La Couronne de Cuivre

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

La magicienne ne s'occupait ni des soldats, ni des marins, son regard passait du capitaine à la rôdeuse, puis sur Myrhela, il était dur et hautain quand soudain, il s'éclaira d'une lueur d'amusement lorsqu'enfin le jeune garçon devint radieux, ravit avec son paquet de gâteau, le regard tendre dont elle l'entoura ne lui était pas vraiment destiné, elle avait l'habitude des farces, si laissait encore prendre et en riait à chaque fois et le contexte ne changea rien à sa réaction habituelle.

Mais pour les autres protagoniste, son esprit restait bien emprunt d'incertitude, le capitaine avait perdu sa superbe à ses yeux, elle ne comprenait pas le geste d'Asrée en qui elle avait eut pourtant entière confiance, mais le comportement de la bretteuse lui parraissait des plus suspects et surtout des plus lâches, car ses expressions démontraient qu'elle était elle aussi coupable, de quoi peu importe, mais laisser à d'autres porter seul la culpabilité démontrait un caractère fourbe qu'elle n'appréciait pas du tout.

Déjà, la magicienne se demandait ce qu'elle faisait dans cette galère et elle s'éloigna, non sans avoir jeté un dernier coup d'oeil amusé sur le rejeton du capitaine et indifférent sur les soldats et les marins.

Ses pas la diregèrent sur le pont, elle remarqua bien Damant et un peu plus loin Zaiu, mais n'avait nulle envie de parler, juste le désir de s'évader, de retrouver sa sérénité en attendant les informations qui leur seraient données sur l'incident, car si certains estimaient qu'il était clos, pour l'elfe, la confiance qu'elle avait faite au groupe était émoussée.

Elle se cala confortablement entre deux caisses et laissa son esprit s'envolé vers des contrées aux paysage fantastiques où rien que l'air rend serein, Eternelle-Rencontre lui offrirait de revenir l'esprit calme et reposé.

Joon fut proprement estomaqué par la ruse du capitaine. C'était très malin... Il crut un instant se sentir idiot, mais après tout, mieux valait se tromper maintenant, quitte à sauver vraiment quelqu'un plus tard. Il jeta un regard au capitaine, bafouilla quelque chose comme «discipline, discipline... il nous prend par les sentiments, c'est normal qu'on réagisse ainsi...»

Il alla prestement poser sa lance, et remarqua que plusieurs soldats l'avaient suivi du regard, la main sur le pommeau de l'épée. Il leur adressa un sourir de très bonne foi, après tout, les esprits s'étaient juste echauffés, il n'y avait pas mort d'homme... Puis, il se dirigea vers l'elfe qui avait protégé l'enfant. Il avait admiré son élan, et avait ainsi trouvé le courage de la suivre également.

«Bonjour, je ne crois pas qu'on se soit encore présentés, je m'appelle Joon. Le piège était gros, en y pensant, mais votre action dénote une très grande noblesse, madame.»

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Dorian s'était approché comme ses compagnons d'aventure du lieu du châtiment. Comme tous le monde, il avait été surpris et même un peu choqué par la sévérité du chatîment. Cependant le vampire luménien n'avait pas esquissé un seul geste, ni prononcé une seule parole, attendant plutôt la suite des évènements. Suite qui lui donna raison de n'avoir rien fait. Messire Longueshunes "libéra" son fils et sortit un discours sur la discipline aux luméniens avant de partir à son tour. Comme les autres, Dorian quitta la scène et se rapprocha du bastinguage. Il se demanda si la quête ne s'arrêterait pas prématurément pour cause de "guerre civile" entre marins et aventuriers.....

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Après que le capitaine et son fils eurent dévoilé leur stratagème, Eomer, à peine surpris par le dénouement de l'affaire, fut légèrement déçu de ne pas savoir pourquoi Astrée avait agi ainsi... Enfin, tôt ou tard le jour allait être fait.
Le rôdeur, serein, croisa le regard de Myrhela à qui il fit un sourire espiègle ... Apparemment il avait été le seul à comprendre le jeu du capitaine et ne pas le prendre au sérieux et ça l'amusait un peu de voir comment tous les autres passagers avaient étés tendus comme une corde d'arc !
N'ayant rien de mieux à faire Eomer se rapprocha alors du bastinguage pour observer la mer... Et il sortit une potion anti mal de mer de sa veste intérieure (qu'il ingurgita avec une petite grimace).

