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Posté : dim. 14 août 2011, 10:58
par Taliesin
-Je m'en fiche, répliqua l'autre, décidé. Pas question que je reste ici tout seul. Je préfère même pas imaginer ce qui arrivera si la chose revient, si elle se rend compte que tu as quitté le puits...
Le gamin s'efforça donc d'entrer à son tour dans le conduit, ce qui ne fut pas sans difficulté. Puis, essoufflé, il rejoignit son camarade et tout deux entamèrent leur progression.
Elle fut terriblement longue, terriblement pénible, tant l'espace était réduit, tant ramper leur demandait d'efforts. Et le boyau ne semblait jamais devoir se terminer. Mais, au moins, il ne se rétrécissait pas...
Tout à coup, sans que rien ne l'ait laissé prévoir, ils entendirent un hurlement derrière eux, un cri si affreux qu'il les paralysa d'horreur. La créature hantant la maison s'était-elle aperçu de leur disparition ? Allait-elle se lancer à leurs trousses ?
Ils tentèrent d'accélérer le rythme. Comme pour les en empêcher, le boyau s'était fait plus resserré.
Et ce qui devait arriver arriva : Kasumi se retrouva bloqué.
C'était d'autant plus rageant qu'il avait la nette impression de se trouver non loin d'une cavité beaucoup plus grande. Le courant d'air s'était fait plus manifeste, et il croyait même entendre de l'eau goutter quelque part dans l'obscurité.

Posté : dim. 14 août 2011, 11:12
par Kasumi
Terrifié par le cri de la créature, le jeune rôdeur avait commis une erreur. Il n’avait pas pris le temps de repérer le terrain comme précédemment. Ses épaules étaient passées quoiqu’avec difficulté. Mais la légère inclinaison du tunnel lui bloquait les hanches. Il sentait le souffle de la liberté sur son visage mais ses contorsions ne lui valurent que des douleurs là où sa peau à vif frottait contre le terrain pierreux. Il tenta d’enfoncer ses bras dans le sol pour se dégager par un effort de traction mais ses bras étaient trop faibles pour tirer sa masse de ce mauvais pas. Derrière lui, ses mollets battaient le vide et il ne pouvait plus bouger les jambes. Ses reins lui faisaient atrocement mal, le forçant à se relâcher pour apaiser la douleur. Avec désespoir, il appela son camarade :

- Geoffrey ! Je suis coincé. Tu es loin ? Tu pourrais me pousser un peu ? Geoffrey, tu m’entends ?

La sueur lui dégoulinait sur le visage, la terre lui maculait le dos, lui procurant des démangeaisons sans qu’il puisse se soulager vraiment. Et la fatigue tétanisait ses muscles, rendait ses articulations douloureuses. Il se sentait pris au piège, vulnérable face à l’ombre qui rampait certainement vers eux pour en finir avec eux.

Posté : dim. 14 août 2011, 11:28
par Taliesin
-Je suis juste là... souffla l'intéressé, rassurant. Attends.
Il tenta de l'aider par de vigoureuses poussées et, grâce à lui, Kasumi fut presque libéré. Presque, car il resta coincé, au final. Mais il s'en était fallu d'un rien.
Un second hurlement retentit, plus formidable encore que le précédent, se répercutant tout au long du conduit.

-Je... Je crois qu'il arrive... gémit Geoffrey, d'une voix rendue suraiguë par la panique.
Puis il se reprit.
-On va y arriver. Faut seulement qu'on se coordonne mieux... Je vais pousser le plus fort que je peu. Toi, tire sur les bras, d'accord ? Allez, à trois...

Posté : dim. 14 août 2011, 12:19
par Kasumi
Kasumi était de plus en plus paniqué à l’idée de rester coincé mais surtout à celle de bloquer Geoffrey alors que la créature se rapprochait. Il réunit toutes ses faibles forces et son courage et s’arma au mieux de patience pendant que Geoffrey annonçait le décompte.
- D’accord ! Je devrais pouvoir t’aider quand ce sera ton tour. A trois !

