La Couronne de Cuivre

Taliesin fourra la main dans sa poche, soupesant ce qu'il leur restait d'argent. Ils n'étaient pas encore dépourvus, mais il n'y avait pas non plus là de quoi faire des folies...
-Je suis d'accord avec toi, répondit-il enfin. Je trouve même que c'est une excellente idée. Malheureusement, on n'a plus beaucoup d'or... Alors on peut toujours flâner, voir si quelque chose nous plait. Et on reviendra l'acheter un autre jour de marché, quand j'aurai pu vendre les livres...

" Ah, les livres ! J'avais presque oublié à cause de mon oeuf de basilic et de ta mine bizarre quand tu es revenu de ta visite !" s'exclama Victor en se frappant le front du plat de la main. " Avec Nevyn, on est allés voir le mage qui travaille en transmutation, et il n'était pas là, mais son assistant a dit qu'il serait sûrement intéressé, et il sera là demain. Aussi, il y avait un autre sorcier, mais je sais plus sur quoi il travaillait, il a dit qu'il voudrait te voir pour te parler... Il a pas dit de quoi. Il a dit ça après m'avoir vu, note. Peut-être qu'il veut t'acheter un coeur d'humain pour faire des potions. J'espère que tu diras non. Même pour ton poids en or !"

Le barde fit la grimace. Il commençait à se méfier des mages qui voulaient le rencontrer pour discuter.... Bon, en même temps, il y avait peu de chances que celui-ci lui ressemble comme deux gouttes d'eau et ait perdu un frère nommé Taliesin.... Mais le fait qu'il ait voulu lui parler après avoir vu Victor pouvait également être inquiétant. L'avait-il, lui aussi, pris pour une sorte de golem ? Pour son familier ? Volait-il l'acheter pour quelque expérience ? Vu la considération de certains habitants de Loth Imarhil pour les humains, l'idée ne semblait pas si extravagante...
Malgré tout, sa première impulsion fut de répondre à Victor sur le ton de la plaisanterie. Mais il se retint de justesse, songeant à l'angoisse du petit garçon le soir précédent, à ses moments d'inquiétude et de timidité, durant la journée. Il avait besoin d'être rassuré, pas taquiné.
-Je ne le ferai pas pour tout l'or du monde, répondit-il simplement.
Puis, pour atténuer l'aspect un peu grandiloquent, il ajouta :
-J'ai trop besoin de ton cœur pour mes propres expériences.

Victor lui tira la langue.
" Bon, mais mon coeur, il devient plus gros au fur et à mesure que je grandis, donc je suis sûrement pas encore tout à fait mûr. Je propose donc que tu remettes tes envies de boucherie à plus tard, et qu'on aille chercher quelque chose... Peut-être qu'ils nous feront crédit ? Ils avaient l'air de dire qu'on paie pas souvent avec des sous, ici. Enfin, c'est ce que m'a dit Borgporkniel. Qu'on peut acheter plus avec un baiser qu'avec de l'or. Pour peu que la vendeuse soit intéressée."

Le barde éclata de rire.
-On te mettra à contribution, alors. Parce que si Galathée sait que j'ai payé son cadeau d'un baiser, elle ne sera sans doute pas très contente... Elle se demandera peut-être même si j'ai choisi l'objet pour lui-même... Ou pour la vendeuse qui l'avait mis sur son étal.
Puis, amusé, il entraîna l'enfant vers le marché.

Ils regagnèrent ainsi les allées d'étals et d'échoppes colorés, posés sur le gazon fleuri de la clairière. Des oiseaux voltigeaient au-dessus de leurs têtes, certains se posant avec familiarité sur les épaules ou les têtes des promeneurs, l'odeur printanière de la nature se mêlait aux effluves des mille saveurs proposées par les vendeurs, et l'oeil rencontrait partout des objets magnifiques ou usuels. Parmi les marchands, Taliesin aperçut bientôt quelques étrangers : un nain qui proposait des ustensiles de métal, pour la cuisine, la forge ou la guerre, un gnome qui exposait ses gemmes, un halfelin qui présentait tartes et alcools embouteillés. Aucune trace d'humain, cependant. Personne ne les importuna alors qu'ils circulaient dans le calme brouhaha de la foire. Non loin, les arbres gigantesques qui accueillaient les demeures des nobles de la cité se balançaient doucement dans la brise.