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

L'esprit de l'elfe n'avait pas eu le temps de partir bien loin lorsque Joon vint lui parler et malgré qu'elle eut préféré pouvoir s'évader, elle l'accueillit avec un sourire amical et répondit d'abord avec amusement concernant la scène qui s'était déroulée.

Enchantée Joon, je suis Arya Du Varden et je reconnais m'y être laissée prendre ... pourtant je suis habituée aux farces. Vous aussi avez été noble dans votre action et je sais déjà pouvoir vous faire entièrement confiance. Nul ne saurait vous reprocher votre acte même si les marins et les guerriers pensaient le contraire. Son ton devint interrogateur bien qu'elle parla de sa propre expérience, comme si elle attendait de Joon qu'il l'éclaire par une explication autre que celle qui lui aviat été enseignée et à laquelle en l'instant elle adhérait totalement. J'ai peine à comprendre pourquoi une telle mascarade de la part d'un capitaine de navire de guerre alors qu'il fut bien plus aisé de poser la question, si ce sont ses règles de la discipline, il n'aura jamais ma soumission. Les humains ont des comportements que je n'arrive pas à comprendre. Certes, cela ne fait que quelques mois que je les cotôye, mais il y a un tel fossé entre nos races, ils ont d'étranges manières de vivre et de penser ...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le capitaine Longuehune précéda Astrée dans les coursives du bâtiment, jusqu'à la porte de sa cabine qu'il ouvrit après avoir tiré de sa poche un imposant trousseau de clefs. Une fois à l'intérieur, il invita la jeune femme à s'assoir sur une chaise et prit lui-même place derrière une petite table qui lui servait de bureau.
-Je vous écoute, dit-il simplement.
Son expression était sérieuse, son regard attentif, mais il ne semblait pas particulièrement menaçant.

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Même s'il n'était pas menaçant, le capitaine en imposait, et Astrée était dans ses petits souliers. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir la présence de Kasumi pour la soutenir. Il savait tellement mieux parler dans ce genre de circonstances.... Elle s'en voulait d'avoir bêtement déclenché une telle affaire, et avait honte d'avoir dû se donner ainsi en spectacle devant tout le monde. Tout ça à cause d'une petite bestiole qui n'en faisait qu'à sa tête...

Elle attrapa l'écureuil qui persistait à se terrer dans sa capuche, et l'exhiba devant le capitaine.
- C'est lui le coupable, fit-elle simplement. Il est monté en fraude sur le navire, je ne comptais pas l'emmener. C'est lui qui a volé de la nourriture dans les réserves, et qui a pénétré dans votre cabine et mangé vos biscuits. Je suis désolée... j'aurais dû vous avertir de sa présence.
Bon, cela ne suffirait certainement pas à assouvir la curiosité du capitaine... Elle cachait trop de choses, il allait le deviner, elle n'avait jamais été très douée pour dissimuler. Mais on ne sait jamais, peut-être se contenterait-il du coupable...

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Le capitaine demeura impassible. Il observa le petit écureuil, se lèvres frémirent une seconde, comme s'il contenait un sourire - ou une grimace -, puis il reporta son attention sur la rôdeuse.
-Voilà qui explique les disparitions de vivres... dit-il doucement. En revanche, je ne sais toujours pas comment vous vous êtes introduite ici, alors que la porte était fermée à clef, pour en tirer votre familier.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Dans une mi torpeur, Zaiu considéra que ce côté ci de l'horizon n'avait plus d'intérêt et qu'il serait de bon ton pour lui d'aller voir celui qu'offrait la proue du bateau. Avec des gestes lents, il se redressa de la balustrade, fit mollement volte-face et commença à cheminer vers l'avant.
Il est vrai que Zaiu n'était pas grand.
Il est vrai aussi qu'une chemise à même le sol prés d'une chaise ne l'est pas non plus.

Ce qui devait arriver arriva donc, comme un inéluctable coup de marteau du destin sur l'enclume de la vie !

Zaiu se prit les pieds dans la chemise de Damant, trébucha, tenta de se rattraper mais l'escalier s'annonçant devant lui ne lui permit pas de concrétiser un pas salvateur.
En fin de dégringolade, il rencontra le corps de Joon qui, surpris, du s'affaiser également tout de go ! Tout de go pour se retrouver sur la chaise où Arya se reposait. Une belle brochette d'elfe comme on en fait plus.

Un tel enchainement d'événements, une telle chute d'adrénaline (et aussi le fait s'être cogner la tête) plongèrent Zaiu dans une inconscience béate qui devrait durer à peut-prés 15 jours. Ce qui équivaut au temps où le narrateur de ce post sera absent.

