La Couronne de Cuivre

Elle rit de bon coeur.
" Mais non, ce n'est pas dangereux ! s'exclama-t-elle joyeusement. C'est juste un peu plus compliqué. Mais personne ne risque rien. Après, par contre, nous en serons privés pour un certain temps... Donc nous aurions tort de ne pas en profiter, c'est peut-être notre dernière chance."
Elle lui toucha l'épaule.
" Et oui, j'ai hâte qu'ils viennent au monde. Si tu étais une baleine comme moi, tu aurais hâte aussi. Et puis je suis curieuse de voir leur petit minois... Ils sont en moi depuis si longtemps. L'endroit me plait bien... Il fait beau... Les auspices sont favorables, tu ne crois pas ?"
Son expression se tendit.
" Mais peut-être es-tu... dégoûté. Je pourrais le comprendre."

-Dégoûté ? Certainement pas. Intimidé, peut-être, mais c'est tout.
Il l'enlaça, l'embrassa.
-Et permets-moi de te dire que tu es une belle, une très belle baleine. Si ça se trouve, ton ventre rond va tellement me manquer que je ferai en sorte de le retrouver au plus vite. Avec un peu de chance, ce coup-là, ce seront des quadruplés, et nous aurons fait un pas de géant vers la famille nombreuse dont je rêve...

Elle le dévisagea avec une horreur feinte.
" Je n'ai pas vraiment l'intention de faire la poule pondeuse dans l'immédiat, monsieur famille nombreuse. On va déjà voir comment on se débrouille avec ces deux-là... plus les deux grands... plus les petits Merlus... Des quadruplés. Tu veux me tuer."
Elle frissonna.
" Bon... Sommes-nous parés, voilà mon souci... J'imagine qu'avec toute l'aide dont nous disposerons, tout se passera bien et les éventuels oublis seront rapidement rattrapés. Il parait que nous devrons gravir la montagne avec notre progéniture... J'espère que je saurai les nourrir. Sinon nous devrons embarquer une chèvre. Ça promet."

-S'il fallait recourir à une chèvre, le côté positif, c'est que je pourrai t'aider à donner le biberon.
Il sourit.
-Et tout se passera bien. A tous les niveaux. Nous sommes entourés d'une ribambelle de clercs bienveillants, généreux, dévoués... Il n'y a rien à craindre. Bon, évidemment, je m'inquiète aussi, je crois que c'est normal. Mais objectivement... Tout ne peut que bien se passer.
Il fronça le sourcil.
-En fait, le seul point qui me pose question, c'est... Comment empêcher nos hôtes de les vouer à un dieu particulier sans qu'on s'en rende compte ? C'est vrai, quoi, je suis sûr qu'ils ne sauront pas résister !

" Je pense justement que la sécurité est dans le nombre, dit Galathée. Ils voudront tous le faire, et sans doute ne pourrons-nous pas couper à une petite cérémonie au cours de laquelle ils appelleront la bénédiction de leurs dieux sur nos enfants. Mais imagine ! Des bébés qui, dès leur naissance, sont protégés par Chauntéa, Lathandre, Tymora, Milil, Séluné, Mystra, Sunie, Lliira et Eldath ? Ne serions-nous pas stupides et ingrats de refuser un tel cadeau ? D'autant qu'en réalité, le seul qui fraie vraiment avec les dieux, c'est toi. La pression est plutôt sur tes épaules : peux-tu nier l'aide que Lathandre t'a apportée au cours des derniers mois ? A la fois dans les faits, et dans ton esprit, simplement ?"

-Non, bien sûr. Je l'ai remercié, le remercie encore, évidemment. Mais je ne crois pas qu'il attendait quoi que ce soit en retour... Pas des bébés, en tout cas.
Il se mordit la lèvre inférieure.
-Tu imagines si... Si je disais quelque chose de particulier, de trop solennel, et si... l'un des jumeaux, ou les deux, ressentaient une vocation cléricale et s'en allaient pour le Temple dès leurs dix ans ? Nous ne les reverrions que quelques jours par an...
Il grimaça.
-Sans compter que Corellon et la Seldarine pourraient finir par prendre mal le fait que j'oublie de leur rendre hommage...

