La Couronne de Cuivre

" Nous n'avons pas de certitude que le Crève Panses prendra la mer... Nous ne pouvons pas être sûrs que l'équipage brûlera dedans, mais je gage que même s'ils sont à terre, ils se vengeront de la destruction de leur navire ou qu'ils voudront s'approprier un nouveau bateau, a minima. C'est une bonne idée." fit le halfelin.
" Je pense que les bateaux sont traités contre l'incendie, intervint alors Jonas. On les enduit d'une sorte de... mixture... qui je pense sert à ça... Je ne crois pas qu'ils flamberont très facilement."
Guéric croisa les bras, le regard sombre.
" Alors je monterai à bord pour traiter leur bateau dans le sens inverse... Ce sont des pirates. Ils doivent avoir quantité d'alcool infect dans leurs cales. Et je gage que le pont est protégé, beaucoup moins les entrailles. L'un dans l'autre, je peux m'arranger pour que ça flambe... L'élémentaire pourrait ensuite bouter le feu à ma pyramide de bois sec..."

De nouveau, Taliesin hocha la tête.
-Ça me va. Te connaissant, tu n'auras guère de mal à t'infiltrer à bord. Quant à moi, avec mes sortilèges et de la chance, il n'est pas impossible que j'y parvienne. Par contre, je ne sais pas s'il vaut mieux que nous montions sur le navire ensemble ou chacun à notre tour. J'aurais tendance à préférer la première solution, puisque nous pourrions nous prêter main forte en cas de problème. Mais n'ayant aucune expérience de ce genre d'opération, je m'en remets à ton avis.
Tout cela lui paraissait fort périlleux, mais ce serait le cas de chacune de leurs actions, compte tenu des circonstances. Sans compter qu'ils ne pouvaient plus se permettre de tergiverser : les événements ne les attendraient pas pour se précipiter.

Guéric avait déjà sauté sur ses pieds, mais son expression se fit songeuse.
" Je ne sais pas si tu dois monter à bord... S'il arrivait quoi que ce soit... Devons-nous mettre tous nos oeufs dans le même panier ? Penses-tu pouvoir influencer les esprits à terre ? Ou filer à la prison pendant la diversion ?
— Et moi, je fais quoi ?" demanda Jonas.
Le halfelin le dévisagea avec une grimace.
" Qu'est-ce que tu sais faire ?
— Heu... C'est à dire...
— Tu as la réponse à ta question.
— Mais je sais me défendre. Je pourrais... couvrir Finn.
— Couvrir Finn ? Qui est Finn ?"
Jonas se tourna vers Taliesin et le désigna.
" Ce Finn-là."

Le barde sourit.
-Ah oui, j'avais oublié... Finn est le nom de l'elfe dont je porte les frusques, et c'est pour lui que m'a pris son camarade à la vue basse. Du coup, je me suis empressé d'adopter cette identité, pour parfaire ma couverture. En réalité, je me nomme Taliesin.
Il se fit plus grave.
-C'est très gentil à toi de proposer ton aide, Jonas. Mais rien ne t'oblige à remonter à la surface : comme je te l'ai dit en te proposant de me suivre, je ne te contraindrai pas à participer à des actions dangereuses. De plus, tu nous as déjà beaucoup aidés en nous délivrant tant d'informations sur les pirates... Bref, c'est à toi de voir : tu es libre de tes choix, et je ne t'en voudrai absolument pas si tu préfères demeurer ici.
Enfin, il se tourna vers Guéric.
-Si je ne t'accompagne pas sur le Crève Panse, je serai incapable d'invoquer l'élémentaire dans les cales : il faudra soit que je le fasse apparaître sur le pont et lui demande de s'y précipiter, soit que tu emportes de quoi allumer toi-même l'incendie. En revanche, si je reste à terre, il y aura effectivement des avantages : je suis en mesure de créer des sons illusoires ou d'influencer un pirate, ce qui contribuerait à semer la panique et me permettrait de rallier plus facilement la prison...

