La Couronne de Cuivre

-Je ne sais pas si nous en avons vraiment la latitude. Quand je vois qu'on pourrait nous accuser de nous intéresser à la fortune de cet homme... Je me dis qu'on pourrait aussi nous accuser de tenter d'escamoter Baptiste, au cas où nous partions subitement en voyage précisément durant cette période...
Ah, tout était si compliqué...
-Ceci dit, peut-être peut-on lui écrire que nous projetions un voyage à Eredhun et que ce serait donc une bonne occasion d'y organiser une première rencontre. Ainsi avancerions-nous sur les deux tableaux et sans que l'on puisse nous reprocher quoi que ce soit.

" C'est une idée... Il nous faut quatre ou cinq jours pour les moissons, en espérant que le temps se maintienne... Ensuite, vous êtes libres comme l'air. Toi et Baptiste, j'entends. Il est clair que je ne peux pas me permettre de venir. Et Victor... J'aimerais mieux qu'il reste... pour Marius. Sauf si tu veux aussi prendre Marius avec toi."
Derrière eux, Baptiste s'agitait. Il était temps qu'ils arrivent au bout de leur conversation...

-Nous en rediscuterons, mais je me dis que tu serais beaucoup plus indiquée que moi pour faire ce voyage. Tu es plus posée et plus objective sur la situation, tandis que de mon côté, même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pourrais totalement museler mon ambivalence. Enfin, nous en rediscuterons
Il l'embrassa.
-A ce soir.

" A ce soir." lui dit-elle, sans épiloguer.
Ensuite, elle retourna vers Baptiste pour s'intéresser à ce qu'il avait déniché.
C'était la mi-journée, il ne restait plus, pour Taliesin, qu'à rentrer chez lui, à la Ferme, et trouver à s'occuper les mains et l'esprit... et pourquoi pas écrire cette lettre au père de Baptiste...

Ayant cheminé tranquillement depuis les quais, Taliesin et Baptiste arpentaient désormais les rues commerçantes en quête d'un objet susceptible d'aider le gamin à lire plus facilement malgré son handicap - dont le barde espérait qu'ils pourraient bientôt le libérer. Un objet pour l'aider, donc. Mais quoi, exactement ? Une pince, peut-être. En dehors de ça, il fallait bien admettre que ni l'un ni l'autre n'avaient d'idée précise. Mais peut-être finiraient-ils par avoir une illumination, à force d'examiner les devantures.

Au bout d'un moment, Baptiste se tourna vers Taliesin.
" Il faudrait une sorte de pince en bois, je suppose, comme ce qu'utilisent les gens pour suspendre le linge."
Il regarda tout autour de lui.
" Le plus simple, ce serait de demander à la tenancière de l'auberge. Je suis sûr que ça ne se vend pas à la pièce."

-Tu ne crains pas que ce soit un peu petit ? Enfin, tu me diras, on peut toujours faire des essais...
Il se frotta le menton.
-J'étais en train de me demander si on ne pourrait pas regarder du côté des magasins de musique : certains artistes utilisent des systèmes pou maintenir ouverts leurs livres de partitions. Mais c'est sans doute trop encombrant...

" Je ne vais pas pouvoir me promener avec tout un lutrin." dit Baptiste avec une grimace.
Il haussa les épaules.
" De toute façon, je ne lirai sans doute pas beaucoup. Je vais regarder le paysage. Le chemin n'est pas très long et on va rester à proximité des côtes."

-Dix jours à contempler le paysage, c'est quand même long. Et je ne pensais pas à un lutrin en bonne et due forme : il me semble que certains utilisent des choses plus petites, pour les voyages... Mais des pinces à linge, ça peut faire l'affaire, d'autant que comme tu retrouveras vite l'usage de ton bras, il n'est pas nécessaire de faire de gros investissements...
Il jeta un regard sur les environs.
[color=#FFFFF66]-Mais du coup, faisons un crochet par l'Ombre de l'Arbre. Pour s'enquérir des pinces... et de ton frère.[/color]

HRP : bon la pince à linge date apparemment du 18ème, mais on ne va rien dire...

" D'accord." dit Baptiste.
Il s'immobilisa quelques pas plus loin.
" Mais est-ce qu'on n'achèterait pas des chapeaux ? Il va faire soleil sur ce bateau, et on n'aura pas forcément de l'ombre à toute heure... Je dois dire que rien que maintenant, j'ai déjà un peu mal à la tête... et soif aussi... mais ça, ça n'a rien à voir avec les chapeaux."