Sans lâcher la main de l'enfant, Taliesin examinait avec attention la multitude de marchandises présentes sur les étals. Il ne savait pas quoi chercher, au juste, et l'idée même d'acheter un cadeau pour la rôdeuse lui paraissait étrange, décalée. C'était un peu comme s'ils s'apprêtaient à rentrer d'un voyage d'agrément, à emporter un souvenir pour la jeune femme demeurée en arrière.
Elle ne t'attend plus... songeait-il.
Mais il s'efforçait de repousser la pensée. Elle ne changeait rien : ils sauveraient Galathée. Et peu importait qu'elle soit retenue prisonnière, pour l'heure : la démarche semblait tenir à cœur à Victor. Elle témoignait de son espoir que tout finisse par rentrer dans l'ordre. Alors, lui aussi, il se raccrocherait à cet espoir.
Ce qui ne rendait pas le choix plus aisé. Il s'était certes concentré sur l'artisanat elfique, mais il y avait là tant de choses... Des vêtements raffinés, des armes, des objets usuels. Tous étaient empreints de grâce et d'élégance. Ceux en bois, surtout, qui semblaient épouser la forme des branches, des troncs dont on les avait tirés, plutôt que d'avoir été façonnés pour correspondre à une idée préconçue...
Il se rendit compte qu'il ne savait pas vraiment ce qui aurait pu faire plaisir à la jeune femme. Elle n'était pas matérialiste, n'avait jamais manifesté de goût pour l'ostentatoire, le pimpant... Il chercha dans l'utile, lorgna les arcs magnifiques, les besaces en toile, souples, légères et résistantes. Les vêtements, aussi... Ne posa qu'un regard distrait sur les bijoux...
Intérieurement, il espérait que Victor avait quelque chose en tête.

Victor regardait tout avec curiosité mais semblait, immanquablement, attiré par les jouets. Les artisans elfes proposaient en effet une myriade d’objets de bois, toupies et petits personnages, armes factices et traîneaux, des balles de fibres végétales, cerfs-volants de toile, jeux de cartes, animaux de tissu, poupées souriantes, tambours miniatures et autres. Même s’il semblait appliqué à trouver quelque chose pour Galathée, son regard retournait toujours à ces échoppes autour desquelles se pressaient des enfants elfes excités, parfois accompagnés de parents dépassés par leur enthousiasme.

Le barde sourit et, mine de rien, infléchit leur route. Ils n'étaient pas bien riches... mais ça n'avait pas vraiment d'importance.
-Avec tout ce dont on s'est débarrassés, nos sacs vont être bien vides... lança-t-il d'un air détaché. On va se ramollir, si on ne porte plus rien sur le dos, une fois descendus du coche. Alors, d'aventure, si tu voyais quelque chose qui te tente... N'hésite pas à me le dire, d'accord ? Il ne faudrait surtout pas que nous perdions la forme physique acquise dans les montagnes...

