La Couronne de Cuivre

-Est-ce que cela n'achève pas de rendre inenvisageable la thèse de la trahison de Louis ? Est-ce qu'à l'inverse, cela ne rend pas plus crédible celle voulant qu'il ait été contraint de collaborer avec l'ennemi ?
Le chevalier était pâle mais, aussi affecté soit-il, il parvenait à conserver son sang-froid, lui aussi.
-J'admets que je suis peut-être simplement... incapable d'imaginer pareil forfait. Néanmoins, je vois très mal Louis organiser quelque chose pouvant impliquer le trépas de son capitaine de la garde.

" Gaspard a raison. Je pense que nous devons a minima laisser le bénéfice du doute à Louis tant que nous n'avons pas davantage d'informations. S'il s'avère qu'il a sciemment trahi la communauté, il sera jugé en temps utiles. D'ici là, nous devons arrêter de nous troubler avec cette question." dit Albérich, apaisant.
Hubert acquiesça, toujours empourpré.
" Je voulais surtout vous parler de Marthe. A présent que nous disposons du plan des souterrains, elle va pouvoir nous rejoindre sans passer par les zones qu'occupent les Ithiliens. Je crois que nous devons envoyer une équipe l'accueillir et la guider depuis l'entrée de la ville. Combien d'hommes, je n'en sais rien. Juste quelques éclaireurs, quelques soldats, je suppose.
— Je peux m'en charger.
— Vu que tu es le seul à pouvoir nous faire entrer et sortir d'ici, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée, justement..."

Gaspard parut embarrassé.
-Si les Anciens ont été capables de mettre en place pareils systèmes de protection, ils ont sans doute prévu une façon de les désactiver... avança-t-il. Enfin, cela me paraîtrait logique...
Il jeta un regard à Hubert.
-Quoi qu'il en soit, si vous avez besoin de moi pour cette mission ou toute autre opération... Je suis toujours à vos ordres.

" Mais nous n'avons pas encore découvert ces moyens, dit Albérich. D'ici là... Il serait vraiment... mieux... que Gaspard s'occupe de cette mission, effectivement."
Hubert était tellement éberlué qu'il ne protesta finalement même pas.
" Très bien, dit-il. Nous pouvons examiner les plans et déterminer quel chemin serait le plus sûr.
— Parfait. Dès que vous avez choisi le point d'entrée, je préviendrai Marthe. Mais je pense que c'est bien si vous le faites maintenant : je ne sais pas d'où elle arrive, et autant qu'elle infléchisse sa trajectoire dès que possible.
— Je crois que les forts sont de toute façon à éviter.
— Oui, sûrement."
Hubert se tourna vers Gaspard.
" Choisis-toi quatre ou cinq hommes, et un mage, à tout hasard.
— Dès que j'aurai communiqué avec Marthe, nous saurons quand elle arrivera."
Il ne restait plus aux militaires qu'à consulter le plan.

Ce qu'ils firent.
Si les portes nord étaient les plus importantes, la cité en possédait étalement de plus modestes aux trois autres points cardinaux. Et, bien sûr, il était possible de les rallier par les souterrains.
S'ils craignaient que les Ithiliens y aient posté des garnisons, restait une autre option : demander à Marthe et à ses compagnons de franchir l'enceinte via l'une des brèches déjà repérées par Hubert. Cela risquait de réclamer escalades et acrobaties mais, avec le matériel adéquat, cela devait être envisageable. Une fois à l'intérieur de la ville, ne resterait plus qu'à s'engouffrer dans le réseau de tunnels, dont les accès ne manquaient pas.

Hubert était circonspect.
" A priori, ils n'ont aucune raison de poster des garnisons à toutes les portes...
— Sauf si quelqu'un leur a dit que Marthe devait rentrer dans les jours à venir.
— Mais dans ce cas-là, ils s'attendent à ce qu'elle arrive par les portes nord. Or quand tu l'as contactée, elle n'avait pas eu de nouvelles de Barthélémy... Ce qui signifie que les Ithiliens n'ont pas eu cette information suffisamment rapidement pour espérer l'abuser. Ils savent que tu es là... Donc ils savent que tu l'as prévenue.
— Ne crois-tu pas, dans ce cas, qu'ils imagineront que je l'ai renvoyée nous chercher de l'aide ?"
Le paladin sourit.
" Tant mieux s'ils le croient, probablement.
— Ou pas. Ils pourraient se sentir pressés par le temps."