Posté : dim. 14 août 2011, 14:17
par Taliesin
-Un... Deux... Trois !Sous le coup de l'effort démesuré qu'ils déployaient, Geoffrey se mit à ahaner, tandis que Kasumi sentit les muscles de ses bras trembler.
Un moment, il demeura parfaitement immobile. Puis, à l'instant même où il pensait la tentative échouée, il fut soudainement débloqué. Il était libre. Aux limites de l'épuisement, mais libre.
Derrière lui, le petit citadin avait toutes les peines du monde à retrouver son souffle. Devant lui, il semblait que le tunnel allait s'élargissant. En avançant, il aurait peut-être la possibilité de faire demi-tour. Mais cela lui ferait perdre du temps. Et si l'ombre était à leurs trousses...

Posté : dim. 14 août 2011, 16:52
par Kasumi
Kasumi fit de son mieux pour ignorer la douleur et ne pas écouter son corps qui ne demandait qu’à ce qu’il s’allonge quelques instants. Il dégagea ses jambes du passage pour le laisser dégagé pour Geoffrey puis se mit à l’encourager.

- Ça a marché ! Vite, c’est à ton tour. Je vais t’aider.

Il ne voulait pas abandonner Geoffrey à la merci de l’ombre aussi ne prit-il pas le risque d’avancer pour chercher un hypothétique endroit où il pourrait se retourner. Au lieu de cela, il se redressa du mieux qu’il put en présentant ses chevilles à portée des mains de son compagnon.

- Attrape mes chevilles dès que tu pourras, je t’aiderai à avancer si tu restes bloqué.

Posté : dim. 14 août 2011, 17:53
par Taliesin
Le garçon commença à s'engager dans la partie la plus étroite du boyau. Il parvint à passer ses épaules mais se retrouva finalement coincé comme l'avait été Kasumi quelques instants plus tôt. Il agrippa alors les chevilles de son camarade et ils joignirent à nouveau leurs forces.
Mais ils avaient tous les deux atteint - sinon dépassé - leurs limites et l'opération échoua : le petit citadin avait à peine progressé...
Un troisième hurlement retentit, si terrifiant, si effroyable qu'il leur vrilla les tympans et parut secouer le tunnel tout entier.

-Laisse-moi ! hurla Geoffrey. Ça sert à rien de s'acharner... Alors sauve-toi tant que tu le peux encore !

Posté : dim. 14 août 2011, 18:05
par Kasumi
Mais Kasumi ne l’entendait pas ainsi. Aussi terrifié qu’il fut en entendant les cris qui se rapprochaient, il n’abandonnerait pas Geoffrey. La première tentative avait épuisé leurs forces physiques mais ils étaient tellement proches de la liberté que cela n’avait plus d’importance. Le demi-elfe ne bougea pas et se mit à crier des encouragements :

- On y est presque ! Je te laisserai pas, tu le sais bien. Et je sais que tu ferais pareil. On s’est tenu les coudes dans la cave alors qu’on pouvait s’en sortir individuellement. Allez, je compte jusqu’à trois et je tirerai encore. Un ! Ça va passer ! Deux ! Je sens presque la sortie d’ici. Et trois !

Le demi-elfe poussa le plus possible sur ses bras et ses genoux, quitte à s’écorcher encore davantage contre la roche.

Posté : dim. 14 août 2011, 18:35
par Taliesin
C'était la dernière tentative : ils ne pouvaient qu'en avoir conscience. Si elle ratait, ils n'auraient plus l'énergie d'en entreprendre une autre.
Aussi s'acharnèrent-ils sans compter, aiguillonnés par la peur et par l'espoir.
Les secondes s'égrenèrent sans que rien ne se produise.
Puis Geoffrey fut libéré à son tour, dans un cri dont il était difficile de savoir s'il était de soulagement ou de douleur - les deux, peut-être.
Haletants, tremblants, endoloris, ils auraient aimé s'arrêter un moment, souffler un peu. Mais si, comme ils le croyaient, l'ombre était à leurs trousses, ils ne pouvaient se permettre ce luxe. Aussi, dans un dernier sursaut, dans un dernier élan, ils se remirent à ramper.
Le tunnelalla s'élargissant. Sa hauteur aussi augmenta, à tel point que, bientôt, ils purent se redresser.
C'est alors que Kasumi sentit de l'air plus pur sur son visage, qu'il crut distinguer,
encore à quelque distance devant eux. une vague lueur grise.