Victor lui jeta un regard anxieux mais reconnaissant, tout en faisant néanmoins mine de ne pas s’intéresser à autre chose que ce qui aurait pu plaire à Galathée. Malheureusement, il avait l’air aussi perdu que le barde quant au choix d’un objet. Mais soudain, son regard s’illumina.
« Et si on prenait plutôt quelque chose pour le bébé, plutôt ? »

Le barde se tendit brusquement, dut faire un violent effort pour ne pas laisser entrevoir son trouble.
Le bébé.
En captivité.
La promesse aux druides-fées.
On pouvait essayer de refouler les choses, de les repousser soigneusement, le plus loin possible de sa conscience. Mais il y avait toujours quelque chose pour les faire remonter à la surface, avec d'autant plus de violence qu'on avait mis de force, jusque là, pour les nier.
Le bébé.
Acheter quelque chose pour lui... C'était lui donner de la consistance. Parier sur son existence. Alors qu'il risquait fort de ne jamais voir le jour. Ou s'il naissait, de subir des tourments qu'il n'avait certainement pas mérités.
Le bébé.
Le barde prit une profonde inspiration. S'arracha un sourire. Victor avait l'espoir chevillé au corps. Il ne pouvait pas briser cela.
-Oui, bonne idée. Quelque chose pour le bébé...
Il serra un peu plus fort la main du petit garçon.
-Et quelque chose pour toi, au passage. Comme ça, pas de jaloux !
Au moins, ce qu'il offrirait à Victor ne resterait pas une relique douloureuse d'un possible futur balayé par le destin.
Balayé par sa faute.

En réalité, Taliesin réalisa que Victor, lui aussi, était troublé. Il avait eu son idée, s’était emballé, et à présent tout le sens, les tenants et les aboutissants de sa proposition, resurgissaient. Cependant, stoïque, il alla au bout de son initiative et se planta devant un étal d’animaux de toile colorée, bourrés de fibres végétales, le genre de choses qu’un enfant traîne pendant des années sans vouloir s’en défaire, même lorsqu’il a perdu ses yeux, une oreille, et ses belles couleurs.
« J’avais un lapin comme ça, quand j’étais petit… » murmura le gamin. « Il s’appelait Nanabozo. Je l’ai perdu un jour dans le parc de Luménis. »
Il effleura les bestioles immobiles, concentré. Taliesin, plus que l’enfant, était sensible à la finesse de leur réalisation. Victor immobilisa la main au-dessus d’un petit chat de velours gris, quelques secondes, puis continua son examen. Il finit par jeter son dévolu sur un renard orange aux yeux de verre bleu.
« Je pensais peut-être un loup, pour le protéger, mais un renard, c’est bien aussi, non ? C’est rapide, débrouillard et futé. C’est mieux qu’un lapin. »

Taliesin avait observé le chat sur lequel s'était attardé Victor, se demandant si l'enfant avait pensé au sien, bien réel, en le voyant. Où était-il, d'ailleurs ? A Luménis ? Chez les Merlus ? Ailleurs ? Il était incapable de se souvenir de l'endroit où ils l'avaient laissé, de savoir s'il avait accompagné la rôdeuse et le petit garçon dans la ferme de leurs amis...
-Tous les animaux ont leurs qualités, tu sais... répondit-il doucement. Mais je crois aussi qu'un renard est un bon choix.
Celui-ci le fit songer à un autre goupil... Dans le Val aux Mille Campanules. Il ne l'avait pas retenu parmi les sept druides-fées chargés de lui donner une épreuve. Avait-il bien fait ? Aurait-il été plus magnanime que certains de ses pairs ?
Mieux valait ne pas trop s'attarder là-dessus...

Le jouet n’était pas très cher et une fois qu’ils l’eurent acquis, Victor décréta qu’il le garderait pour le bébé jusqu’à leurs retrouvailles et le glissa dans son manteau, vérifiant au moins trois fois qu’il était bien installé et qu’il ne risquait pas de tomber. Ensuite, il entraîna Taliesin de négociant en négociant, hésitant.
« C’est dommage que leurs livres sont en elfique. Ça m’aurait bien dit que tu m’en prennes un, pour s’amuser sur la route… » fit-il finalement, manifestement déçu. « Parce que sinon, j’ai déjà une épée en bois de Borgporkniel pour faire de l’exercice. Et en hiver, un cerf-volant, ça va pas voler. Peut-être qu’on devrait prendre un jeu… Un jeu de cartes ou un autre truc… Qu’est-ce que tu penses ? Tu connais des chouettes jeux que tu pourrais m’apprendre ? Ou alors de quoi rejouer à ce truc que j’avais appris avec Reynald et Tybert, quand on était à Fumeterre ? »

