans, revenant à l'époque bénie où un jeune barde avait conquis son coeur. Kasumi était très différent de Gwendal, bien sûr, mais elle l'aimait tout autant... elle avait même l'impression de l'aimer davantage, sans doute parce que le temps avait jeté un voile sur son histoire passée, atténuant ses souvenirs.
Et puis, le passé était le passé, là elle vivait le présent, et il était merveilleux, si riche de promesses de bonheur pour l'avenir. Encore une fois, elle réalisa la chance qu'elle avait d'aboir croisé le chemin de Kasumi.

Toutes ces idées tourbillonaient dans son esprit alors qu'elle observait d'un oeil espiègle son compagnon qui s'habillait. Elle se fit la réflexion qu'il avait complètement oublié sa timidité, sa gêne de la veille. Et que c'était tant mieux.
Elle s'approcha à son tour du ruiisseau, y remplit la gourde et le gobelet, évitant de trop s'approcher de son compagnon au cas où il lui vienne à l'idée de se venger de l'affront qui lui avait été fait. Mais il semblait avoir oublié, ou en tout cas décidé de passer l'éponge.
- Bon... Et si on préparait enfin le petit déjeuner ? Je sais pas toi mais... Moi j'ai une faim de loup !

Quête : Rendez-vous manqué

La légèreté de l’instant offrait un contrepoint parfait à la passion qui les avait animés, sa compagne et lui. Le calme revenu et les gestes simples consistant à s’habiller permettaient Kasumi de se rendre compte à quel point il se sentait en paix avec lui-même, léger, heureux. Il ne s’était jamais imaginé vivre un bonheur aussi complet et la vie lui apparaissait soudain beaucoup plus merveilleuse qu’avant, comme s’il avait franchi un voile, s’était affranchi d’un poids imperceptible jusqu’ici mais qui l’avait étouffé.

Il attendit patiemment qu’Astrée ait fini de remplir le petit récipient, soucieux de ne pas lui laisser à penser qu’il chercherait à lui jouer un mauvais tour. Il lui offrit sa main lorsqu’elle revint vers lui, se rendant soudain compte qu’il mourrait lui aussi de faim. Sans doute un effet secondaire des ébats qu’ils avaient partagé. Oui, décidément il se sentait lui aussi pris d’un appétit tout naturel. Il ne résista pas à une dernière taquinerie pleine de connivence en réponse à la remarque d’Astrée :

- Première Neige me fait savoir que si nous avions vraiment un appétit de loup, nous aurions du éviter de faire fuir toutes les proies à la ronde. Elle a eu bien du mal à nous apporter quelque chose.

Le demi-elfe avait pris un air mi-sérieux, mi- plaisantin, ne laissant pas deviner si la louve avait vraiment tenu ces « propos » ou s’ils tenaient lieu de la pure invention. La louve blanche choisit pourtant ce moment pour sortir des fourrés, deux beaux lapins dans la gueule. En arrivant dans la clairière, les rôdeurs avaient constaté que leur feu avait fini par s’éteindre, signe qu’ils s’étaient absentés bien plus longtemps qu’ils l’avaient imaginé. Kasumi se mit immédiatement en devoir de le relancer. Finalement, le menu proposé par Première Neige ne semblait pas si inapproprié car l’heure du déjeuner ne devait pas être si lointaine tout compte fait. L'estomac du rôdeur gargouilla, lui rappelant qu'il avait été délaissé alors que son corps avait si inconsciemment brûlé tant d'énergie.

RP: Rendez-vous manqué

Cuisiner sans récipient n'était pas chose aisée. Renonçant au civet de lapin, plat pourtant fort appétissant et revigorant, ils n'eurent d'autre choix que de faire griller leur viande à la broche au-dessus des braises que Kasumi avait ranimées. Heureusement pour eux, le rôdeur avait pu emporter quelques provisions dérobées aux esclavagistes. Des pommes de terre cuites sous la cendre accompagnèrent la viande, et le dessert se résuma à quelques fruits secs. Astrée réussit à faire bouillir un peu d'eau dans le gobelet de métal, et une tisane de serpolet, au goût délicatement sucré, vint compléter leur frugal repas.

