[Lieu] Le Comptoir sur la Sombre

[Voyageuse]

" Nous avons un petit groupe de patrouilleurs, oui. Ils doivent revenir ce soir, justement, ils sont sur le terrain depuis hier. Ils nous diront s'ils ont remarqué quelque chose d'anormal.
- Je ne les ai pas vus, fit remarquer le barde. Ils étaient peut-être dans un autre secteur...
- Ils ne peuvent pas être partout à la fois, c'est un fait !"
Le barde se tourna vers Gabriel.
" Pour répondre à votre question : non, il n'y a pas de trace de lutte dans le campement. Ils ont juste tout laissé en plan et ils se sont volatilisés. Ils s'étaient installés dans un petit abri de pierre... Et ils étaient en train de préparer le dîner, à en juger par les restes. Je n'ai pas réussi à déterminer par où ils sont partis. j'ai vu des traces, mais je les ai perdues. Je ne suis pas un bon pisteur...
- Quoiqu'il en soit, il va être difficile de faire quoi que ce soit ce soir. Votre campement est à quatre heures d'ici, si j'ai bien compris : nous y serions après la tombée de la nuit."

[Cendres]

Gabriel s’adressa au barde.
« En attendant le retour des patrouilleurs, je retourne à l’auberge. Je vous propose de m’accompagner, une bière vous détendrait ». Puis il porta son attention au capitaine.
« Capitaine, vous êtes aussi le bienvenu, vous pourriez nous y rejoindre pour nous informer des avancées de vos soldats ».

[Voyageuse]

Le capitaine haussa un sourcil, surpris.
" Mais voyons, je suis en service ! Je dois rester ici ! Mais ne vous en faites pas, si j'ai des informations à vous transmettre, je vous enverrai un de mes hommes.
- Moi, j'accepte volontiers, fit le barde avec empressement. Je dois dire que l'aller-retour dans la journée, ça fait beaucoup. J'ai grand besoin de repos, même si je ne vais pas fermer l'oeil de la nuit...
- Nous devons cependant convenir d'une heure de départ demain matin. Pour aller voir ce campement. Vous pourrez nous accompagner, bien sûr, ajouta-t-il en se tournant vers Gabriel. Après tout, vous êtes plus ou moins de la maison... Je propose de se donner rendez-vous une demi-heure avant l'aube ?"

[Cendres]

Gabriel répondit à l’officier.
« Je serai devant votre bureau un peu avant le petit matin, Capitaine ».
Il s’adressa au barde.
« Allons-y, allons attendre le patrouilleur à l’auberge, nous aurons le temps de faire aussi connaissance ».

[Voyageuse]

Ils s'en revinrent donc tous deux vers l'auberge. Le barde avait jeté un sac sur son épaule en plus de son instrument de musique, et il rabattit sa capuche sur sa tête dès qu'ils furent sortis du poste de garde : une pluie fine et désagréable s'était mise à tomber.
La salle commune de l'auberge commençait à s'animer en cette fin d'après-midi : une tablée entière s'était installée, avec des têtes inconnues de Gabriel. Certains étaient clairement des marins, d'autres, mieux habillés, étaient peut-être leurs passagers.
Le barde se laissa tomber sur une chaise proche de la cheminée avec un soupir, puis se ressaisit et lui tendit une main affable.
" Je ne me suis pas présenté. Je suis Augustin Hérault, barde de mon état depuis plusieurs décennies, à la tête de la troupe des Etoiles. Nous venions d'arriver dans la région..."

[Cendres]

Gabriel serra la main du barde et se présenta à son tour.
« Gabriel de Batz, je me rendais à Lumenis avec Anita…jusqu’à sa disparition… »
L’inquiétude fit son apparition. Le jeune homme s’efforça de ne pas tenir compte de ses émotions pour continuer l’échange en restant à l’écoute avec son interlocuteur.
« Vous disiez, vous être rendus à Clairétoile, une cité ancienne…je suppose que cette visite était motivée pour nourrir votre inspiration poétique… Mais, y avez-vous fait quelques rencontres étonnantes, avez-vous trouvé des objets magiques, comme des instruments de musique ? Hum…ma question doit vous sembler étrange, pourtant un luth enchanté nous a été dérobé avant la disparition de mon amie… »

[Voyageuse]

" Je n'ai rien ramené de Clairétoile, à part des souvenirs et des chansons. Il y a certainement là-bas des objets magiques, puisqu'il y avait des ruines, et je pense que ceux qui ont exploré la cité antique et l'ont réveillée ont pu récupérer l'un ou l'autre artafact. Mais je n'en ai rien vu, personnellement, même si j'ai entendu parler de quelques découvertes... Ils sont restés suffisamment flous pour ne pas attirer les convoitises : il n'était pas question que je mentionne n'importe quoi dans les chants que j'écrirais sur leur cité."
Il haussa les épaules.
" Je vais donc devoir inventer, extrapoler... j'ai l'habitude. Mais vous parlez d'un luth magique. Dites-m'en davantage..."