Comme le laisse deviner cette redoutable prose, je m'absente 15 jours quoiqu'avec peut etre un espoir de postage le week end prochain. Je laisse les manettes de Zaiu à notre glorieux GO heu ... MJ. Sinon, laissez Mon tit elfe dodoter dans une cabine

Bibi à tous !!

Quête : tel est pris que croyait prendre

Astrée palit légèrement. Comment pouvait-il deviner qu'elle s'était introduite dans la pièce ? Après tout, l'écureuil aurait bien pu en sortir seul.... Bon, en y réfléchissant, le paquet avait sans douté été retrouvé à une mauvaise place, elle l'avait remis au hasard... Ou bien il y avait des traces sur la serrure, et dans ce cas il était absurde de nier qu'elle ait été forcée....

Elle bafouilla, rougit, puis se lança.
- Je ne voulais déranger personne... Mais il était coincé dedans alors... J'ai, heu... forcé la serrure. Pour le sortir et remettre en place ce qu'il avait déplacé...
Elle avait tenté de prendre une voix assurée, mais le ton était malgré elle devenue un peu rauque. Elle se savait bien incapable de forcer une serrure, et n'était pas très douée pour mentir. Et elle détestait ça.
Elle baissa les yeux pour tenter de dissimuler sa gêne.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

L'homme garda un moment le silence, les yeux rivés sur la jeune femme, comme s'il guettait la moindre de ses expressions, la moindre ses réactions.
-Je ne savais pas que les rôdeurs étaient experts en crochetage... fit-il, pensif. Car, je dois l'admettre, si le paquet de biscuits n'avait été remis à un endroit exactement opposé à sa place originelle, si des miettes n'avaient été laissées de ci, de là, presque invisible mais craquant sous les bottes, je n'aurais rien su de cette intrusion. En effet, la serrure ne présentait aucun signe d'effraction. Un vrai travail de professionnel. Vous êtes indubitablement douée, Dame Astrée. Indubitablement...
Il laissa sa phrase en suspens. Comme s'il attendait une réponse.

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Et voilà. Elle s'était encore bêtement fait piéger... Il n'y avait aucune trace d'effraction sur la porte, elle aurait pu prétendre qu'il n'y en avait pas eu... Sauf qu'il y avait cette histoire de paquet de biscuit qu'elle aurait mieux fait de laisser au sol. Quelle idiote !

Elle se sentit rougir sous le regard inquisiteur du capitaine. Il n'était pas dupe... D'un autre côté, que pouvait-elle répondre à sa question informulée ? Elle ne voulait pas dénoncer Myrhela, la demi-elfe lui avait rendu gentiment service mais n'était pas responsable...
Elle se contenta donc de garder le silence et les yeux baissés. Le teint malheureusement un peu trop cramoisi...

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

-Allons ! fit gentiment le capitaine. Vous ne devez pas avoir honte de vos talents, madame, même si j'estime que vous auriez pu les réserver pour un meilleur usage et vous contenter de me faire prévenir afin que j'ouvre moi-même la porte. Cependant, j'avoue que ma curiosité est vive : j'ai rarement eu l'occasion d'assister à un crochetage en bonne et due forme. Ainsi, accepteriez-vous de me faire une petite démonstration ? Je vous en serais très reconnaissant.

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Elle était fichue...
Elle releva lentement la tête. Il savait très bien qu'elle avait menti, elle aurait pu le parier. Elle aurait pu essayer de se souvenir des gestes de Myrhela, les reproduire. Mais elle s'en savait incapable. Surtout dans l'état dans lequel elle se trouvait, tremblante comme une feuille; elle n'aurait abouti qu'à se ridiculiser.

Elle n'en menait pas large en croisant le regard du capitaine. Elle se força à inspirer profondément pour retrouver son sang-froid. Et soupira.
- Bon, je.... En réalité, ce n'est pas moi qui ai crocheté votre serrure. J'en serais bien incapable... J'ai dû demander de l'aide à un autre membre de l'expédition, plusieurs savent faire ce genre de chose. Mais je ne voudrais pas que cette personne ait des ennuis à cause de moi. Elle voulait juste me rendre service....