La rôdeuse s'était installée au soleil pour déjeuner, afin de se réchauffer un peu. Sa tunique en loque et ses chausses raccourcies n'étaient décidément guère appropriées au climat du mois de Tarsakh. Encore qu'aujourd'hui, il faisait plutôt chaud. Mais cela ne l’empêcha pas de se blottir un moment contre Kasumi à la fin du repas, plus pour le plaisir d’être dans ses bras que par besoin de chaleur. Elle se sentait infiniment bien, et aurait sans doute pu demeurer indéfiniment ici. Mais il leur faudrait bien en bouger un jour…

- Dis… Et si on allait faire un tour au bord de la mer avant de remonter jusqu’à Deux-Ponts ? On ne doit pas en être très loin, on en respire l’air iodé d’ici. Je sais que ça nous retarderait un peu, et que tu as certainement hâte de retrouver Ombrage, sans compter que ton matériel nous serait bien utile pour camper. Mais on peut se permettre de perdre une petite demi-journée, non ? J’imagine que tu as tout laissé à l’auberge, l'aubergiste pourra bien attendre un peu. Qu'en dis-tu ?

Quête : Rendez-vous manqué

Le repas se révéla bien trop vite avalé pour Kasumi. D’ordinaire, il s’en serait aisément contenté mais il avait bien trop tiré sur la corde ces derniers temps. Au mieux, il s’était le plus souvent contenté de grignoter sur le pouce pour ne pas perdre un instant dans la recherche d’Astrée. Et il aurait été bien incapable de manger plus alors que l’angoisse le tenaillait. Alors, maintenant qu’il se sentait plus serein, la faim était revenue s’imposer à lui. Cependant, il prit infiniment plus de plaisir à manger simplement avec Astrée que s’il avait eu droit à un repas de prince sans elle. Il ne quitta pas des yeux sa compagne durant tout le repas et sourit lorsqu’elle le rejoignit à la fin. Quand elle avait posé sa tête sur son épaule, il avait simplement passé un bras autour des siennes et ils étaient restés sans rien dire un bon moment, profitant de cet instant de quiétude. La proposition de la rôdeuse le ramena un peu au moment présent. Au ton de sa voix, il avait su que se promener au bord de l’océan lui ferait plaisir. Il n’y avait donc pas à hésiter, l’idée lui était d’ailleurs plutôt agréable.

- Je crains d’avoir du laisser l’essentiel de nos biens sur Ombrage. J’ai du quitter la ville précipitamment en faisant croire que je renonçais. Malheureusement, ces brutes ont intercepté Ombrage. Mais je le retrouverai. Je suis certain qu’il en a fait baver aux hommes chargés de m’abattre. Tu ne devrais pas t’inquiéter. Nous avons tout notre temps maintenant que tu es libre, c’est l’essentiel. Il n’y a rien d’irremplaçable dans les affaires que j'ai laissé sur Ombrage et il me reviendra. Et je ne considèrerai jamais du temps passé avec toi comme perdu. De tout ce que j’aurais pu perdre, tu es la seule que je considère comme irremplaçable.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée ressentit un élan d'inquiétude en entendant Kasumi faire allusion à l'embuscade à laquelle il avait échappé. Elle n'avait pas pris le temps de l'interroger sur ses aventures de la journée précédente. Il avait dû sans doute échapper aux pires dangers pour pouvoir la retrouver. Et Ombrage, visiblement, était en mauvaise posture.

Mais elle n'eut pas le temps de s'y attarder. Kasumi venait de détourner habilement la conversation, profitant de l'occasion pour lui glisser un compliment, encore une fois. Elle se sentit rougir, et s'empourpra encore davantage en croisant son regard.
Spontanément, elle déposa un doux baiser sur ses lèvres. Sa façon à elle de le remercier, pour ce compliment qui l'avait touchée, pour tous les compliments dont il l'abreuvait chaque jour, et auxquels elle ne savait pas toujours quoi répondre. Baiser auquel il répondit avec tendresse, bien sûr. Elle ferma un instant les yeux, savourant la douceur de ce moment. Elle sentit les battements de son coeur s'accélérer un peu, mais elle décida qu'ils avaient trop à faire pour céder encore une fois à l'appel de leurs corps. Elle se détacha donc doucement de lui, à regret.
- Je crois qu'il serait bon que je me fabrique une paire de chaussures un peu plus confortables pour pouvoir marcher. Avec un peu d'écorce de chêne-liège, ça ne devrait pas poser de problème. Et puis, je vais essayer de trouver de quoi me bricoler un arc et quelques flèches. Non que je veuille remettre en question les talents de Première Neige, mais je ne veux quand même pas lui laisser faire tout le travail !

