La Couronne de Cuivre

Les deux soldats coulèrent des regards discrets en direction des miliciens. La nourriture que ceux-ci avaient sortie de leurs sacoches avait l’air fort appétissante. L’odeur qui s’en dégageait, venait sournoisement chatouiller les sens de la bretteuse et du garde.

- Jambon poulet souffla ce dernier avec envie.

Les voir mordre dans le pain frais leur mettait l’eau à la bouche et rappelait douloureusement que le dernier repas qu’ils avaient pris remontait… à hier. En effet, minuit était largement passé et un nouveau jour commençait.
A cet instant précis, les pensées jusqu’alors professionnelles de Thémis laissèrent places à diverses visions comme celle d’un fabuleux buffet croulant sous une multitude de mets savoureux, ou l’image d’un grand lit pourvu d’oreillers moelleux…
Ses divagations furent soudainement interrompues par un mouvement brusque dans sa poche. L’ennui et la faim avait poussé Lune hors de sa cachette. L’hermine sauta à terre et entreprit de se dégourdir les pattes devant sa maitresse. La jeune femme suivit distraitement les vas et viens de l’animal.

- Si ça se trouve, nos messagers n’ont trouvés aucune information et se sont arrêtés à la taverne grommela son camarade.

- Espérons qu’ils ne soient pas trop saouls pour retrouver le chemin et nous prévenir que la mission prend fin répondit-elle malicieusement. Car si ça continue, on pourra vraiment dire que l’on prend racine…

Et le temps continua à passer lentement, s’étirant indéfiniment.

Plus audacieuse que sa maîtresse, l’hermine vint se planter effrontément devant le sergent pour quémander à manger. Celui-ci lui jeta quelques miettes avec un sourire amusé avant de constater que les soldats étaient mal pourvus :

- Il semble qu’on vous ait prévenu au dernier moment vous aussi. Vous n’avez rien emporté à manger n’est-ce pas ?

S’il semblait bien intentionné, Thémis ne put s’empêcher d’imaginer une pointe d’ironie dans la voix du sergent. Etai-il en train d’insinuer que les gardes faisaient preuve de négligence. Non, c’était certainement un effet de la faim et de sa patience mise à la torture.

Quête : Traque et matraques

L'incrédulité passa sur le visage de la jeune femme mais cela ne dura qu'un instant fugitif, elle ne s'était pas rendu compte que son fredonnement mental avait passé le seuil de ses lèvres.
Elle n'en voulait pas à Mikael de l'avoir surprise, même si cela dénotait de sa part un manque flagrant de concentration.
On amena enfin leurs montures, seule Lizbeth manquait encore à l'appel.

Quête : Traque et matraques

Au lieu de trois chevaux comme elle s’y attendait, on en n’amena que deux ainsi que la carriole de la demeure. Galariel comprit immédiatement la raison de cet arrangement en voyant Lizbeth sortir de la maison. En un temps record, elle était parvenue à enfiler une robe des plus élégantes et même à réarranger ses cheveux en une coiffure sophistiquée. Mikael perçut sa surprise avec amusement avant d’attraper la bride de son cheval et de monter avec souplesse.

- Si tu veux bien, nous devrions y aller sans tarder.

Quête : Traque et matraques

La guerrière s'attarda l'espace d'un instant pour admirer la noble luménienne, appréciant son maintien. L'instant d'après elle agrippa la selle du canasson qu'on lui avait alloué et grimpa dessus d'un bond souple.

- Eh bien en avant mon ami dit-elle à Mikael en talonnant légèrement sa monture.

Même si ce n’était qu’un effet de son imagination, la bretteuse n’allait certainement pas s’abaisser au point de demander à manger. Elle avait bien trop de fierté pour cela.

- Il est vrais que nous n’avons pas de nourriture répondit-elle d’un ton tranquille. Car le métier de soldat, exige d’être disponible à tout moment quand la cité court le moindre danger. Dans ces cas là, l’empressement est de mise et nous n’avons pas le temps de penser à nos besoins personnels.

Elle marqua une pause puis demanda pour changer de sujet :

- Vous ne trouvez pas que nos mésagers mettent un peu trop de temps ? Cela fait maintenant longtemps qu'ils sont partis.

