La Couronne de Cuivre

Lorsqu'Agrippa franchit la porte de sa nouvelle chambre, il ne prit pas la peine de jeter ne serait-ce qu'un rapide coup d'oeil alentour; seul le lit l'intéressait, et il l'avait fort opportunément juste en face de lui.

Ses adieux au Palais présidentiel avec les compagnons qui avaient combattu à ses côtés l'avaient ému, et c'est avec douleur qu'il examina l'étrange aventure qui l'avait fait parcourir les lieux les plus incongrus de Luménis, des égouts au cimetière en passant par les geôles des services de renseignements luméniens.

L'odeur des canalisations putrides de Luménis ne l'avait pas quitté depuis plusieurs heures maintenant, mais la fatigue était trop forte pour pouvoir satisfaire son envie de propreté.

-Ca attendra bien encore un petit moment, et de toutes les manières, il n'y a personne d'autre que moi dans mon lit aujord'hui, pensa-t-il avec un soupçon de frustration.

Le repos du guerrier n'était pas tout à fait comme il l'avait imaginé.

********

C'est après une journée et une nuit complètes de repos que le prêtre se réveilla, et prit la décision d'accomplir une formalité administrative qui lui tenait à coeur.

Conejo entra dans l'auberge aussi heureux que tout à l'heure quand le garde lui avait donné la permission d'entrer dans la ville. il s'approcha de la réception et y vit une femme. Il lui demanda:

- Bonjour madame, j'aimerais vous louer une chambre pour quelques nûits, mais je n'ai pas d'argent pour vous payer. J'aimerais savoir si je peux vous rendre un service pour payer mes nuits. Si ce n'est pas possible, refusez tout simplement de m'heberger et je dormirais à la belle étoile comme je l'ai toujours fait !

Conejo attendit devant la femme qui venait de lever la tête vers lui...

L'elfe noir entra et referma la porte, une forte odeur de houblon flottait dans l'air, il mit la capuche de sa cape sur sa tête et scruta l'auberge, beaucoup de gens était en train de festoyer et presque personne de l'avait remarqué, il vit simplement et quelque visage se tourner vers lui puis se retourner pour finir le fond de leur chope. Il s'avança près du comptoir, le tavernier servait des chopes à des habitués. Ildieren vit un demi-elfe visiblement jovial, celui-ci le regarda, le drow lui adressa un signe amical de la tête, le demi-elfe se retourna, l'elfe noir se racla la gorge, interpella le tavernier et lui dit:

Bonsoir à vous tavernier, pourrais-je avoir une chambre pour cette nuit, voici 5PO,
aussi, j'aurais voulut savoir si vous connaissiez une maison dans les alentours qui soit à vendre? Vous avez peut-être une idée, non?

La femme ne répondit rien, Conejo pensa donc qu'elle était sourde, il regarda l'elfe noir à côté de lui et lui fit une tête d'imcompréhension et vit plus loin le prix des chambres, 5PO chambre d'une personne de luxe. Conejo s'approcha d'un groupe de gens visiblement saoul, et leur demanda un petit jeu, dix personne peuvent y participer. Quelques autre personne s'aprochère et dix d'entre acceptère de jouer. il demanda à chaque personne de miser une PO, tous donnère une pièce d'or (surement sous l'effet de l'alcool). il en pris une et dit:

- Nous allons jouer à pile ou face !!! Si je gagne, je prend votre argent. Et si je perd j'offre une tournée general !!!

Tous acceptère et le groupe choisiit Pile. Conejo lança la pièce en l'air et commença à suer. La pièce retombit dans ses main sur face:

- J'ai gagné !!!

Il retouna vers la reception et donna 5PO à la femme qui lui donna en retourd une clef avec le numero 9. Conejo monta dans sa chambre et s'installa dans son pour faire un petit dodo.

5 H plus tard...

Conejo se réveilla et sortit de l'auberge tout en rendant les clef à la femme bizarre.

Décidement, ces elfes... Tous différents, mais tous si étranges... Le tavernier considéra l'elfe encapuchonné.

Voila votre chambre. Pour acheter une maison, je ne sais pas, il faudrait aller voir directement dans les faubourgs pour cela, mais sahcez que personne ne vous vendra une maison si vous n'avez pas un emploi fixe a Lumenis. Les bourgeois du coin sont assez protectionistes.

