La Couronne de Cuivre

La pierre se mit à crépiter et se fendit légèrement, là où les quelques goûtes étaient tombées.

Se fendre n'était pas exactement le mot, finalement. On aurait dit... que "quelque chose" se dessinait sur la surface de la perle noire. Pour le moment, cela ressemblait à des traits indistincts.

Sofia posa la boule noire sur le bureau et versa plus de cette étrange mixture dessus... Peut-être cela allait-il révéler tous les secrets de la sphère ?

La fiole ne contenait pas beaucoup de liquide, et Sofia dut en verser la totalité pour accomplir la... transformation, ou ce qui s'en approchait, de la perle noire.

Elle était à présent entièrement recouverte de symboles ésotériques, comme gravés au fer rouge sur sa surface. Et à en juger par la fumée qui s'en dégageait, le liquide avait dû ronger quelque chose à l'intérieur.

Sofia regarda alternativement le flacon et la pierre, déconcertée.

Que devait-elle en faire à présent ? Et à quoi servaient ces "bras" métalliques munis de pinces, qui sortaient du mur ?

Trois bras... trois fioles... il manquait donc deux sphères, impossible autrement.

Sofia regarda les différents bras et décida de tenter de poser la sphère dans le troisième, le plus à gauche.

La pince permettait une préhension horizontale, de telle sorte qu'il était impossible d'y "déposer" un trop petit objet. Et le diamètre de la sphère était trop étroit pour qu'elle tienne entre les deux arcs de métal...

Quelque chose devait être suspendu ici. De cela, Sofia n'avait pas le moindre doute. Mais quoi... ?

[HRP : les pinces vue de dessus ont à peu près cette forme : ==C ]

Fâché par cet état de fait, Sofia tâcha d'examiner un peu plus précisément la sphère. Si elle ne comprenait toujours pas les glyphes étranges, elle demanderait sûrement à Mylène d'y jeter un oeil... Elle verrait probablement plus clair.

Non, vraiment, elle n'avait jamais rien vu de tel. La seule chose dont elle était certaine, c'est que ces dessins la mettaient mal à l'aise... Ils semblaient... maléfiques. Oui, c'était le mot. Leur ésotérisme les liait-il à une quelconque religion perdue ? Ses connaissances - pourtant honnêtes - en ce domaine ne lui permettaient pas de répondre...

La réponse se trouvait peut-être ici, parmi les livres. Ou peut-être dans la chambre de Lucien, de l'autre côté du petit vestibule...

"Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?", demanda Mylène, brisant ainsi le silence qui s'était installé dans la pièce.

Contrariée, Sofia rangea la sphère dans son corsage. Finalement, non, elle ne tenait pas à ce que Mylène la voit.

"Je ne sais pas trop, répondit Sofia. Je pensais trouver des ouvrages sur des langues anciennes, mais apparemment, il n'y a rien de ce côté à ce sujet... Peut-être pourrions nous trouver des livres supplémentaires dans la chambre de Lucien ?

Mylène tiqua un instant à l'évocation de "Lucien".

"Je... je ne sais pas trop, hésita-t-elle. Je vais peut-être plutôt redescendre. J'ai besoin de prendre l'air, avec cette odeur..."

La jeune fille quitta la pièce, rejoignit le vestibule, et descendit par les escaliers, laissant Sofia seule à son exploration. L'odeur lui montait elle aussi à la tête, et elle éprouva un soulagement certain lorsqu'elle la quitta.

La chambre de Lucien se trouvait certainement en face. A pas prudents, Sofia s'avança, tous ses sens aux aguets.

Une fois encore, le spectacle était au rendez-vous. Cette pièce était un véritable musée à elle seule. Des tableaux, de maîtres à n'en pas douter, ornaient des tapisseries dentelées de soie et de fils d'or. Un lit à baldaquin trônait au centre de la pièce, juste sous la fenêtre. Un peu partout, des étagères, coffres, armoires, et autres guéridons mettaient en valeur de multiples bibelots de tous âges et de toutes origines. On pouvait même y sentir un soupçon d'arômes exotiques, que Sofia ne parvint pas à identifier. Un certain désordre organisé régnait cependant dans cette chambre, qui lui rappelèrent l'artiste romantique et désordonné qu'elle avait cru connaître...