Le barde réfléchit, bien plus détendu à présent.
-Tu veux dire les dames ? Oui, on doit sans problème pouvoir trouver un plateau et des pièces... Sinon, les cartes, c'est assez simple aussi, et il n'y a pas besoin de connaître l'elfique, vu qu'il n'y a que les dessins... Je connais les règles de pas mal de jeux. Dis-moi, à l'aspect, celles qui te tentent le plus.
Il adressa un gamin un sourire en coin.
-Ceci dit, n'oublie pas que je vais t'astreindre à huit heures de cours d'elfique par jour. Il faudra bien occuper nos longues journées dans le coche ! Et, plutôt qu'un livre de contes, je propose que nous fassions l'acquisition d'un traité d'orthographe, d'un autre de grammaire, et... hum, de trois ou quatre tomes abordant les questions cruciales de la rhétoque et de la poésie.

" Je crois qu'il y aura plein d'autres gens dans le coche, et tu vas leur casser les oreilles avec tes histoires d'elfique. Si tu m'imposes de faire de la grammaire alors que j'ai l'intention d'admirer le paysage et de... dormir un maximum, je te promets que je dis à tous nos co-voyageurs que tu es barde, et tu seras forcé d'amuser la galerie toute la journée !"
Il eut un sourire carnassier.
" Mais on pourrait plutôt prendre un jeu de cartes... Peut-être celui-là, avec les dessins d'arbres. Galathée le trouverait sûrement beau aussi... Parce que le jeu des cailloux, on peut l'improviser avec ce qu'on trouve sur le sol..."

Taliesin observa lesdits dessins. Précis, exécutés avec art et dextérité, ils paraissaient presque réels.
-Va pour celui-là... acquiesça-t-il.
Il ne savait pas exactement comment on y jouait, mais comptait bien se renseigner auprès du marchand. Ce ne devait pas être très compliqué ou, au moins, ressembler à d'autres jeux qui lui étaient plus familiers...
-Dis-moi si tu vois autre chose qui t'intéresse... reprit-il. Tu risques de finir par te lasser du sommeil ou du paysage, dans le coche...

Victor regarda tout avec attention, mais il semblait désormais satisfait de leurs emplettes. Par acquis de conscience, et par curiosité, il força cependant Taliesin à faire le tour de pratiquement toutes les échoppes du marché. Ils finirent par s'arrêter devant l'étal d'un marchand d'oiseaux et d'animaux étranges, qui vendait également des oeufs. Victor s'immobilisa devant la réplique parfaite de celui que lui avait donné Nevyn.
" Regarde ! Un autre oeuf de basilic !" s'exclama-t-il, radieux. " Enfin, je crois. Il est marqué quoi, en dessous ?"
Taliesin nota qu'en elfique tarabiscoté, le marchand avait indiqué : Persifleur.

Le barde fronça les sourcils : le nom ne lui disait rien. Rien du tout.
-Hum, je peux te lire ce qui est écrit... Mais ça ne t'avancera pas beaucoup : je ne sais pas de quoi il s'agit, et nous allons nous perdre en mille conjectures... Néanmoins... Peut-être que ça te gâcherait un peu la surprise de Nevyn, de savoir le nom ?
D'un autre côté, cela éviterait au gamin d'espérer un basilic, une wyvern ou un dragon...

Victor grimaça.
" Ça va, arrête ton char. Je parie qu'il est marqué "poule" ou "canard"... Je me doute bien qu'il ne m'aurait pas donné l'oeuf d'un animal bizarre, hein. Je ne suis pas si stupide. Mais tu as raison, ne me dis rien. Je préfère continuer à penser que c'est un oeuf de wyverne, ça me fera un peu rêver."
Puis, grand prince, il s'éloigna de l'étal, tête haute, et gagna la périphérie du marché.