Puis l'homme se tût, réalisant trop tard qu'il venait d'insulter les neuf dixièmes de sa clientèle... Il tendit les clefs de la chambre a son interlocuteur.

Alors que Ildieren dormait, l'elfe jovial resortait de la taverne, un sourire béa figé sur le visage.

HRP: pour plus d'info sur les résidences, mp

Ildieren passa une merveilleuse nuit, une des meilleurs depuis qu'il était à la surface, il pensa à Menzoberrazan, il serra le poing et insulta Lloth. Il se leva péniblement et alla se mirer dans la glace, il se comtempla au moins 5 minutes,, il regardait ses yeux verts, une couleur d'yeux très rare chez les elfe noirs, d'ailleurs, il pensait ètre une sorte d'élu à cause de ses yeux, il ne s'était pas trompé car il était remonté à la surface et avait abandonné Lloth pour Tymora. Il versa une larme en pensant à tout ce qu'il avait enduré dans les cavernes obscures de ce monde... Plusieurs larmes perlèrent puis ils se ressaisi, Ildi(c'est mon diminutif) enfila sa cotte de maille, mis le reste de ses équipements et embrassa son médaillon à l'effigie de Tymora puis descendit, il salua le tavernier et lui demanda où était passé le demi-elfe, le tavernier lui répondit qu'il était parti de l'auberge cette nuit même, l'elfe noir remercia le tenancier et sortit de l'auberge. Le ciel était couvert de nuage, comme son esprit, il se rendit au bureau des naturalisations Lumemiennes...

Depuis quelques jours, Agrippa avait mûri son projet de construction du sanctuaire de Dénéir. Il s'était occupé de quelques tâches pour se changer les esprits après l'obtention de la citoyenneté, et avait reprit ses quartiers à la taverne.

****************

Dans la semaine qui suivit, il profita du Festival des arts de Luménis qui attirait des gens venus de tous horizons, et y fit la rencontre aussi importante qu'imprévue d'Althéa, jeune bretteuse manostienne.

****************

Un matin, il se leva avec la certitude que le plan du bâtiment sur lequel il passait ses journées et ses nuits était prêt à être traduit en acte. Aussi abandonna-t-il sa mansarde transformée en lieu d'études pour acheter le terrain qu'il convoitait, et ouvrir le chantier.

[Quête : l'espoir de Lathandre]

Dorian entra dans l'auberge l'air pressé: il s'adressa sans préambule au patron .

" Bonsoir monsieur , je pars quelques jours avec deux compagnons .Auriez-vous des rations de survie à nous vendre ? Il nous en faudrait 3 par personne , pour 3 personnes et 7 jours"......

Dorian s'apprêta à sortir son or.....

HRP: le prix d'une ration dans le manuel des joueurs édition 3.5 est de 5 PA par ration ç'ets à dire 1/2 PO .

Edit de Garf: le Meujeu est puissant, surpuissant, lui seul a le pouvoir sur les cours de la bourse féerunienne... :notme2:

Edit: humbles excuses elfico-vampiriques Honorable Meujeu :happy: !

Garf: c'est pas moi ton Meujeu...

Agrippa retrouva sa petite chambre sous les toits avec lassitude, songeant aux évènements de la journée et de la nuit.
Le Festival des arts avait été bien plus mouvementé que prévu, et quant à la visite de Luménis avec cette bretteuse... cette Althéa... cela avait été un échec complet. Il ne lui avait pas montré ce qu'il aurait voulu qu'elle voit, mais ce n'était pas entièrement de sa faute. Tout au moins c'est ce qu'il avait envie de croire.

Se dévêtant pour la nuit, Agrippa songea au labeur qui l'attendrait demain pour achever les plans du sanctuaire de Dénéir.

Elle avançait à pas feutrés dans les couloirs de la taverne. Les goûtes d’eau s’écoulaient doucement de sa cape gorgée de pluie. Une averse subite l’avait contrainte à déserter sa funeste cachette pour trouver un abri. Elle s’était souvenue qu’Agrippa lui avait parlé d’une chambre à la taverne de la Bienveillance. Après de nombreuses tergiversations et comme la pluie ne cessait pas, elle avait décidé de le retrouver. On n’avait fait aucune difficulté à lui indiquer la chambre. Peut être avait il donné des instructions au cas où elle réapparaîtrait. Devant la porte, elle se demanda quelle attitude adopter avec lui. Elle lui en voulait de l’avoir abandonnée le temps d’une danse.