Après avoir fait quelques pas, elle remarqua sur le mur derrière elle deux portes, sur sa droite et sur sa gauche, toutes deux entrouvertes.

Sofia, intriguée, laissa courir son regard d'une porte à l'autre, puis décida d'emprunter celle de droite.

Un peu déçue par la désaffection de Mylène pour ses activités, elle n'en continuait pas moins de chercher... Et puis qui savait ? Peut-être que rester seule encouragerait la personne qui essayait de la menacer à se montrer ?

Un rapide coup d'oeil dans la pièce de gauche lui permit d'identifier ce qui ressemblait fortement à un bureau. La pièce de droite en revanche était une salle de bain. Luxueuse, certes, mais une salle de bain quand même. Baignoire en marbre, évier assorti, armoires suspendues au mur aux portes en miroir... Sofia reconnut aisément le parfum de la crème à raser de Lucien...

La pièce, au premier coup d'oeil en tous cas, ne semblait rien contenir de particulier.

Si Sofia avait une sainte horreur qu'on touche à ses affaires, il y avait bien une raison : il lui avait toujours été difficile d'imaginer que les autres puissent ressentir les mêmes envies qu'elle, à savoir fouiller furieusement dans les placards...

Après s'être assuré que personne ne l'observait en se rendant sur le pas de la porte, elle se mit à chercher doucement dans les placards, histoire de ne pas tout déranger, et de ne pas laisser trop de trace de son passage...

Sofia s'approcha des placards, et tenta d'ouvrir le premier.

Fermé.

La poignée et le mécanisme - en bois - pouvaient sans doute être forcés d'une façon ou d'une autre, mais elle ne préféra pas abimer quoique ce fut, pour le moment tout du moins.

L'autre placard en revanche, s'ouvrit aisément.

L'armoire contenait plusieurs planches photographiques, datant vraisemblablement d'avant sa naissance, à la mention "été 1870" sous-titrée sous l'une d'elles. Elles représentaient pour la plupart un jeune garçon, posant sous un arbre ou courant dans les champs, accompagné d'une femme de la haute société qui aurait pu être sa mère.

En fait, la plupart des photos représentaient ces mêmes personnes, à différentes dates, la plupart antérieures au début du siècle.

Cela ne faisait pas de doute. Elle aurait reconnu ce visage à toute époque, et en tous lieux. Il ne pouvait s'agir que de Lucien. Quel âge avait-il, à cette époque... 6 ans ? 7 ans ?
La vision de cet enfant innocent fit naître un léger malaise au plus profond d'elle-même, malaise qu'elle ne parvenait pas tout à fait à repousser.

Sofia déposa la première pile de photos, et saisit la suivante, au fond du placard. Celles-là semblaient plus récentes. "Hiver 1912", mentionnait la première.

Hiver 1912 ??

Son coeur se mit soudainement à battre la chamade. 10 années auparavant... L'époque où elle avait rencontré Lucien.

La première photo avait été prise à Paris. Ainsi que la suivante. Et toutes les autres après. Oui, il n'y avait pas de doute, elle reconnaissait parfaitement cet endroit. Lucien, coiffé de son chapeau haut-de-forme préféré...

Sofia versa une larme, qui roula lentement sur sa joue.

La personne qui tenait l'appareil en cet instant précis, c'était elle.

La jeune femme demeura immobile quelques instants, perdue dans ses souvenirs douloureux, avant de fixer de nouveau son attention sur son environnement.

Sous la pile de photos se trouvait une pochette. Une pochette contenant des négatifs.

Malgré ses "mauvais yeux", Sofia avait très envie de jeter un oeil aux négatifs et les pendit devant la fenêtre pour y voir plus clair.

La clarté du soleil était heureusement suffisante pour lire les négatifs. Sofia rehaussa ses lunettes, et plaqua la bande grise contre la vitre.

Toutes les premières photos étaient celles qu'elle avait déjà pu observer, développées, dans l'armoire. Les dernières en revanche... n'y étaient pas. Et pour cause... Lucien y était accompagné d'une jeune femme. Une jeune femme dont il avait tenté de nier l'existence publique tout le reste de sa vie. Cette même jeune femme qui y avait mis un terme bien des années plus tard...

Il n'y avait aucune équivoque possible. Enlacés, main dans la main, son coup sur son épaule, s'embrassant tendrement... Ces photos auraient prouvé à n'importe qui le lien qui les unissait.