" Tu as une image bien sinistre des Temples. Tous les enfants finissent par entrer en apprentissage, à droite ou à gauche... Moi-même, j'ai quitté ma famille quand j'étais encore gamine. Tes enfants seront demi-elfes, Taliesin. Cela signifie qu'ils ne vivront pas aussi vieux que des elfes. Tu devras les laisser partir avant leurs quarante ans... Ils ne deviendront pas tous rôdeurs, bardes ou fermiers. Si tu leur fermes des portes au nez, ce sont celles-là qu'ils voudront ouvrir à tout prix. Souviens-toi du conte..."
Elle sourit.
" Imagine que Guéric leur donne le virus de la mer... Qu'ils décident que c'est à bord d'un navire qu'ils vont se révéler... C'est des années entières qu'ils t'échapperont, alors."

Il arbora une mine horrifiée.
-Je voulais te proposer que Guéric devienne le parrain de l'un ou de l'autre, mais tu m'as montré la lumière, et je l'exclus de la liste des candidats. Val aussi, de même que tous les clercs que nous connaissons ou pourrions connaître, de même que toutes les personnes dont la profession pourrait amener les enfants à quitter longtemps la maison, ou simplement à s'en éloigner. Ils ne connaîtront que des bardes, des rôdeurs et des fermiers.
Il sourit, soupira.
-Je plaisante. Je sais que ma craindre de perdre ceux que j'aime m'amène à être beaucoup trop protecteur, à vouloir les avoir constamment sous les yeux. Mais je ferai un effort, promis. J'en ai déjà discuté avec Victor, d'ailleurs, qui me faisait remarquer qu'il allait faire de plus en plus de choses sans nous et qu'il lui semblait normal d'avoir un peu d'espace... Je l'ai entendu. Nos enfants choisiront la voie qui leur conviendra. L'important est qu'ils soient heureux.

" Barde n'est pas une profession très sédentaire non plus, lui fit remarquer Galathée. Mais ces enfants vont seulement naître... Ne sois pas si inquiet. Ils vont rester avec toi... comme Victor et Baptiste, qui ont avant tout besoin de stabilité... Le fait qu'ils ne soient pas nos enfants naturels va, de plus, les garder plus près de nous, à mon avis. Je comprends tes envies protectrices... Je pense que le passé les explique amplement... Mais tu dois te souvenir que dix ans pour un elfe, ne sont pas dix ans pour un humain. Nous sommes obligés de nous hâter, sinon la vie se termine avant que nous n'ayons pu en faire quoi que ce soit..."

Il acquiesça, silencieux.
Galathée avait raison, bien sûr. Mais à observer froidement les faits... Pour lui, Victor et Baptiste les quitteraient d'ici très peu de temps. Puis les jumeaux leur emboîteraient le pas. Puis Galathée vieillirait, mourrait, et les aînés comme leurs cadets la suivraient dans la tombe. Avant longtemps, il serait à nouveau complètement seul.
Un instant, il se demanda s'il ne s'était pas fourvoyé.
La réponse ne tarda pas à venir : non. Un non absolu et définitif.
Pourquoi s'en faire pour ce qu'il adviendrait dans des décennies ? Pourquoi songer à la nuit après le jour ? Mieux valait profiter de celui-ci, car il était beau, lumineux, plein de promesses.
Il fallait qu'il se concentre là-dessus et qu'il nie le reste. Comme, dans les mois à venir, il s'efforcerait de nier qu'à tout instant, des Luméniens en arme pourraient faire leur apparition à la ferme pour le jeter en prison.
L'instant présent. C'était tout ce qui comptait.
-Tu parles de Baptiste comme s'il était déjà des nôtres, fit-il, s'arrachant un sourire. J'espère qu'il se sentira bien, chez nous, et qu'il ne tardera pas, oui, à être l'un de nos enfants. La bonne nouvelle, à ce niveau, c'est que les rumeurs de guerre se faisant chaque jour plus précises, les autorités luméniennes ont décidé de repousser mon procès jusqu'à ce que le conflit soit terminé ou, au moins, la situation apaisée, s'il n'éclatait finalement pas. En attendant, je serais placé en résidence surveillée à la ferme. Je pourrai donc veiller à ce que tout se passe bien.