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-Oh, j'ai une idée très précise de l'identité de cette personne, et je regrette beaucoup qu'elle n'ait pas eu le courage de se dénoncer elle-même. Cependant, je ne vous forcerai pas à la trahir : j'aime que les gens assument leurs fautes, prennent leurs responsabilités, mais je n'encouragerai jamais la délation. Rien de tel pour semer la dissension dans un groupe, et nous n'avons certainement pas besoin de cela.
Il soupira.
-Avez-vous conscience de la gravité de votre acte, madame ? Du fait que l'on pourrait penser que cette histoire de biscuits, de familier gourmand, n'est qu'un faux semblant pour dissimuler un autre objectif ? Un objectif tel que le vol ou la consultation de documents confidentiels, de cartes en rapport avec notre mission, dans le but de transmettre des informations cruciales à nos ennemis ?

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Astrée baissa la tête lorsque le capitaine évoqua ses soupçons. Il pensait certainement à Myrhela, à cause de ce qu'avait dit Eomer. Et pourtant n'importe qui d'autre avait pu l'aider, Damant par exemple même s'il ne s'était guère vanté de ce genre de talents, ou n'importe quel mage. Mais après tout, peut-être les avait-il vues quitter le pont ensemble... Elle espéra que la jeune demi-elfe n'aurait pas d'ennui. Elle n'était en rien responsable, sinon d'avoir voulu l'aider.

Elle pâlit soudain lorsqu'il évoqua les doutes qui pourrait peser sur elle. Cela ne lui était pas venu à l'esprit. Le capitaine ne pouvait pas la soupçonner de cela, non, certainement pas... Mais peut-être d'autres le pourraient...
- Non, enfin je... Vous savez bien que ce n'est pas cela ! s'exclama-t-elle impulsivement. Elle avait relevé la tête.
- Je n'avais pas pensé que cela irait si loin. Je voulais juste récupérer discrètement mon écureuil, sans que cela se sache, sans faire d'histoire. Je n'ai pas pensé un seul instant qu'on pourrait m'accuser de... de ça. Et il ne m'est même pas venu à l'esprit que votre cabine pouvait contenir des choses importantes. Je n'ai pas réfléchi, admit-elle humblement.
Il devait vraiment la prendre pour une idiote. Ce qu'elle avait été, après tout, dans cette affaire....
- Je suis désolée...

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-Je ne vous soupçonne pas d'avoir pensé à mal... la rassura le capitaine. Mais je n'en cautionne pas pour autant vos actes.
Il se leva, gagna la petite fenêtre qui éclairait sa cabine, regarda quelques instants la mer mouvante qui s'étendait à l'infini.
-Ce que je ne comprends pas, reprit-il, c'est que vous ne m'ayez pas simplement informé de la présence de votre familier, lorsque vous vous en êtes aperçue. Nous avons déjà nombre d'animaux, à bord. Un de plus n'aurait rien changé. Aviez-vous donc si peur de ma réaction que vous ayez préféré garder le secret ? Alors que vous n'avez pas eu peur d'entrer par effraction dans mes quartiers ? Certes, vous pensiez que cela ne se verrait pas, mais... Je reste dubitatif.

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Pourquoi elle avait dissimulé son familier.... S'il lui avait posé la question au début de l'entretien, elle aurait répondu sans hésiter de façon évasive, comme à Myrhela, et peut-être simplement admis qu'il avait certaines capacités cachées. Mais là... Il l'avait poussé dans ses derniers retranchement, elle avait déjà tenté de lui dissimuler le nom de sa complice... Elle se sentait difficilement capable d'en cacher davantage. Et pourtant elle ne voulait pas trahir le secret de Prince... Et s'il lui en voulait ? Elle hésitait.
Elle se souvenait de sa discussion avec Kasumi, au petit matin. Son compagnon lui aurait très certainement conseillé la franchise. Sans doute aurait-il été même surpris qu'elle envisage un seul instant de garder le secret, après ce qui s'était passé. Et il avait sûrement raison.

Il lui fallait trancher. Elle regarda l'écureuil, tendit son esprit vers lui, et lui demanda de reprendre sa forme d'abeille devant le capitaine. C'était la première fois qu'elle lui demandait ce genre de service. Elle n'y avait mis aucune intonation autoritaire, c'était juste une demande d'ami à ami, il avait le droit de refuser.
L'écureuil sembla hésiter, et d'un bond, s'en fut se cacher sous le bureau du capitaine. Mais elle sentit qu'il acceptait.
- En fait... Ce n'est pas un écureuil comme les autres. Et je voulais garder le secret sur sa présence à bord et surtout ses capacités... spéciales. J'espérais qu'il saurait rester discret, mais... Vous êtes le capitaine, je suppose qu'il vaut mieux que je vous mette au courant quand même, je pense que vous saurez ne pas trop l'ébruiter. Et j'imagine que j'aurais dû le faire dès ce matin, quand je me suis aperçue de sa présence.

