La Couronne de Cuivre

L’éclaireuse lui fit part des dispositions qu’elle avait déjà prises pour tenter de juguler cette nouvelle menace : les prêtres cherchaient ainsi un moyen de détecter la présence du champignon le plus vite possible, même avant que des comportements étranges commencent à apparaître. D’autres s’attelaient aussi à tenter de détruire le champignon sans nuire au sujet qui en était l’hôte. Dans les deux cas, les travaux ne faisaient que débuter et promettaient d’être longs.

D’autant plus qu’il faudrait procéder à des tests sur des sujets bien vivants. Selon Deskata, la plupart des éclaireurs accepteraient de se porter volontaires, d’autant plus qu’ils étaient les plus susceptibles d’être exposés au phénomène. Mais cela réduirait aussi d’autant leur faculté à surveiller le secteur en cette période trouble.

Alchem hocha la tête.
« Il faudra en aviser les nains. Nos connaissances dans le domaine fongique devraient pouvoir nous aider. Dès fois, les solutions sont toutes simples. À tout hasard, mettez nos prêtres en relation avec nos cultivateurs. Jusqu’à nouvel ordre, chaque patrouille qui reviendra en ville devra être dépostée. Autre chose ? »

Deskata n'avait rien à ajouter mais demanda encore une fois l'autorisation à Alchem d'instaurer un système de quarantaine dès qu'un svirfneblin aurait un comportement suspect ou équivoque. Elle insista sur le fait que les prêtres ne savaient pas encore si la maladie était contagieuse et comment elle se propageait.

- La patrouille qui se rendra là où notre patrouilleur a été infecté aura pour mission de découvrir des traces du champignon, ajouta-t-elle enfin.

« Deskata, prenez toutes les mesures qui vous semblent nécessaires. Contentez-vous de me tenir informer. »
Autrement dit, elle n’avait plus besoin de son aval. Elle était intelligente, elle allait comprendre que c’était un test. Elle allait comprendre qu’elle était sur le point de devenir patrouilleur en chef si elle se montrait à la hauteur. Cela allait lui mettre la pression car la situation était périlleuse et qu’Alchem n’était pas connu pour pardonner les faux pas. Mais si elle voulait se hisser sur la plus haute marche, elle devait supporter cela sans ciller.

Deskata s'inclina avec respect et remercia Alchem pour sa confiance avant de prendre congé. La patrouilleuse était déterminée à réussir, non pas seulement pour ses ambitions mais bien pour servir son peuple et surtout ne pas décevoir son mentor.

Après le départ de Deskata, le svirfneblin put poursuivre la préparation de ses préparatifs sans plus être interrompu : chacun savait maintenant ce qu'il avait à faire mais cela prendrait du temps avant de donner des résultats concrets.

Oui, prendre du temps... L’expédition qu’envisageait Alchem ne pouvait qu’être retardée. Il fallait obtenir avant de pouvoir partir un moyen de contrecarrer le fameux champignon. Le chef des patrouilleurs n’était pas totalement suicidaire. L’opération était risquée déjà par sa seule nature, pas besoin de s’exposer de surcroît à une menace suplémentaire. Tout en remplissant les devoirs quotidiens de sa fonction, le gnome commença aussi à se demander s’il ne ferait pas mieux d’adopter une autre tactique. Les Drow n’avaient encore envoyé aucune troupe conséquente. Rien que le déploiement de Lameroy à Belroc les empêchaient d’envisager une victoire militaire rapide. Si les elfes noirs se déployaient de façon trop importante, ils s’exposeraient aux coups de poignard de leurs confrères. Alors, que leur restait-il ? Leurs manigances. Ne serait-il pas possible de mener une guerre de résilience ? Tout contrer, jusqu’à ce qu’ils se lassent. Ha, si seulement les Drow n’avaient pas été aussi têtu. Ce genre de conflit pouvait durer des années. Mais n’était-ce pas déjà le cas ? Est-ce qu’au final cette seconde guerre n’était-elle pas simplement le prolongement de la première ?