Posté : dim. 14 août 2011, 19:00
par Kasumi
Le soulagement de se retrouver dans une plus grande cavité se mêlait de crainte d’être rattrapés si proche de la liberté. Ces deux sentiments maintenaient les deux enfants debout, Kasumi en tête.

- On y est presque ! En plus j’ai l’impression qu’il fait jour. L’ombre ne pourra sans doute pas nous suivre dehors. Allez, plus qu’un dernier effort !

Son coeur battant la chamade, le demi-elfe n'osait croire à leur libération après ce cauchemar. Mais il fallait encore avancer, ne pas se laisser aller à jubiler. Ils n'étaient pas encore tout à fait tirés d'affaire.

Posté : dim. 14 août 2011, 19:07
par Taliesin
Mais le sort semblait en avoir assez de s'acharner sur eux.
L'ombre ne se manifesta plus : soit elle avait abandonné la poursuite, soit elle ne l'avait jamais entreprise. Le tunnel, lui, ne présenta plus d'obstacle, plus de difficulté. Encore quelques dizaines de mètres et, par une étroite fissure, il déboucha à l'air libre.
Les deux garçons se retrouvèrent au fond d'une ravine rocheuse comme il semblait en exister tant aux environs de la démoniaque demeure. Il faisait froid, l'air était limpide, le ciel sombre et dégagé. Les quelques étoiles qui y brillaient encore s'éteignaient une à une tandis que l'aube s'annonçait.

Posté : dim. 14 août 2011, 19:18
par Kasumi
Ils étaient enfin en sécurité, frigorifiés, démunis, perdus mais en sécurité. Envers et contre tout, malgré les épreuves et le cauchemar de l’ombre. Kasumi était trop fatigué pour se laisser aller à la jubilation de bon aloi mais s’autorisa de s’effondrer le mur contre l’une des parois de la ravine.

- On a réussi Geoffrey ! J’imagine qu’on va pouvoir arrêter nos bêtises d’hier matin. Enfin, si je retrouve la route du camp ! Je ne sais même pas trop dans quelle direction ça se trouve. Alors n’hésites pas à me dire si tu penses que je me trompe.

Posté : dim. 14 août 2011, 19:55
par Taliesin
-Plus de bêtises, oui... fit Geoffrey, la voix cassée par la fatigue. Mais tu sais, plutôt que te donner des conseils sur la direction à prendre - j'en serai incapable -, je vais essayer de ne pas te distraire. Nous avoir égarés une fois, ça me suffit.
Il soupira, coula un regard en direction du tunnel et réprima un violent frisson.
-Si ça te gêne pas, j'aimerais qu'on s'éloigne... En plus, si on s'arrête trop longtemps, je suis pas sûr de pouvoir repartir, ni d'avoir la force d'escalader ces rochers pour sortir de la ravine.
En temps ordinaire, l'ascension aurait été brève et aisée. Mais dans leur état, elle paraissait presque insurmontable.

Posté : dim. 14 août 2011, 20:04
par Kasumi
Kasumi s’était rangé à l’avis de son compagnon malgré son corps qui réclamait à cri de rester adossé quelques instants de plus. La force de ses bras semblaient l’avoir abandonnée rendant pénible le moindre effort. L’adrénaline n’était plus là pour les soutenir mais le demi-elfe avait envie de gagner l’abri de la forêt et de s’éloigner au maximum du danger. Ils déploreraient sans doute bientôt la perte de tout leur équipement, à commencer par leurs bottes, mais au moins avaient-ils échappé au pire.

- Ce n'était pas de ta faute. Soit j'ai moins de talent pour le pistage que je me plais à le penser, soit l'ombre nous avait piégée. Et puis, tu ne risques pas de me distraire. Discuter un peu me ferait du bien.