Sa réaction avait été disproportionnée, elle devait bien l’admettre. S’enfuir sans raison et le laisser derrière elle alors qu’il lui était venu en aide. Mais qu’il ne compte pas avoir une reconnaissance éternelle en retour. Elle ne baisserait pas sa garde. En attendant, elle n’avait qu’à frapper à la porte. Ce n’était pas plus compliqué que ça. Mais pourquoi ne le faisait elle pas ? Avait il peur qu’il la réprimande comme un enfant fugueur ? Elle était majeure après tout, et en pleine possession de ses moyens. Qu’il ne s’avise pas à lui demander des comptes, il le regretterait amèrement. Mais pourquoi ne pouvait elle s’empêcher d’avoir honte ? Rassemblant son courage, elle frappa à la porte.

Oui... oui j'arrive! Un instant!

Qui pouvait bien tambouriner ainsi sur sa porte à une heure pareille? Il était bien tard pour une visite, alors que les honnêtes ges étaient depuis longtemps au lit. De plus, le prêtre n'aimait guère être interrompu en plein milieu d'une prière à son seigneur et maître.

S'habillant négligemment, il alla ouvrir la porte sans trop se presser.

Ah... C'est vous?

Instinctivement, Agrippa chercha à remettre en place le pantalon mal ajusté qu'il avait enfilé au-dessus de ses habits de nuit. Il dévisagea lentement Althéa, puis lui tourna le dos brièvement le temps de remettre sa robe. Ainsi habillé, il se dirigea vers son visiteur du soir.

Vous êtes trempée... Descendons, le feu de cheminée de la grande salle vous fera le plus grand bien.

Prenant les devants, Agrippa descendit l'escalier, suivi de près par la Manostienne. Le clerc prit soin d'installer cette dernière à une table adjacente au foyer avant d'aller chercher deux choppes d'un fortifiant légèrement alcolisé au comptoir.

Il n’avait fait aucune remarque, l’invitant simplement à descendre pour se réchauffer. Elle l’avait suivi sans émettre d’objection, quelque peu sur ses gardes toutefois. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la traite avec tant d’obligeance surtout après un de ses coups d’état. Quand elle était petite, on accueillait ses caprices à coups de pieds aux fesses ou de gifles bien envoyées. Plus tard, on la remettait en place avec des piques habillement tournées qui lui montraient à quel point elle avait été ridicule de s’emporter. Jusqu’à présent, Lothringen avait été le meilleur à ce jeu là. Sûr le coup, cela la mettait dans une rage folle mais elle finissait toujours par réfléchir. Angelo quant à lui l’imitait jusqu’à ce qu’elle éclate de rire et laisse tomber les armes.

Aujourd’hui, Agrippa n’avait pas eu besoin des mots pour la désarmer. Son silence avait voulu tout dire. Elle s’assit sans parler en face du prêtre, frottant ses mains engourdies par le froid, les yeux perdus dans la contemplation de sa choppe. Puis, elle osa relever la tête et dit un petit sourire :

« J’ai eu une attitude totalement idiote tout à l’heure. Je vous demande pardon »

Agrippa sourit en retour, le coeur soulagé de ce qu'Althéa ne lui reprochait pas le passage dans la taverne des bas-quartiers. Il ne dit rien, se contentant de boire consciencieusement le contenu de sa choppe.

L'athmosphère de l'auberge était très calme, étant donnée l'heure avancée de la nuit. Un homme assis à quelques mètres d'eux, à peu près au milieu de la grande table commune, chantait doucement une complainte mélancolique et rêveuse. Agrippa savourait maintenant la chaleur du feu de cheminée et le chant du barde, lequel s'attachait à transformer les quelques buveurs attardés en un auditoire attentif.

Ce n'est pas dans une auberge telle que celle-ci que je pourrais mettre la main sur ce que je comptais vous faire voir, lors de notre virée dans le quartier Est. Mais après tout la Bienveillance recèle des petits plaisirs qu'il serait bien stupide de dédaigner.