Chaque guerre faisait des victimes, même les plus larvées qui ne voyaient pas de troupes s’affronter. Au cours des jours suivants, aucun rapport d’éclaireur – que ce soit à Belroc ou à Ornegemme – ne fit mention de présence ennemie.

Mais des pertes commencèrent à être déplorées : le patrouilleur emprisonné finit pas succomber lorsque que les miasmes fongiques se répandirent dans tous ses organes. Puis ce fut le tour de certains de ses collègues et même plusieurs civils n’ayant pas quitté la ville au cours des veilles passées. Plutôt que d’attaquer directement, il semblait que les drows aient opté pour une tactique fourbe : une épidémie mortelle.

Ha, les enfoirés ! Ha les immondes raclures ! Il n’en fallut pas d’avantage pour achever d’attiser la haine d’Alchem envers les Drow. Il rêvait de les détruire, de leur faire payer au centuple cette félonie et toutes les autres. S’il avait eu sous la main une armée, il l’aurait sans hésité mené jusqu’à leur cité de damnés pour la raser pierre par pierre ! Il s’était mis à rêver de cela, tout en sachant que de tels songes ne devaient pas le guider. Il donna toutes les instructions nécessaires pour freiner la contamination et pour favoriser la recherche d’un traitement efficace. Lorsque se fut fait, il s’investit lui-même dans cette recherche. Et lorsqu’il faisait quelque chose, il ne le faisait pas à moitié. Il travaillait jusqu’à tomber de fatigue. À ceci s’ajoutait un peu de temps pour manger, pour prier et pour dormir, voilà son emploi du temps. Si jamais il se rendait compte que les recherches mettraient trop de temps à aboutir, alors il lancerait son expédition vers les Drow, non pas pour les espionner, encore qu’il ne s’en priverait pas, mais surtout pour leur voler le remède à cette maladie qu’ils détenaient sans doute.

Trouver un remède s'avéra être une tâche de longue haleine voire impossible avec les éléments actuellement à leur disposition. Les sorts des prêtres parvenaient à ralentir la progression des symptômes et les opérations de prévention menées - notamment dans les lieux susceptibles de favoriser la prolifération des champignons - contribuaient à diminuer le nombre des nouvelles infections mais cela grevait les ressources limitées de la cité et aucun vaccin ou remède définitif ne semblait en vue. L'expédition menée sur le terrain de la première contamination fit chou blanc : le champignon identifié avait disparu depuis longtemps, privant ainsi les svirfneblins de la souche originelle nécessaire pour confectionner une parade adéquate.

Face à ces constats, Alchem n’hésita plus. Après une longue discussion avec sa mère, il mit en branle les préparatifs de l’expédition dont il allait prendre la tête. Il sélectionna un groupe très restreins de gnomes. Lui compris, ils seraient cinq. Tous les autres étaient des rôdeurs ou des roublards, car tous devaient pouvoir se mouvoir tels des fantômes sur le territoire Drow. Il avait jugé qu’être plus nombreux serait contreproductif car ce serait prendre le risque d’être repéré plus facilement sans pour autant avoir l’assurance de pouvoir remporter une confrontation direct. Il ne fallut pas plus d’une heure pour que tout soit prêt. Lorsque ce fut le cas, Alchem convoqua Deskata et la nomma patrouilleur en chef durant son absence. Enfin, il passa rapidement dire au revoir à Dotha, quelque chose de très formel mais qui ne l’était pas tout à fait. Rien ne l’avait forcé à le faire. Il lui apprit l’opération qu’il débutait. Elle comprendrait sans mal qu’il pouvait ne jamais revenir. Mais avec l’étrange maladie, elle-même n’était pas à l’abri du trépas.

Cela affecta clairement la prêtresse mais elle se montra aussi très digne : elle savait qu'Alchem se lançait dans une mission des plus périlleuse et elle était inquiète mais elle avait appris que personne n'avait de meilleures chances de réussite. Et elle avait sa propre fonction, ici. Non moins importante. Empêcher les drows de franchir leurs défenses sauverait de nombreuses vies et il en allait de son devoir.