Posté : dim. 14 août 2011, 20:10
par Taliesin
Ils triomphèrent de cette courte escalade, mais celle-ci leur montra, si besoin en était, à quel point ils étaient à bout de forces. Parvenus hors de la ravine, ils durent d'ailleurs s'immobiliser, incapables, en l'instant, d'aller plus loin.
Une odeur étrange et une vive lueur attirèrent l'attention de Kasumi. En se tournant, il découvrit un gigantesque brasier, à seulement quelques centaines de mètres d'eux. Il lui fallut quelques instants pour comprendre que ce que dévoraient les flammes affamées n'était autre que la splendide demeure où ils avaient vécu tant d'horreurs. Dressée au milieu d'un parc qui semblait bien différent de celui entrevu la veille - plus de pelouses soigneusement entretenues, d'arbustes fraîchement taillés, mais un incroyable fouillis végétal -, la maison, tremblait, craquait, paraissait même prise de soubresauts sous l'assaut irrépressible du violent incendie, lequel produisait un panache de fumée noire qui semblait monter à l'infini dans le ciel couleur cobalt.

Posté : dim. 14 août 2011, 20:26
par Kasumi
Kasumi s’essuya les yeux pour en retirer la poussière qui les lui piquait. Mais c’était surtout l’effet de la fatigue. Pourtant, bien que ses paupières s’alourdissent, le fascinant spectacle lui maintenait les yeux ouverts. Ce dénouement étrange était vraiment inattendu. Le parc, s’il avait jamais été entretenu était véritablement différent. Il était impossible que la végétation se soit ainsi développée en une nuit. Le demi-elfe connut une bouffée d’angoisse en imaginant que leur séjour avait peut être duré beaucoup plus longtemps. Mais c’était une hypothèse ridicule : il aurait fallu des années pour que les arbustes prennent autant de vigueur, il le savait. L’incendie était lui aussi un phénomène impénétrable. Se pouvait-il que les feux qu’ils avaient laissés allumés l’aient provoqué ? Si c’était le cas, il n’en éprouvait aucun remords. Il ne fallait plus qu’aucun voyageur ne se retrouve piégé là et ne rejoigne les infortunés cadavres de la cave. D’ailleurs, il faudrait qu’il en parle, au campement, pour peut être que les adultes reviennent, et offrent une sépulture décente à ces mânes à défaut d’identifier les dépouilles. Le demi-elfe, à bout physiquement comme psychologiquement, fit une tentative pour amuser Geoffrey :

- Au moins, on n’aura pas à se soucier du feu de camp. Je ne pensais pas à un tel signal en allumant le feu dans la cheminée du hall. Et qu’on ne me dise plus que le savon n’est pas dangereux pour la santé après ça !

Posté : dim. 14 août 2011, 23:49
par Taliesin
Le petit garçon se fendit d'un sourire un peu pâlot.
-Ouais... D'ailleurs, moi, j'en utiliserai plus jamais ! Et j'entrerai plus non plus dans aucune salle de bain. C'est trop dangereux, ces trucs-là !
Il reporta son attention sur le brasier. Il fut parcouru d'un nouveau frisson, mais son sourire revint, plus large cette fois.

-En fait, les cris qu'on a entendus... C'était peut-être pas parce qu'on s'enfuyait. Si ça se trouve, l'ombre venait de se rendre compte que sa baraque cramait... Il était tellement occupé à nous torturer qu'il a pas fait gaffe aux feux que tu avais allumés, ou au chandelier que j'avais déposé sur le parquet pour t'aider à te relever. Tu sais, en haut de l'escalier menant à la cave. Et tiens, au fait, ça m'y fait penser...
Il s'interrompit, fouilla dans sa poche puis tendit la main vers son camarade.

-Je l'ai trouvée par terre, juste à côté de l'endroit où j'ai mis le chandelier. Comme tu avais l'air de beaucoup tenir à ce qu'il y avait dans ton sac, je l'ai ramassée...
Dans sa paume ouverte, il y avait une petite figurine de bois. Pas celle que Kasumi avait étreinte avec tant de force, non. C'en était une autre, beaucoup plus ancienne : la première que lui ait offerte le rôdeur du camp, bien des années auparavant.