Après une longue pause mise à profit pour écouter un couplet du chanteur, le clerc reprit.

Je ne sais pas grand chose de vous, Althéa, si ce n'est que vous avez un caractère bien trempé... et que vous n'aimez pas que l'on s'intéresse trop à vous. Aussi me contenterai-je d'entendre ce que vous voudrez bien me dire sur vous, sans vous poser de questions. Si tant est que vous daignez me dire quoi que ce soit. Si ce n'est pas le cas, parlez-moi de Manost, de votre technique de duel préférée, que sais-je? Dites ce que vous voulez, entendre votre voix me suffira...

hrp : au secours, je suis en train de rpiser avec Barbie :snif:

Il voulait qu’elle parle pour entendre sa voix … Que pouvait elle raconter ? Avait elle seulement envie de parler, de se confier ? Avait elle envie que ce prêtre surgi de nulle part l’écoute ? Elle avait trop péché pour oser une confession. Elle avait trop bu, trop juré, trop blasphémé, trop douté, trop vécu, trop haï, trop aimé … Elle s’était montrée trop cruelle, trop capricieuse, trop impatiente, trop égoïste, trop humaine … Pourrait elle dire tout cela ? En même temps, elle avait envie de briser le silence qui s’était installé entre eux et laissait entendre la complainte mélancolique à l’image de ce qu’elle ressentait.
Elle ferma lentement les yeux pour écouter, se berçant doucement au rythme de la chanson. Elle se revit toute petite assise devant la cheminée de sa cuisine pendant qu’Ephilie fredonnait en préparant le repas. Des comptines, des ballades, des lais, des chansons de geste, quelques chansons paillardes. De quoi occuper de nombreuses soirées et faire tomber la pluie.

Le chant cessa le temps que le barde aille se rafraîchir le gosier. Elle se souvint alors qu’elle n’était pas seule. Elle s’était évadée dans le passé le temps d’un air pour fuir cette conversation embarrassante. Elle sourit malgré tout un peu honteuse de s’être laissée emporter. Et les mots lui vinrent presque naturellement :

«Je suis désolée mais je tombe de sommeil. Ne pourrions nous pas parler demain ? »

Je comprends. Peut-être une bonne nuit de sommeil nous permettra-t-elle de mieux communiquer? Je n'aimerais pas que nous restions sur le malentendu du début de soirée. Je vais voir avec l'aubergiste pour vous trouver une chambre correcte.

Agrippa se leva de table et alla discuter avec un garçon d'écurie qui faisait office d'aubergiste durant le sommeil du tenancier. Althéa vit le clerc s'entretenir une bonne minute avec le jeune homme, lequel eut quelques mimiques d'impatience alors qu'Agrippa semblait tenter de négocier. C'est un prêtre déconfit qui revint vers elle.

Il ne me reste plus qu'à vous offrir de partager ma chambre pour ce soir. Je suis désolé, mais il n'y a selon ce bougre plus aucune chambre libre. Les passagers d'un navire retenu à quai, à ce qu'il paraîtrait.

Althéa aquiesça d'un léger signe de tête, et les deux improbables collocataires regagnèrent la chambre d'Agrippa.

Je vous laisse le lit, Althéa. Je vous en prie, j'insiste... Puis, voyant l'air hésitant de la jeune fille, il reprit avec un grand sourire qui s'efforçait d'être rassurant, Si cela vous gêne, essayez de n'y voir que la marque de l'éducation reçue à Eauprofonde. Je dormirai au pied du lit; un peu de méditation me fera le plus grand bien.

Il lui proposait son lit. Cela aurait pu être une planche à clous, une planche abandonnée au milieu de l’océan, elle avait sommeil. Elle étouffa un bâillement et retira ses bottes. Elle n’était pas capable de faire plus.