Sofia était déchirée entre haine, culpabilité, et nostalgie... En d'autres circonstances, ces photos auraient sans nul doute aidé à prouver la filiation de leur enfant. Mais les dernières volontés de Lucien en avaient décidé autrement. Le seul héritage qu'elle obtiendrait serait celui qu'elle obtiendrait par elle-même...

Sans parler qu'établir un lien aussi intime entre elle et lui en ce moment n'était sans doute pas la meilleure façon d'écarter tout soupçon...

Pas question de laisser ces photos traîner ici, à la portée de n'importe qui. Si elle avait pu les trouver, c'était peut être le cas d'autres personnes... Elle ne voulait pas laisser ce genre d'indices derrière elle. Elle fourra les négatifs dans ses poches, peu soucieuse de les abîmer. D'ailleurs, si elle pouvait les brûler, voilà qui serait une excellente idée.

Regardant autour d'elle, elle tâcha de s'assurer qu'elle avait tout fouillé. Il serait regrettable de laisser d'autres photos de ce type dans les environs... D'ailleurs, c'était peut être ces négatifs qui avaient mené l'idiot qui la menaçait jusqu'à elle...

L'autre placard demeurait fermé. Sofia en inspecta un instant la serrure, plutôt sommaire en fin de compte. Un fil de fer et quelques épingles en viendraient certainement à bout... du moins le supposait-elle.

Le reste de la chambre était assez hétéroclite pour occuper d'éventuelles recherches plusieurs heures durant... et Sofia dut faire quelques choix arbitraires dans ses investigations.

Modèles en bronze décorant une fine étagère près du plafond, vases précieux d'extrême-orient, statuettes exotiques aux reflets cuivrés... Quelque chose la turlupinait, sans qu'elle ne parvienne à dire pourquoi... Oui, elle sentait - ou plutôt pressentait - quelque chose *d''anormal*, ici, dans cette pièce... Quelque chose qui effleurait sa conscience, mais qu'elle ne parvenait pas tout à fait à saisir.

Tandis qu'elle reculait de quelques pas, afin d'avoir une vision d'ensemble de la pièce, son coude heurta malencontreusement une petite statuette déposée sur un guéridon. Réagissant au quart de tour, Sofia eut in extremis le temps d'avancer son pied afin d'amortir la chute de l'objet sur sa chaussure, qui glissa sous le meuble le plus proche.

Elle demeura quelques instants figée sur place, le coeur battant, puis s'accroupit afin d'évaluer l'étendue des dégâts.

Au moins, il ne semblait pas cassé... Elle porta l'objet devant ses lunettes, qu'elle réajusta pour l'occasion. Non, pas même une fêlure... La chance était avec elle.

Mais tandis qu'elle était sur le point de se relever... elle remarqua... quelque chose... Oui, quelque chose de suspect, d'inhabituel du moins. Sous le vaste lit à baldaquin.

De là où elle était, on aurait dit une balle.

Sofia s'avança d'un bond au bord du lit, puis se glissa en dessous, sans grande peine au vu de sa hauteur. Elle ne se rendit compte de sa prise qu'au toucher. Il s'agissait d'un papier roulé en boule.

Fébrile, elle se redressa et s'approcha de la fenêtre tout en le dépliant.

Il n'y avait que deux mots d'inscrits sur le papier. Deux simples mots.

"Guide" et "jardinage".

Et de l'autre côté, un "I" en chiffre romain entouré à l'encre verte.

Voilà qui était pour le moins sybillin comme message... Pourtant, Sofia pensait avoir trouvé un élément supplémentaire, un élément des plus intéressants... Comme la sphère dont elle avait découvert les symboles...

Son coeur se mit à battre plus fort. Et si... et si elle découvrait le trésor ? Voilà qui arrangerait bien ses affaires !

Elle regarda à nouveau les mots inscrits sur le papier et se frotta les yeux. Ce papier parlait-il d'un livre ? D'un abri à jardin ?

Autant de questions pour l'instant sans réponse...

Sofia préféra quitter la pièce, avant d'être découverte par qui que ce soit. Elle cacha le papier dans ses vêtements, puis se précipita dans le laboratoire, où elle espérait dénicher un ouvrage intitulé, ou peu s'en faut "Guide pour le jardinage"...

