La Couronne de Cuivre

Albérich n'avait rien besoin de plus. Il se hissa dans le chariot, se choisit un coffre solide et y posa les fesses, tout en compulsant les listes d'Ignace. Il était impressionné de la quantité de choses que Giovanni avait pu rassembler dans le tumulus et faire remonter à la surface. Pendant un moment, il s'abima dans la lecture, sans but particulier, puis il se reprit. Il cherchait des objets offrant une quelconque protection, sans être des armures ou des boucliers. Il n'avait pas d'idée très précise sur le sujet, n'y connaissant pas grand chose, mais il espérait que les notes des bardes seraient suffisamment claires pour qu'il déniche ce qu'il cherchait.

La tâche lui fut facilitée car il existait deux types de listes : l'un classait les objets selon leur type, l'autre selon leurs effets. Ainsi ne tarda-t-il pas à en trouvant une rassemblant les objets protégeant leur porteur : les armures et les boucliers avaient déjà été distribués pour la plupart d'entre eux, mais il restait, à côté, bien des choses intéressantes. Ainsi repéra-t-il, entre autres, une paire d'anneaux de protection mutuelle, un de bouclier de force et trois de protection (dont l'un particulièrement puissant), une amulette de défense naturelle au pouvoir modéré, une broche de défense ou encore une cape de résistance dont la magie n'avait rien de négligeable, loin s'en fallait.

Le Luménien hésita. Il y avait là, effectivement, de nombreux objets susceptibles de protéger leur porteur en cas d'attaque, magique ou physique, mais était-ce vraiment le plus approprié, dans ces contrées hostiles ? N'était-il pas plus utile de disparaître ou se cacher ? Voire de résister au froid ou d'obtenir une source assurée de nourriture ? Il repéra le numéro du coffre dans lequel se trouvaient l'anneau le plus puissant et la cape de résistance, puis parcourut le reste de la liste, à la recherche de tout ce qui traitait de survie, de glace, d'invisibilité ou de métamorphose. C'étaient des objets moins communs, peut-être n'y en aurait-il tout simplement pas, ou bien auraient-ils déjà choisis... Il faisait partie des derniers à passer, après tout.

S'il ne trouva aucun objet explicitement lié à la métamorphose - mais peut-être celle-ci faisait-elle partie des effets imprévisibles du sceptre merveilleux qu'il repéra -, Albérich eut plus de chance dans les autres domaines. De cette nouvelle recherche, il retint trois anneaux - un de caméléon, un d'invisibilité et un de subsistance - ainsi que des bottes des terres gelées et même une puissante cape de mimétisme. Décidément, le trésor de la liche était d'une richesse et d'une diversité surprenante, et il y avait sans doute là de quoi leur sauver la mise dans bien des situations...

Il prit consciencieusement note de tout ce qu'il avait trouvé d'utile, puis ressortit du chariot sans rien emporter. Il décida de retourner voir Ignace. C'était un membre du conseil et il était nettement moins investi dans les événements des dernières heures qu'Hubert ou Marthe, mais Albérich le connaissait un peu. C'était un mauvais moment pour l'interrompre mais le Luménien n'en avait cure. Il le dénicha en pleine organisation et attendit d'avoir une opportunité pour l'entraîner une seconde à l'écart.
" Pensez-vous que le conseil pourrait envisager de confier plusieurs objets défensifs aux deux groupes diplomatiques ? Il y a pas mal de choses utiles, dans le trésor de la liche, et je crois que cela pourrait augmenter leurs chances de réussite."

L'intendant hocha la tête.
-Bien sûr. Les objets qui n'ont pas été remis à l'expédition du tumulus sont la propriété de la Communauté dans son ensemble et ont pour vocation d'être distribués en fonction des besoins. S'il s'avère que certains peuvent contribuer au succès des missions diplomatiques, qu'ils sont plus utiles à leurs membres qu'aux personnes demeurant au fort, c'est aux premiers qu'ils iront. J'aborderai la question lors du prochain Conseil, si vous le souhaitez.

