La Couronne de Cuivre

Chic, une réponse d'anniversaire ^ ^

Le regard d'Elzen croisa celui du gobelin, et celui-ci eût soudain la certitude que son interlocuteur était beaucoup plus sûr de lui qu'il n'y paraissait au premier abord. Le jeune homme semblait en fait beaucoup plus au courant de la valeur de son arme qu'il ne l'avait semblé jusque là, et la créature gardant le comptoir se prépara à une âpre négociation…

« Commune ? Je ne crois pas, non. »

Il avait, curieusement, prononcé la phrase sur un ton amusé.

« Néanmoins, cela satisfera amplement mes besoins actuels. »

Il hésita un instant avant d'ajouter « Dites-moi… admettant que je cherche un emploi, pourriez-vous m'indiquer à qui je serais censé m'adresser ? »

Quelque peu déçu de ne pas avoir entendu davantage de récriminations de la part du client, le gobelin se contenta de farfouiller dans un coffre invisible depuis l'espace dédié aux acheteurs, et d'en sortir la somme annoncée, avant de la tendre au tieffelin.

"Cinq cents, donc. Pour votre question, je n'en sais rien. Ça dépend de ce que vous cherchez comme travail, je dirais."

Elzen regarda attentivement – on ne savait jamais – le gobelin partir ouvrir le coffre et revenir avec l'argent, puis s'en saisit et fit mine de recompter soigneusement.

« Je ne suis pas difficile. Je sais manier les armes, panser les plaies, et divertir l'assemblée. En général, je prends ce qui se présente. »

C'était plutôt vague, comme présentation, et le gobelin n'était guère accoutumé aux renseignements de cet ordre. Néanmoins, il fit un petit effort pour le client.

"Euh... la guerre est en route, vous pourriez vous y joindre, si vous êtes suicidaire. Mais si vous préférez faire valoir vos talents d'artiste, il y a de nombreuses tavernes en ville. Avec la situation actuelle, je pense que les gens seraient contents d'avoir de la distraction. Pour le reste, n'importe qui peut avoir besoin d'une lame habile, pour quelques pièces... mais il faut chercher dans les bas quartiers, dans ce cas."

Il afficha une mine vaguement dégoûtée, comme si évoquer les quartiers pauvres risquait de le contaminer par une quelconque et étrange maladie issue de ces endroits fangeux et dangereux.

Une guerre ? Voilà qui pouvait être… amusant. D'après ce qu'il avait pu constater lors de ses derniers voyages, pour quiconque avait grandi et survécu dans les mêmes conditions que le tieffelin, les guerres des peuples que l'on croisait sur Toril étaient à la Guerre ce qu'une bagarre d'enfants est à une véritable rixe entre lutteurs accomplis. Cela restait dangereux, et il n'était lui-même, dans cette analogie, qu'un enfant comme les autres, néanmoins, participer était loin de lui sembler “suicidaire”. Et c'était une bonne occasion de se renseigner plus rigoureusement sur l'habitabilité réelle de la région.

« Admettant que cette guerre m'intéresse… où faudrait-il s'adresser, pour cela ? »

Il réfléchit un instant et se dit qu'il n'aurait pas l'air très sérieux, s'il se présentait à un tel recrutement sans porter une arme. Même s'il ne comptait pas la garder plus que nécessaire – disons qu'il s'en débarrasserait probablement, au pire, dans le premier corps dans lequel elle se planterait –, il pourrait être intéressant qu'il en procure une. Comme il ne s'était de toute façon pas attendu à tomber sur des marchands réellement compétents et capables de reconnaître la qualité, il venait de glisser dans sa bourse davantage d'or que ce qu'il avait initialement planifié, ce qui signifiait qu'il pourrait sans problème s'en séparer d'une partie. Et comme c'était une épée qu'il venait de revendre…

« Au fait, qu'avez-vous comme haches ? »

Le gobelin haussa les épaules brièvement, puis grommela :

"Vous pouvez toujours demander à un garde en ville, il pourra mieux vous renseigner que moi. Je vends de l'équipement, vous savez... d'ailleurs, en parlant de haches, j'ai un bel assortiment, des plus communes à des haches en adamantium, capables de blesser les créatures les plus résistantes. Très utilisées chez les gardes du corps des magiciens de la cité. Vous cherchez de la puissance ? Une hache qui vous confère des talents magiques ? Une hache qui traverse les chairs les plus robustes ?"

Son côté commerçant avait largement repris le dessus, désormais, et Elzen sentait qu'il pourrait discourir encore des heures sur son stock s'il ne l'interrompait pas.

"... celle-ci est une arme similaire à celle qu'utilisait le célèbre chevalier noir Murden le Sinistre. Il ravageait quiconque avec cette arme... mais regardez cette hache. Capable de décapiter les humanoïdes les plus robustes pour peu que vous sachiez vous en servir... hum, évidemment, il faut y mettre le prix, mais... tiens, de combien disposez-vous, excepté l'or que je vous ai remis tout à l'heure ?"

Amusé, Elzen l'écouta discourir quelque peu… malheureusement, il allait être déçu.

« Quelque chose de simple suffira dans l'immédiat. Plus pour le fait d'en porter une que pour son efficacité, vous voyez ? »

Il ajouta néanmoins, avec un sourire complice,

« J'ai toujours appris que, quand on n'a pas encore de besoins particuliers, il vaut toujours mieux privilégier le matériel de base, et n'utiliser un véritable outillage de maître que lorsque l'on a une raison de s'en servir. Mais je note que votre stock est impressionnant, et je reviendrai avec une quantité d'or plus raisonnable dès que j'aurai davantage d'informations sur ce sur quoi j'aurai à travailler. »

Le gobelin hocha la tête en notant la promesse dans un coin de sa tête. De l'argent en plus en perspective était toujours intéressant.

"Bien. J'ai ceci pour vous, alors. Une hache simple mais bien équilibrée, affûtée comme il le faut. Deux cents cinquante pièces d'or ; un travail de maître-artisan, vous pouvez me croire." Il se saisit de l'arme sans aucune difficulté malgré sa frêle carcasse, et la tendit à Elzen pour qu'il pût la jauger. Elle était légère et maniable. "Elle ne comporte pas d'enchantement magique, d'où son prix très abordable", précisa le gobelin.

Un soupçon plus cher que ce qu'il avait escompté… mais la perspective des amusements à venir était plus palpitantes que d'éventuelles négociations sur le prix d'une arme comme il en avait déjà eu un bon nombre entre les mains. Et mieux valait laisser bonne impression en quittant la boutique… pour l'instant. Il n'en serait que plus surprenant, donc plus redoutable, s'il avait un jour besoin de négocier.

« Marché conclu. »

Après avoir quelque peu – et, semblait-il, en connaisseur – manié l'arme entre ses mains, il ressorti de sa bourse la somme demandée, puis attendit poliment que le gobelin recompte avant de fixer l'arme à sa ceinture et de quitter les lieux, l'air satisfait. On lui avait conseillé de s'adresser à un garde, et le meilleur endroit où en trouver était probablement les portes de la ville.

La Couronne de Cuivre

[Commerce] À la Noire Épée