La Couronne de Cuivre

Valaellyn prit la fiole, l'ouvrit, la renifla, puis la reboucha et la contempla à la lueur des flammes enfouies de leur âtre caché. Pendant ce temps, Mathieu vidait leur sac à provisions et tendit un gros pain encore frais à Taliesin, ainsi que du fromage et du jambon, un petit saucisson, une motte de beurre dans un petit bol de porcelaine, un pot de miel, un de confiture de groseilles, trois oeufs durs, un oignon, jusqu'à ce que le barde croule sous la nourriture.
" Je n'ai aucune idée de ce que c'est, Taliesin, désolée. Jamais rien vu de tel. Ça ne sent aucune herbe de ma connaissance et n'a l'aspect d'aucune potion classique... Cela ne rend pas invisible ni plus fringant ou plus leste, ça ne soigne pas, ça ne protège pas de la magie ou des éléments ni même des armes... Honnêtement, je ne sais vraiment pas... Il faudra la tester... ou la jeter."

-La jeter ? Le pipeau ne nous a jamais fourni que des choses positives et fort utiles... Hum, et si pas utiles, agréables, comme une bouteille d'un grand cru elfique, en une occasions... Alors, je serai plutôt d'avis de la tester... Mais d'abord, je prépare nos casse-croûtes.
Et il se mit à l'ouvrage, tentant de ne pas trop piocher dans leurs réserves tout en profitant au mieux des divers ingrédients pour composer un "repas" aussi roboratif qu'agréable, si possible. Une fois la chose faite, il distribua leur part à ses compagnons, et entreprit de dévorer la sienne.
Ensuite, la mystérieuse potion. Il l'aurait bien utilisée comme atout dans une périlleuse situation à venir, mais n'en connaissant pas les effets, ce serait là bien trop hasardeux...

Mathieu trouva Taliesin radin et ne manqua pas de le lui faire savoir. Il lui signala que les temps de disette dans les Rocheuses du Dragon étaient révolues, et qu'ils iraient se ravitailler à droite ou à gauche au besoin. Il s'attribua donc la fin du pain, sans se soucier des gros yeux de ses sveltes compagnons. Le barde l'entendit grommeler quelque chose à propos d'eau fraîche et de joyeuses chansons, mais le rôdeur n'était bougon que pour le plaisir. Valaellyn mangea sans rien dire, aux aguets, ou simplement attentive aux sons cristallins de l'ondée qui les englobait. Il faisait agréable sous la bâche, malgré le chant de la pluie. Elle ouvrit la bouche, cependant, lorsque Taliesin reprit la fiole.
" Je ne peux même pas te dire si ça se boit ou s'il faut s'en enduire le corps... Mais si tu es persuadé qu'elle est issue d'une force bienveillante, et bien..."

Taliesin lui sourit.
-Je n'ai pas le moindre doute à son sujet et tu en serais aussi certaine que moi, si tu savais de qui je la tiens... Non, il n'y a rien à craindre de ce que procure ce pipeau. Je doute de beaucoup de choses, mais pas de cela...
Et, débouchant la fiole... il en versa une goutte infime sur le doigt, pour voir s'il y avait un effet particulier. Sinon, il la boirait.

Il ne se passa rien. Le liquide sombre, à la fois violacé et verdâtre, demeura inerte sur son doigt. Valaellyn l'observa avec une grimace. Mathieu était sorti retendre les filins de leur tente et vérifier que Tempérance était plus ou moins à l'abri.
" Tu vas vraiment boire ça ?"

Taliesin grimaça, frotta son doigt sur le goulot de la bouteille, pour faire tomber la goutte à l'intérieur.
-Ben... Faut bien tester... Si le pipeau me l'a donné, c'est que... Que ça fera quelque chose dont j'avais envie sans m'en rendre compte au moment où j'ai joué le morceau... Et...
Il lorgna la bouteille. Il n'était plus du tout certain d'avoir le courage de l'essayer, à présent. Valaellyn ne savait pas qu'il tenait le pipeau de Lathandre en personne, mais, à force d'insistance, elle lui avait transmis ses doutes...