Le temps avait effectivement passé depuis que les deux hommes s’étaient éloignés de leurs groupes respectifs. Cela devenait inquiétant et les deux miliciens cessèrent leur dîner en entendant Thémis verbaliser cet état de fait. La distance jusqu’aux portes ne pouvait à elle seule justifier ce délai et les soldats auraient certainement envoyé quelqu’un les avertir s’ils avaient eu des difficultés à trouver quelqu’un pour confirmer leurs ordres. Restait donc la possibilité qu’il leur soit arrivé quelque chose de fâcheux. De quoi réaffirmer la suspicion entre les deux compagnies. Si l’un des deux hommes était un traître, il avait pu s’en prendre au second pour l’empêcher d’atteindre les portes. Ou alors les deux hommes étaient tombés dans une embuscade et leurs agresseurs avaient tout le loisir de s’échapper pendant qu’ils attendaient ici que rien ne se passe.

Quête : Traque et matraques

Galariel commençait à bien connaître le trajet qui les amèneraient au Grand Fort. Depuis le peu de temps qu'elle était arrivée à Luménis, elle avait déjà eu de nombreuses occasions de l'effectuer et même d'y séjourner. Mikael n'était pas d'humeur à engager la conversation aussi n'avait-elle pas vraiment l'occasion de s'apesantir sur les jours écoulés. Au contraire, le jeune homme semblait désireux d'en finir au plus vite et découvrir comment leur proie leur avait à nouveau échappée. Ils arrivèrent en vue de l'édifice militaire sans guère avoir échangé plus de quelqus mots.

Rapidement, Thémis envisagea toutes les éventualités qui pouvaient expliquer l’absence des deux hommes. L’idée que malheur était arrivé à l’un de ses soldats la mettait hors d’elle.
Les sourcils froncés elle regarda fixement le sergent Boniface sans cacher sa méfiance. Elle en avait assez de cette situation ambiguë.
Il fallait prendre une décision : soit rester ici à attendre inutilement que quelque chose se passe. Soit partir à la recherche des messagers. Mais son choix était déjà fait :

- Messieurs, nous n’avons plus rien à faire ici. Notre premier devoir et de porter secours à nos camarades. Surveiller cet endroit ne nous avancera à rien. Allons-y.

Ses paroles étaient clairement un ordre et n’admettait aucune objection.

Mais le sergent Boniface n’était manifestement pas de cet avis. Même si la proposition de Thémis ne manquait pas de bon sens, il ne comptait pas obéir sans broncher à un ordre qu’il n’était aucunement tenu de respecter. Après tout, il avait le grade le plus élevé.

- Vous avez reçu pour mission de garder cet endroit. Jusqu’à ce qu’on détermine que cet ordre était erroné, vous êtes tenu d’y obéir caporal. Peut être que ceux qui nous ont mis dans cette situation n’attendent que notre départ pour se manifester. Cependant, il est parfois nécessaire de réviser une mission d’après les informations recueillies sur le terrain. Je vais donc me rendre aux portes mais il faut que certains d’entre nous restent ici au cas où.

Le visage de Thémis s’assombrit légèrement.
Ses paroles avaient été peut-être trop abruptes et avaient pu blesser le sergent. Mais sa patience était à bout, elle n’avait pas le temps d’être diplomate.
Même si le soldat avait quelque part raison, elle ignora sa réplique et dit d’un ton affable :

- Je serais ravie de vous accompagner jusqu’aux portes. Nos deux hommes suffiront à garder cet endroit.

Le sergent mit lui aussi un peu d’eau dans son vin lorsqu’il répondit à la jeune sous-officier.

- Je comprends votre inquiétude pour les membres de votre compagnie. Je me trouve dans la même position. C’est donc d’accord. Deux hommes resteront ici pendant que nous nous rendons jusqu’aux portes pour enquêter. Si vous n’avez pas de nouvelles de nous d’ici une heure, rentrez vous aussi et surtout ne vous séparez pas.

Après avoir réglé ces détails, le sergent se tourna vers Thémis, l’invitant à le suivre. Il marchait d’un bon pas mais prenait tout de même la peine d’inspecter le sol en quête d’indices. En tant que sergent dans une unité essentiellement urbaine, il n’avait guère d’affinité avec ce genre de tâches et s’en ouvrit à la jeune femme. Cependant, si un indice laissait supposer que les soldats avaient dévié de la route la plus directe, il tenait à le découvrir avant de se le voir confirmer par les gardes des portes.

La jeune femme aussi n’avait pas beaucoup d’expérience dans ce domaine. Elle ne savait pas s’il y avait une manière spéciale de procéder et se contenta donc de faire du mieux qu’elle pouvait. Elle leva haut sa torche et se concentra pour trouver le moindre indice. Mais le sol n’offrait rien qui pouvait faire penser que quelque chose d’anormal s’était produit.
Ils continuèrent ainsi leur marche silencieuse, chacun regardant et guettant de son coté.
Ils arrivèrent bientôt en vu des portes sans avoir rien trouvé. Thémis regarda le sergent d’un air anxieux.