Le départ d’Alchem se fit dans une grande discrétion. Sans doute cette précaution était-elle inutile, car l’ennemi ne devait pas encore avoir placé d’espions dans la cité, ni même avoir localisé sa position, mais il fallait toujours envisager le pire. L’illusionniste et son groupe, plus que familiers des lieux, disparurent dans les méandres de l’Outreterre. Direction la ville Drow.

HRP : composition de l’escorte d’Alchem :
- 2 rôdeurs (chasseurs) niveau 6.
- 2 roublard (assassins) niveau 6.
Le niveau 6 me paraît convenir pour des patrouilleurs d’élite, sachant qu’on est passé en v5. Tout le monde maîtrise bien sûr la compétence Discrétion. Alchem et les roublards ont même cette compétence doublée du fait de la capacité expertise. Les rôdeurs ont bien sûr comme terrains favoris l’Outreterre. Niveau équipement, c’est simple : armure de cuir cloutée, épées courtes et arbalètes légères pour tout le monde, ainsi que le grand manteau gris à capuchon des patrouilleurs.

Cela faisait trois heures que le groupe remontait péniblement le tunnel. Il était escarpé et couvert – à certains endroits – de mousse glissante. Les svirfneblins, aussi expérimentés qu’ils fussent, ne pourraient guère tenir plus de quelques lieues à ce rythme. Chaque pas supplémentaire était un risque de plus qu’un accident survienne et risque de révéler leur position à la faune des environs. Alchem, avec tout son instinct, repéra le premier l’anfractuosité dans la roche. Une ouverture assez large pour les héberger le temps d’une pause. Mais aussi assez vaste pour abriter une créature ou des êtres intelligents.

L’art des svirfnebelins étaient de voir sans être vu. Aussi Alchem s’employa-t-il à faire cela, non sans avoir au préalable indiqué d’un geste l’anfractuosité à ses compagnons. Ils ne devaient pas avoir dit plus de trois mots depuis leur départ d’Ornegemme. Ces longues marches silencieuses faisaient du bien au chef des patrouilleurs. Maintenir une attention constante était un véritable défi qui lui permettait de faire abstraction du reste. Il fut seul à s’avancer, mais en cas de problème, les autres étaient juste derrière.

Alchem retrouvait tous ses réflexes même si la perturbation magique qui l’avait récemment affecté avait émoussé certaines de ses compétences. Il était toutefois assez alerte pour détecter immédiatement que quelque-chose clochait : plusieurs traces sur le sol suggéraient la présence d’un prédateur. Des os partiellement broyés, des traces de griffure. Elles pouvaient être relativement anciennes et il n’y avait ni bruit ni odeur mais ce n’était pas une garantie absolue.

De toute façon, il devait se reposer. La montée risquait d’être trop éreintante sans cela. Il fallait donc plus que des traces et des os pour pousser Alchem à renoncer à cette cavité. S’il y avait un animal à l’intérieur, ils étaient certainement assez nombreux pour l’éliminer rapidement. Le gnome fit signe de le rejoindre. Tous purent prendre la mesure de la situation, les explications étaient inutiles. Le groupe commença à progresser. Inutile de préciser qu’ils étaient prudent, ils l’étaient toujours. Ils se méfiaient des Drow qui avaient le chic pour surgir d’un recoin improbable pour prendre une vie en une fraction de seconde.

La cavité n’était pas très profonde : à peine de quoi s’avancer suffisamment et se tenir tous ensemble dissimulés depuis l’extérieur. Le groupe s’avança donc avec toute la prudence de mise, examinant chaque recoin qui aurait pu dissimuler un danger potentiel. Il n’y avait personne ni aucune créature… Non, un des rôdeurs leva une main en signe d’avertissement, eut tout juste le temps de désigner un trou de la taille d’un poing au niveau du plafond, bondit en arrière dans un réflexe. Avec un bel ensemble, les autres membres du groupe réagirent de même en se collant contre les parois. En une fraction de seconde, une demi-douzaine de tentacules garnis de pointes avaient émergé de toute part pour fendre les airs.