"Je prendrai de toute façon de quoi allumer un incendie... mais j'aimerais autant ne pas griller avec le rafiot. Si je t'ouvre une brèche dans la coque, tu ne penses pas pouvoir balancer ton élémentaire par le trou ? Je ne sais pas comment fonctionnent tous ces sortilèges compliqués, exactement..."
Jonas avait toujours l'air incertain, comme s'il pesait le pour et le contre des différentes options qui s'offraient à lui. Guéric lui jeta un coup d'oeil et leva les yeux au ciel.
"Ne t'en fais pas, gamin. Tout le monde ne devient pas un héros sous la pression. Est-ce que tu as d'autres choses à nous raconter ? Tu es déjà monté sur le Crève Panses ?
— Tymora m'en préserve ! Non, bien sûr que non. Je n'en serais pas descendu vivant. Ils auraient sûrement trouvé un jeu stupide nécessitant mes entrailles. Il y a des demi-gobelins sur ce bateau. Des demi-orques, des demi-hobgobelins, des demis tout ce que vous voulez ! Sauf les demi-drows, qui sont sur le Meurs Chiure. Mais bref... Personne n'oserait monter à bord sans être invité... et encore, sans être invité et bien armé et escorté d'une douzaine de camarades. Le Capitaine, Durgash, qu'on appelle Peste Noire, est un demi-orque énorme. Avec un cerveau relativement développé pour un type de ce genre. Il parait que quand il est furieux, il est capable d'éventrer ses adversaires avec ses dents ! Non, franchement, il faudrait que je sois déjà mort pour me faire monter à bord du Crève Panses.
—*Qu'en penses-tu, Taliesin? Nous mettons-nous en route ? Ou penses-tu qu'il faille attendre la nuit, au risque de découvrir le port déjà à moitié vide ?"

-Je serais d'avis de partir dès à présent. Il est plus ardu de se dissimuler de jour, certes, mais avec un peu de chance, ils seront tous occupés par leurs préparatifs... Pour le reste, je n'aurais normalement aucun mal à faire apparaître un élémentaire dans la cale si tu ménages une ouverture, puisqu'il est impératif que je visualise le point où je veux invoquer la créature. Bon, il faudra aussi que je me tienne assez près de la coque, à cause des limites de distance imposées par le sortilèges, mais cela devrait être réalisable.
Il se tourna vers Jonas.
-Je pense que tu n'auras rien à craindre de patrouilles pirates : la zizanie que nous allons provoquer accaparera probablement toute leur attention. Tu peux donc nous attendre ici. Mais si d'aventure quelque chose se passe, essaie de te cacher dans les environs. Si tu t'enfonces trop loin dans les souterrains, tu pourrais te perdre et nous aurions beaucoup de mal à te retrouver.

"Bien, dans ce cas... Je passerai devant. Si le port est suffisamment animé, tu devrais pouvoir ramener... ce Finn parmi les siens et approcher du Crève Panses sans difficultés. Mais s'ils sont à bord, il faudra aviser. Dommage que nous ne puissions prévenir les Hélonniens de nos projets... Je ne suis pas certain, avec le vent qu'il y a, qu'ils verront l'incendie depuis le large... Enfin, il faut bouger. Je pense que cette petite planque devrait rester notre base... Elle n'est pas sur le tracé principal des tunnels et d'après ce que tu as pu observer hier, les pirates connaissent cette entrée. Tant que la terre ne tremble plus, nous devrions nous y fier. Jonas peut nous servir de messager."
Le halfelin eut un sourire.
"Juste le temps de mettre un peu de ce suc de limace sur mes dagues et je suis fin prêt. J'essaierai de te rejoindre à la prison, mais je ne suis pas certain d'y parvenir... Ça dépendra de l'urgence."
Il releva les yeux sur l'elfe.
"J'espère que tu ne découvriras pas trop de choses affreuses à l'intérieur."