" Oh ! fit la rôdeuse, surprise. C'est une merveilleuse nouvelle !"
Elle l'étreignit vivement.
" Enfin... Je sais que ce n'est que retarder l'inévitable, mais... je dois dire que je suis soulagée... immensément soulagée... de savoir que tu vas pouvoir rentrer avec nous. Je chérirai chaque minute de ta présence... Chaque seconde. Et nous pourrons reprendre des forces... retrouver la félicité de notre foyer..."
Elle eut une petite grimace.
" Bon, j'imagine que ça veut dire que la campagne sera peuplée d'ombres... mais nous nous y ferons, je suppose. Je suis certaine que les Merlus ont déjà mille techniques pour échapper à leur vigilance."

-Je ne quitterai pas les limites de la ferme. Les Luméniens me font déjà une grande faveur, sachant qu'ils auraient très bien pu m'incarcérer jusqu'à la fin de la guerre : je ne vais donc pas en abuser. Et puis, si nous voulons accroître encore les chances que le procès se passe bien, il est impératif que mon comportement soit exemplaire.
Cette tirade ne l'empêcha pas de sourire.
-Mais le domaine est grand, je pourrai aider aux champs... Et quand Mathieu et toi mènerez toute la troupe des garçons en expédition, je resterai pour veiller sur les jumeaux, pour filer un coup de main à Guilhem et à Mathilde.

" Pauvre Mathilde, dit Galathée. Quand je pense qu'elle ne rêve que d'évasion, la voilà cantonnée dans sa cuisine."
Elle soupira avec un sourire.
" Je ne pense pas que nous partirons très loin, cependant... Il y aura beaucoup à faire en automne, et l'hiver nous gardera à proximité de la ferme. Peut-être Mathieu et moi serons appelés à nous déplacer de temps en temps, mais je doute que nous embarquions toute la compagnie. Tu auras donc toute la distraction qu'il te faut."
Guéric surgit alors près d'eux.
" Taliesin, gros paresseux. Quelle couleur, ce berceau ? Jaune et vert ? Violet ? Rose lathandrite ?"

-Ah non, tout mais pas de rose !
Il se tourna vers sa compagne.
-Je suis désolé, mais je crois qu'il va me falloir me rendre sur les lieux pour éviter un carnage... et pour vider un certain seau de peinture sur la tête des mécréants qui auraient l'outrecuidance de vouloir s'en servir pour profaner ce magnifique berceau... Mais as-tu des envies particulières en matière de couleur ?

" Alors là, aucune... Tu sais bien que l'esthétique des choses, ça a toujours été ton créneau, pas le mien. Mais va donc sauver notre intérieur."
Guéric gloussa en entraînant le barde vers l'atelier. Le berceau n'y était pas encore monté, bien au contraire : une série de pièces détachées reposaient sur le sol, bien disposées sur une couverture. Aucune trace de Baptiste.
" Je me suis dit qu'il valait mieux peindre avant d'assembler... Zora m'a dit que n'importe lequel d'entre eux pourrait sécher la peinture en invoquant un petit vent tiède. Elle m'a aussi dit que Judicaël aurait pu nous invoquer un berceau d'une simple incantation, à partir d'un morceau de bûche. Ah zut, ça j'avais promis de ne pas te le dire."
Il rit à nouveau.
" Mais il parait que le travail manuel est nécessaire pour le père en devenir, qui doit... s'approprier la naissance, quelque chose comme ça. Je ne te dirai pas qui me l'a dit, ça."

Il croisa les bras.
-Pas besoin que tu me le dises : j'ai ma petite idée sur la question. C'est assurément la même personne qui, hier, à assuré qu'un bain d'eau glacée était nécessaire aux futurs pères et qui, pour m'y jeter, à mobiliser toute une armée... Je suis extrêmement peiné par sa trahison qui, crois-m'en, ne restera pas impunie. Et puisque tu as pactisé avec lui, il va falloir que tu te montres extrêmement convaincant, si tu souhaites éviter de subir mon courroux...
Il jeta un regard aux pièces détachées. Avant la peinture, il faudrait les poncer.
-Où est ce sacripant ? Il a eu peur de se salir ?

Guéric le dévisagea un instant, sans comprendre, puis rit de bon coeur.
" Non, sur ce coup-ci, ce n'était pas Baptiste. C'est un adulte, qui me l'a dit très sérieusement. Le papa ne porte pas les bébés avant la naissance, tu vois, alors il peut offrir le nid qui vient ensuite... C'est peut-être symbolique, je ne sais pas. Nous n'avons pas de matelas, d'ailleurs."
Il jeta un coup d'oeil circulaire sur la pièce.
" Quant à Baptiste, il est en mission top secrète. Ne le cherche pas. Et n'essaie pas de me torturer, ce sera en vain. Je te mentirai jusqu'au trépas."

