[Bâtiment] Le Temple de Helm

[Garfield]

Rodolpho n'arrivais pas à croire ce qu'il entendait. Il lança un regard mi-choqué mi-exaspéré à Rodéric, comme pour lui demander si son jumeau n'avait pas été bercé trop près du mur. Chaque nouvelle parole qui sortait de la bouche de Fergus était moins sensée que la précédente.

Quitter la ville pour s'installer à trois mètres des remparts ? C'est là votre solution de génie ? Dois-je en déduire que vos n'avez ni assez de cran ni de pouvoir pour soit bannir complètement les tyrites, soit imposer au peuple de les laisser en paix dans l'enceinte de la ville ? Il semble que vos "décisions" ne servent qu'à couvrir votre impotence... Vous savez que vous n'avez aucun pouvoir sur Sambre et son église, pas plus que vus n'en avez sur les fidèles de Helm. Je me demande si nous sommes venus frapper à la bonne porte.
Sachez cependant que dame d'Estaing saura faire valoir les accords signés avec Guiguemar d'Aulfray... et vous n'ignorez pas qu'elle sait se montrer beaucoup plus persuasive que vous. Il serait peut-être de bon ton pour vous de ne pas aller perdre la face devant les hautes autorités et de régler la question dès maintenant, en garantissant la sécurité des Tyrites conformément aux accords qu'ils ont passés avec la ville.

[Althéa]

"Mais je n'ai jamais voulu nuire à Sambre et ce n'est pas moi qui ai pris la décision d'exiler les tyrites mais le conseiller Lothringen. Certes, ce n'est pas moi qui ai oeuvré pour que les plus jeunes et les plus âgés restent en ville mais Sambre ... J'ai par contre contribué pour que ses pairs puissent demeurer tout près des remparts. J'ai les mains liées dans cette histoire. Je ne suis pas au sommet de la hiérarchie helmite.
- Oui, tu es sous les hauts prêtres ..., l'interrompit calmement Roderic
- C'est à peu près ça ... Rodéric ... comment peux-tu être si ... flegmatique à un moment pareil ? Mais en tout cas, vous avez gagné. Je vais demander de ce pas audience auprès de Sire Guiguemar d'Aulfray. Sambre et ceux qui restent ne se sont que trop attardés en ville."

[Garfield]

Voilà qui, j'imagine, met fin à notre entrevue ?

Rodolpho commençait à fatiguer de jouer les pigeons voyageurs entre les différents clergés de la ville, mais l'attitude rampante de Fergus lui rendait presque la glaciale Sambre sympathique. Et en dehors des clercs bornés, campant sur leur position, il savait surtout que c'était de l'unité de la ville dont il s'agissait. Comment les manostiens pouvaient-ils être si aveuglés par leur foi qu'il ne s'apercevait plus des luttes fratricides qui déchirait la société de la ville ?
Il allait donc devoir retourner vers Sambre, qui voudrait sans doute elle aussi avoir un entretien avec ce sieur d'Aulfray. Peut-être qu'ils allaient enfin laisser le barde tranquille. Il serait inutile de l'emmener dans les hautes sphères, il n'était rien. Enfin, pour le première fois de sa vie, il se prenait à l'espérer.

[Althéa]

Fergus ne prit pas la peine de leur répondre, les congédiant d'un geste. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dehors. Rodéric poussa un profond soupir.

"Je le haïrais s'il n'était pas mon jumeau ... Je l'échangerais bien avec un autre d'une autre paire. Je suis sur que j'y gagnerai au change. Pourquoi pas avec la soeur jumelle de Guiguemar D'Aulfray ... Elle est glaçante mais bien moins que son frère. Sambre est interdite de séjour au Coeur Radieux. Et moi, je ne suis pas le bienvenu. Les meilleures juristes de Sambre son absentes ... Vous pensez pouvoir nous aider ?"

[Garfield]

Quel devait être le désespoir des clercs de Manost pour envoyer au front un simple boulanger qu'ils ne connaissaient que depuis quelques heures... Et pourtant, à cet instant précis, Rodolpho aurait été prêt à peu près tout pour humilier en public le triste sire Fergus. Mais si c'était lui qui finissait écrasé dans les rouages de la machine Manostienne ?