[Cendres]

« Ce luth nous a été donné par un Être Ancien…un poulpe télépathe…après qu’il nous ait envoyés chercher son sceptre dans la tour de son île. Plus précisément, la créature l’a récupéré avec d’autres objets antiques lui appartenant, à deux voleurs ithilliens pendant leur fuite… Que je soupçonne d’être de nouveau responsables du vol au Comptoir. Hum…il est particulier, il me semble que l’on appelle la rosace ou la rose la partie trouée de la table du luth, …bref elle est gravée de runes, ainsi que l’intérieur de la caisse. Nous pensons que son usage peut être détourné à des fins destructrices. »
Le jeune homme s’arrêta de parler, il pensa à Anita, son inquiétude se manifesta par une bouffée de chaleur et une transpiration coula le long de sa colonne vertébrale.

[Voyageuse]

Le barde l'écoutait avec attention.
" Un poulpe télépathe... je n'ai jamais entendu parler de semblable créature, mais je sais qu'il existe en ce monde des choses étranges. Un druide en saurait davantage, j'imagine."
Il haussa les épaules.
" Quant au luth... Vous l'avez trouvé dans cette région, je suppose ? Il y a de nombreux tumulus et de nombreux lieux imbibés de magie... S'il y a des runes sur le bois, il a sûrement un pouvoir quelconque. Ce peut être juste une protection pour celui qui l'utilise, ou une amplification du son, ou un pouvoir bardique anodin. J'ai du mal à imaginer un pouvoir destructeur associé à un instrument de musique, ça me semble un peu antinomique, mais je sais que certains mages font ce genre de chose. Rien n'est impossible. Et ce n'est vraiment pas commun, comme artefact. cela explique que des ithilliens veuillent s'en emparer, quel que soit le pouvoir en question : ils voudront l'étudier, comme tout objet magique ou inconnu qui tombe entre leurs mains. Mais... vous semblez penser qu'il y a un lien avec les disparitions de votre amie ou de ma troupe... Je ne vois pas pourquoi."

[Cendres]

Gabriel avait écouté le barde avec intérêt.
«Ithillion est prête à tout pour prendre le pouvoir de Lumenis. Une de leurs patrouilles militaires rôdait dans les Landes…elle n’avait rien a y faire. Nous avons pensé le pire avec ce luth, par contre vous avez un savoir sur les instruments de musique qui ouvre d’autres perspectives moins catastrophiques sur le vol de celui-ci. La disparition de mon amie m’empêche de penser objectivement... Les ithilliens étudient les femmes et les hommes de toutes les races, sans aucun état d’âme et j’ai peur pour elle.
Je m’accroche à trouver un sens sur ces événements et j’en arrive à l’hypothèse qu’ils ont besoin de musiciens non ithilliens pour produire les sons de ce luth afin de les contrôler, sans mettre en danger les leurs… »

[Voyageuse]

" Donc vous pensez que ma troupe a été enlevée à cause de leur métier. C'est une possibilité, en effet, ça colle avec cette histoire de luth volé... Bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse. Pour votre amie, c'est plus flou... sa race est peut-être une explication, effectivement. C'est difficile à dire. Ou alors nous faisons fausse route, et tous les disparus se sont juste trouvés au mauvais endroit au mauvais moment... ils ont pu voir des choses qu'ils ne devaient pas... Mais ça n'a guère de sens," conclut Augustin dans un soupir.
L'aubergiste les interrompit sur ces entrefaites, pour prendre leurs commandes.
" A la table voisine, il y a l'équipage de la Solitude, qui fait voile vers le nord et Solarcis, informa-t-il Gabriel. Je peux vous mettre en relation... si toutefois vous voulez toujours repartir..."

[Cendres]

La question de l’aubergiste mit Gabriel face à son indécision. Mais avant que l’anxiété conséquence de cet état s’installe en lui, il répondît à l’aubergiste comme on se jette à l’eau.
I « Oui ! Je veux bien que vous me mettiez en relation avec le capitaine de la Solitude. Mais, j’aurais un message pour Luc la prochaine fois qu’il viendra au Comptoir…dites-lui qu’il prévienne Noah de la disparition d’Anita. Et…un autre pour Elle, si elle réapparaît…pouvez-vous l’informer que je serai en route pour Lumenis en passant par Solarcis… ». Surpris par sa prise de décision, le jeune homme se sentit soulagé d’un grand poids émotionnel et il remercia l’aubergiste.