-Toi, tu as envie que, suite à un hasard malheureux, le contenu d'un... non, de dix pots de peinture te tombe sur le coin de la figure. En revanche, tu ne souhaites manifestement en aucun cas devenir le parrain de l'un des jumeaux.
Il haussa les épaules.
-Soit, tu as fait ton choix, je me dois de le respecter. Mais, en attendant que je t'en fasse subir les conséquences... Ponçage, n'est-ce pas ?

" Choisis déjà ta couleur, espèce de maître-chanteur. Pour le reste, je ne crains pas la peinture. J'ai vu pire dans les égouts mélandiens. Et je suis vraiment navré pour tes jumeaux, qui devront suivre la guidance d'êtres moins délurés que moi. Ils vont être sages et ennuyeux, ce sera terrible. Mais ça colle bien avec ta nouvelle identité helmite."
Il lui tendit un morceau de pierre à poncer.
" Pour le reste, il est malheureux que tu sois méfiant à l'idée de recevoir une surprise. La plupart des gens aiment ça, tu sais ? Les bonnes surprises, cela s'entend."

-Mais qui m'assure que c'est une bonne surprise ? se défendit-il. Qui me dit que Baptiste n'est pas en train de fabriquer un porte-voix à cause duquel les pleurs des jumeaux me poursuivront où que j'aille ? Ou qu'il ne compose pas un petit poème d'accueil dans lequel il mettra en exergue tous les défauts de leur père, afin qu'ils soient prévenus de ce qui les attend ?
Il adopta une expression résignée.
-Enfin,, je n'ai d'autre choix que d'accepter cette cruelle incertitude, d'attendre vaillamment mon destin...
Il sourit largement.
-Heureusement que j'ai du pain sur la planche. Sinon, l'angoisse me terrasserait !

" Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre, dit Guéric avec un soupir. Et tu n'as toujours pas choisi la couleur."
Il ramassa les morceaux du berceau et entreprit de les poncer avec l'elfe. Ils frottèrent ainsi les bascules et les pieds, le sommier et son cadre, les barreaux et le bord supérieur. Bientôt, toutes les parties du futur objet furent prêtes.
" Beau travail, les gars." fit Alexandre en revenant de son périple au village, avant de continuer sa route.
Guéric se frotta les mains en se redressant.
" On peint, on sèche, on emboîte, on boit un verre. Je ne peux pas rester ce soir : Judi va me ramener au Temple, j'ai un gosse à débusquer demain. Mais ça m'aura fait du bien, cette petite journée. Aux poumons et à l'âme."

" Ils sont dans ce coin-là... J'ai déliré avec les couleurs, mais je ne pense pas qu'il y ait grand chose, en fait. Ils ont l'air d'aimer les couleurs naturelles, voire le bois brut. Normal pour des Chauntéens, tu me diras. Aaron a sûrement des choses plus drôles au Temple, mais il n'est pas là pour nous sauver..."
Il le dévisagea.
" Mais tu es un elfe... Tu dois aussi être un fétichiste du bois. C'est obligé. Peut-être que si on met un vernis un peu teinté sur les bois plus clairs, ça harmonisera un peu mieux les choses, cependant."
Il lui tendit un premier pot, puis un second, et ils se distribuèrent le travail. Cela leur prit peu de temps, même s'ils ne purent enduire qu'un seul côté.
" Il nous faut un clerc, à présent. Tu te mets en chasse ?"

-Très bien, j'y vais de ce pas. Et à mon avis, dans moins d'une heure, on en aura complètement terminé. Ensuite, on pourra s'offrir un peu de détente... et un petit verre. Mais un seul, et pas davantage ! Souviens-toi que je suis désormais un adulte sérieux...
Il lui adressa un clin d’œil puis, quittant l'atelier, il prit la direction du coin de jardin où ils avaient piqueniqué. A son sens, c'était l'endroit où il avait le plus de chances de trouver un clerc.

