La Couronne de Cuivre

Dans un bel ensemble, ils haussèrent tous trois les épaules.
-Comme nous avons commencé...
-...autant que nous terminions.
-De surcroit, avoir à s'occuper, même si le sujet n'est guère réjouissant, ce n'est pas une mauvaise chose.

Il hésita. Ils avaient l'air éprouvés et il aurait voulu pouvoir les soulager, en jetant les considérations pratiques aux orties, et en se concentrant sur leurs émotions, leur souffrance, en les laissant se déverser s'ils en avaient besoin. Mais ils formaient un trio soudé et Albérich savait qu'ils se soutiendraient mutuellement. S'y introduire aurait été artificiel.
" Est-ce que... certaines personnes... ont vu Etienne ? Ou son écuyer ? Barthélémy, peut-être ?"

Ils secouèrent la tête.
-Personne n'a vu ni Étienne, ni son écuyer.
-Pas davantage que Barthélemy : ils devaient le craindre et ont donc dû... l'enlever en priorité.
-Mais nous ne serons définitivement fixés qu'après avoir interrogés les soldats et les éclaireurs qui, pour l'heure, sont occupés ailleurs.

Ils s'étaient volatilisés... Comment les mercenaires avaient-ils pu les enlever sans que personne — absolument personne — ne les aperçoive ? Ils avaient dû être extrêmement bien organisés... D'autant qu'au moment de leur passage à l'action, il y avait encore du monde dans la grande salle... et déjà un peu d'animation dans les couloirs.
" Oui. Nous verrons ce que diront les militaires... Sinon... Roxane et Ariel étaient parmi les premiers à canaliser la fuite... Or ils ne sont pas sortis, ni l'un ni l'autre... Est-ce que quelqu'un a pu vous en dire quelque chose ?"

Soupirs.
-Après avoir accompagné un groupe jusqu'aux escaliers, Roxane a rebroussé chemin, apparemment pour aller aider certaines des personnes âgées dont elle notait si soigneusement le parcours de vie. Plus personne ne l'a revue après ça.
-Quant à Ariel... Quelqu'un l'a vu se faire abattre à la toute fin, alors qu'il incantait pour couvrir la fuite de plusieurs personne. En revanche, impossible de savoir s'il a été tué ou juste blessé.

Albérich soupira. Il aurait aimé avoir des paroles de réconfort, leur promettre qu'ils se retrouveraient tous, mais il les sentait mensongères, et il s'abstint de les prononcer.
" Nous devons espérer qu'ils sont en vie et que nous pourrons leur venir en aide."
Il n'en avait pas fini.
" Il manque aussi plusieurs officiers... Guillermo et Mathias, notamment... ainsi qu'Ezéchiel et les deux paladins sunites. Ils couvraient des civils sur la fin..."
Et Hubert.
" Est-ce que vous avez pu obtenir quoi que ce soit les concernant ?"

-Comme je te le disais, nous n'avons pas encore pu interroger ni les éclaireurs, ni les soldats. Or, à mon avis, ce sont eux qui ont le plus de chances de nous informer quant aux officiers et aux paladins.
-Ézéchiel et plusieurs de ses hommes ont été vus s'entretenant avec Renaud, près des portes, puis pénétrant dans la forteresse. Ensuite... Plus de nouvelle.

" J'espérais que les colons, en fuyant, en auraient entraperçu l'un ou l'autre... Mais vous avez raison. Nous verrons ce que peuvent nous apprendre les soldats et les éclaireurs. Je crains que ceux qui ont réussi à fuir soient ceux qui avaient été envoyés en ville pour escorter les gens, cependant..."
Il leur décocha un sourire triste.
" Cela dit, maintenant... Quand vous en aurez terminé... J'ai une autre mission à vous confier. Elle est tout aussi cruciale, mais elle devrait davantage vous plaire. Elle concerne les livres que nous avons récupérés à la bibliothèque... et la langue des Anciens. Je sais que ce n'est pas une matière qu'on enseigne à l'école mais... peut-être que l'un d'entre vous la maîtrise déjà ?"

Malheureusement, la mension des antiques et rares ouvrages ne sembla guère leur redonner le moral.
-C'est une forme de commun... archaïque, disons. Je le déchiffre.
-Itou.
-Pareil. Si tu veux qu'on consulte les livres, on devrait pouvoir arriver à comprendre certaines choses.
-Mais pas ce soir. Ça réclamerait trop... de concentration.