Ce n'était pas facile à expliquer. Ou à croire. Elle attendit un instant et Prince revint vers eux, sous forme d'abeille cette fois.
- Voilà, c'est lui... il peut prendre différentes formes, écureuil ou abeille. Mais en réalité... C'est un étalon. Et je m'étais dit que vous n'apprécierez peut-être pas la présence d'un cheval à bord, sans en avoir été prévenu à l'avance, sans avoir prévu de place pour lui ni de provisions. Alors je lui avais demandé de garder sa forme d'écureuil. Mais je ne sais pas combien de temps il pourra la conserver, ça n'est jamais arrivé si longtemps. J'espère qu'il tiendra le temps de la traversée... Je préfèrerais, pour tout l'équipe, qu'il soit juste considéré comme un écureuil. C'est son secret, pas le mien... Et il a accepté de vous le dévoiler parce qu'il a deviné que c'était important. Mais je pense qu'il n'aimerait pas devenir l'attraction du bateau.

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Longuehune haussa les sourcils, pris au dépourvu, puis se fendit d'un large sourire.
-Pas un écureuil comme les autres, non, c'est le moins que l'on puisse dire...
[LEFT]Il revint s'assoir à sa place, se fit à nouveau sérieux.
[/LEFT]
-Je suis heureux que vous m'ayez parlé à cœur ouvert, madame. Je regrette seulement que vous ne l'ayez pas fait plus tôt. Si vous aviez mentionné la présence de votre petit camarade dès que vous l'avez connue, nous aurions trouvé une solution, et cette histoire n'aurait jamais eu lieu...
Il soupira, puis planta son regard gris dans le sien.
-Nous sommes embarqués pour une longue mission... dit-il. Nous allons devoir cohabiter une bonne semaine sur ce navire. Il en ira de même une fois gagnée la terre. La promiscuité peut entraîner certaines tensions, pour qui n'y est pas habitué. Et si quelques-uns d'entre nous commencent à agir dans l'ombre, a préférer le secret à la franchise, la méfiance, le suspicion et enfin la discorde ne tarderont pas à miner nos rangs. En découlera un climat délétère, propre à saper notre moral, nos forces, à réduire grandement nos chances de réussite. Il faut absolument que nous nous préservions d'une telle catastrophe. Et le seul moyen de maintenir la confiance, de ne pas empirer les inimitiés, les tensions naturelles nées de la cohabitation forcée, c'est de se montrer honnêtes les uns envers les autres. Je sais que je peux avoir confiance en chacun d'entre vous... ou presque. Le comte d'Aiglepierre le sait aussi : vous et vos camarades n'avez pas été choisis au hasard, les Conseillers se sont portés garants de vous. En revanche, la plupart des membres de cette expédition ne se connaissent pas entre eux. Il est impératif de ne leur donner aucun motif de se méfier les uns des autres... Alors, à l'avenir, puis-je compter sur votre franchise ? Quoi qu'il advienne ?

Arthur avait eu du mal à suivre les événements qui s’étaient déroulés sur le pont. Il s’était aligné devant le capitaine avec les autres, prêt à entendre ce que leur commandant avait à leur déclarer, puis les choses s’étaient enchaînées si vite ! Le gamin menacé, ses compagnons qui s’étaient manifestés, frôlant la mutinerie, comment avaient-ils osé ?! Bien sûr, Longuehune n’avait pas lésiné sur ses effets, mais il était nécessaire de se faire respecter, lorsqu’on commandait un navire de guerre. Il y avait des tas de moyens pour ce faire, cependant, et tous ne passaient pas par la violence… Il fut donc extrêmement soulagé de constater qu’il n’y avait eu là que mise en scène. Il fut cependant beaucoup moins soulagé de voir qu’Astrée emboîtait le pas du capitaine. Qu’elle soit coupable ou non du vol d’un biscuit lui importait peu, il était certain qu’elle avait une excellente raison pour avoir chapardé de quoi se nourrir, mais le capitaine avait cet énorme fouet et peut-être avait-il véritablement l’intention d’en punir le voleur. Or, Astrée était si… si… Enfin, ce n’était pas possible ! Il demeura paralysé sur le pont, fixant la porte d’où elle venait de disparaître, les mains subitement moites. Son esprit resta vide de longues secondes. Puis il songea à ces histoires chevaleresques, où les dames choisissaient leur champion, lequel combattait l’adversité en leur nom. Un dragon, un seigneur de l’enfer armé jusqu’aux dents. Pourquoi pas le fouet ? Il le lui devait bien. C’était la seule possibilité. Il devait se plier à l’autorité de Longuehune, c’était nécessité absolue à bord, mais rien ne l’empêchait de dévier les coups.
Sans plus attendre, obsédé par sa brusque résolution, il s’élança dans les coursives, sans savoir exactement où chercher. Il ouvrit une porte, une seconde, une troisième, puis finit par faire irruption dans le bureau du capitaine. Il n’avait, heureusement, pas encore commencé à fouetter Astrée.
« Non ! Je vous en… Capitaine, heu. Excusez-moi. »
Il vira au rouge sombre en moins d’une seconde.
« Je voudrais, heu… prendre la place de la noble dame. Pour son châtiment, je veux dire. J’en serais honoré, madame. Enfin… »
Puis il resta là, planté comme un poireau, réalisant qu’il venait de surgir au milieu d’une conversation privée, sans y avoir été le moins du monde invité.