Joignant le geste à la parole, elle se dirigea donc vers le chêne le plus proche, et, de son couteau, commença à entailler l'écorce de liège. Il lui suffirait de récupérer les morceaux de tissus qui protégeaient actuellement ses pieds, de les fixer aux semelles de liège avec un peu de ficelle, en y perçant des trous à l'aide d'un petits os de lapin pointu qu'elle avait récupéré. Ou peut-être essaierait-elle de fixer de la peau de lapin sur le liège ? Elle n'avait jamais tenté ce genre de fabrication, mais elle ne pouvait tout de même pas rester indéfiniment pieds nus.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi s’éloigna de son côté pendant qu’Astrée récoltait du bois, un sourire énigmatique aux lèvres. Il revint dans la clairière au bout d’une dizaine de minutes et s’adossa à un tronc renversé à quelque distance d’Astrée et dos tourné à elle. Il maintenait quelque chose dissimulé derrière son dos et argua pour toute explication qu’il ferait bien une sieste pendant qu’elle s’attelait à ses tâches, et que de toute façon, il était loin d’être aussi habile qu’elle pour ce genre de travaux. Une lueur amusée dans son regard démentait la véracité de ses propos et il ajouta même sur un ton parfaitement badin :

- Et surtout ne viens pas me réveiller avant au moins une heure. J’ai pris goût à dormir nu, alors tu ferais mieux de ne pas t’approcher.

Première Neige, participant de bonne grâce au jeu, se plaça entre Astrée et son maître, la tête posée sur ses pattes en direction de la rôdeuse, pour surveiller ses mouvements.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée sourit, amusée. Et très tentée de se laisser prendre au jeu de la provocation...
- Méfie-toi, je pourrais te prendre au mot... et venir vérifier de très près si c'est vrai. Parce que moi aussi, j'ai pris goût à la nudité lorsque tu es là...
Elle se mit à rire devant la mine de son compagnon.
- Mais rassure-toi, puisque tu tiens tant à garder tes petits secrets, je n'irai pas t'embêter. D'ailleurs je parie que ta louve ne me laisserait pas approcher. A croire qu'elle tient à t'avoir pour elle seule un petit moment...

Au fond d'elle, elle mourrait d'envie d'aller voir ce qu'il tentait de lui dissimuler. Peut-être allait-il lui sculpter quelque chose ? Elle se sentit rougir à cette idée. Le souvenir de la statuette qu'il lui avait offert, quatre mois auparavant, illuminait toujours son coeur. Tout avait commencé là...
Ou peut-être se moquait-il d'elle et voulait-il juste piquer sa curiosité, en faisant semblant de cacher quelque chose simplement pour le plaisir de la provoquer. Non, elle ne lui ferait pas ce plaisir. Elle ne s'approcherait pas. En tout cas, pas tout de suite. Mais peut-être une fois sa méfiance endormie.... Et s'il tentait de résister, de cacher ce qu'il faisait..... Elle comptait bien parvenir quand même à ses fins. Elle disposait d'atouts non négligeables et savait s'en servir.

S'en tenant à sa résolution, elle ignora superbement le rôdeur et alla s'installer un peu plus loin, sans même le regarder. Elle réussit sans trop de peine à se bricoler des chaussures acceptables, suffisamment solides pour durer jusqu'à ce qu'ils aient l'occasion d'en acheter d'autres. Puis elle récupéra une longue tige de frêne qu'elle amincit aux deux extrémités après en avoir ôté l'écorce, veillant à ce que l'ensemble soit symétrique. Le milieu de la tige devait être suffisamment renflé pour être confortablement empoigné. Elle soupesa la tige, vérifia qu'elle tenait en équilibre sur son doigt, parfaitement horizontale. L'opération lui prit un certain temps, alors qu'elle amincissait un côté, puis l'autre, essayant désespérément d'obtenir l'équilibre idéal.
Puis elle tailla deux encoches aux extrémités, et fit plier la tige de bois pour y fixer un morceau de fine cordelette, règlant la tension qui convenait à sa force. Elle dut s'y reprendre à plusieurs reprises, l'opération demandait une certaine force et elle ne pouvait pas faire appel à Kasumi. Mais elle finit par obtenir un arc digne de ce nom. Elle s'employa ensuite à fabriquer quelques flèches, consciente que des pointes de bois, même dur, ne perceraient pas de gros gibiers. Cela serait sans doute suffisant pour des poissons ou des lapins, peut-être des oiseaux aussi, mais guère davantage. Elle pouvait aussi essayer d'y fixer un os taillé en pointe, peut-être ? Elle fit ensuite des encoches à leur extrémité, s'ajustant parfaitement à la corde. Puis partit à la recherche de quelques larges plumes pour l'équilibrage.