Thémis nota que les hommes stationnés aux portes n'étaient plus les mêmes que lorsqu'elle était passée plus tôt dans la soirée. En soi, cela n'avait rien d'étonnant car plusieurs heures s'étaient écoulées depuis la relève. Son estomac se fixa plutôt sur les bonnes odeurs filtrant de la guitoune ménagée dans la muraille. Visiblement, certains soldats prenaient un dîner tardif mais chaud. Le changement de garde signifiait certainement que le capitaine qui avait donné son affectation à Thémis n'était plus non plus présent mais peut être certains des hommes auraient au moins vu le retour des hommes envoyés aux nouvelles. Un sergent les avisa et reconnut leurs uniformes en leur faisant signe d'approcher pour se réchauffer.

- Décidément, il y a du passage ce soir !

Thémis apprécia la douce chaleur qui se dégageait de la tante. Cela faisait du bien de retrouver un peu de civilisation après avoir passé tant d’heures accroupie dans des fourrés. Elle examina rapidement l’endroit en s’attardant plus longuement sur la nourriture et la cruche de vin disposées sur la table. Cependant, ce n’était pas encore le moment de penser à de telles choses.
Elle se tourna vers le sergent qui leur avait parlé:

- Bien le bonsoir. Nous avons quelques renseignements à vous demander. Auriez-vous vu deux soldats passer il y a une heure, tout au plus ? Nous les avons envoyés ici pour quérir des informations. En effet, j’ai reçu pour ordre de surveiller avec deux de mes hommes, une poterne abandonnée non loin de là. La raison en était d’empêcher la fuite d’un fugitif.

Elle marqua une pause et remarqua que les autres personnes présentes dans la guitoune écoutaient avec curiosité ses paroles.

- Cependant, nous avons vite rencontré des problèmes. Tout d’abord, la milice, elle désigna d’un signe de tête son camarade, à été envoyée vers nous en croyant que nous étions une compagnie et non un petit groupe. Ce qui aurait pu provoquer un grave incident puisque nous n’étions nullement au courent. Pour régler ce désagrément, nos deux groupes ont décidé de dépêcher deux messagers, qui sont partis ensemble vers vous. Mais, ne les voyant pas revenir, nous sommes donc venus voir ce qui ce passait. Et… je crois comprendre que vous avez eu beaucoup de visite cette nuit, n’est-ce pas ?

Le sergent mis un petit moment à répondre. Sans doute fouillait-il dans sa mémoire ou tentait-il de décrypter la masse d'information que lui avait fourni Thémis. Il était tard et parfois le cerveau ne marche pas aussi vite qu'on le voudrait. Il répliqua néanmoins d'un ton assuré :

- Oui, je me souviens. Nous venions de prendre notre garde quand deux hommes se sont présentés, un milicien et un militaire. Ils nous ont posé des questions sur votre affaire. Malheureusement, je n'ai pas pu les aider. Le capitaine dont il parlait est parti quand nous avons pris notre poste. Je les ai envoyés à la porte est où il devait se rendre ensuite. Ils ne sont pas revenus. Mais ce n'est pas tout à côté après tout.

Les paroles du sergent n'étaient pas si mauvaises que cela. Leurs hommes étaient bien parvenus jusqu'ici, cependant la relève de la garde s'était effectuée avant qu'ils ne puissent parler au capitaine. Ils avaient alors été envoyés jusqu'à la porte Est où celui-ci devait se trouver. Mais pourquoi n'étaient-ils pas de retour? Peut-être que cela n'était qu'une question de distance, comme semblait le suggérer le soldat... en tout cas Thémis l'espérait.

- Nous allons voir? demanda-t-elle à son camarade,

Le sergent n'avait pas vraiment de meilleur choix à proposer. Il répugnait un peu à traverser toute la ville et notamment le quartier est réputé pour ses troubles nocturnes mais c'était le seul moyen d'en apprendre davantage. Il prit les devants de Thémis en demandant à son homologue d'envoyer un message aux deux hommes restés à surveiller la poterne. Inutile de les inquiéter eux aussi...

- Nous n'avons plus qu'à nous y rendre. Malheureusement, il nous faudra bien une petite heure pour nous y rendre à pied. vous voulez manger un morceau avant que nous y allions ? Il y a peu de chances que cela change quoique ce soit...

Thémis n'était pas très enthousiasmée à l'idée de se rendre jusqu'à la porte Est mais ils n'avaient pas d'autre choix. Elle aurait voulu partir tout de suite cependant elle avait trop faim et ne pouvait se résoudre à continuer à marcher le ventre vide. Elle s'empressa donc d'avaler le bol de soupe que lui proposèrent les soldats. Le vin lui redonna un peu de force et de courage.
Une fois que la jeune femme fut prête, le milicien et elle se mirent en route.