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Astrée avait hoché la tête et rendu son regard au capitaine.
- Oui, bien sûr. Je n'aime pas plus que vous le mensonge ou le secret, je suis bien consciente que cela peut miner la cohésion de notre groupe.
Qui est loin d'être acquise, avait-elle songé à part elle.
Mais elle devait bien reconnaitre que son honnêteté n'était peut-être pas si évidente à croire au vu de son comportement récent.
- Je suis désolée - cela fait au moins dix fois que tu le dis, s'était-elle morigéné. Je vous assure, je ne pensais pas à mal en ne dévoilant pas la présence de Prince, pour moi c'était juste un petit secret sans importance.
Elle avait soupiré, et regardé à nouveau le capitaine droit dans les yeux.
- Je vous promets de ne plus rien vous cacher, désormais. Vous pouvez compter sur ma franchise, quoi qu'il advienne. Et je n'ai rien à cacher non plus à mes coéquipiers... Sauf le secret de mon écureuil, qui ne m'appartient pas. Je sais qu'il acceptera que je le dévoile si cela s'avère indispensable, mais j'espère que....

C'est à ce moment-là que le jeune Arthur fit son entrée... Elle le regarda d'un air ébahi, et mit quelques instants à comprendre les paroles qu'il venait de prononcer. Il voulait prendre sa place ? Pour un châtiment ?
Elle eut soudain envie de rire de l'étrangeté de la situation, et toute la tension née du sérieux de leur discussion retomba d'un coup. Elle adressa un sourire radieux au jeune paladin, et ouvrit la bouche pour répondre. Et la referma aussitôt. Ce n'était pas à elle de parler, elle avait fait bien assez de bourdes comme cela...

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Le capitaine n'avait pas envie de rire, lui. Pas du tout envie de rire.
Il était demeuré bouche bée face à l'entrée fracassante du paladin, ne pouvant croire à tant d'impudence, à un manquement si énorme aux règles élémentaires de discipline, surtout compte tenu de ce qui s'était passé précédemment.
Mais qu'il le croie ou non, les faits étaient bien là, indéniables...
Longuehune abattit brusquement son poing sur la table, la faisant trembler, tandis que son teint virait au rouge sombre.
-Dehors, souffla-il d'une voix basse, sourde, dangereusement calme. Immédiatement. Je m'occuperai de vous plus tard, messire.
On le sentait au bord de l'explosion. Ses yeux s'étaient étrécis, assombris, virant au gris tempête. On y devinait presque des éclairs.

