[Lieu] Sur la route de Lameroy

[Alchem]

Assis en tailleur à proximité du feu, son grimoire profane sur les genoux, Alchem débuta méthodiquement son travail sitôt après avoir avalé le petit déjeuné. Bien qu’il soit un peu plus cordial avec Théodore et Aleka, il était loin d’être devenu loquace. Tout en lui suggérait la retenue, le contrôle. Bientôt, le seul bruit qu’il produisit fut les pages qu’il tournait. Son regard d’obsidienne glissait sur les lignes, les sortilèges... ceux qui retenaient son choix étaient mémorisés, exercice auquel se pliait tous les mages de Toril. A ses côtés, Dalius laissait s’exprimer toute sa curiosité inquisitrice. Il ne bougeait pas de sa place, mais il regardait tout.

HRP : Alchem opte pour la sélection habituelle.

[Kasumi]

Aleka s'était levé à un moment donné pour s'isoler et probablement prier son dieu, laissant Alchem encore plus tranquille de réviser ses sortilèges. Il avait à peine fini de se livrer à cet exercice que les derniers soldats se levaient pour rejoindre leurs collègues bricoleurs. Leur réparation de fortune avait l'air de satisfaire leurs exigences et ils s'apprêtèrent au départ non sans souhaiter bonne chance et promesses de bienvenue à Lameroy si le hasard devait y porter leurs pas à nouveau. Ainsi donc, la route s'ouvrait à nouveau devant Alchem, pleine de promesses et d'inconnues. Mais, contrairement à son arrivée à Lameroy, il n'était plus seul sur la route. Pour un temps en tous cas.

[Alchem]

Avec un petit bruit mat, Alchem referma son grimoire. Un instant, il observa l’ouvrage qui avait vécu avec lui. Couverture cornée, couleurs passées, le temps et les épreuves y avaient laissé leurs marques. Que de chemin parcouru jusqu’ici... Il se leva, rangea le livre dans son sac et jeta ce dernier sur son dos. D’un geste de la main, il rabattit son capuchon sur son disgracieux visage aux teintes rocheuses. Enroulé dans sa cape grise, rôdeur miniature, il adressa un signe aux soldats de Lameroy. Puis, il se tourna vers le couple.

« Je suis prêt. Et vous ? »

[Kasumi]

Ils étaient prêts en effet. Du reste, Théodore semblait bien plus fringant que la veille au soir que ce soit imputable à une bonne nuit de repos ou aux renforts magiques d’Aleka. Et cela valait mieux car pour cette nouvelle étape du trajet, ils ne pourraient plus bénéficier de l’abri de la charrette pour se reposer en cours de marche.

Ils allaient également progresser d’un pas plus rapide sur un terrain qui allait s’aplanissant comme le constata très rapidement le gnome des profondeurs. Le chemin de montagne s’élargissait de bas-côtés praticables alors qu’ils laissaient les cols et les sommets proches de Lameroy pour s’engager dans une région plus verdoyante où la végétation se faisait plus dense, plus variée. Le son de centaines de rus, de sources et de torrents se manifestait de loin en loin, abreuvant cette luxuriance à laquelle Alchem était certainement peu habitué.

- Méfiez-vous de ce paysage bucolique Alchem : l’abondance de vie attire des prédateurs et des choses bien plus innommables qui se font un devoir d’essayer de la corrompre ou de la détruire. Nous mettrons deux jours à traverser cette région particulièrement dangereuse. Mais ce n’est pas à vous que je vais apprendre à se méfier de votre environnement j’imagine.

[Alchem]

« Non, effectivement. Les points d’eau, dans l’Outreterre, attirent ce genre de dangers. »

Lors de la marche, Alchem observait un silence total, silence qu’il ne brisait que pour répondre lorsqu’on s’adressait à lui. Des dizaines d’années d’habitude l’expliquaient aisément. Ce n’était que lors des pauses qu’il pouvait de lui-même engager la parole, ceci sans être bavard bien sûr. Du coup, sa compagnie était loin d’être envahissante. Pas légers, attitude furtive, ce devait même en être troublant pour le couple.