Posté : lun. 15 août 2011, 08:45
par Kasumi
Kasumi sentit les larmes lui piquer les yeux d’émotion en voyant l’objet trouvé par Geoffrey. Il s’en saisit avec hésitation comme s’il n’osait trop y croire. C’était un des premiers cadeaux qu’on lui jamais offert. Elle représentait un écureuil croquant une noisette. La finition en était vraiment remarquable. Une sorte de porte bonheur qui ne le quittait plus et qu’il chérissait tendrement. Il ne savait pas trop quoi dire mais son expression devait être éloquente :

- Merci Geoffrey. Je suis vraiment content que tu l’aies sauvée des flammes. Et je suis désolé pour tes affaires. Je les trouvais vraiment chouette même si je t’ai dis le contraire.

Il manipula un instant la figurine puis la tendit à son camarade.

- C’est grâce à toi qu’elle n’a pas brûlée et puis tu m’as sauvé la vie dans la cave. Tu ne m’as jamais fait défaut alors qu’il aurait été plus facile de fuir. Je te l’offre. En signe d’amitié, si tu en veux.

Posté : lun. 15 août 2011, 09:20
par Taliesin
Ce fut au tour du petit citadin d'être ému aux larmes. Il se mordilla la lèvre inférieure, parut hésiter..Il finit cependant par tendre à nouveau la main, par saisir délicatement la statuette.
-Je... Merci....
Puis, à court de mots - chose exceptionnelle s'il en était -, il fit un pas en avant et étreignit maladroitement son camarade.

Posté : lun. 15 août 2011, 09:31
par Kasumi
Ne sachant trop comment réagir à cette marque d’affection inhabituelle, le demi-elfe imita son compagnon, lui rendant son étreinte. Les deux garçons laissaient enfin éclater des émotions qu’ils avaient du contenir pour survivre. Ils pouvaient enfin se laisser aller, redevenir des enfants terrifiés et frigorifiés qui n’aspiraient qu’à rentrer chez eux. Au bout d’un moment, Kasumi reprit la parole :

- Je suis épuisé mais on ferait peut être bien de partir. Juste pour se repérer. Si on prend un peu de hauteur, je reconnaîtrai peut être la région. Ou alors on peut attendre ici. Les rôdeurs à notre recherche ne devraient plus tarder avec un tel signal. Même s’ils ne nous cherchent pas par ici, ils enverront quelqu’un vérifier.

Posté : lun. 15 août 2011, 09:43
par Taliesin
-Effectivement, ils ont envoyé quelqu'un vérifier, dit une voix toute proche, les faisant sursauter.
En se retournant, ils virent s'avancer l'un des rôdeurs du camp. Le regard de celui-ci allait des enfants au brasier, du brasier aux enfants.

-Par les dieux, que s'est-il passé, ici ? Que vous est-il arrivé ? Nous étions fort inquiets... Et à juste titre, apparemment.

Posté : lun. 15 août 2011, 09:52
par Kasumi
Kasumi sursauta tellement il était surpris. Il n’avait pas entendu qu’on approchait mais, en reconnaissant le rôdeur, il comprit que c’était normal. L’homme en question était l’un des traqueurs les plus habiles, capable de surprendre une proie sauvage en s’avançant à quelques pas d’elle sans éveiller son attention. Ne sachant trop quoi dire, il laissa éclater son soulagement :

- C’est toi Dennis ? Vous en avez mis du temps ! Je me suis perdu, avec Geoffrey. On s’est retrouvé ici à la nuit tombante, dans ce refuge. Et puis… et puis on a été enfermés. Il ne faut pas rester ici, c'est dangereux. Enfin, peut être...

Les souvenirs étaient encore trop forts, trop vivaces pour les exprimer par des mots. Sentant sa voix défaillir, il préféra s’interrompre, laissant à Geoffrey l’occasion de s’exprimer à son tour.