Lorsqu'elle eut enfin terminé, il était grand temps de s'enquérir de la surprise préparée par Kasumi. Alors, à pas de loup, elle s'approcha lentement de son compagnon, restant dans son dos pour qu'il ne l'aperçoive pas.

Quête : Rendez-vous manqué

Lorsqu’elle fut assez proche, Astrée put remarquer la tunique de Kasumi qui reposait négligemment sous sa nuque appuyée sur le sommet du tronc. Soit le rôdeur avait dit la vérité sur ses intentions, en dépit des apparences, soit il cherchait simplement à donner un semblant de crédit à ses paroles pour attirer sa compagne dans un piège. Première Neige leva la tête vers elle avant de la laisser retomber entre ses pattes, signifiant ainsi qu’elle ne révèlerait rien de son approche, s’en portant même complice. A moins que cela ne soit aussi là que faux semblant.

Mais le demi-elfe ne fit absolument pas mine de réagir alors qu’Astrée n’était plus qu’à quelques pas de lui. Comme s’il dormait… Il mit fin à la comédie en l’interpelant d’une voix parfaitement éveillée :

- Ta curiosité pourrait te perdre. Il est déjà temps de repartir ? Laisse-moi juste le temps d’enfiler mes chausses et je serai prêt. Mais tu dois d’abord te tourner, je tiens à ma pudeur.

Il n’avait pas bougé, lui tournant toujours la tête, peut être attendant de constater comment elle réagirait...

RP : Rendez-vous manqué

Astrée partit d'un rire joyeux. Il l'attendait de pied ferme, apparemment. Et elle adorait quand il cherchait ainsi à la provoquer.
- Ta pudeur... Tu n'en faisais pas tant de cas, ce matin, il me semble. Tu n'as quand même pas déjà oublié ? ajouta-t-elle, espiègle.
Tout en parlant, elle avait continué sa progression, et se trouvait maintenant juste derrière lui. Suffisamment près pour s'apercevoir qu'il avait conservé ses chausses, en dépit de ses allégations.
- Oh, il me semblait bien que c'était encore une des tes bêtises, fit-elle simplement. C'était presque dommage...

Se penchant par-dessus le tronc renversé, elle appuya sa joue contre celle de son compagnon, son menton sur son épaule. Négligeamment, elle laissa une main indolente errer sur son torse, en un geste à la fois tendre et possessif. Elle tourna légèrement la tête pour déposer un léger baiser sur sa joue, tout près de la commissure de ses lèvres. Puis d'un coup, sans prévenir, elle commença à effleurer d'une main habile son flanc gauche, juste la zone si chatouilleuse.
- Et dis-moi, que caches-tu dans ta poche ? Qu'est-ce que tu tentes de me dissimuler depuis tout à l'heure ?
Vive comme l'éclair, elle profita qu'il était occupé à résister aux chatouilles et à écouter ses paroles pour faire glisser sa main droite en direction de la poche ou, sans doute, il avait caché ce qu'il tenait dans les mains tout à l'heure.

Quête : Rendez-vous manqué

Même s’il avait cherché les taquineries, Kasumi rougit à l’évocation ainsi exprimée tout haut de leurs ébats et ne se méfia pas lorsqu’Astrée colla sa joue contre la sienne. Ses gestes étaient tellement tendres et aimants qu’il fut complètement pris au dépourvu lorsqu’elle se mit à le chatouiller. Il se débattit pour y échapper mais la rôdeuse n’entendait visiblement pas lui faire grâce si facilement. Elle poussa même éhontément son avantage malgré ses vives protestations et parvint à poser sa main sur la poche incriminée. Il lui captura le poignet à cet instant, l’empêchant ainsi de s’y enfoncer pour découvrir son contenu. Puis il tourna la tête vers elle et lui adressa un sourire des plus charmeurs :

- Je cache effectivement toujours une surprise rien que pour toi dans mes chausses mais je crois que tu ne cherches pas exactement au bon endroit.