Le rythme de ce dernier était un peu élevé pour le gnome aux jambes forcément plus courtes. Mais il suivait. Il savait se presser, et ce sur de longues distances. L’habitude, encore une fois... En fait, seule l’environnement était une nouveauté, mais quelle nouveauté ! Le svirfnebelin devait sans cesse rappeler à l’ordre sa vigilance car elle s’y perdait. Ce ciel, ces arbres, cette vie ! Il comprenait d’autant mieux pourquoi les habitants de la surface déprimaient rapidement sous terre. Dalius devait se plier à la même discipline : résister à l’émerveillement, demeurer les sens en alerte.

[Kasumi]

La première journée de voyage avec le couple ne se solda par aucune nouvelle découverte notable mais beaucoup de petites choses étaient tout de même nouvelles pour Alchem, presque inconcevable même : de nombreuses créatures peuplant les bois et ses abords semblaient parfaitement inoffensives, incapables de se défendre. Dire que c'était là une rareté en Ombreterre était un euphémisme.

Aleka et Théodore semblaient davantage craindre le nuit d'après ce qu'il ressortait de leurs rares conversations avec le gnome des profondeurs. D'ailleurs le soir tomba bien vite, la lumière déclinante cessant enfin de brûler les yeux d'obsidienne du petit habitant des profondeurs. A nouveau ils se répartirent les tours de garde après avoir dressé un campement sommaire et allumé un feu. La veillée ne s'éternisa pas, tous étant fourbus par la marche rapide de la journée et les épreuves encore pas si lointaines. Le couple était sur le point d'aller se coucher, Aleka ayant tenu à prendre le dernier quart pour prier son dieu à l'aube.

HRP : je te laisse décider si tu as le premier tour ou le second et ce que tu fais avant de dormir.

[Alchem]

Alchem, pour sa part, avait pris le deuxième tour de garde. D’abord, la marche un peu rapide, marche soutenue un jour durant, l’avait quand même éprouvé. Ensuite, il se réservait le plus noir de la nuit, moment où il serait le plus à l’aise, le plus chez lui.

Alchem --> Gardiens fantomatiques

« Voilà de quoi dissuader quelques importuns », déclara le gnome, sitôt son sort lancé.

Désormais, autour du minuscule camp, treize personnes illusoires tenaient compagnie aux trois réelles. C’était la seconde fois que le svirfnebelin faisait appel à ce stratagème en présence du couple. La première n’avait guère eu d’effet, hélas. Le Despote avait même dû bien rire. Heureusement, des monstres d’une telle puissance ne se croisaient pas fréquemment. Un groupe de bandits plus classique, par contre, n’y verrait que du feu. Les illusions avaient des apparences de mercenaires humains. Une partie, par souci de réalisme, étaient couchées, d’autres surveillaient, réparties autour du feu.

Alchem souhaita bon courage à Théodore, s’assit à côté de son sac et retira ses chaussures. La route avait été longue, c’était un minimum. Même s’il devait agir avec une telle urgence qu’il n’ait pas le temps de se rechausser, se retrouver pieds nus n’était pas un réel problème. Dalius, tranquillement, faisait sa toilette. Par la suite, il garderait un œil ouvert. Le gnome pria et se coucha, enroulé dans sa cape, entouré par ses chimères.

[Kasumi]

Alchem dormait paisiblement. Les aventures qu'il venait de vivre avaient déjà été reléguées au passé et son corps réclamait simplement un peu de repos, son esprit assuré que Théodore et surtout ses guetteurs fantomatiques repousseraient les importuns cette fois. Et pourtant...

- Au secours !

C'était Dalius. Et son angoisse était palpable. Quand le gnome ouvrit les yeux il remarqua en outre qu'il n'était plus à ses côtés.