Quelques minutes plus tard, elle dansait ou plutôt, on l’entraînait dans une folle sarabande sans qu’elle puisse résister. Elle ne pouvait se dégager. Agrippa assistait impuissant à la scène. Son visage était tourné vers elle mais ses orbites étaient vides. Dans ses mains tendues, il tenait un cheveu. Terrifiée, elle leva la tête vers le danseur. Angelo la tenait, pâle comme la mort. Du sang coulait de sa bouche en cascade jusque sur le sol. Elle glissait dedans à chaque pas. Il la tenait fermement par les épaules et la soulevait doucement de façon à ce que son cou atteigne sa bouche. Ses crocs luisaient. Dans quelques secondes, il s’abreuverait de son sang. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle se défende pour ne pas mourir. Elle fouilla dans sa poche et en sortir une dague. Sur la garde était gravé le symbole de Dénéir. Elle frappa en plein cœur. Il relâcha sa prise. Elle tomba dans un gouffre noir …

… sa chute fut amortie par un corps mou roulé en boulle sur le plancher. Elle se réveilla en sursaut à cause du choc.

Ouch!!! Qu'est-ce que.... Tout va bien, Althéa? Que se passe-t-il?

Instinctivement, le prêtre crut revivre les plus sombres heures du complot du châtiment de l'aube, et l'idée d'être attaqué le fit immédiatement recourir à la magie.

Agrippa => lumière ==> chandelier

L'éclairage magique révéla une scène bien différente de ce que redoutait le clerc prêt au combat. Althéa était recroquevillée sur le sol, comme un animal blessé, et la vive lumière qui l'éblouissait n'arrangeait rien à la situation. D'un geste de la main, Agrippa mit fin au sort et se pencha à tâtons dans l'obscurité pour parler à la Manostienne.

Etes-vous malade?

Althéa ne répondit pas, aussi le prêtre la souleva-t-il -non sans mal- pour la déposer sur le lit dont elle était tombée.

Des sanglot coincés dans la gorge qui l’empêchaient de respirer, ses yeux tentant d’échapper aux visions qui l’avaient assaillie lors de son cauchemar … Althéa mit du temps à reprendre son souffle. Tout avait eu l’air si réel. Trop réel. Quand Agrippa l’avait soulevée pour la reposer sur le lit, elle avait crû qu’il s’agissait d’Angelo venant lui porter le coup fatal. Mais elle n’avait fait que rêver. Ses yeux agrandis de terreur, fixaient les ombres de la pièce s’il pouvait en surgir d’épouvantables images. Elle n’entendait que le bruit rauque de sa respiration. Agrippa quant à lui avait retenu son souffle.

Son cœur battait à tout rompre, elle sentait son sang cogner à ses tempes comme de furieuses vagues. Peu à peu, elle sentit un liquide chaud s’écouler de son front et descendre jusqu’à sa joue accompagné d’une douleur lancinante. Elle y porta la main et la découvrit poisseuse quand elle la regarda. Elle s’était cognée en tombant. En temps normal, cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Un prêtre et le tour était joué. Mais ce soir … La panique la submergea et elle perdit pied. Sans un cri, elle recula en désordre et se cognant au mur, elle se recroquevilla et, la tête posée sur ses genoux, les jambes entre les bras elle resta figée, le corps parcouru de tremblements.

N'ayez pas peur, Althéa, je suis là... je suis là... rien ne vous menace.

Elle était prostrée au pied du mur, ses yeux étaient ouverts mais ne le voyaient pas. Et elle ne semblait pas non plus l'entendre. Althéa était peut-être malade, mais ce n'était certainement pas un mal physique.

Agrippa => Apaisement des émotions ==> Althéa

Dans l'obscurité, le clerc distingua une tache sombre sur le front de la Manostienne. Tendant la main, il la toucha et sentit le liquide chaud lui couler sur les doigts.

*Une vilaine plaie* pensa-t-il en incantant rapidement.

Agrippa => Soin des blessures modérées ==> Althéa

Il lui semblait maintenant que sa jeune invitée se calmait progressivement et redevenait maîtresse d'elle-même.

Vous êtes en sécurité ici, Althéa. Prenez votre temps... Je reste là, dit-il en s'asseyant sur le lit, s'écartant un peu de la bretteuse.

Il s’était écarté mais la main d’Althéa avait saisi la sienne. Ses yeux avaient gardé leur inquiétante fixité durant quelques secondes puis elle l’avait regardé. Le bleu de l’iris s’était fait foncé comme sous la surface, là où la lumière n’arrive presque plus. Son regard exprimait la peur, la douleur et la tristesse. Elle souffrait, et le mal n’était pas seulement physique. Cette blessure ne guérirait jamais. Il fallait qu’elle en parle pour s’en libérer, elle n’avait pas le choix.