L'elfe haussa les épaules. Ce n'était pas à elle de prendre la décision. Elle fourragea quand même dans son sac et en sortit quelques fioles.
" Bon, j'ai de quoi te soigner si tu te mettais à souffrir ou te consumer, que sais-je... Mais à part ça..."
Elle lui sourit.
" J'imagine que qui ne tente rien, n'a rien... Mais prudence est mère de sûreté."

Le barde hésitait encore. Tergiversait...
-C'est peut-être... Une potion de clairvoyance ? Qui dévoilerait l'avenir ?
Il lorgna la fiole.
-Ou un élixir de vérité qui délierait les langues des serviteurs ? Mais on ne peut pas le leur faire boire sans savoir...
Il soupira... Sourit.
-Oh, et puis zut : ça n'a pas l'air des poisons que l'on met sur des lames, ni d'un produit pour rendre les épées plus tranchantes... Alors, zou !
Et il but la mystérieuse mixture.

Pendant un instant, il ne se passa rien. La potion avait un vague goût de terre, un fond citronné, un peu métallique aussi, Taliesin eut l'impression qu'elle tombait presque solide dans son estomac. Plus rien.
Puis soudain, son corps entier se mit à picoter. Juste picoter. Sa vision se brouilla. Ce n'était pas franchement douloureux. En face de lui, Valaellyn contint une exclamation. Il sentit des larmes couler sur ses joues, tièdes, il lui sembla qu'il faisait beaucoup plus noir. Ses épaules l'élancèrent brièvement, puis ses jambes, son dos. Il éternua, frémit plusieurs fois, et chaque fois, il eut la sensation que son corps était parcouru par une onde qui l'agitait à l'intérieur, également, entrechoquant ses organes et ses os. Quelque chose bougea dans son champ de vision, Mathieu venait d'entrer et il poussa un juron. Valaellyn leva une main pour l'empêcher d'intervenir. Puis le monde se stabilisa et Taliesin sentit que ses perceptions avaient complètement changé. La nuit était crépitante, presque tonitruante. Et noire, bon sang. Il distinguait à peine les traits de ses compagnons.
" Je n'avais jamais vu ça." dit Valaellyn dans un souffle. " Tu es complètement... humain, maintenant."

Le barde en demeura muet. Fut, un long moment, incapable d'esquisser le moindre geste. Puis, doucement, tout doucement, il porta les mains à son visage.
-Est-ce... Est-ce la graine d'humanité qui m'a été rendue sous une autre forme ? murmura-t-il sans presque s'en rendre compte;
Il fut parcouru d'un grand frisson. Saisi d'un grand vent de panique.
Il serra les poings, prit une profonde inspiration. Une deuxième...
-Ce... ce doit juste être temporaire... Une potion de métamorphose temporaire, voilà... Pour... Pour passer inaperçu... Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais... ça sera utile... personne ne pourra me reconnaître...
Oui, c'était sans doute cela.
Il fallait que ce le soit... il n'était pas de taille, pour l'heure, à assumer une transformation définitive. Ne l'avait d'ailleurs jamais envisagée de manière posée : il n'avait pas eu le temps...
Il ne la désirait pas, aussi, quand il avait joué le morceau...
Juste une transformation temporaire. Pour ne pas être reconnu...
-J'espère au moins que je suis encore capable de lancer des sorts... souffla-t-il. Parce que là, je n'y vois goutte, et je doute de pouvoir vous être utile à quoi que ce soit... Juste peut-être à prendre une chambre dans l'auberge la plus proche, pour attendre les serviteurs...
Penser concret. Oublier le reste. Ne pas céder à la panique.
C'était vital.