Il soupira.
-Je l'espère aussi. Malheureusement, comme mes espoirs sont souvent déçus, je préfère me préparer au pire. Peut-être serai-je surpris ? Sinon... Sinon, nous leur ferons payer chacun de nos morts.
Il savait ce que la vengeance lui avait déjà coûté. Aussi devrait-il veiller à ne pas se laisser déborder par sa fureur. Mais il n'en était pas encore là.
-Ils ont déjà perdu un groupe de drows, sans compter les hommes que tu as éliminés, reprit-il. Si maintenant nous réussissons à les priver d'un navire et d'une partie de son équipage, si nous parvenons à semer la pagaille... Le vent pourrait bien finir par tourner.
C'était à espérer. Quoi qu'il en soit, il ne comptait pas prendre de risques inutiles : il utiliserait un sort d'invisibilité avant de regagner la surface, ce qui lui permettrait de jauger tranquillement la situation.
-Je peux essayer de contacter Victor grâce au caillou, conclut-il enfin. Ça n'a pas marché la dernière fois, mais on ne perd rien à tenter le coup.
Et de plonger la main dans sa poche pour trouver l'objet tout en regrettant, une nouvelle fois, que le pipeau ait disparu : tout aurait été tellement plus simple, avec lui...

Lorsque il commença à entendre les sons, l'elfe retint son souffle, incrédule. Pourquoi cela fonctionnait-il à présent, alors que ses précédentes tentatives avaient été de cuisants échecs ? Mais peu importait le pourquoi, au fond : seul comptait le fait qu'il puisse désormais percevoir quelque chose, et que ledit quelque chose lui permette de faire des déductions. Le radeau sur lequel ses compagnons s'étaient installés n'avait pas coulé, sans quoi, il entendrait les bruits des fonds sous-marins... Ils avaient même atteint un navire, apparemment. Le seul élément qu'il ne parvenait pas à expliquer, c'était l'absence de conversation : le pont aurait dû grouiller de marins, pourtant...
-Victor, tu es là ? s'enquit-il d'une voix forte. Hé ho, du bateau ! Il y a quelqu'un ?

Pendant quelques minutes, il sembla que rien ne dut se passer. Puis soudain, il y eut un nouveau bruit, une sorte de froufroutement bref, qui s'interrompit. Plus rien. Une sorte de gloussement. Puis un violent vacarme. Quelque chose était manifestement tombé sur le caillou. Ou l'avait frappé de plein fouet. Taliesin eut l'impression que ses tympans vibraient, agressés par l'assaut dont avait été victime l'objet. Le vent se mit à siffler.
"Maudite mouette, elle va encore chier sur le pont." fit une voix, lointaine mais audible.
Taliesin ne la reconnut pas.
"Qu'est-ce qu'elle a dans son bec ?" demanda quelqu'un d'autre. "On dirait une sorte de coquillage."
"Ecoute, franchement, elle peut bouffer ce qu'elle veut, si elle va chier ailleurs."
"C'est un caillou magique !" glapit une troisième voix. "Il faut l'attraper."
Cette fois, Taliesin reconnut la voix : c'était celle de Bellyra, la courtisane rousse à l'allure vaguement elfique qui avait embarqué sur le radeau avec Victor et les autres.
"Quoi ?" fit la voix inconnue.
"Je vous dis qu'il faut l'attraper! Passez-moi cette arbalète!"
"Mais enfin..."
"Puisque je vous dis que... Vite! Si elle s'envole, ce sera foutu!"
Il y eut alors un bruit étrange. Répugnant, plutôt, visqueux... Humide. Puis le silence. Encore un gargouillis. Puis un tambourinement rapide et régulier, le battement d'un petit coeur effrayé.
Taliesin dut se rendre à l'évidence : la mouette avait avalé le caillou.

Pendant quelques secondes, il n'y eut rien d'autres sinon les murmures de l'intimité feutrée de la mouette. C'était presque apaisant. Puis il y eut un choc sonore, un cri déchirant, et un nouveau choc, mat, définitif, et enfin le silence. Pour peu de temps. Un atroce bruit de succion gluant retentit.
"C'est répugnant, ce machin." fit Jonas, quelque part derrière lui. "J'ai envie de vomir."
"Je l'ai." dit la voix de Bellyra, au loin. "Quelle chance... Victor était persuadé de l'avoir laissé tomber à l'eau au moment de l'abordage."
"Sans vouloir vous offenser, ce n'est même pas un beau caillou. Je suis certain qu'il vaut moins que le carreau de l'arbalète que vous avez fiché dans la mouette. Très adroitement, d'ailleurs, je dois bien l'avouer. Je n'avais jamais vu une femme tirer aussi bien. Je suis très impressionné."
Bellyra eut un rire de gorge.
"Je vous revaudrai ça, lieutenant, je vous le promets."
" Ah heu... Enfin..."
On l'entendit tousser tandis que quelque chose frottait le caillou, sans doute pour le débarrasser des sucs digestifs et des entrailles de l'oiseau foudroyé.