Albérich acquiesça puis lui tendit son parchemin.
" J'ai fait la liste des objets que j'estime les plus utiles, à première vue. J'imagine que vous aurez d'autres idées, vous connaissez mieux le stock que moi... Mais au cas où... J'apprécierais beaucoup... que les membres les plus fragiles de l'expédition puissent en profiter."
Sur un sourire contrit, il fit un pas en arrière.
" Je vais vous laisser travailler. Merci pour votre aide."
Il avait ensuite l'intention d'aller voir Barthélémy ou Agnès.

-Merci pour la vôtre. Je n'oublierai pas ce que vous venez de me dire. Mais, de vôtre côté, vous ne devez pas oublier qu'il vous faudra choisir un objet pour vous tôt ou tard, et que si vous ne le faites pas... l'on vous en attribuera un.
Ignace lui sourit puis retourna à ses affaires. Quant au Luménien, il dirigea ses pas droit vers le dispensaire où, comme de coutume, se tenaient les deux clercs, désireux d'y maintenir une permanence même si, pour l'heure, les patients ne se bousculaient pas.

Albérich entra dans le dispensaire et salua les deux clercs.
" Je voulais vous parler des sortilèges dont vous disposez, dit-il ensuite. Je ne veux pas me montrer indiscret ou présumer, mais... Je suis bien placé pour savoir ce dont les clercs sont capables. J'imagine que Gabriel et Hubert ont infléchi ce que vous serez supposés connaître... Je me demandais s'il restait de la place pour des sortilèges de communication à distance ou de scrutation, qui vous permettraient de rester en contact quotidien avec les deux équipes diplomatiques... Vous l'avez peut-être déjà prévu mais... J'aime autant le savoir."

-Comme l'Assemblée ne s'est pas encore prononcée sur le projet, nous ne nous sommes pas penchés sur ce point. Néanmoins, vous avez raison de le soulever. En ce qui me concerne, je suis en mesure de communiquer à distance, si le besoin s'en fait sentir...
Elle se tourna vers Barthélemy.
-C'est également mon cas. Et, dans l'absolu, la scrutation m'est également accessible. Néanmoins, concernant des sortilèges de cette puissance, je préfère ordinairement me tourner vers des choses qui me paraissent plus cruciales... En l'occurrence, j'imagine que pouvoir échanger quelques mots avec nos émissaires serait déjà suffisant...

" Sans doute, oui. Et puis au besoin, vous pourrez toujours faire le nécessaire... Si nous perdions contact avec les uns ou les autres...
Il sourit puis se tourna vers Agnès.
" Pensez-vous pouvoir aborder ce sujet au conseil ? L'idée de... prendre des nouvelles régulièrement de nos envoyés ? Après tout, ils n'ont aucun moyen de nous prévenir de quoi que ce soit, contrairement à nous."

L'Ilmate acquiesça.
-Bien sûr, j'en parlerai dès que nous nous réunirons. J'imagine que ce sera dans l'après-midi ou dans la soirée, selon... Selon comme les divers dossiers en cours auront avancé.
Elle sourit.
-Dans tous les cas, ne vous inquiétez pas, je soumettrai le sujet au Conseil.

" Merci."
Il salua ensuite les deux clercs et retourna dans la cour. Une fois à l'extérieur, il hésita un moment puis gagna les caves, observant au passage la forme des escaliers, des arches, des embrasures de portes. Etait-il possible, s'ils découvraient des souterrains, comme ils semblaient persuadés de pouvoir le faire, qu'ils en dénichent de suffisamment grands pour faire passer des chevaux ? Ou bien leurs envoyés seraient-ils confrontés à l'hiver à pied ? S'ils devaient marcher jusqu'à leurs destinations respectives, ils ne seraient pas de retour avant un mois, Alturiak, la Griffe du Froid. Jusqu'ici, ils avaient eu de la chance avec le temps, la neige demeurait distante, on la flairait dans l'air piquant sans qu'elle ne pointe réellement son nez... Mais s'ils devaient marcher, avec leur équipement, une tente, de la nourriture... Albérich pouvait à peine l'imaginer. Il décida de descendre à la recherche de cette équipe de fouilles. Juste pour se faire une idée de ce qu'ils espéraient, peut-être...