Je ne pense pas le pouvoir non. Mais j'en ai envie. Cela dit, je ne vois pas bien comment je pourrais me substituer aux meilleurs juristes de Sambre. Il faudrait au moins que j'en sache un peu plus sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, et les accords existants entre les Tyrites et la ville. Je ne voudrais insulter personne à mon insu...
Et il faudrait peut-être aussi que je me change ?

[Althéa]

"Pour survivre, je vous conseillerais volontiers l'armure lourde à moins que vous n'essayiez le pagne, avait commencé à répondre Rodéric avec un sourire, vous trouverez sûrement l'historique des accords passés entre l'église tyrite et les hautes sphères de la ville dans les archives de l'office culturelle de la ville. Mais voyez-vous, elles sont gardées par une sorte de dragon. Oh, à première vue, c'est une très jolie jeune femme ... Jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Elle vous demandera de vous taire avant de vouloir connaître ce qui vous emmène. Puis elle refusera de vous laisser entrer. A moins que vous n'arriviez à la séduire ... Beaucoup ont essayé mais aucun n'a réussi. Un défi, ça vous tente ?"

[Garfield]

Rodolpho rajusta une mèche blonde qui lui tombait dans les yeux. Il commençait à se faire une idée un peu plus précise que caractère de Rodéric et se demandait si celui-ci ne l'envoyait pas joyeusement se faire botter les fesses par une virago de bibliothèque pour on amusement personnel. Mais il fallait bien que leurs affaires avancent, et il se résigna donc.

Bien, laisser moi le temps de repasser à la boulangerie me changer et prendre deux ou trois choses, et je serai prêt à jouer les charmeurs de serpent, répondit-il en faisant un clin d’œil au prêtre.

[Althéa]

Rodéric haussa les épaules.

"D'ordinaire, j'aurais demandé à une des juristes de Sambre de s'en occuper. Elle vous aurait déniché les documents en un clin d'oeil. C'est une tueuse. Elle vous expédie d'un regard. D'ailleurs, on l'a surnommée le dragon des glaces. Mais elle est capable de vous retrouver un texte de loi à la virgule près. Normal, elle passe son temps à lire les archives. Enfin ... Elle est partie. C'est dommage. Bon, je vous laisse vous changer. Retrouvez-moi au temple de Tyr si vos congénères en ont laissé quelque chose."

[Althéa]

Les membres de la l'ordre de la Cavalière Rouge arrivèrent comme prévu les premiers sur la place jouxtant le temple de Helm. La lumière du soleil faiblissant couvrait d'un halo d'or leurs robustes silhouettes ainsi que leurs épées. La foule frémissante qui les avait suivi se regroupa à quelques pas d'eux en signe de respect. Ils n'eurent pas longtemps à attendre que les autres obédiences prennent à leur tour possession de l'espace. D'abord les helmites entourant un Thoenn Boros un tantinet surpris rapidement suivis par les Tormites. Gaspard entrevit parmis eux Guiguemar d'Aulfray. Celui-ci lui décocha un regard glacé avant de retrouver un visage impassible.

Autour d'eux, la foule commença à se rassembler. Hommes, femmes, enfants, autant de visages graves en attente. Ils étaient au courant que les chandelles avaient été proscrites. Mais faute de lumière, ils avaient leur voix. Ils n'attendaient plus que le signal.

[Gaspard Hurlegloire]

Suivant ses propres conseils, Gaspard Hurlegloire ne se permit pas d’observer la scène avec trop d’insistance. Il la regarda bien sûr, comme tous, et pour être franc, il l’apprécia. Cette ferveur, cet ordre, Manost n’avait pas perdu sa force vive. La cité avait encore des ressources. Il fallait juste un bon guide, quelqu’un capable de canaliser cette énergie et de l’orienter vers un but unique : retrouver la gloire passée, effacer la défaite, prospérer. Le colosse remarqua Guiguemar d'Aulfray, remarqua son coup d’œil glacial. Il n’y répondit point. Il demeura cette statue d’impassibilité. Il demeura le titan d’acier. Et comme les autres, il attendit dans un silence recueilli que commence la cérémonie.