Il fit alors mine de déplacer la main de la jeune femme sur le haut de sa cuisse avant de l’arrêter et de poursuivre d’un ton mutin :

- Est-ce que c’est une impression ou tu profites de la moindre occasion pour me chatouiller ? Peut être devrais-je exercer des représailles en cherchant quelques zones sensibles de ta personne. J’ai déjà une ou deux idées d’où chercher à dire vrai.

Son regard descendit de façon plus qu’évocatrice en direction des hanches de sa compagne, un sourire parfaitement innocent illuminant tout le reste de son visage. Il ne savait pas lui-même s'il cherchait ainsi à détourner Astrée du cadeau qu'il comptait lui offrir ou s'il souhaitait davantage. La taquiner était peut être une fin en soi.

Quête : Rendez-vous manqué

Astrée rougit lorsque son compagnon fit mine de déplacer sa main vers son entrejambe. Elle ne s'attendait pas à semblable réaction. Ou plutôt, elle aurait dû s'y attendre, connaissant Kasumi.... Peut-être n'y avait-il rien dans sa poche, peut-être lui avait-il simplement tendu un piège. Ou alors il cherchait simplement à la détourner du sujet.
Son visage s'empourpra encore davantage lorsque son regard descendit vers ses hanches. Pourtant, elle savait qu'il ne cherchait qu'à la taquiner. Enfin... sans doute... Ou peut-être pas.

Quoiqu'il en soit, elle n'allait tout de même pas se laisser impressionner si facilement. Elle enjamba lestement le tronc d'arbre qui les séparait et se planta face à lui, un sourire taquin aux lèvres.
- Je profite peut-être de la moindre occasion pour te faire des chatouilles, mais toi, tu profites de la moindre occasion pour me faire rougir. Alors, voyons... Tu parles de représailles... de quel genre exactement ?

Et sans façon, elle s'installa à califourchon sur ses genoux, face à lui. Planta son regard droit dans le sien, avec un sourire narquois. Un peu pour le provoquer, pour voir s'il oserait... ou pas. Elle sentit un trouble délicieux l'envahir, alors qu'elle approchait doucement son visage du sien, prête à l'embrasser. Et, au dernier moment, préféra subitement recommencer à le chatouiller, le prenant totalement par surprise. Elle éclata de rire.

Quête : Rendez-vous manqué

Lorsqu’Astrée lui fit face et s’installa sans manière sur ses genoux, le cœur du rôdeur s’emballa une fois de plus sans autre raison que la présence toute proche de sa bien aimée. Toute idée de la taquiner, de la provoquer se dissipa instantanément. Il éprouva plutôt le besoin de la serrer dans ses bras et s’apprêtait à le faire lorsque la rôdeuse s’approcha dans l’intention manifeste de l’embrasser.

Il tomba donc une nouvelle fois dans son piège, totalement à sa merci ? Il ne tarda pas à sursauter et gigoter en tous sens pour essayer de se dégager. Mais la jeune femme l’avait placé dans une position bien trop vulnérable pour qu’il s’en sorte aisément. Et elle savait chatouiller exactement là où il était le plus sensible. Il fut pris d’un rire incontrôlé, irrépressible et était bien proche d’offrir sa reddition sans condition pour qu’elle lui fasse quartier. Mais au hasard de ses gigotements, il parvint sans trop savoir comment à plaquer son corps contre celui de sa compagne, se mettant hors de portée de ses assauts pour un instant. Bien décidé à profiter de cette accalmie pour presser son avantage, il se redressa vivement en entraînant sous lui sa tourmenteuse, accompagnant sa chute d’un bras obligeamment passé derrière ses épaules. Dès qu’elle fut au sol, il se plaça à califourchon sur le haut de ses cuisses pour la maintenir allongée, par son seul poids.

Sans un mot, il se mit immédiatement à l’œuvre, espérant bien découvrir le point faible d’Astrée avant qu’elle ne se reprenne. Il commença par sa taille, son ventre, remonta sur ses côtés avec un peu plus de succès et au hasard des chatouilles découvrit qu’elle était particulièrement sensible juste sous les bras et sur le côté de ses seins, ce dont il ne se priva pas de profiter allègrement. Bien sûr, il reçut quelques chatouilles en retour mais en y résistant de son mieux, il prit rapidement le dessus, rendant à la rôdeuse la monnaie de sa pièce. Il sentit pourtant que la jeune femme se prenait au jeu et ils partirent tous deux d’un rire franc, rythmé par les cris hystériques d’Astrée lorsqu’il parvenait à percer ses défenses vacillantes.