Durant son court trajet dans les profondeurs, il remarqua que nombre de flambeaux avaient déjà été remplacés par des torches magiques : les clercs n'avaient pas chômé. Il trouva également quelqu'un pour lui indiquer la salle où les chercheurs de passages secrets s'affairaient pour l'heure. Ils étaient six : un elfe, un nain, un humain qu'il ne connaissait pas et qui tenait un plan à la main, Roxane et... les deux écuyers d'Hubert, qui ne manquèrent pas de lui jeter un regard inquiet quand ils l'aperçurent et qui parurent vouloir se faire tout petits. L'équipe examinait les murs et le sol avec attention, tentant manifestement de repérer des irrégularités, donnant parfois quelques coups secs afin de déterminer si cela sonnait creux...

Albérich se garda bien de les déranger, se contentant de les observer un moment avant de repartir. Le repas allait bientôt être servi et il n'avait aucune envie de se retrouver confronté à Marthe. Il espérait qu'elle aurait également l'intention de l'éviter, ce serait nettement plus simple. Il regagna donc la cour et décida d'aller voir s'il pouvait donner un coup de main en cuisine. Dans le cas contraire, il irait s'asseoir à table. Il lui fallait un livre, cependant, sous peine d'avoir l'air complètement décalé dans cette atmosphère grise... Il aurait pu conserver un des traités militaires pour donner un coup de main à Hubert mais il n'avait pas non plus trop envie de le croiser. Peut-être les instituteurs auraient-ils quelque chose à lui faire faire...

Malheureusement, bien des colons oisifs s'étaient déjà rendus aux cuisines, lesquelles étaient combles. Il dut donc se replier à la cantine, où il n'aperçut aucun visage connu : ni Marthe, ni Hubert, ni les instituteurs, qui devaient s'être isolés quelque part pour préparer au mieux la réouverture de l'école, le lendemain. Seule consolation : la distribution du repas commença seulement quelques minutes plus tard, si bien qu'il put être parmi les premiers à recevoir sa part.

Albérich s'installa dans un coin et mangea sans réellement prêter attention aux gens autour de lui. Tel serait le quotidien, désormais : attendre, espérer, se trouver des petites choses à faire pour tromper l'ennui. Il y avait mille livres, heureusement, mais le Luménien n'avait jamais été un érudit à se planquer dans sa bibliothèque, et il savait qu'il ne pourrait y consacrer que quelques heures par jour, sous peine de devenir fou. Sans doute parviendrait-il à soutirer quelques menues tâches à Ignace... et il reprendrait le travail sur la constitution une fois Marthe partie. Il se garderait bien d'avancer trop vite, cependant. Il finit par lever les yeux de son assiette. Il allait falloir occuper tous ces gens. Cela lui rappelait les geôles morféeennes, où il était resté prisonnier plusieurs mois, dans une pénombre usante. Il avait prêché alors. Soigné. Erwan, son ami paladin, s'était chargé de maintenir l'ordre. Ensemble, ils avaient veillé au moral de la trentaine de prisonniers. Il avait fallu organiser des latrines, gérer la nourriture, tempérer la rage et le désespoir. Ils s'en étaient sortis par la parole, le chant, l'exercice physique, la prière. Sans doute les choses ne seraient-elles pas très différentes ici...

Il avait presque fini de manger lorsque les instituteurs firent leur apparition. Deux d'entre eux, du moins. Ils allèrent récupérer leurs plateaux puis vinrent s'assoir auprès de lui.
-Ouf, ça va, on a bien avancé : on devrait être prêts pour demain.
-On a peut-être même assez d'avance pour pouvoir se permettre de participer à un entraînement.
-Est-ce que tu as pu toucher un mot à Hubert, à propos de la scolarisation de ses écuyers ?

Albérich les accueillit avec le sourire. Occupés comme ils l'avaient été, ils ignoraient probablement tout des petits drames de la matinée.
" En fait, oui, je lui en ai parlé. Mais apparemment, Alban n'était pas très chaud, parce que les autres écuyers sont instruits par leur maître et que... Bah, vous le connaissez... Hubert m'avait promis qu'il viendrait vous en parler, mais j'imagine qu'il a eu trop de choses à faire et comme l'école ne reprend que demain. Son idée était de demander à Gabriel de les instruire. Comme il ne peut pas le faire lui-même... J'imagine qu'il veut ménager l'amour-propre d'Alban en agissant de la sorte."