Le barde le fixa un instant.
-Tu sais, on aura une cabine, sur le bateau. Ou au minimum un dortoir. Et on pourra donc se mettre à l'abri du soleil... Pour autant, les chapeaux ne sont pas une mauvaise idée.
Et de se mettre donc en quête d'une chapellerie, espérant que cela rassurerait un Baptiste qu'il sentait inquiet, tendu...

" Si tu as l'intention de passer toute ta journée dans une cabine, libre à toi." murmura le garçon avec une grimace.
Puis il sourit.
" Mais j'oublie toujours que tu n'es pas d'ici. Les bateaux, ce n'est pas ton... domaine culturel."

-Certes. Mais je ne suis pas venu de Féérune à la nage. Et je n'ai pas nagé non plus, lorsqu'il a s'agit de me rendre sur Dorrandin ou d'en revenir.
Il lui adressa un clin d'oeil.
-Bon : chapeaux, puis Ombre de l'Arbre, puis librairie. Il est temps de s'y mettre, sinon on n'aura pas avancé que la nuit sera déjà tombée.

" C'est ça qui est agaçant, avec les elfes, remarqua Baptiste. Ils savent toujours tout sur tout. C'est sans doute pire encore avec les bardes, note, vu que c'est votre métier de savoir tout sur tout."
Il s'était arrêté devant une chapellerie, qui jouxtait la boutique d'un cordonnier. Il y avait de nombreux chapeaux dans la devanture, mais rien à l'extérieur.
" On essaie ici ? Ça a l'air un peu chic... Mais on est des gens bien, non ?"

-On peut jeter un coup d’œil. Mais si c'est vraiment trop chic, et trop onéreux, il sera plus raisonnable d'aller voir ailleurs.
Vu l'énorme dépense qui se profilait à l'horizon, il valait mieux éviter les folies. Et de toute façon, des chapeaux trop élégants trancheraient avec leurs mises : elles étaient de bonne facture, certes, mais relativement simples et sobres, privilégiant l'aspect pratique à l'ostentation.

" Ça marche !" dit Baptiste.
Et sans attendre, il se dirigea vers la chapellerie, une maison strictement identique à la cordonnerie, du porche au lierre, à la couleur crème des façades et aux ardoises du toit.
Il laissa sortir un jeune couple qui bavardait avec excitation, puis entra.

HRP : pour une raison incompréhensible, la chapellerie se trouve dans un autre sujet

donc double-post

Quête : De Pierres et d'Or pur

Bruno s'était mis en marche d'un bon pas en quittant le fort, puis il parut se souvenir que son compagnon avait de plus petites jambes et ralentit son allure. Tout en cheminant, il lui confia son inquiétude. La garde allait certainement retrouver les objets maudits, et probablement rapidement : ils avaient la réputation d'être efficace. Mais il craignait fort de ne pas obtenir la permission d'aller replacer les objets dans le temple. Convaincre l'armée ne serait pas une mince affaire.*ils finiraient certainement par obtenir quelque chose, peut-être qu'une escouade se rende sur les lieux, mais cela prendrait des jours et des jours. Ce serait trop tard pour son frère...

« Que suggérez-vous, Bruno ? Que nous prenions les objets que va trouver la garde et filions en douce de Lumenis ? Cela ferait de nous des fugitifs, sans compter que nous n’aurions aucun mage pour nous téléporter sur place. Non, on doit éviter les coups de ce genre. En revanche, il n’est pas impossible que je fasse appel à mon ancienne guilde pour accélérer les choses. Elle est influente, elle devrait pouvoir nous aider. »
Oui, mais pas gratuitement. Il restait en bon terme avec la guilde mais n’en faisait plus partie. On allait lui demander quelque chose en retour, c’était sûr. Mais bon, dans sa situation...