L'elfe le regarda s'éloigner, un peu pantois, puis secoua la tête et le rattrapa.
-N'oublies pas de remettre ton manteau avant de regagner l'hiver, mon grand... lui souffla-t-il, taquin.
Puis, avant que le gosse n'ait pu se récrier, il ajouta.
-C'était marqué Persifleur. Et ne me demande pas ce que c'est : comme je te l'ai dit, je n'en ai pas la moindre idée.

La révélation du barde eut l'effet escompté : Victor s'immobilisa et un sourire apparut sur ses traits renfrognés une seconde plus tôt.
" Un persiffleur !" s'exclama-t-il. "Tu crois que c'est quoi ? Une sorte de serpent ? Les serpents sifflent, non ? Ou bien un gros lézard ? Ou une sorte d'oiseau ? Persiffler, ça veut dire quoi, en fait ? J'ai comme l'impression que c'est pas très positif, si ?"
Il avait remis son manteau et s'apprêtait à quitter la clairière. Il étouffa un profond bâillement dans le creux de sa main.

-Oui, persifler, ce n'est pas très positif... c'est dire des choses méchantes, insinuer... J'espère que le nom vient de ses sifflements, pas des éventuels mots qu'il prononce. Sinon, on est mal barrés...
Il enfila son propre manteau, et sourit au bâillement du gamin.
-Je connais quelqu'un qui va faire une bonne sieste... lança-t-il, joyeux.
Il était certes encore tôt, mais ladite sieste pourrait gravement compromettre leurs chances de procéder à une répétition commune en vue de la représentation du soir... Bah, tant pis, ils auraient d'autres occasions.

Ils repartirent vers Ethèlen Rindë en silence. Victor avait l'air fatigué, mais son expression trahissait sa profonde satisfaction. Il reprit la main de Taliesin et se laissa guider entre les troncs, d'un pas tranquille, peut-être un peu traînant. Le froid les engourdissait petit à petit, les invitant à se réfugier dans leurs pensées. Alors qu'ils approchaient des grandes portes de la ville, le petit garçon rompit soudain le silence.
" Elle s'appelait comment, la fille qui disait qu'elle était ta soeur ?" demanda-t-il, d'une voix un peu rêveuse.

Taliesin tressaillit, complètement pris au dépourvu. La journée avait été pleine de distractions, et l'étrange entrevue du matin avait fini par lui sortir de la tête. Mais c'était sans compter avec Victor... Entre ça et le bébé, il tapait toujours juste, pour ce qui était de le déstabiliser. Enfin, évidemment, il ne pouvait penser à mal...
-Heu... Elle s'appelle Cerridwen, répondit-il. Pourquoi ?

" Simple curiosité." répondit placidement l'enfant, en franchissant les frontières de la cité.
Il retrouva un peu plus d'allant sur la piste qui menait à l'auberge et se mit même à courir sur les derniers mètres. A la manière dont il poussa la porte, on aurait dit qu'il habitait là depuis toujours. Quand Taliesin le suivit, il retrouva la paisible salle du Rendez-Vous-Des-Moins-Que-Rien. Victor était déjà en grande conversation avec le tenancier, lequel invita Taliesin à s'installer, s'il désirait boire quelque chose.

Le barde accepta bien volontiers : il se demandait si on pouvait réellement s'habituer au choc thermique entre l'agréable printemps qui régnait au cœur de Loth Imarhil et les frimas glaciaux qui sévissaient tout autour, mais il était certain que, jamais, la chose ne serait très recommandée lorsqu'on avait une représentation à donner le soir venu. Ce qui était son cas... Une boisson chaude serait donc des plus bienvenues, d'autant qu'il n'entendait pas faillir à sa promesse. Vu les services qu'il leur avait rendu, Borkporkniel méritait bien cet infime remerciement...