[Voyageuse]

" Je lui en toucherai deux mots, dans ce cas, au moment du dessert. Il viendra vous dire lui-même s'il est intéressé et vous pourrez vous arranger sur... les modalités pratiques."
L'aubergiste s'esquiva sur ces derniers mots, happé par le tourbillon des mille et une tâches à accomplir, et les laissa reprendre leur conversation.
" Vous repartez déjà ? s'étonna le barde. Je croyais que vous vouliez nous accompagner demain jusqu'au campement où ont disparu mes amis et ma famille. En même temps, je comprends bien que vous ne pouvez pas retarder indéfiniment votre départ..."

[Cendres]

« Je n’ai pas les moyens financiers de rester plus longtemps au Comptoir et au vu de la situation, je dois retourner à Lumenis…mon amie Anita devait m’accompagner… ce choix ne me satisfait pas, je vous aurez suivi…mais, l’occasion ne se renouvellera pas de sitôt ».

[Voyageuse]

" Je ne sais pas... Je suppose qu'il passe tout de même un ou deux navires par veille... je n'y connais pas grand-chose."
Le barde haussa les épaules.
" J'espère qu'elle ne sera pas trop déstabilisée par votre départ, si toutefois elle revient. Mais vous savez certainement mieux que moi quel est le meilleur choix... et puis, elle est peut-être déjà quelque part en Ithillion et on n'en saura jamais rien. J'espère qu'il n'en est pas de même pour mes compagnons et enfants."
L'aubergiste survint à nouveau, déposant deux assiettes à l'odeur appétissante, et s'en fut presque aussitôt servir les autres convives. Il ne semblait pas y avoir d'animation musicale ce soir-là, mais à la table voisine, des marins un peu éméchés se lançaient dans un concours de chant à la qualité discutable. Augustin, qui mangeait sans appétit, l'air soucieux, eut même une grimace réprobatrice.

[Cendres]

Gabriel n’eut pas faim, les paroles du barde eurent l’effet de le culpabiliser
« Augustin…je ne sais pas quel est le meilleur choix…si un autre navire partait après demain matin ou même dans trois jours, je ferais le choix de vous accompagner…et d’attendre le retour d’Anita… Si elle revient.
Peut-être que le capitaine de la Solitude pourra me renseigner ».

[Voyageuse]

" Il saura peut-être. Moi, je n'y connais pas grand-chose en navires. Nous, on chemine exclusivement en chariots bâchés..."
Il se tut, soudain mélancolique, puis secoua la tête et poursuivit.
" Mais je suis sûr que vous trouverez une solution. Et si votre amie arrive après votre départ, il y a moyen de lui laisser un message pour lui dire où aller... De toute façon, vous aviserez en fonction de ce que dira le capitaine."

Comme l'aubergiste lui avait annoncé, il dut attendre le moment du dessert pour parler au capitaine. Celui-ci, dûment averti par l'aubergiste, lui fit signe de le rejoindre.
" On me dit que vous cherchez à négocier une place à bord ?

[Cendres]

« Bonsoir capitaine, en effet je désire me rendre à Solarcis. Mais avant de négocier ma place, je veux savoir si d’autres navires arriveront au Comptoir de la Sombre demain ou après-demain pour la même destination ? »

[Voyageuse]

Le capitaine haussa les épaules.
" Ça, je n'en sais rien. Je ne suis pas au courant des mouvements des autres. J'ai croisé un transport probablement parti d'ici hier, qui faisait route au sud... mais ceux qui font route au nord, évidemment, je ne les croise pas. Après, si ça peut vous rassurer, il y a probablement deux ou trois embarcations par veille, vers le nord comme vers le sud, susceptibles d'accueillir des voyageurs. Si vous n'êtes pas trop pressé, vous trouverez un autre navire. Mais... vous vous doutez que la traversée a un coût, bien sûr. Il faut compter cinq pièces d'argent par nuit à bord. Nous partons après-demain seulement, le temps de tout charger. Et nous en avons pour quatre ou cinq jours. "

[Cendres]