[Alchem]

Alchem jura dans sa langue natale alors que déjà il se redressait. La seconde d’après, il avait dégainé son épée. Mais que diable se passait-il ? C’était à n’y rien comprendre ! Théodore était-il un complet incapable ? Dalius avait-il bel et bien disparu ? Si oui, ce serait une première, une désagréable première ! Si on avait été en mesure de mettre la main sur le familier, c’est forcément qu’on avait été en mesure de tuer le maître car jamais le rat n’aurait commis d’imprudence, jamais il ne se serait éloigné. Et jamais, au grand jamais, une telle chose n’aurait pu se produire avec un veilleur svirfnebelin ! Le gnome, d’un regard circulaire, tâcha d’apprécier la situation. Il devait obtenir un maximum d’information en un minimum de temps.

[Kasumi]

Dalius ne s'était pas éloigné mais il avait risqué une petite sortie hors des couvertures lors de sa veille. Un oiseau nocturne en avait profité pour s'imaginer qu'il constituait une proie digne d'intérêt et avait foncé sur lui en silence avant que Théodore ait pu réagir. Heureusement, les réflexes de Dalius lui avait évité un séjour entre les serres du rapace. La frayeur lui avait arraché ce cri de détresse mais il ne semblait plus y avoir de danger immédiat.

[Alchem]

Alchem resta encore un instant debout, arme en main. Il avait beau réagir rapidement, il n’en demeurait pas moins qu’il venait de se réveiller et que donc son esprit n’était pas au mieux de ses capacités. C’était d’avantage par réflexe qu’il agissait. Pas de danger ? Vraiment pas ? Sa lame s’abaissa lentement et il poussa un profond soupir.

[colorblack]« J’y suis pour rien ! C’est tout de la faute de ce monstre ailé ! »[/color] protesta Dalius.

Sans répondre à son familier, le gnome tourna la tête vers Théodore.

« Votre tour de garde prend fin dans combien de temps ? »

[Kasumi]

Théodore semblait désolé de n'avoir pas vu venir ce danger d'apparence si anodine et tout dans son expression faisait entrevoir une certaine gêne. Il répondit d'un ton neutre :

- En fait je crois que je commence à fatiguer. Sinon j'aurais vu cette chouette et que votre familier était en danger. Alors, puisque vous êtes debout, il vaut mieux que je vous cède la place de guetteur. Je n'ai rien remarqué d'anormal jusque-là.

La chouette incriminée et frustrée de son repas revint se poser sur une branche, regardant les humains et sa proie de ses grands yeux dorés inexpressifs.

[Alchem]

« Faisons ainsi. Bonne nuit. »

Alchem ne pouvait pas vraiment évaluer le manquement de Théodore, car il ne connaissait pas les chouettes. Il observa cette dernière. L’animal n’avait pas l’air bien dangereux. Sans doute qu’en vérité, il n’y avait eu aucun danger. Dalius savait se soustraire à des menaces autrement plus impressionnantes que cette chose à plumes. Sinon, forcément, cela ferait des années qu’il ne serait plus de ce monde. Le familier avait eu peur par ignorance, sans doute, mais la prudence était toujours bonne conseillère. Bref, c’était un incident.

Le gnome remit en place son épée, la faisant disparaitre dans les plis de ses habits. Il remit sa couverture dans son sac, se rechaussa et remplaça Théodore à côté du feu. Peu après, il sortit non pas son grimoire mais un autre manuscrit, ainsi que de quoi écrire. C’était son journal. Il en avait des choses à noter et jusqu’à présent, il n’en avait eu l’occasion. On reconnaissait bien dans ce souci de transcription des événements les habitudes des mages, entre autres. Bien sûr, ce travail passait après son devoir de surveillance. Dalius, lui, restait juste à côté de son maître, particulièrement vigilant. Cette désagréable expérience avait aiguisé son instinct de survie.

[Kasumi]

N'importe qui habitué aux forêts de la surface aurait jugé que la nuit était très paisible. Mais pour Alchem, il était difficile de faire la part des choses dans un monde si étranger entre les dizaines de bruits naturels qui animaient sans cesse les bois environnants. Etait-ce des ennemis s'approchant discrètement ou des animaux inoffensifs cherchant du ravitaillement en évitant les prédateurs nocturnes. Toutefois, rien ne vint perturber les abords immédiats du campement comme si le feu et les gardes illusoires suffisaient à dissuader ce qui peuplait ces bois de s'approcher trop prêt. Vigilant lui aussi, Dalius semblait agité et moins dissipé qu'à la normale. Mais son expérience avec l'oiseau - une chouette lui avait appris Théodore - suffisait-elle à l'expliquer complètement ?