La situation était bien proche de dégénérer encore une fois en ébat amoureux. Tous deux en avaient très certainement envie du reste. Pourtant, en croisant le regard de sa compagne et amante, Kasumi ressentit un désir plus pressant, celui de la surprendre. Il attrapa ses mains autant pour la dissuader d’entamer une contre offensive que pour le simple plaisir de sentir son contact. Lorsqu’elle fit mine de se calmer pour lever son regard vers lui, il lui lâcha celle de droite pour libérer la sienne. Il fouilla dans sa poche et en sortit un petit objet, d’une dizaine de centimètres à peine. Lorsqu’il le plaça dans sa main, la rôdeuse put s’apercevoir qu’il s’agissait en fait d’une petite rose sculptée dans le bois. Chaque pétale semblait se détacher à la perfection et respectait des proportions naturelles quoiqu’à une échelle moindre. Un œil attentif pouvait même remarquer le détail de fausses gouttes de rosées à l’apparence bien réelle. Le ton du demi-elfe était redevenu sérieux :

- Un vrai gentilhomme ne se présente pas à son premier rendez-vous avec sa belle sans prévoir de lui offrir quelques fleurs. Je n’en ai qu’une pour toi et j’ai pris un peu de retard alors j’espère que tu ne m’en voudras pas trop de t’avoir fait attendre.

Au regard satisfait qu'il lui lança alors, Astrée put raisonnablement se demander si Kasumi n'avait pas organisé toute sa comédie dans le seul but de lui offrir ce cadeau à sa façon.

Quête. Rendez-vous manqué

Astrée avait clairement eu le dessous lors de leur lutte. Kasumi connaissait maintenant ses points faibles, lui aussi. Et comme il était nettement plus fort qu'elle... Elle n'avait plus aucune chance de sortir vainqueur de ce type de combat désormais. Elle eut beau se contorsionner, impossible d'échapper à ses mains si habiles. Il lui rendit au centuple les quelques malheureuses chatouilles qu'elle avait eu le temps de lui infliger, et elle était sur le point de demander grâce lorsqu'il lui immobilisa les mains.
Elle ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes en le voyant porter sa main à sa poche. Ainsi, il y avait bien une surprise pour elle... Et elle s'était bel et bien laissée berner par ses provocations, oubliant de fouiller sa poche pour tomber dans le piège de la guerre des chatouilles..

La rose était magnifique. Astrée se redressa, s'asseyant tout contre son compagnon, et la prit d'une main tremblante d'émotion. Elle osait à peine effleurer le bois si parfaitement sculpté. Les pétales semblaient aussi douces et soyeuses que des vraies, et on s'attendait presque à en humer le délicat parfum. La rôdeuse leva les yeux vers son compagnon, rougissante, incapable de trouver les mots pour le remercier. Elle bafouilla.
- Merci... Je... Elle est vraiment très belle. Elle tenta un instant de retrouver un ton plus léger. Je savais bien que tu me cachais quelque chose !
Mais elle redevint très vite sérieuse.
- Tu as dû y passer un temps fou pour arriver à une telle perfection.
Elle baissa les yeux vers la fleur, caressant doucement les fausses pétales. Puis elle leva à nouveau le regard vers son compagnon, et lui prit la main, entremêlant leurs doigts.
- Merci, murmura-t-elle encore. Puis, presque timidement, elle déposa un léger baiser sur ses lèvres.

Quête : Rendez-vous manqué

Kasumi lui adressa un sourire radieux, et se mit à lui caresser la paume des mains de ses pouces sans même y penser. Il s’approcha à son tour pour goûter chastement à ses lèvres.

- Je t’aime, lui souffla-t-il simplement avant de l’embrasser à nouveau comme s’il puisait ses mots dans les baisers qu’ils partageaient. Lorsqu’il s’écarta pour la regarder de près, il partit d’un ton rêveur :

- Un temps fou, oui sans doute. Car à chaque fois que j’y travaillais je pensais un peu plus fort à toi alors que je ne pouvais pas te serrer dans mes bras. Si tu la trouves belle, c’est que je pensais à ton adorable visage lorsque je la sculptais. Je suis pourtant bien loin d’avoir atteint la perfection car mes souvenirs de toi étaient encore bien en dessous de la réalité.

Un nouveau sourire qu’il ponctua d’une légère caresse sur sa joue et il approcha une nouvelle fois ses lèvres des siennes, conscient que ses mots faisaient leur effet…

La Couronne de Cuivre

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