La soupe était chaude et revigorante et son bon goût de légumes de saison était encore rehaussé par l'appétit de la jeune bretteuse. Thémis eut bien du mal à ne pas en demander un second bol mais dut se consoler d'une tranche de pain et d'un morceau de fromage qu'un soldat lui donna pour qu'elle l'emporte.

Le sergent la devança dehors et il paraissait nerveux. Le quartier est était encore réputé dangereux de jour malgré les efforts faits pour le réhabiliter depuis la guerre civile. De nuit et à deux seulement, leur patrouille pourrait avoir à faire face à de nombreux problèmes. D'ordinaire, les soldats en patrouille pouvaient s'appuyer sur la confiance qu'ils éprouvaient envers les membres de leur escouade mais même ce réconfort leur serait refusé ce soir. Les circonstances de leur rencontre ne leur permettaient pas de se faire vraiment confiance.

La pause avait été bien venue et la monture du conseiller fila, le pied léger. Les murs étincelants de Luménis se rapprochèrent peu à peu à mesure que le soleil entamait sa lente course vers l'horizon marin. Le jeu de lumière, célèbre, ne pouvait qu'émouvoir le voyageur arrivant au crépuscule. Finalement les ombres et le contrepoint irisé du ciel dessinait un dessin aussi complexe que grandiose sur les imposantes murailles qui s'offrirent au regard de Lothringen. Sans même y prendre garde, il était parvenu à proximité des portes sud de la Cité. Il n'y avait guère d'affluence à cette heure, hormis des villageois et campagnards quittant la cité pour s'en retourner chez eux après leur travail. Un des soldats leva la main pour demander au cavalier d'approcher : il y avait toujours quelques formalités.
- Bonsoir voyageur. Veuillez nous donner votre nom et la raison de votre visite.

Lothringen était toujours sous l'effet de son sort de déguisement, destiné à lui donner une apparence quelconque et à lui faciliter la vie durant le trajet. Il ne jugea pas très opportun de révéler son identité maintenant, d'autant que son changement d'apparence éveillerait la méfiance du garde et que sa visite n'avait du reste pas été annoncée. Aussi opta-t-il pour la solution la plus simple - le demi-mensonge éhonté.

"Salutations, militaire. Je m'appelle Rhigel Tonn et je suis messager de Manost ; j'apporte des nouvelles du continent pour l'ambassade et le palais. Pourriez-vous m'indiquer la route pour ces deux bâtiments ?"

Avec une efficacité de bon aloi, le garde désigna deux de ses camarades pour leur donner des instructions.

- Je vais affecter ces deux hommes à votre escorte. Les messagers sont toujours les bienvenus. Puis-je voir votre mandat officiel ? Nous pouvons aussi prendre des dispositions pour votre logement si vous le souhaitez.

Lothringen fouilla quelques temps dans son justaucorps avant d'en tirer le document demandé, plié en quatre et un peu fripé. En réalité, ce n'était pas la première fois qu'il servait ; grand amateur de ces voyages incognitos qui lui permettaient de renouer provisoirement avec son ancienne vie d'aventurier, le conseiller s'était préparé depuis longtemps, au cas où, un ordre de mission destiné à le tirer de situations du genre de celle-ci sans pour autant devoir faire appel à son statut.

La missive se contentait de stipuler que le porteur était mandaté par les autorités manostiennes, et elle était porteuse du sceau de la cité. Lothringen n'avait pas eu beaucoup de peine à se la procurer : il en était l'auteur.

"Voici votre document. Merci pour la proposition d'hébergement, mais je pense que l'ambassade trouvera moyen de me loger. Je commencerai du reste par me rendre là-bas."

Il n'aimait pas beaucoup qu'on lui affecte une escorte, ça lui donnait l'impression de se faire arrêter et l'obligerait à surveiller tous ses faits et gestes. Enfin, au moins, ça lui éviterait de se perdre en chemin...

Le garde lut attentivement le document puis hocha la tête avant de le rendre à son propriétaire.

- Les nouvelles de nos alliés sont toujours prioritaires. Souhaitez-vous changer de monture pour vous rendre plus rapidement au Palais ? Un secrétaire saura vous y indiquer comment joindre les conseillers. Il vous faudra près d'une heure pour vous y rendre, surtout avec une monture fourbue.

Pendant qu'il consultait le document, les deux hommes désignés étaient allé chercher des chevaux pour suivre le conseiller. Au moins, ils ne lui feraient pas perdre de temps. Et cela valait mieux car la nuit commençait à tomber.