Philibert demeura paisible, Agathe fit la grimace.
-Tous les gosses devraient aller à l'école. Je n'aime pas ces sortes de... privilèges. Et puis, il est possible d'organiser des cours du soir si leur apprentissage les occupe trop en journée.
-En même temps, les autres écuyers sont plus âgés, l'obligation de scolarisation ne les concerne plus vraiment...
-On est jamais scolarisé assez longtemps. Qu'ils apprennent un métier, d'accord, c'est important. Qu'ils apprennent à se battre... Très bien, cela peut paraître nécessaire. Mais je doute sincèrement que les maîtres, qu'ils soient artisans, chevaliers ou que sais-je encore, aient vraiment le temps de s'occuper de leurs études, alors que l'instruction est un élément crucial si l'on souhaite bâtir une nouvelle société... Et puis, cela me parait fondamental que tous ces enfants fréquentent leurs pairs. Prenons le cas de Ruth et d'Alban : quand voient-ils d'autres gamins ? Jamais, hormis quand ils montent la garde, moments qui ne sont pas vraiment propices à discuter ou à jouer...

" Je dois dire que je partage ton opinion, Agathe, dit Albérich avec une grimace. Mais... je n'ai pas non plus osé m'insurger en présence d'Alban. Hubert et lui viennent seulement de... s'associer et je crois qu'Hubert est très soucieux de ne pas brusquer le gosse. C'est un peu un jeu d'équilibriste... Alban a l'air de tenir le coup remarquablement bien, mais ça ne fait même pas deux jours... Je crois qu'Hubert veut vraiment lui éviter les difficultés. C'est peut-être une erreur, mais ça fait tellement de changements en une seule fois... Peut-être y viendront-ils après quelques jours..."
Il osa un sourire.
" Cela dit, je pense que Ruth a besoin de cours particuliers, elle. Sans vouloir critiquer le travail formidable que vous faites, bien sûr..."

-Tu sais, Ruth n'est pas la seule dans son cas. Beaucoup d'enfants ont des difficultés, et un nombre non négligeable de ceux ayant le même âge qu'elle n'avaient encore jamais été à l'école.
-C'est pour ça qu'à l'intérieur de chacune de nos classes, on essaie de les regrouper par niveaux. Et les groupes changent selon la matière, parce qu'un môme mauvais en écriture ne le sera pas forcément en lecture, en calcul ou en histoire...
-Et puis, les cours particuliers... On est là pour ça aussi. On fait bien des classes du soir pour adultes... Enfin, je comprends que pour Alban, ce soit... particulier en ce moment. J'irai en discuter avec Hubert quand il paraîtra moins occupé.

" Honnêtement, je pense qu'il avait à coeur de pouvoir négocier ça sereinement avec vous, Agathe. Je n'ai pas eu l'impression qu'il tentait de vous supplanter, simplement... Tu connais Alban et sa mine mortifiée... Hubert n'a aucune expérience, à ma connaissance, de l'éducation d'un enfant... et il voulait s'assurer de ne pas se retrouver avec un écuyer... Je crois que tu le convaincras aisément, si tu peux lui promettre de garder un oeil sur le bien-être d'Alban."
Toutes ces choses dont il aurait aimé parler avec le paladin et que cette stupide histoire d'émissaires rendait désormais impossibles. Il soupira.
" Bon, je vais libérer la place... Rebecca a disparu ?"

Ils semblèrent embarrassés.
-Non non. Elle a juste eu... un contretemps.
-Voilà. Mais elle ne tardera pas à nous rejoindre. Je te souhaite un bon après-midi, Albérich, et ne t'inquiète pas : je serai très calme quand j'irai trouver Hubert. Ces histoires de conflits entre gens de lettres et gens d'épée, c'est du folklore, et quand il s'agit de sujets vraiment sérieux, je sais me montrer moins incisive que d'ordinaire.
-C'est difficile à croire mais je te jure qu'elle dit vrai.