Gabriel avait pensé que le navire partirait le lendemain, mais l’annonce de son départ uniquement le surlendemain l’arrangea ; il pourrait accompagner le barde à son campement.
«Je vous propose de participer efficacement au déchargement de vos marchandises. Occasionnellement, j’ai été employé comme docker. Ma force de travail est très appréciée pour soulever et transporter les charges lourdes. Je vous loue celle-ci contre un rabais sur le prix du voyage…que vous estimerez après le travail accompli. Qu’en pensez-vous ? »

[Voyageuse]

Le capitaine secoua la tête.
" Malheureusement, nous avons déjà déchargé l'essentiel en fin d'après-midi, il reste juste quelques tonneaux de vin et d'huile à sortir demain à l'aube. Et nous chargeons de nouvelles marchandises demain après-midi. Si vous voulez donner un coup de main, vous êtes le bienvenu. Nous verrons ensuite quelle réduction de peux vous accorder... le prix d'une demi-journée de travail sans doute... Ce n'est pas énorme. Mais mieux que rien."

[Cendres]

Gabriel approuva par un hochement de la tête.
« Je viendrai au port charger les nouvelles marchandises demain après-midi et je vous propose aussi de les décharger à Solarcis. »

[Voyageuse]

Le capitaine acquiesça.
" C'est parfait pour moi. Nous nous retrouvons donc demain vers le milieu de l'après-midi, sur le port..."
Il conclut le marché en lui serrant la main.

A sa table, Augustin semblait plongé dans des pensées moroses, et il ne remarqua pas immédiatement son retour. Au bout de quelques minutes, cependant, il leva les yeux.
" Est-ce que... je ne sais pas si je dois prendre une chambre, ou si je pourrais utiliser celle de votre amie... mais elle dormait probablement avec vous...

[Cendres]

Gabriel rougit sans que cela se voit. Sa peau olivâtre cachait le sang afflué derrière son visage. Le jeune homme était attiré par la jeune femme et les paroles du barde lui rappelèrent. Il lui répondît de façon pragmatique.
« Mon amie Anita a sa chambre, je récupérerai ses affaires pour que vous puissiez vous y installer ».

[Voyageuse]

" Merci", dit sobrement le barde, l'air las.
Il lâcha un soupir.
" Je pense que je ne vais pas tarder à me coucher... même si ça va être difficile de dormir. Mais demain, on part avant l'aube et la route est longue. Vous venez avec nous, finalement, ou vous embarquez ? Vous avez pu vous arranger avec le capitaine ?"

[Cendres]

L’homme devant lui avait perdu ses deux enfants et deux amis. Gabriel eut un élan de compassion et lui répondît.
« Augustin, je vous accompagnerai demain matin, mais je retrouverai le capitaine dans l’après-midi pour l’aider à charger. Je vais attendre le patrouilleur, je vous préviendrais s’il vient avec des nouvelles. »

[Voyageuse]

" Vous n'aurez pas beaucoup de temps sur place, si vous devez être là dans l'après-midi. C'est à presque quatre heures de marche d'ici. Mais peut-être qu'ils ont des montures à nous prêter pour gagner du temps..."
Augustin haussa les épaules.
" Bonne attente, en tout cas, pour ce soir. Même si je ne suis pas sûr qu'un patrouilleur vienne, si jamais ils n'ont rien de neuf... De mon côté, je vais ranger les affaires de votre amie dans un coin, vous les récupérerez demain..."

Il monta se coucher, et Gabriel se retrouva seul, dans une salle qui se vidait peu à peu. L'heure avançait...

[Cendres]

Gabriel pensa à Anita, que s’était-il passé ? Il ne trouva pas de réponse. Il se leva, aucun patrouilleur ne viendrait. Il se dirigea vers les escaliers tout en chassant des pensées pessimistes.

[Voyageuse]

Personne ne vint le déranger durant la nuit pour l'informer d'une éventuelle découverte. Anita ne reparut pas non plus. Lorsqu'on frappa à sa porte, dans l'obscurité qui précède le petit matin, il se trouva face à Augustin dont la mine trahissait une très mauvaise nuit. Une odeur de pain chaud montait de la cuisine, et on leur servit un petit déjeuner consistant. La salle était presque vide : les marins du transport de marchandise avaient quartier libre ce matin puisqu'ils ne repartiraient que le lendemain.
L'aubergiste leur confirma que personne n'avait demandé à les voir.

[Cendres]

Gabriel mangea en silence en appréciant la chaleur du pain. Une fois suffisamment sustenter, le jeune homme s’adressa au barde.
« Augustin, je remonte dans ma chambre récupérer mes épées. Nous ne devons pas tarder. ..le capitaine nous attend. »