Borgporkniel apporta un grog épicé à Taliesin, et posa un bol de lait parfumé à côté de lui, dans l’attente du retour de Victor. Celui-ci avait cavalé vers les étages, et il revint peu après, le sourire aux lèvres.
« J’ai mis le renard en sécurité, et l’œuf au chaud. » annonça-t-il sur un ton de conspirateur.
Le demi-orque leva les sourcils, mais se garda bien de poser la moindre question.
« J’ai une bonne nouvelle pour vous. Le coche est annoncé pour après-demain. Apparemment le conducteur est pressé, donc il repartira au plus tard dans quatre jours. »
Il s’apprêta à partir, hésita, revint en arrière.
« J’ai aussi une mauvaise nouvelle… La rumeur d’un spectacle exceptionnel a enflé dans le village et, je le crains, en ville… Nous risquons d’avoir du monde, ce soir. Sans vouloir vous mettre la pression. »
Il s’esquiva ensuite et Victor gratifia Taliesin d’une grimace effarée.
« Je joue pas ce soir, c’est sûr. »

Si la bonne nouvelle réjouit naturellement Taliesin - il commença d'ailleurs aussitôt, mentalement, a élaborer le programme de leurs quatre derniers jours à Loth Imarhil -, la mauvaise, en revanche, manqua le faire s'étrangler avec son grog.
-Traître ! souffla-t-il à l'enfant. Tu m'abandonnes à l'aube de la bataille !
Il plaisantait, mais c'était la guigne, tout de même. Lui qui comptait sur une simple représentation pour les habitués de l'auberge, voilà que quelques rumeurs infondées allaient faire venir des elfes aux attentes bien plus difficiles à satisfaire. Il se demandait bien qui pouvait être à l'origine de ces racontars : certainement pas les invités du seigneur Polfinn. Le petit récital dont il s'était fendu la veille avait été correct... mais sans plus.
-J'ai intérêt à courir m'entraîner... soupira-t-il, morose.
Et, joignant le geste à la parole, il se mit en devoir de regagner sa chambre. Il se savait rouillé et, malgré les exercices auxquels il s'étaient livré récemment, était loin d'avoir retrouvé son niveau et son assurance d'autrefois. Il n'aurait pas trop des quelques heures qui le séparaient encore de son entrée en scène pour tenter de limiter les dégats...

Victor le suivit, l'écouta quelques minutes, puis demanda poliment la permission d'aller jouer dehors. Peu de temps après, Taliesin l'entendit rugir au dehors, et il le découvrit engagé dans une épique bataille de boules de neige avec d'autres enfants du village. Pour remonter le moral du barde, Borgporkniel vint lui apporter une petite collation en début de soirée, alors que la nuit engloutissait la forêt. Comme de coutume, les en-cas étaient savoureux mais légers. L'aubergiste savait apparemment ménager son artiste.
" Ne vous inquiétez pas trop." commenta-t-il. " Le public est fourni mais surtout curieux, et peu d'elfes osent se mêler à la populace mélangée. Ce sont surtout les résidents d'autres races qui sont sortis profiter de l'aubaine. Certains seront peut-être grincheux par principe, à l'idée de devoir écouter un elfe, mais s'ils n'étaient pas secrètement intéressés, ils ne se seraient pas déplacés. Nous n'avons pas de réels conflits interraciaux dans le coin. Les individus vraiment rancuniers n'habitent plus ici. Ce que vous risquez au pire, c'est que certains de vos interlocuteurs de l'autre côté des portes ne comprennent pas pourquoi vous avez perdu votre temps à divertir les races inférieures... Mais vous avez de la répartie, et votre prestance ferait taire le plus moqueur... Si ça se trouve, vous allez lancer une mode."

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Loth Imarhil

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Re : [Lieu] Loth Imarhil

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 5.