La Couronne de Cuivre

" Et combien de cas d'homicide traitez-vous chaque année ?" demanda Henri, allant exactement dans la direction qui inquiétait le procureur.
Il parut réfléchir.
" Une vingtaine ? Un peu plus ? Trente ?"

L'officier réfléchit un instant
" Et bien, je dirais... une petite vingtaine, peut-être. Tout dépend de la complexité des affaires qu'on me confie. Nous sommes plusieurs enquêteurs dans le service, nous nous partageons le travail."

" Une petite vingtaine. Disons vingt. Fois sept. Je n'ai jamais été doué en calcul, mais ça doit faire... cent quarante ? Et donc vous avez croisé... deux cas de personnes qu'on avait estimées démentes au moment de leur premier meurtre et qui ont récidivé. Puis-je vous demander le taux de récidive parmi les personnes non démentes ? Ou plutôt non. Prenons quelque chose que je connais... Genre un avocat spécialisé dans les cas d'homicide. Qui plaide depuis quinze ans. Environ trente clients par an..."
Il fit mine de compter.
" Mon taux est encore plus bas que le vôtre... Hum."
Il se tourna vers le juge.
" Ce sera tout pour l'heure, Votre Honneur, mais j'aimerais que le témoin reste à disposition. Je voudrais étudier les deux cas qui nous ont été présentés aujourd'hui et reprendre mon interrogatoire, si nécessaire."

Le Juge conserva son masque d’impassibilité mais une lueur brilla brièvement dans son regard, signe que les arguments de l’avocat avaient atteint leur cible et que le juge était loin d’être surpris par les dernières réponses du témoin.

- C’est entendu, maître de l’Atalante. Lieutenant, merci à nouveau pour votre témoignage : la cour vous remercie et vous laisse retourner à vos enquêtes mais elle fera certainement encore appel à vos services dans les prochains jours.

Le procureur reprit la parole.
" Le meurtrier en question pourra probablement être entendu par la cour demain après-midi, le temps d'obtenir les autorisations nécessaires. Les comptes-rendus d'audience précisent qu'il semble regretter sincèrement ses actes, mais bien sûr, ça n'a pas empêché sa condamnation. J'ai fait faire une copie du dossier d'instruction de l'époque, ajouta-t-il en tendant au juge une liasse de documents. Cette affaire est bien sûr différente du cas qui nous occupe, mais elle permet d'apporter un éclairage concret sur la démence, et il m'a semblé utile de la porter à votre connaissance... Mais pour ma part, je n'ai pas d'autre témoins à citer aujourd'hui."

Henri prit possession d'une copie du dossier avec la mine de quelqu'un qui doute de la véracité des paroles de son interlocuteur.
" Merci. J'examinerai tout ça avec attention. Mais je ne vois pas bien à quoi va nous servir l'intervention de ce condamné... Pouvez-vous nous éclairer sur cet aspect ?"

" Et bien, elle permettra à la cour de se rendre compte, de visu, que ce meurtrier semble aussi sain d'esprit que vous et moi. Et pourtant, cela ne l'a pas empêché de commettre des crimes graves par deux fois. Et chaque fois, soi-disant, il agissait sur un coup de folie qu'il prétendait ne pas comprendre et qu'il assurait ne devoir jamais se reproduire. Il pourra vous le certifier lui-même, avec une sincérité toute aussi grande que celle de l'accusé... Bien évidemment, si la cour juge que le témoignage de l'officier et l'étude de ce dossier suffisent, il ne sera pas nécessairement indispensable d'appeler ce condamné à la barre. Je vous laisse libre d'en juger, ajouta-t-il en se tournant vers le juge. Néanmoins, il me semble primordial d'explorer les risques de récidives. Imaginez, par exemple, que Morphea Nwalk, dont on n'a jamais retrouvé la trace, décide de s'en prendre un jour à nouveau à l'accusé. Ne risque-t-on pas une nouvelle crise de démence ?"