Arthur n’eut pas besoin de se le faire répéter : il disparut aussi vite qu’il était entré. Sa première impulsion fut de détaler en courant, jusqu’à remonter sur le pont et sauter à la mer. Mais il resta campé à côté de la porte, figé par l’ordre du militaire, auquel il ne pouvait pas se soustraire. Il avait l’impression d’avoir scellé son destin sur une initiative sans doute irréfléchie mais qui lui avait semblé pure, juste, une bonne cause. La défense d’une dame. Une dette d’honneur. Ce n’était sans doute pas très réglementaire, et les soldats aimaient les règlements, mais c’était courtois. Un paladin comprendrait ça. Armand comprendrait, lorsqu’on lui renverrait son novice couvert d’opprobre. C’était à espérer. Si Longuehune ne le jetait pas aux requins. Sinon, il pourrait toujours se faire avocat, il en avait la formation, même si ce n’était pas exactement un domaine où il excellait. Au pire, il se ferait clerc. C’était un peu le fond du fond, mais on vous fournissait le toit et le couvert. Bon, il ne chantait pas très juste, et la sagesse n’était pas son fort, mais avec la crise de recrutement qui frappait tous les cultes, ils étaient certainement moins regardants.
Attendant, tremblant, pétrifié, la sentence du capitaine, Arthur se sentit un peu mieux. Il avait suivi son cœur. Mauvaise idée, en l’occurrence. Mais c’était mieux que d’obéir à son estomac. Même si Astrée avait certainement de très bonnes raisons d’avoir volé ces biscuits.

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Sitôt le paladin sorti, le capitaine reporta son attention sur Astrée et s'arracha un sourire forcé.
-Bon, je crois que j'ai assez joué les donneurs de leçons aujourd'hui. Du moins, avec fous... ajouta-t-il en jetant un regard assassin en direction de la porte. J'ai toute confiance en votre parole et, pour moi, l'affaire est close. Ni vous ni votre... complice n'aurez à encourir de sanctions. Mais j'ose espérer que semblable chose ne se reproduira jamais. Je le redis, cependant : vous avez toute ma confiance.
Il se leva.
-Vous pouvez vous retirer. Encore une fois, merci pour votre franchise. Ah, et dites à... à votre chevalier servant qu'il peut entrer.

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Astrée avait sursauté lorsque le capitaine avait tapé du poing sur la table. Bouche bée, elle le vit congédier Arthur, avec tant de colère contenue qu’elle n’osa piper mot, pas plus que le jeune paladin qui sortit aussitôt. Elle l’imita machinalement lorsqu’il se leva, commença à se diriger vers la porte lorsqu’il la congédia. Puis s’arrêta soudain, la main sur la poignée. Elle ne pouvait pas partir comme ça.
- Avant de partir, puisque vous m’avez demandé d’être franche et de ne rien vous cacher…. Il faut que vous sachiez qu’un lien particulier m’unit à ce jeune homme. Nous avons par le passé bravé bien des dangers ensemble…
Bon, il valait mieux ne pas dire qu’elle avait sauvé la vie du jeune paladin, et plutôt lui laisser imaginer le contraire.
- J’ai entièrement confiance en lui, et je suis certaine qu’il n’hésiterait pas une seconde à mettre sa vie en danger pour sauver la mienne. Et c’est cela qui explique son attitude d’aujourd’hui. J’espère… que vous ne serez pas trop dur avec lui. Même si je suis bien consciente qu’il n’avait pas à intervenir ainsi…

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Le capitaine, à nouveau, demeura pantois. Il prit une profonde inspiration, passa une main lasse sur son visage, puis se rassit lourdement.
-Chacun à toujours une bonne raison de ne pas se soumettre à la discipline, de désobéir aux ordres... dit-il d'une voix contrôlée. L'amour, l'amitié, la bravoure, la lâcheté... Toujours une bonne raison. Bonne à ses yeux, en tout cas. Mais si un général ou un capitaine tolère un seul écart, chacun ne tarde pas à n'en faire plus qu'à sa tête. Et si chacun n'en fait plus qu'à sa tête, c'est vite le chaos, les chefs ne sont plus obéis, perdent toute autorité... Cela peut vous paraître insignifiant dans l'état actuel des choses, mais au cœur de la bataille, une telle indiscipline est synonyme de défaite, de déroute, d'anéantissement.
Il grimaça.
-Sans doute ais-je été trop coulant, avec vous. Je suis trop bienveillant, par nature, j'ai trop tendance à croire que les gens sauront se montrer raisonnables, n'iront pas trop loin. J'aurais dû sévir d'emblée : je ne l'ai pas fait, et voilà que la situation dégénère. On commence par courir sur le pont, grimper dans la voilure, poursuivre le chat du bord. Enfantillages pas bien méchants, direz-vous. Mais voilà qu'on continue en forçant la porte de ma cabine, puis en défiant mon autorité devant tous mes hommes, alors que, du moins selon les apparences, je suis en train d'user de mon droit légitime de justice. Là, devant chacun de mes matelots, on me contredit, on m'insulte presque, on me menace, même. Et à présent on déboule ici sans même frapper, comme s'il s'agissait d'une salle d'auberge... Cela ne peut plus durer. Je n'ai pas d'orgueil mal placé, mais il en va de la bonne marche de notre mission. De plus, il ne faut pas confondre bienveillance et faiblesse. Si je ne suis pas ferme dès à présent, je perdrai toute crédibilité devant mon équipage. J'espère que vous êtes capable de comprendre cela.
Il se releva, le regard dur.
-Alors, ce que vous espérez, ce que vous pensez, je n'en veux rien savoir. Je vous ai donné congé, j'entends vous voir partir dans l'instant sans ajouter un mot. Le jeune Maelwedd subira la sanction qu'il mérite, et quiconque osera remettre en cause mon jugement sera aussitôt jeté aux fers. J'espère avoir été assez clair.