[Alchem]

Alchem santait tout le poids de son dépaysement lors de cette veille solitaire. Il n’était plus capable de mettre un nom sur chaque son, sur chaque image. Comment, dès lors, évaluer avec justesse la situation ? Heureusement, il ne manquait pas de bon sens. Beaucoup plus tendu qu’il ne l’aurait dû, il ne donna pas pour autant l’alerte au premier animal aperçu. Du moment qu’il ne percevait pas d’intelligence ou d’agressivité chez ceux qu’il remarquait, du moment aussi qu’aucune ne s’approchait pas trop, il ne devait pas y avoir de problème.

Le bruit de la plume grattant le papier s’unissait au murmure nocturne. Le gnome finissait de rédiger l’aventure avec le Despote, tâchant de n’omettre aucun détail. Ce n’était pas une mince affaire, surtout que sa surveillance monopolisait une bonne partie de son attention. Toutefois, ses facultés intellectuelle largement au-dessus de la moyenne lui permettaient de faire plusieurs tâches à la fois. Lorsqu’il en aurait terminé avec la liche, il suivrait le fil des événements. C’était tout son voyage qu’il envisageait de mettre par écrit. Plus tard, quand il retournerait à Ornegemme, son journal risquait d’en intéresser plus d’un.

[Kasumi]

La nuit tira en longueur laissant tout le temps nécessaire à Alchem pour peaufiner son récit. Certains passages mériteraient sans doute d'y revenir plus tard car - malgré son intelligence hors normes - le gnome en était réduit aux hypothèses sur ce qui était advenu exactement dans le mausolée. Peut-être la suite de son voyage lui en apporterait les réponses ?

Dalius, remis du choc, s'aventurait près de son maître pour le regarder jouer de la plume sur le papier, très curieux de cette activité à laquelle il se livrait souvent. Malgré ces distractions la nuit tira en longueur, bien plus tranquille que la précédente. Les craintes d'Aleka n'était pas fondée, pour le moment. Et bientôt vint l'heure convenue pour la réveiller.

[Alchem]

Alchem n’allait pas se plaindre de l’absence de problème, tout comme il n’allait pas se plaindre de la longueur de la nuit. Aussi calme qu’elle puisse être, elle demeurait bien moins immobile que les profondeurs de la terre. Il y avait toujours quelque chose à voir, ne serait-ce que la course des étoiles, le balancement des feuilles ou les silhouettes furtives de la faune locale. En Ombreterre, le décor était parfaitement figé, inerte comme la pierre qui le constituait. Là-bas, le temps prenait une autre dimension. Pour le gnome, la nuit passa donc très vite, d’autant plus vite qu’une fois son journal refermé, il s’efforça de s’imprégner de tout ce qui l’entourait. Le savoir avait toujours été une clé de la survie. Et le savoir ne se trouvait pas que dans les livres.

Lorsque le moment de réveiller Aleka arriva, le svirfnebelin s’exécuta sans se presser. En fait, il aurait même préféré continuer de veiller. L’atmosphère lui était agréable, il ne s’en lassait pas. Il aimait cette nature nouvelle. N’en demeurait pas moins qu’il avait besoin de repos, il fallait être raisonnable.

« Aleka, c’est votre tour », dit-il en la secouant. « Rien à signaler », ajouta-t-il dès qu’elle fut apte à comprendre.

Sur ce, il alla se coucher, Dalius à ses côtés.