Le Juge avait conservé son expression de neutralité coutumière au début de l’intervention du procureur mais la mention du tyran fit instantanément briller son regard d’une fureur à peine contenue. Il se reprit cependant car c’est d’une voix calme qu’il répondit :

- Nous auditionnerons ce témoin et ce afin de faire toute la lumière sur cette affaire et qu’il ne persiste plus le moindre doute quant à notre décision. Cependant, maître Duchesne, je vous prierai de ne plus nommer le tyran dont ceci n’est absolument pas le procès. Et si par malheur, il refaisait son apparition ici autrement qu’à sa place dans le box des accusés, je crains que l’influence qu’il pourrait avoir sur l’accusé serait le moindre de nos soucis.

Henri était resté impassible pendant l'échange entre les deux hommes, mais Taliesin devait deviner que la mention de Nwalk ne lui faisait pas plaisir. La séance étant levée, l'avocat raccompagna le barde tandis qu'il retraçait un trajet qu'il commençait par connaître par coeur.
" Je vais passer la soirée à examiner ces deux cas, dit-il. Je ne vois pas l'intérêt pour Duchesne de faire citer son témoin, mais puisqu'il insiste... Bref, je ne pense pas que j'aurai le loisir de passer à la prison ce soir, mais vous ne devez y voir nul problème... Il y a simplement beaucoup de pages dans ces documents."

-J'imagine... Et à titre personnel, je vois très bien pourquoi il tient à ce que cet homme témoigne à la barre : il veut prouver que quelqu'un victime de folie meurtrière peut recommencer malgré sa bonne foi, malgré ses remords sincères... Bref : il veut m'envoyer en prison pour éviter tout risque de récidive, aussi infime soit-il. Sauf qu'avec pareil raisonnement, aucune personne jadis victime de démence mais guérie ne serait jamais relâchée, les asiles seraient pleins à craquer... Même sans songer à mon cas personnel, j'espère vraiment que ce genre d'argument ne sera pas retenu, car ce serait terriblement triste et injuste pour beaucoup de monde. Sans compter que punir des individus pour des crimes qu'ils n'ont pas encore commis et ne commettront probablement jamais, c'est une vision de la justice assez... particulière, disons.
Il secoua la tête.
-Quoi qu'il en soit, je vous souhaite bon courage pour votre travail et je vous dis à demain.

" C'est justement la logique de votre argumentaire qui me fait m'interroger sur l'intérêt de ce témoignage... Mais soit. Je ne crois pas que cela puisse beaucoup influencer le juge. Et nous nous reverrons demain. Passez une bonne nuit."
Il lui serra la main puis s'éloigna dans le couloir. Taliesin, quant à lui, fut guider jusqu'à l'antichambre où on le débarrassa de ses liens avant qu'une escorte toujours aussi conséquente le suive jusqu'à son chariot. Quelques minutes plus tard, ils étaient repartis pour la prison, au trot des chevaux.

Quête : Les Squelettes du Placard
Epilogue : Exorcisme (suite)

Taliesin connaissait désormais la longue route depuis la prison par coeur, sa mémoire de barde enregistrant les odeurs et les sons pour replacer ici une boulangerie, là une taverne, plus loin un temple, des échoppes, un lavoir, une écurie, une maison où braillait un nourrisson, une autre où un couple se disputait chaque soir... Quand il parvint au Palais de Justice, un peu plus vite que d'habitude, sans doute grâce à la pluie, il fut accueilli par un Henri qui paraissait crevé mais d'excellente humeur. Il avait passé la nuit à compulser les dossiers et ne s'inquiétait plus du tout de leur impact, tant les disparités avec leur cas étaient importantes. Bref, il était plutôt serein.
Il ne leur fallut que quelques minutes pour que la procédure habituelle soit mise en place et qu'ils puissent rejoindre la salle d'audience...

Il essaya de ne pas trop songer à ce que Galathée lui avait dit la veille, à l'inquiétude que l'avocat avait alors éprouvé tout en s'efforçant de la dissimuler, préférant prendre - ou tenter de prendre, plutôt - pour argent comptant sa sérénité : s'il disait que tout allait bien, c'est que tout allait bien, non ? De toute façon, à part le tirer encore davantage vers le fond, s'inquiéter outre mesure ne servait à rien. Mieux valait se préparer à jouer son rôle, à conserver son attitude coutumière, à encaisser sans broncher les coups qui lui seraient portés.