Le chevalier suivait leur échange, pensif et concentré.
-N'oublions pas que Marthe est accompagnée de Varamyr et d'un groupe de Paludiers des Dents Grises, dit-il enfin. Par conséquent, je crois qu'ils seront à même de repérer les Ithiliens avant que ceux-ci ne les repèrent, J'aurais donc tendance à penser qu'au cas où le lieu de rendez-vous soit par trop surveillé, ils s'abstiendront simplement de se montrer, ce qui retardera juste l'opération...

" C'est vrai, dit Albérich.
— Dans ce cas, optons pour l'entrée de tunnel la plus proche d'ici, fit Hubert en se penchant sur la carte. Autant ne pas traîner dans les couloirs si ce n'est pas nécessaire. Lothar a parlé de deux cents Ithiliens, mais il a pu se tromper, et s'ils sont cinq cents... Ils patrouillent peut-être les souterrains."
Le Luménien opina du chef. Les Ithiliens, c'était une chose. Mais qu'était-il advenu de la colonne de Frida et Louis ? Existait-elle seulement ? Et si oui... Elle n'aurait pas dû être arrivée, encore. Alors comment Louis pouvait-il être parmi les Ithiliens ? Il y avait quelque chose de louche là-dessous... Mais quoi ? Si le chevalier avait disparu pendant son séjour à Grand Estuaire, la rôdeuse l'aurait sûrement mentionné. Or, elle n'en avait rien dit... Il se fit une note mentale de tenter de contacter Frida une fois que Marthe serait en sécurité.
" Si vous êtes d'accord, nous pouvons rejoindre les sous-sols pour que je puisse prévenir Marthe de nos décisions."

Ils se trouvaient globalement à égale distance des portes sud et est mais sans doute les secondes seraient-elles plus rapides à atteindre pour Marthe, compte tenu de la direction d'où elle venait.
Une fois dans les souterrains, Albérich incanta. Le résultat ne se fit pas attendre.
Bonjour, dit Marthe.
Prévoyante, elle économisait déjà ses mots.

Albérich avait le même souci aussi décida-t-il de sauter les salutations et de passer directement aux choses sérieuses.
Quand atteindrez-vous les portes est ?
Marthe comprendrait que c'était l'itinéraire qu'ils espéraient la voir emprunter.

Silence.
Approche discrète donc demain.
Nouveau silence.
Mieux si de nuit ?

Demain, seulement. Ils n'allaient plus pouvoir l'attendre pour prendre leurs premières décisions. Le Luménien se sentit brusquement découragé, mais se reprit.
Oui. Portes peut-être surveillées. Nous enverrons guide. Contact demain pour précisions horaires ?
Quel étrange langage... C'était assez désagréable.

Entendu.
Marthe dûr réfléchir car il y eut une pause, encore une fois.
Besoin quelque chose ? Viande ? Combustible ? Plantes ?
L'avantage de leur approche à la lenteur forcée - pour passer inaperçus d'éventuels guetteurs, probablement -, c'était qu'ils pouvaient procéder à quelques collectes...

Albérich hésita. Le combustible et les plantes n'étaient pas nécessaires, quant à la viande... Comment leur groupe aurait-il pu en transporter pour 300 personnes ? Mais les enfants en profiteraient, les adultes pouvaient s'en passer. Il se demanda si Thibault hurlerait à l'idée de chasser quelques oiseaux dans le jardin...
Viande. Combien êtes-vous ?

Vingt..
Silence.
Dont chasseurs. Pratique face gibier ithilien.
Ces mots transmis avec le plus grand sérieux.