Le barde, lui aussi, se sentait vaguement nauséeux. Cependant, il fit abstraction de son malaise car, une fois n'est pas coutume, les dieux se montraient bienveillants : l'oiseau n'était ni parti à tire d'ailes ni tombé dans les profondeurs aquatiques, et le caillou ne gisait plus dans son ventre mais dans la main de l'une de ses compagnes de mésaventure.
-Bellyra, tu m'entends ? s'exclama-t-il d'un ton joyeux. Ici Taliesin, depuis cette île maudite que l'on nomme Mersant !

Il y eut un cri de surprise puis un rire enchanté.
"Taliesin ! C'est Bellyra, oui ! Nous sommes saufs ! A bord de la Lumineuse ! La traversée a été houleuse, mais nous nous en sommes sortis. Victor va bien. Il dort comme un loir, en ce moment, les émotions de la nuit... Et de votre côté ? Tout va bien ? Guéric aussi ? Quel dommage que vous n'ayez pas embarqué avec nous, vous seriez loin de ce cauchemar..."
" Quelle est cette sorcellerie ?" maugréa le lieutenant inconnu près d'elle.
"Taisez-vous et allez plutôt chercher le capitaine !"

-Lieutenant, s'il vous était effectivement possible d'aller quérir le capitaine, je vous en saurais gré, intervint-il. Nous avons appris ce qui a amené le Squale sur Mersant et nous disposons d'information sur la composition de ses troupes. Nous savons également qu'il est sur le point de préparer quelque chose. Une sortie, peut-être, mais aucune certitude à ce niveau. Quoi qu'il en soit, nous avons l'intention d'intervenir sous peu pour bousculer ses plans, et je crois que ce serait une bonne chose si nous pouvions coordonner nos efforts.
Puis il s'adressa de nouveau à Bellyra.
-Content de t'entendre et d'apprendre que vous allez tous bien. Un clerc a-t-il pu faire quelque chose pour Jehan ? De notre côté, ça va : Guéric est en train de préparer ses armes, car nous nous apprêtions à montrer aux pirates de quel bois nous nous chauffons. Nous savons qu'ils détiennent une poignée de ceux qui défendaient le comptoir : Orodreth est du nombre. Récemment, il ont aussi fait un nouveau prisonnier, peut-être Ruyven. En revanche, ils ne semblent pas avoir découvert le groupe de Valaellyn. Rien ne garanti qu'ils soient encore vivants mais au moins, il reste de l'espoir. Oh, et nous avons été rejoint par un ancien otage des forbans, prénommé Jonas. Nous lui devons une bonne part de ce que nous connaissons désormais à propos de nos ennemis.
Cela faisait beaucoup d'informations en très peu de phrases, il en avait conscience. Néanmoins, ne sachant pas combien de temps se maintiendrait la communication, il préférait en dire le plus possible tant qu'il en avait l'opportunité.

"Oh, Ruyven serait vivant ?" fit Bellyra, une pointe de surprise dans la voix. "Ici, heu... Seskan, c'est un clerc de Lathandre que tu connais, je pense, qui a organisé votre... croisière vers Mersant, bref, il est à bord. Il a examiné Jehan et lui a insufflé quelque chose. Victor a l'impression que ça va mieux, mais Jehan ne s'est pas éveillé. Il faut dire que Seskan est dans un état de tension folle depuis qu'il a appris que votre capitaine, Constance, faisait partie du groupe qui s'est sacrifié. Il est sans cesse en conflit avec le capitaine, qu'il essaie de pousser à débarquer... Le capitaine, lui, est beaucoup moins sûr de la marche à suivre... D'ailleurs, quand on parle du requin, on voit la pointe de son aileron..."
La jeune femme se tut. Une voix tonitruante la remplaça.
" Je suis Théophraste Longuehune, capitaine de la Lumineuse." annonça le nouveau venu. "On me dit que vous êtes sur Mersant, que vous pouvez communiquer avec ce... caillou bleu. Nous sommes intéressés d'en savoir davantage. Pour l'instant, attaquer l'île semble suicidaire."