Galathée lisait tranquillement dans son fauteuil, Perceval dormait toujours, au risque d'inverser son cycle de sommeil, et les gamins avaient disparu dans la broussaille. Taliesin trouva Zora à l'intérieur de la ferme et elle l'accompagna jusqu'à l'atelier. Elle leva un petit vent timide, tiède, qui souffla un moment sur leur travail. Elle les aida ensuite à passer la seconde couche, rendant Guéric muet et nettement plus efficace. Elle incanta à nouveau et le deuxième côté des pièces sécha. Ensuite, elle partit à la recherche d'un matelas approprié, pendant que le halfelin et le barde s'attelaient à la reconstruction de leur oeuvre. Et elle était superbe. Grande, accueillante et tout à fait artisanale. Peut-être un peu bancale. Mais un rien. Pas suffisamment pour miner leur enthousiasme.
" On est des artistes ! annonça Guéric. On peut se recycler."

Taliesin bomba le torse puis déclara, d'une voix de héraut :
[color=#FFFFF66]-Vous devez échapper à une armée de pirates ayant envahi votre île ? Vous souhaitez sauver vos proches prisonniers d'ignobles Melandiens ou de clercs démoniaques ? Vous avez besoin d'un meuble de qualité en un temps record ? A tous vos besoins, une même solution : le seul, l'unique, le légendaire Duo de Choc, qui réglera vos problèmes plus vite qu'on ne donne un coup d'estoc ![/color]
Il abandonna son air solennel au profit d'un sourire radieux.
-Merci beaucoup pour ton aide, Guéric ! Et pour la votre aussi, Zora. C'est du bel ouvrage ! Et je crois que nous avons bien mérité un verre. Non, soyons raisonnables : un demi-verre.

Zora rit de bon coeur. Elle avait trouvé de quoi tapisser le fond du berceau de plusieurs couches moelleuses en attente d'un véritable matelas de la bonne dimension.
" Je vais vous trouver quelque chose... Mais je vous conseille de profiter du jardin pour boire votre verre. Le soleil a percé, il fait bon... Ce serait dommage d'aller vous enfermer à l'intérieur. Je vous rejoins."
Elle sortit ensuite de l'atelier par la porte intérieure.
" Bon, on fait quoi ? demanda Guéric. On va l'installer dans votre chambre ? On le cache ici jusqu'à la naissance ? On fait venir Galathée en lui bandant les yeux ? J'ai peur qu'un des trente chats que j'ai aperçus dans le coin ne viennent s'y coucher si on ne fait pas gaffe..."

-Comme l'heure est aux surprises, je serais d'avis de ne le montrer à Galathée qu'après l'arrivée des jumeaux. Quant aux chats, je crains fort qu'au moins l'un d'entre eux sache ouvrir les portes... Le mieux serait donc de demander à nos hôtes s'ils peuvent verrouiller l'atelier ou, au moins, nous prêter une manière de bâche pour protéger le berceau. Alors, mettons nous en quête de Blanche ou d'Alexandre. Ensuite, nous pourrons aller profiter du soleil...
Il sourit.
-Et si tu tombes sur ta veste en cours de route, je veux bien récupérer le petit renard. Là encore, il restera caché jusqu'au jour j. Galathée le croit perdu, ce sera donc une autre surprise, et Victor est du genre a aimer en faire.

" Attends, on va déjà mettre la couverture dessus, ce sera une première étape..."
Ils partirent ensuite en quête des habitants de la ferme. Le soleil était déjà en train de descendre vers les collines voisines, nimbant le soir de couleurs fantastiques.
" Le temps passe vite quand on trime, remarqua le halfelin. J'ai passé une excellente journée. J'avais besoin de ça."
Ils dénichèrent Blanche dans la cuisine.
" Les chats trouvent toujours des moyens de se faufiler partout... Je vais aller chercher une autre couverture pour renforcer votre dispositif. Allez donc vous reposer dehors."
Zora apparut en bout de couloir avec deux bouteilles.
" Une pour chacun !" s'exclama Guéric.
Mais ils durent déchanter en gagnant le jardin. On avait tiré une table dehors, pour profiter du beau temps jusqu'à la nuit. Tout le reste du groupe, de Kerun à Prudence, se trouvait ça et là. Apparemment, Alexandre et Kerun s'apprêtaient à partir vers les hauteurs : ils terminaient de remplir leurs sacs, sous un feu nourri de questions émanant d'Hippolyte. Baptiste lisait dans l'herbe, juste à côté de Galathée. Judicaël faisait des tours de magie pour Gurvan, tandis que Prudence et Perceval suivaient manifestement une piste dans la broussaille.