" Ce n'est pas exactement ça que je voudrais que vous fassiez... Enfin si... mais pas seulement... Mais je réalise que je vous en demande trop. Pardonnez-moi. J'ai l'impression que cette journée est... une des plus longues de mon existence... "
Ce n'était pas vrai. Chaque jour au sommet de la Tour, dans le vallon obscur, avait été long comme une année de froid et de douleur.
" Mais j'oubliais... J'ai quand même un semblant de bonne nouvelle. J'ai pu contacter Marthe avant qu'elle ne rallie la forteresse. Elle sera avec nous d'ici très peu de temps. L'Académie sera reconstituée."
Et la plume était plus forte que l'épée, du moins l'espérait-il.

Cette fois, ils esquissèrent une ombre de sourire.
-C'est une bonne nouvelle, oui, même si j'aurais préféré que son retour se déroule sous d'autres auspices.
-Si tu l'as informée de ce qui s'est passé, je n'ose imaginé dans quel état elle est.
-Furieuse, m'est avis. Hors d'elle. Elle va nous fournir un sacré regain de combattivité.
-Hum, sinon, Albérich, demande nous tout ce dont tu as besoin. Nous occuper nous fera du bien là où l'oisivité serait... néfaste.
-Très néfaste.
-Alors exploite-nous sans vergogne.

" Nous en parlerons demain. Je pense que vous avez encore du travail... et je veux que vous vous reposiez... Il y a un jardin d'herbes médicinales non loin, si je dois distribuer de l'infusion apaisante à tout le monde, je le ferai."
Il se leva.
" Merci pour ce que vous accomplissez... C'est ingrat et douloureux, mais c'est nécessaire."
Il pinça les lèvres.
" D'après ce que vous avez récolté jusqu'ici... Est-ce que les... unités familiales ont pu fuir ensemble ? Les couples ? Ou bien... nous avons un groupe de personnes complètement éclaté, avec de nombreuses personnes isolées, dont les proches sont manquants ?"

Les mines redevinrent sombres.
-Avant que les Ithiliens ne gagnent les étages, l'évacuation était relativement bien organisée : les familles, les proches sont demeurés ensemble.
-Mais ensuite, ça a viré au chaos. Certains se sont assurés que les leurs quittaient la forteresse puis sont allés se battre.
-D'autres ont été éloignés les uns des autres dans la cohue. Donc... On a des enfants sans parents, des parents sans tout ou partie de leurs enfants, des couples ou des fratries divisés... Ce n'est pas la majorité des cas mais il y en a quand même un nombre non négligeable.

" D'accord. Bon. Je vous laisse. Je vais voir où en sont les explorations... et si nous allons pouvoir nous installer quelque part pour dormir..."
Il les dévisagea.
" Et si vous avez des suggestions... sur quoi que ce soit... Vous savez que vous ne devez pas hésiter à venir m'en parler. Il faut penser à mille choses et... j'en néglige sûrement beaucoup."

Ils s'entreregardèrent.
-Pour l'heure, à part des idées sur la manière dont on va faire payer tout ça à ces salauds, je dois avouer que je suis un peu à sac.
-Idem. Mais on ne manquera pas de te dire si on songe à quelque chose.
-Malheureusement, je crains que ça ne soit pas pour ce soir... En ce qui me concerne, dans l'immédiat, réfléchir est une torture.

Le Luménien prit congé en les laissant à leur sinistre tâche. Il retraversa la salle, attentif aux personnes autour de lui, tâchant d'apparaître à la fois grave et disponible. Il aurait aimé pouvoir les soulager davantage, mais chacun était prisonnier de son angoisse et de sa terrible nuit. Il espérait que malgré la souffrance de chacun l'entraide resterait de mise et que les plus éplorés d'entre eux trouveraient des épaules et des bras pour les soutenir. Des enfants sans parents, des parents sans enfants, des couples déchirés. Les jours à venir seraient douloureux. C'était finalement une chance de ne pas avoir d'entrée dans la forteresse, de ne pas savoir ce qui s'y déroulait, quels drames et quelles injustices. Cela permettait à chacun d'imaginer que les Ithiliens étaient dignes, que les prisonniers étaient vivants, qu'il s'agissait juste d'obtenir leur libération, sans qu'il y ait urgence. Oui, c'était décidément mieux de ne rien savoir.
Albérich se sentait las et seul. Mais Marthe serait bientôt là et une partie du poids serait transféré sur ses épaules capables. Il fallait tenir jusque là. Il était conscient, cependant, que leurs options risquaient d'être radicalement différentes. Il faudrait qu'il tente de lui faire entendre raison... ou qu'il plie et suive les humeurs revanchardes — et vaines — de la communauté. Il serait en minorité, il ne l'ignorait pas.