[Althéa]

"Luna"

Dans le silence, une voix s'éleva, celle Thoenn Boros. A peine un murmure, mais elle fut entendue de tous. Pour cette fois encore, on avait laissé un prêtre helmite démarrer la cérémonie. Mais tous savaient quelque part que ce privilège ne dûrerait pas. D'autres voix s'élevèrent en écho à la sienne. Un choeur de guerriers, de prêtres et d'anonymes. Chacun scandant le nom d'un proche disparu. A faible voix puis de plus en plus fort.

Les noms des victimes se confondirent jusqu'à former un tout. Un seul mort pour tous, tombé pour Manost.

[Gaspard Hurlegloire]

Forcément, Gaspard Hurlegloire fit de même, avec la même ferveur. Il était certainement l’un des plus grands sur cette place, pour ne pas dire, le plus grand de tous. Mais sa voix fut noyée au milieu des autres et ce ne fut pas pour lui déplaire. Ici, une voix était une voix, une vie était une vie. Tous égaux face à la mort, face au devoir. Le devoir, voilà le maître mot. Le devoir, voilà ce qui devait guider les Manostiens. Le devoir et pas l’individualise. Le devoir et pas l’ambition personnelle. Sur cette place, c’était la cité qui s’exprimait, la patrie ! Et le clerc ne fut ni moins, ni plus que son devoir. Comme toujours.

[Althéa]

Sur la place, Gaspard atirra de nombreux regards, admiratifs pour la plupart, d'autres craintifs. Il y avait aussi celui plein de courroux de Guiguemar D'Aulfray qui ne l'avait pas quitté des yeux, furieux de le voir devenu le centre de l'attention. Thoenn Boros quant à lui avait l'air admiratif. Peut-être voyait-il en lui un éventuel allié.

La cérémonie finie, la foule commença à se disperser.

[Gaspard Hurlegloire]

Aussi concentré sur la cérémonie que soit Gaspard, il ne put que s’étonner de tant d’attention portée à son égard. Certes, il savait être mis en avant, pour une obédience qui était elle-même mise en avant. Certes, cet attrait qu’avait pour lui le peuple était un atout certain. Mais n’était-ce pas excessif ? Est-ce qu’il méritait tant de regards lui qui se contentait de faire son devoir ? Cette attention trahissait une attente. Les gens perdaient leurs repaires. Pouvait-il être ce repaire ? En cet instant précis, il en douta. Car il n’était qu’un homme. Un homme au milieu d’une foule. Fatigué par l’éprouvante journée, il eut l’impression que Manost elle-même le toisait. Mais il devait rester droit, inébranlable, car c’était son devoir.

Sans doute aurait-il été utile de discuter à présent que la cérémonie était achevée. Mais il s’y refusa. Il voulait croire que ce moment était au moins un peu sacré, que l’espace d’une soirée, on penserait à ceux qui étaient tombés pour la patrie plutôt que de se replonger dans les sombres manigances du pouvoir. La dignité n’était pas qu’une façade. C’était avant tout une question de conduite, de rigueur. Alors le titan d’acier partit avec ses semblables, toujours dans un ordre impeccable. Il regardait droit devant lui. Le moment viendrait assez tôt de toiser ses ennemis et d’évaluer ses alliés.

[Althéa]

A la fin de la cérémonie, la foule se sépara dans un silence religieux mais Hurlegloire sentit d'autres regards posés sur lui. Et pas les plus aimables. Guiguemar d'Aulfray sous son apparence calme avait les lèvres serrées autant que ses poings. Peut-être lui montrerait-il l'étendue de sa colère au tournoi, du moins s'il participait. Personne n'en était certain.

Les hommes de la Cavalière Rouge quittèrent donc la place du temple au pas de charge, mus par leur inflexible sens du devoir. Une chose était sure, ils n'étaient pas passés inaperçus.

Hrp : je mets un lien vers le Camp de la Cavalière Rouge