Lothringen baissa les yeux vers son cheval, qui dressait les oreilles avec curiosité, comme s'il avait pu deviner que l'on parlait de lui. L'écume de sueur avait laissé des traînées blanchâtres sur son encolure, et sa crinière collait à la peau luisante. Il avait bien mérité un peu de repos.

"Soit, je vous échange celui-ci contre un autre moins fourbu."

Il mit pied à terre en retenant une grimace de douleur quand ses muscles refusèrent de s'étirer tandis qu'il se redressait. Jolies petites crampes... Et, quand il eut transféré les sacoches, remonter sur l'autre cheval ne fut pas non plus une partie de plaisir. En regardant s'éloigner sa première monture sous la conduite d'un garde, le semi-drow songea qu'il ne devait pas être plus frais que son cheval. Une fois installé sur sa selle aussi bien que possible, il s'adressa aux deux soldats d'escorte :

"Messieurs, si vous pouvez me conduire à l'ambassade... Je dois avant toute chose m'entretenir avec l'ambassadeur de Manost - et me changer, aussi."

Après avoir acquiescé à la requête de Lothringen, les deux soldats ouvrirent la route. Ils n'étaient guère loquaces et, de toute façon, le fait qu'ils chevauchent devant lui ne facilitait pas les conversations. Le conseiller eut amplement le temps de laisser son esprit vagabonder et de constater que les deux soldats se tenaient sur le qui-vive. La nuit tombait mais le quartier semblait tranquille et peu fréquenté, il devait donc s'agir d'une habitude chez eux.

Le groupe de cavalier arriva à l'orée d'un très grand parc et s'engagea sur ses allées pavées. L'un des gardes précisa au Manostien qu'il s'agissait du chemin le plus direct vers le quartier du gouvernement et aussi le plus agréable. Ce fut les seules concessions aux obligations sociales dont firent preuve les militaires. Près d'une demi heure plus tard, ils quittèrent le parc pour aborder un quartier moins résidentiel que le quartier sud mais tout aussi distingué avec ses grandes avenues et ses bâtiments de plusieurs étages soigneusement alignés.

Ils ralentirent enfin l'allure pour s'arrêter devant une grille imposante enserrant une cour devant un bâtiment ressemblant à ses voisins, en dehors du fanion de Manost flottant fièrement sur sa façade.

- Vous voilà arrivé, messire. Désirez-vous autre chose ? Vous pourrez récupérer votre monture demain aux écuries des portes sud.

Quête : Traque et matraques 2

La ballade jusqu'au domaine Ravny fut des plus agréables, Galariel menait la marche car Thémis ne connaissait pas précisément l'emplacement de leur destination ce qui ne les empêcha pas de s'arrêter par deux fois à un croisement la jeune Luskanienne hésitant sur la direction à prendre mais elles finirent néanmoins par arriver à bon port.
Galariel s'effaça pour laisser passer Thémis, en lachant un théatral:

- Bienvenue au domaine de dame Lizbeth Ravny

Quête : Traque et matraques 2

Un domestique vint immédiatement prendre en charge le cheval de Thémis et prendre des instructions quant à ses affaires. La jeune femme apprit qu'une chambre avait été préparée pour elle et qu'elle allait bientôt pouvoir rencontrer la maîtresse de maison. Selon toute vraisemblance, leur arrivée avait été prévue signe que Mikael avait envoyé un message.
Le domestique qui portait les bagages de la militaire les mena jusqu'en haut des marches du perron et les fit entrer dans le hall du manoir.

- Désirez-vous un rafraichissement ? Dame Ravny vous recevra dans quelques minutes.

Quête : Traque et matraques 2

Galariel accepta la proposition:

- Je veux bien, merci. Qu'avez vous en réserve?

Après cette petite marche les deux femmes avaient le gosier sec et une boisson raffraichissante serait effectivement la bienvenue.

Quête : Traque et matraques 2

Galariel avait appris lors de son court séjour au domaine Ravny que la chère y était bonne et variée. Le domestique lui proposa un assortiment de boissons alcoolisées ou non ne sachant ce qui ferait plaisir aux deux jeunes femmes. Il les incita à rejoindre le salon le temps qu'il aille chercher leurs commandes puis s'esquiva en cuisine.

Dans l'intervalle, Lizbeth fit son apparition dans une robe de soirée à faire pâlir d'envie. Visiblement, elle avait prévu son propre programme pour le reste de la journée. Elle salua chaleureusement Galariel puis Thémis, attendant que la guerrière la lui présente.