Posté : lun. 15 août 2011, 12:00
par Taliesin
Geoffrey était cependant trop secoué pour s'exprimer clairement. Il bafouilla bien quelques mots sur la maison hantée, l'ombre, le tunnel qui leur avait permis de s'enfuir, mais il s'embrouillait, sa voix se brisait elle aussi, et Dennis finit par couper court à ses explications en lui posant une main apaisante sur l'épaule.
-Vous n'êtes pas obligés de tout raconter maintenant : rien ne presse. D'autant qu'à voir l'état dans lequel vous avez laissé cette maison, je gage qu'il n'y a plus grand chose à redouter.
Il toisa les deux garçons.
-Et à voir votre état à vous, je gage que vous ne pourrez pas aller bien loin...
Il fit glisser son sac de son épaule, en tira une couverture qu'il leur tendit.
-Allez, mettez-vous là-dessous. J'ai également de quoi boire et de quoi manger, si vous voulez. Pour le reste, n'ayez crainte : je veille au grain. De surcroît, les autres ne devraient plus tarder...

Posté : lun. 15 août 2011, 12:59
par Kasumi
Une fois au chaud sous la couverture, Kasumi se rendit compte qu’il était assoiffé. Et aussi qu’il n’y avait aucune honte à se faire dorloter un peu. Il ne considérait plus Geoffrey comme le citadin qu’il fallait impressionner par ses compétences, par sa maturité. Il pouvait baisser la garde et cela lui apportait plus de soulagement encore que la présence de Dennis. Les autres allaient bientôt être là. On avait lancé plusieurs chasseurs à leur recherche. Il allait falloir fournir des explications. Mais pas maintenant. Un peu rasséréné, le demi-elfe prit le relais de son compagnon :

- Geoffrey et moi n’avons rien mangé depuis hier soir. Mais j’ai surtout soif. Tu n’aurais pas un peu de vin, dis ? On est assez grands !

Cela ne coûtait rien de tenter, et puis sa mère n’était pas là pour y mettre le holà.

Posté : lun. 15 août 2011, 13:15
par Taliesin
Dennis fronça les sourcils puis éclata de rire.
-Voyez-vous ça ! Deux petits garçons quittèrent le camp par un bel après-midi. Après une courte balade en forêt, une brève nuit dans une maison hanté et un affrontement avec une ombre de rien du tout, ils revinrent, se prenant pour des hommes !
Son ton n'était pas vraiment moqueur, et Kasumi crut même y déceler une discrète pointe d'admiration.
-Allez, vendu ! Je n'ai pas de vin, mais un petit remontant pas piqué des hannetons. Il me paraît fort approprié.
Il tira de son sac une petite gourde. A tour de rôle, les enfants en avalèrent une grande lampée. Le breuvage leur parut d'abord très bon, avec son goût sucré, ses arômes de plantes... Puis, comme ils l'avaient avalé sans méfiance, il révéla sa vraie nature, leur brûlant la gorge, les faisant tousser, s'étrangler...
-Ces messieurs voudraient-ils de l'eau, à présent ? lança le rôdeur, riant de plus belle et leur montrant une seconde gourde.

Posté : lun. 15 août 2011, 18:39
par Kasumi
Kasumi plissa les yeux, mécontent de s’être ainsi fait piégé. Il accepta néanmoins de bonne grâce la gourde d’eau qu’il passa derechef à Geoffrey, lui laissant la priorité. L’alcool, malgré ses effets nocifs, avait au moins le mérite de leur faire oublier un instant les affres de la maison hantée. Le demi-elfe demanda, d’un ton légèrement angoissé :

- Je ne m’étais jamais perdu aussi bêtement. Mais vous n’avez eu aucune difficulté pour nous trouver. Est-il possible que l’entité nous ait perdus d’aussi loin ? Je ne comprends pas. Enfin, s’il y a quelque chose à comprendre. J’étais peut être distrait, trop sûr de moi.

Le sujet lui tenait visiblement à cœur. Et cette fois pas pour impressionner quelqu’un.