Comme il faisait nuit noire, on avait dû ressortir et répartir les torches magiques. Depuis les cuisines, on commençait à apporter un repas qui, s'il n'avait rien de très attrayant, serait aussi nécessaire que bienvenu. Quoique certains colons aient déjà sombré dans le sommeil, terrassés par la fatigue tant physique que nerveuse...
Sans doute les explorateurs se décideraient-ils bientôt à rejoindre le groupe. A moins qu'ils ne soient trop absorbés par leurs découvertes et comptent bien s'y consacrer jusqu'à être vaincus par l'épuisement...

En attendant la réapparition des explorateurs, que la faim pousserait fatalement à redescendre, Albérich entreprit de commencer l'examen des livres que Thibault et ses comparses avaient rapportés. Il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvait le Sunite, d'ailleurs, mais sans doute finirait-il, lui aussi, par revenir vers le groupe. Il ne se sentait pas de taille ou d'humeur à le traquer dans l'immense palais, sans compter que l'Eredhin le recevrait probablement froidement. Il chercha donc le sac de contenance et décida de le vider dans une des salles voisines de celle qu'ils avaient investie, enchantant tout d'abord une de ses bottes pour avoir de la lumière.

Il commença donc à sortir les ouvrages du sac et à les empiler sur les dalles de pierre.
Plus le temps passait, plus il se demandait s'il n'y en aurait pas assez pour remplir toute la salle.
Même si la langue des Anciens ne lui était guère familière, même s'il ne disposait pas du lexique de Giovanni pour l'éclairer, il repéra d'emblée maints livres - certains fort épais - consacrés à la magie. D'autres concernaient Clairétoile : son histoire, sa religion, ses coutumes - dont ses compétitions athlétiques ! -, ses sciences et ses techniques... Les concernant, il remarqua deux opus traitant des gemmes étranges. D'autres encore touchaient à des thèmes plus généraux mais forcément envisagés de manière différente, puisque rédigés des siècles plus tôt.
Et il ne s'agissait là que d'une infime partie des libres. Nombre d'entre eux étaient rédigés dans des idiomes totalement inconnus du clerc : soit Thibault et les mages en connaissaient davantage à leur sujet, soit ils les avaient pris parce qu'ils se trouvaient dans les coffres, parce qu'ils semblaient précieux ou parce que leurs enluminures étaient intrigantes, soit ils avaient entrepris, au final, de dévaliser la bibliothèque.
De surcroit, à côté des ouvrages de forme classique, il y avait des rouleaux de parchemins - en premier lieu le plan des souterrains - ainsi que des tablettes d'une incroyable antiquité.

Le clerc était impressionné par le nombre de livres que le petit groupe avait emporté. Parmi ceux-ci, il prit l'un des volumes concernant les gemmes et l'examina un moment. Il lui suffirait d'un sortilège pour maîtriser parfaitement la langue des Anciens et pouvoir le lire sans difficultés, mais il n'avait plus d'énergie pour ce genre de choses. Il voulait organiser le couchage du groupe, veiller à ce que les gens s'apaisent, puis dormir. Sans doute serait-il forcé d'en passer par une discussion avec Hubert, avant cela. Il aurait préféré simplement profiter de la chaleur de son étreinte, y puiser du réconfort et de l'énergie, de la confiance pour les jours à venir. Mais le paladin était agité par les événements de la nuit précédente, une nouvelle action suicidaire, son échec à défendre la forteresse et leur manque de préparation, la trahison de Louis, aussi, sans doute, et le Luménien savait qu'Hubert devrait déverser son trouble avant de retrouver son équilibre. Et il le déverserait immanquablement sur lui, c'était de bonne guerre. Si seulement il ne s'était pas senti aussi fatigué...
Le livre sous le bras, il retourna vers les colons et s'installa dans un coin de la salle, où il entreprit de le feuilleter sans essayer de le lire véritablement. En réalité, il cherchait des symboles similaires à ceux qu'il avait vu dans les caves. Ce serait un bon début de savoir ce qu'ils signifiaient...