Longuehune... Il devait s'agir d'un parent du conseiller. Et si ledit conseiller avait mentionné une certaine lettre... Non, ce genre de réflexions pouvait, devait attendre. Il y avait plus urgent. Beaucoup plus urgent.
-Salutations, capitaine. Nous allons vous dire tout ce que nous savons : sans doute trop peu, mais je gage que cela pourra malgré tout être utile... Si vous en êtes d'accord, je vais commencer par évoquer le Squale, ses bateaux, ses troupes et ce qui l'a apparemment amené sur l'île. Ensuite, Guéric, mon camarade, vous parlera de la manière dont ils ont protégé Mersant : il a pu mieux que moi observer ces défenses.
Et de se lancer aussitôt dans une synthèse qu'il essaya de rendre aussi claire et précise que possible. Restait à espérer que la communication ne serait pas rompue à l'improviste.

La communication ne fut pas rompue pendant leur petit résumé. Longuehune demeura silencieux quelques secondes ensuite.
"Je vais devoir référer de ces informations auprès des autres navires qui se sont engagés dans cette mission avec nous. Je préfère ne pas vous en dire trop sur combien nous sommes et ce dont nous disposons : ne m'en veuillez pas, mais votre position est précaire, et moins l'ennemi en saura, mieux nous nous porterons. Il pourrait cependant être utile que vous obteniez des informations plus claires sur les intentions de la flotte pirate : ont-ils l'intention de tenter une sortie, et si oui, tenteront-ils de forcer le passage ou de nous attaquer pour nous couler ? Je vais de mon côté voir si je peux obtenir des informations sur ce qui pourrait se trouver dans le ventre de Mersant. Il n'y a pas que les pirates qui s'y connaissent en trésors enfouis. Mais j'entends que vous aimeriez mener votre diversion au plus vite... Vous êtes trois : l'un d'entre vous pourrait revenir nous informer brièvement tandis que vous débutez votre attaque. Nous agirons en fonction. Si jamais il devait y avoir débarquement et mêlée, retenez que les marins luméniens sont en uniforme bleu frappé d'un narval ou d'une licorne et que les marins anteluciens sont en jaune au dauphin noir, cela devrait vous éviter les mauvaises surprises. Mais vous devriez songer à un signe qui nous permettrait de vous identifier au cas où... D'autre part, nous devrions pouvoir sauver n'importe quel blessé que vous nous ramèneriez. Les morts, par contre... On ne sait jamais. Ce qui me fait penser que nous n'avons malheureusement eu aucune nouvelle ou signe de votre fameuse deuxième équipe."

-Nous non plus, mais ça n'est pas forcément mauvais signe. Nous irons les chercher si les choses tournent bien : le faire dès à présent risquerait d'attirer l'attention des pirates. Pour le signe de reconnaissance... Je crains que nous ne possédions rien d'assez notable pour remplir cet office. En revanche, ceux de nos compagnons qui sont à votre bord seront en mesure de nous décrire avec précision et, pour éviter toute méprise, nous pourrions crier un mot de passe... Hum... Tenez, demandez à Victor son nom de famille : je ne vois pas comment les hommes du Squale le connaîtraient. Enfin, concernant notre opération... Nous allons sortir pour la tenter sitôt que cette communication sera terminée. Mais elle comporte plusieurs étapes et il n'est pas dit que nous puissions revenir à notre cache avant un long moment. Je prendrai ce caillou avec moi et essayerai de vous contacter sitôt que les choses auraient avancé. S'il ne fonctionne plus... Auriez-vous, par hasard, un moyen d'observer le port ? Ou au-dessus du port ?
Il se tourna vers Guéric : peut-être celui-ci aurait-il une meilleure idée de signal ?