Quête : tel est pris qui croyait prendre

Astrée ne put s'empêcher de penser qu'elle n'était pas tout à fait d'accord avec les principes du capitaine. Bien sûr, elle comprenait très bien son point de vue, elle savait parfaitement que pour un militaire, un ordre est un ordre et que le capitaine est seul maître à bord, qu'il ne viendrait jamais à l'esprit d'un soldat de contester ou mettre en doute, même juste en son for intérieur, l'ordre d'un officier. Et c'est bien pour cela qu'elle n'aurait jamais pu être soldat. Elle tenait à son libre-arbitre... et ne se soumettait pas toujours de bonne grâce à l'autorité.
Mais elle doutait que le capitaine soit ouvert à un débat sur la nécessité et le bien-fondé d'un tel système, même lorsqu'il était d'humeur affable... ce qui n'était plus le cas. Et nul doute qu'un seul mot de sa part serait perçu comme une insubordination, et puni comme tel.

- Oui, fit-elle simplement. Très clair, songea-t-elle à part elle. Elle aurait bien voulu pouvoir défendre Arthur davantage, même au risque de se retrouver aux fers, mais qu'aurait-elle pu ajouter ? Elle avait dit ce qu'elle avait à dire. Et tout ce qu'elle pourrait ajouter ne pouvait qu'aggraver la colère du capitaine. Elle espérait juste que son intervention n'ait pas empiré les choses au lieu de les aplanir.

Elle salua d'un signe de tête. Puis, anxieuse pour son jeune ami, elle sortit dans la coursive.
Arthur attendait près de la porte, bien pâle.
- Je crois que le capitaine veut te... vous parler, lui souffla-t-elle avec un sourire un peu crispé.
Décidément, elle ne s'habituerait jamais à vouvoyer le jeune homme. Il avait beau être paladin, il n'en restait pas moins si jeune...

Arthur avala péniblement sa salive et tenta de sourire à la rôdeuse. Au moins, elle repartait libre et intègre. Pas grâce à son intervention, certes, mais ce n’était pas le principal. Lui, par contre, avait probablement épuisé toute la patience du capitaine. Pourtant, il ne s’était opposé à rien : il avait juste poussé la mauvaise porte. Il songea avec amertume que si l’huis précédent n’avait pas donné sur un cagibi plein de vieux balais, il aurait sans doute été moins fringant dans son interruption.
« Je fais mieux d’y aller, alors. » souffla-t-il à Astrée, avant de l’abandonner dans la coursive. Il se glissa dans la cabine, ferma la porte derrière lui, et approcha du bureau. Il demeura debout, tête basse, abîmant son regard dans une contemplation approfondie des lattes du plancher. Que souffle la tempête. Après tout, quel endroit mieux choisi qu’un navire en pleine mer.

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le capitaine était retourné près de la fenêtre, cherchant peut-être le calme dans le spectacle paisible de la houle modeste qui ébranlait à peine le bâtiment. Il ne se retourna pas à l'entrée d'Arthur, ne prononça pas le moindre mot pendant de longues minutes, se contentant de se tenir immobile, les mains dans les poches.
Enfin, il se redressa, et le regard toujours posé sur la mer, parla d'un ton froid.
-Tenez-vous absolument à donner raison à votre père, messire Maelwedd ?

C’était un coup bas, mais Arthur le méritait sans doute, il ne broncha donc pas. Il n’avait d’ailleurs aucune idée de ce que racontait son père à son sujet. Sans doute des choses peu réjouissantes, diverses épithètes synonymes d’incapable… Peu importait. Longuehune pouvait dire ce qu’il voulait, il était seul maître à bord.
« Non, capitaine. » répondit-il simplement, d’une voix qu’il espérait audible à défaut d’être assurée.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Entre Helonna et Dorrandin

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