Albérich frémit à la froideur des paroles de la juge. Sans doute était-ce d'avoir passé tant d'heures avec les Paludiers. Il prit sur lui de ne pas réagir à la violence sous-entendue dans ses mots.
A demain.
Il n'y avait rien à ajouter. Elle était plus en sécurité qu'ils ne l'étaient, et soudain, il n'était plus si pressé de se retrouver autour d'une table avec quelqu'un qui considérait déjà des êtres humains comme des proies potentielles.

A demain.
Ses compagnons ne lui posèrent pas de questions. Pas immédiatement, du moins.
Ils franchirent à nouveau les portes, attendirent qu'Hubert les ait hermétiquement refermées puis s'engagèrent dans les couloirs des caves. Ils étaient toujours aussi silencieux, mais sans doute en irait-il différemment de ceux du rez-de-chaussée, puisque la Communauté pouvait désormais les arpenter à loisir.

" Alors ? demanda Hubert.
— Demain à la nuit. Je la recontacterai demain pour des informations plus précises..."
Il poussa un bref soupir.
" Tu fais une drôle de tête."
Le Luménien se força à sourire.
" J'espérais qu'elle serait de retour plus vite. A présent... Ce serait sans doute intéressant que toi et moi prenions le temps de discuter de nos principales options ce soir. J'ai l'impression... que nous perdons du temps. Mais d'abord les explorations... Nous en parlerons tout à l'heure.
— Comme tu voudras."
Le paladin n'était pas dupe, mais en présence de Gaspard, il eut la bonté de ne pas pousser plus loin. Une fois de retour à leur point de départ, ils se sépareraient, Albérich retournant à ses plantes puis en soutien aux instituteurs, Hubert dans les étages, à la recherche des couvertures mythiques.

Des couvertures qui, il lui fallut bientôt l'admettre, n'existaient sans doute que dans leurs espoirs...
Ayant arpenté l'essentiel du premier étage, ils montèrent au second, trouvant le même genre de pièces. Et quelques nouveautés aussi, la plus impressionnante étant, au centre du bâtiment, une vaste salle circulaire située sous un dôme : elle devait être dédiée à l'astronomie car les murs et le plafond étaient recouverts de représentations des planètes et des constellations. L'on y trouvait également des lunettes d'observation, la plus imposante - pour ne pas dire énorme - étant installé sur un pied solide, pile au milieu de l'espace disponible.
Le paladin nota également une évolution dans les fresques des divers autres lieux : si celles du premier étage semblaient dépeindre la cité dans les premiers stades de son développement, celles de ce niveau la montraient à son apogée. Certaines salles, certaines galeries étaient pour leur part dépourvues de tout décor.

Le paladin avait eu du mal à retrouver la concentration optimale nécessaire à son exploration. Il sentait Albérich tendu, lui-même était toujours passablement indécis quant à la suite des opérations, et l'heure du conseil approchait. Bien sûr, ils avaient trouvé la gemme qui commandait les cuisines, ce qui était formidable, mais il n'y avait toujours aucun textile, nulle part, et leur sommeil continuerait à être pénible... Mais les merveilles autour d'eux finirent par effacer ses inquiétudes et, avec l'aide de ses écuyers, il se laissa aller à la contemplation des lieux.

Cet endroit semblait être en partie une sorte de musée, qui retraçait l'évolution de la civilisation des Anciens, et les pièces vides semblaient attendre le stade suivant de leurs progrès... Pendant un moment, Hubert songea à Giovanni et se demanda si le barde ne pourrait pas se faire chroniqueur de leur aventure, sur l'un de ces murs... Après tout, ils faisaient désormais partie de l'histoire de Clairétoile... Puis, par curiosité, il essaya de voir s'il parvenait à trouver la dernière salle qui avait été peinte... et s'il y avait une quelconque représentation d'un danger... ou d'une catastrophe en gestation.