La séance débuta comme de coutume quand le juge fit son apparition et frappa le socle en bois situé sur son pupitre de son marteau. Il était probable que le second témoin appelé par maître Duchesne ne soit pas encore disponible mais le magistrat lui donna tout de même la parole pour poursuivre son argumentaire de la veille.

Le procureur se leva.
" Comme je vous l'ai annoncé hier, mon témoin ne sera disponible qu'en début d'après-midi. Mais je souhaite profiter du temps qui m'est imparti pour faire un point de ce qui nous a été donné d'entendre depuis le début de ce procès. Nous avons eu un résumé des faits, commis, selon les témoins que j'ai fait appeler à la barre, avec le plus grand sang-froid, par un meneur d'homme qui a su entraîner derrière lui tout un petit groupe. La défense, se basant sur les explications données par un clerc, affirme qu'il s'agit ici d'un acte isolé de démence. Je tiens tout d'abord à rappeler que Maître de l'Atalante, n'étant pas expert en maladies mentales, sortirait de son domaine de compétence en posant lui-même un tel diagnostic. Il ne s'agit donc que d'une hypothèse... "

" Objection, Votre Honneur ! s'exclama Henri. Outre des accusations mensongères me concernant, Maître Duchesne semble penser qu'il a toute une matinée pour faire son réquisitoire. Si telle est son intention, j'estime que mon client et moi-même n'aurons pas à nous infliger un tel discours une seconde fois."

Le Juge n'hésita pas un seul instant à répondre à l'avocat de Taliesin pour interrompre le réquisitoire de maître Duchesne :

- Objection accordée : maître Duchesne, il est en effet de coutume de faire votre réquisitoire à la fin des débats et je ne compte pas y déroger. En outre, ce n'est pas son expertise que votre confrère à défendu puisqu'il a fait appel à un expert. Je vous laisse cependant la parole si vous avez des éléments nouveaux à apporter.

" Non. Je voulais simplement souligner que même si la démence reste pour moi une hypothèse, je tiens à ce qu'elle soit étudiée avec le plus grand sérieux. Et je souhaitais, au regard de cette hypothèse, rappeler l'objectif du témoignage de cet après-midi. Même s'il n'a qu'un rapport lointain avec notre affaire, il s'agit pour moi de démontrer que la démence, si elle vient à être prouvée, ne doit pas nécessairement entraîner une relaxe : ce serait un trop grand risque à courir.

"Vous ne pouvez pas le relaxer : c'est un monstre !" L'intervention avait surpris tout le monde, elle provenait de la droite du box des accusés. C'est l'un des gardes qui l'avait proférée en se précipitant vers Taliesin. Il bouscula Henri qui se trouvait sur son passage : l'avocat et une bonne partie des notes devant lui valdinguèrent au sol tandis que l'agresseur poursuivait sa course folle. une autre voix se fit entendre, celle du mage qui avait réagi le premier à cette interruption : il commençait à lancer un sort. Mais il s'interrompit : le garde avait empoigné le barde avec une force contre laquelle il ne pouvait certainement pas lutter, surtout en étant entravé et avait placé la lame d'une dague contre sa gorge. Taliesin pouvait en sentir le fil et la sensation du sang qui perlait là où la brute l'avait placée. Ce dernier invectiva le public qui sortait enfin de sa torpeur : "ne tentez rien où je lui tranche la gorge comme le goret qu'il est !"