Elle retira sa main de celle d’Agrippa, laissant une trace sanglante dans sa paume et se dirigea lentement vers la fenêtre et l’ouvrit en plein. Besoin de respirer. La pluie tombait toujours, marquant de balafres le paysage urbain. Un relent de terre humide montait du sol. De l’eau coula sur ses joues. Des goûtes et pluie ou des larmes. Agrippa l’entendit soupirer et murmurer doucement, comme pour elle-même :

« Cette ville est triste … triste comme un amour perdu »

Agrippa n'était pas sûr d'avoir envie d'entendre ce qu'elle exprimait à mi-voix, le visage tourné vers le ciel lourd de nuages; le ton de sa voix était d'une tristesse et d'une mélancolie telles qu'aucuns sorts ne pourraient lui servir cette fois-ci.

Seules les flûtes des créatures féériques des bois auraient peut-être pu soulager le coeur d'Althéa. En cet instant, il ne restait plus à Agrippa qu'à prêter l'oreille à ce qu'elle s'apprêtait à lui dire...

Cette ville sait aussi être rieuse et pleine de lumière, malgré le ciel menaçant et la pluie froide. Encore faut-il savoir regarder là où les rires et la lumière se trouvent. Peut-être votre coeur est-il trop lourd pour pouvoir percer le rideau de nuages et apercevoir le soleil qui se cache derrière?

Althéa eût un rire triste qui fit légèrement tressauter ses épaules. Il ne pouvait pas comprendre. Son cœur n’était pas trop lourd, il avait été amputé de sa part la plus belle. On l’avait laissé palpitant, fragile … Elle resterait à jamais noyée, ombre solitaire sous la surface et rien ne pourrait plus la sauver.
Quand elle refit face à Agrippa, son visage était calme mais son regard avait la froideur de la glace. Ses yeux brillaient d’une lumière morte à la lueur de la torche.

« Le cœur trop lourd pour percer le rideau de nuages, répéta t’elle d’une voix sans timbre comme un enfant récitant avec application sa leçon, et s’il n’y avait rien derrière ces nuages ? Et si je me fichais éperdument de la lumière et des rires ? Comment pouvez vous savoir si je souhaite les trouver ? Pour moi, il est trop tard … Et n’essayez pas de m’endormir avec vos boniments, vos prières et vos belles paroles pour essayer de me prouver le contraire »

Elle avait serré instinctivement les poings pour menacer ou pour se protéger. Elle-même ne le savait pas.

La pluie continuait à tomber dehors, mais l'orage s'était maintenant déplacé à l'intérieur de la pièce. Agrippa avait du mal à déterminer si Althéa était sur le point de l'agresser ou de s'effondrer en pleurs, et aucune des deux situations ne lui plaisait particulièrement.
Quoi qu'il advienne, il ne devait en aucune manière paraître faible; si la Manostienne venait à discerner de la faiblesse dans son interlocuteur, elle se refermerait certainement encore plus sur elle-même, ce qui ne pourrait qu'avoir des conséquences fâcheuses.

La regardant droit dans les yeux, il répondit de la voix la plus calme et ferme qu'il put.

Althéa, ne pensez-vous pas qu'il nous faudrait dormir? Nous n'avons guère eu que quelques heures de repos, et la journée a été longue... Il prit sur la table un chiffon qui traînait pour essuyer sa main ensanglantée, et se retourna vers la jeune fille. Allons, je n'essaie pas de vous "endormir" comme vous le dites par des belles paroles, mais bien de vous faire dormir au sens propre. Demain sera une autre journée, et, je l'espère, une journée calme et reposante.

Puis avant de retourner s'allonger au pied du lit, il ajouta encore en jetant un rapide coup d'oeil par la fenêtre ouverte :
Peut-être même les nuages laisseront-ils la place au soleil?

Althéa avait suivi Agrippa des yeux quand celui-ci était allé refermer la fenêtre. Ses poings s’étaient desserrés d’eux-mêmes. Elle était à bout de force et de larmes et ne songeait plus à lutter. Elle se rallongea lentement, la tête tournée du coté du prêtre et le dévisagea en silence comme un enfant attendant une histoire avant de sombrer dans le sommeil. Mais il ne vit rien derrière la muraille bleu marine de ses yeux. Peut être l’observait elle, peut être essayait elle de voir à l’intérieur de lui, peut être au-delà. Agrippa souffla la chandelle et se coucha au pied du lit. Alors, comme elle le faisait depuis un an, chaque fois qu’elle allait s’endormir, elle serra le médaillon d’Angelo dans sa paume et ferma les yeux.