En se montrant plus attentif, en faisant attention aux différences entre les diverses fresques, il eut l'impression que l'ensemble avait été pensé pour qu'il soit possible d'y mener une visite chronologique, partant du plus ancien pour arriver au plus récent. Mais, même sans cela, il aurait pu aisément trouver les dernières fresques, vu leur proximité avec les salles sans décor. Quoiqu'il en soit, il passa un bon moment à les observer et ne remarqua rien d'autre que les signes d'une société à son apogée, marquée par la prospérité, par l'abondance... Peut-être un œil plus exercé parviendrait-il, en procédant à des comparaison, à noter d'infimes détails augurant d'une vague inquiétude, d'une vague menace. Peut-être. En tout cas, lui-même ne décela rien de tel.

Hubert n'en pensa pas grand chose. Il ne s'était pas réellement attendu à découvrir quelque chose de révolutionnaire dans ces peintures. Sans doute Giovanni prendrait-il beaucoup de plaisir à les examiner, de son côté. Et en tant que peintre, peut-être parviendrait-il à en décoder les messages cachés et les symboles. Le paladin n'y entendait absolument rien. Il poursuivit sa visite, se laissant guider par les impulsions des enfants. Il leur faudrait sans doute bientôt regagner le rez de chaussée et profiter d'un repas chaud qui, il l'espérait, lui donnerait l'énergie nécessaire pour affronter la suite de la soirée...

Ils virent à nouveau des bustes, des œuvres d'art, des pièces de mobilier, des armes et des armures (en petite quantité), des objets à l'usage inconnu... Sans doute s'agissait-il des productions les plus tardives de Clairétoile. Quoi qu'il en soit, le tissu en était toujours aussi désespérément absent : peut-être les Anciens n'avaient-ils pas trouvé le moyen de lui faire traverser le temps comme ils l'avaient trouvé pour les autres matières...
Le soir puis la nuit finirent par tomber.
Leurs estomacs par se manifester.
Alors, ils regagnèrent le rez-de-chaussée.

Les investigations étaient terminées. Le bâtiment était magnifique et en temps de paix, sans doute en auraient-ils profité avec bonheur et curiosité. Dans leur situation, cependant, Hubert était plus chagriné par ce qu'ils n'avaient pas trouvé que fasciné par ce qu'ils avaient déniché. Tout cela était sûrement beau et intéressant, mais finalement peu utile, et de son point de vue, admirer fresques et meubles sculptés n'avait pas grand intérêt s'ils passaient des nuits épouvantables dans l'attente d'une amélioration illusoire... Mais c'était à l'ordre du jour, sûrement. Albérich ne les laisserait pas croupir des mois dans ce palais sans une idée de la trajectoire à emprunter ensuite...

A son arrivée dans la salle où travaillaient normalement les instituteurs, Albérich l'avait trouvée absolument déserte. Des livres, il y en avait, mais de personnes pour les lire, aucune. Il finit par apprendre que le trio s'était lancé dans l'exploration du rez-de-chaussée : à présent qu'ils avaient découvert le moyen le plus facile pour déterminer quels lieux désignaient les symboles, ils s'efforçaient d'y recourir, remettant les difficiles lectures pour plus tard. Ce n'était pas forcément idiot.

C'était même la chose la plus logique à faire et Albérich ne fut pas surpris qu'ils y aient songé sans qu'il le leur suggère. Il avait cependant promis aux colons qu'il demeurerait à leur disposition, aussi ne s'éloigna-t-il pas de la pièce principale. Il fit revenir Anselme pour qu'ils compulsent ensemble la liste des remèdes qu'ils devaient encore préparer, et il en profita pour sonder un peu l'intérêt du garçon. Il confia la salle à Thibault un moment pour emmener l'adolescent à la cueillette puis, grâce au foyer de la cuisine, ils purent se consacrer à la préparation proprement dite de certains breuvages et infusions. Petit à petit, la journée se déroula.
Pourtant, dans chacune de ses activités, Albérich songeait aussi au conseil qu'il comptait tenir avec Hubert juste après le repas du soir. L'organiser juste à eux deux paraissait un peu étrange, mais dans le même temps, personne ne s'était déclaré, aussi n'avaient-ils pas le choix...