Bruno grimaça.
" Une guilde de commerçants, qui aurait une influence sur l'armée ? J'ai peine à y croire, franchement. Si seulement on avait retrouvé Maëvion, lui connaît peut-être des personnes influentes... Dame Lathiriel Dithazir par exemple..."
Entre-temps, ils étaient parvenus à la bijouterie. C'était une petite boutique sans prétention, mais réputée pour la qualité de ses émaux incrustés de pierreries. Une jeune femme les accueillit.
" Bienvenue à L'Améthyste. Puis-je vous renseigner ? Vous cherchez quelque chose de particulier ? "

Juste avant de franchir le seuil de la bijouterie, Kmir répondit à Bruno dans un semblant de rire.
« Mon cher Bruno, ignorez-vous vraiment le pouvoir de l’argent ? »
Il y avait en fait fort à parier que la guilde avait dans ses bons clients et relations des personnes influentes de près ou de loin liées à l’armée, au gouvernement ou à l’université de la magie. Quelques mots judicieusement glissés à la bonne oreille pouvait curieusement accélérer un dossier.
Faisant désormais face à la jeune femme, le gnome, poli et placide, déclara :
« Nous souhaiterions nous entretenir avec le bijoutier. Nous avons croisé son père à l’auberge de la Bienveillance, nous savons qu’il ne va pas très bien, c’est justement à ce sujet. Ho, je vous rassure, nous n’avons rien de marchands de miracles à bon prix. »

La jeune femme les toisa en fronçant les sourcils.
" Et pour quoi viendriez vous donc, si ce n'est pas pour proposer des remèdes à prix d'or ? Mon beau-père est un grand naïf s'il parle de ça à des inconnus..."
Elle jeta un coup d'oeil rapide, vaguement inquiet, à la porte menant à l'arrière-boutique.
" Et puis de toute façon, mon mari fait la sieste à cette heure !"
Elle avait parlé un peu trop fort, sans doute, car le vieil homme que Bruno et Kmir avaient croisé à la taverne vint s'encadrer dans l’entrebâillement.
" Ah, c'est vous... Je me doutais que vous passeriez peut-être... probablement pour rien, hélas. Voulez-vous tout de même entrer boire un verre ? Mon fils ne devrait pas tarder à émerger..."

« Volontiers », répondit Kmir.
Il se tourna vers la femme et ajouta, en guise d’explication :
« Mon compagnon a un de ses proches, son beau-frère, qui pourrait souffrir du même mal. Nous venons vérifier. Sans doute que ce sera en pur perte, mais nous ne négligeons aucune piste. »
Sur ce, il vint à l’homme croisé à la Bienveillance. Il se tenait sur ses gardes, mais ne croyait plus vraiment au piège.

La jeune femme rougit de sa méprise, mais Kmir sentit qu'elle restait sur ses gardes, ne croyant qu'à moitié à ce hasard providentiel. Elle les accompagna dans la petite cuisine qui jouxtait la boutique et leur servit un vin doux parfumé à la myrtille. Son beau-père, à en juger par son regard trop brillant, n'en était pas à son premier verre de la journée, Kmir et Bruno, du reste, avaient pu constater à la Bienveillance qu'il avait une bonne descente.
Le fils tant attendu, attiré par le bruit, les rejoint quelques minutes plus tard. Il se déplaçait avec lenteur, la démarche raide, le dos un peu vouté, réprimant visiblement une grimace à chaque pas.
" Bonjour..., fit-il d'un ton hésitant en fixant sur eux un regard interrogateur.
- Ce sont des voyageurs de passage à la Bienveillance, expliqua son père. Ce Monsieur a un frère qui souffre du même mal que toi, apparemment. Ils voulaient en parler avec nous...
- Un beau-frère, corrigea Bruno.
- Pourquoi en parler ?, s'étonna le bijoutier. Tu disais hier que d'après les Ilmates, c'est sûrement une poly... polytarine...
- Polyarthrite rhumati-quelque-chose.
- Bref, ça a l'air d'être une maladie connue...

Il allait être très aisé de savoir si oui ou non le bijoutier était touché par la malédiction. Kmir observa en premier lieu son teint. Si ce dernier était ordinaire, ni grisonnant, ni tirant sur le doré, alors l’affaire serait réglé. Le gnome ne pousserait pas plus loin ses investigations car l’homme, raide, aurait déjà dû changer de couleur sous l’effet de la malédiction.
En revanche, si le teint était anormal, Kmir lui présenterait les objets maudits, non sans au préalable avertir tout le monde de ne pas les toucher. Il pourrait ainsi demander au bijoutier s’il avait eut entre les mains des objets semblables.