"Je pense que les Anteluciens ont un rôdeur qui a ce type de compétences, je vais me renseigner. Nous n'avons pas réellement eu le temps de monter une force d'intervention dans les règles de l'art, le message semblait requérir une aide urgente et je dois dire que nous ne nous attendions pas à ce que les pirates soient si nombreux. Mais nous avons plus d'un tour dans notre sac, oui. Nous allons probablement transférer les civils sur la plus petite de nos frégates et l'éloigner de Mersant tant que nous ne savons pas si les pirates vont tenter leur sortie. Contactez-nous au besoin. Je vais laisser un homme près de cet étrange petit caillou..."
Guéric avait terminé d'enduire ses dagues et fit signe à Taliesin qu'il était prêt.
"Ne prenez pas de risques inconsidérés, cependant. Le dénommé Martin pense qu'il pourrait accompagner une de nos chaloupes jusqu'à la grotte que le radeau a quitté cette nuit et ce serait une manière pour vous de quitter l'île sans fracas."

[color=#FFFFF66]-Effectivement, ce serait un excellent moyen d'évasion. Mais, dans l'état actuel des choses, je ne peux l'envisager, car il signifierait abandonner nombre de nos compagnons à leur triste sort, abandon auquel je me refuse... Toutefois, ce que nous allons entreprendre d'ici peu est susceptible de changer la donne, de nous offrir une plus grande marge de manœuvre. Si cela est possible, demandez à votre rôdeur d'observer le port : si nous parvenons à nos fins, il remarquera forcément quelque chose. J'essaierai ensuite de vous contacter par l'entremise du caillou, pour vous tenir au courant des conséquences de notre action et, éventuellement, de ce qu'envisagent les pirates : je n'aurais sans doute pas l'occasion d'en apprendre beaucoup à ce sujet, mais on ne sait jamais... En tout cas, et quoi qu'il arrive, je tiens à vous dire ma reconnaissance pour tout ce que vous faites pour nous. Savoir que mes amis ont rejoint votre bord et que vous ferez en sorte de les mettre à l'abri me permet d'envisager la suite des événements avec un peu moins d'appréhension.[/color]

"Très bien, je vous comprends bien. Que Tymora vous accompagne." dit le Capitaine. "Nous restons en contact."
Guéric s'était levé.
"Bougeons, Taliesin. Si ça se trouve, le Crève Panses est déjà en train d'appareiller. Il me tarde d'aller organiser un petit barbecue de demi-orque."
Puis, sans réellement attendre de réponse, il se dirigea vers la sortie.

-J'arrive ! lança-t-il tout en emballant le caillou dans le morceau d'étoffe d'où il l'avait tiré.
Après avoir rangé l'objet dans sa poche, il se tourna vers Jonas.
-Si d'aventure nous ne revenions pas, reste ici. Comme tu as pu l'entendre, il se peut que l'un de nos compagnons conduise un petit groupe d'Hélonniens dans les tunnels. Ils tenteront probablement de se rapprocher de la surface, ce qui les amènera à passer près d'ici. Il te suffira alors de te présenter à eux et de décliner ton identité : comme ils connaissent désormais ton nom, ils ne feront aucune difficulté pour te ramener à leur bord. Mais j'espère bien être de retour avant la nuit !
Il lui adressa un salut avant de se hâter à la suite du halfelin. Il prendrait cependant soin de se rendre invisible avant de quitter l'abri des souterrains.

Les mains déjà levées pour incanter. l'elfe essaya d'imaginer Guéric remontant de la cale, se faufilant sur le pont puis regagnant la terre ferme. Quand il pensa lui avoir laissa un délai suffisant, quand il craignit de ne pouvoir patienter davantage sous peine de voir s'éloigner le Crève Panse, il lança son sortilège en se concentrant sur la petite ouverture ménager dans la coque.

Taliesin --> Convocation de monstres III ---> Cale du Crève Panse

Sitôt l'incantation terminée et sans attendre d'en connaître le résultat, il jeta un regard inquiet aux alentours : il était relativement bien caché, ce qui n'excluait malheureusement pas la possibilité que son manège ait été repéré... À moins qu'un pirate ne soit déjà en train de fondre sur lui, il avait l'intention de se rendre à nouveau invisible et de diriger ses pas vers la prison. Éliminer les deux gardes et l'officier qui était entré dans le bâtiment ne serait pas une mince affaire... Pourtant, et même si le halfelin ne parvenait pas à le rejoindre pour lui prêter main forte, il faudrait qu'il triomphe promptement de ces obstacles, car il n'aurait sans doute pas d'autre opportunité pour libérer les prisonniers.