Sa voix avait complètement changé, même si elle avait quelque chose de familier. Valaellyn et Mathieu le regardaient désormais avec attention.
" Ce n'est sûrement pas permanent." répéta la prêtresse pour le rassurer. " La magie qui se dégage de toi serait autrement plus puissante... Tu n'as pas réellement changé d'aura... C'est juste... Toute ton apparence..."
" Et ce n'est pas si dramatique !" s'exclama Mathieu.
" Puis tu es plutôt bel homme. Un miracle que tes vêtements se soient ajustés... Avec ta carrure, tu aurais pu te retrouver tout nu..."

Le barde s'arracha un sourire.
-Auquel cas, j'aurais couru droit au manoir, supplié pour qu'on m'héberge, arguant que de dangereux bandits m'avaient dévalisé...
L'angoisse revint, mais il s'efforça de la museler en contrôlant au mieux sa respiration.
-Bon... Si je savais combien de temps ça va durer, je pourrais tenter quelque chose... Mais là, sans savoir...
Non, ce n'était pas permanent. Juste... Juste quelques heures, quelques jours, au mieux... Comment savoir ?
-On devrait... On devrait dormir... souffla-t-il.
S'il y arrivait... Il n'était pas habitué à cette obscurité presque totale, au vacarme indescriptible et indistinct qui l'entourait...
Mais c'était juste temporaire. Valaellyn l'avait dit. Il pouvait lui faire confiance...

" Si le pipeau te l'a envoyé, c'est que cela sera utile, Taliesin. Aie confiance." murmura Valaellyn.
Mathieu gloussa.
" La barbe te va bien, cela dit. Enfin... On ne peut pas vraiment dire ça, puisqu'il ne reste rien de toi." commenta le rôdeur.
" Mathieu !" le tança Valaellyn. " Tu vois bien que ce n'est pas drôle !"
Le rôdeur haussa les épaules et entreprit de s'installer pour la nuit.
" Tout ira bien." répéta Valaellyn en se couchant à son tour.

Taliesin porta à nouveau les mains sur son menton, ses joues...
Il était tellement troublé qu'il ne l'avait même pas remarquée...
-Une barbe... fit-il, béat. Je lui avais dit que je rêvais d'en avoir une ! Et là... Une barbe, ah ça !
Il éclata de rire.
-Et bien, demain dès l'aube, je testerai mes capacités, pour voir si je peux encore passer pour un barde ou s'il me faut revendiquer une autre profession. Ensuite... Nous aviserons ! Voilà peut-être l'atout dont nous manquions...
Il entreprit de s'installer à son tour, toujours hilare.
-Une barbe, ah ça ! répéta-t-il en s'allongeant.
Il se sentait mieux, tout d'un coup. C'était un atout, oui. Et cela ne durerait pas toujours : juste le temps nécessaire.
Juste le temps de profiter... de cette barbe ! Et, qui sait, de pouvoir jouer les gros bras ! Chose qu'il n'avait jamais expérimentée...

La nuit se déroula sans événement particulier, sinon qu'il continua à pleuvoir. Lorsque Taliesin se leva, il put constater qu'il était toujours humain. Valaellyn l'accueillit d'un sourire, affairée à préparer un petit déjeuner. Mathieu était parti deux heures plus tôt pour surveiller la route et n'était pas encore revenu.
" Bien dormi ? Ça ne gratte pas trop ?" demanda simplement la prêtresse.

-Bien dormi, oui... Et, heu... Non, ça ne gratte pas du tout... fit le barde en se frottant machinalement le menton. En fait, je crois que ça ne gratte que quand ça repousse après un rasage en règle...
Comme il l'avait dit, sa nuit s'était avérée plutôt bonne. Mais le réveil était des plus étranges : il se sentait plus grand, plus lourd... Plus pataud, peut-être. Et ses sens étaient chamboulés, moins aiguisés, différents... Il allait lui falloir un certain temps avant de s'habituer à ce changement radical.
-Et toi ? Bien dormi ? s'enquit-il enfin.