Le lendemain, comme Agrippa le pressentait, l’averse s’en était allée. Il n’en subsistait que quelques éphémères nuages dans les vapeurs de l’aube. Lorsqu’il se réveilla, la fenêtre était grande ouverte. Althéa n’était pas dans la pièce. Il se leva en vitesse et s’avança pour regarder au dehors. Aucun corps dans la rue ne lui apprit le pire. Il allait refermer les battants quand une voix venant du toit juste au dessus de sa tête l’interpella :

« Par ici. On a une bien meilleure vue de là haut ! Vous qui vouliez de la lumière, vous allez être servi »

Agrippa sentit une vague de soulagement le traverser. Il avait véritablement craint d'apercevoir le cadavre d'Althéa dans la ruelle lorsqu'il s'était penché par la fenêtre. Il ne put s'empêcher de sourire discrètement du coin de la bouche en grimpant sur le toit pour la rejoindre.

La bretteuse l'aida à s'y hisser, car Agrippa éprouvait quelques difficultés, d'autant que la gymnastique matinale n'avait jamais été sa tasse de thé.

Vous êtes bien matinale, mademoiselle. Je dois avouer que je serais pour ma part resté volontiers un peu plus longtemps dans mon lit douillet... c'est-à-dire si j'en avais eu un, bien entendu.

Le clerc était d'humeur à la plaisanterie ce matin, et l'envie de repartir sur de meilleures bases que la veille n'y était sans doute pas pour rien. Le soleil timide baignait Luménis dans la douce chaleur du matin naissant.
Tournant la tête vers la droite, il vit les tours du conservatoire de magie et du sanctuaire lathandrien qui se découpaient nettement sur le panorama de l'immense cité. Une fois assis aux côtés d'Althéa, face à la mer qui s'étendait vers l'Est, il ferma les yeux.
Tous deux sentaient le vent marin souffler doucement sur leurs visages, et Agrippa ne put s'empêcher de souhaiter que ce moment ne finisse jamais.

Assise, les jambes entre les bras, la tête posée sur les genoux, Althéa contemplait la mer. Le soleil naissant baignait ses joues, accompagné du vent du large. Du toit, elle devinait la crête immaculée des vagues. Et devant s’étendait la lumineuse Luménis. D’ici, la ville semblait totalement différente. Si proche de la mer, de la terre et du ciel … Elle semblait ne faire qu’un avec son univers, se fondre en lui. Elle pouvait voir ses jardins, poumons de verdure, ses temples, mains dressées en prière vers le ciel, ses bâtiments, bras et jambes qui la faisaient tenir debout. Son esprit se porta à nouveau au delà des murs et de la mer et s’évada durant quelques minutes. Il vola sur la frange des vagues, effleura les voiles des bateaux et toucha le sable des rivages inconnus, se perdit dans les abysses obscurs avant de revenir.

Elle porta son regard sur Agrippa. Celui-ci avait les yeux fermés. Il souriait aussi, les cheveux en arrière soulevés par le vent. Quelles pouvaient être ses pensées ? Etait il en train de prier Dénéir ? Ou savourait il le moment présent tout simplement ? Elle faillit le lui demander mais se ravisa. Ces moments de paix ne se partageaient pas. Alors, elle attendit patiemment qu’il ouvre les yeux et lui sourit. Un sourire de connivence, pour la douceur de ce jour naissant partagé …

L'instant se transforma en secondes, puis en minutes, et Agrippa rouvrit les yeux pour graver les couleurs de cet instant dans sa mémoire. Il souriait maintenant, et partagea avec Althéa sa joie d'être sous la lumière qui les réchauffait et éclairait la ville. Les deux nouveaux amis discutèrent quelques temps de choses futiles, telles que la forme ou la couleur des maisons et des batiments officiels qui s'étalaient sous leurs yeux, ou encore des passants qui marchaient dans la ruelle en contrebas sans se douter que deux paires d'yeux sarcastiques les observaient.