Pris au dépourvu, paralysé par la surprise et l'incompréhension, il n'avait pas esquissé le moindre mouvement alors que l'inconnu se ruait sur lui. Évidemment, il n'en esquissait pas davantage à présent : cela aurait été inutile, cela aurait signé son arrêt de mort. De surcroit, il se sentait comme résigné, comme s'il s'était attendu, inconsciemment, à ce que toute cette affaire se finisse mal, quelle que soit la manière dont survienne cette fin. C'est donc avec une sorte de détachement - conséquence du choc, probablement - qu'il attendit la suite. La seule pensée qui lui traversa l'esprit fut des plus ironiques : on se méfiait tant de lui, on craignait tellement qu'il ne s'échappe, qu'il ne massacre ou ne prenne en otage les gens présents dans la salle qu'on avait totalement négligé sa propre sécurité... Et si, par extraordinaire, l'incident se terminait autrement que par sa mort, il y avait même fort à parier que le procureur s'en servirait ensuite d'argument pour exiger son enfermement !

" Par Tyr... "
L'exclamation avait échappé, en un souffle, au procureur qui fixait la scène avec incrédulité, l'air un peu sonné.
Il ne fit pas un geste, se contentant de fixer le preneur d'otage.
" Excusez-moi, jeune homme, mais... Où donc espérez-vous en venir ainsi ?"
Il parlait avec un calme feint, cherchant visiblement à préparer des arguments, et ne quitta des yeux son interlocuteur que pour jeter un coup d'oeil à l'avocat de la défense qui avait été propulsé au sol.

Henri, de son côté, se remit debout en prenant appui sur sa table. Il n'était qu'à quelques mètres de Taliesin et de son agresseur et paraissait proprement stupéfait. Il saignait du nez, ce qui avait commencé à tacher son pourpoint, et gardait une main pressée contre son visage.
Son assistant, demeuré en retrait, se trouvait un peu derrière Taliesin et son agresseur, mais semblait tout aussi pris au dépourvu.
L'avocat n'ajouta rien à ce qu'avait dit la procureur. Sans doute songeait-il au fait que trop d'interlocuteurs risquait d'énerver le jeune homme...

Le preneur d'otage pressa Taliesin contre le bureau avant de répondre avec rage à la question du procureur :

- Je veux arrêter ce procès ridicule : ça se voit que ce Taliesin a acheté le juge ! Il est de son côté depuis le départ ! Et de toute façon il ne mérite pas un procès : ses victimes n'y ont pas eu droit avant qu'il les fasse assassiner. Non, il ne s'en sortira pas aussi facilement !

Pour proférer de tels propos, il devait s'agir d'un homme payé par Kanter : aussi révoltants ses crimes aient-ils été, il fallait beaucoup d'argent ou une implication personnelle de quelques nature pour venir s'en prendre à lui au beau milieu de la salle d'audience... Et si cette hypothèse était juste, cela signifiait que non seulement Kanter n'avait pas été arrêté mais que, de surcroit, il était toujours décidé a agir a son encontre et en avait encore les moyens. Cela signifiait, aussi, que Galathée, les enfants, les Merlus n'étaient pas en sécurité et ne le seraient jamais tant que lui-même vivrait : si les Luméniens n'avaient pu assurer sa protection ici, s'ils n'avaient pu empêcher que tout un chacun soit au courant du procès alors qu'ils s'étaient engagés à faire des efforts en ce domaine, comment pourraient-ils veiller sur sa famille ?
Quand cette pensée lui traversa l'esprit, Taliesin eut une vive impulsion : celle de se débattre pour que l'homme l'égorge. Au moins, ainsi, tout serait terminé. Au moins, ainsi, les siens seraient en sécurité. Il n'y céda finalement pas mais... Il s'en fallut d'un rien.

Henri grogna.
" Il ne s'en sort pas facilement. La justice luménienne s'applique. Le juge n'est acheté par personne. Nous essayons de faire la part des choses selon les lois qui sont les nôtres. Et les vôtres. Qui croyez-vous que vous êtes, à vous placer en ange vengeur, au-dessus de nos règles à tous ?"