" Mieux que ce que j'aurais pu le craindre, compte tenu des circonstances. Mais finalement, camper sous la pluie a quelque chose d'excitant ! J'ai l'impression d'être à nouveau une petite elfette de 50 ans !" gloussa-t-elle. " Bon, je ne serais pas contre des vêtements secs... Mais c'est pour la bonne cause... Et je ne peux pas me plaindre, je sais. Ce n'est pas moi qui ai passé des semaines à la dure, errant dans des montagnes enneigées avec presque rien à manger..."
Elle lui tendit une infusion.
" En tout cas, tu sens la bête. Au revoir les bons petits champignons des bois !"

Taliesin leva les yeux au ciel.
-Mais vous vous êtes donnés le mot avec Victor, ou quoi ? s'exclama-t-il, faussement vexé. C'est quoi cette histoire de champignons des bois ? Je n'ai jamais senti ça !
Il secoua la tête, puis, souriant, accepta l'infusion.
-Enfin, ça reviendra, de toute façon... Et d'ici là, je compte bien profiter de ma nouvelle apparence. Ah, et, à ce propos, j'ai une mauvaise nouvelle : je crains d'avoir désormais le même appétit que Mathieu...

Un instant, Valaellyn le fixa, les yeux écarquillés de stupeur, le rouge aux joues. Puis elle papillonna des yeux.
" Oh... Cet appétit-là..." fit-elle à mi-voix. " Ahum."
Elle se tourna vers leurs provisions et les lui tendit.
" Il y a de quoi, ne t'en fais pas. Apparemment, vous avez calculé comme si nous serions absents une semaine, donc n'hésite pas à manger ce qu'il te faut pour garder ta carcasse humaine en état de fonctionnement."

La méprise de Valaellyn plongea Taliesin dans un embarras presque aussi grand que celui de la jeune elfe. Il se détourna un instant, faillit éclater d'un rire nerveux, mais se contint et se rabattit finalement sur les provisions dont ils disposaient. Il se servit largement, et mangea avec appétit, heureux que cette activité, des plus agréables au regard de son estomac qui criait famine, lui permette également de retrouver un semblant de contenance... Et lui épargne le fait de devoir immédiaent relancer la conversation.

Mathieu revint plus tard, trempé mais vaillant, et s'installa avec eux pour se sustenter à son tour.
" Bon, un coche a quitté le manoir pour se rendre au village. Je n'ai pas pu discerner combien de personnes s'y trouvaient en plus du cocher et je ne les ai pas suivis jusqu'à Fernell, mais nous avons donc des résidents hors de l'enceinte... Reste à savoir ce que nous en faisons..."
Il n'était bien évidemment pas le moins du monde conscient du petit malaise qui régnait désormais entre l'elfe et le nouvel humain.

Heureux de la diversion, le barde s'empressa d'exposer, à voix haute, les possibilités qui s'offraient à eux.
-Et bien, nous pouvons filer au village... Peut-être aurons-nous l'opportunité de lier conversation avec les passagers du coche. Ou, au moins, profiter de la présence des notables pour interroger les habitants à leur sujet... Sinon, il est envisageable de tenter d'infiltrer la maison, en espérant que ceux qui en sont partis ne reviennent pas trop vite... Malheureusement, si on nous attend, ce serait se jeter dans la gueule du loup.

Valaellyn et Mathieu se dévisagèrent, puis acquiescèrent.
" C'est à toi de dire ce qui te semble le mieux... A moins que nous ne tentions de faire l'un et l'autre en même temps..." fit Mathieu.
" Nous séparer n'est pas très sage..." dit Valaellyn.
" On ne peut pas toujours être sage si on veut avancer."

Taliesin se frotta le menton - geste qui était en passe de devenir réflexe. Se séparer ? Pourquoi pas ?. C'était risqué, mais cela pouvait avoir ses avantages... Restait juste à déterminer qui irait où afin que leurs capacités respectives soient utilisées au mieux.
Mais, en parlant de capacités respectives... Quelles étaient les siennes, désormais ? Il fallait qu'il le sache avant de réfléchir plus avant.
Alors, levant les mains, il tenta d'incanter, tenta de convoquer une harpe, comme il l'avait fait si souvent, par le passé. Ainsi, il ferait d'une pierre deux coups : il saurait s'il était encore capable d'user de magie, et, si c'était le cas, de faire de la musique.