Sofia quitta la pièce, passablement insatisfaite. Elle avait la sensation de laisser quelque chose d’inaccompli derrière elle... mais sa nouvelle découverte était prioritaire.

L'odeur de souffre fut ce qu'elle retrouva en premier en franchissant les portes du laboratoire. Sofia passa en revue tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un livre, ou à un document... Mais il fallait bien se rendre à l'évidence, rien entre ces murs ne parlait de près ou de loin de jardinage...

Cependant, Sofia n'avait pas exploré toutes les pièces du château...

[HRP : à l'étage, il est toujours possible de poursuivre la fouille du laboratoire, de la chambre en face, ou d'explorer l'une des pièces adjacentes à la chambre (le bureau ou la salle de bain). Ou encore de redescendre au rez-de-chaussée dans une autre pièce ou sortie non explorée précédemment citées]

Sofia réalisa soudain qu'elle n'avait pas encore fouillé le bureau attenant à la chambre et revint rapidement sur ses pas, tâchant de se faire discrète, mais aussi de repérer qui que ce soit qui pourrait l'apercevoir. Il fallait se dépêcher, histoire de ne pas être trop vue dans un tel endroit.

Sofia traversa le vestibule et rejoignit la chambre, puis le bureau. La pièce, bien que plus petite que la précédente, demeurait richement décorée. Le secrétaire au centre de la pièce était taillé dans un bois sombre et dense, ainsi que les deux armoires ouvertes de chaque côté de la fenêtre. Sur le mur en face, un tableau - penché - laissait apparaître la porte métallique de ce qui ne pouvait être qu'un coffre-fort; et à droite du coffre, le boitier brun et noir d'un téléphone.

La jeune femme traversa lentement la pièce, inspectant son environnement. Sur le bureau - qui comportait trois tiroirs - on trouvait plusieurs piles de documents entassés, ainsi qu'un porte-plume, et un encrier en fonte. Et dessous, une poubelle, remplie de papiers froissés.

Les étagères près de la fenêtre supportaient de nombreux dossiers volumineux et autres classeurs débordants, ainsi qu'une machine à écrire, et un réveil.

Sofia s'approcha enfin du coffre, après avoir lentement traversé la pièce. Une large molette centrale à crans devait sans doute permettre d'en entrer la combinaison... sans laquelle il était bien entendu impossible d'accéder au contenu.

Son estomac gronda tout à coup furieusement. Il était déjà 11h et demie passées, et le repas serait sans doute servi dans moins d'une heure.

Mais en attendant... par où commencer les fouilles ?

Les étagères inspirèrent grandement Sofia. Il fallait aller vite, et trouver. Avant d'être repérée, et avant le repas qui, si elle y dérogeait, la rendrait peut être un peu suspecte.

Les étagères contenaient tellement de documents que Sofia ne sut par où commencer.

Il s'agissait de livres de comptes, principalement. Des séries et des séries de chiffres, de noms, de devis, de reçus... Archivés mois après mois, année année. Certains étaient étiquetés "personnel", d'autres "mairie", "travaux", ou "entretien"... D'autres encore n'avaient pas de noms.

A première vue, il y avait là une bonne décennie de registres. Le coeur de "l'empire" De Rochebois...

Sofia n'avait bien entendu pas tout parcouru, bien qu'il eut été possible (mais fastidieux) de poursuivre dans cette voie. Sans savoir quoi chercher, il y avait de quoi passer plusieurs semaines à éplucher ces chiffres...

Sofia tâcha de rechercher les mots clefs "Guide" et "jardinage", espérant y trouver quelque chose... Mais toujours prête à se rabattre sur les tiroirs si elle sa quête se révélait infructueuse.

Non, vraiment, aucun de ces documents ne parlait de jardinage, de près ou de loin... La seule référence - très éloignée - en rapport était à propos d'un projet de décoration municipal d'une place dans le centre de Villeneuve...

Quelque peu dépitée, Sofia s'attaqua les tiroirs. Les deux premiers ne contenaient rien de très original pour un bureau... Papier libre, crayons, plûmes, quelques bougies de cire... Et le troisième était vide...

Les seules parties de la pièce qu'elle n'avait pas encore explorées étaient ces documents entassés sur le bureau, et ceux froissés dans la poubelle.

Et bien entendu le coffre-fort...

Tâchant de faire les choses rapidement, Sofia s'attela à la recherche de documents intéressants sur le bureau... La corbeille serait sont prochain objectif.