[Kasumi]

Alchem sentit qu’il avait grand besoin de se reposer dès qu’il se fut étendu sur son couchage. Il s’endormit sans peine mais sombra dans un sommeil agité. Non pas qu’il se souvienne d’avoir fait des cauchemars mais des impressions diffuses avaient troublé sa quiétude : pouvait-il vraiment faire confiance à ces gens pour monter la garde ? Il les connaissait à peine et ils avaient menti une fois sur leur vraie nature. En plus, il s’en était fallu de peu pour que Dalius ne survive pas à la première veille de Théodore…

Le gnome des profondeurs se réveilla quand ce dernier lui secoua l’épaule. C’était le matin et le soleil entamait sa course folle dans le ciel. Alchem se sentait presqu’aussi épuisé qu’au moment où il s’était allongé.

[Alchem]

S’il n’y avait eu que la nuit agitée, ce n’aurait guère été étonnant. La méfiance était cultivé chez les svirfnebelins comme chez personne d’autres. Alchem avait beau être un peu plus ouvert que ses semblables, son héritage culturel s’exprimait forcément. Que ses doutes perturbent son sommeil était donc très logique. Mais cette fatigue en revanche... Le gnome était habitué à dormir à peu près n’importe où et dans toute les situation. Que diable lui arrivait-il ? Etait-ce dû à l’Eclat qu’il transportait ? Ou à l’étrange médaillon ? Etait-il malade ? Le lieu était-il responsable ? Ou une créature ? Pour l’instant, rien de grave. Autant se comporter comme si de rien n’était.

[Kasumi]

S'il s'agissait d'un élément extérieur, il ne semblait pas avoir affecté les deux humains. Ces derniers rayonnaient en effet de forme et de bonne humeur et mangèrent avec appétit leur petit déjeuner. Un peu plus loquace que la veille, Aleka interrogea Alchem sur ses projets à moyen terme :

- Avez-vous réfléchi à ce dont nous avions discuté à Lameroy ? Je sais que vous n'avez rien d'un marchand de gemmes mais les villes de la Côte de Lumière doivent tout de même éveiller votre curiosité, non ? De notre côté, je ne sais pas si nous aurons l'opportunité de pousser plus loin que le petit village de pêcheurs qui se trouve au bout de la route.

[Alchem]

« Oui, j’y ai réfléchi. Ce qui semble sûr, c’est que je vais vous accompagner jusqu’à ce village. Là-bas, je verrais en fonction de la situation. Je me méfie des imprévus et évite donc de planifier de trop. Je m’informe, je constate et j’avise. En tout cas, je ne retournerais pas à Lameroy, je suis là pour visiter la surface, au moins quelques années. »

Alchem s’efforçait de manger, même s’il n’avait pas d’appétit. Il avait besoin d’énergie, la marche serait longue. Pour ne pas sembler suspect, il fit comme la veille, mangea comme le couple, même s’il était tenté d’en revenir à ses rations aux champignons.

[Kasumi]

Alchem réussit à donner le change pendant un petit moment mais il devint évident, en milieu de matinée, qu’il peinait grandement à suivre le rythme imposé par les deux humains. A tel point qu’Aleka lui jeta plus d’un regard inquiet avant que Théodore n’ose demander franchement :

- Souhaitez-vous que je porte une partie de vos affaires ?
- Je crois qu’il serait bon également que je vous examine : peut-être n’êtes-vous pas encore remis de votre rencontre avec la liche. Il arrive parfois que certains de leurs sorts aient des effets permanents. Mais Lathandre me fournit les moyens de restaurer votre vigueur.

[Alchem]

Alchem hésita un instant. Mais nier ce qui était devenu évident ne servirait à rien. De plus, refuser l’aide d’Aleka et Théodore n’était pas envisageable. Même s’il nourrissait encore quelques doutes à leur sujet, il n’était guère judicieux de les révéler. S’il s’en tenait aux faits, ils étaient fiables et son état méritait effectivement examen.

« Allez-y Aleka. Cette fatigue est fort suspecte. J’ai l’impression de ne pas être parvenu à me reposer », déclara le gnome en faisant halte.

Il déposa au sol son sac. Il était disposé à se laisser faire. Dalius, inquiet, demeurait à ses pieds.

[Kasumi]

Dès qu'il déposa le sac au sol, Alchem se sentit tout de suite un peu plus fringant. C'était certainement du au poids allégé sur ses épaules mais cela paraissait tout de même assez étrange. Aleka l'examina un bon moment et finit par lancer une incantation qui lui donna un regain de vigueur.