Mais au moment où les mots lui vinrent, il eut de gros efforts à faire pour maîtriser son timbre et son articulation. Un sortilège tout simple lui demanda de gros efforts et il l'échoua une première fois. La seconde fut la bonne, mais là encore, il dut user de toute sa concentration pour parvenir au bout de l'incantation sans être trahi par une langue qui manifestement, n'y entendait goutte.
Enfin, quand l'instrument se fut matérialisé entre ses mains, il réalisa que ses doigts épais manquaient de souplesse, même s'il pouvait mentalement reconstituer les mouvements nécessaires. Quant à sa voix... La grimace de ses auditeurs fut éloquente. S'il ne voulait pas servir de cible au lancer de tomates, il valait mieux s'abstenir.

Taliesin, qui ne savait plus comment se définir sinon avec son prénom - il n'était plus barde, n'était plus elfe... - et se sentait désagréablement dépité après cette expérience désastreuse, repoussa de côté la harpe convoquée sans lui accorder le moindre regard. Décidément, il aurait mieux fait d'écouter Valaellyn et de balancer aux orties cette maudite potion. Lathandre était bienveillant, oui, mais parfois facétieux, et il avait commis l'erreur d'oublier ce pan de sa personnalité.
Plus de magie, donc. Plus de musique. Que lui restait-il ?
-On dira que je suis bûcheron ? tenta-t-il, maussade. Charron ? Mercenaire ? Ah, pour ça, il faudrait encore que je sois capable de manier un arc ou une épée...
Sans tarder, afin de s'en assurer, craignant déjà une nouvelle désillusion, il tira ses armes et quitta la tente.

Il était manifestement davantage taillé pour ce genre d'exercices, même s'il lui apparut rapidement qu'il lui faudrait revoir sa stratégie s'il espérait tirer profit de sa nouvelle carrure. Son corps débordait d'une force brute qui ne demandait qu'à s'exprimer. Mathieu sortit pour l'observer, bientôt suivi par Valaellyn.
" Sans vouloir interrompre ta gymnastique matinale... Ne penses-tu pas que ce corps est sensé te servir maintenant ? J'ai l'impression que nous sommes en train de perdre un temps précieux..." grommela finalement le rôdeur.

Il soupira, rengaina son épée.
-Il fallait bien que je me rende compte de ce que je pouvais ou ne pouvais plus faire... expliqua-t-il. Mais je suis fixé à présent, et il est clair qu'en l'état actuel des choses, je ne peux plus me rendre au manoir pour l'infiltrer : plus de sorts, donc plus d'invisibilité, et pour la discrétion, on repassera. Le seul endroit où je pourrais être utile, si je ne vais pas ouvertement frapper chez Kanter pour demander asile, c'est au village.

" Alors mettons-nous en route. Nous verrons ce qu'il advient... Au besoin, je rebrousserai rapidement chemin." proposa Mathieu.
" Attendez... Je vais vraiment détoner si je vous accompagne... Peut-être devrais-je rester ici... Si Taliesin avait été elfe, j'aurais pu jouer sa... enfin... j'aurais pu l'accompagner... Mais maintenant... Comment allons-nous présenter à Fernell ?"
Mathieu soupira, manifestement davantage homme d'action que de palabres.

Foutue potion... songea l'elfe par devers lui.
Mais il s'efforça d'offrir à ses compagnons une mine avenante.
-Je n'ai qu'à me présenter comme forestier ou bûcheron, dire que j'accompagne Mathieu... Et tu pourrais avoir ta place, Valaellyn, si nous arrivions à imaginer un prétexte... Une bête qui attaque les troupeaux, les humains ? Une maladie touchant les plantes ? Nous pourrions venir d'assez loin, mandatés par quelque communauté reculée pour enquête là dessus, voir si le mal se répend ailleurs que chez nous, pour chercher son origine...

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