Le procureur semblait chercher ses mots -un comble pour un homme de sa profession. Mais il s'efforçait de garder, en apparence du moins, tout le calme dont il était capable.
" Et vous voudriez donc agir comme lui, tuer sans procès... et espérer avoir l'excuse de la démence,vous aussi ?"
Il secoua la tête.
" Vous portez une accusation grave en parlant de corruption, et si vous avez quoi que ce soit qui puisse l'étayer, je suis tout ouïe. Maitre de l'Atalante peut cependant vous confirmer qu'en agissant ainsi, il risquerait une radiation du barreau..."
Parler, encore parler : l'objectif du procureur, faute de trouver des arguments suffisants, semblait être de distraire l'attention de l'agresseur. Dans l'espoir, sans doute, que quelqu'un tente quelque chose.

A nouveau, le forcené répondit d'un ton rageur et Taliesin sentit qu'il n'attendrait certainement pas bien longtemps avant de mettre ses menaces à exécution.

- Qui je suis ? Je ne suis personne. Comme ma cousine que ces bouchers ont assassiné ! Elle n'était qu'une femme de ménage mais ce Taliesin et ces sbires ont suivi leurs propres règles eux aussi. Pourquoi je ne devrais pas faire pareil ?

C'est à cet instant que le barde sentit la lame commencer à glisser sur sa gorge puis tout se passa très vite. La pression se relâcha subitement et la lame tomba sur la table devant lui. Il y vit son propre sang qui la maculait avant qu'un choc sourd ne se fasse entendre dans son dos. Celui que produisit son agresseur en s'effondrant. L'elfe, avant de perdre connaissance, entendit la voix du juge proférer des ordres :

- Faites vite venir un clerc !

Quand l'elfe reprit connaissance, il était allongé sur quelque chose de mou, peut-être un lit, ou un tapis, et il ne ressentait absolument aucune douleur. Il entendait juste des gens parler un peu plus loin, avec véhémence, tout en tâchant de garder leur voix basse. La lumière était tamisée, mais les murs étaient gris : il était toujours entre les murs d'une cellule. Il ne portait plus de fers, cependant, et avait une couverture remontée jusqu'au menton.
Une des deux voix appartenait à Henri. L'autre était moins distincte. Puis ce fut le silence, une porte s'ouvrit, se referma.

Son premier sentiment fut quasiment de la déception : aussi égoïste cela soit-il, il aurait presque été soulagé de ne jamais, jamais se réveiller.
Le deuxième fut de la honte : il n'était plus seul, il avait une femme et des enfants, de telles envies de fuite lui étaient désormais interdites.
Le troisième fut de l'inquiétude : pour sa famille, justement, d'autant que puisqu'on avait allégé le contingent protégeant la ferme, ils étaient plus vulnérables qu'auparavant...
Il demeura étondu longtemps, en proie à des émotions et à des pensées contradictoires. Il se força à respirer lentement, pour tenter de se calmer, de faire le vide et, qui sait, de se rendormir : à quoi bon l'éveil ?
Mais même s'il n'y parvenait pas, même s'il était en état de se mouvoir, il ne bougerait pas d'un pouce. Ces Luméniens qui l'avaient laissé croupir dans une geôle alors qu'il était à demi égorgé seraient capables de prendre le moindre mouvement pour une tentative d'évasion. Mieux valait donc qu'il n'aggrave pas son cas, surtout après cet incident qui, il en avait la conviction, donnerait de nouveaux arguments au procureur pour exiger son incarcération à vie.

Au bout d'un petit moment, il entendit un soupir et le grincement d'une chaise sous le poids de quelqu'un qui bouge légèrement. Il n'était pas seul. Puis la porte se rouvrit et quelqu'un entra. Cette fois, il reconnut la voix, même chuchotée : c'était celle de Galathée.
" Comment va-t-il ? souffla-t-elle, l'inquiétude révélée dans son ton.
— Bien, maintenant. Le clerc de faction est intervenu tout de suite, il n'a quasiment pas perdu de sang. Mais il dort toujours, sans doute le choc, lui répondit Henri.
— Ah, bon sang... Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ?!
— Une entorse au protocole. C'est une longue histoire. Va plutôt le voir, nous parlerons plus tard."
La jeune femme se glissa aussitôt auprès du barde et lui prit la main.

La Couronne de Cuivre

[Bâtiment] Le Palais de Justice