Le teint du bijoutier lui parut plutôt ordinaire. Il était très pâle, ce qui était normal dans son état d'épuisement visible. mais il n'y avait pas la moindre nuance d'or dans sa couleur de peau. Il ne pouvait pas en déduire grand-chose : Bruno et son beau-frère n'avaient pas non plus de symptôme particulier concernant leur teint, leur seul mal était cette raideur qui se propageait, en partant des doigts, jusque dans tout leur corps. Lui seul présentait un teint doré, pour avoir tenu en main l'un des objets sacrés en or. Son compagnon de route*n'avait touché qu'un rubis, et devenait donc pierre.
" Dites-nous juste... Est-ce que vos raideurs ont commencé dans les doigts ?, s'enquit Bruno.
- Oui... dans les doigts et les orteils, les mains et les pieds... les extrémités, quoi."
Bruno fronça les sourcils.
" Mon beau-frère n'a rien ressenti aux pieds, pas au début en tout cas... et moi non plus... "

« On va vite être fixé », fit Kmir, imperturbable.
Se tournant vers le malade, il reprit :
« Nous allons vous montrer un objet. Vous ne devez surtout pas y toucher, c’est très important. Contentez-vous de le regarder et de nous dire si un objet similaire est passé entre vos mains. »
Son regard s’attarda sur les autres personnes présentes :
« Personne ne doit toucher l’objet. »
Il attendit qu’on lui réponde par l’affirmative. Lorsque ce serait le cas, il sortirait le médaillon avec la pierre précieuse. Si malédiction était sur le malade, c’était celle d la pierre, pas celle de l’or.

HRP : Je suppose que Kmir continue à le garder enveloppé dans un bout de tissu, comme il le fait depuis le début ?

Le bijoutier et sa famille, un peu interloqués, acquiescèrent cependant, presque solennellement.
Le bijoutier et son père furent bien sûr les premiers à s'approcher pour observer l'objet, d'un oeil connaisseur.
" Joli rubis, fit le plus âgé. De quoi en tirer quelques belles incrustations pour des bagues... Tu n'as pas rentré des rubis dans ton stock récemment ?
- Si, et ça m'a coûté un bras. Mais il ne ressemblait pas à celui-ci. Il était un peu plus petit, il n'était pas taillé en amande... et il est moins pur, je crains. Celui-ci est absolument splendide..."
On voyait que l'envie le démangeait de l'examiner de plus près, de le prendre entre ses doigts.
" Il ne faut pas le toucher parce qu'il provoque une maladie ? Il est porteur d'une malédiction ? Ou vous avez juste peut qu'on vous le prenne ?"

HRP : oui.

Kmir hésita, puis décida de jouer franc jeu.
« Il est maudit. Si je vous ai montré ce bijou, c’est qu’il en existe un second que je suppose assez semblable. S’il s’était retrouvé entre vos mains, l’origine de votre mal aurait été identifiée. Mais à priori, il ne s’agit pas de ça. Si jamais, par le plus grand des hasards, vous repérez un bijou qui ressemble vraiment à celui-là, soyez aimable de nous en avertir. Nous logeons à la Bienveillance. Et bien sûr, ne le touchez pas. Évitez également d’en parler autour de vous. »
Le gnome rangea l’objet et sauta de sa chaise.
« Nous sommes navrés de vous avoir dérangé pour rien. Nous devons explorer toutes les pistes qui s’offrent à nous et votre histoire nous a forcément interpelé. Merci du temps que vous nous avez accordé. »

Les deux hommes l'avaient écouté avec attention. Et peut-être une pointe de déception.
" Nous garderons le secret, bien sûr.
- Si vous cherchez des malades, vous devriez aller voir au temple d'Illmater, fit remarquer le père du malade après une courte hésitation. Je me souviens qu'ils ont parlé d'une recrudescence de ce genre de symptôme. Ou plus précisément, le cas de mon fils était le troisième dont ils entendaient parler en moins de trois jours, tous chez des hommes jeunes, et ça leur semblait beaucoup. Et maintenant que vous le dites... Je crois bien que l'un de ces autres cas était un bijoutier. Attendez que je me souvienne..."
Il ferma les yeux, concentré.
" Oui, c'est ça. Le novice a voulu plaisanter sur ce sujet, il s'est fait réprimander par un autre clerc. Timothée, je crois qu'il s'appelle, ce clerc. Un chevelu... brun, pas très grand. Plutôt jeune."

« Merci pour l’information. Nous irons voir ce Timothée. Monsieur, je vous souhaite bon rétablissement. Puisse Tymora veiller sur vous et les votre. »
Sur ce, Kmir sortit. La piste n’était pas morte, lui et Bruno n’avaient qu’à la suivre. Pourquoi attendre ? Personne n’avait envie d’attendre. Direction le temple.

La Couronne de Cuivre

[Lieu] Les Commerces du Port