Mais point d'illustrations, point de symboles : juste du texte dont il devina, en survolant quelques paragraphes, qu'il était très pointu. Non, il ne s'agissait décidément pas d'un livre de vulgarisation, à moins que les Anciens n'aient eu de celle-ci une conception très élitiste...
Relevant ls yeux, il nota que Thibault était de retour - peut-être était-il revenu durant son absence. Le Sunite participait à la distribution du repas, adressant quelques mots à chaque personne qu'il servait. Gabriel, Giovanni et ses apprentis faisaient de même.
Enfin, il entendit des pas dans le couloir. Hubert fit alors son apparition, suivi par son équipe.

Albérich se porta à leur rencontre pour s'enquérir de leurs découvertes. Hubert lui en fit un résumé succinct : encore des pièces merveilleuses, des lits aussi, mais aucune trace de matelas, couvertures ou vêtements. Le Luménien ne se sentait pas le droit de trancher pour tout le monde aussi convint-il avec son homologue d'organiser un semblant d'assemblée après le repas. Cela leur permettrait également d'informer les colons sur les résultats de la journée, expédition à la bibliothèque comprise, et de demander aux militaires de renseigner leurs observations aux enseignants dès que possible. Albérich avait l'impression qu'il dormirait peu, même si la présence des autres clercs et du barde le rassurait : ils interviendraient également au besoin.
Il avertit aussi Hubert que dès qu'avant l'extinction des feux, il faudrait qu'ils fassent une nouvelle expédition au sous-sol, dans la salle des gemmes. Mais cela lui laissait largement le temps de se reposer un moment. Une fois ces messages échangés, le Luménien prit la direction du petit jardin d'herbes médicinales. Même infusée à l'eau froide, la valériane serait sans doute utile à bien des gens, cette nuit-là...

Il traversa, seul, le palais silencieux.
Au bout d'un certain temps, il se demanda s'il ne s'était pas égaré. La chose semblait tellement facile, ici, alors qu'il ne connaissait guère les lieux...
Mais un bruit finit par le guider.
Pas le chant des oiseaux, non.
Celui des grillons.
Il sortit dans le jardin.
Il fut frappé par sa quiétude. Par la douceur de l'air, aussi.
Celle d'une nuit d'été.
Et, sans mal aucun, il trouva ce qu'il était venu chercher.

Il était tentant de s'asseoir quelque part pour goûter à cette nuit artificielle mais magnifique. A force de charger vers l'avant en s'interdisant de regarder derrière, le Luménien se sentait recru et troublé, la paix des lieux aurait peut-être pu l'apaiser un rien... mais il ne s'en octroya pas le droit. La journée n'était pas terminée, et il n'y avait aucune raison valable pour qu'il profite d'un tel paradis tandis que les colons se massaient sur un sol de pierre. Peut-être en organisant un tour de rôle pourraient-ils dormir dans ces cours magnifiques sans les détruire... Ils y réfléchiraient à tête reposée, le lendemain, en fonction de ce qu'ils découvraient encore dans les étages. Albérich effectua donc sa cueillette, sans se presser cependant, veillant à ne prendre qu'un strict minimum, sans grever les plantes miraculeuses qui avaient survécu en ces lieux, puis repartit vers la cuisine dans les couloirs obscurs.

Aux cuisines, l'activité avait sensiblement décru : l'on avait terminé de préparer le repas et sa distribution était presque achevée.
Dans l'immédiat, les vivres ne seraient pas un problème, grâce aux sacs de contenance et au pepit supplément que l'on pourrait tirer des jardins. L'eau non plus ne faisait pas défaut : comme les forts, comme la forteresse, le palais était doté de puits. En réalité, seuls le manque de vêtements, de couvertures et de combustible étaient inquiétants. Et encore, pas forcément à cause du froid : il était moins intense, ici, et compte tenu des prodiges observés dans les cours, il n'était pas impossible qu'existe un système de chauffage pour l'édifice lui-même...