Tout à leur insousciance, Agrippa et Althéa ne virent pas passer les heures, et c'est finalement alors que le soleil touchait à son zénith que la faim vint les tirer de leurs rêveries.

Voilà qui m'a mis en appetit. Que diriez-vous d'un solide déjeuner? Le maître aubergiste est connu pour son omelette à travers toute la contrée, si vous m'en croyez...

Elle avait failli répondre qu’elle n’avait pas faim par pur esprit de contradiction mais le grondement de son estomac la fit vite renoncer. Elle se contenta de hocher la tête. Son sourire s’était quelque peu effacé, mais il était resté, creusant cette sempiternelle fossette au coin de sa joue. Un pli étrange que peu avaient l’occasion de remarquer. Mais l’ombre n’avait pas quitté ses yeux couleur d’abysse qui ne laissaient passer aucune expression. Elle hocha la tête et ajouta :

« Je veux bien goûter aux omelettes à condition que vous acceptiez de marcher le long de la côte. J’ai besoin d’air »

Elle l’avait inclus dans ses activités sans même s’en rendre compte. Non qu’elle appréciait particulièrement ce prêtre tombé tout droit des mains de Tymora, seulement qu’elle avait besoin d’une compagnie, comme si elle avait peur que cette solitude la rattrape dans cette ville inconnue. Elle s'interrompit soudain. Elle venait de le voir. Un marmot les observait de la fenêtre de sa chambre, l'air surpris et amus de les trouver là. Quand il vit qu'elle le regardait à son tour, il lui tira la langue, ce à quoi elle s'empressa de répondre avec un pied de nez. Elle eût un petit rire avant de se rappeler qu'elle n'était pas seule. .

"Et vous n'avez rien vu" s'empressa t'elle de dire.

Les deux compères s'installèrent au fond de la salle commune et commandèrent tout ce que leurs estomacs affamés étaient humainement susceptibles de pouvoir engouffrer. La quantité d'oeufs nécessaires à la confection de l'omelette qui leur fut servie donna presque des remords au clerc, mais ceux-ci s'estompèrent bien vite au fur et à mesure qu'Agrippa et Althéa se rassasièrent.

La conversation était agréable et enjouée, et le Luménien s'apprêtait à lancer une plaisanterie des plus légère lorsqu'il s'aperçut que l'aubergiste lui faisait des signes cabalistiques depuis le comptoir, situé à l'autre bout de la salle commune.

Le clerc se leva pour s'enquérir de ce qui pouvait troubler le brave homme à ce point, et revint quelques instant plus tard à la table de la Manostienne.

Une lettre pour moi... l'aubergiste était tout ému. Agrippa esquissa un sourire. Le sceau, voyez-vous...dit-il en montrant l'enveloppe à son invitée.

Celle-ci reconnu immédiatement les armes luméniennes, qu'elle avait pu voir sur les pavillons des navires au port, et sur les batiments officiels.

Agrippa décacheta la lettre, et parcouru rapidement son contenu, d'un oeil tout d'abord distrait, puis de plus en plus sérieux. Althéa vit son expression changer du tout au tout, et c'est la stupéfaction qu'elle pouvait à présent lire sur le visage du prêtre.

Althéa avait mangé avec un appétit qui l’avait surpris elle-même. Elle n’avait pas pris autant de plaisir à manger depuis une éternité. L’omelette avait été délicieuse et la quantité d’œufs frais utilisée n’y était sans doute pas étrangère. Un petit déjeuner de rois. Elle avait savouré, faisant durer chaque bouchée le plus longtemps possible, un petit sourire aux lèvres.

Mais Agrippa s’était levé et avait ramené une lettre dont elle avait deviné sans mal la provenance grâce aux armoiries présentes sur l’enveloppe. Il l’avait lu, l’air de plus en plus sérieux. Visiblement, la lumière de l’aube au bord du toit avait très vite fait place à un nuage chargé de menaces. Il n’en restait q’un fantôme … Elle voulut rappeler ce moment de connivence en essayant de détendre un tant soi peu l’atmosphère.

« Vous semblez préoccupé, lança t’elle à l’improviste, est ce Dénéir lui-même qui vous envoie ce pli ? »

La Couronne de Cuivre

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