Les documents sur le bureau se révélèrent davantage intrigants, en revanche : quelques textes en latin, annotés ci et là d'une plume rapide; des plans, de lieux qu'elle ne connaissait pas. Plus elle descendait dans la pile de documents, plus leur contenu la mettait mal à l'aise... La langue s'éloigna du latin, pour devenir plus obscure, presque menaçante... Des symboles étranges et inquiétants apparurent petit à petit en ornementation des textes, dans une encre rouge dont elle ne préféra pas examiner l'origine... Tout ces symboles n'étaient pas sans rappeler les liserais orangés qui étaient apparus sur la perle noire une fois qu'elle eut versé dessus le liquide du laboratoire.

Que signifiaient-ils ? Elle n'en avait pas la moindre idée. L'écriture - manuscrite - n'était pas des plus aisées à déchiffrer. Du peu qu'elle parvenait à en comprendre cependant, elle ne connaissait qu'un seul mot pour en qualifier le contenu : nécromancie. Sofia avait souvenir d'une vieille rebouteuse de son village, qui attirait le mauvais oeil à l'aide de dents de requin...

La jeune femme déposa la pile de documents à l'endroit où elle l'avait prise, et se pencha enfin sur le contenu de la corbeille.

Le plus au dessus de la pile était une enveloppe froissée, qu'elle déplia pour en inspecter l'inscription sur son verso. "Pour Nils". Quoiqu'elle ait pu contenir, elle était vide à présent.

Elle tira ensuite d'autres papiers roulés en boule, déchirés ou raturés. Quelques feuilles de compte, quelques formules de chimie... Son regard s'arrêta un instant sur un poème, arraché d'une reliure à spirales.

Et tout à coup, son coeur se serra. Sur l'un des brouillons froissés et enroulés, on devinait un chiffre romain, inscrit à l'encre noire. Les mains tremblantes, elle le déplia, découvrant ainsi un " III " minutieusement tracé. Il y avait aussi une inscription de l'autre côté.

"L'Oeil Noir de la Mort".

Et annoté en petits caractères, plus bas : "10 décembre. Plus qu'une."

Il ne restait guère plus de papiers à l'intérieur de la corbeille, et l'un des derniers portait quant à lui une marque rouge.

" II "

D'un geste fébrile, elle retourna le papier défraichi.

"Talfraout, vallée des Ammeln. Maroc."

"3 Octobre"

Sofia récupéra les deux papiers annotés de chiffres romains et les fourra dans ses poches. Pas question de laisser échapper ces... indices. Indices de quoi, elle ne savait pas, mais cela la détournait momentanément de son forfait. Peut être était-ce des indices pour trouver le trésor ? Peut être, ou peut être pas...

Pour l'instant, elle devina sans peine que le papier indiqué III renvoyait à l'oeil de la statue dans laquelle elle avait découvert la sphère noire. Il fallait à présent deviner où se trouvait les autres sphères, celles indiquées I et II.

L'un des papiers renvoyait à un lieu au maroc, et l'autre... à un guide de jardinage ? Voilà qui semblait bien étrange.

Il était grand temps de descendre, et, pourquoi pas, de demander innocemment si Lucien n'était pas parti un jour en voyage au Maroc... et pourquoi pas, trouver l'abri de jardin ?

Une image s'imposa soudainement dans l'esprit de Sofia. "Talfraout"... Elle avait déjà entendu ce nom, oui, cela ne faisait aucun doute. Cette vallée était célèbre pour quelque chose.

Un rocher, lui sembla-t-il... Oui, un rocher à la forme particulière... Comment s'appelait-il déjà ?

Son visage s'illumina tout à coup.

La "tête de lion".

Oui, c'était bien cela. Un énorme rocher en forme de tête de lion qui dominait la vallée. Elle revoyait très nettement cette image.

Ne restait plus qu'à savoir si sa déduction était juste... Et surtout, quoi en faire...

Son estomac la rappela tout à coup à l'ordre. Il était midi passé, et le petit-déjeuner commençait à être loin derrière elle...

Fière de sa trouvaille, Sofia s'attela à descendre, cachant un peu sa joie et ses découvertes, pour rejoindre rapidement, mais pas trop, la salle à manger qu'elle avait délaissée trop longtemps...

La Couronne de Cuivre

[MP] Histoire : Ailyn