Ha bah tiens, c’était quoi cette chose ? Alchem se posait encore cette question alors que son corps, mû par l’instinct, agissait. Estimant que l’espace était trop réduit pour apporter une réelle sécurité contre les tentacules, il préféra l’offensive. D’un geste, il fit naître un trait de feu et l’envoya sur la chose. Si lui attaquait, les autres attaqueraient aussi. Avec un peu de chance, l’assaut combiné de cinq svirfnebelins pourrait régler le problème. Dans le cas contraire, il y aurait probablement des morts dans leur rang vu qu’ils étaient acculés contre les parois.

L’attaque d’Alchem provoqua un cri strident provenant du fond de la grotte et qui lui vrilla les tympans. La créature – quelle qu’elle fut - était visiblement très sensible au feu et elle replia le tentacule visé par le sort. Les attaques des autres svirfneblins ne rencontrèrent pas le même succès même si leurs armes de jet et leurs dagues touchèrent toutes au but. Cette première passe d’armes était un demi-succès : ils ne comptaient pas encore de morts ou de blessés dans leur rang et la créature avait perdu l’avantage de la surprise. Mais Alchem était bien placé pour savoir que la chance pouvait tourner à tout instant.

Voilà pourquoi Alchem poursuivit ses efforts. Il en profita pour se repositionner afin de se laisser une chance d’esquiver un assaut le visant, mais n’usa pas d’illusion pour se protéger. Il savait d’expérience que bien des créatures des profondeurs n’utilisaient pas la vision pour repérer leur proie, rendant inopérant bien des sortilèges. Ses comparses se repositionnèrent également, n’hésitant pas pour certain à sortir de cet espace trop confiné, rendant ainsi plus facile une éventuelle retraite. Les traits de feu de l’illusionniste étant les plus efficaces, inutiles de prendre des risques inconsidérés pour ajouter quelques coups d’épée.

Au bout de trois traits visant trois tentacules différents, la créature finit par les retirer brusquement. Mais, plutôt que de prendre la fuite, elle tenta un dernier assaut brutal qui blessa l’un des deux rôdeurs. L’un des tentacules épineux l’atteignit au bras et déchira littéralement son armure de cuir. Sans celle-ci, il était probable qu’il aurait eu le bras tranché jusqu’à l’os mais la blessure récoltée fut néanmoins sérieuse. Le rôdeur fut traîné à l’écart par le patrouilleur le plus proche et la créature se découvrit pour tenter d’empêcher la manœuvre. Une gueule hérissée de plusieurs rangées de dents claqua dans l’air, dégageant une odeur pestilentielle. Elle était vive : Alchem avait tout juste le temps de lancer une attaque avant qu’elle n’atteigne l’un de ses compagnons ou ne se replie.

Se replier ? Jamais de la vie. Il n’était même pas visé. C’en était presque curieux. La créature n’était-elle pas parvenue à identifier la principale menace ? Ce n’était pas impossible. Ce qui semblait évident lorsqu’on pouvait compter sur la vision le devenait beaucoup moins avec d’autres sens. Et parfois, c’était l’inverse. Quoi qu’il en soit, Alchem, concentré, poursuivit ses tirs. Il visa la gueule du monstre puisque c’était une occasion rêvée pour lui occasionner des blessures internes.

Le coup porta durement : le feu commença à prendre dans la gueule organique de la créature. Cette dernière poussa un cri tellement puissant et strident que les compagnons d’Alchem se tinrent tous la tête à deux mains. Plusieurs tentacules fendirent l’air et un roublard fut légèrement touché et poussé contre une paroi. De son côté, l’illusionniste avait toutes les peines du monde à conserver sa concentration mais sa discipline était plus grande. Surtout, il pressentait qu’un nouveau sort dans la gueule grande ouverte serait cette fois décisif.

Lancer des sortilèges mineurs relevait d’avantage d’un acte machinal que d’une réelle concentration. De surcroît, Alchem n’avait présentement aucun sort dont il devait maintenir l’effet. Il ne se priva donc pas de se boucher lui-aussi les oreilles, juste le temps nécessaire, avant de se remettre à bombarder le monstre, visant toujours la gueule. Sa seule logique le guidait, il demeurait de marbre, en apparence. Ce qui l’inquiétait néanmoins, ce n’était plus la créature, mais le bruit qu’elle venait de faire. Et le bruit portait loin dans les tunnels. Ils ne pourraient pas se reposer ici. Tout juste pourraient-ils reprendre leur souffle.