Ces quelques heures supplémentaires passées en compagnie d'Anselme achevèrent de le convaincre de deux choses. D'abord, qu'il était efficace : attentif, il n'était jamais nécessaire de lui répéter deux fois les consignes qu'il exécutait par ailleurs avec diligence et application. Ensuite, qu'il était plus savant qu'il ne voulait bien le dire : outre le fait qu'il écrive vite mais bien, il savait déjà reconnaître maintes plantes, connaissait non seulement leur nom commun et savant mais également bon nombre de leurs propriétés ainsi que plusieurs remèdes dans la composition desquels elles entraient.
Timide, l'adolescent n'en était pas pour autant renfermé et il répondait sans rechigner aux questions qu'on lui posait, quoiqu'il veillât à être concis. Albérich apprit ainsi que sa famille était originaire d'un petit village situé au sud des Monts brumeux, qu'il avait fréquenté la petite école tenue par le clerc local, un Chauntéen. Celui-ci avait fini par lui proposer de devenir novice mais il avait décliné, d'abord parce qu'il tenait à continuer à aider ses parents, qui n'avaient pas les moyens d'embaucher autant d'ouvriers agricoles que nécessaire, ensuite et surtout parce que malgré son respect pour la déesse, il n'avait jamais ressenti d'appel. Son quotidien avait été bouleversé par l'arrivée d'un groupe de Gardes Rouges se dirigeant vers la Vallée du Nirvana : lui et les siens avaient eu le temps de se mettre à l'abri mais leur petite ferme n'avait pas survécu. Ils avaient alors pris la direction d'Edhoras où ils avaient survécu tant bien que mal, trouvant à s'employer là où ils le pouvaient.
Puis était passé la Communauté...

Albérich était ravi de constater combien le jeune homme était prometteur, et dans le même temps, désolé qu'il doive se révéler de la sorte en temps de crise. Son histoire était malheureusement trop banale, reflet de l'ignominie morféenne au travers de l'île. Le Luménien avait toujours du mal à accepter que ces Rouges immondes et meurtriers avaient été de simples citoyens luméniens autrefois, et il ne comprenait toujours pas comment tant de gens ordinaires avaient pu succomber au mal et à la barbarie de manière si radicale. Si tous avaient été des jeunes insatisfaits des taudis, il y aurait eu, peut-être, une ombre d'explication. Mais pour les avoir vus de près, avant, pendant et après la dictature, Albérich savait qu'il n'en était rien.
Il n'en dit rien à Anselme, cependant, s'interrogeant malgré lui sur ce qui différenciait, fondamentalement, ce garçon intègre et appliqué de ceux qui avaient pris les armes pour massacrer leur prochain.
Quand la journée toucha à son terme, le clerc félicita son apprenti — autant lui donner un nom temporaire — puis lui demanda s'il se sentait de prendre en charge la surveillance de la santé du groupe, à présent qu'ils avaient soigné le plus urgent. Lui-même resterait en seconde ligne, pour le conseiller et le soutenir, l'instruire encore et intervenir sur d'éventuels cas graves, bien sûr.

Embarrassé par les compliments d'Albérich - il ne manqua pas d'arguer qu'il n'avait vraiment pas fait grand chose -, Anselme parut littéralement terrifié par l'expression "prendre en charge" - la tâche devait lui paraître inconciliable avec sa timidité; Néanmoins, désireux de bien faire et de se rendre utile, il assura le clerc qu'il ferait son possible, qu'il prendrait des notes et qu'il lui présenterait régulièrement son rapport.
Il faisait nuit, désormais, et l'on s'activait en cuisine. Leur premier repas chaud depuis leur fuite de la forteresse n'allait pas tarder à être servi.

Le Luménien libéra le jeune homme puis se mêla aux colons qui attendaient le repas. Il constata avec bonheur que nombre de volontaires naviguaient entre la salle et les cuisines : nourrir trois cent personnes ne s'improvisait et requérait une certaine main d'oeuvre. Il guetta le retour des explorateurs, puis celui des colons qui circulaient dans le rez de chaussée. Sans doute certains arriveraient-ils en retard... Il faudrait sans doute s'assurer que tout le monde était de retour...

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Une cité perdue