La mine embarrassée des instituteurs intrigua un moment le Luménien, mais il se garda bien de les interroger. Cela pouvait sans doute être lié à Marthe. Elle avait probablement été chercher son remplaçant parmi les membres de l'Académie, qu'elle avait pu côtoyer quotidiennement pendant plusieurs jours de périple. S'il avait été à sa place, il n'aurait pas choisi Rebecca, mais Marthe la connaissait assurément depuis plus longtemps, et sans doute avait-elle ses raisons. Quoi qu'il en soit, cela ne le concernait pas. Il alla porter sa vaisselle à la tente et, étant parmi les premiers servis, et donc les premiers à avoir fini, se proposa pour intégrer l'équipe vaisselle. Vu l'eau bienfaisante des thermes, ils allaient pouvoir s'y réchauffer les mains, pour une fois.

Si son aide fut la bienvenue, il fallut attendre un moment avant de se mettre en route, histoire d'avoir un bon chargement de vaisselle sale et donc de limiter les allers retours. Le groupe finit cependant par se mettre en branle puis, une fois dans les thermes, s'activa au milieu de l'atmosphère indéniablement réconfortante des lieux.
Ils étaient à l’œuvre depuis une bonne vingtaine de minutes lorsqu'un grondement accompagné d'une forte vibration retentit dans les souterrains. Quelques instants plus tard, par l'embrasure donnant sur le couloir, le Luménien aperçut Ruth et Alban qui passaient en trombe. Il les avait rarement vus courir aussi vite.

Albérich était curieux, comme les autres, et pendant une seconde, après avoir vu les enfants courir, il se demanda s'il y avait du danger, ou s'ils étaient simplement pressés d'aller annoncer la nouvelle à Hubert. Il ne se faisait pas d'illusions : ils avaient découvert ce fameux souterrain. Il sentit une boule se former dans son ventre comme il se dirigeait vers le couloir. Si quelque chose de dangereux avait déferlé du ventre de la terre, ils en auraient été avertis, immanquablement. Il s'immobilisa. Retourna vers la vaisselle et le bassin. Cela ne le concernait pas. Il avait fait ce qu'il pouvait pour Marthe, il ne pouvait pas aller au-delà.

***

De son côté, Hubert s'était installé sur une chaise et avait lu... avec peine. Il ne parvenait pas à rester concentré plus de quelques pages avant de décrocher et aller regarder par la fenêtre. Il avait fini par abandonner un premier livre sur les engins de siège et s'était attelé aux documents d'Etienne. Il espérait franchement qu'il y aurait là-dedans quelque chose de plus enthousiasmant. Sans quoi il serait forcé de déléguer cette tâche...

Enthousiasmants, les antiques parchemins l'étaient sans doute... pour qui aimait les récits nostalgiques d'une cité perdue, rédigés dans un langage pour le moins archaïque. Peut-être, au hasard d'une ligne, se trouvait-il une information exploitable : pour l'heure, cependant, hormis des références aux mines d'or et de diamants, hormis des évocations attristées de merveilles disparues, il n'avait rien découvert de probant...
Il n'eut toutefois guère le loisir de s'appesantir sur le sujet, car il entendit une cavalcade dans l'escalier. L'instant suivant, ses écuyers apparurent, hors d'haleine.
-Me... Messire Hubert... fit Alban, les mains sur les genoux.
-Le... passage... secret... enchaîna Ruth comme elle le put.

Hubert se leva.
" Quoi ? Déjà ?"
Il était surpris que les choses soient allées aussi vite, il n'était même pas midi. Ou peut-être si. Il avait faim, maintenant qu'il y songeait.
" Qu'est-ce qu'ils ont trouvé ?"
Il fallait qu'il prenne le temps de ranger les documents d'Etienne. Il devinait que le jeune chevalier devait y tenir comme à la prunelle de ses yeux, aussi assommants soient-ils.

Les gamins peinaient à retrouver leur souffle, si bien qu'il leur fallut quelques instants avant de pouvoir répondre.
-C'est Ruth qui a trouvé... commença Alban.
-C'était un hasard !
-On s'en fiche. C'est dans une grande salle, à peu près au centre des caves. Comme elle est loin des tours, elle a pas été utilisée comme dortoir...
-Le sol, il a glissé. A la place, y a un gros trou. Avec une rampe qui descend.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une route oubliée