Trois puis quatre sortilèges touchèrent au but. Leurs effets se combinèrent, se cumulèrent. Le cri se fit d’abord plus perçant puis s’amoindrit, finit par mourir. Tout comme l’étrange monstre dont la tête et certains tentacules visibles s’affaissèrent. A la fureur du combat suivit le silence oppressant du champ de bataille. A peine ponctué par les soupirs des blessés. Avec une froide efficacité, un rôdeur s’approcha de la gueule fumante et la trancha net d’un coup d’épée. Un roublard fit de même avec les tentacules. Le second roublard, légèrement blessé, était penché sur l’autre rôdeur allongé au sol et tentait de lui prodiguer des soins.

La petite expédition ayant bien sûr quelques potions de soin et antidotes dans ses paquetages, Alchem ne s’inquiétait pas trop des blessures. Il se disait en revanche que venir ici avait été une mauvaise chose, mais ce n’était pas comme s’ils avaient eu le choix. Continuer l’ascension sans se reposer aurait été tout autant une mauvaise chose.
« On a cinq minutes », annonça-t-il simplement.
Cinq minutes pour récupérer de cet affrontement puis repartir. Il faudrait faire halte ailleurs.

Les tentacules de la créature se révélèrent empoisonnés mais les potions d’antivenin furent efficaces à les traiter. Il fallut également investir dans un bandage de fortune et une potion de soin pour le plus blessé des rôdeurs. Finalement, celui-ci fut en état de marcher avant la fin de la halte décrétée par Alchem. La pause aurait pu plus mal se dérouler avec un groupe moins expérimenté mais l’illusionniste était bien placé pour savoir que les potions dépensées risquaient de leur manquer dans un moment plus critique encore. L'Ombreterre faisait toujours payer la note à un moment où à un autre.

Durant la pause, les gnomes valides firent en sorte de maquiller les blessures reçus par le monstre afin qu’on ne puisse pas aussitôt les identifier comme étant celles de petites armes. Une fois le temps imparti écoulé, Alchem donna l’ordre du départ. Peut-être aurait-il dû prendre un clerc dans l’expédition, ceux de Baravar étaient largement assez discrets pour ne pas compromettre la mission. Cependant, les clercs de Baravar n’étaient pas des patrouilleurs, Alchem ne les connaissait pas aussi bien, en dépit de ses habitudes religieuses. Il était de toute façon un peu tard pour ce genre de réflexion. Le groupe repartait. Son but était de s’éloigner de cet endroit, assez pour ne plus courir le risque d’être découvert par des gens ayant entendu le bruit, puis de trouver un endroit sûr pour vraiment se reposer.

Les minutes suivantes furent tendues. Plus encore que le commun d’un trajet en Ombreterre. Chaque gnome redoublait de vigilance, l’alerte était à son maximum. Mais il était impossible de maintenir bien longtemps ce niveau de concentration. Une fois arrivés en haut de la ravine, le groupe se reforma brièvement en une attitude défensive le temps d’observer la région qui s’offrait à leurs regards : une grotte assez vaste pour qu’ils n’en voient ni le plafond ni les bords. Une vaste lande grouillant de vie végétale et fongique. Regorgeant de recoins aussi. Sur la droite, l’écoulement d’un ruisseau trahissait la présence d’eau. C’était un vrai petit paradis – pour un voyageur naïf – un enfer pour un patrouilleur s’attendant à tout instant à devoir faire face aux dangers mortels des tréfonds.

Pour qui était habitué à l’Outreterre, pour qui de surcroît avait déjà fait le trajet vers la cité Drow, le spectacle n’était pas surprenant. Alchem inspecta les lieux de son regard froid, puis il fit un signe, désigna la direction, et le groupe repartit. Ils ne se reposeraient pas ici, c’était trop proche du monstre.

La Couronne de Cuivre

Ornegemme, cité svirfnebline