Posté : lun. 15 août 2011, 19:14
par Taliesin
Le rôdeur resta un long moment à observer l'incendie avant de répondre.
-Je doute sincèrement que tu sois responsable de quoi que ce soit dans ce qui est arrivé. D'abord parce que tu connais bien les environs du camp, et parce que même si tu t'étais perdu par inadvertance, tu a appris les moyens de retrouver ton chemin. Ensuite, parce que cet endroit est extraordinairement éloigné du camp, à un point que tu n'imagines même pas. Pour tout dire, il est hors des limites de la zone que nous fréquentons ordinairement. De surcroit, il est tellement difficile d'accès qu'il me semble impossible que vous y soyez arrivés par hasard. Bref : vous avez non seulement perdu votre route, mais aussi les notions du temps et de la distance que vous parcouriez, et vous avez abouti en un lieu reculé, peu aisé à rejoindre, comme si on vous avait pris par la main pour vous y amener. Il y a là-dedans quelque chose qui n'est pas naturel. Quant à savoir quelle est cette chose...
Il haussa les épaules.
-Je ne sais pas. L'ombre dont vous parlez était à coup sûr puissante car, jamais, nous n'avons soupçonné son existence. Elle devait se maintenir cachée par magie, elle et sa résidence, ne se révéler qu'à ceux qu'elle avait choisis comme proies et pensait pouvoir terrasser sans mal. Les dieux soient loués, elle vous a mésestimés ! En tout cas, c'est la première erreur qu'elle commet une erreur, et ses pouvoirs devaient être immenses. Il n'est donc pas impossible que ce soit elle qui vous ait égarés de le début. Après, elle peut avoir bénéficié du concours de l'herbe-qui-égare. D'ordinaire, celle-ci, heureusement fort rare, ne porte pas à conséquence, ne provoque que de passagères pertes d'orientation pour qui sait se repérer en forêt. De fait, si vous aviez seulement marché sur l'une de ces étranges plantes-fées, vous auriez été quittes pour une petite frayeur, rien de plus. Et puisqu'il n'en a rien été, j'en déduis qu'elle n'est pas seule en cause, ou même qu'elle n'est pour rien dans tout cela.
Il soupira, adressa un sourire chaleureux au petit demi-elfe.
-Quoi qu'il en soit, tu peux être rassuré : tu n'as pas failli, ce n'est pas toi qui t'es perdu.

Posté : lun. 15 août 2011, 19:47
par Kasumi
Kasumi adressa un sourire reconnaissant à son aîné et s’autorisa même une pauvre tentative d’humour, signe qu’il allait un peu mieux :

- J’espère que ce n’est que ça parce que sinon Geoffrey ne voudra plus jamais m’accompagner dans la forêt ! On est loin du camp ? On va mettre longtemps à rentrer ? Parce que je ne voudrais pas que maman ne s'inquiète trop. Elle ne me laisserait plus sortir avant que je sois adulte.

Posté : lun. 15 août 2011, 19:58
par Taliesin
-La forêt, ça me gêne pas d'y retourner, intervint le gamin. Mais comme je te l'ai déjà dit, c'est dans les salles de bain que je mettrai plus les pieds...
Dennis l'observa, perplexe, puis se remit à rire.
-Je crois que vous avez vraiment beaucoup de choses à nous raconter, et j'ai honte de les entendre... Par contre, Kasumi, concernant ta mère, ce n'est pas une interdiction de sortir que je redouterais, si j'étais toi. Non, je redouterais plutôt les soins dont elle va t'entourer pour te remettre sur pied. En même temps, elle aura raison : vous avez l'air assez mal en point...
Il fouilla dans son sac.
-Enfin, tu as encore quelques bonnes heures pour t'y préparer psychologiquement : on ne sera pas au camp avant le milieu de l'après-midi -mais on la préviendra bien avant, ne t'en fais pas. Et en attendant, mangez un bout, ça vous fera du bien.

Posté : lun. 15 août 2011, 22:38
par Kasumi
Kasumi fit une grimace affreuse à voir en songeant aux soins maternels qu’il allait devoir supporter comme prix de son escapade. Même si cela valait toujours mieux que le sort qu’il avait évité, il protesta :

- C’est pas juste ! En plus, on n’est pas vraiment blessés. Le vieux Ted était bien plus mal en point que nous après s’être battu contre cet ours enragé. Il n’a laissé personne le dorloter et il est reparti en patrouille la semaine suivante !

Le garçon prit soudain conscience des réalités et que son estomac était bien vide. Maintenant qu'il était en sécurité et au chaud, il était bien moins noué et bien plus affamé !

- Tu as du jambon ? J'adore le jambon.