- Je n'ai rien trouvé d'anormal. Surtout après les nuits un peu courtes et la longue marche que nous avons déjà abattue. Je viens de lancer un sort contre la fatigue, vous devriez aller mieux pendant quelques heures. Mais il faudra peut-être sauter votre tour de garde ce soir : la magie ne peut pas toujours se substituer au repos.

[Alchem]

Si le regain de vigueur, ayant eu lieu au moment même où Alchem se débarrassait de son sac, avait été moins marqué, le gnome l’aurait pris pour ordinaire, ou ne l’aurait pas remarqué du tout. Il avait beau être attentif, cela avait ces limites. Toutefois, il en avait été autrement et cela nourrissait une hypothèse qu’il avait déjà eu. Dans son sac, il y avait la gemme prison. Il y avait aussi le médaillon magique trouvé dans le coffre du Despote, mais ce genre d’objets ne révélaient généralement leurs effets que s’ils étaient au cou de leur propriétaire. Dès qu’Aleka eut livré ses conclusions, le svirfnebelin répondit :

« A votre avis, l’Eclat ne pourrait-il pas être responsable ? Sitôt que j’ai lâché mon sac, j’ai eu l’impression que cette étrange faiblesse s’estompait quelque peu. »

Il reprit le sac, faisant bien attention à ce qu’il ressentait.

[Kasumi]

Tout d'abord rien ne se produisit hormis l'inquiétude de la prêtresse qui fit la moue mais attendit l'impression d'Alchem avant de poursuivre ses investigations. A bout de près d'une minute, la fatigue se manifesta à nouveau par un très léger vertige. A tel point que le gnome, forcément trop attentif aux signaux de son corps, pouvait sincèrement douter de l'avoir vraiment ressenti.

- Peut-être devrions-nous le porter à tour de rôle...

[Alchem]

« Oui, bonne idée. Déjà cela nous permettra d’en avoir le cœur net. Ensuite, si la chose est prouvée, le mieux sera sans doute de régulièrement faire tourner l’Eclat afin d’éviter qu’un de nous ne soit trop épuisé. »

Disant cela, Alchem ouvrit son sac, fourragea à l’intérieur et en sortit la gemme prison. Il l’observa une poignée de seconde puis la présenta au couple.

« Qui se dévoue ? »

[Kasumi]

N’était-ce encore une fois qu’une impression dictée par la méfiance ? En tous cas les volutes sombres emprisonnées dans l’Eclat lui semblaient plus volumineuses que la première fois qu’il l’avait observé. Toujours est-il que Théodore se dévoua pour mettre la gemme dans son sac, argumentant qu’il était plus vigoureux qu’Aleka et que si la gemme était dangereuse, elle serait la mieux placée pour y remédier. Il fallait donc la préserver de son influence par prudence pour le groupe.

[Alchem]

« Fort bien, Théodore, faisons ainsi. Je reprendrais la gemme quand vous sentirez de trop son influence, si jamais j’ai vue juste et que ma fatigue venait bien d’elle. »

Car pour l’instant, tout n’était que supputations. Il y avait eu des signes, certes, mais pas encore de certitude. Il en allait de même pour les volutes de fumées. La chose était à surveiller. Le gnome remit son sac en place, prêt au départ.

[Kasumi]

Ainsi fut-il décidé, ainsi fut-il fait. Alchem, soulagé du poids infime de la gemme se rendit vite compte qu’à défaut de retrouver toute sa vigueur, il avait tout de même largement regagné en allant et retrouvé le rythme de ses compagnons. Ce fut même Théodore, le plus fringant jusque-là, qui montra les premiers signes de fatigue en milieu de journée juste avant que ne soit décidé une pause. Cette fois il n’y avait plus de doute : les soupçons du gnome des profondeurs se voyaient confirmer. Rester à décide quoi faire à ce sujet : prendre le risque de se passer la pierre de main en main pendant le reste du voyage ou l’abandonner, tout simplement.