Albérich se doutait que ce chauffage se trouvait dans la salle aux gemmes, mais il n'était pas prêt à les déplacer au petit bonheur la chance jusqu'à ce que quelque chose se produise. D'autant qu'il n'y en avait pas assez pour remplir toutes les niches : il faudrait suspendre leur activité quelque part pour la relancer ailleurs. Bref, il fallait qu'il perce le secret de ce langage antique, agir autrement aurait été trop risqué. Il avait l'intention de s'y atteler le soir-même, sans espérer le résoudre avant plusieurs jours. D'ici là, il faudrait que les colons tiennent le coup, en se réchauffant dans les jardins, par exemple.
Sans doute un autre conseil aurait-il pu décider de se montrer plus téméraire, mais le conseil, jusqu'à nouvel ordre, c'était lui et son ombre silencieuse... Il se sustenta tout en surveillant le moment où Hubert en aurait terminé, lui aussi. Ensuite, ils s'esquiveraient vers les profondeurs.

Ce qu'il restait des forces armées de la Communauté était dispersé par toute la salle. Certains des gardes et des éclaireurs s'en étaient allés deviser avec des proches, d'autres avaient rejoint les instituteurs pour leur transmettre les informations dont ils disposaient. Ruth et Alban, après avoir mangé en compagnie de leur maître, avaient sollicité la permission de rejoindre leurs amis. Hormis Edgar et Gaspard, qui se restauraient non loin de lui, le paladin était globalement seul : il serait donc très facile à Albérich de l'entraîner à l'écart.

Albérich ne voulait néanmoins pas disparaître sans en avertir quelqu'un, aussi décida-t-il d'abord d'aller prévenir Thibault de leurs intentions. Un peu intuitivement, il l'imaginait en troisième ligne, après Hubert et lui-même : c'était un clerc confirmé et même s'il n'avait pas le goût du pouvoir, il avait les compétences pour leur suppléer en cas de besoin. Avec un peu de chance, il mangerait avec Giovanni, ce qui lui permettrait de l'inclure dans la conversation.

Les deux hommes, qui avaient largement contribué à la distribution du repas, venaient à peine d'entamer le leur. Entre deux bouchées, le barde dérivait apparemment les splendeurs du palais qu'il avait pu observer durant le laps de temps où il avait fait partie de l'équipe d'exploration. A croire que le clerc, contrairement à ce que l'on aurait pu imaginer, s'était abstenu de se promener seul...
-Tu as besoin de nous pour quelque chose ? fit ce dernier en apercevant Albérich.

Le Luménien se glissa auprès d'eux, un sourire embarrassé sur les traits. Il était un peu triste que le Sunite ne voit qu'une raison utilitaire comme explication à sa visite. Il avait raison, en l'occurrence, mais aurait-ce été si étonnant qu'il veuille juste profiter de leur compagnie ?
" Oui. Eventuellement d'un volontaire... ou bien simplement d'un soutien. Au sous-sol, nous avons trouvé une pièce qui semble servir de... comment appeler ça... centre à gemmes magiques. Il y a des niches, quelques gemmes actives dans certaines d'entre elles. Vu ce que nous en savons, je suppose que c'est l'endroit qui contrôle... la magie de ce palais. Et j'imagine aussi que certaines des niches devraient nous permettre d'avoir du chauffage, peut-être du feu dans les fourneaux sans qu'il soit nécessaire de trouver du combustible, ou je ne sais quels prodiges encore... Les niches sont surplombées de symboles dans cette langue étrange que nous avons vue sur les portes de métal. Comme Hubert est le seul à pouvoir pénétrer dans la salle, et qu'il ne peut pas servir de... passe-partout à longueur de journée, je me disais que j'allais prendre une heure pour aller les recopier, histoire de pouvoir les étudier et j'espère les traduire plus à notre aise dans les jours qui viennent... Mais maintenant je me dis que.... Giovanni, tu ferais peut-être ça mieux et plus rapidement que moi, vu ton aisance à la plume... Cela dit, si tu es fatigué, j'avais l'intention de m'en charger. Dans ce cas, je vous demanderais juste de... gérer le groupe en notre absence."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue